Session Migrations féminines et rapports de genre Session jointe : - RTf 2 Migrations, Relations Inter-Ethniques - RTF 22 Travail productif et reproductif, rapports sociaux, rapport de genre Responsables : Isabelle Rigoni Djaouida Séhili - [email protected] [email protected] De la féminisation des migrations internationales, un phénomène nouveau ? Genre, travail et migration Femmes, violences et sociétés Stratégies de vie et circulations migratoires Alors que les femmes jouent un rôle majeur dans un certain nombre de circulations migratoires, la place qui leur est accordée dans de nombreuses recherches ne reflète que peu cette réalité. S’il nous semble important d’insister sur la situation particulière des femmes dans les processus migratoires, c’est que son étude apporte un éclairage plus complexifié sur ce qui se joue tant dans le travail (productif et reproductif) que dans les rapports sociaux de sexe et de genre. Les objectifs visés par cette session jointe rtf 2 et rtf24 tente ainsi de dépasser un certain « découpage » disciplinaire pour mener une réflexion commune, à la fois épistémologique, méthodologique et théorique, au travers des questionnements suivants : Comment aborder la féminisation des migrations internationales ? Quel est l’impact de la situation migratoire sur les relations de genre ? Comment intégrer un regard différencié sur les hommes et les femmes dans les études sur les migrations, et comment gérer les problèmes méthodologiques qui en découlent ? Comment aborder l’analyse des structures sociales, notamment concernant les différentes formes de travail, voire de production de subsistance, et leur partage entre les genres, avec des catégories adaptées ? Y a-t-il des stratégies de vie et des formes migratoires spécifiques selon le genre, comment en tenir compte ? Comment les violences subies et/ou commises par les femmes et/ou les hommes trouvent un écho juridique, politique, social dans les sociétés dans lesquelles les migrant/e/s circulent ? COMMUNICATION RECUE FELDMAN Nehara Doctorante Centre de Sociologie Européenne EHESS [email protected] L’ethnicisation des rapports de genre : L’introduction des femmes dans une association d’immigrés maliens La particularité de l’association étudiée est l’introduction des femmes ressortissantes de la commune au sein de son bureau. Cependant, leur place dans l’association reste déterminée par les rapports de genre et les rapports ethnicisés . L’espace réservé aux femmes dans l’association est délimité par ce qui est perçu comme « affaires de femmes ». Ainsi, elles sont considérées avant tout en tant que mères. De plus, les hommes les chargent d’entretenir les aspects les plus « folkloriques » de leur culture (habillement, cuisine…). Enfin, dans le cadre de projets menés au pays, leur action est destinée uniquement aux femmes du village. Les rapports de genre conditionnent aussi le mode de fonctionnement de la section des femmes dans l’association. Elles ne mènent jamais d’actions autonomes et se réfèrent systématiquement aux hommes. En outre, la vie en France produit une « ethnicisation » des rapports de genre au sein de la communauté. L’utilisation de termes stigmatisants par nos interlocuteurs (« femmes africaines », « les femmes noires ») n’est pas seulement une reproduction du discours de la société englobante. Ces catégories tiennent souvent lieu de justification d’un état de fait ou, au contraire, permettent de le critiquer. La catégorisation qui conjugue le genre et la ‘race’ a aussi un impact sur les rapports avec les intervenants extérieurs à l’association. Comme les « hommes », les « européens » sont perçus comme détenteurs du savoir, comme soutiens et non en tant que partenaires. GIABICONI Dominique Allocataire-moniteur à l'université de Provence 325, avenue de Mazargues 13008 Marseille 06.16.91.81.43 [email protected] Stratégies migratoires "genrées" des étrangers est européens en France La chute des régimes de type soviétique implique dès la fin des années 80 le développement de nouvelles mobilités en provenance de l'est de notre continent. Celles-ci présentent certaines spécificités qui les distinguent de la plupart des autres flux migratoires aboutissant en France. Les flux migratoires en provenance des PECO et de la majorité des états issus de l'ex-URSS sont tout d'abord essentiellement féminins. De plus, les populations étrangères de la zone précédemment mentionnée arrivées en France se caractérisent par des taux de mariages binationaux très élevés. Les pratiques matrimoniales de ces migrants sont en France différenciées selon le sexe. La plupart des mariages impliquant