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L’HISTOIRE.
“Ce que l’on veut connaître n’est plus. Notre curiosité vise ce qui a été en tant qu’il n’est plus. L’objet de
l’histoire est une réalité qui a cessé d’être.
Cette réalité est humaine. Les gestes des combattants étaient significatifs et la bataille n’est pas un fait
matériel, elle est un ensemble non entièrement incohérent, composé par les conduites des acteurs, conduites
suffisamment coordonnées par la discipline des armées et les intentions des chefs pour que leur unité soit
intelligible. La bataille est-elle réelle en tant qu’unité ? La réalité appartient-elle exclusivement aux éléments ou
les ensembles sont-ils également réels ?
Qu’il nous suffise de quelques remarques, volontairement simples et incontestables, sur ce thème
métaphysiquement équivoque. Dès lors qu’il s’agit d’une réalité humaine, il n’est pas plus aisé de saisir l’atome
que le tout. Si seul l’atome est réel, quel est le geste, l’acte, l’événement qui passera pour le plus petit fragment
de réalité historique ? Dira-t-on que la connaissance historique porte sur le devenir des sociétés, que les sociétés
sont composées d’individus et qu’enfin, seuls ces derniers sont réels ? Effectivement, la conscience est le
privilège des individus et les collectivités ne sont ni des êtres vivants ni des êtres pensants. Mais les individus,
en tant qu’êtres humains et sociaux, sont ce qu’ils sont parce qu’ils on été formés dans un groupe, qu’ils y ont
puisé l’acquis technique et culturel transmis par les siècles. Aucune conscience, en tant qu’humaine, n’est close
sur elle-même. Seules les consciences pensent, mais aucune conscience ne pense seule, enfermée dans la
solitude. Les batailles ne sont pas réelles au même sens et selon la même modalité que les individus physiques.
Les cultures ne sont pas réelles au même sens que les consciences individuelles, mais les conduites des
individus ne sont pas intelligibles isolément, pas plus que les consciences séparées du milieu historico-social.
La connaissance historique n’a pas pour objet une collection, arbitrairement composée, des faits seuls réels,
mais des ensembles articulés, intelligibles.”
Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique. éd. Plon, 1964, pp100-101
Questions :
1) Quel est l’objet de l’histoire, selon Aron ? Les individus ? Non, les sociétés et les États.
2) Quel exemple emprunte-t-il ? Que signifie cet exemple ?
Guerre. Est une abstraction. Bataille. =>Pour autant, s’il y a intelligibilité, c’est de l’ensemble. Il n’y a eu de
réalité consciente ou de faits que dan les détails. Pas dans l’ensemble. Cependant, il y a une intelligibilité de
l’ensemble.
3) Qu’en déduire de l’interrogation su l’histoire ?
=>Cette intelligibilité est-elle induite par les éléments ? Comment passer du particulier à un universel ? Y-a-t-il
légitimité de la démarche historique qui prétend généraliser et trouver une unité dans la somme des événements
particuliers des consciences ?
4) Question : Et d’abord, qu’est-ce qui constitue le plus petit fragment de la réalité historique ?
Que veut dire ici “Atome” ? Ce qui ne peut être divisé, => ce qui va constituer le plus petit élément composant
une réalité historique. Les consciences ?
Comment Aron critique-t-il les consciences ? Qu’a-t-il à reprocher à ceux qui en feraient le moteur de l‘histoire
?
- Ces consciences sont à jamais éteintes. A part les mémoires, on n’en aura jamais de témoignages.
1
- Si ont eu une réalité, pour autant, cette réalité n’est jamais isolable.
=>Bref, question centrale est : Qu’est-ce qui constitue un événement historique ?
5) Quels ordre de réalité distingue-t-il ?
- réalité humaine
- réalité matérielle
- réalité intelligible : celle du sens.
=>Bref, existe un faisceau de causes et de raisons qui s’entrecroisent. Comment en dégager l’unité intelligible ?
A retenir donc : ce ne sont pas les individus qui sont les acteurs de l’histoire : mais les sociétés et les États.
L’HISTOIRE COMME PROLEME PHILOSOPHIQUE
Le pb philosophique concernant l’histoire est double.
