cercles de soutien et de responsabilité - CSC-SCC

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Correctional Service Service correctionnel
Canada
Canada
CERCLES DE SOUTIEN ET DE
RESPONSABILITÉ :
GUIDE À L’INTENTION DES
CANDIDATS BÉNÉVOLES
MANUEL DE FORMATION
2002
Note : This document is also available in English
Canada
1
Remerciements
Nous aimerions remercier plusieurs personnes pour le temps et le travail qu’elles ont
consacrés à la préparation de ce guide.
L’un des premiers à reconnaître la nécessité d’uniformiser la formation de bénévoles
d’une région à l’autre fut M. Hugh Kirkegaard, pasteur. C’est également lui qui, jusqu’à
récemment, a dirigé le projet Cercles de soutien et de responsabilité, devenu par la
suite un programme national canadien. Son expérience transparaît tout au long du
présent document.
Evan Heise, David Dyck et Andrew McWhinnie ont également apporté leur pierre à
l’édifice : en qualité de consultants régionaux, ils ont rédigé chacun de larges portions
de ce manuel, qui a pris forme grâce à leurs conseils. Enfin, nous tenons à remercier
M. David Molzahn, pasteur, qui a pris la direction nationale de l’initiative des Cercles
de soutien et de responsabilité à l’automne de 2000 et auquel on doit l’achèvement du
projet dans sa forme actuelle.
Nous remercions du fond du cœur chacune de ces personnes et tous ceux et celles
qui, d’un bout à l’autre du pays, ont contribué de bien d’autres manières à la
multiplication des Cercles de soutien et de responsabilité.
Droits d'auteur - Service correctionnel du Canada
No. de cat. JS82-102/2002F
ISBN 0-662-87503-6
Internet www.csc-scc.gc.ca/text/prgrm/chap/documents_f.shtml
2
Table des matières
REMERCIEMENTS .................................................................................................... 2
TABLE DES MATIÈRES ............................................................................................ 3
INTRODUCTION ........................................................................................................ 5
-
OBJET ET HISTORIQUE DE CE MANUEL .......................................................... 5
LES ORIGINES DES CERCLES DE SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ ......... 6
DÉFINITION DU CERCLE DE SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ................... 7
ÉNONCÉ DE MISSION ET VALEURS FONDAMENTALES ................................. 7
LA JUSTICE RÉPARATRICE ET LES CERCLES DE SOUTIEN ET DE
RESPONSABILITÉ ............................................................................................... 8
- ORDINOGRAMME DE FORMATION ET DE CRÉATION D’UN CSR................... 9
- PARTICIPATION AUX SÉANCES DE FORMATION .......................................... 10
INITIATION AUX CERCLES DE SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ ................ 13
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR L'INITIATION AUX
CSR .................................................................................................................. 13
B) LEADERSHIP ................................................................................................... 13
C) DURÉE DE LA SÉANCE D'ORIENTATION ...................................................... 13
D) RESSOURCES POSSIBLES ........................................................................... 13
E) OBJECT DE LA SÉANCE D'ORIENTATION ..................................................... 13
F) DÉMARCHES DE FORMATION POUR LA SÉANCE D'INITIATION................. 15
G) STRATÉGIE DE RECRUTEMENT ................................................................... 16
H) VIDÉO - PERSONNE N'EST JETABLE ..................................................................... 17
PHASE I : L'ATELIER DE BASE POUR LES CANDIDATS BÉNÉVOLES............. 20
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR L'ATELIER
DE BASE ........................................................................................................... 20
B) LEADERSHIP ................................................................................................... 20
C) DURÉE DE L'ATELIER DE BASE ..................................................................... 20
D) RESSOURCES POSSIBLES ........................................................................... 20
E) OBJET DE L'ATELIER DE BASE ...................................................................... 21
F) DÉMARCHE DE FORMATION POUR L'ATELIER DE FORMATION
DE BASE ........................................................................................................... 22
G) AUTRES SUGGESTIONS PROPOSÉES PAR MATIÈRE................................ 23
H) PRÉPARER LES PARTICIPANTS À SUIVRE LA PHASE II ............................. 28
3
PHASE II : FORMATION AVANCÉE DES CANDIDATS BÉNÉVOLES.................. 30
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR LA PHASE II ........... 30
B) LEADERSHIP ................................................................................................... 30
C) DURÉE DE L'ATELIER DE FORMATION AVANCÉE ....................................... 30
D) RESSOURCES POSSIBLES ........................................................................... 30
E) OBJET DE L'ATELIER DE FORMATION AVANCÉE ........................................ 32
F) DÉMARCHE DE FORMATION POUR L'ATELIER DE FORMATION
AVANCÉE .......................................................................................................... 33
G) AUTRES SUGGESTIONS PROPOSÉES PAR MATIÈRE................................ 34
H) DERNIÈRE ENTREVUE DE PRÉSÉLECTION AVANT D'ÊTRE AFFECTÉ À
UN CERCLE...................................................................................................... 42
ANNEXES ................................................................................................................ 43
ANNEXE A - L'APPRENTISSAGE CHEZ LES ADULTES ................................... 44
ANNEXE B - LE CYCLE DE L'APPRENTISSAGE PAR L'EXPÉRIENCE…...……46
ANNEXE C - SIMULATION EN GROUPE : LE DILEMME ......................................... 49
ANNEXE D : L'EXERCICE SUR LE QUATRE COMPOSANTES DE LA JUSTICE
RÉPARATRICE .................................................................................... 61
ANNEXE E : L'EXERCICE DES DRAPS ............................................................... 65
ANNEXE F : SIMULATION D'UNE RÉUNIONDE CSR .......................................... 68
GLOSSAIRE ......................................................................................................... 70
4
INTRODUCTION
OBJET ET HISTORIQUE DE CE MANUEL
Ce manuel intitulé Cercles de soutien et de responsabilité : Guide de formation des
candidats bénévoles, est le premier du genre. Il s’appuie sur le guide des opérations
produit par le Comité central mennonite de l’Ontario et le Service correctionnel du
Canada (1996, révisé en 2000) et sur le travail de l'Équipe consultative pour victimes
et survivants reliée à l'initiative de Winnipeg.
Les cercles de soutien et de responsabilité (CSR)1 constituent une solution
novatrice à un problème social complexe. Le présent guide vise à faciliter la formation
de bénévoles désireux de faire partie d’un "cercle" de soutien et de responsabilité à
l’appui d’un délinquant sexuel dont le mandat est arrivé à expiration. Il s’agit en outre
d’une première ébauche de rapport sur les travaux et les réflexions des nombreuses
personnes qui ont contribué, d’un bout à l’autre du Canada, à cette initiative
relativement nouvelle. L’idée de ce guide est née lorsqu’on a reconnu la nécessité de
rendre la démarche et les normes d’initiation et de formation des candidats bénévoles
et des professionnels plus cohérentes.
Ce Guide témoigne également de la réussite des cercles de soutien et de
responsabilité (CSR). En fait, l’expansion rapide des CSR démontre clairement que ce
programme est devenu un mouvement populaire étroitement lié à des organismes
communautaires d’un bout à l’autre du pays.
Il est également important de reconnaître qu’aucun guide n’est en mesure de rendre
justice au caractère essentiel d’un tel mouvement ni aux connaissances que les gens
acquièrent lorsqu’ils se réunissent en communauté de la sorte. Ainsi, le présent guide
vise à donner des renseignements sur la mise sur pied d’un cercle de soutien et de
responsabilité. Il ressort clairement de son contenu que l’apprentissage est un
processus continu.
Depuis trois ans, l’Aumônerie du Service correctionnel du Canada (SCC) joue un rôle
de premier plan dans ce mouvement en pleine éclosion en misant sur les CSR pour
aider les collectivités à répondre aux besoins des délinquants sexuels à risque élevé.
Au départ, on a créé un poste contractuel pour la promotion et l’expansion des CSR
par le canal d’un réseau national d’aumôneries communautaires.
À l’automne de 1998, les personnes s’intéressant aux CSR sont venues de tous les
coins du pays à Crieff Hills (Ontario) pour une série de réunions. Le financement de
démarrage des projets CSR, ainsi que les besoins en formation et en ressources de
soutien, ont été au centre des discussions. Le présent guide, avec ses modules de
formation et ses suggestions de démarches de formation, a été élaboré pour donner
Pour faciliter la lecture du présent document, l’appellation « cercles de soutien et de responsabilité » et
l’acronyme correspondant « CSR » sont interchangeables.
1
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction
5
suite à ces discussions et pour répondre aux besoins définis au cours des années
précédentes.
On recommande de miser sur l’apprentissage par l’expérience dans la planification
des séances de formation fondées sur les modules présentés dans ce guide. Les jeux
de rôles, les discussions en groupe et les exercices interactifs jouent un rôle important
dans ce mode de formation. Pour plus d’information, veuillez vous reporter à
l’annexe A (L’apprentissage chez les adultes) et à l’annexe B (Le cycle de
l’apprentissage par l’expérience).
LES ORIGINES DES CERCLES DE SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ
Les nouvelles dispositions législatives adoptées en 1994 ont posé un dilemme. En
effet, dans deux incidents séparés, un groupe confessionnel a répondu aux besoins de
la collectivité, du SCC et des délinquants jugés à risque de récidive le plus élevé dans
le cadre de ce qui est devenu le programme des « cercles de soutien et de
responsabilité » (CSR).
Le dilemme résidait dans le fait qu’un délinquant était incarcéré jusqu’au dernier jour
de sa peine (ou date d’expiration de son mandat), sans qu’aucun mécanisme de
soutien ou d’encadrement ne soit prévu dans la collectivité pour favoriser sa
réinsertion sociale dans les meilleures conditions de sécurité. Dans les deux cas, le
délinquant concerné avait eu affaire à des bénévoles ou avait participé à un
programme relevant d’un groupe confessionnel. Les CSR sont nés de cette tradition
d’intervention des groupes confessionnels en milieu carcéral.
Au début de 1994, le pasteur/directeur d’une aumônerie située dans le centre de
Hamilton du nom de Harry Nigh a reçu l’appel d’un psychologue de prison au sujet d’un
délinquant qui considérait le pasteur comme l’un de ses rares amis dans la collectivité.
Les deux hommes s’étaient liés d’amitié plus de dix ans auparavant dans le cadre d’un
programme de visite à la prison. Le pasteur était conscient du fait qu’il ne suffirait pas à
lui seul à répondre aux besoins du délinquant une fois mis en liberté. C’est pourquoi il
a réuni quelques personnes qui connaissaient le délinquant et leur a demandé leur
aide pour le soutenir.
À sa mise en liberté, le délinquant s’est heurté à la colère des hommes : les médias et
la population étaient si hostiles que ses besoins s’en sont trouvés exacerbés. Le
pasteur a alors demandé à quelques bénévoles de plus de se joindre au groupe de
soutien et a invité une femme membre du comité de surveillance de quartier à en faire
autant. Cette dernière avait pour mission de veiller à ce que le soutien fourni au
délinquant soit responsable et contribue à la sécurité de la collectivité.
Au cours de ces six premiers mois, un aumônier communautaire du Service
correctionnel communautaire à Toronto, le pasteur Hugh Kirkegaard, a suivi de près la
situation à Hamilton. Plus tard cette année-là, un autre cas du genre s’est présenté à
Toronto : un criminel notoire mis en liberté dans une collectivité située en périphérie de
Toronto, où une église et quelques partenaires du mouvement des Alcooliques
Anonymes étaient prêts à l’accueillir et à l’aider à se réintégrer dans la société. Mais,
sous l’effet de la tension montant dans cette collectivité plus petite, conjugué à ses
besoins médicaux particuliers, le délinquant a dû déménager à Toronto quelques jours
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction
6
plus tard. Le bénévole du groupe confessionnel qui travaillait auprès de ce délinquant
a alors appelé l’aumônier à l’aide.
Là encore, les besoins personnels du délinquant et les exigences que lui imposaient la
collectivité et le tribunal étaient tels qu’il a fallu mobiliser plusieurs bénévoles.
L’aumônier, qui avait suivi de près ce qui se passait à Hamilton, a tiré parti de ses
contacts avec divers groupes confessionnels pour mettre sur pied un groupe de
personnes bien décidées à aider le délinquant à sortir de l’ornière.
Au cours des mois qui ont suivi, l’aumônier et le pasteur de Hamilton ont comparé leurs
notes et réfléchi à leurs expériences communes, pour s’apercevoir que les
interventions de ce genre calmaient les angoisses de leurs concitoyens et que les
ex-délinquants s’adaptaient alors d’autant mieux à leur collectivité. Ces derniers ne
retombaient pas dans des comportements dangereux, loin de là, et se réintégraient
plutôt dans la société en tant que citoyens respectueux des lois.
D’autres voix se sont jointes aux leurs, dont plusieurs membres des groupes de
soutien et quelques autres personnes œuvrant auprès des délinquants sexuels et des
victimes d’agressions sexuelles. Ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de
programme des CSR est le fruit de ces premières expériences et réflexions.
DÉFINITION DU CERCLE DE SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ
L’Aumônerie du SCC définit un cercle de soutien et de responsabilité comme étant un
groupe surtout confessionnel d’environ quatre à sept bénévoles de la collectivité*, qui
s’engage à améliorer la sécurité publique en soutenant la réinsertion sociale d’une
personne qui a été maintenue en incarcération jusqu’à l’expiration de son mandat à
cause de ses antécédents de crimes sexuels, en établissant avec elle une
« alliance », en ayant avec elle des rencontres, et en l’accompagnant dans sa
vie quotidienne. (*ou plus si besoin en est)
ÉNONCÉ DE MISSION ET VALEURS FONDAMENTALES
Les Cercles de soutien et de responsabilité (CSR) visent à réduire considérablement
le risque de victimisation sexuelle des membres de la collectivité. Pour ce faire, les
CSR aident les délinquants à se réinsérer dans la collectivité et à mener une vie
responsable et productive. Voici les valeurs fondamentales sur lesquelles est fondée
cette initiative et qui continuent de nous inspirer dans la poursuite de notre mission :

Nous affirmons que c’est à la collectivité qu’incombe la responsabilité de la
réparation sécuritaire à l’égard des victimes et de leur guérison de même que
de la réinsertion sociale « sans risque » des délinquants sexuels.

Nous croyons en un Dieu d’amour et de réconciliation qui nous appelle à être
des agents de guérison.

Nous reconnaissons la peine continue des victimes d’agressions sexuelles et
leur besoin de guérir.
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction
7

Nous cherchons à « recréer une collectivité » responsable, sécuritaire, saine
et donneuse de vie en collaboration avec des ex-délinquants.

Nous acceptons l’appel à une hospitalité totale, partageant nos vies les uns
avec les autres dans la collectivité et prenant des risques au service de l’amour.
LA JUSTICE RÉPARATRICE ET LES CERCLES DE SOUTIEN ET DE
RESPONSABILITÉ
Les CSR se situent dans le droit fil des principes de la justice réparatrice. Bénévoles et
coordonnateurs prennent sérieusement les besoins et les préoccupations des
victimes, de la collectivité et des délinquants. Le rétablissement de la paix dans la
collectivité suppose que la protection de la population et des victimes potentielles soit
assurée. Et pour améliorer véritablement la sécurité publique, l’ordre doit être rétabli
dans la collectivité. C’est là l’une des principales raisons d’être des CSR.
Dernièrement, Howard Zehr (Winchester, Angleterre, avril 2001) a proposé une
définition de ce qu’est la justice réparatrice et de ce qu’elle n’est pas.
La justice réparatrice est :
 une redéfinition des rôles au sein du système de justice pénale, les victimes de
crime occupant une place centrale;
 une approche particulièrement indiquée pour les crimes graves, comme les
interventions auprès des libérés conditionnels sous responsabilité fédérale;
 une approche indiquée pour les délits mineurs, mais qui convient encore mieux
pour les crimes graves où les besoins des victimes sont comparables et sont
plus urgents;
 une tentative en vue de remédier aux causes du crime en répondant aux
besoins qui en résultent. Cette tentative est fondée sur deux principes
fondamentaux :
-
-
Préjudice – La justice réparatrice vise à réparer le préjudice causé par le
crime en répondant aux besoins des victimes et en tenant le délinquant
responsable du mal qu’il a fait.
Mobilisation – La justice réparatrice mobilise les victimes, les
délinquants et la collectivité aux fins de la réparation du préjudice causé
par le crime.
La justice réparatrice n’est pas :
 le pardon ni la réconciliation, bien qu’elle puisse permettre d’y accéder;
 la médiation, parce que la médiation implique une certaine égalité morale entre
les parties, qui n’existe habituellement pas entre victimes et délinquants.
Simultanément, les programmes de dialogue entre victimes et délinquants
(souvent appelés médiation ou réconciliation entre la victime et le délinquant)
ouvrent une porte à la justice réparatrice, offrent un moyen de favoriser la
guérison ou le rétablissement de l’équilibre;
 un programme ni un avant-projet – c’est une philosophie, une boussole, non
une carte;
 une mode passagère ni un mythe – elle est profondément ancrée dans l’histoire
culturelle et religieuse de l’immense majorité des sociétés du monde entier;
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction
8

le contraire de la justice rétributive – le contraste est trompeur. Les deux
approches sont fondées sur le principe selon lequel les délinquants doivent
quelque chose et que les victimes ont droit à la réparation. L’optique est
différente : la justice rétributive parle de douleur, tandis que la justice
réparatrice parle de guérison. Le système judiciaire a toujours sa raison d’être
et doit être considéré comme étant un continuum. Il est également vrai que les
démarches de réparation ne sont pas aussi clémentes ni aisées qu’on le pense,
et que les tribunaux et l’appareil judiciaire ne sont aussi sévères ou durs qu’on
le dit. Changer d’optique veut dire changer les questions et les catégories en
cause.
À propos de la nécessité de miser davantage sur la justice réparatrice face au crime,
Susan Sharpe note : « [traduction] loin de nous l’idée que l’appareil judiciaire doit être
remplacé. Le procès devant un tribunal joue un rôle essentiel et donne des résultats
hors de la portée des approches réparatrices. Mais cela ne signifie pas pour autant
que la justice doive être rétributive. La justice, dans n’importe quel système, devrait
concilier le mieux possible responsabilité et humanité » (italiques nôtres)2.
Les remarques de Susan Sharpe reflètent bien la vision sous-jacente aux CSR : les
cercles sont autant de tentatives en vue d’initier des citoyens ordinaires à l’art de
concilier responsabilité et humanité. Un CSR est une initiative émanant d’une
collectivité, qui est prise en mains par des bénévoles issus de cette collectivité. Bon
nombre de ces bénévoles - mais pas tous – font partie d’un groupe confessionnel. Ces
groupes confessionnels sont autant de réserves naturelles de bénévoles.
Les citoyens bénévoles ont à leur actif toutes sortes de compétences et de
l’expérience dans des domaines très divers, et beaucoup ont également déjà travaillé
auprès de personnes marginalisées. Pour améliorer la sécurité communautaire, il est
primordial d’instaurer un milieu de vie dans lequel l’ex-délinquant se sent bien entouré
et soutenu, dans le respect des principes de la responsabilité, de la réparation et de la
guérison.
ORDINOGRAMME DE FORMATION ET DE CRÉATION D’UN CSR
On trouvera à la page 12 un schéma de principe sur les processus recommandés pour
le recrutement, la sélection et la formation de bénévoles, et pour la création et le
maintien d’un cercle. Le processus de formation qui suit l’initiation comprend deux
phases structurées en une série de modules. On trouvera également dans ce guide
des explications détaillées sur les objectifs et les éléments de l’initiation et des deux
phases de la formation. Le volume complémentaire intitulé Cercles de soutien et de
responsabilité – Guide d’élaboration des politiques et des programmes contient des
explications détaillées sur les objectifs et les éléments du processus de création des
cercles3.
2
Sharpe, S. (1998), Restorative justice: A vision for healing and change, Edmonton ( Alberta), Canada,
Edmonton Victim-Offender Mediation Society.
3 Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'automne 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction
9
Vous constaterez que l’ordinogramme prévoit plusieurs points de SORTIE tout au long
du processus de formation du candidat bénévole et de création d’un cercle, chacun
correspondant à un stade précis auquel on demande au candidat bénévole s’il veut
poursuivre le programme. Dans la négative, il peut abandonner le programme à tout
moment et à n’importe quel stade de sa formation ou de la création d’un cercle.
En outre, ces points de SORTIE sont autant d’occasions pour le coordonnateur local
de rejeter une candidature qui ne convient pas. Par exemple, il peut décider de rejeter
la candidature d’une personne qui minimise la gravité des infractions sexuelles ou de
la violence à l’endroit des femmes et des enfants au point de trahir davantage qu’une
simple ignorance en la matière.
Le processus de formation des candidats et de création d’un cercle est donc, en soi, un
mécanisme de sélection des bénévoles qui conviennent.
PARTICIPATION AUX SÉANCES DE FORMATION
La participation à six des sept modules de formation d’une demi-journée chacun qui
correspond à l’initiation au CSR, à l’atelier de base et à l’atelier de formation avancée
est généralement considérée comme étant obligatoire. On s’attend à ce que les
bénévoles rattrapent toute séance manquée. On peut faire des exceptions au cas par
cas. Il est fortement recommandé de tenir un registre des présences.
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction 10
SORTIE
INITIATION
(Deux ateliers
d’initiation distincts) (voir le
. Conclusion
Manuel de formation pour plus d’info)