un ressortissant de l'un des états de l'ancienne Europe socialiste et une personne de nationalité française concernent des conjoints féminins étrangers. Le couple est le biais par lequel nous appréhendons la réalité sexuée des flux migratoires qui nous intéressent, plus que tout autre espace, il est à notre sens celui où le caractère genré de la migration et de l'étrangeté peut être observé. L'analyse des mobilités de notre population nous a permis de déceler au-delà de comportements matrimoniaux différenciés selon le genre, l'existence de réseaux migratoires féminins organisés autour de couples binationaux établis en France. Ces réseaux impliquent des personnes féminines de l'environnement familial. Nous présenterons dans notre communication comment s'articulent comportements matrimoniaux étrangers en France et développement de solidarités intra et intergénérationnelles genrées. COMMUNICATION A VENIR HAMEL Christelle Doctorante en anthropologie à l’EHESS de Paris 186, Rue Edouard Tremblay Esc. B3 94 400 Vitry sur Seine 01 46 77 71 06 [email protected] Les violences envers les Françaises descendant de migrants du Maghreb Les violences envers les femmes parmi les migrants et leurs descendants nés en France sont utilisées médiatiquement et politiquement pour les stigmatiser. Cet usage résulte d’une rhétorique raciste ayant ses sources dans la colonisation. Le débat sur le port du voile réduit celui-ci à un symbole de l’oppression des femmes, tandis que la médiatisation des viols collectifs a fait surgir l’image du « jeunes de banlieue » comme violeur. Ces images sousentendent que les violences envers les femmes n’existeraient que dans les populations migrantes et issues de l’immigration et seraient la conséquence de leur « culture ». L’Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France indique que les femmes migrantes ou descendant de migrants du Maghreb sont effectivement plus souvent victimes de violences, mais je montrerai que cette plus grande fréquence des violences résulte des discriminations racistes et de classe, ce qui invalide les interprétations culturalistes. Il s’avère notamment que le racisme conditionne les relations dites « interethniques » entre les Français dits « de souche » et les migrants du Maghreb ou leurs descendants français, ce qui induit une crispation identitaire sur la question du statut des femmes et des filles dans les familles, qui explique en partie cette plus grande fréquence. Cette démonstration sera illustrée de données recueillies au cours d’une enquête sur la sexualité et la gestion des risques d’infection par le VIH chez des jeunes Français et Françaises (18-25 ans) descendant de migrants du Maghreb. HIRATA Helena GERS-CNRS [email protected] Mondialisation et division sexuelle du travail : une perspective Nord-Sud A partir d’une approche hommes-femmes et d’une approche Nord-Sud, nous voulons interroger le concept de mondialisation, qui apparaît souvent comme un concept « fourretout ». La réflexion sur la mondialisation est en effet inséparable d’une déconstruction de cette notion, que nous voulons prendre en compte en tant que catégorie analytique, tout en critiquant son usage en tant que modèle normatif. L’interdépendance croissante des marchés nationaux vers la constitution d’un marché mondial unifié n’efface pas, en dépit de ses forces homogénéisantes, la diversité, mais aiguise plutôt l’hétérogénéité des situations de travail, d’emploi et d’activité des femmes et des hommes, du Sud et du Nord. L’objectif de cette communication est d’analyser les conséquences différentielles du processus de mondialisation sur l’emploi et le travail selon les sexes, dans une perspective Nord-Sud. La libéralisation du commerce et l’intensification de la concurrence internationale a eu pour conséquence, si l’on considère les résultats de recherches effectuées par des économistes et sociologues du travail sur les années quatre-vingt-dix, une croissance au niveau mondial, avec des rares exceptions, de l’emploi salarié et du travail rémunéré des femmes. Cependant, et c’est un des paradoxes de la mondialisation, cet accroissement s’est accompagné de la précarisation et de la vulnérabilité accrues de ces emplois. Les inégalités de salaires, de conditions de travail et de santé n’ont pas été significativement amenuisées avec la croissance de l’emploi féminin et le partage du travail domestique n’a pas changé véritablement en dépit des responsabilités croissantes, au moins d’une partie des femmes, dans le domaine du travail professionnel. Le rapport entre travail domestique et affectivité semble être au cœur même de cette