=> Distinguer deux sens du mot :
Question : quels sens ?
- le devenir historique. Réalité humaine en tant qu’inscrit dans réalité phénoménale et sociale. Les
événements des siècles passés. L’histoire comme essentiellement histoire de l’humanité. Les animaux n’ont pas
d’histoire : seul l’homme la fait. L’ensemble des faits du passé de l‘humanité.
- l’enquête et le récit de l’historien. On dira l’activité de l’historien qui rapporte ces faits. On appelle
historiographie. Discipline.
=>Immédiatement apparaît pb : Lequel ?
I - Peut-on faire confiance à historien et historiographie pour rapporter fidèlement l’histoire ?
En effet, on parle aussi d’histoire pour littérature, et roman. Or ici historiographie prétend à l’objectivité.
Mais comment prétendre à science ?
- observation pas directe mais archives et documents, voire parfois témoignages.
- hypothèse : soit mais comment vérifier ? Les faits sont révolus. Pas d’expérience de ce passé possible.
Différent de physique ou biologie : Formulent des hypothèse à partir de faits construits. Historiographie = pas
de faits seulement témoignages. ou archives.
Mais aussi pas d’expérience répétables. Faits historiques sont uniques par essence. L’événement a disparu.
=> Interprétation historique ne peut être objective au sens de sciences de la nature. Pas d’utilisation de la même
méthode. => Impartialité est impossible.
Question : Que faudrait-il pour que l’historien soit objectif ?
- énumérer les faits. =>devrait se limiter à des phrases telles Mitterrand = président république française
de 1981 à 1995. Mais ce fait brut même, ne l’est pas !
Question : pourquoi ?
Parce que le choix de ce qui va constituer l’événement historique n’est jamais objectif. Attribution subjective
ou idéologique de l’historicité d’un fait. Choisir ou privilégier les dates de l’histoire politique, c’est par ex. ,
Présupposer que les événements sociaux ou culturels sont moins importants pour la formation des sociétés
passées. On instaure une hiérarchie.
2
Ex. : Rousseau, Émile, IV, pp309-310 : donner à lire le texte. le bonheur ne fait pas histoire, et les peuples
paisibles tombent dans l’oubli. : Histoire exclusivement histoire violente. Et il n’est pas possible de relater
objectivement un fait historique. En reprenant l’ex. De la bataille.
Reproche de l’école française des Annales, au XX. Années 30, avec Duby, Braudel => Veulent étudier
l’histoire sous tous ses aspects. Histoire, comme historiographie, va comprendre des études démographiques,
géographiques, économiques et sociales.
Ex. : Duby, Étude sur St Bernard, fondateur de l’ordre cistercien
- Étude de Fernand Braudel, La méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, sur
le bassin méditerranéen, qui va devenir comme acteur de l’histoire. C’est seulement dans la troisième partie de
l’ouvrage que Braudel aborde le détail des événements, les conflits entre espagnols, turcs, et Français. Mais il a
d’abord situé le cadre géographique puis analysé les grands problèmes économiques, financiers, militaires de
l’empire espagnol. cf. texte :
=> Cependant, métier d’historien pose pb : Histoire n’est pas une science expérimentale : ne pas la confondre
avec sciences de la nature. Triple objection à la prétention de l’histoire de se constituer comme science :
- pas d’observation directe du fait en histoire (puisque l’histoire se définit comme la connaissance du
passé)
- Même si une connaissance du passé est possible, elle demeurera subjective : l’historien est l’homme
d’une époque, d’un pays et d’une classe. Il ne donnera vie au passé qu’en se projetant, lui avec ses valeurs et
ses préoccupations contemporaines.
-
expérimentation est impraticable en histoire, l’historien ne peut aboutir à poser des lois. Il raconte,
mais n’explique pas.
Comment travaille historien ?
Connaît le passé par ses traces :
- lit les textes de l’époque étudiée;
- répertorie et analyse ce qu’il reste du passé;
- monuments, oeuvres d’art, => Ne doit pas croire que cela donne une image fidèle du passé. Ne
serait-ce que la langue qui a changé.