Atelier d’une demi-journée pour les
professionnels

Atelier d’une demi-journée pour les
bénévoles
Consiste en un exposé illustré par des
diapositives PowerPoint ou des transparents.
SORTIE
FORMATION - PHASE I
« L’atelier de base »
(voir le Manuel de formation pour plus
d’info) 1 journée complète ou
2 demi-journées
Survol des composantes de la justice
réparatrice et du système de justice pénale,
jeu de rôles sur la mise en liberté,
préoccupations de la police, divulgation de
renseignements au public, article 810,
déviance sexuelle, simulation d’une réunion
de CSR/survol des rôles et du
fonctionnement à la semaine.
Candidature officielle
et engagement du
bénévole
FORMATION - PHASE II
ORDINOGRAMME DE
FORMATION ET DE CRÉATION
D’UN CSR
CRÉATION DE CSR – PHASE II
« Soutien constant »
(voir le Guide d’élab. des politiques
et des programmes)
Comment améliorer la dynamique de
groupe, formation et révision
continues, modification de l’alliance,
prévention du « burnout », fermeture
d’un cercle.
« Formation avancée pour les candidats bénévoles »
(voir le Manuel de formation pour plus d’info)
2 journées complètes ou 4 demi-journées
Effets de l’incarcération de longue durée, facteurs de risque
sexuels, cycles de la délinquance, stratégies de prévention des
rechutes, besoins des victimes, comment fixer des
limites, règlement des conflits, facilitation sociale et
dynamique de groupe.
CRÉATION DE CSR – PHASE I
« Mise sur pied d’un cercle »
ÉVALUATION ET
RÉÉVALUATION
(voir le Guide d’élab. des
politiques et des programmes)
Comment renforcer la cohésion de
groupe – rôles et responsabilités des
membres, stratégies d’intervention
en cas d’urgence, liaison avec les
agents du SCC, contacts avec le
membre principal, définition des
besoins, établissement de l’alliance,
article 810 du C.cr.
SORTIE
SORTIE
Manuel de formation du SCC 2002 - Introduction 11
CERCLES DE SOUTIEN
ET DE RESPONSABILITÉ
SÉANCE D’INITIATION
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 12
INITIATION AUX CERCLES DE
SOUTIEN ET DE RESPONSABILITÉ
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR L'INITIATION AUX CSR
Il n’y a pas de conditions préalables recommandées pour la participation à une séance
d’orientation sur les CSR. Toutes les personnes que cela intéresse devraient être
incitées à y participer. Tenir un registre des présences.
B) LEADERSHIP
L’expert conseil régional est disponible pour animer la séance d’orientation dans sa
région. Toutefois, il est primordial que les bénévoles, les aumôniers communautaires
et les coordonnateurs de l’initiative dûment formés jouent un rôle de premier plan dans
le recrutement et la formation de nouveaux bénévoles. Lorsqu’un CSR a pris racine
dans une collectivité, il est raisonnable de s’attendre à ce que les séances d’orientation
soient prises en charge par les bénévoles de cette collectivité, plutôt que par l’expert
conseil régional.
C) DURÉE DE LA SÉANCE D'ORIENTATION
La séance d’orientation dure de une heure et demi à trois heures, qu’elle s’adresse à
des professionnels ou à des membres du grand public.
D) RESSOURCES POSSIBLES4



Disquettes 3.5 à utiliser avec Microsoft PowerPoint
Transparents PowerPoint
Vidéo Personne n'est jetable (1999, 10 minutes)
E) OBJECT DE LA SÉANCE D'ORIENTATION
L’objet de la séance d’orientation est de donner aux participants une vue d’ensemble
sur les CSR. Y sont présentés : une série de transparents sur Power Point (ou sur
rétroprojecteur) illustrant les valeurs fondamentales, la raison d’être et la structure
globale des CSR; l’historique du projet et une vue d’ensemble des principes de justice
réparatrice; un survol des activités de formation et de sélection des bénévoles.
Les séances d’orientation s’adressent à deux groupes différents :
i) Les professionnels - (de 1 heure à 3 heures)
Un CSR efficace réunit des bénévoles bien formés et enthousiastes qui bénéficient de
Si vous n’avez pas accès à ces ressources, veuillez consulter votre expert-conseil régional. Elles sont
indispensables pour bien faire comprendre aux membres de la collectivité, aux candidats bénévoles et
aux professionnels le fonctionnement des cercles de soutien et de responsabilité (CSR) pour les
délinquants sexuels dont le mandat est expiré.
4
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 13
l’appui des professionnels de leur collectivité. On recommande d’organiser la séance
d’orientation pour les professionnels un vendredi après-midi. Le but visé est de
présenter les principes des CSR et le projet local de CSR aux professionnels de la
collectivité – policiers, agents de correction (en établissement et dans la collectivité),
psychologues, le maire et les conseillers municipaux, travailleurs communautaires
autochtones, victimes et défenseurs des droits des victimes, conseillers, travailleurs
sociaux, travailleurs de santé mentale, travailleurs des organismes de services liés au
SIDA, etc.
Il faut inciter les professionnels à contribuer à faire leur part dans la création de CSR
dans leur collectivité. Plus précisément, il faut les inviter à soulever des questions et
des préoccupations vitales, à siéger dans les comités directeurs ou commissions
locales, à aider à la formation et à demeurer à la disposition du coordonnateur local et
des bénévoles pour les conseillers en permanence. On peut s’attendre à un certain
scepticisme de la part des professionnels. C’est pourquoi il faut être prêt à écouter
attentivement leurs conseils et leurs préoccupations. Les professionnels apportent une
contribution absolument essentielle à la sécurité à long terme de la collectivité et à la
réussite des cercles de soutien et de responsabilité.
Il faut prendre garde de ne pas donner à entendre qu’un CSR tente de minimiser le
travail des professionnels. Les bénévoles et les professionnels doivent avoir un but en
commun, soit la sécurité communautaire, même si les uns et les autres n’utilisent pas
les mêmes moyens pour l’atteindre. (Pour plus de précisions sur le rôle des
professionnels dans les CSR, voir la section intitulée Encadrement professionnel pour
les cercles dans CSR – Guide d’élaboration des politiques et des programmes).5
ii) Le grand public
Une soirée d’orientation à l’intention de ce groupe a un double but.
- Premièrement, elle est l’occasion de faire valoir auprès d’un large auditoire l’idée que
le cercle de soutien et de responsabilité est un moyen logique et efficace d’assurer la
sécurité de la collectivité. Même si toutes les personnes présentes ne décideront pas
nécessairement de devenir des membres bénévoles d’un CSR (tant s’en faut), celles
qui opteront effectivement pour le bénévolat pourront compter sur l’appui de leurs
concitoyens grâce à cette soirée d’orientation. En outre, l’un des objectifs de la séance
d’orientation est de sensibiliser le public à la violence sexuelle, aux délinquants
sexuels, aux besoins des victimes/survivants, au système de justice pénale et à la
sécurité publique. On peut en adapter le contenu en fonction des conférenciers invités
et des commanditaires. La séance d’orientation est le moyen par excellence de
mobiliser la collectivité.
- Deuxièmement, la séance d’orientation sert d’instrument de recrutement pour les
cercles de soutien et de responsabilité. Elle sert également de mécanisme de
présélection : les personnes qui ont entendu parler des CSR viennent pour en savoir
plus à l’issu de la séance, les uns décideront de poursuivre la formation, tandis que les
Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'automne 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
5
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 14
autres en resteront là parce que les CSR ne correspondent pas à l’idée qu’ils s'en
faisaient (ou parce qu’ils estiment ne pas être à la hauteur) de l'implication demandée.
À la fin de cette séance d’orientation, tous les participants reçoivent de l’information
sur l’étape suivante de la formation et sont invités à s’inscrire aux activités de formation
à venir. Toutefois, comme bien des participants à cette première soirée d’orientation
ne deviennent pas des bénévoles, on ne doit pas se croire obligé de prévoir une
nouvelle séance de formation dans la foulée.
F) DÉMARCHES DE FORMATION POUR LA SÉANCE D'INITIATION
Il s’est avéré utile d’organiser un atelier communautaire pour les professionnels dans
l’après-midi pendant les heures ouvrables (si possible, le vendredi après-midi pour
laisser aux participants le temps de boucler leur semaine de travail). L’atelier
communautaire pour le grand public donne les meilleurs résultats lorsqu’il a lieu un soir
de la semaine (souvent un jeudi ou vendredi) et qu’il est suivi de l’atelier de base,
phase 1, le samedi suivant toute la journée. Cela a l’avantage d’être plus facile à
organiser – les ressources sont utilisées au mieux puisqu’elles sont toutes en place
pour une journée complète – sans compter que « mieux vaut battre le fer quand il est
chaud ».
Pour la séance d’initiation, on recommande un module d’environ trois heures (bien que
les notions de base puissent être traitées en une heure). La meilleure façon de
procéder, c’est tout simplement de se procurer le diaporama en Microsoft PowerPoint
ou les transparents pour rétroprojecteur et de présenter les diapositives dans leur
ordre d’apparition dans la version PowerPoint. Une autre option consiste à suivre le
programme de formation en trois heures présenté ci-dessous – qui prévoit une
pause-café d’une quinzaine de minutes à mi-chemin environ.
Initiation aux CSR
Une séance de trois heures est recommandée (en matinée, en après-midi ou en
soirée)

Bienvenue et présentations (15-20 minutes)
Prévoir une feuille des présences à signer par tous les participants. Passer en
revue les objectifs et le contenu de la séance d’orientation sur les CSR.
Présenter les participants et les animateurs. Reconnaître que le sujet traité est
délicat, voire même douloureux pour bien des gens. Les remercier d’être venus.

Historique des cercles de soutien et de responsabilité pour les ex-délinquants
sexuels (10 minutes)
Passer en revue l’énoncé de mission des CSR. Relater les débuts des CSR à
Hamilton (Ontario) en 1994 (voir la section ci-dessus intitulée Introduction) et
évoquer les collectivités canadiennes qui ont leur CSR (voir la diapositive Les
cercles au Canada dans le diaporama PowerPoint).

En quoi consiste le problème? (5-10 minutes)
Passer en revue les dilemmes et les problèmes que pose le fait de garder les
délinquants en prison jusqu’au dernier jour de leur peine. Expliquer en quoi cela
contribue, en fait, à accroître le risque de récidive. Décrire le profil du délinquant
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 15
le plus exposé à ce risque.

Contribuer à la solution (10-15 minutes)
Expliquer en quoi les CSR tentent de régler le problème en mobilisant des
bénévoles. Décrire les objectifs et la mission d’un CSR.

À quoi ressemble et que fait un CSR? (15 minutes)
Expliquer comment un cercle est mis sur pied. Passer en revue les mécanismes
qui permettent à un délinquant sexuel à risque élevé ayant de très grands
besoins de devenir le membre principal d’un cercle. Décrire les rapports du
cercle avec d’autres professionnels dans la collectivité. Enfin, parler des
activités types d’un CSR au cours d’une semaine.

Quelles sont les réalisations des CSR? Pourquoi de tels résultats? (5 minutes)
Faire le bilan des résultats obtenus jusqu’à maintenant par les cercles au
Canada. (Voir l’étude de Robin Wilson mentionnée dans le diaporama
PowerPoint.)

Pourquoi une telle initiative? En quoi consiste l’essence d’un CSR?
(10 minutes)
Parler des motifs pour lesquels les bénévoles deviennent membres d’un CSR.
Exposer les principes fondamentaux de la justice réparatrice. Lorsqu’il y a lieu,
faire le lien entre ces principes et les notions bibliques ou autochtones de justice
et de paix. Passer en revue les valeurs fondamentales présentées dans le
diaporama PowerPoint ou la série de transparents sur les CSR.

La démarche de formation (10-15 minutes)
S’il reste un peu de temps, on aurait sans doute avantage à passer en revue le
processus de formation des bénévoles et de création d’un CSR présenté à la
page 12 de ce guide.

Questions/Commentaires/Débat (15-25 minutes)
Prévoir une période de questions qui permette de clarifier les points présentés,
ainsi qu’un débat si le temps le permet.

Vidéo « Personne n'est jetable » (15-25 minutes)
Présenter le vidéo et animer un débat si le temps le permet.

Le mot de la fin (5 minutes)
Informer les participants de la tenue d’un atelier de base pour les candidats
bénévoles. Les inviter à réfléchir à la possibilité d’y participer et de devenir
bénévole. Leur rappeler de signer la feuille des présences avant de partir s’ils
ne l’ont pas fait à leur arrivée. Les remercier d’être venus et les inciter à
« répandre la bonne parole ».
G) STRATÉGIE DE RECRUTEMENT
Une stratégie de recrutement consisterait à inviter les groupes confessionnels à
envoyer des représentants aux séances d’initiation sur les CSR. Ces séances ont lieu
tous les trimestres ou au besoin, et tous ceux et celles qui veulent en savoir plus sur
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 16
les CSR peuvent y participer. On peut également organiser une séance d’initiation sur
les CSR à la demande d’un groupe confessionnel.
Le fait est que toutes les personnes qui s’intéressent aux CSR ne sont pas membres
d’un groupe confessionnel ni réceptives aux questions religieuses. Mais toutes sont
les bienvenues aux séances d’orientation, et tout groupe communautaire qui le
souhaite recevra la formation prévue sur les CSR. Le but premier visé est de faire en
sorte que le membre principal soit bien entouré, et que le CSR réponde à ses besoins
particuliers. Les sources de recrutement de bénévoles sont les groupes
confessionnels et la collectivité, mais le CSR privilégie l’approche spirituelle ou non
suivant les vœux du membre principal. De même, les bénévoles choisissent le
membre principal avec lequel ils vont travailler. Un autre objectif de la séance
d’orientation est d’inciter les groupes confessionnels ou autres organismes
communautaires à travailler auprès d’ex-délinquants même s’ils renoncent à se joindre
à un CSR créé pour un délinquant sexuel à risque élevé dont le mandat est expiré.
H) VIDÉO - Personne n'est jetable
(1999, 10 minutes, réalisation de Vision TV)
On peut également présenter le vidéo intitulé « Tout le monde compte » à la séance
d’initiation, pour mieux faire comprendre aux participants à quoi ressemble un cercle.
Vu l’importance accordée à la dimension spirituelle des cercles, aux motivations et aux
valeurs chrétiennes d’une partie des bénévoles, il est utile de rappeler, avant de
montrer le vidéo, que ce ne sont pas tous les bénévoles ni tous les cercles qui
adhèrent à la foi chrétienne. Il peut être utile d’expliquer que le vidéo a été réalisé pour
Vision TV. Enfin, une partie du vidéo montre un membre principal qui a des
antécédents de violence sexuelle à l’endroit des femmes en train de marcher seul en
compagnie d’une jeune femme bénévole. Il peut être utile de discuter de l’impact d’une
scène comme celle-là si l'auditoire ne soulève pas la question à l’occasion du débat qui
suivra la présentation du vidéo.
Manuel de formation du SCC 2002 - Initiation aux cercles 17
Guide de discussion sur le vidéo Personne n'est jetable :
1. Que pensez-vous de ce vidéo? Quelle est votre réaction spontanée?
2. Quel dilemme posé par l’incarcération/mise en liberté engendre la nécessité de ce
genre d’intervention communautaire? Qu’entend-on par « maintien en
incarcération jusqu’à la date d’expiration du mandat »? Pour qui le programme
des CSR est-il conçu?
3. Cette initiative s’inspire d’un principe spirituel de justice réparatrice. Qu’est-ce qui
vous incite, dans votre religion ou système de valeurs, à venir en aide aux gens
dans le besoin? À contribuer à rendre votre collectivité plus sûre? Comment ce
programme répond-il aux besoins des victimes? Des délinquants? De la
collectivité?
4. Quels sont les objectifs du cercle?
5. Qu’avez-vous remarqué à propos de la composition du cercle? Qui sont les
bénévoles?
6. Quel genre de travail se fait-il à la réunion du cercle? De quoi discute-t-on?
Avez-vous été frappé par quelque chose en particulier au sujet de la nature de la
réunion vue dans le vidéo?
7. Que se passe-t-il entre les réunions du cercle selon vous?
8. Pourquoi une réunion d’urgence a-t-elle été convoquée en l’occurrence? Quelle
résolution a été adoptée? Comment le cercle est-il arrivé là?
9. Comme candidat bénévole, quelles sont vos préoccupations et interrogations
après avoir vu ce vidéo? Quelles possibilités vous laissent-ils entrevoir?
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 18
PHASE I
L’ATELIER DE BASE
POUR LES CANDIDATS BÉNÉVOLES
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 19
L'ATELIER DE BASE POUR LES CANDIDATS BÉNÉVOLES
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR L'ATELIER DE BASE
La participation à la séance d’initiation sur les CSR précède obligatoirement la
phase I de la formation. Des exceptions sont possibles dans certaines circonstances et
après consultation avec le coordonnateur local de l’initiative. Tenir un registre des
présences pour tous les participants.
B) LEADERSHIP
L’expert conseil régional anime les premiers ateliers de base dans chaque collectivité.
Mais le coordonnateur local de l’initiative est également mis à contribution et demande
à divers spécialistes de prendre en charge certains aspects de la formation. (Voir la
section Ressources possibles, ci-dessous, ainsi que la section Encadrement
professionnel pour les cercles dans le Guide d’élaboration des politiques et des
programmes)6 Lorsqu’un CSR a pris racine dans une collectivité, il est raisonnable de
s’attendre à ce que l’atelier de base soit animé par les bénévoles de cette collectivité,
plutôt que par l’expert conseil régional.
C) DURÉE DE L'ATELIER DE BASE
La durée recommandée pour cet atelier est de six heures, réparties en deux périodes
de trois heures, habituellement au cours de la même journée (un samedi).
D) RESSOURCES POSSIBLES

Disquettes 3.5 po à utiliser avec Microsoft PowerPoint (soit la section de
six pages/diapositives consacrée à la justice réparatrice)

Transparents PowerPoint sur la justice réparatrice

Simulation en groupe Le Dilemme (voir l’annexe C)

Exercice Les quatre composantes de la justice réparatrice (voir l’annexe D)

Jeu de rôles sur la réunion de cercle (voir l’annexe F)

Vidéo Le grand test de la justice (SCC, 46 minutes – Des extraits de ce vidéo et
des textes correspondants sont accessibles sur le site Web du SCC,
http://www.csc-scc.gc.ca/video/toj_f.shtml. Suivre les liens jusqu’à Le grand
test de la justice).
Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible en ce mois de janvier 2002. Sa publication est prévue pour mars 2002. Pour plus de
précisions, veuillez consulter votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
6
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 20

Vidéo Restorative Justice: Making Things Right (Comité central mennonite,
1994, 22 minutes – on peut se le procurer dans les bureaux locaux du CCM ou
de la Société John Howard, etc.)