permanence. Le modèle de travail précaire, vulnérable et flexible a pris, dans les pays du Nord, la figure du travail à temps partiel et, dans les pays du Sud, la figure du travail informel, sans statut et sans aucune protection sociale. L’opposition entre cette figure du salariat féminin et l’importance prise ces dernières années par la féminisation de la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures est aussi à prendre en compte, dans la mesure où cette « bipolarisation », résultat en partie des processus qui se déroulent dans la sphère éducative, est un point central de convergence entre les pays du Nord et du Sud. Un des résultats de ces processus est l’exacerbation des inégalités sociales, entre hommes et femmes et entre les femmes elles-mêmes, mais l’atomisation des travailleurs(ses), qui résulte en partie de la mise au travail sur des modalités d’emplois précaires (contrats à durée déterminée, intérim, contrats « aidés », etc.) ou isolés (travail à domicile, télétravail, etc.) n’empêche pas et peut même être, paradoxalement, un cadre pour l’émergence de nouvelles actrices et acteurs collectifs. Ainsi, nous nous trouvons, pour la première fois, face à une apparition autonome des femmes en tant qu’actrices collectives dans la Marche Mondiale des Femmes, autonomes par rapport aux autres organisations anti- ou alter- mondialistes. Elles ne sont plus, comme pendant toute la période précédente de luttes anti-capitalistes, une des composantes du pôle travail contre le champ du capital mondialisé,. Les implications politiques de cette nouvelle position des femmes dans les rapports des forces alter-mondialistes reste à analyser. COMMUNICATION RECUE KEBABZA Horia Etudiante en 3e cycle, inscription en thèse de sociologie en octobre 2003 Université Toulouse le Mirail, Equipe Simone-Sagesse 13, rue Compans 31500 Toulouse 05 61 11 97 84 [email protected] Jeunes dans les quartiers populaires : regards de genre La médiatisation des « quartiers » favorise la peur et renforce la stigmatisation de ses habitant-e-s soupconné-e-s de « dangerosité sociale ». Dans le cadre d’une recherche sur les regroupements de « jeunes » des quartiers d’habitat social de Toulouse, nous avons observé les rapports entre garçons et filles, notamment d’origine maghrébine. L'enjeu de la réflexion engagée dans cette recherche est de parvenir à croiser les différentes analyses faites sur la question du genre, les études menées sur les quartiers populaires, et celles concernant les migrations. Comment s’opère la socialisation des filles et des garçons dans les quartiers populaires aujourd’hui ? Qu’en est-il de la construction du masculin et du féminin, de l’insertion des femmes et des hommes dans l’espace public ? Les filles naviguent entre les aspirations personnelles et les convictions familiales, sous le contrôle social permanent qu’opère, consciemment ou non, la collectivité locale sur les individu-e-s. Il en résulte un aménagement des cadres spatio-temporels au sein du quartier. Comment et sous quelles conditions les différentes dimensions socialisatrices contenues dans les pratiques de mobilité, au sein ou en dehors des quartiers, sont source de discrimination entre les sexes ? Il s’agit aussi de comprendre les effets de genre dans l’analyse des violences virilistes que subissent les jeunes femmes. Regarder les interactions entre elles et eux, s’accompagne de l’examen des stratégies de contournement de cette domination pour se constituer comme sujets. COMMUNICATION RECUE LAURAIN Sandra 1ère année de thèse de Sociologie Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, LAMES (laboratoire méditerranéen de Sociologie), Aix-en-Provence 13, rue Albert Chabanon 13006 Marseille 04.91.42.45.28 06.60.26.47.15 [email protected] Communauté féminine ethnique ; Engagement associatif : Le cas d’une mobilisation à majorité comorienne au sein du comité DAL (Droit au Logement) Marseille La proposition suivante a pour intention, à travers des récits de vie et des observations participantes, d’éclairer les recherches sur les migrations féminines comoriennes. Elle est le résultat d’un travail mené depuis septembre 2001 au sein de l’association DAL Marseille oeuvrant pour le droit au logement décent pour tous. Durant cette période, une quarantaine de foyers à majorité monoparentale et d’origine comorienne auto-réquisitionne, avec le soutien des membres militants du DAL, un immeuble vacant. Cette mobilisation combine à la fois lutte pour le droit à un logement décent pour tous (idéologie doctrinaire du DAL) mais également et implicitement lutte de reconnaissance d’une population féminine