Aussi, pas même statut
Sciences = cherchent lois universelles qui régissent les phénomènes. Kant dit que science avance par jugements
déterminants. Cad : on va ranger (subsumer) les phénomènes sous des lois universelles. EX. : chute de ce corps
= régit par loi d’attraction universelle. On part des lois générales pour expliquer, déduire les cas particuliers.
=> Différent avec histoire. L’historien ne peut procéder par jugements déterminants. Tente avt tout de
faire comprendre chaque époque en interprétant vestiges. Reconstruit le passé.
Les documents sont d’abord des témoignages, des récits que nous ont légués les générations précédentes. Mais
ces récits n’ont pas été tous écrits selon les exigences de l’esprit scientifique...
=> On a dit que l’historien se retrouverait dans la situation d’un physicien qui ne connaîtrait les faits que par le
compte rendu d’un garçon de laboratoire ignorant et peut-être menteur..;
=> se méfier de la crédulité naïve. Nécessité de soumettre les documents à une
critique externe (rétablir les témoignages dans leur authenticité primitive, faire la chasse aux interpolations.)
Ex.: considérons la grande histoire juive de Flavius Josèphe, qui date du 1er siècle... Cet auteur donne une foule
3
de détails sur la Palestine de son temps. Dans les manuscrits copiés que nous possédons, il y a une 10aine de
lignes sur Jésus conformes à l’orthodoxie chrétienne (dieu s’est fait homme, a souffert pour la rédemption de
l’humanité, etc...) => ces lignes sont surprenantes pour un homme qui fut hostile aux premiers chrétiens... Tous
les historiens y voient aujourd’hui l’interpolation de qque moine copiste qui, scandalisé par le silence de
Flavius sur Jésus, “complète” le texte à sa manière...
=> par la contradiction des idées, les différences de style, ...
et critique interne. Dans les Mémoires du général Marbot (in Marc Bloch, Apologie pour l’Histoire) ce
dernier raconte que du 7 au 8 mai 1809, il traversa les flots démontés du Danube en crue et enleva sur l’autre
rive des prisonniers autrichiens. La critique, nous dit Marc Bloch, permet de prouver la fausseté du récit. ; on
va le confronter à d’autres témoignages indépendants de celui-là et indépendants entre eux.
=>
- les carnets de marche autrichiens montrent que les troupes n’avaient pas les positions que Marbot leur
assigne
- la correspondance de Napoléon indique que la crue du Danube n’avait pas commencé le 8 mai
- Le 30 juin, Marbot a signé lui-même une demande de promotion où il ne faisait pas état de cet exploit !
=> vérité dans la non-contradiction des témoignages...
Reconstruire le passé ? Pourquoi donc ? Voir le texte de Aron !
Pourquoi ? Pour le rendre quoi ? Texte de Aron : le rendre intelligible. Doit donc rechercher une adéquation
entre les vestiges, les archives et ses hypothèses. Vérité historique tien donc à la cohérence et la force
explicative de l’interprétation.
Ex. : lorsque l’historien lit les mémoires de St Simon, descriptions précises de la cour de Louis XIV. Mais aussi
livre exprime les préjugés de son époque et les opinions d’un courtisan.
=> Historien ne doit pas être naïf devant cet écrit. Ni de mauvaise foi et nier les archives et documents dont il
dispose, même si ces archives ne confortent pas ses analyses.
II - Par ailleurs, le problème de l’histoire ne se borne pas à la question de l’interprétation des faits :
Kant dira que penser l’histoire se fait par jugement réfléchissant. CAd qu’on ne dispose pas de lois universelles,
mais qu’on doit, à partir d’événements particulier, essayer d’expliquer le cours de l’histoire, trouver un sens
possible à l’histoire.
=> C’est ce qu’il se propose de faire dans l’Idée d’une Histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique.
II - => deuxième pb sur l’histoire : ne va plus se porter sur la question de l’objectivité de l’historien, mais
sur le sens éventuel de l’histoire de l’humanité.
=> De l’histoire particulière à une histoire universelle ? Peut-on penser un progrès de l’histoire ? Une histoire
de l’humanité qui indiquerait sa direction, qui ne serait pas une fatalité, comme l’histoire de la violence ?