Agent de libération conditionnelle, aumônier communautaire ou en
établissement, ex-délinquant ou travailleur social (employé de la Société John
Howard, p. ex.) qui soit capable d’expliquer l’essentiel des rouages de l’appareil
de justice pénale (services de police, tribunaux, services correctionnels), de
situer le travail des CSR dans ce contexte et, si possible, de faire valoir leur
mission et leur utilité.

Policier qui soit capable de présenter une vue d’ensemble des textes de loi
pertinents comme l’article 810 du C.cr., des modalités de divulgation de
renseignements au public, des préoccupations de la police concernant les
délinquants sexuels à risque élevé qui sont mis en liberté à l’expiration de leur
mandat et, si possible, qui puisse faire valoir l’utilité des CSR.

Psychologue en établissement, thérapeute ou travailleur social auprès des
délinquants sexuels qui soit capable d’éclairer les participants sur la sexualité
humaine et la déviance sexuelle, et sur les questions de pouvoir et de maîtrise
de soi, sur la problématique homme-femme dans le contexte du crime sexuel.
Dans la mesure du possible, la personne doit être capable de faire valoir l’utilité
des CSR et d’animer des discussions et des exercices d’apprentissage
interactif. (Pour plus de précisions sur l’apprentissage chez les adultes, voir les
annexes A et B)
E) OBJET DE L'ATELIER DE BASE
Les objectifs de la phase I sont les suivants :

explorer les fondements philosophiques et théologiques des CSR (soit les
principes de justice réparatrice dans les contextes biblique, historique et culturel
autochtone);

présenter une vue d’ensemble du système de justice pénale du point de vue
d’une personne qui a fait de la prison;

sensibiliser les participants aux préoccupations de la police et passer en revue
les dispositions législatives pertinentes comme l’article 810 du C.cr., les
modalités de divulgation de renseignements au public dans la collectivité locale
et autres questions relatives à la mise en liberté d’un membre principal;

sensibiliser les participants, par le jeu de rôles, au dilemme que pose la mise en
liberté d’un individu à risque élevé et aux grands besoins dans une collectivité
qui craint pour sa sécurité;

mieux faire comprendre aux participants la sexualité humaine et la déviance
sexuelle, ainsi que les questions de pouvoir et de maîtrise de soi et la
problématique homme-femme dans le contexte du crime sexuel;
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 21

familiariser les participants, par le jeu de rôles, avec la dynamique d’une
réunion de CSR, ainsi que d’autres questions connexes – logistique et
fonctionnement d’un cercle sur une base hebdomadaire, et fonctions de chacun
(ce volet est prévu dans cette phase si le temps le permet, sinon à la phase II);

initier les participants à la notion d’accompagnement du membre principal. (Ce
volet est prévu dans cette phase si le temps le permet, sinon à la phase II.)
F) DÉMARCHE DE FORMATION POUR L'ATELIER DE FORMATION DE BASE
Il est recommandé que l’atelier de base soit tenu environ une fois tous les six mois ou
à intervalles plus courts ou plus longs, selon les besoins de la collectivité. On
préconise une formation en deux périodes d’environ trois heures chacune, avec
pause-café d’une quinzaine de minutes à mi-chemin environ.
Première période
- Une séance de trois heures est recommandée (en matinée)

Bienvenue et présentations (30 minutes)
Passer en revue les objectifs de l’atelier de base et l’objet des simulations.
Présenter les participants et les animateurs au moyen d’un exercice permettant
de « casser la glace ». (Voir les Autres suggestions proposées par matière
ci-dessous).

Survol des fondements philosophiques et théologiques des cercles
(45 minutes)
Cette section vise à aider les participants à comprendre ce qu’est la justice
réparatrice. Voir à l’annexe D des instructions pour un exercice permettant
d’explorer les besoins et les responsabilités des victimes, des délinquants, de la
collectivité et du « système » (voir les Autres suggestions proposées par
matière ci-dessous pour plus de précisions).

Vue d’ensemble du système de justice pénale (45 minutes)
Cette section vise à familiariser les participants avec les services de police, les
tribunaux et les services correctionnels (voir les Autres suggestions proposées
par matière ci-dessous pour plus de précisions). On peut avoir avantage à
présenter tout ou partie du vidéo, Le grand test de la justice.

Vue d’ensemble des préoccupations de la police, des dispositions de
l’article 810 et des modalités de divulgation de renseignements au public
(45 minutes)
(Voir les Autres suggestions proposées par matière ci-dessous pour plus de
précisions.)
Deuxième période
- Une séance de trois heures est recommandée (en après-midi)

Exercice – Le dilemme (60 minutes)
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 22
Cet exercice vise à explorer les problèmes liés à la mise en liberté d’un
délinquant à l’expiration de son mandat. On trouvera à l’annexe C des
précisions sur la mise en scène, l’animation et le bilan du jeu de rôles.
L’exercice met en évidence l’importance de la communication et de la
collaboration dans la collectivité, et la nécessité de soutenir le membre principal
en l’accompagnant dans son cheminement. (Voir les Autres suggestions
proposées par matière ci-dessous pour plus de précisions.)

Comprendre la sexualité humaine et la déviance sexuelle (60 minutes)
Faire appel à un professionnel de la collectivité comme un psychologue en
établissement ou un thérapeute local (voir la liste des ressources possibles
ci-dessous). Cette section doit également traiter des questions de pouvoir et de
maîtrise de soi, et de la problématique homme-femme dans le contexte du
crime sexuel. (Voir les Autres suggestions proposées par matière ci-dessous
pour plus de précisions.)

Démonstration/Jeu de rôles sur le déroulement d’une réunion de CSR et/ou
Introduction aux rencontres individuelles avec le membre principal (45 minutes)
Se reporter à l’annexe F (voir les Autres suggestions proposées par matière
ci-dessous pour plus de précisions).
G) AUTRES SUGGESTIONS PROPOSÉES PAR MATIÈRE
Bienvenue et présentations
Toute séance de formation commence essentiellement de la même manière : les
participants et les animateurs font connaissance en se présentant; on fait le point sur
les objectifs et le déroulement de la séance; on casse la glace pour créer un bon climat
de travail. On n’insistera jamais assez sur la nécessité d’aider les participants à faire
connaissance pour favoriser l’apprentissage par l’expérience, le mode
d’apprentissage privilégié par les CSR. C’est également l’occasion pour les
animateurs d’instaurer un bon climat pour le reste de la journée. Voici l’essentiel des
activités qui permettent d’atteindre ces objectifs.

Exercice en petits groupes pour casser la glace (20 minutes)
- Répartir les participants par groupes de trois personnes.
- Inviter les groupes à répondre à tour de rôle aux questions suivantes:
1) Quel est votre nom?
2) Qu’est-ce qui vous a attiré vers les CSR?
3) Quel est l’un des rôles que vous jouez qui vous tient particulièrement à cœur
(p.ex., celui de parent, de coach, etc.)? (5 minutes dans les petits groupes)
- Rappeler tous les participants et passer de l’un à l’autre en écoutant leurs
réponses aux questions précitées. Appeler chacun par son nom et remercier
tout le monde d’être là. (15 minutes pour faire le tour de la pièce en plénière)

Reconnaître la présence de victimes/survivants et d’ex-délinquants.
- Demander aux participants de garder à l’esprit le fait que le crime sexuel est,
non pas une abstraction, mais une réalité qui concerne de vraies personnes, qui
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 23
sont présentes en chair et en os.

Passer brièvement en revue les objectifs et le contenu de l’atelier de base, et sa
place dans le programme de formation. Prévoir une période de questions pour
apporter les éclaircissements nécessaires. (2-5 minutes)


Expliquer brièvement à quoi serviront les documents remis.
Expliquer brièvement le but des jeux de rôles et des simulations et indiquer aux
participants qu’on leur donnera plus de précisions avant chaque simulation. (1
minute)
Vue d’ensemble des fondements philosophiques/théologiques des cercles
Cette section vise avant tout à mieux faire comprendre aux participants les
fondements philosophiques et théologiques des CSR et, plus précisément, les
éléments clés de la justice réparatrice.
Cette séance devrait être pour les participants l’occasion…

de mieux comprendre en quoi les objectifs et les principes de la justice
réparatrice diffèrent de ceux de la justice rétributive;

de réfléchir à la mesure dans laquelle le système de justice actuel favorise le
rétablissement des victimes, la responsabilisation et la réinsertion sécuritaire
des délinquants, et la mobilisation et la protection des collectivités; et pourquoi
tel est le cas;

d’explorer les conséquences concrètes associées au fait de favoriser la
réinsertion sociale d’un délinquant sexuel selon l’approche axée sur la justice
réparatrice;

de prendre conscience des besoins et du vécu des victimes. (Ce sujet est traité
plus en profondeur dans la Phase II – Formation avancée pour les candidats
bénévoles.);

de mieux comprendre en quoi le modèle des CSR s’inspire d’une approche
réparatrice.
Plusieurs options sont proposées ci-dessous pour explorer les questions précitées,
parmi lesquelles il faudra choisir, la durée des sessions de formation ne permettant
pas de les utiliser toutes. (On trouvera aux annexes A et D plus de précisions sur la
façon de combiner différentes options pour maximiser l’apprentissage par
l’expérience.)
Voici les options proposées pour explorer les sujets traités dans cette section :


présenter un exposé et animer une discussion en plénière sur la justice
réparatrice à l’aide des transparents ou du diaporama PowerPoint dont il est
question plus haut;
animer l’exercice sur la justice réparatrice proposé à l’annexe B – L’exercice sur
les quatre composantes de la justice réparatrice;
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 24

montrer tout ou parties du vidéo Restorative Justice – Making Things Right
(Comité central mennonite, 1994, 22 minutes)
Vue d’ensemble du système de justice pénale
Ce volet vise avant tout à transmettre aux participants des connaissances dans les
domaines suivants : objet et fonctionnement des divers rouages de l’appareil de justice
pénale (services de police, tribunaux, services correctionnels). Ces connaissances
sont indispensables aux bénévoles membres d’un CSR pour comprendre le vécu et
les besoins de leur membre principal.
Deuxièmement, cette section peut être l’occasion de sensibiliser les participants aux
effets profonds que peuvent avoir les divers aspects du système de justice pénale sur
l’individu en écoutant l’histoire et les réflexions de quelqu’un qui en a fait l’expérience.
On devrait inciter les conférenciers invités à commencer en faisant le point sur le
niveau de connaissance du groupe et à illustrer leurs propos d’exemples concrets ou
d’études de cas.
Voici certains des points à traiter dans cette séance :



vue d’ensemble du système de justice pénale;
récit de l’expérience personnelle du système de justice pénale vécue par un
ex-détenu (facultatif car traité plus en profondeur dans la Phase II);
présentation du vidéo Le grand test de la justice (si le temps le permet ou si l’on
n’a trouvé personne qui soit disposé à parler de son expérience personnelle).
Si l’on opte pour le vidéo, on a souvent avantage à se préparer à poser certaines
questions pour orienter le débat qui suivra. Voici des exemples de ces questions :
 Quelles sont vos réactions à ce vidéo?
 Qu’est-ce qui vous a dérangé? Qu’est-ce qui vous a donné espoir?
 Quelles pensées vous traversent l’esprit?
 Quelles questions ou préoccupations avez-vous au sujet du système de justice
pénale après avoir vu ce vidéo?
 Quelles leçons en dégager en tant que bénévoles désireux d’aider des
délinquants à préparer leur mise en liberté? Que faut-il retenir de ce vidéo?
Préoccupations de la police, article 810 du C.cr. et modalités de divulgation de
renseignements au public
Cette séance a plusieurs objectifs : 1) sensibiliser les participants aux préoccupations
de la police; 2) et, résumer les dispositions de l’article 810 du C.cr. et les modalités de
divulgation de renseignements au public en vigueur dans leur collectivité; 3) continuer
à instaurer un climat de confiance et de collaboration entre le CSR et la police en
faisant appel comme conférencier invité à un policier de la municipalité, qui prendra
part à une période de questions-réponses. On peut aussi solliciter pour ce faire un
autre représentant du système judiciaire (procureur de la Couronne, surveillant de
liberté conditionnelle, etc.). Il importe que l’animateur de l’atelier ou le coordonnateur
local de l’initiative consulte le service de police longtemps à l’avance sur la question de
savoir lequel de ses membres serait le mieux placé pour être conférencier invité.
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 25
Voici certains des points à traiter dans cette séance :

objet de ce volet de la formation et importance des rapports entre le CSR et la
police locale;

comment un établissement correctionnel fait savoir à la police locale qu’un
délinquant sexuel aux grands besoins prévoit s’intégrer dans la collectivité à
l’expiration de son mandat;

préoccupations de la police et procédures types applicables à un délinquant
sexuel qui prévoit s’intégrer dans la collectivité à l’expiration de son mandat;

bref exposé sur les modalités de divulgation de renseignements au public: Qui
prend la décision de divulguer des renseignements? Quels sont les critères de
jugement en la matière? Opinion de l’agent de police sur l’objet et l’utilité de la
divulgation de renseignements?

bref exposé sur les dispositions de l’article 810 du C.cr. et de ses modalités
d’application dans la collectivité locale;

rappel au sujet de la différence entre le rôle de la police (axé sur l’application de
la loi, par des mesures coercitives au besoin) et celui des membres du CSR
(axé sur les rapports humains, sur une alliance et sur le consensus).
Exercice - « Le dilemme »
L’objet de cet exercice est d’amener les participants à prendre conscience, au moyen
d’une simulation, du dilemme que pose la mise en liberté d’un individu à risque élevé et
aux grands besoins dans une collectivité qui craint pour sa sécurité. La simulation en
groupe aide les participants à recréer la dynamique de l’escalade de la peur collective
souvent associée à une telle situation. Elle leur donne l’occasion de découvrir les
comportements et les réactions émotives qui sous-tendent cette dynamique collective.
En outre, la simulation permet une analyse en profondeur qu’un mode d’apprentissage
conventionnel rendrait plus difficile. Les sentiments d’isolement et d’impuissance qui
caractérisent une collectivité en crise servent de catalyseurs pour ce qui est de faire
prendre conscience aux participants de la valeur d’un CSR.
On trouvera à l’annexe C de ce guide des instructions détaillées sur la préparation,
l’animation et le bilan de cette simulation, ainsi qu’une description des rôles à répartir
dans les divers groupes.
Comprendre la sexualité humaine et la déviance sexuelle
La sexualité humaine est un sujet délicat. La déviance sexuelle l’est plus encore. Il
convient de reconnaître, cependant, que la déviance sexuelle fait partie intégrante de
la sexualité humaine. Rares sont les personnes qui peuvent discuter librement de la
sexualité humaine et de la déviance sexuelle, sans se sentir mal à l’aise. Les idées
fausses, les sentiments de culpabilité, les préjugés, la victimisation et autres réactions
font souvent surface et donnent matière à discussion.
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 26
Cette séance vise non seulement à aborder un sujet délicat et à favoriser le dialogue
en la matière, mais également à faire prendre conscience aux candidats bénévoles
des points suivants :

les causes du comportement sexuellement agressif, violent et déviant (raisons
qui poussent des gens à commettre des infractions sexuelles)

les diverses orientations sexuelles anormales et les comportements qui y sont
associés

le lien entre la déviance sexuelle individuelle, le pouvoir et la maîtrise de soi, et
les réalités sociales que sont la répartition du pouvoir et les modes d’insertion
sociale au masculin et au féminin, c’est-à-dire les attitudes sociales à l’égard
des sexes et des rôles assignés à chacun des sexes. Si certains hommes
conçoivent les femmes et les enfants comme des objets, c’est en partie à cause
de ces attitudes sociales. Ces attitudes peuvent contribuer à la délinquance
sexuelle, comme l’illustre clairement le vidéo intitulé Plus jamais de victimes
dans lequel un membre principal évoque le fait qu’il avait l’habitude de traiter les
jeunes garçons de « choses ». Avec l’aide du cercle, le membre principal prend
conscience du fait que cette attitude entre en jeu dans son cycle de
délinquance. Les candidats bénévoles doivent faire cette même prise de
conscience.

les multiples comportements qu’englobent les appellations « infraction
sexuelle » et « délinquant sexuel » (il est souvent utile de passer en revue les
infractions sexuelles telles qu’elles sont définies dans le Code criminel).
Deux ouvrages de référence sont recommandés pour cette séance :
Lagacé, D. et Wilson, R., Évaluation traitement et surveillance des délinquants
sexuels, Service correctionnel du Canada, 1999.
Yantzi, M., Sexual offending and restoration, Waterloo (Ontario) et Scottdale
(Pennsylvanie), Herald Press, 1998.
Démonstration/Jeu de rôles sur le déroulement d’une réunion de CSR et/ou
Introduction aux rencontres individuelles avec le membre principal
L’objet de cette séance est d’initier les participants, par une démonstration, au
déroulement d’une réunion de CSR. Ce dernier volet de l’atelier de base n’a lieu que si
le temps le permet. Dans la négative, il est reporté à la phase II.
On trouvera à l’annexe F des instructions pour un jeu de rôles à utiliser pour cette
démonstration, dont voici les principales étapes :

Explication et préparation de la démonstration (10 minutes)
- L’animateur donne des explications et des instructions pour la simulation ou
démonstration.

Démonstration (15-25 minutes)
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 27
- L’animateur donne le signal du début de la démonstration.
- D’autres instructeurs ou participants jouent le rôle de membres du cercle.
- L’animateur ou une personne très au fait du travail des CSR joue le rôle du
membre principal.
- Il est primordial que la personne qui joue le rôle d’animateur de la réunion
du CSR ait l’expérience du travail avec un cercle.
- Les autres jouent leur rôle respectif au fil de la réunion simulée.

Bilan de la démonstration (15 minutes)
- L’animateur arrête la simulation et invite les participants (en plénière) à faire le
point sur les leçons tirées de cette expérience et à poser des questions pour
obtenir des éclaircissements et relancer la discussion.

Évaluation finale de l’exercice (15 minutes)
- L’occasion pour les participants de faire des observations finales.
H) PRÉPARER LES PARTICIPANTS À SUIVRE LA PHASE II DE LA FORMATION
L’atelier de base, Phase I aboutit à une première présélection des candidats
bénévoles. À la fin de l’atelier, les participants sont informés de la phase suivante de
formation (Atelier de formation avancée; Phase II) et incités à poursuivre.
Les participants désireux de poursuivre la formation sont tenus de remplir et de
présenter un formulaire de candidature comme bénévole avant de s’inscrire à la
phase II. Ils doivent y joindre des références d’au moins trois membres bien établis
dans la collectivité. (Pour plus de précisions, voir la section Candidature et sélection
des bénévoles dans le CSR – Guide d’élaboration des politiques et des programmes.)7
Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'automne 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
7
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase I 28
PHASE II
L’ATELIER DE FORMATION AVANCÉE
POUR LES CANDIDATS BÉNÉVOLES
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 29
FORMATION AVANCÉE DES CANDIDATS BÉNÉVOLES
A) CONDITIONS PRÉALABLES RECOMMANDÉES POUR LA PHASE II –
Formation avancée pour les candidats bénévoles
La participation à l’atelier d’orientation sur les CSR et la phase I – L’atelier de base
précèdent obligatoirement la phase II. Des exceptions sont possibles dans certaines
circonstances et après consultation avec le coordonnateur local de l’initiative. Tenir un
registre des présences pour tous les participants. À ce stade, les participants devraient
également avoir reçu l’acceptation conditionnelle de leur candidature comme bénévole
sur présentation de leur demande et sur entrevue de présélection. (Pour plus de
précisions, voir la section Candidature et sélection des bénévoles dans le CSR –
Guide d’élaboration des politiques et des programmes.)8
On part du principe que la presque totalité des participants à la phase II termineront
leur formation et commenceront à travailler comme bénévoles au sein d’un CSR.
Toutefois, cette phase fait toujours partie du processus de présélection, et les
participants peuvent retirer leur candidature à tout moment.
B) LEADERSHIP
L’expert conseil régional anime les premiers ateliers de formation avancée dans
chaque collectivité et demeure la personne-ressource principale pour chacun des
modules qui en font partie. Mais le coordonnateur local de l’initiative est également mis
à contribution et demande à divers spécialistes de prendre en charge certains aspects
de la formation. (Voir la section Ressources possibles, ci-dessous, ainsi que la section
Encadrement professionnel pour les cercles dans le CSR – Guide d’élaboration des
politiques et des programmes.)9 Lorsqu’un CSR a pris racine dans une collectivité, il
est raisonnable de s’attendre à ce que l’atelier de formation avancée soit animé par les
bénévoles de cette collectivité, plutôt que par l’expert conseil régional.
C) DURÉE DE L'ATELIER DE FORMATION AVANCÉE
La durée recommandée pour cet atelier est de douze heures, réparties en quatre
périodes de trois heures, étalées habituellement sur deux journées complètes (un
samedi le plus souvent).
D) RESSOURCES POSSIBLES

Ex-détenus vivant dans la collectivité qui soient capable de parler de leur
expérience de l’incarcération afin d’éclairer les participants sur les effets d’une
Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'automne 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
9 Voir le renvoi précédent.
8
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 30
institutionnalisation de longue durée. Il est primordial que ces personnes aient
« digéré » l’expérience de l’incarcération au point de pouvoir en parler de façon
réfléchie devant un groupe. Si possible, elles sauront faire valoir l’utilité
des CSR.