migrante récemment installée en France par regroupement familial (années 70-80). Ce qui interpelle le chercheur est le fait que ces femmes comoriennes vivent fréquemment seules avec leurs enfants bien qu’ayant migrées pour un rapprochement familial. Les raisons principales de leur monoparentalité sont que les hommes ont soit honoré un nouveau mariage avec une autre femme en France, soit quitté la France pour faire le Grand Mariage aux Comores. A travers la mobilisation de ces femmes pour le droit à un logement décent, c’est également le dévoilement et la reconnaissance d’une culture féminine migrante dont il est question et qui reste encore peu développé dans les recherches actuelles. MANRY Véronique Doctorante en sociologie LAMES (MMSH), Université de Provence 27, rue des Dominicaines 13001 Marseille 04.91.90.40.98 [email protected] Les mobilités féminines algériennes et marocaines comme analyseur de nouvelles formes circulatoires dans l’espace euroméditerranéen. Les rares travaux sur les femmes dans le champ de la sociologie des migrations ont principalement porté sur le cadre de l’immigration familiale et sur les problématiques liées à l’intégration, à l’émancipation, etc…Pourtant depuis une dizaine d’années, on observe un développement croissant de mobilités individuelles de la part des femmes, en particulier en provenance du Maghreb et à destination des nouveaux pays d’immigration comme l’Espagne ou l’Italie. L’arrêt officiel de l’immigration de travail dans les pays européens dans les années 70, la fermeture des frontières Schengen en même temps que la dégradation des conditions de l’emploi (précarisation et flexibilité de la main d’œuvre, développement du secteur informel) tendent à accroître la criminalisation du migrant. Dès lors, et alors même que des communautés immigrées importantes se sont formées à l’échelle européenne, la migration prend aujourd’hui la forme de circulations intenses dans un espace transnational en fonction des opportunités de travail, de régularisation ou d’appuis dans ces communautés. Les femmes algériennes et marocaines que nous avons rencontrées présentent des profils assez différenciés : jeunes femmes qualifiées issues des classes moyennes, ou « déclassées » par leur statut matrimonial (divorcées, veuves, répudiées), ou jeunes filles des classes populaires. Nous orienterons cette communication sur les motivations de ces départs volontaires, les spécificités des activités féminines (prostitution, travail domestique ou dans la restauration, commerce), les changements que peuvent induire ces mobilités dans les rapports de genre dans les sociétés d’origine en tentant de montrer comment ces mobilités féminines sont révélatrices des nouvelles formes circulatoires dans l’espace euroméditerranéen. MOUJOUD Nasima Doctorante en anthropologie sociale EHESS-LAS [email protected] « Division sexuelle, ethnique et sociale du travail en immigration : les Marocaines entrées seules en France » Prenant appui sur les données d’une recherche qualitative sur la migration et les rapports de genre, je souhaite montrer la pertinence d’une analyse de la division sexuelle du travail en immigration dans le cadre des rapports sociaux de sexe et des inégalités de classe et d’origine. Je fais l’hypothèse que l’invisibilité (du travail) des migrantes seules dans la recherche scientifique et la (re)production de la division sexuelle du travail en immigration s’inscrivent dans le cadre de la ségrégation mise en œuvre historiquement par la politique migratoire. Alors que le travail représente une question pionnière de la recherche sur l’immigration, il s’agit presque exclusivement des hommes, les travailleurs. Pourtant, le marché de l’emploi en France offre des opportunités pour les migrantes, notamment dans les secteurs dits féminins des services. La législation sur les étrangers, ainsi que les conventions bilatérales de recrutement de main d’œuvre, ont été conçues pour une migration masculine et ne prennent pas en considération les caractéristiques de la migration économique des femmes. Celles-ci demeurent invisibilisées en tant que pionnières de l’émigration et leur assignation à la famille permet de laisser dans l’ombre la recherche de travail professionnel comme motif de leur migration. A travers l’exemple des Marocaines entrées seules en France, on essayera d’aborder l’accès au marché de l’emploi des femmes migrantes et de voir comment prend figure la division sexuelle du travail en immigration en précisant pourquoi les femmes immigrées se trouvent confinées dans des activités féminisées, ethnicisées et précaires. Pour constituer les