=>En effet, histoire st remplie à chaque époque, de guerres effroyables, folies criminelles, passions
insensées. Cf. Texte de Hegel, tiré de La raison dans l’histoire. Devant ce chaos, une question surgit, celle-là
même que Hegel ou Kant se posent : l’histoire a-t-elle un sens ? Ou peut-on encore espérer qu’un sens se
dissimule dans la mêlée confuse des événements ?
Kant fait le même constat que Hegel : histoire apparemment dépourvue de sens. Mais il y a un espoir.
L’humanité peut être pensée comme si elle était en progrès. Serait orientée vers un progrès continuel de
l’humanité. Les guerres seraient une partie de la marche vers ce progrès, en constituant des conditions de guerre
peu à peu insoutenables économiquement et politiquement.
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Histoire (grand H) = histoire humaine.
- homme est déterminé historiquement. Il est ce que l’histoire a fait de lui( histoire de sa société, de la
civilisation, etc.
- liberté et nature sociale => transformations de son monde. Travail sur la nature et civilisations.
Cependant, à 1er regard => On ne voit que misères, guerres, faisceaux d’événements partiels et
multiples =>Parait dans son inanité.
Si on pense processus global et continu =>Aboutit à une vision tragique de l’histoire. Souffrance et passions.
=> Pourtant, dire histoire = fatalité = nier histoire. Une telle proposition tombe sous le coup de ce qu’elle
dénonce : c’est juste une hypothèse, idéologie. Nier qu’homme = acteur de sa destinée ou de sa destination =
simple idéologie d’interprétation.
=>Essayer de comprendre que l’histoire n’est pas la totalité humaine, même s’il est essentiel de comprendre
qu’en tant que sommes déterminés, sommes déterminés dans l’histoire.
=> Et aussi, substituer à l’idée d’une histoire globale telle que Kant ou Hegel décrivent, une histoire
pragmatique, ne peut-il pas nous permettre d’être acteurs de notre histoire en en fournissant quelques clefs.
Offrira une action cohérente possible.
I - Comment histoire peut apparaître comme emprunte de fatalité :
A) en 1ère analyse : histoire apparaît plurielle et multiple à un observateur.
- H Comme réalité historique, succession d’événements => nous frappe par son morcellement.
- violence y est reine, impuissante à donner sens quelconque.
=>apparaissent une multitude éclatée d’histoires. La poussière des multiplicités des faisceaux historiques
particuliers, sans aucun ppe d’intelligibilité.
=>Homme = inscrit dans histoire et semble y être un acteur INVOLONTAIRE des passions qui assujettissent :
guerres, luttes de pouvoirs, conflits reviennent avec une régularité, dont par ex. Le XXème est jonché.
=>2 guerres mondiales = paroxysme.
=>Homme apparaît jouet des événements. : ne peut les contrôler. =>Témoin impuissant.
Aussi, il est possible de penser une fatalité de l’histoire. Au sens abdéritiste du mot. Où vaine agitation
des hommes serai impuissante à les guérir des maux dont ils souffrent !
=>Histoire serait un tissu de folie, par analogie aux habitants d’Abdère qui à l’issu d’une représentation de
l’Andromède d’Euripide, furent saisis de folie collective. Courant dans les rues en déclamant les vers
d’Euripide.
Mais, lecture orientée du DOFI de Rousseau => révèlerait une tendance des hommes à faire progresser
leur propre malheur. Dès la sortie de l’état de nature, et entrée dans l’ordre civil. Fondation de l’humanité serait
origine de la misère grandissante de l’humanité. Développant les inégalités, les luttes pour le pouvoir, et
l’impuissance à en maîtriser les éléments. Ni le cours.
=> H comme processus apparaît donc comme mise en marche inéluctable de la violence par des
institutionnalisations successives (propriété privée, etc..)
Du mythe du bon sauvage (préhistoire de l’humanité) à l’histoire des états et sociétés => Progrès de l’inégalité.
Moteur de l’histoire humaine.
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=>H peut donc apparaître comme
- vaine, dans son inanité, absurde ; conception abdéritiste
- inexorablement entraînée dans un processus continu de déchéance. Conception terroriste
Ca peut encore se renforcer par une autre fin possible de l’histoire. Terme de l’humanité toute entière.