Une prison locale peut convenir tout aussi bien en donnant aux participants
l’occasion de visiter un établissement correctionnel et de rencontrer des
détenus choisis. Cette expérience leur apprend en quoi la vie « à l’intérieur »
diffère de la vie en société et les amène à réfléchir aux effets possibles d’une
telle expérience sur leur futur travail de bénévole. (Voir la section Visite d’une
prison ci-dessous pour plus de précisions.)

Psychologue en établissement, thérapeute ou travailleur social auprès des
délinquants sexuels qui soit capable d’éclairer les participants sur les facteurs
de risque dynamiques, les outils d’analyse du cycle de délinquance et les plans
de prévention de rechutes. Doit également pouvoir faire comprendre aux
participants comment le cercle se sert de ces outils dans ses réunions
hebdomadaires. Dans la mesure du possible, cette personne doit être capable
de faire valoir l’utilité des CSR et d’animer des discussions et des exercices
d’apprentissage interactif. (Pour plus de précisions sur les techniques
d’apprentissage efficaces pour les adultes, voir les annexes A et B.)

La section Établissement des rôles et des fonctions du CSR – Guide
d’élaboration des politiques et des programmes10, qui traite de la logistique et
du fonctionnement des cercles sur une base hebdomadaire, et des fonctions de
chacun.

Le jeu de rôles Simulation d’une réunion de CSR qui se trouve dans l’annexe
F).

L’annexe du CSR – Guide d’élaboration des politiques et des programmes
intitulée Établissement d’un profil des besoins et des ressources contient plus
d’information11.

Personne travaillant dans un refuge pour femmes battues ou une maison de
transition, thérapeute travaillant auprès des victimes de crime sexuel, personne
travaillant dans un centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle ou d’aide
aux victimes, agent de police travaillant dans une escouade anticrime sexuel ou
infirmière travaillant dans un groupe d’aide aux personnes traumatisées. Cette
personne doit être capable de faire comprendre aux participants les effets de la
violence sexuelle sur les victimes, les familles des victimes et sur la collectivité
dans son ensemble. Il importe qu’elle sache faire valoir l’utilité des CSR, et
animer des discussions et des exercices d’apprentissage interactif. (Pour plus
de précisions sur les techniques d’apprentissage efficaces pour les adultes, voir
10Ce
volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'automne 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
11Voir le renvoi précédent.
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 31
les annexes A et B.)

Vidéo No More Victims: Accountability & Community Safety / Plus jamais de
victimes (2001, 14 minutes).

Vidéo The Other Prison (production du SCC).

Professionnel de la collectivité spécialiste de l’établissement de
limites/préservation de l’équilibre personnel, de la communication
interpersonnelle, du règlement de conflits, de la dynamique de groupe et de la
facilitation sociale. Il peut s’agir d’une personne travaillant dans un programme
communautaire de médiation ou d’un instructeur spécialiste de la résolution de
conflit dans un collège ou une université de la région. Cette personne doit être
capable de faire valoir l’utilité des CSR et d’animer des discussions et
d’enseigner dans un style interactif convenant aux adultes. (Pour plus de
précisions sur les techniques d’apprentissage efficaces pour les adultes,
voir les annexes A et B.)
E) OBJET DE L'ATELIER DE FORMATION AVANCÉE
Les objectifs de la phase II sont les suivants :

aider les participants à mieux comprendre les effets d’une institutionnalisation
de longue durée;

aider les participants à comprendre les facteurs de risque dynamiques et les
outils d’analyse du cycle de délinquance;

aider les participants à comprendre en quoi consiste un plan de prévention des
rechutes et comment le cercle l’utilise;

familiariser les bénévoles avec la logistique et le fonctionnement du cercle sur
une base hebdomadaire, et avec les fonctions de chacun, si ce sujet n’a pas été
traité lors de la phase I (à l’aide d’un jeu de rôles ou d’une démonstration sur le
déroulement d’une réunion de CSR et sur une rencontre type avec le membre
principal);

réfléchir aux besoins du membre principal et à la façon dont le cercle y répond;

aider les participants à mieux comprendre les besoins et le vécu des victimes à
l’aide d’exercices en groupe et de questions;

initier les participants aux compétences et connaissances requises dans les
domaines suivants : établissement de limites/préservation de l’équilibre
personnel, communication interpersonnelle, règlement de conflits, dynamique
de groupe et facilitation sociale.
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 32
F) DÉMARCHE DE FORMATION POUR L'ATELIER DE FORMATION AVANCÉE
Il est recommandé que l’atelier de base soit tenu environ une fois tous les six mois ou
à intervalles plus courts ou plus longs, selon les besoins de la collectivité. On
préconise une formation en quatre périodes d’environ trois heures chacune, avec
pause-café d’une quinzaine de minutes à mi-chemin environ.
Première période
- Une séance de trois heures est recommandée (en matinée)

Bienvenue et présentations (25 minutes)
Passer en revue les objectifs et le contenu des séances de la journée. Donner
aux participants la possibilité de poser des questions et d’exprimer les
préoccupations qui leur ont traversé l’esprit depuis l’atelier de base.

Comprendre les effets durables de l’institutionnalisation (140 minutes)
Inviter plusieurs ex-détenus répondant au profil recherché, visiter une prison
pour rencontrer des détenus, ou inviter un travailleur social en établissement,
un aumônier ou un agent de libération conditionnelle à animer un débat sur
l’expérience de la prison. (Voir la section Ressources possibles ci-dessus.) Ce
débat sensibilisera les participants aux besoins des ex-délinquants sur les
chapitres du soutien et de la responsabilité à leur retour dans la collectivité (Voir
la section Autres suggestions proposées par matière ci-dessous pour plus de
précisions sur ces deux sujets.) Consacrer environ une heure et dix minutes à
chacun de ces sujets.
Deuxième période
- Une séance de trois heures est recommandée (en après-midi)

Effets sur les victimes/survivants et sur la collectivité (165 minutes)
Faire appel à un professionnel qui travaille auprès des victimes et des
survivants de la violence sexuelle (voir la section ci-dessous Ressources
possibles), le but de cette séance étant de sensibiliser les participants aux
répercussions du crime sexuel sur les victimes/survivants et sur la collectivité
dans son ensemble. (Voir la section Autres suggestions proposées par matière
ci-dessous pour plus de précisions.)
Troisième période
- Une séance de trois heures est recommandée (en matinée)

Bienvenue et signature de la feuille de présence (15-20 minutes)
Passer en revue les objectifs et le contenu des séances de la journée. Donner
aux participants la possibilité de poser des questions et d’exprimer les
préoccupations qui leur ont traversé l’esprit depuis la dernière journée de
formation (deuxième et troisième périodes de l’atelier de formation avancée).

Cycles de délinquance et prévention des rechutes (150 minutes)
Cette séance vise à familiariser les participants avec les cycles de délinquance,
les facteurs de risque et les stratégies de prévention des rechutes. (Voir la
section Autres suggestions proposées par matière ci-dessous pour plus de
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 33
précisions.) Cette séance devrait être animée par un professionnel ayant à son
actif une longue expérience du travail auprès des délinquants sexuels. (Voir les
suggestions proposées à la section Ressources possibles ci-dessous.)
Quatrième période
- Une séance de trois heures est recommandée (en après-midi)

Dynamique de groupe, fixation de limites et préservation de l’équilibre
personnel du bénévole (165 minutes)
Cette séance est divisée en deux parties. La première est consacrée à la
dynamique qui caractérise un groupe qui se réunit dans un but précis
(dynamique de groupe). Sujets traités : la communication interpersonnelle, la
résolution de conflits et l'animation de groupe. La seconde partie traite des
précautions à prendre pour préserver son équilibre en tant que bénévole. (Voir
la section Autres suggestions proposées par matière ci-dessous pour plus de
précisions.) Cette séance devrait être animée par un spécialiste de ces
questions. (Voir les suggestions proposées à la section Ressources possibles
ci-dessus.)
G) AUTRES SUGGESTIONS PROPOSÉES PAR MATIÈRE
Comprendre les effets durables de l’institutionnalisation
i) Soutien
Que l’on fasse appel à un ex-délinquant, à un détenu en train de purger sa peine ou à
un professionnel pour parler des effets d’une peine d’emprisonnement de longue
durée, il faut l’inciter à « raconter leur histoire » au sujet des difficultés pratiques
auxquelles se heurtent les ex-délinquants à leur retour dans la société. Ils peuvent
évoquer les difficultés rencontrées pour









obtenir des documents d’identité;
ouvrir un compte en banque;
apprendre à tenir ses comptes et à faire un budget;
trouver un logement;
s’y retrouver dans les moyens de transport;
s’enregistrer auprès de la police;
obtenir un service téléphonique;
s’initier aux responsabilités parentales;
préparer ses repas, faire sa lessive et autres tâches de la vie quotidienne.
On doit également encourager ces témoins de la vie carcérale à décrire les combats
intérieurs menés pour







sortir de l’égocentrisme associé à la vie carcérale;
surmonter sa peur;
maîtriser sa colère;
apprendre à faire confiance à autrui;
régler des questions de pouvoir et de maîtrise de soi;
ne pas se prendre pour une victime;
organiser son emploi du temps;
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 34
 honorer ses rendez-vous;
 apprendre à communiquer et à résoudre des conflits.
Ces témoignages démontrent combien un membre principal a besoin du soutien des
membres de son cercle immédiatement après sa mise en liberté. L’animateur doit
discuter avec les candidats bénévoles du lien à faire entre les témoignages entendus
et le rôle d’un CSR.
Vidéo – The Other Prison (production du SCC)
Il peut être utile à ce stade de présenter tout ou partie du vidéo intitulé The Other
Prison. Ce vidéo explore la mesure dans laquelle bien des ex-délinquants considèrent
la vie à l’extérieur comme une autre prison du fait des difficultés qu’ils ont à se
réadapter. On peut s’en procurer une copie dans les bureaux du SCC ou de
l’aumônerie communautaire.
Visite d’une prison
Comme on l’a dit plus haut, il est fortement recommandé de faire le nécessaire pour
que les candidats bénévoles puissent visiter une prison de la région. On peut
également inviter plusieurs ex-détenus qui sont déjà dans la collectivité à venir leur
parler. La visite d’une prison ajoute une dimension qui est difficile à transmettre avec
des mots. Le coordonnateur local de l’initiative ou l’animateur de l’atelier devrait
travailler en étroite collaboration avec les responsables de l’établissement pour
déterminer qui sont les détenus les mieux à même de rencontrer les candidats
bénévoles.
La visite d’une prison est pour les candidats bénévoles l’occasion :



de comprendre l’énormité de ce que l’on demande aux hommes et aux femmes
mis en liberté à la fin de leur peine;
de se faire une idée de la vie carcérale, par opposition à la vie en société (et du
contraste énorme entre les deux mondes);
d’apprendre des employés de l’établissement, des membres du comité des
détenus, de la fraternité locale des Autochtones et d’autres groupes présents
dans la prison. (Il s'agit de s’y prendre longtemps à l’avance pour inviter des
représentants de ces groupes à rencontrer les candidats bénévoles).
Dans les meilleures conditions, les candidats bénévoles voient tous les locaux de
détention du système de justice pénale :







lieux de détention dans les locaux de la police,
salles de transit des tribunaux,
établissements de détention provisoire,
unités d’admission,
milieux correctionnels à sécurité maximale, moyenne et minimale,
cellules de détention,
centres régionaux de santé.
Ces activités permettent aux candidats bénévoles de suivre le cheminement d’un
délinquant au sein du système de justice pénale. On doit les inciter à regarder, écouter
et enregistrer plutôt qu’à discuter avec leurs interlocuteurs, à prendre conscience du
contraste existant entre le monde carcéral qui est celui du membre principal et le
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 35
monde extérieur dans lequel on lui demande maintenant de se réadapter et de vivre en
paix. Cette prise de conscience a souvent de profonds effets.
ii) Responsabilité
La discussion au sujet des difficultés de réadaptation rencontrées par les
ex-délinquants aide également à prendre conscience du contraste entre le monde très
réglementé de la prison et le peu de surveillance et de contacts humains bénéfiques
qui caractérisent la vie dans le monde extérieur. D’où la nécessité de responsabiliser
l’ex-délinquant, et de traiter dans cette séance de la tension entre soutien et
responsabilité dans les rapports avec un ex-délinquant quand on n'en a pas la charge.
L’animateur doit présenter un exposé ou animer une discussion sur ce sujet en
prenant soin d’insister sur les points suivants :




Les bénévoles du CSR ne sont pas des agents de libération conditionnelle de
substitution et le CSR n’a pas la garde du membre principal. (C’est là l’une des
caractéristiques essentielles de CSR, que tous les candidats bénévoles doivent
bien comprendre);
Les bénévoles du CSR sont des amis qui se tiennent mutuellement
responsables de leurs faits et gestes;
On doit tenir compte des dilemmes, des contradictions et de la tension
dynamique inhérents aux concepts précités;
Cette tension dynamique entre soutien et responsabilité dans les rapports sur
un pied d’égalité avec les bénévoles demeure tout au long de l’existence du
cercle.
Vidéo - No More Victims: Accountability and Community Safety / Plus jamais de
victimes (2001, 14 minutes):
Ce vidéo fait partie d’une série préparée pour la formation de bénévoles. Il traite de la
notion de responsabilité dans le contexte des CSR, tout en faisant valoir la dimension
du soutien ou de l’amitié, qui est vitale pour gagner la confiance du membre principal et
l’amener à respecter ses engagements vis-à-vis du cercle. (Pour une vue d’ensemble
sur les CSR, voir le vidéo de Vision TV intitulé Personne n'est jetable.)
Guide de discussion sur le vidéo No More Victims: Accountability and Community
Safety/ Plus jamais de victimes :
1. Quelles sont vos réactions à ce vidéo? Qu’est-ce qui vous a dérangé le plus dans cette
histoire? Qu’est-ce qui vous a donné espoir?
2. Préambule au vidéo : « Tôt ou tard, la plupart des délinquants sexuels sont mis en
liberté. Certains peuvent bénéficier du soutien de leur famille et de leurs amis; d’autres
n’ont pas cette chance. La police et l’appareil judiciaire gèrent le risque dans le
contexte juridique. Mais, pour pouvoir vivre en tant que citoyens responsables dans la
collectivité, les délinquants ont besoin de beaucoup plus que cela.»
 Par quels moyens la police et les tribunaux gèrent-ils le risque dans la collectivité?
 En quoi le soutien de la famille et des amis contribue-t-il à réduire le risque de
récidive?
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 36
3. Définition de « cercle de soutien et de responsabilité »
L’Aumônerie du SCC définit un cercle de soutien et de responsabilités comme étant un
groupe surtout confessionnel d’environ quatre à sept bénévoles de la collectivité, qui
s’engage à améliorer la sécurité publique en soutenant la réinsertion sociale d’une
personne qui a été maintenue en incarcération jusqu’à l’expiration de son mandat à
cause de ses antécédents de crimes sexuels, en établissant avec elle une
« alliance », en ayant avec elle des rencontres, et en l’accompagnant dans sa
vie quotidienne.
 Comment l’alliance, les réunions avec le cercle et les rencontres individuelles avec
le délinquant contribuent-elles à responsabiliser ce dernier?
4. Dans ce vidéo, il est question d’un écart de conduite de la part du membre principal.
 En quoi consiste cet écart de conduite?
 Pourquoi faut-il s’en inquiéter?
 Y a-t-il eu infraction?
 Une action en justice est-elle utile ou nécessaire?
 Auriez-vous réagi différemment en tant qu'individu ou comme membre du cercle si
l’adolescent en question avait 13 ans au lieu de 16? Auriez-vous agi différemment?
 Pourquoi, à votre avis, le membre principal informe-t-il si volontiers le cercle de
cette situation?
5. Tout au long du vidéo, on parle de la nécessité de gagner la confiance et l’amitié du
membre principal.
 Dressez la liste des moyens de gagner la confiance et l’amitié du membre principal
que vous avez vus dans ce vidéo. Comment les liens se sont-ils noués entre le
membre principal et chacun des bénévoles? À quels signes reconnaît-on que la
confiance est là?
 En quoi les différents styles des bénévoles semblent-ils se compléter?
 Que signifie « être là » en situation de crise pour le bénévole Roy?
6. Le bénévole Ian dit que le cercle est là pour aider à établir des normes, à ne pas
porter de jugements.
 En quoi le cercle remplit-il cette fonction?
 En quoi le cercle aide-t-il le membre principal à prendre en charge le programme
d’action sur lequel on s’est entendu dans le scénario de crise?
7. À la fin du vidéo, le membre principal montre que son attitude à l’égard des
adolescents a changé.
 Quelle était son attitude antérieure? Quelle est l’origine de cette attitude?
 Qui sont ceux dans notre société qui sont souvent perçus ou traités comme des
choses (réifiés)? Pourquoi en est-il ainsi?
 Pourquoi ce changement d’attitude chez le membre principal? Sur quelle période
s’opère ce changement d’attitude?
 Ce changement d’attitude contribue-t-il à rendre la collectivité plus sûre? Pourquoi
oui ou pourquoi non?
8. Dans la dernière partie du vidéo, le membre principal dit : [traduction] « s’ils
n’étaient pas là, je serais de retour à l’intérieur à l’heure qu’il est. » En fait, la police
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 37
a prédit que ce membre principal récidiverait dans les deux semaines suivant sa
mise en liberté sans le cercle. Au moment de la réalisation de ce vidéo, quatre
années se sont écoulées sans une récidive.
 En quoi le cercle a fait toute la différence pour cet homme?
 Pourquoi un membre principal voudrait-il continuer à travailler avec le cercle une
fois écoulée l’année de la durée de l’alliance?
9. Points connexes sur la réunion du cercle et les rencontres avec les bénévoles.
 Quel est la première question à l’ordre du jour de la réunion du cercle? En quoi cela
concerne-t-il le membre principal ou le processus?
 Quels types d’interaction individuelle entre le membre principal et les bénévoles
ont-ils montrés ou mentionnés tout au long du vidéo?
Effets sur les victimes/survivants et sur la collectivité
Cette séance vise à sensibiliser les candidats bénévoles aux effets du crime sexuel sur
les victimes et les survivants. La collectivité est également affectée par le crime sexuel
et peut être considérée comme étant une victime ayant certains besoins. En prévision
de cette séance, on aurait avantage à revoir également la section Travailler avec les
victimes et les survivants dans Cercles de soutien et de responsabilité– Guide
d’élaboration des politiques et des programmes12.
Pour les besoins de cette séance, il faut faire appel à un professionnel qui travaille
auprès des victimes et des survivants et qui adhère aux principes de la justice
réparatrice. (Voir Ressources possibles ci-dessus) Les sujets à traiter sont les
suivants :

Les effets du crime sexuel sur les victimes et leurs familles – « l’exercice des
draps » et le témoignage de victimes peuvent s’avérer utiles. (Voir l’annexe E)