fils théoriques de cette absence de recherche scientifique sur le travail des immigrées, trois points d’explication sont proposés : l’un renvoie à la politique migratoire de main d’œuvre, l’autre concerne l’invisibilité de la migration des femmes seules, le dernier a trait à la construction des représentations sur les femmes d’Afrique du Nord. Le travail relève, chez mes interlocutrices, d’une extrême diversité de situations en termes de rapports, de parcours et de conditions. L’ancienneté du séjour, le statut juridique et l’implication ou non dans des cercles de solidarité déterminent les degrés de vulnérabilité et les rapports de pouvoir. Autrement dit, ce sont surtout les primo-migrantes en situation irrégulière et sans connaissances en France qui sont les plus exposées aux violences. L’acquisition des expériences et des amitiés permet de rompre, sinon d’atténuer, les exploitations. Il faut dire que l’irrégularité administrative relègue un grand nombre des femmes seules dans des secteurs marginaux où se créent souvent des situations de dépendance propices aux violences. Seules quelques histoires médiatisées ont permis d’en dégager des aspects extrêmes dont la séquestration et la confiscation du passeport. MOZÈRE Liane Sociologue Professeure des Universités Université de Metz 2 rue Georges de Porto Riche 75014 Paris 01 45 40 50 23 01 45 43 80 10 [email protected] Les domestiques philippines à Paris ou une migation trans-nationale paradoxale ? Comme ailleurs dans le monde, on trouve des domestiques philippines à Paris. Celles-ci sont employées dans des ménages fortunés où leurs qualités intrinsèques (éduquées, anglophones et chrétiennes) sont particulièrement recherchées. Cette communication s’atacherait à analyser leur trajectoire trans-nationale conduisant paradoxalement, d’un côté à un exil douloureux leurs enfants étant souvent restés aux Philippines, et de l’autre à une autonomie engendrée par la migration et à laquelle elles attachent tout son prix. En redéfinissant de la sorte les rapports entre là-bas et ici, c’est à l’émergence d’une nouvelle forme de migration que nous assistons, qui s’oppose, par certains aspects, à la migration caractéristique de la société salariale et qui réinterroge également les définitions de la famille et du rôle que les femmes y jouent. A une logique du « ou bien/ou bien » ne voit-on pas fonctionner une logique plus labile du « et/et » ? La recherche conduite depuis trois ans s’est appuyée sur le recueil d’entretiens et la conduite d’observations et d’accompagnements informels dans trois réseaux de migrant-e-s philippines. OUALI Nadia [email protected] Sexisme et racisme au travail : deux modes d’expression de la lutte des places Avec l’installation définitive des migrants et de leur famille en Belgique comme dans la plupart des pays d’Europe de vieille immigration (Allemagne, France, Pays-Bas) après 1974, le marché du travail a vu sa main-d’œuvre étrangère progressivement se féminiser dans un contexte de crise de l’emploi et d’expression de plus en plus manifeste du racisme dans les rapports sociaux de travail. L’analyse de ces rapports aujourd’hui montre l’apparition d’attitudes masculines et féminines hostiles à l’égard des femmes migrantes ou d’origine immigrée, teintées à fois de racisme, de sexisme et de paternalisme, en particulier en direction des femmes musulmanes. Ces attitudes se traduisent par une disqualification systématique directe ou indirecte des expressions culturelles auxquelles la personne appartient et s’identifie. Elles prennent des formes très variées et difficiles à discerner du « simple » harcèlement moral, et elles traduisent les effets de la concurrence exacerbée entre les travailleur-ses autochtones et d’origine étrangère sur un marché en carence d’emploi. La culture des femmes musulmanes devient ainsi la cible de la nécessaire disqualification intégrale de l’autre dans la lutte acharnée des places sur le marché du travail, d’autant que l’hostilité se manifeste surtout à l’encontre des femmes les plus qualifiées. Cette communication a objectif de décrire ces attitudes racistes et sexistes sur le lieu de travail et d’analyser, d’une part, les effets ravageurs (souffrance au travail, retrait momentané ou définitif du marché du travail etc…) qu’elles produisent sur les femmes qui en sont victimes et, d’autre part, les modes de réaction qu’elles développent pour y faire face. POTOT Swanie ATER à l’UNSA Urmis-Soliis, Nice Le Dionysos 2, av. du Monastère 06000 Nice [email protected] La place des femmes dans les réseaux migrants roumains L’intervention s’appuiera sur plusieurs enquêtes