=> Discours scientifique à l’appui de cette thèse.
2nd ppe de thermodynamique de Cournot, entropie. Dégradation de l’énergie de l’univers qui se transforme en
formes de moins en moins utilisables. Dans système isolé, proportion d’entropie (désordre) a tendance a
augmenter. =>Tout système physique tend à perdre sa structure et évoluer vers chaos= >destruction de
l’humanité.
=>Alors, parler de l’histoire de l’humanité n’a plus de sens. Tend vers absence de tout ordre, de toute
organisation. Si par miracle qqun survivait, il n’y aurait plus rien à observer.
=>Fatalisme historique. Quoi que l’on fasse, la fin arrivera. =>seul processus = celui de l’échec humain radical.
=> Toute idée de liberté est niée. Sonne le glas de l’idée même d’histoire. Homme marionnette. Tel Oedipe,
héros tragique réalisant à son corps défendant, et pour sa plus grande peine, la prophétie à laquelle il concourt
sans le savoir.
= >Remarque : toutes ces conceptions ont une faille.
1) Pas principe explicatif des séries causales, mais de simples jugements réfléchissants. CAD partent du
particulier et tentent de définir une loi générale. Sophisme scientifique. Négation même de l’histoire. Ici
différent du simple déterminisme. Pensée non-liante.
=> Prétention à universel à partir du particulier, et non à partir des lois qu’on a découvertes.
2) D’autre part, considérer inanité du monde = ? Réduction de l’histoire à quelques uns des phénomènes
dont régularité ne suffit pas à épuiser la totalité. Prétention à la totalité à partir de certains faits qui sont définis
et observés de manière subjective.
Ad = guerres et passions ne résument pas l’histoire, et l’historiographie traditionnelle se leurre en prétendant
épuiser les événements.
=> 3) penser l’absurdité de l’histoire humaine, c’est subordonner à une idéologie préexistante, servant
de fil conducteur à une pensée, quelques événements qui seront alors éclairés arbitrairement.
Enfin, pensée fataliste n’épuise pas la liberté humaine. De fait, nous transformons bien plus notre monde
que certaines régularités pourraient le laisser supposer.
Ex. : univers aristotélicien très éloigné du notre, la médecine d’Hippocrate n’est plus notre médecine. C’est
avec peine qu’on tente de les reconstituer.
Transformations des connaissances et des rapports au monde. Pas simple éloignement dans le temps,
mais bien plus culturel.

Ex. : le ciel aristotélicien peuplé de Dieux, était beaucoup plus réel que celui sublunaire qui l’imitait. (Forme
dégradée) => Quel rapport avec notre espace infini physico-mathématique ?
=>l’Homme constitue son propre monde. En transformant sa pensée et la nature.
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Donc, il est cependant, possible de penser avec Kant, sinon un destin, une destination de l’humanité.
Tentative pour écrire une histoire globale. Dont le sens peut être pensé, dans L’idée d’une histoire universelle
d’un point de vue cosmopolitique.
Kant examine processus historique sous l’éclairage d’une finalité de la nature. Finalisme pas réductible à
fatalisme : ne nie pas liberté humaine. La fin reste subordonnée à la volonté humaine.
Plus un “quoi que nous fassions”, mais seulement par la bonne volonté que nous pourrons atteindre cette fin.
Par des signes. Je vais en trouver dans l’histoire => Pouvoir penser un sens de l’histoire. Sans pouvoir le
connaître. Reste une “Idée de la raison”. Jugement réfléchissant, interprétation cohérente des signes avérés.
L’homme, inachevé dans la nature va devoir se réaliser lui-même par médiation de l’histoire, afin de
gagner le respect de soi-même.
Nature a mis raison en moi => Ne peut servir qu’à une fin morale.
Or société régie par insociable sociabilité (besoin et refus des autres) =>Guerres, chaos, mais en même temps,
évolutions sociétés vers une complexité et États de droits => relations internationales et commerciales de droits.
=> Cosmopolitisme régissant la vie en société => Se comporter selon apparence morale (par le droit) =>se
comporter moralement.