Les effets du crime sexuel sur la collectivité – Illustrer les réactions d’une
collectivité à un crime sexuel et envers son auteur par des coupures de presse
ou des extraits de journaux télévisés, et définir quelles sont les peurs de la
collectivité et les stratégies possibles pour en venir à bout.
Vidéo – Hunting Bobby Oatway (production de la SRC)
Il peut être utile de regarder tout ou partie de cette production de la SRC, qui traite des
réactions des médias, des élus locaux et des groupes communautaires à l’arrivée d’un
ex-délinquant sexuel dans une maison de transition de Toronto. Cette histoire vraie
inclut des entrevues avec des victimes et incite les candidats bénévoles à réfléchir à la
valeur des CSR dans une situation aussi explosive. À l’occasion du débat qui suivra la
projection, on aura sans doute avantage à explorer avec les participants en quoi
le CSR a pu être utile à Bobby Oatway, à ses victimes et au quartier de Toronto visé.
On peut se procurer une copie de ce vidéo dans les bureaux locaux du SCC ou des
aumôneries communautaires.
Ce volume complémentaire sur l’élaboration des politiques et des programmes n’est pas encore
disponible. Sa publication est prévue pour l'autmone 2002. Pour plus de précisions, veuillez consulter
votre expert-conseil régional ou le coordonnateur local de l’initiative.
12
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 38
Cycles de délinquance et prévention des rechutes
Ce volet vise à aider les candidats bénévoles à se familiariser avec les cycles de
délinquance, les facteurs de risque et les stratégies de prévention des rechutes. On
devrait commencer par récapituler brièvement le contenu de la séance consacrée à la
sexualité humaine et à la déviance sexuelle dans la Phase I – L’atelier de base. (Voir
les sections 2f et 2g ci-dessus) Un professionnel comme un psychologue ou une
personne qui a beaucoup travaillé auprès des délinquants sexuels devrait animer le
volet consacré à la prévention des rechutes. (Voir Ressources possibles ci-dessus)
La majorité des membres principaux auront, jusqu’à un certain point, suivi un
programme de prévention des rechutes. À tout le moins, un conseiller aura discuté
avec lui des moyens d’éviter la récidive. C’est pourquoi cette séance devrait aider les
candidats bénévoles à se familiariser avec ces notions et avec la terminologie utilisée.
Dans cette séance, les candidats bénévoles apprendront
 à reconnaître les cycles de délinquance;
 à rappeler au membre principal les stratégies de prévention des rechutes
auxquelles il peut recourir;
 à ramener le membre principal dans le droit chemin, en utilisant les concepts et
les mots justes, lorsque ses pensées, ses sentiments ou sa conduite l’amènent
sur une pente dangereuse.
Dynamique de groupe, limites et équilibre personnel du bénévole
Comme on l’a indiqué plus haut, cette séance se divise en deux parties. La première
traite de la dynamique qui caractérise un groupe lorsqu’il se réunit dans un but précis;
on y parle de divers sujets comme la communication, le règlement de conflits et la
création d’un consensus. La seconde est consacrée aux moyens dont dispose le
bénévole pour préserver son équilibre.
i) Dynamique de groupe
Une énergie émane de tous les groupes qui est faite des pensées, des sentiments et
des attitudes des membres les uns à l’égard des autres. La façon dont le groupe tire
parti des influences provenant de l’intérieur et de l’extérieur du groupe est
déterminante. Une bonne dynamique de groupe s’entend de la façon dont les
membres s’emploient à relever ensemble des défis dans un climat de respect mutuel,
d’harmonie et de sécurité.
La responsabilité de la création et de l’entretien d’une bonne dynamique de groupe
incombe à tous les membres. Lorsqu’on s’interroge sur la façon de régler un différend
dans un groupe ou entre membres d’un groupe, on a avantage à discuter des règles
suivantes :
 rechercher et faire valoir les forces de chacun;
 éviter de se dévaloriser ou de dévaloriser les autres;
 écouter ce que l’autre a à dire avant de l’interrompre (règle primordiale);
 reformuler les propos de l’autre lorsque la tension monte, pour éviter les
malentendus et démontrer sa bonne volonté;
 éviter de parler trop souvent ou trop longtemps;
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 39








s’exprimer à titre personnel, pas au nom des autres ni de l’ensemble du groupe
(en parlant toujours à la première personne)13;
se proposer personnellement, ne jamais proposer quelqu’un d’autre;
être réceptif à d’autres points de vue;
témoigner du respect envers autrui, en paroles et en actions;
penser aux conséquences malheureuses imprévues de ses actes;
exprimer honnêtement ses sentiments et n’exclure personne dans le règlement
d’un différend (en restant réceptif aux sentiments et aux besoins des autres);
distinguer la personne du problème en nommant le comportement en cause au
lieu de généraliser. Par exemple, mieux vaut dire “Lorsque vous manquez des
réunions du cercle ou y arrivez toujours en retard, je trouve cela préoccupant
parce que cela donne à penser que l’on commence à vous perdre de vue. » que
« Vous n’assumez vraiment pas vos responsabilités. »);
se préoccuper de résoudre le conflit, et non de chercher un coupable 14.
Il existe bien des ressources excellentes sur la dynamique de groupe, la
communication interpersonnelle, le règlement des différends et la création d’un
consensus. En voici quelques-unes :
Fisher, R. et Ury, W. Getting To Yes: Negotiating agreement without giving in, New
York (New York), Penguin Books Inc, 1991.
Laiken, M. The Anatomy of High Performing Teams, 1994.
Schrock-Shenk C. Ressler, L. (dir.). Making Peace With Conflict: Practical skills for
conflict transformation, Scottsdale (PA), Herald Press, 1999.
Schrock-Shenk C. (dir.). Mediation and Facilitation Training Manual: Foundations and
skills for constructive conflict transformation (quatrième édition), Akron
(Pennsylvanie), Mennonite Conciliation Service, 2000.15
Le guide de formation en médiation et facilitation précité (Schock-Shenk) est
particulièrement précieux parce qu’il contient bon nombre d’articles sur divers sujets –
dynamique de groupe, création de consensus, étapes du règlement d’un différend,
maîtrise de la colère, etc. Il propose également quantités d’exercices.
ii) Limites interpersonnelles, équilibre personnel et liens amitié
Les limites sont des lignes de conduite sociale qui aident à entretenir de saines
relations entre amis. Cette séance est animée par le coordonnateur local de l’initiative
ou une personne-ressource locale comme un conseiller ou un thérapeute. Prévoir une
discussion sur ce sujet dans le contexte des cercles.
13
Il existe bien des ressources excellentes en matière de résolution de conflits et de dynamique de
groupe, dont on trouvera une petite liste ci- joint. Vérifiez auprès de votre librairie locale ou des
bibliothèques d’université ou de collège de votre région.
14 Justice réparatrice et règlement des différends – Service correctionnel du Canada, 2000.
15 Les deux ouvrages de Schrock-Shenk peuvent être difficiles à trouver en librairie ou en bibliothèque,
mais on peut les commander à un prix raisonnable à l’adresse suivante : Mennonite Conciliation
Service, 21 South 12th Street, P.O. Box 500, Akron, PA, USA, 17501-0500. Tél. :(717) 859-3889.
Courriel :[email protected] .
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 40
Par exemple, l’ignorance des limites interpersonnelles est l’une des causes principales
de la délinquance sexuelle et de la violence sexuelle. Un individu qui a agressé
sexuellement des enfants a souvent consacré beaucoup de temps et d’énergie à
repousser les limites sociales existant entre les enfants et les adultes (ce qu’on appelle
parfois « l’approche ou grooming »). Un violeur refuse souvent d’admettre que,
lorsqu’une personne dit « non », elle établit ses limites et demande à autrui de les
respecter. Un violeur refuse souvent d’admettre la nécessité des limites ou veut
simplement passer outre. Une victime qui a été agressée peut ne pas se sentir en
sécurité parce que ses limites ont été violées et qu’elle ne peut plus compter sur les
autres pour respecter ses limites à elle.
Dans le contexte des CSR, il faut être conscient du fait que bien des délinquants
sexuels risquent d’interpréter une manifestation d’amitié comme une avance sexuelle.
Lorsqu’une personne fait systématiquement cette erreur d’interprétation, c’est souvent
l’indice qu’elle ne reconnaît pas l’existence de ces limites interpersonnelles.
Pour les besoins de cette séance, les candidats bénévoles sont incités à réfléchir à
l’importance de limites bien établies dans les domaines suivants :

les contacts physiques (tirer les choses au clair sur ce qui est acceptable – une
poignée de mains pour se dire bonjour – et ce qui ne l’est pas – une caresse, un
baiser, un câlin, etc.);

le temps que l’on donne (tirer les choses au clair sur le temps que l’on est
disposé à passer avec quelqu’un et se préparer à refuser de l'excéder);

les responsabilités de chacun (définir clairement ses responsabilités et celles
du membre principal et se préparer à refuser d’en assumer davantage);

les liens d’amitié: Comment définir « amitié »? Que peut-on raisonnablement
attendre de la part d’un ami?;

les engagements comme bénévole: Qu’est-ce que le CSR peut
raisonnablement attendre de la part de ses bénévoles? Que peut-on
raisonnablement exiger comme engagements de la part d’un bénévole?.
Les participants sont invités à réfléchir à leur capacité de s’engager dans une mesure
raisonnable comme bénévole et à en discuter. Les bénévoles ont des besoins
personnels que l’on doit respecter. Il faut concilier les besoins de chacun et les besoins
du groupe : la réussite du cercle en dépend. Le but visé est de faire en sorte que le
membre principal se sente bien entouré, respecté et apprécié, mais pas au détriment
de la santé ou de la sécurité des bénévoles. Les membres du cercle peuvent débattre
des points suivants :

Chacun se sent-il à l’aise et en sécurité dans ses contacts avec le membre
principal?

Chacun est-il d’accord pour donner son numéro de téléphones au membre
principal? Son adresse? Dans la négative, quels arrangements conviendraient
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 41
à tout le monde?

Certains vont-ils accueillir le membre principal chez eux? Dans l’affirmative,
quelles sont les questions de sécurité à considérer?

Comment le groupe peut-il tenir compte des besoins de chacun? Comment
reconnaître que les limites personnelles ne sont pas les mêmes pour tous les
bénévoles? Comment normaliser et respecter ces différences?

Comment les membres du groupe peuvent-ils prendre soin les uns des autres?

Comment apprendre à se connaître assez bien pour prendre soin les uns des
autres?
H) DERNIÈRE ENTREVUE DE PRÉSÉLECTION AVANT D'ÊTRE AFFECTÉ À UN
CERCLE
À la fin de la Phase II – L’atelier de formation avancée, les participants sont informés
de l’étape suivante; celle de l’affectation à un cercle pour la création d’un CSR, Phase
I, Mise sur pied d’un cercle (voir l’ordinogramme, page 12). Toutefois, les participants
doivent passer une dernière entrevue de présélection avant de poursuivre. Cette
entrevue est une nouvelle occasion pour le coordonnateur local de l’initiative et pour le
bénévole de vérifier s’ils sont toujours sur la bonne voie. Si la candidature tient
toujours, on demande au bénévole de s’engager dans le projet pour un an et on peut
l’affecter à un groupe en vue de la formation d’un cercle.
Manuel de formation du SCC 2002 - Phase II 42
ANNEXES
43
ANNEXE A - L'APPRENTISSAGE CHEZ LES ADULTES
Si vous voulez résoudre un problème, vous n’arriverez pas si vous
continuez à raisonner de la même manière que quand vous l’avez créé.
Albert Einstein
Les adultes n’apprennent pas de la même manière que les adolescents et les enfants :
l’expérience, la maturité et la motivation revêtent plus d’importance à l’âge adulte. Pour
créer le meilleur milieu d’apprentissage possible, on a avantage à en savoir plus long
sur la façon dont les adultes assimilent de nouvelles connaissances.
Les adultes apprennent au mieux dans les conditions suivantes16 :

lorsque ça peut leur servir tout de suite – C’est-à-dire, lorsque la
connaissance qu’ils tentent d’acquérir leur permet de comprendre ou de remplir
une responsabilité ou un besoin présent. L’apprenant adulte veut savoir « En
quoi cela va me servir dès maintenant? »

lorsque cela se rapporte à quelque chose de pratique et de concret –
C’est-à-dire à des problèmes donnés rencontrés dans la vie courante ou
résultant de situations réelles et précises.

lorsqu’ils peuvent s’exprimer et discuter – Toutes les expériences
antérieures influent chez l’adulte sur sa capacité d’apprentissage. C’est
pourquoi il importe de faire le lien entre ces expériences accumulées et les
nouvelles connaissances ou compétences à acquérir en donnant à l’apprenant
adulte toutes les occasions de poser des questions, de débattre, d’échanger et
d’exprimer leur point de vue à l’aide d’exemples.

lorsqu’ils participent – Les adultes apprennent en agissant. Si l’apprentissage
se fait passivement, par des lectures et des cours magistraux, le gros de la
matière n’est pas assimilée. L’assimilation se fait beaucoup mieux lorsque
l’apprenant est mis à contribution et a de nombreuses occasions de mettre en
pratique et d’utiliser ce qu’il a appris dans des situations concrètes.

Lorsqu’ils sont respectés pour leur bagage de connaissances et
d’expérience – C’est-à-dire lorsqu’ils sont traités comme des personnes
compétentes. Ils sont également sensibles à l’intérêt que leur porte l’instructeur
qui cherche à gagner leur confiance en écoutant ce qu’ils ont à dire en tant
qu’apprenants.

Lorsqu’ils sont emballés! – L’enthousiasme que manifeste l’instructeur est
très motivant parce qu’il est contagieux. Un instructeur qui aime son travail et ce
qu’il enseigne communique sa passion à la plupart des adultes!
16
Mediation Services (1996). Adapté de Training for Trainers, brochure préparée par Karen Ridd à
Winnipeg (Manitoba).
Manuel de formation du SCC 2002 - Annexe A 44

Lorsque les aides à l’enseignement sont variés – Tous les sens sont
mobilisés dans l’apprentissage, à commencer par la vue, suivi de l’ouïe et du
toucher. Pour être efficace, un cours aux adultes doit mobiliser ces trois sens.
On apprend bien en regardant, en écoutant et en agissant tour à tour; sans
compter qu’on ne risque alors pas de s’ennuyer.

Lorsque chacun fait profiter aux autres de son expérience – Les adultes ne
sont pas à l’aise avec un instructeur qui a le monopole du savoir. Par exemple,
un bon moyen d’aider des adultes à acquérir des connaissances ou des
compétences consiste à leur confier la responsabilité d’un volet de la matière à
enseigner (en les guidant pour ce faire).
Pourquoi utiliser des méthodes d’apprentissage par l’expérience17?
L’apprentissage par l’expérience réussit particulièrement aux adultes pour les raisons
suivantes :

Il vise à recréer l’expérience dans la salle de classe, à apprendre par soi-même
et non pas seulement à assimiler la connaissance et l’expérience transmises
par d’autres. C’est pourquoi la simulation ou le jeu de rôles peut être très
efficace; l’expérience est très immédiate.

On est beaucoup moins tributaire du cours magistral et de la documentation
imprimée puisque l’apprentissage par l’expérience mobilise beaucoup plus les
sens précités.

L’apprentissage par l’expérience mobilise la personne tout entière: le cœur
(apprentissage affectif), le corps (apprentissage somatique) et l’esprit
(apprentissage cognitif).

Il tire parti de la capacité de l’apprenant à évaluer et à interpréter les nouvelles
connaissances ou compétences.

Il est fondé sur la confiance dans la capacité de l’apprenant et sur sa volonté de
tirer parti de son expérience.

La responsabilité de l’apprentissage et du changement incombe avant tout à
l’apprenant.
17
Adapté (et étoffé) de la documentation préparée par Marge Burdine sous le titre Training for Trainers
(1993) pour un cours enseigné aux Services de médiation à Winnipeg (Manitoba).
Manuel de formation du SCC 2002 - Annexe A 45
ANNEXE B - LE CYCLES DE L'APPRENTISSAGE PAR L'EXPÉRIENCE
Le cycle d’apprentissage par l’expérience qui suit peut faciliter l’utilisation des
méthodes pédagogiques correspondantes dans les plans de leçons. Ce cycle
comprend cinq phases qui sont illustrées ci-dessous 18.
EXPÉRIMENTATION/
PRATIQUE
APPLICATION
GÉNÉRALISATION/
ÉVALUATION
COMMUNICATION/ DESCRIPTION
INTERPRÉTATION/
ANALYSE
Expérimentation/pratique – Cette première phase du cycle consiste à recréer ou
à créer à l’intention des participants une expérience génératrice de sentiments; de
pensées et de réactions qui donneront matière à réflexion et à apprentissage. Il
peut s’agir de jeux de rôles/simulations; d’études de cas, de récits ou de
témoignages, d’exercices ou de jeux.
Communication/description – Pendant cette deuxième phase, les participants
sont invités à raconter ce qui s’est passé, comment cela s’est passé, ce qu’ils ont
ressenti, ce qu’ils ont observé. Ils commencent à s’exprimer, en se contentant de
décrire l’expérience de leur point de vue.
Interprétation/analyse – Dans la troisième phase, les participants commencent à
interpréter et à mieux comprendre ce qu’ils viennent d’expérimenter. Pourquoi les
choses se sont-elles déroulées ainsi? Qu’ont-ils ressenti? Quelles pensées leur ont
traversé l’esprit à ce moment-là? Pourquoi ces pensées? En quoi ces réactions
sont-elles révélatrices de soi-même? Des autres? De la condition humaine?
Généralisation/évaluation – Maintenant, les participants se posent d’autres
questions : quelles conclusions tirer de l’interprétation donnée à l’expérience?
Quelles en sont les implications dans des contextes autres où évolue le
participant? Quelle est l’incidence de cette expérience sur ses attitudes; ses
18
Adapté (et étoffé) de la documentation préparée par Marge Burdine et Ron Kraybill pour un cours sur
la conception de la formation donné à l’Université Eastern Mennonite en 1998.
Manuel de formation - Annexe B 46
valeurs; ses croyances? Quelles en sont les conséquences pour le reste de sa vie?
Quels principes généraux en dégager qui soient utiles pour l’avenir?
Application – Enfin les participants réfléchissent à la façon d’appliquer ces
principes à tel problème ou tel contexte. En quoi ces principes les aideront-ils à
faire face à une situation ou à une personne semblable? En quoi justifieront-ils leur
façon d’aborder telle ou telle question? En quoi influent-ils sur leur comportement?
Quels sont les résultats ou les effets qui en découleront? La cinquième phase
renvoie à la phase un et à une autre expérience ou mise en pratique, nouvelle
occasion de démarrage du cycle d’apprentissage par l’expérience.
En quoi consiste la méthode de formation qui s’inspire de la maïeutique
socratique et pourquoi l’utiliser?19
La méthode de formation inventée par John Paul Lederach s’inspire de la maïeutique
socratique20. Elle vise à inciter l’apprenant à évoquer les sentiments, les pensées et
les expériences personnelles qui se rapportent à la matière enseignée, et la lui
révèlent. Quel est l’intérêt de cette méthode?

Elle amène l’apprenant à faire sienne la matière enseignée.

Ce mode d’apprentissage coopératif permet aux animateurs/instructeurs
comme aux participants d’enrichir leur bagage de connaissance.
L’apprentissage est collectif. Cette méthode d’enseignement et d’apprentissage
est un moyen moins hiérarchisé de donner; de recevoir et de créer de la
connaissance.

Cela permet à l’instructeur/animateur de se faire une meilleure idée de l’intérêt,
de la compétence, de l’expérience et des besoins du groupe de participants.

Cela incite à la participation et à l’interaction au sein du groupe, et donc à
l’apprentissage par l’expérience.