de terrain menées, durant mon doctorat, en France, à Londres, dans le Sud de l’Espagne et en Roumanie auprès de travailleurs migrants roumains. On y examinera la place et le rôle des femmes, de plus en plus nombreuses, au sein de réseaux de circulation transnationaux, construits et largement dominés par les hommes. On mettra au jour les différentes « carrières » que peuvent emprunter les migrantes dans ces organisations collectives informelles, depuis la dépendance totale envers un mari ou un frère à l’acquisition d’une certaine autonomie pouvant parfois se traduire par l’obtention d’un statut valorisé, tel celui d’« expert » ou de relais pour d’autres migrants, généralement occupé par des hommes. On montrera alors que, tout en faisant usage des mêmes activités et des mêmes stratégies migratoires, la migration féminine se différencie sensiblement de celle de leurs homologues masculins tant d’un point de vue social que symbolique. Cette différenciation s’illustrera notamment à partir des enquêtes menées en Roumanie, lors des retours dans la ville d’origine, où le prestige acquis par les migrants lorsqu’ils reviennent est souvent entaché, pour les femmes, par les représentations liées à la prostitution des « filles de l’Est » en Occident, et pour lesquelles la reconversion du capital social transnational acquis au cours de la circulation migratoire s’avère plus difficile. RODARY Meriem Doctorante en anthropologie EHESS-LAS [email protected] Le travail informel des femmes au Maroc : Rapports sociaux de sexe, de classe et (post)colonialisme Partant d’une rechercher en cours sur les femmes travaillant dans les cérémonies qui accompagnent les rites de passage (naissance, mariage, circoncision et perçage des oreilles, etc.), je souhaite montrer en quoi la question du travail informel des femmes au Maroc amène à s’interroger sur l’articulation des rapports sociaux de sexe avec d’autres mécanismes de domination tels que le colonialisme, le post-colonialisme et les inégalités de classe au sein de la société marocaine. En effet, l’invisibilisation et la dévalorisation du travail féminin informel, dans les représentations collectives comme dans les recherches en sciences sociales, est lié au processus de dévalorisation générale du travail manuel, non salarié, mis en place pendant la colonisation 1 et perpétué par les classes dominantes locales. Ainsi, au modèle bourgeois de la femme « qui reste à la maison » (gelsa f-ed-dar), s’est ajouté celui de la femme diplômée exerçant une profession salariée, au détriment, toujours, des femmes des classes populaires, qui exercent en majorité des activités informelles et manuelles. A partir de l’exemple des femmes au centre de ma recherche, on peut ainsi constater que leur stigmatisation (elles sont dites avides, légères, alcooliques, etc.) est un moyen, pour la société, de contenir le pouvoir potentiel que leur activité leur procure, pouvoir qui les mettrait en position de bouleverser l’ordre établi des rapports sociaux de sexe, mais aussi de classe, puisqu’elles sont en général issues des couches les plus pauvres de la population. A travers la question du travail féminin, je m’intéresserai donc à l’aspect discursif de la « rencontre coloniale » 2 et ses répercussions sur les rapports de sexe et de classe dans la société marocaine contemporaine. 1 Bourdieu, P., A. Darbel, J.-P. Rivet et C. Siebel, 1963, Travail et travailleurs en Algérie, Paris, Mouton. Voir notamment : Said, Edward W., 1997 (1978), L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Ed. du Seuil (trad. de : Orientalism, London and Henley, Routledge and Kegan Paul). 2 ROLLINDE Marguerite Ingénieur d'études et chercheure au GERS/CNRS Institut Maghreb-Europe/Institut Maghreb-Europe [email protected] L'engagement des femmes dans les mouvements associatifs au Maghreb : quels enjeux ? L'apparition, au milieu des années quatre-vingt, dans les trois pays du Maghreb, de mouvements de femmes revendiquant leur autonomie a marqué une rupture avec les années précédentes. Ces associations centrées, à l'origine, sur le droit des femmes et souvent interdites aux hommes, statutairement ou de fait, sont nées de la volonté de s'autonomiser des partis politiques, des syndicats et des associations. Pourtant, si les revendications mises en avant par ces associations sont, en général, spécifiquement féministes, elles s'inscrivent dans le champ du politique par leurs objectifs de transformation du système juridique et du modèle patriarcal. Dans un premier temps, l'essentiel du travail de ces associations porte sur le droit, en particulier dans le cadre des luttes contre les