=>Comprendra son véritable intérêt règne de la violence sera rendu impossible par enchevêtrement des États et
intérêts liés.
Avènement possible d’un règne des fins où chaque homme sera considéré non seulement comme un moyen,
mais toujours aussi comme une fin.
=> Homme, véritable acteur de l’histoire, a un rôle à jouer en tant qu’il s’y inscrit, par sa simple liberté et sa
simple raison.
=> on voit que finalisme différent de fatalisme, en ce sens que fin de l’histoire sera atteinte, mais sans
que cela soit incompatible avec liberté humaine. => Kant pense les conditions de possibilité d’une histoire
compatible avec liberté humaine.
Certes individu entre toujours dans un monde déjà sensé, déjà constitué. Et le partage avec toute sa
communauté. Il n’invente pas ses :
- langage
- valeurs
=> Dès qu’il cherche à changer, à modifier le sens du monde, dans lequel il est jeté, il s’en tient à vouloir
changer ce qui est reconnu et déjà sensé.
=> Ad, l’homme fait ce que bon lui semble, mais ce “bon” est déjà le produit plus ou moins réalisé par la
communauté ou la société dont il fait partie.
=> C’est véritablement dans les termes des sa communauté historique que l’individu pensera son action
possible dans l’histoire.
=> Question : cette liberté humaine présente dans l’histoire, est-elle suffisante pour rendre compte de la totalité
de l’homme ? N’y a-t-il pas quelque chose qui échappe à l’histoire, en l’homme ?
Diversité des productions et créations humaines certes s’inscrivant dans l’histoire, cela ne signifie nullement
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irréductibilité de l’homme à son histoire.
=> Se méfier des discours historicistes qui prétendent épuiser l’homme.
Ex. : le théorème de Pythagore (Weil, Philosophie politique) a certes été découvert au cours de
l’histoire, et en tant que tel reste un événement historique. Cette découverte n’aurait pu s’effectuer en d’autres
circonstances, à n’importe quel moment. Ad il y a des conditions qui l’ont rendue possible, cette découverte.
Pour autant, origine ne fait pas raison.
Cad que l’intelligibilité du théorème est encore d’actualité : mieux, elle ne s’inscrit pas dans la temporalité
historique. Il est vrai éternellement. Ad elle fait encore sens pour nous.
=> La démonstration échappe aux déterminations historiques.
Cette actualité de la pensée, on la retrouve aussi en philosophie, où les textes de Platon nous parlent encore, et
parle de nous, en ce que nous sommes encore en proie à la triple problématique
- de l’individu qui cherche la satisfaction,
- du citoyen qui veut la vertu,
- de l’esprit qui réclame le savoir.
Aussi, notre lecture de Platon ne relève pas de l’intérêt historique, de la curiosité archéologique, ni de
la fuite des pbs présents dans la passé, dans un monde culturel rassurant. Platon reste un ami très actuel.
De même pour les Méditations métaphysiques,
Ne nous parlent pas de l’errance psychologique d’un individu, mais nous décrivent l’itinéraire d’un esprit, en
proie à l’étonnement et au doute, non pas personnel, non pas biographique, : le sujet de ce moi qui pense et qui
peut penser en chacun de nous, et qui s’adresse à l’interlocuteur idéal, écoutant avec sa raison, et non pas un
simple interlocuteur historique.
=>
On comprend donc que réside en l’homme quelque an-historicité, qui rend possible, une perspective
humaine sur sa propre histoire. Homme comme être métaphysique. Sujet.
=> Capacité à s’extraire de l’histoire (la raison), irréductibilité à l’histoire=> Histoire = production strictement
humaine, comme événements et comme récits.
En effet, homme est acteur de l’histoire, mais aussi auteur de l’histoire. N’existe d’histoire que pour
l’homme, qu’en tant que une construction intellectuelle, CAD représentation collective de notre vie.
=> Implique un rapport distancié et critique de l’homme vis-à-vis de lui-même et de son histoire. , De ses
actions.
=>Homme se montre historique parce que pensant, se révèle à lui-même aussi dans son histoire, en comprenant
son histoire.
