DOCUMENT INTERNE F_CES8686-2007_DOC

publicité
Comité économique et social européen
L'ESPRIT D'ENTREPRISE
Porto (Portugal), le 28 novembre 2007
Discours
de M. Dimitris Dimitriadis
Président du Comité économique et social européen
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
FR
-1À l'ère du "capital humain", imposant la "connaissance" comme principale "matière première" de
l'économie mondiale, l'entrepreneur moderne est appelé à manipuler des outils "invisibles".
Dans notre société de la connaissance, il tient à chacun de s'approprier ces concepts précieux que sont
la liberté et l'indépendance, en étant l'entrepreneur de ses propres idées, ambitions et volontés.
Dans la société et l'économie de la connaissance dans lesquelles nous vivons, nous devons nous
efforcer de faire prospérer des valeurs qui ne peuvent être imitées, et ainsi favoriser la concurrence, la
croissance continue et la diversification de la créativité.
Nous devons considérer le fait d'être un entrepreneur comme un état d'esprit et non comme une
profession.
Nous devons considérer l'entrepreneur comme la source de l'innovation, qui crée de nouvelles idées et
les transforme en nouveaux produits ou concepts innovants et viables, et prend des risques à cette fin
ou
MIEUX ENCORE évalue ces risques, et prend le chemin le plus court à travers les limites admises en
refusant la voie du statu quo.
Nous devons considérer l'esprit d'entreprise comme une question de satisfaction d'ambitions
personnelles.
Il est un fait que les législations superflues, les réglementations étouffantes, la bureaucratie et la
fiscalité élevée sont des facteurs d'inhibition de l'esprit d'entreprise en Europe.
Il est un fait également que nous devons simplifier les procédures en matière de création d'entreprises,
améliorer l'accès au capital, abaisser les taxes et réduire les charges administratives.
Certaines études indiquent toutefois que les obstacles cités, bien qu'importants, ne sont pas aussi
considérables qu'on ne l'imagine.
J'estime que la première urgence est de faire évoluer notre état d'esprit et notre culture pour y intégrer
le principe de l'esprit d'entreprise.
Nous devons créer un climat qui favorise l'esprit d'entreprise et obtenir une reconnaissance de
l'importance de l'attitude entrepreneuriale.
Le mot "entrepreneur" est apparu pour la première fois dans la langue anglaise en 1475 sous le vocable
"entrepennoure", qui signifiait "celui qui entreprend, un contrôleur, un champion des "batailles" voire
quelqu'un qui fait montre d'aptitudes de dirigeant".
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
.../...
-2-
Dans notre vocabulaire quotidien, le terme "entrepreneur" est malheureusement souvent teinté d'une
connotation négative, désignant celui qui cherche uniquement à accroître sa fortune ou richesse
personnelle.
Le vrai problème est d'ordre culturel!
Les gens n'ont pas la confiance nécessaire pour prendre des décisions hardies ou se distinguer de la
foule.
L'économiste Edmund Phelps, lauréat du prix Nobel, a récemment déclaré que le "dynamisme" – la
culture de l'esprit d'entreprise – n'existait pas en Europe.
Au Japon, par exemple, il n'est pas bien vu de gagner de l'argent et d'innover. Le désir personnel, en
particulier le gain d'argent, n'est pas accepté dans la société japonaise parce que le système éducatif
apprend aux gens que c'est mal!
Aux États-Unis, dire à quelqu'un qu'il a l'esprit d'entreprise est perçu comme un beau compliment. Les
adolescents participent à des camps d'été consacrés à l'esprit d'entreprise pour apprendre à devenir le
nouveau Bill Gates.
L'Europe n'a jamais eu son Bill Gates!
Si l'on veut qu'une nouvelle espèce d'entrepreneur européen voie le jour, il faudra que l'Europe change
ses attitudes sociales et culturelles et accepte le risque et les avantages qui en découlent.
En termes de culture entrepreneuriale, la société américaine est davantage disposée à récompenser le
risque et à pardonner l'échec.
Alors que les Américains sont célèbres pour leur approche "Oui, c'est possible", l'Europe est plus
encline à une approche négative.
Les Européens qui présentent de nouvelles idées s'entendent souvent dire: "Non, ce n'est pas possible".
D'aucuns parlent de mondialisation, nous restons empêtrés dans l'inertie de notre particularisme
national et européen.
D'aucuns sollicitent la société et nous, l'État.
D'aucuns valorisent le privé et nous, le public.
D'aucuns se concentrent sur la structure économique de la société et nous, la politique.
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
.../...
-3-
Personne ne peut mettre en doute que les faibles performances entrepreneuriales de l'Europe sont l'une
des raisons principales de son maigre bilan en termes de création d'emplois par rapport aux États-Unis.