codes de statut personnel, pour leur suppression ou leur modification. Depuis une dizaine d'années, on peut noter, à côté des revendications spécifiquement féminines, la prise en charge par des femmes de préoccupations concernant la société toute entière à travers des associations qui travaillent sur la violence (violence familiale, de la société, de l'Etat, des groupes armés), sur les droits économiques et sociaux ou sur le développement. Par la suite, de telles actions ont conduit ceux et celles qui les mènent à investir le terrain social par la remise en cause des rapports sociaux fondés sur la discrimination, que ce soit dans le domaine familial, culturel, social ou politique. Pour ces femmes, l'égalité en droit est un objectif mais aussi un moyen opératoire d'une nouvelle société. COMMUNICATION RECUE SCRINZI Francesca Allocataire monitrice URMIS Nice Pôle Universitaire St-Jean-d'Angély 24, avenue des Diables Bleus 06357 Nice Cedex 4 04 92 00 11 76 [email protected] Comment aborder la féminisation des migrations en interviewant des hommes La sociologie des migrations dans la perspective de genre n'est pas la sociologie des femmes immigrées. Je me propose d’aborder cette question à partir de mon expérience de terrain, concernant l'emploi des migrant(e)s dans le service domestique en Italie et en France. Ce terrain appelle à prendre en compte les nouveaux arrangements sur le partage du travail domestique, la délégation de ces services au marché et aux travailleurs migrants, la restructuration des Etats providence. Il se présente comme un lieu privilégié pour l'analyse des contenus sexués des processus d'ethnicisation des sociétés européennes. En particulier, je voudrais aborder ces questions empiriquement, à partir d'entretiens menés avec des employés de maison migrants. Cela devrait me permettre de faire émerger les implications de genre du déclassement social inhérent à la migration et celles des processus d'ethnicisation du marché du travail. L'analyse de la situation d'entretien est significative du fait de la différence de genre qui est mobilisée sur un thème « sensible » comme le partage du travail domestique, mais aussi parce qu'elle questionne le positionnement de la chercheuse dans sa dimension générationnelle. En fait, l'étude du travail domestique rémunéré et délégué aux migrants appelle à une mise à jour de la production théorique féministe sur « production/reproduction », qui prenne en compte les constructions de l'ethnicité. La féminisation des migrations internationales concerne aussi les significations féministes « postmodernes » du « travail domestique ». COMMUNICATION RECUE SENGEL Marie Doctorante, EHESS Marseille Les Icardins Bât. G. 13002 Marseille 04 91 90 57 29 [email protected] Femmes libres, prostituées, employées et commerçantes. L’ambiguité des échanges économiques et sexuels observés depuis des commerces africains (Noailles, Château-Rouge). « Peu importe comment tu viens, il faut arriver chez quelqu’un ». Le parcours migratoire peut alors mener vers le vide jurdique et des situations de non-droit dont les effets sont renforcés par la dilution des « solidarités communautaires africaines ». Femmes, mais aussi « cadets » désafilié(e)s s’adressent à des familles d’accueil, à des employeurs et à des conjoints qui ne sont plus en mesure d’assurer leur protection et peuvent, même, provoquer l’agression. L’entreprise commerciale apparaît alors comme une issue vers l’autonomie et la reconnaissance sociale. Mais l’échappée n’est pas si simple. Au sein des commerces africains de Noailles, de Château-Rouge ou de « métro Brochant-Moquet », se mêlent les situations d’exploitation du travail et de contraintes sexuelles. Dans ces commerces africains en France - lieux d’échange et de sociabilité - est déclinée toute une gamme d’échange économico-sexuels dont chacun tente de tirer profit. Plus que jamais, les statuts mal définis des femmes libres, prostituées, commerçantes, employées et aventurières peuvent se confondre. Les défiances et les tensions entre partenaires conjugaux, déjà relevées en Afrique subsaharienne, s’amplifient et contribuent à destructurer davantage les relations de genre. Et pourtant, à l’articulation de ces parcours migratoires, commerciaux et conjugaux fragiles, des « réussites » féminines sont avérées. Des projets personnels et des prises d’autonomie, même modestes, s’accomplissent entre projets d’émancipation et contraintes rencontrées. DESSISTEMENT VEITH Blandine Chercheuse au GERS (IRESCO) [email protected] Les relations à plaisanteries dans des associations multiculturelles de femmes Une observation