Cela crée un climat de confiance qui favorise la communication et l’égalité.
Règles du jeu de la maïeutique socratique
Être positif et réceptif – pour créer une ambiance chaleureuse dès le début.
Langage corporel




montrer que l’on croit à son sujet;
« parler avec les mains » pour inciter les participants à réagir;
être réceptif et se donner une marge de manœuvre (au propre et au figuré!);
garder le contact visuel avec les participants.
19
Adapté (et étoffé) de la brochure de Mediation Services intitulée Training for Trainers, 1996.
John Paul Lederach. Preparing for peace: Conflict transformation across cultures, Syracuse
University Press, Syracuse (New York), 1995.
20
Manuel de formation - Annexe B 47
Raconter sa vie – pour créer un climat de confiance. Les participants seront alors
enclins à en faire autant. Prendre soin, toutefois, de pas tomber dans les
confidences; ce qui rendrait les participants mal à l’aise. Ces témoignages
personnels doivent être brefs et à propos (pour donner l’exemple!).
Utiliser des aides visuelles – comme un tableau-papier ou un tableau blanc pour
consigner les réponses du groupe. Par exemple, pour animer un débat sur les
limites personnelles vis à vis du membre principal et des autres membres du
groupe, on peut écrire en grosses lettres au tableau-papier les questions
suivantes : « Où se situent mes limites personnelles? » et « Pourquoi sont-elles
importantes pour moi? »
Vérifier régulièrement la température du groupe – Garder à l’œil l’attitude et le
langage corporel des membres du groupe. Les sonder régulièrement sur leur degré
d’intérêt ou de compréhension concernant la matière enseignée: Me suis-je bien
fait comprendre? Quelqu’un a-t-il des commentaires à faire ou des questions à
poser à ce stade?)
Utiliser des questions ouvertes – à réponses libres plutôt que des questions
auxquelles il suffit de répondre par oui ou par non, pour inciter à la discussion.
Faire des comparaisons tirées de la vie – Les exemples ou les analogies
aideront les participants à se faire une idée de la matière enseignée.
Paraphraser – Reformuler les réflexions et les questions des participants pour
s’assurer que l’on a bien compris leurs propos. Répéter une question posée pour
vérifier si tout le monde l’a comprise.
Être constamment à l’écoute – Valider, clarifier, reformuler et y réfléchir à deux
fois avant d’admettre que l’on n’est pas d’accord. Prendre l’habitude de soumettre
une question au groupe avant d’y répondre à titre « d’expert » : on pourrait être
surpris des résultats!
Sonder le groupe pour éviter une prise de bec – Lorsqu’on est en butte aux
critiques d’un participant ou tout à fait en désaccord avec ses propos, on a
avantage, dans bien des cas, à sonder le groupe avant de se prononcer. Des
participants feront valoir votre point de vue ou présenteront le problème sous un
autre angle, ce qui vous évitera de donner l’impression d’être sur la défensive ou de
vouloir imposer votre point de vue. Cette attitude montre que l’on sait se montrer
conciliant et incite au dialogue sur les questions controversées.
Être constructif! – On doit s’efforcer de trouver utile et positif tout élément
d’information fourni. Ramener le débat sur le sujet traité au besoin.
Manuel de formation - Annexe B 48
ANNEXE C - SIMULATION EN GROUPE : Le Dilemme
Objet
Analyser le dilemme que pose la mise en liberté d’un individu aux grands besoins et à
risque élevé dans une collectivité qui craint pour sa sécurité.
Préparation (10 minutes)
Avant le début de l’exercice, demander à deux personnes du groupe de jouer
respectivement les rôles de l’ex-délinquant et de son frère ou sa sœur (en sachant
qu’elles seront à l’aise dans leur rôle respectif). Le participant « ex-délinquant » doit
être sensé et comprendre ce que vivent les ex-détenus – l’aumônier local ou le
coordonnateur de la formation est souvent bien placé pour jouer ce rôle.
Préparer quatre panneaux indiquant respectivement « Domicile du délinquant
sexuel », « Groupe de parents », « Police » et « Association paroissiale locale ».
Avant l’arrivée des participants dans la pièce, placer ces panneaux aux quatre coins
de la pièce. Lorsque tout le monde est là, expliquer l’objet du jeu de rôles.
Expliquer brièvement aux participants ce que l’on attend d’eux pour ce qui est
d’incarner leur rôle et de s’en distancer. Reconnaître l’intensité de l’expérience et
inviter tous et chacun à préserver son équilibre : si l’on ne se sent pas à l’aise
émotivement dans un rôle, mieux vaut participer à l’exercice en qualité d’observateur.
Répartir les participants en trois groupes de 1 à 3 (à l’exclusion des deux personnes
qui joueront les rôles de l’ex-délinquant et de son frère ou de sa sœur, et en équilibrant
les deux sexes dans chaque groupe si possible). Demander à chaque groupe de se
poster dans l’un des trois coins de la pièce correspondant aux panneaux « Groupe de
parents », « Police » et « Association paroissiale locale ».
Expliquer aux participants que chaque groupe va recevoir une brève description de la
situation de la collectivité et en discutera pour convenir d’un plan d’action. Expliquer
qu’il est tout à fait normal d’avoir de la difficulté à s’entendre, et que certains
participants peuvent très bien décider de faire cavalier seul. Inciter les participants à la
diversité dans les rôles de parents, de policiers et de ministres du culte (les uns étant
des « purs et durs », les autres des « âmes charitables », etc.).
Expliquer que, tout comme dans la vraie vie, les groupes intervenant dans la
« collectivité » doivent s’approcher pour des raisons constructives ou pour prendre
l’offensive : c’est là une règle de l’exercice à observer. Enfin, expliquer que chaque
tranche de 5 à 10 minutes en temps réel correspond à une semaine dans le cadre de
la simulation et que, entre chaque tranche, les participants seront mis au courant de
faits nouveaux dont chaque groupe devra tenir compte.
Distribuer à chaque groupe la « Partie I » de la description correspondante. Demander
à une personne de chaque groupe d’en lire le contenu à haute voix à ses coéquipiers.
Rappeler tout le monde en plénière à la fin de la lecture et prévoir une dernière et
brève période de questions pour les participants qui voudraient des éclaircissements.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 49
Animation de la simulation (20-30 minutes)
Partie I (5-10 minutes):
 Donner le signal du début de la simulation/du jeu de rôles.

Circuler dans la « collectivité » (la pièce) et dissiper toute confusion (fréquente au
départ) ou malentendu.

Surveiller la dynamique qui se développe dans chacun des quatre groupes. Qui
prend quel rôle? Qui adopte une attitude intransigeante inspirée de la justice
rétributive? Qui adopte une approche communautaire plus constructive? Comment
réagit l’ex-délinquant (« Gérald Picard ») à la situation? Y a-t-il une personne qui à
l’air dépassée par les événements? (Au besoin, demander à certains participants
comment ils s’en sortent.)

Si tout le monde se montre trop coulant et conciliant (parfois un problème dans les
groupes de candidats bénévoles aux CSR!), on peut avoir avantage à prendre à
part une ou deux personnes dans chaque groupe et à leur demander d’adopter une
approche plus musclée.
Partie II (5-10 minutes)

À la fin de la partie I, au bout de 5 à 10 minutes – selon la tension existant entre les
groupes (il faudra peut-être demander aux personnes qui ont déjà commencé à
interagir avec d’autres groupes de regagner leur groupe pour la partie II) –
distribuer les « nouvelles de dernière heure » (la Partie II des scénarios) à chaque
groupe.

Demander à un membre de chaque groupe de lire à haute voix les faits nouveaux à
ses coéquipiers. Inviter ensuite tout le monde à poursuivre la simulation en tenant
compte de ces faits nouveaux.
À mi-chemin de la Partie II, commencer à remettre à des membres de chacun des
trois groupes une feuille « Faits supplémentaires vous concernant » (voir # 6
ci-dessous). Ces feuilles invitent leurs destinataires respectifs à agir de leur propre
initiative (s’ils n’ont pas déjà commencé à le faire), souvent en prenant l’offensive.


Confier les rôles agressifs aux personnes qui se sont déjà comporté de façon plus
ou moins agressive.

Continuer de circuler d’un groupe à l’autre et de surveiller la dynamique de groupe.
Partie III (5-10 minutes)

À la fin de la partie II, au bout de 5 à 10 minutes – là encore, selon la tension
existant entre les groupes (il faudra peut-être demander à chacun de regagner son
groupe pour la partie III), distribuer les autres « nouvelles de dernière heure » (la
Partie III des scénarios) à chaque groupe.

Demander à un membre de chaque groupe de lire à haute voix les faits nouveaux à
ses coéquipiers. Inviter ensuite tout le monde à poursuivre la simulation en tenant
Manuel de formation du SCC - Annexe C 50
compte de ces faits nouveaux.

À mi-chemin de la Partie III, commencer à remettre à des membres de chacun des
trois groupes une feuille « Faits supplémentaires vous concernant ». Ces feuilles
invitent leurs destinataires respectifs à agir de façon encore plus agressive. En
général, à ce stade, le ton monte dans la pièce et le désordre règne.
Bilan de la simulation (15 minutes)

Lorsque l’on sent que le moment est venu, mettre fin à la simulation.

Suivre les étapes du bilan proposées dans le Cycle de l’apprentissage par
l’expérience (voir l’annexe B). Écouter ce que chaque groupe a à dire et accorder
une attention particulière à ce que ressent la personne qui joue le rôle de
l’ex-délinquant.

On trouvera ci-dessous les questions correspondantes à chaque phase du cycle.
Communication

Vous avez joué le rôle d’un(e) _____dans cette situation qui a dégénéré. Comment
cela s’est-il passé pour vous?

Qu’avez-vous ressenti? Comment vos sentiments ont-ils évolué au fil de la
situation?

Qu’est-ce qui a retenu votre attention dans ce qui s’est passé autour de vous?
Dans votre groupe? Dans les autres groupes? etc.

Envers qui avez-vous mal réagi? Qui a attiré votre sympathie?

Qu’est-ce qui importait pour vous dans votre rôle? Quels étaient vos besoins? Vos
préoccupations?

Qu’est-ce qui vous a donné espoir? Qu’est-ce qui vous a désespéré ou rendu
fataliste?
Interprétation

Pourquoi avez-vous éprouvé ces sentiments?

Pourquoi les choses se sont-elles passées ainsi dans votre collectivité? Pourquoi
les gens se sont-ils comporté (ou auraient-ils pu se comporter) ainsi? Qu’est-ce qui
a mené à la violence?

Pourquoi avez-vous mal réagi envers ____? Qu'est-ce qui s’est passé? Pourquoi
vous êtes-vous senti(e) obligé(e) de tendre la main à____ ?

Qu’est-ce qui a marché pour vous? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?
Manuel de formation du SCC - Annexe C 51
Pourquoi____ vous a donné espoir? Pourquoi ___ vous a conduit au désespoir?
Généralisation et application

En quoi cette expérience illustre en général comment une situation dégénère en
violence dans la collectivité?

À votre avis, comment réduire le risque de récidive ou de violence par des justiciers
dans la collectivité?

Qu’aurait-il fallu pour que votre groupe conserve une approche proactive et
constructive dans cette situation, et sorte de sa paralysie ou de sa peur?

Dans ce scénario, quelles mesures aurait-il fallu prendre pour réduire le risque que
la situation ne dégénère en violence? Qu’aurait pu faire votre groupe? Qui aurait dû
parler à qui? Pourquoi?