=> Permet de se définir, en définissant une histoire. Ce qu’on va rechercher va en dire long sur ce que nous
pensons être actuellement. Intérêt humain pour l’historiographie. Étude de notre passé. Nous occuper de nos
propres ancêtres, ce n’est rien d’autre que nous occuper de nous-mêmes. Dans le cadre de l’histoire. Le sujet
se cherche. Dans l’empiricité... L’homme cherche à se reconnaître dans ses propres productions.
=> Choix de celui qui écrit l’histoire, qui en dit long sur la façon dont il se pense lui-même. Façon dont il se
renvoie une image du passé afin de comprendre sa propre identité.
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=>Le passé est ce qui est compris comme devant éclairer notre situation présente.
Ex. : Qu’est-ce que les Lumières, de Kant, problématique par Foucault. Cours au collège de France en 1984.
Tentative de Kant de problématiser son époque. De s’interroger sur sa propre actualité. Une époque se met
elle-même en question. , Précise son adage, sa devise (sapere aude) et son appellation ‘les lumières”.
Sortie de la minorité intellectuelle.
=> Aussi, l’histoire comme décision et comme interrogation est révélatrice de l’idéologie à laquelle
elle se réfère.
=> Penser une fatalité de l’histoire, c’est s’interdire toute action sur elle. La rendre effectivement impensable et
impossible. C’est encore un choix libre.
Par contre, tout à fait possible de poser l’histoire comme élément constitutif de notre identité.
Fournissant des séries explicatives et fournissant un usage collectif ou individuel du récit historique.
- histoire des sciences = pas le même objectif qu’une histoire politique. Ou économique. Différentes
causalités. Nous renseigne sur des démarches qu’il est raisonnable de suivre afin d’atteindre certains buts.
=>Cependant ne peut se substituer à la morale ou la philosophie pour tenter de penser la totalité de
l’humanité ou d’imposer des valeurs. Ne peut rendre compte de l’humanité toute entière. Reste un savoir
partiel.
=>retenons donc que fatalité et histoire sont deux données contradictoires.
- pense fatalité, c’est nier l’histoire,
- vice-versa.
=> Histoire apparaît comme reflet collectif dont les individus se pensent offre aux individus des moyens
d’agir, de refuser même l’idée d’inanité de l’histoire.
Conclusion :
L’homme n’est pas tout entier dans l’histoire, Mais il y a en lui qqchose qui lui permet de la juger.
Philosophie ne se constitue qu’en exerçant un regard critique de l’esprit face à ce qu’il se propose, l’ordre des
valeurs étant toujours tenu distinct de celui des faits.
Il ne peut exister de philosophie que si pensée libre. Rejeter cette affirmation, c’est se placer en dehors de toute
philosophie, c’est faire de l’histoire un dieu, et préférer l’aveugle déroulement des choses à la conscience des
hommes.
=>Penser une fatalité de l’histoire, c’est nier le discours philosophique.
Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée :
Ce livre se divise en trois parties, chacune étant en soi un essai d’explication. La première met en cause
une histoire quasi immobile, celle de l’homme dans ses rapports avec le milieu qui l’entoure une histoire lente à
couler, à se transformer, faite souvent de retours insistants, de cycles sans cesse recommencés. [...]
Au-dessus de cette histoire immobile, se distingue une histoire lentement rythmée : [...]une histoire
sociale, celle des groupes et des groupements. Comment ces vagues de fond soulèvent-elles l’ensemble de la
vie méditerranéenne, voilà ce que je me suis demandé dans la seconde partie de mon livre, en étudiant
successivement les économies, les États, les sociétés, les civilisations, en essayant enfin, pour mieux éclairer ma
conception de l’histoire, de montrer comment toutes ces forces de profondeur sont à l’œuvre dans le domaine
complexe de la guerre. Car la guerre, nous le savons, n’est pas un pur domaine de responsabilités
individuelles.
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Troisièmement enfin, celle de l’histoire traditionnelle, si l’on veut de la dimension non de l’homme mais de
l’individu [...] : de toutes c’est la plus passionnante, la plus riche en humanité, la plus dangereuse aussi.