L'entrepreneur est le "cœur" de notre modèle économique et social. Ce sont les entrepreneurs qui
créeront, grâce aux technologies et aux méthodes de commercialisation existantes, de NOUVEAUX
BESOINS qui "alimenteront" la machine appelée "économie".
En conséquence, l'entrepreneur "sera appelé" à recommencer une fois de plus le processus
d'innovation afin de satisfaire ces nouveaux besoins, ce qui aura pour résultat la création de VALEUR
par le bais de l'INNOVATION.
L'économie européenne doit considérer l'esprit d'entreprise comme un concept créateur de valeur
ajoutée.
Comprise ainsi, la valeur n'est pas nécessairement liée au profit mais est synonyme d'un changement
culturel.
À cet égard, le rôle de l'éducation et, plus particulièrement, des universités est crucial.
Les universités européennes doivent jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l'esprit
d'entreprise et de l'innovation, en apprenant aux étudiants à penser et à agir de manière
entrepreneuriale et en leur montrant dans le même temps la voie à suivre pour démarrer une entreprise,
la faire grandir et devenir des entrepreneurs responsables.
Les principes de "l'esprit d'entreprise à visage humain" ou de "l'esprit d'entreprise responsable" voire
du "capitalisme à visage humain", comme l'indique le président français, Nicolas Sarkozy, dans son
livre "Ensemble", caractérisent les entreprises d'aujourd'hui.
Ces entreprises minimisent tout impact environnemental et social négatif et maximisent les effets
positifs.
La notion de développement durable, en faveur de laquelle l'UE s'est pleinement engagée, incarne
l'idée d'un équilibre entre la croissance économique et l'inclusion sociale, d'une part, et la préservation
d'un cadre sain pour les générations futures, de l'autre.
L'esprit d'entreprise ne doit pas être limité ou associé aux seules nouvelles entreprises, mais doit
également être vu comme une caractéristique d'un homme d'affaires.
En outre, les entreprises ont besoin d'un nouveau type de leadership, qui soit centré sur la nature
collaborative du comportement entrepreneurial et s'efforce d'insuffler au personnel la confiance
nécessaire pour adopter lui aussi une attitude entrepreneuriale.
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
.../...
-4-
Trois types de personnes sont utiles à ce genre d'entreprises: les "visionnaires", qui voient ce qui
arrive et envoient les signaux d'avertissement, les "innovateurs", qui saisissent ces signaux et
innovent, et les "exécuteurs", qui veillent à la réalisation.
J'envisage "l'entrepreneuriat" comme un nouveau style de pensée, un nouveau style de vie, une
nouvelle culture professionnelle et un nouvel état d'esprit.
Je fais allusion aux personnes qui sont capables de prévoir les changements et de s'y adapter de façon
innovante et créative, offrant ainsi l'abondance et une qualité de vie supérieure à l'Europe et à ses
citoyens.
Les personnes qui sentent le vent et inventent des éoliennes…
Celles qui voient une roue et conçoivent une automobile…
Celles qui observent le soleil et songent à des systèmes d'énergie solaire…
Celles qui palpent le sol et imaginent des biocarburants…
Nous, les entrepreneurs, avons également une grande part de responsabilité dans ce processus.
Il nous incombe de mettre en place les moyens appropriés (stratégie, formation, objectifs communs)
pour inspirer notre personnel et lui offrir la possibilité de s'épanouir sur le plan professionnel et de
satisfaire ses ambitions personnelles.
Nous devons lui laisser un espace de créativité et d'innovation dans la manière d'atteindre le résultat
escompté. Plutôt que de punir les personnes qui échouent, il conviendrait de les applaudir pour le
courage qu'elles ont eu de voir grand.
Nous, aussi, devons prendre des risques!
Lorsque la conjoncture est bonne, il ne faut pas considérer que des nouvelles initiatives en faveur de la
croissance sont inutiles.
Lorsqu'elle est mauvaise, nous ne devons pas demeurer inertes, afin de maintenir les profits à un
niveau minimal.
La connaissance attire la connaissance.
Le risque engendre le progrès, qu'il soit ou non couronné de succès.
La créativité est dans nos gènes et fait partie de nos compétences.
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
.../...
-5-
L'esprit d'entreprise révèle la vraie nature et le génie de l'être humain.
Il ne faut pas avoir peur des changements. Chaque changement est un choc, chaque changement est un
risque à prendre pour un avenir meilleur et différent.
Gandhi disait autrefois:
VOUS DEVEZ ÊTRE LE CHANGEMENT QUE VOUS VOULEZ VOIR DANS CE MONDE.
_____________
Fiche CESE 8686/2007
EN-AL/sg
Téléchargement