À votre avis, comment un CSR local aurait pu se rendre utile dans cette situation?
Quelles caractéristiques propres à un CSR auraient pu être utiles? Que
pensez-vous des liens entre vos besoins en l’occurrence et la mission d’un CSR?
Conclusion
En répondant aux questions précitées correspondant à Généralisation et application,
les participants devraient mettre le doigt sur la solution qu’apporte un CSR au dilemme
en cause. Dans la négative, on peut les amener à faire le lien entre leurs suggestions
et le mandat et les activités d’un CSR, en leur disant, par exemple, « voilà exactement
le genre d’activités et d’objectifs que privilégie un CSR. »
On peut également conclure la simulation en faisant le lien avec la vraie vie, par le
canal d’un vidéo comme “Hunting Bobby Oatway.” . Si l’on opte pour cette formule, on
prendra soin de les ménager en leur donnant le temps de débattre de ce qu’ils ont vu
(là encore, suivre les étapes du cycle de l’apprentissage par l’expérience).
Réserver un peu de temps pour les dernières remarques avant de passer au volet
suivant de la journée de formation (en gardant à l’esprit la nécessité de refaire le point
avec certains participants plus tard dans la journée).
Manuel de formation du SCC - Annexe C 52
LES RÔLES : Le groupe des parents
PARTIE I – LE GROUPE DES PARENTS
- Vous vivez dans une collectivité dynamique. Vous avez également conscience des
défis à surmonter : logements insalubres, pauvreté, chômage… Pire encore : bien des
fauteurs de troubles choisissent de déménager dans votre quartier à leur sortie de
prison. Voilà de quoi vous donner des cauchemars! Il semble que la police met
constamment la population en garde contre tel ou tel détraqué sexuel. Pourquoi
viennent-ils justement s’installer dans votre quartier? Comment se fait-il que la justice
ne fasse rien pour les garder en prison ou, à tout le moins, vous prévenir plus tôt de
leur arrivée?
- Vous vous êtes réunis pour discuter de vos inquiétudes au sujet de cette menace
pour vous et vos enfants. Imaginez que vous êtes l’un de ces parents pleins
d’inquiétude et discuter de la situation et des solutions qui s’offrent à vous.
PARTIE II – LE GROUPE DE PARENTS
- Hier, on ne parlait que de cela dans les journaux, à la radio et à la télévision : Gérald
Picard, un pédophile qui est considéré comme étant un délinquant dangereux à risque
élevé de récidive, vient s’installer dans votre ville. Et devinez dans quel quartier il a élu
domicile? La police dit que ce sera probablement dans votre quartier… Certains
parents sont très inquiets, d’autres sont furieux, d’autres encore se sentent
déboussolés et impuissants. Tous sont perturbés. À quelle porte allez-vous frapper et
que direz-vous?
- Discutez de vos sentiments et préoccupations. Puis, certains d’entre vous peuvent
décider d’agir en prenant contact avec d’autres groupes représentatifs de la
collectivité.
- Certains individus et factions dans votre groupe peuvent opter pour d’autres plans
d’action parce qu’ils ne veulent pas se rallier au vôtre.
- Gardez à l’esprit le fait que d’autres groupes de la collectivité puissent entrer en
contact avec vous.
a) Faits supplémentaires vous concernant – Vous vous faites un sang d’encre pour
vos trois jeunes enfants d’âge scolaire. Vous commencez à militer en faveur d’une
action plus musclée, comme un piquetage devant le domicile de ce « pervers sexuel ».
Vous avez entendu dire que cela avait marché ailleurs.
b) Faits supplémentaires vous concernant – Vous prenez contact avec la police
pour leur dire que s’ils ne font pas bien leur travail, vous et vos amis allez le faire à leur
place (menace à peine voilée de vous en prendre physiquement au délinquant).
c) Faits supplémentaires vous concernant – Vous vous rendez chez Gérald Picard
et frapper à sa porte. Lorsqu’il vous répond, dites-lui qu’il devrait quitter le quartier tant
qu’il est encore temps.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 53
d) Faits supplémentaires vous concernant – Vous entrez en contact avec le groupe
confessionnel local pour lui demander de collaborer avec vous à la recherche de
solutions proactives, constructives aux préoccupations de la collectivité.
PARTIE III – LE GROUPE DE PARENTS
- deux pas du lieu de votre réunion de ce soir. Sa photo est placardée partout, et l’une
des mères de votre groupe a téléphoné pour convoquer une réunion d’urgence après
avoir vu un homme répondant parfaitement à sa description emménager des cartons
dans un petit studio de son immeuble. Elle se fait un sang d’encre. Un homme
confirme ses dires en disant qu’il a appris de source sûre qu’un garçon de six ans a été
invité à monter dans un véhicule juste à côté de ce même studio.
Vous avez également reçu un appel d’une autre organisation de parents d’une ville
voisine, qui vous a fait savoir qu’ils ont réussi à mettre un ex-délinquant sexuel dehors
à coups de porte-voix électrique et de rondes constantes. Que pensez-vous de ces
stratégies? Que ressentez-vous? Qu’allez-vous faire?
- Discutez des pensées et des émotions qui vous traversent l’esprit et certains d’entre
vous peuvent décider d’agir.
- Là encore, les uns et les autres peuvent décider d’agir différemment.
a) Faits supplémentaires vous concernant – Vous n’arrivez plus à maîtriser votre
panique. Préparez un panneau où il est écrit quelque chose comme « Gérald Picard –
Dehors! » Demander au reste du groupe de se joindre à vous pour un piquetage
devant son domicile qui devrait le faire fuir. Si personne ne se joint à vous; mettez-vous
en faction seul(e) devant son domicile.
b) Faits supplémentaires vous concernant – Vous décidez de vous joindre au
piquetage devant le domicile de Picard. Soyez très vocal : criez des slogans
enjoignant à Picard de quitter le quartier.
c) Faits supplémentaires vous concernant – Joignez-vous aux efforts faits pour
mettre Gérald Picard dehors.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 54
LES RÔLES : La police
PARTIE I – LA POLICE
- Vous avez été avisé dernièrement de la mise en liberté imminente, à l’expiration de
son mandat, d’un délinquant sexuel très dangereux du nom de. Gérald Picard. Des
psychologues en établissement l’ont évalué comme étant à risque extrêmement élevé
de récidive. M. Picard a un casier judiciaire qui remonte à loin : il a été condamné pour
la première fois pour pédophilie en 1973 alors qu’il n’avait que 23 ans, puis accusé à
sept reprises pour des crimes semblables contre des garçons âgés de 10 à 14 ans. Il a
été reconnu coupable cinq fois et a passé au total plus de quinze ans de sa vie en
prison. Sa dernière peine remonte à fin 1996, et son mandat de dépôt expire le 18 juin
prochain (date à laquelle il sortira de prison, donc).
Les agents du SCC vous ont assuré que M. Picard prévoit s’installer dans la ville de
_______. Votre premier devoir est de protéger le public et, plus tard aujourd’hui, vous
rencontrez les responsables de la divulgation de renseignements au public pour
discuter de vos obligations en la matière.
- Discuter des pour et des contre associés à la divulgation de renseignements au
public en l’occurrence.
- Également échanger des idées sur les moyens de faire en sorte que Gérald Picard se
tienne tranquille et de protéger votre collectivité.
- Au bout de cinq minutes (il reste encore cinq minutes), faites le tour des autres
groupes présents dans la pièce et remettez-leur un avis les avertissant de l’arrivée
dans leur quartier de Picard (que vous aurez rédigé en vous inspirant de ce que vous
avez vu et entendu dans les médias).
PARTIE II – LA POLICE
- La population est déjà dans tous ses états depuis que vous avez divulgué des
renseignements sur Picard, il y a quelques jours. Vous avez mis ce dernier sous
surveillance depuis qu’il est sorti de prison et vous savez qu’il s’est installé à l’Armée
du Salut, dans le nord de la ville. Il s’agit d’un quartier pauvre aux prises avec des
problèmes d’infrastructure, de criminalité et de commerce illégal (drogue et
prostitution). C’est également le quartier où des bâtiments délabrés sont à louer pour
des « raves » et autres événements du même genre. Vous avez reçu régulièrement
des appels de résidents inquiets et furieux (de tous les quartiers de la ville) vous
demandant où M. Picard a élu domicile.
- Devriez-vous prévoir une surveillance 24 heures sur 24 pour un certain temps? Quel
niveau de surveillance la situation exige-t-elle?
- Quels renseignements devriez-vous divulguer au public?
- Jusqu’où aller sans risquer de violer les droits constitutionnels de M. Picard?
Manuel de formation du SCC - Annexe C 55
- Devriez-vous tenter d’obtenir une ordonnance du tribunal lui interdisant de
s’approcher de jeunes enfants (lui enjoignant de rester à X mètres des terrains de jeu,
cours d’école, piscines, etc.)?
- POUR LE JEU DE RÔLES, réfléchissez avant d'agir.
- N’OUBLIEZ PAS NON PLUS de vous préparer à faire face aux humeurs belliqueuses
de la population!
a) Faits supplémentaires vous concernant – Vous et votre partenaire avez décidé
de rendre une petite visite à Gérald Picard, chez lui. Vous l’avertissez que vous savez
qui il est et que vous surveillerez ses moindres mouvements (ne mâchez pas vos
mots!)
b) Faits supplémentaires vous concernant – Vous êtes un agent qui se préoccupe
des droits de l’ex-délinquant et de la protection du public. Essayez d’inciter vos
collègues à concilier ces deux impératifs comme ils doivent le faire en qualité d’agents
de la paix.
c) Faits supplémentaires vous concernant – Vous avez été traumatisé dans
l’enfance par un délinquant sexuel travaillant comme conseiller de camp. L’an dernier,
la même chose est arrivée à votre nièce. Ameutez vos collègues pour obtenir une
ordonnance du tribunal interdisant à ce monstre de détruire la vie d’autres jeunes
enfants (lui enjoignant de rester à X mètres des terrains de jeu, cours d’école, piscines,
etc.).
PARTIE III – LA POLICE
- La tension continue de monter dans la collectivité. La colère, la peur et la méchanceté
font rage dans les tribunes libres à la radio. Plusieurs personnes ont appelé et menacé
de prendre les choses en mains en « se débarrassant de ce ^%&#! ». Un homme a
appelé pour dire « Si vous ne mettez pas vos culottes, on va le faire à votre place! »
Vous avez mis les gens en garde contre toute initiative personnelle. Vous savez que
Picard essaie de s’installer dans un immeuble d’habitation du quartier. Un chef de
police a récemment pris contact avec vous pour vous entretenir de la stratégie adoptée
par son service pour obliger un délinquant sexuel à quitter le quartier.
- Discutez de vos options et responsabilités à ce stade.
- N’oubliez pas que vous avez aussi l’obligation de protéger la vie et les droits de M.
Picard (même si certains d’entre vous vous passeriez bien de cette obligation!).
- Là encore, surveillez les faits et gestes de la population et préparez-vous à intervenir.
- Vous êtes prêt à procéder à des arrestations si les choses tournent mal.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 56
LES RÔLES : Association locale de groupes confessionnels
Partie I – ASSOCIATION LOCALE DE GROUPES CONFESSIONNELS
- Vous êtes une association de pasteurs et de prêtres de diverses confessions qui se
réunit régulièrement pour un déjeuner de la prière et pour discuter de vos activités
respectives. Il y a une quinzaine d’années, un ralentissement important de l’économie
locale contribuait à accroître l’instabilité de votre quartier, déjà durement frappé par les
difficultés. Certes, vous vivez dans une collectivité dynamique, mais qui est aux prises
avec des logements insalubres, du chômage et des problèmes de drogue.
- Vous avez également remarqué que bon nombre d’ex-délinquants élisent domicile
dans votre quartier à leur sortie de prison. Cela fait peur à certains de vos paroissiens
et, pour être honnête, à bon nombre d’entre vous (particulièrement ceux qui ont des
enfants). Comme vous n’êtes pas tous d’accord au sein de l’association sur l’attitude à
avoir à l’égard des ex-délinquants (les uns sont plus intransigeants, les autres veulent
trouver un moyen de les aider à se racheter), vous vous réunissez aujourd’hui pour
discuter de la question. Car l’un d’entre vous est en rapport avec un aumônier qui
travaille « en dedans » et qui vous a dit que l’arrivée dans votre quartier d’un
délinquant sexuel mis en liberté est à prévoir dans les semaines à venir.
- Vous vous rencontrez pour discuter de vos préoccupations et des problèmes de
votre collectivité concernant le traitement des ex-délinquants, surtout les délinquants
sexuels qui s’installent dans votre quartier.
- Que devriez-vous faire, si tant est que vous puissiez faire quelque chose? (NOTA :
sentez-vous libre d’adopter des positions différentes.)
a) Faits supplémentaires vous concernant – Vous pensez que quelqu’un doit faire
preuve de compassion à l’égard de cet homme. Il s’agit manifestement d’une personne
qui ne connaît pas l’amour de Dieu et n’a pas accepté Jésus dans son cœur. Discutez
de l’importance du témoignage pour son bien.
b) Faits supplémentaires vous concernant – Vous pensez que l’église se doit d’être
présente là où règne la peur et le conflit dans notre société pour apporter son soutien.
Incitez les autres membres de l’association à faire preuve de créativité au sujet du rôle
que celle-ci peut jouer dans le cas présent.
c) Faits supplémentaires vous concernant – Si l’un de vos collègues estime que
votre association devrait intervenir directement, réagissez vivement en affirmant
qu’une situation de ce genre doit être laissée entre les mains de professionnels et
défendez avec force votre point de vue.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 57
Partie II – ASSOCIATION LOCALE DE GROUPES CONFESSIONNELS
- Hier, on ne parlait que de cela dans les journaux, à la radio et à la télévision : Gérald
Picard, un pédophile qui est considéré comme étant un délinquant dangereux à risque
élevé de récidive, sort de prison. La police dit qu’il s’installera probablement dans votre
quartier. Certains d’entre vous sont très inquiets, d’autres sont submergés d’appels de
paroissiens qui leur réclament de l’aide. Tous sont inquiets. À quelle porte allez-vous
frapper et que direz-vous?
- Discutez de vos sentiments et préoccupations. Puis, certains d’entre vous peuvent
décider d’agir en prenant contact avec d’autres groupes représentatifs de la
collectivité.
- Certains individus et sous-groupes dans votre groupe peuvent opter pour d’autres
plans d’action parce qu’ils ne veulent pas se rallier au vôtre.
- Gardez à l’esprit le fait que d’autres groupes de la collectivité puissent entrer en
contact avec vous.
c) Faits supplémentaires vous concernant – Vous refusez de prendre part à toute
action communautaire quelle qu’elle soit. Vous décidez plutôt de porter la question à
l’ordre du jour de votre prochaine réunion du Conseil des églises (qui aura lieu dans dix
jours).
Partie III – ASSOCIATION LOCALE DE GROUPES CONFESSIONNELS
- Il y a deux jours, Gérald Picard a élu domicile dans l’une des rues de votre quartier, à
deux pas du lieu de votre réunion de ce soir. Sa photo est placardée partout, et l’une
des mères fréquentant l’une de vos églises a téléphoné au pasteur après avoir vu un
homme répondant parfaitement à la description de Picard emménager des cartons
dans un petit studio de son immeuble. Elle se fait un sang d’encre. Toutes sortes de
rumeurs circulent dans le quartier; selon l’une d’entre elles, Picard aurait déjà tenté
d’attirer deux petites filles dans son appartement. Que pensez-vous? Que
ressentez-vous? Qu’allez-vous faire?
- Discutez des pensées et des émotions qui vous traversent l’esprit et certains d’entre
vous peuvent décider d’agir.
- Là encore, les uns et les autres peuvent décider d’agir différemment.
b) Faits supplémentaires vous concernant – Vous décidez d’être présent sur les
lieux du piquetage pour calmer les esprits si la violence éclate.
c) Faits supplémentaires vous concernant – Vous décidez de contacter la police
pour les exhorter à mettre en œuvre tous les moyens dont elle dispose pour obliger
Gérald Picard à quitter le quartier.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 58
LES RÔLES : La famille
Partie I – La famille : GÉRALD PICARD et MICHEL/MICHELLE (frère ou sœur)
Ron – Vous avez été mis en liberté il y a quelques jours. Vous êtes TRÈS nerveux et
angoissé : vous ne savez pas quoi faire et décidez simplement de vous installer dans
le plus grand centre urbain de la région (où vous avez déjà vécu et où habite votre
unique frère ou sœur). C’est aussi plus facile d’y conserver l’anonymat. La police vous
a déjà rendu visite pour savoir quels sont vos projets et vous a fait savoir, sans mâcher
ses mots, qu’elle va vous garder à l’œil. Tout cela vous est très pénible, et vous êtes
vraiment très angoissé et déprimé. Vous aimeriez ne pas retomber dans le même
cycle de délinquance, mais vous avez bien peur de ne pas y arriver. Personne ne se
soucie de vous à part votre sœur/frère et encore, elle/il vous met souvent en rogne
(d’autant plus que son mari/sa femme ne peut pas vous voir en peinture et vous ignore
royalement). Vous savez que vous avez mal agi, mais vous ne comprenez pas
pourquoi tout le monde semble vous haïr.
- NOTA : vous avez tendance à vous apitoyer sur vous-même et à blâmer les autres,
dont votre sœur/frère.
- Vous rencontrez votre sœur/frère pour discuter de vos projets d’avenir et de vos
préoccupations respectives.
Michel– Vous êtes TRÈS inquiet/inquiète au sujet de votre frère. Vous vous inquiétez
aussi pour votre famille : votre conjoint dit que vous en avez déjà trop fait pour votre
frère et que vous devriez couper les ponts avec lui. Vos enfants ne savent pas quoi
penser : ils ont un peu peur de leur oncle et se sentent pris entre leurs deux parents.
Vous aimeriez que la situation soit aussi simple que le pense votre conjoint(e), mais
vous ne pouvez vous résoudre à laisser tomber votre frère. Ce ne serait pas bien.
Toutefois, si la situation tourne vraiment mal, et que vos enfants fassent l’objet de
menaces à l’école ou ailleurs, vous n’aurez d’autre choix que de prendre vos distances
vis à vis de votre frère.
- Vous rencontrez Gérald pour discuter de ses projets d’avenir et de vos
préoccupations respectives.
Partie II – La famille : Gérald et Michel/Michelle
- Ron a été mis en liberté et vit au Sally Ann. Il rencontre Michel pour discuter des
possibilités de logement et d’emploi qui s’offrent à lui. Le fait que le visage et le nom de
Gérald soient étalés dans tous les journaux, à la télévision et à la radio vous perturbent
beaucoup tous les deux. Les justiciers ne manquent pas et, pas plus tard qu’hier,
lorsque vous êtes tous deux allés ouvrir un compte bancaire pour Gérald, plusieurs
jeunes gens vous ont crié des obscénités et ont proféré des menaces en passant près
de vous en voiture. Vous avez également remarqué qu’une voiture de police était
postée devant vos domiciles respectifs et avez l’impression d’être suivis constamment.
Cela perturbe particulièrement Michel/Michelle, qui n’a rien fait de mal après tout!
Manuel de formation du SCC - Annexe C 59
Gérald – Vous aimeriez travailler à au moins 15 $ de l’heure. Vous êtes qualifié
comme technicien en informatique et estimez qu’il serait injuste que l’on vous tienne
rigueur de votre passé. Vous ne savez trop quoi penser de tous ces préjugés nourris
contre vous. Est-ce que Michel ne connaîtrait pas quelqu’un qui pourrait vous aider?
Elle/il doit bien avoir de vrais amis sur qui compter tout de même! Ou peut-être
vaudrait-il mieux laisser passer l’orage?
Pour le jeu de rôles: sentez-vous libre de prendre contact avec d’autres groupes…
ou de rester dans votre coin.
Michel/Michelle – Vous pensez que votre frère n’est pas très réaliste quant à ses
projets d’avenir. Franchement, vous en avez marre aussi qu’il se prenne pour une
victime. On ne l’a jamais vraiment préparé à assumer la responsabilité de ses actes.
Votre conjoint(e) a peut-être raison après tout : vous devriez le laisser se dépatouiller
tout seul. Vous ne savez quel parti prendre. Devriez-vous chercher de l’aide? Mais où?
À moins que vous ne décidiez de ne rien faire pour l’instant?
Pour le jeu de rôles: sentez-vous libre de prendre contact avec d’autres groupes…
ou de rester dans votre coin.
Partie II – La famille : Gérald et Michel/Michelle
Gérald – La tension continue de monter. Vous êtes sur les nerfs.
- Discutez de votre situation et réagissez selon l’inspiration du moment…
Michel– Vos enfants font maintenant régulièrement l’objet de menaces à l’école et,
hier le cadet, Paul, est rentré à la maison le nez en sang. Il vous faut prendre des
décisions radicales. Discutez-en avec votre frère ou avec quelqu’un d’autre.
Pour le jeu de rôles: sentez-vous libre de prendre contact avec d’autres groupes.
Manuel de formation du SCC - Annexe C 60
ANNEXE D : L'EXERCICE SUR LE QUATRE COMPOSANTES
DE LA JUSTICE RÉPARATRICE
Introduction par l’expérience à la justice réparatrice
Besoins des victimes, des délinquants, de la collectivité et du système
de justice pénale
- Expliquer le contexte dans lequel se situe le jeu de rôles: un ancien pasteur auprès
des jeunes qui a agressé sexuellement des filles sortira sous peu de prison.
- Répartir les participants en groupes de 5.
- Attribuer les rôles suivants dans chaque groupe et accorder quelques minutes à tout
le monde pour lire la description de leur rôle respectif.





Gérald Picard, ex-délinquant sexuel;
sœur ou frère de Gérald;
Michelle, survivante de violence sexuelle;
père ou mère de Chantal;
agent de police, de libération conditionnelle ou de probation.
- Diviser une feuille du tableau-papier en quatre parties correspondant aux
composantes suivantes :




la victime;
le délinquant;
la collectivité;
le représentant du système de justice pénale.
- Créer deux colonnes par composante, intitulées respectivement « Besoins » et
« Responsabilités ».
Chaque groupe entre en scène à tour de rôle (un bâton d’orateur ou autre symbole
peut être utile) pour illustrer les besoins et responsabilités correspondant à chaque
composante.
Les acteurs racontent leur histoire à la première personne (les autres peuvent poser
des questions ouvertes pour obtenir plus d’information).
Lorsqu’une personne parle, les autres membres du groupe l’écoutent attentivement.
Lorsqu’il/elle a terminé, la personne suivante reprend par paraphrases ses propos
quant à ses besoins et responsabilités pour vérifier si le groupe a bien compris (c’est
ce qu’on appelle l’écoute active ou la reformulation).
Les autres peuvent aussi poser des questions pour obtenir des éclaircissements ou
des explications supplémentaires.
Manuel de formation du SCC - Annexe D 61
Consigner les points essentiels dans les colonnes correspondant aux besoins et aux
responsabilités pour chaque rôle/composante (n’utiliser qu’un mot ou deux par point).
Compter 2 à 3 minutes par personne, soit 20 à 30 minutes au total, pas plus.
Faire le bilan de l’exercice en plénière en recueillant les points essentiels pour chaque
groupe sur une feuille séparée du tableau-papier.
Discuter en plénière des points suivants :