Méfions-nous de cette histoire brûlante encore, telle que les contemporains l’ont sentie, décrite, vécue, au
rythme de leur vie, brève comme la nôtre. Elle a la dimension de leurs colères, de leurs rêves et de leurs
illusions. [...] Ainsi sommes-nous arrivés à une décomposition de l’histoire en plans étagés. Ou, si l’on veut, à
la distinction, dans le temps de l’histoire d’un temps géographique, d’un temps social, d’un temps individuel.
Fernand Braudel, La Méditerranée, et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II
Pourquoi le temps géographique est-il le plus lent ?
Pourquoi faut-il se méfier de l’histoire “traditionnelle” ?
L’auteur estime-t-il qu’il doit choisir entre ces trois types d’histoire ?
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Pour connaître les hommes, il faut les voir agir. Dans le monde, on les entend parler ; ils montrent leurs
discours et cachent leurs actions : mais dans l’histoire, elles sont dévoilées, et on les juge sur les faits. Leurs
propos même aident à les apprécier ; car, comparant ce qu’ils font à ce qu’ils disent, on voit à la fois ce qu’ils
sont et ce qu’ils veulent paraître : plus ils se déguisent, mieux on les connaît. Malheureusement cette étude a ses
dangers, ses inconvénients de plus d’une espèce. Il est difficile de se mettre dans un point de vue d’où l’on
puisse juger ses semblables avec équité.
Un des grands vices de l’histoire est qu’elle peint beaucoup plus les hommes par leurs mauvais côtés que par
les bons ; comme elle n’est intéressante que par les révolutions, les catastrophes, tant qu’un peuple croît et
prospère dans le calme d’un paisible gouvernement, elle n’en dit rien ; elle ne commence à en parler que quand,
ne pouvant plus se suffire à lui-même, il prend part aux affaires de ses voisins, ou les laisse prendre part aux
siennes ; elle ne l’illustre que quand il est déjà sur son déclin ; toutes nos histoires commencent là où elles
devraient finir. Nous avons fort exactement celles des peuples qui se détruisent ; ce qui nous manque est celle
des peuples qui se multiplient ; ils sont assez heureux et assez sages pour qu’elle n’ait rien à dire d’eux : et en
effet nous voyons, même de nos jours, que les gouvernements qui se conduisent le mieux sont ceux dont on
parle le moins. Nous ne savons donc que le mal ; à peine le bien fait-il époque. Il n’y a que les méchants de
célèbres, les bons sont oubliés ou tournés en ridicule : et voilà comment l’histoire, ainsi que la philosophie,
calomnie sans cesse le genre humain.
De plus, il s’en faut bien que les faits décrits dans l’histoire soient la peinture exacte des mêmes faits
tels qu’ils sont arrivés ; ils changent de forme dans la tête de l’historien, ils se moulent sur ses intérêts, ils
prennent la teinte de ses préjugés. Qui est-ce qui sait mettre exactement le lecteur au lieu de la scène pour voir
un événement tel qu’il s’est passé ? L’ignorance ou la partialité déguise tout. Sans altérer même un trait
historique, en étendant ou resserrant des circonstances qui s’y rapportent, que de faces différentes on peut lui
donner ! Mettez un même objet à divers points de vue, à peine paraîtra-t-il le même, et pourtant rien n’aura
changé que l’œil du spectateur. Suffit-il, pour l’honneur de la vérité, de me dire un fait véritable en me le
faisant voir tout autrement qu’il n’est arrivé ? Combien de fois un arbre de plus ou de moins, un rocher à droite
ou à gauche, un tourbillon de poussière élevé par le vent ont décidé de l’événement d’un combat sans que
personne s’en soit aperçu ! Cela empêche-t-il que l’historien ne vous dise la cause de la défaite ou de la victoire
avec autant d’assurance que s’il eut été partout ? Or que m’importe les faits en eux-mêmes, quand la raison
m’en reste inconnue ? Et quelles leçons puis-je tirer d’un événement dont j’ignore la vraie cause ? L’historien
m’en donne une, mais il l’a controuve ; et la critique elle-même, dont on fait tant de bruit, n’est qu’un art de
conjecturer, l’art de choisir entre plusieurs mensonges celui qui ressemble le mieux à la vérité.
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Rousseau, Émile, IV, pp 30-310, Garnier-Flammarion.
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