participante dans des associations locales regroupant des femmes venues de diverses contrées du monde - le Maghreb, l’Afrique Sahélienne, l’Asie, la France - a mis en évidence le recours aux plaisanteries. Le propos de cette communication est d’en analyser l’usage et la portée dans deux situations différentes. Dans la première, il s’agit de montrer comment des primo-migrantes gèrent les distances culturelles et sociales dans des situations mettant en jeu des pratiques aux contenus prescriptifs et aux interdits très précis, comme l’alimentation, la commensalité, les salutations ; comment elles préviennent ou font baisser les éventuelles tensions et ainsi préservent la cohésion d’un groupe hétérogène. Dans la seconde, lors d’un voyage organisé par une association, la relation à plaisanterie est mobilisée dans un jeu de rôles qui implique la chercheuse. En créant un espace-temps entre parenthèses, il permet de dire sans dire la souffrance et la violence subies dans des rapports de domination où le genre et l’ethnicité sont en jeu. COMMUNICATION RECUE VICHÉ Carole Doctorante en sociologie aux laboratoires DIASPORAS et SIMONE SAGESSE à l’Université de Toulouse Le Mirail (Directrices : Chantal Bordes Benayoun et Nicky Le Feuvre(tutrice)) Clairbois 31460 Loubens Lauragais Tel domicile: 06 63 39 33 30 Tel professionnel: 05 61 50 43 05 [email protected] Rapports aux savoirs et apprentissages linguistiques des populations étrangères Suite à une enquête menée dans le cadre d’une thèse de sociologie sur un quartier difficile de Toulouse, je me suis rendue compte que les structures à vocation d’alphabétisation étaient très majoritairement fréquentées par des femmes étrangères. La dimension des rapports de genre se glissait manifestement derrière les pratiques de ces populations. Quel sens donner à ces usages particuliers ? Comment expliquer qu’à compétences linguistiques similaires, les femmes, bien qu’elles n’opèrent pas toutes ce choix, choisissent plus souvent que les hommes d’entreprendre la démarche d’apprentissage de la langue française ? Quelles valeurs investissent-elles dans cet outil ? Peut-on considérer ces pratiques comme relevant de stratégies émancipatrices ? Peut-on distinguer différentes formes d’appropriation de la langue ? Nous ferons l’hypothèse que c’est dans la variabilité des difficultés rencontrées au quotidien aussi bien dans la sphère privée que publique, que vont émerger divers rapports à la langue du pays d’accueil. Des observations et des entretiens réalisés auprès d’une vingtaine de femmes apprenantes (ou non) permettent de répertorier trois groupes de femmes distingués selon le rapport qu’elles entretiennent avec leur quête d’autonomisation d’une part et leur recherche de sociabilité d’autre part. La langue et son lieu d’apprentissage prennent tour à tour les rôles, d’instance de sociabilité, de « simple » facilitateur de la vie quotidienne et enfin de « passeport incontournable ». Ainsi, l’activité d’apprentissage se révèle être selon les groupes, un lieu neutralisant les appartenances générationnelles, sexuelles et ethniques, et en sus un lieu de renégociation voir de bouleversement des rapports de genre. ZAIDMAN Claude Professeure Université Paris 7 Denis Diderot [email protected] Genre et migrations en Europe L'étude de la situation des femmes migrantes à partir des politiques de l'immigration et de l'emploi participe des analyses des mouvements migratoires en prenant en compte leur féminisation : la moitié et parfois plus des migrants sont des femmes, dont la plupart voyage seule, sans partenaire masculin. La comparaison des situations de différents pays européens permet d'analyser différents aspects de cette migration féminine. Ce travail se situe dans le cadre des analyses de la globalisation et de la division sexuelle du travail. Une vision familialiste ou communautariste des migrantes cache les processus de constitution d'une main-d'œuvre féminine où les femmes migrantes, reprennent les fonctions des migrantes "de l'intérieur" des siècles passés. Cette réflexion rencontre les problématiques concernant les politiques de l'emploi et des politiques sociales et le rôle que joue le volant de main-d'œuvre immigrée dans notre société. Les femmes immigrées européennes et non –européennes, avec, sans, ou "en attente" d'un statut légal, travaillant "au noir" ou déclarées, actives dans un secteur informel ou dans des emplois précaires, diplômées ou non, sont le plus souvent affectées aux tâches de reproduction. Cette approche interroge les théories féministes de la reproduction sociale et de l'unité des femmes comme catégorie sociale.