Quelle tournure probable va prendre la situation sans CSR?
Comment les choses vont-elles se passer pour Gérald? Pour sa sœur/son
frère?
Comment les choses vont-elles se passer pour Chantal? Pour sa famille?
Parmi les besoins énumérés, quels sont ceux qui seront probablement
satisfaits?
Parmi les responsabilités énumérées, quelles sont celles qui seront
probablement assumées?
Quels sont les besoins et responsabilités qui seront relégués aux oubliettes.
En quoi le CSR pourrait-il faciliter les choses pour ce qui est des besoins à
satisfaire et des responsabilités à assumer?
Autres commentaires/observations?
Rôles pour l’exercice des quatre composantes de la justice réparatrice
Chantal – Il y a plus de 15 ans, vous avez été victimisée par un pasteur auprès des
jeunes alors que vous aviez une douzaine d’années. Vous avez passé le gros des huit
dernières années en thérapie, à tenter de faire le point sur ce qui vous est arrivé. Vous
avez bien progressé sur la voie de la guérison, mais au prix de terribles retombées, et
vous pensez que le pire est derrière vous. Il n’empêche que, chaque fois que vous
apprenez que ce genre de personne sort de prison, votre estomac se serre.
Vous êtes bien décidée à tout faire pour éviter que d’autres femmes ou enfants vivent
la même expérience. Vous voulez avant tout que les hommes de ce genre
comprennent l’enfer qu’ils font vivre par leur faute à tout un groupe de personnes.
(Votre mère, par exemple, est encore très traumatisée par ce qui vous est arrivé.)
Vous voulez aussi qu’ils assument la responsabilité de leurs actes pour ne plus jamais
recommencer. Vous voulez, par-dessus tout, vous sentir en sécurité et contribuer à
rendre la collectivité plus sûre pour les autres. Vous estimez que vous avez le droit de
vivre sans craindre pour votre sécurité.
Gérald – Les membres de votre famille, à commencer par votre mère et vos frères et
sœurs, ont été horrifiés par votre conduite lorsque vous avez été condamné pour
violence sexuelle. Depuis lors, toute la gravité de votre comportement s’est fait jour au
fil des témoignages d’autres victimes et la vie que vous vous étiez soigneusement
inventée pour tromper votre monde s’est écroulée. Vous avez passé le gros de vos
trois dernières années en prison à suivre des programmes pour délinquants sexuels.
Vous avez aussi craint pour votre vie, étant donné le genre de traitement réservé aux
délinquants « dans votre genre » par vos codétenus. Un jour, vous vous sentez
affreusement coupable de vos actes; le lendemain, vous vous apitoyez sur
Manuel de formation du SCC - Annexe D 62
vous-même. Mais, avant tout, vous êtes bien décidé à ne pas retomber dans votre
cycle de délinquance à votre retour dans la collectivité. Mais vous savez que vous
aurez besoin d’aide et de soutien pour y arriver. Vous êtes très inquiet parce que vous
n’avez qu’une sœur/un frère, et que pas un de vos anciens copains n’a gardé contact
avec vous. En outre, vous avez de plus en plus peur des justiciers à mesure que votre
mise en liberté se rapproche. Où aller sans ameuter tous ces gens qui vous
connaissent?!
Le père/la mère de Chantal – Vous ne vous êtes jamais vraiment remis(e) de ce qui
est arrivé à Chantal. Elle était en train de devenir une femme lorsque ce monstre, qui
se prétendait un homme de Dieu, lui a volé quelque chose à son insu. Vous avez aussi
très peur que la même chose puisse lui arriver à nouveau ou, pire, puisse arriver à l’un
de vos précieux petits-enfants. Il reste encore beaucoup de colère en vous. Ces
envoyés du diable doivent être tenus responsables de leurs actes… Vous jugez que
l’on devrait les jeter aux oubliettes, ni plus ni moins. Comment s’assurer autrement
qu’ils ne recommencent pas?! Comment peut-on espérer se sentir en sécurité
autrement, je vous le demande?!
La sœur/le frère de Gérald – Vous saviez que Gérald avait des problèmes, mais les
révélations faites il y a environ cinq ans vous ont complètement anéanti(e). Au début,
lorsque Gérald a tout nié en bloc, vous l’avez cru sur parole. Même lorsque les
victimes ont continué à défiler, vous avez fait comme si de rien n’était. Il a fallu que vos
propres nièces passent aux aveux pour que votre famille se rende à l’évidence. Vous
n’avez alors jamais ressenti une rage pareille à celle que vous avez éprouvée alors
contre votre frère. La force de cette rage vous a secoué(e) et vous en avez ressenti de
la confusion et de la culpabilité. Cette expérience a été très traumatisante et humiliante
pour toute votre famille.
Après sa première année de prison, vous avez commencé à vous sentir coupable de
ne pas lui rendre visite. Puis, lorsque vous vous êtes enfin décidé(e), vous avez eu le
sentiment de trahir les membres de la famille qui ne voulaient rien avoir à faire avec lui.
Quelle honte! Mais, après mûre réflexion (vous avez vu un conseiller pendant plus d’un
an), vous avez décidé d’aider Gérald à prendre un nouveau départ dans la vie. Vous
aimez toujours votre frère. Et vous êtes bien décidé(e) à tout faire pour l’aider à ne plus
faire de mal à personne, jamais, jamais! Tout cela vous tombe sur les nerfs parfois :
chaque visite donne lieu à une prise de bec avec Gérald; surtout dans les six derniers
mois de la date de sa mise en liberté. Vous ne savez pas combien de temps vous
pourrez être son seul soutien dans la collectivité.
Agent de police, de libération conditionnelle ou de probation – Il s’agit là d’un cas
type : un gars qui profite de l’influence qu’il a et de la confiance qu’il inspire comme
pasteur auprès des jeunes pendant près de sept ans pour agresser sexuellement de
nombreuses jeunes filles. Vous vous sentez dans l’obligation de faire votre travail pour
ce qui est de protéger la société en surveillant des gens comme Gérald et en faisant le
nécessaire (dans la mesure du possible) pour qu’il se prépare à sa mise en liberté.
Toutefois, vous êtes miné par l’idée que l’on puisse faire peu de choses dans un cas
comme celui de Gérald du simple fait qu’il soit mis en liberté à l'expiration de son
mandat. Cela signifie que vous n’aurez aucune compétence sur lui à compter de sa
sortie de prison. Vous avez beau admettre que Gérald semble très motivé à suivre le
programme que vous avez prévu pour lui en prison, force est d’admettre que, vu ses
Manuel de formation du SCC - Annexe D 63
lourds antécédents et son manque total de soutien social (en dehors de ses rapports
houleux avec son unique frère/sœur), le risque de récidive qu’il présente demeure
élevé. Tout ce que vous pouvez faire dans l’immédiat, c’est de prévenir la police et
d’autres professionnels de la ville où il va sans doute élire domicile. Votre but premier
est de faire le nécessaire pour protéger la collectivité.
Manuel de formation du SCC - Annexe D 64
ANNEXE E : L'EXERCICE DES DRAPS
Exercice de sensibilisation aux besoins des victimes21
Demander à tous les participants d’apporter un drap de lit pour cet exercice, ou en
apporter soi-même sept!
Il faudra trois volontaires pour jouer les rôles de Lyne, Pierre et l’agent de police. Les
deux premiers rôles consistent simplement à s’asseoir sur une chaise au centre de la
pièce et à se laisser couvrir puis découvrir de draps. Le rôle de l’agent de police
consiste à faire irruption dans la pièce et à demander brusquement à Pierre s’il se
nomme « Pierre Laplante » avant de lui ôter tous les draps à la fois (voir ci-dessous).
Les acteurs doivent en être prévenus d’avance.
Partie I
Après lecture de chaque énoncé, demander à quelqu’un (n’importe qui) de placer un
drap sur la tête de la « victime » assise au centre de la pièce.
L’histoire de Lyne (24 ans)
À l’école élémentaire, on s’est moqué de moi parce j’ai été envoyée dans une classe
de lecture moins avancée.
Ma marraine et moi sommes parties en voyage quand j’avais douze ans. Un
automobiliste en état d’ébriété nous est rentré dedans, et ma marraine a été tuée sur le
coup.
Lors de ma première année d’études secondaires, on a déménagé dans une autre ville
et je me suis sentie très seule à l’école.
Alors que je rentrais d’une pratique de base-ball, un groupe de filles plus âgées m’ont
sauté dessus pour me voler mon blouson.
Mes parents étaient très occupés à s’adapter à leurs nouveaux emplois et m’ont dit de
ne pas m’en faire pour si peu.
Au camp d’été, un conseiller a dit que si vous croyez en Dieu et pratiquez votre
religion, rien de mal ne peut vous arriver. Je me suis sentie très coupable.
En grandissant, j’ai appris qu’il était inacceptable pour moi d’exprimer des sentiments
de colère, même si mon père me criait après et après ma mère.
Six mois après avoir emménagé dans mon propre appartement, quelqu’un est entré
par effraction et m’a violée.
Adapté d’un exercice utilisé par Marie Marshall Fortune et les initiatives de justice communautaire à
Kitchener (Ontario).
21
Manuel de formation du SCC - Glossaire 65
Après lecture de chacun des énoncés suivants; demander à quelqu’un
(n’importe qui) d’ôter un drap.
Lorsque j’étais enfant, ma marraine m’a dit que j’étais quelqu’un de spécial.
Un conseiller d’orientation au secondaire m’a incitée à me joindre à l’équipe de
base-ball.
J’ai lu dernièrement un article sur la colère, qui confirme que c’est normal de ressentir
de la colère face aux injustices.
L’agente à la Division d’aide aux victimes d’agressions sexuelles m’a parlé des
services aux victimes et une bénévole m’a renseignée sur les options et ressources
disponibles. J’ai été voir une conseillère qui m’a dit que je n’y étais pour rien.
J’ai vu un reportage sur un groupe qui travaille sur les questions de justice pour les
victimes. J’ai téléphoné pour demander si je pouvais me joindre à eux.
- Faites le bilan en plénière
Manuel de formation du SCC - Glossaire 66
Partie II
Après lecture de chaque énoncé, placer un drap sur « Pierre ».
L’histoire de Pierre (22 ans)
Lorsque j’étais enfant, j’ai eu des bons moments avec mes copains, mais je trouvais la
vie à la maison difficile. Je ne m'y sentais pas toujours en sécurité.
J’ai très bien réussi à l’école primaire, mais mes notes ont dégringolé quand on m’a
envoyé vivre chez une tante et un oncle dans une autre ville.
Je pensais que ma vie allait s’améliorer, mais j’ai eu du mal à me faire de nouveaux
amis.
Je me défoulais indirectement sur les autres, mais la plupart du temps, je gardais tout
en dedans.
Ma voisine m’a invité et m’a présenté à ses amis. J’ai commencé à faire la fête et à
prendre des drogues à l’occasion.
Les drogues m’ont aidé à m’échapper.
Je devais beaucoup d’argent à mes amis et à ma famille, et j’ai été mis dehors. J’étais
vraiment en colère et je me suis saoulé à fond. Puis je suis entré par effraction dans
l’appartement de la victime et je l’ai violée.
Je me suis senti vraiment coupable pendant quelques jours, mais quand j’étais au bar
deux mois plus tard, cette fille m’achalait vraiment et quand elle est partie, j’ai…(Il est
interrompu par l’arrivée dans la pièce d’un policier.)
L’agent de police fait irruption dans la pièce et interrompt Pierre en lui
demandant : « C’est vous Pierre Laplante? »
Pierre répond de dessous les draps (voix étouffée) : « Oui »
Le policier dit alors : « Pierre Laplante, je suis l’agent Ferland de la GRC. Sur la foi des
renseignements que nous avons reçus, vous êtes en état d’arrestation pour trois chefs
d’accusation d’agression sexuelle grave. »
(Il arrache tous les draps à la fois.)
« Vous allez me suivre au poste de police pour interrogation. »
Manuel de formation du SCC - Glossaire 67
ANNEXE F : SIMULATION D'UNE RÉUNIONDE CSR
Membre principal : Alain, 36 ans
Alain a peu d’instruction et de compétences. En revanche, il semble vouloir
sincèrement sortir de son cycle de délinquance, caractérisé notamment par une
tendance à dramatiser et à s’apitoyer sur son sort.
NOTA : l’animateur ou quelqu’un qui a une longue expérience du travail auprès des
délinquants sexuels devrait jouer le rôle de Alain.
Antécédents criminels de Alain
- Vols mineurs dès l’enfance.
- Peine d’emprisonnement la plus récente : 6 ans pour viol d’une fillette de douze ans.
Il ne fait aucun doute qu’il a violé la fillette; il ne le nie pas. Mais il nie la pénétration,
malgré que les preuves médicales sont là. Il s’était rendu au domicile de son
employeur, sans doute en croyant qu’il n’y aurait personne et qu’il en profiterait pour
voler quelque chose, et la fille de son employeur lui a ouvert. C’est sa première
accusation et seule condamnation pour agression sexuelle; les dispositions de
l’article 810 ne s’appliquent donc pas. Néanmoins, les responsables de la prison ont
jugé qu’il présentait un risque élevé de récidive.
Alors qu’il était en liberté conditionnelle, il s’est lié avec une femme vulnérable (en
chaise roulante), qui a rompu par la suite. Alain l’a mal pris et la femme s’est plaint de
son comportement violent à son égard auprès de son surveillant de liberté
conditionnelle. D’où révocation de la liberté conditionnelle quelques semaines avant la
date d’expiration du mandat. Il est de retour en prison depuis six semaines, et il est
perturbé et en colère.
Bénévoles du cercle pour le cas de Alain :
Simon et Monique - Simon est un avocat de l’aide juridique, et Monique est une
militante convaincue. Ils ont une fille de 12 ans et un garçon de 14 ans.
Jocelyn – agent du bien-être social et animateur de cercle (joué par une personne
d’expérience).
Robert – pasteur.
Sam (ou Samantha) – a repris ses études dans la quarantaine en counseling en
matière de toxicomanie.
Marc – îlotier dans un réseau de surveillance de quartier.
Réunion du cercle un jeudi soir
1. Commencer par une prière ou une période de silence (selon ce qui convient le
mieux au groupe).
2. Faire un tour de table en terminant par le membre principal. Chacun résume ses
difficultés et ses joies de la semaine, dans un esprit d’entraide.
Manuel de formation du SCC - Glossaire 68
Simon et Monique – Tous deux ont eu beaucoup à faire ces derniers temps entre
leurs engagements respectifs et les enfants à conduire à leurs activités diverses et
variées. Samedi, ils ont emmené Alain dans un parc pour un barbecue en famille. Alain
n’était pas au rendez-vous à l’entrée du parc. Alors Simon a laissé tout le monde au
parc et s’est rendu à l’appartement de Alain. Ce dernier regardait la télévision, mais il
était content de partir et s’est bien amusé au parc.
Jocelyn – A eu une dure semaine parce que sa vieille mère a fait une mauvaise chute,
et il a passé le plus clair de son temps à s’occuper d’elle et à s’inquiéter. Il a rencontré
Alain pour dîner lundi. Il lui a parlé des formalités à suivre pour continuer de recevoir
ses prestations d’aide sociale.
Robert – Beaucoup de bonnes surprises dans sa congrégation en ce moment.
Comme le nouveau cours du soir du mercredi qu’il a lancé et qui fait de nombreux
adeptes. Il a rencontré Alain au café situé en face de l’église mardi. Il l’a invité à donner
un coup de main pour le déjeuner-prière et la vente de garage de samedi prochain.
Alain n’a dit ni oui ni non.
Marc – A organisé un party surprise en fin de semaine pour l’anniversaire de sa fille. À
part cela, rien de particulier à signaler. Mercredi dernier, il a demandé à Alain de venir
lui donner un coup de main dans son garage : il est en train de restaurer une voiture
ancienne.
Alain – Se dit très mécontent de sa semaine. Il a présenté sa candidature pour un
emploi d’adjoint au technicien dans un laboratoire universitaire, et on ne l’a même pas
rappelé!  Il aurait gagné 14 $ de l’heure. Il est sûr qu’il est victime de discrimination
en raison de son passé et il trouve çà tout à fait injuste. Il n’aime pas non plus se faire
embringuer dans des activités bénévoles : il a assez à faire comme çà! Lorsqu’on lui
demande ce que la semaine lui a apporté de bon, il reconnaît que le pique-nique dans
le parc lui a plu. Le travail sur le véhicule antique aussi.
3. Faire le bilan de la semaine avec Alain. Discuter des faits marquants de la semaine
et de ce que Alain en a pensé; de toute question ou préoccupation particulière; de
faits ou de comportements insignifiants en apparence.
4. De quoi peut-on féliciter Alain – réalisations, etc.;? De quelles questions Alain
s’occupe-t-il? En quoi le groupe peut-il l’aider?
5. Y a-t-il une question en attente à régler comme de mettre la dernière main à
l’alliance ou d’y apporter des modifications.
6. Vérifier les activités et objectifs de la semaine prochaine, de même que les
rencontres prévues avec les membres du cercle. Quel jour Alain rencontre qui?
7. Fixer l’heure et le lieu de la prochaine réunion.
8. Prière ou période de silence pour marquer la clôture de la séance (selon ce qui
convient le mieux pour votre groupe).
Manuel de formation du SCC - Glossaire 69
GLOSSAIRE
ALCE (agent de libération conditionnelle en établissement)
L’ALCE, appelé aussi parfois gestionnaire de cas, est un membre du personnel
responsable dans la prison du suivi de la progression du détenu dans le système.
Article 810 (ordonnances de « ne pas troubler l’ordre public »)
Les ordonnances en vertu de l’article 810, c’est-à-dire les « engagements de ne pas
troubler l’ordre public », existent en droit canadien depuis le premier Code criminel de
1892. Initialement, elles s’appliquaient uniquement en cas de crainte de blessures
ou de dommages mais, depuis lors, ces dispositions ont été élargies pour s’appliquer
en cas de crainte d’infraction d’ordre sexuel (810.1, 1993), et de crainte de
blessure grave (810.2, 1997). Une ordonnance en vertu du paragraphe 810.1 permet
au tribunal de limiter les mouvements et le comportement d’une personne lorsqu’il y a
des motifs raisonnables de croire que cette dernière commettra une infraction d’ordre
sexuel contre une personne âgée de moins de 14 ans. Une ordonnance en vertu du
paragraphe 810.2 vise les délinquants violents, y compris les délinquants sexuels. Ces
ordonnances peuvent s’appliquer pendant une période maximale d’un an. Des
conditions peuvent y être jointes, et un manquement à une ordonnance imposée en
vertu de l’article 810 constitue une infraction. La personne qui refuse de se soumettre à
une ordonnance imposée en vertu de l’article 810 est passible d’un emprisonnement
pouvant aller jusqu’à un an. (Source : publication du Solliciteur général du Canada
intitulée Délinquants à risque élevé: Guide pour les professionnels de la justice pénale
(mai 2001).
Aumônier communautaire
Personne qui offre son aide spirituelle et le secours de la religion dans la collectivité
indépendamment des diverses confessions et croyances religieuses. Le SCC fournit
depuis longtemps des services d’aumônerie en établissement et accroît la présence
des aumôniers dans la collectivité pour aider les ex-détenus à s’intégrer dans le
groupe confessionnel de leur choix et à leur fournir une assistance spirituelle connexe.
Bénévole
Personne de la collectivité qui veut donner de son temps pour offrir son amitié et son
soutien moral au membre principal, et le responsabiliser.
Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC)
La CNLC est l’organisme qui examine toutes les demandes de libération conditionnelle
et qui décide d’accorder ou non la liberté et à quelles conditions.
Consensus
Le consensus est atteint au sein d’un groupe lorsque tous les membres
s’accommodent d’une décision. Certains peuvent avoir d’autres préférences, mais
sont prêts à accepter la décision. En revanche, une décision à la majorité sous-entend
que plusieurs membres puissent être opposés catégoriquement à la décision adoptée.
Coordonnateur local de l’initiative
Manuel de formation du SCC - Glossaire 70
Personne désignée par l’Aumônerie du SCC pour superviser le programme des
cercles de soutien et de responsabilité dans une collectivité.
Criminel notoire
Délinquant dont le cas a été très médiatisé ou est susceptible de l’être à sa mise en
liberté.
Cycle de délinquance
Les crimes qui se répètent suivent habituellement un cycle : le délinquant manifeste
des attitudes ou des comportements avant de commettre une infraction criminelle, qui
sont autant d’indices d’un problème à régler.
Date d’expiration du mandat
Date à laquelle une peine infligée par le juge chargé du prononcé de la sentence prend
fin, soit le dernier jour où le Service correctionnel du Canada a compétence sur le
délinquant. Autrement dit, au-delà de cette date, le SCC ne peut plus dire à cette
personne ce qu’elle doit faire, ni exercer sur elle un pouvoir de coercition, ni lui offrir un
service quelconque, ni dépenser pour elle des fonds publics.
Défenseur des droits des victimes
Personne qui rencontre une victime pour lui offrir du réconfort, l’aider à bénéficier des
services dont elle a besoin ou faire valoir son point de vue.
Délinquant sexuel
Délinquant dont l’infraction principale à l’origine de la peine est un crime sexuel. Aux
fins du programme des CSR, un délinquant sexuel peut être une personne qui compte
au moins un chef d’accusation pour infraction sexuelle, laquelle est à l’origine de son
maintien en incarcération.
Déviation/déviance sexuelle
Comportement sexuel qui se situe en dehors des normes acceptables établies par la
société telles qu'elles sont définies par la psychiatrie ou par la loi.
Dynamique de groupe
Interactions entre les personnalités et les responsabilités de chacun dans un groupe
de trois personnes ou plus. Cela renvoie à des questions de pouvoir et de maîtrise de
soi, à des modes de communication et de prise de décision, à des modèles de
résolution de conflits, et à l’exécution de tâches.
Évaluation du risque
Évaluation de la probabilité qu’un individu commette de nouvelles infractions à plus ou
moins long terme.
Facteurs de risque
Situations, circonstances et comportements qui déclenchent un retour à une activité
inacceptable (illicite).
Groupe confessionnel
Groupe relevant d’une confession religieuse. Un groupe confessionnel est
habituellement un sous-ensemble d’une grande religion. Dans le cas du christianisme,
Manuel de formation du SCC - Glossaire 71
par exemple, l’église anglicane, l’église catholique ou l’église unie sont des groupes
confessionnels
Infraction à l’origine de la peine
L’infraction principale à l’origine de la peine. Le délinquant a pu être condamné pour
des chefs d’accusation multiples, mais il y en a généralement un qui est la cause
principale de l’arrestation et de l’incarcération.
Institutionnalisation
Formes de dépendance qui résultent de l’adaptation à la vie carcérale, comme le
besoin d’une routine stricte et différentes normes de comportement interpersonnel.
Justice réparatrice
Mode d’administration de la justice dont le but premier est de réparer, autant que faire
ce peut, le préjudice causé par le crime à la victime, à la collectivité et au délinquant.
Libération d’office
Aux deux tiers de la peine, un détenu doit se voir accorder une mise en liberté sous
condition (on peut lui imposer des restrictions de mouvement, des obligations de se
présenter aux autorités, etc.). On peut faire exception à cette règle dans le cas d’un
délinquant dont on juge qu’il représente un grand danger pour la société : il est alors
maintenu en incarcération. Lorsque le maintien en incarcération se prolonge au-delà
de la date de libération d’office, on doit réexaminer le cas tous les ans pour déterminer
si le détenu est prêt à être mis en liberté. Ces examens annuels se poursuivent jusqu’à
l’expiration du mandat, stade auquel le Service correctionnel du Canada doit libérer le
détenu, qui ne relève alors plus de sa compétence.
Limites
Limites physiques (temps et espace) et psychologiques que nous établissons vis à vis
des autres pour être ou nous sentir en sécurité, ou pour maintenir notre équilibre
mental. Dans le contexte du CSR, les limites peuvent être des lignes directrices pour
les appels téléphoniques à des heures acceptables, sauf en cas d’extrême urgence,
les visites à notre domicile, le temps que chacun d’entre nous est disposé à offrir, etc.
Les limites peuvent aussi renvoyer à la répartition des rôles et à leurs exigences
différentes – membre principal, bénévole du cercle et coordonnateur local de
l’initiative.
Maintien en incarcération
Refus d’accorder une mise en liberté sous condition (libération conditionnelle ou autre
régime de liberté sous condition ou sous surveillance).
Membre principal
Le membre principal est la personne pour laquelle le cercle a été formé – il s’agit de
l’ex-délinquant.
Ordonnance du tribunal
Toute exigence imposée par la cour.
Manuel de formation du SCC - Glossaire 72
Peine fédérale
Une peine d’emprisonnement de deux ans ou plus est purgée dans un établissement
fédéral.
Peine provinciale
Une peine d’emprisonnement de moins de deux ans est purgée dans un établissement
provincial.
Prévention des rechutes
Acquisition de modes de comportement qui permettent de mener une vie saine et
équilibrée, et d’éviter les rechutes.
PRVD (Programme de réconciliation entre la victime et le délinquant) ou PMVD
(programme de médiation entre la victime et le délinquant)
Ces programmes (parfois appelés programmes de concertation entre la victime et le
délinquant) facilitent les rencontres individuelles ou d’autres formes de dialogue entre
la victime et le délinquant aux fins de la réparation du préjudice causé par le crime.
Rapports sur un pied d’égalité
Se dit de rapports interpersonnels caractérisés par le fait que l’un n’a pas à assumer la
garde de l’autre – par opposition à ceux caractérisés par le fait que l’un assume la
responsabilité des actes de l’autre et exerce sur lui une surveillance.
Rechute
Retomber dans l’activité ou le comportement que l’on veut éviter.
Surveillance
Implique que l’on est responsable des actes de la personne surveillée.
Manuel de formation du SCC - Glossaire 73
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