C`est à partir de 2006 que se mêlent alors amitié et hiérarchie.

publicité
Virginie WATRIN
IEPS à Libramont
Janvier 2011
Il s’agit de discuter autour de la complexité dans une relation hiérarchique dès
lors que se mêlent relation professionnelle avec relation personnelle.
1 - DESCRIPTION
J’exerce mon métier d’infirmière, au sein du réseau HELP, depuis l’année 2002.
Dans ce réseau, composé de différents partenaires, il y a la Croix Rouge
Luxembourgeoise.
Cette dernière est constituée de différents services et notamment le service
santé : Aide et Soins à domicile nommé Doheem Versuergt.
Doheem Versuergt est une association sans but lucratif, reconnue d’utilité
publique, qui a pour mission de prester, par un personnel formé et qualifié, les
soins d’aides et de services dont les personnes âgées, les malades handicapés
et/ou dépendants ont besoin pour leur maintien à domicile ou dans leur milieu
socio familial.
Elle dispose de 20 antennes de soins à domicile réparties sur l’ensemble du
Luxembourg.
Chacune est située à proximité géographique des patients.
Mon antenne de travail se trouve à Dudelange. Elle est composée de 13
infirmières ,15 aides soignantes, 9 aides socio familiales, 8 femmes d’ouvrage, 1
responsable, 2 adjoints au responsable, 1 kinésithérapeute, 1 ergothérapeute.
Ma « supérieure hiérarchique » se prénomme Valérie. C’est une infirmière
diplômée d’état qui travaille au sein du réseau, à l’antenne de Dudelange, depuis
2001.
Elle a, dans un premier temps, exercé son métier d’infirmière au chevet du
patient, puis, suite à un appel de candidature, s’est proposée volontaire pour le
poste vacant de responsable d’antenne qu’elle occupe depuis 2006.
Le poste de responsable ne requiert aucun diplôme supérieur de cadre de santé
ni de master en management.
Elle a donc pris fonction de ce nouveau travail grâce à son expérience, ses
motivations et ses connaissances du « travail de terrain ».
J’ai rencontré Valérie à l’été 2000, lors d’une soirée entre amis. Dès lors, nous
nous sommes trouvés de nombreux points communs et avons tissé une intime
complicité.
A cette époque ce sont nos valeurs prioritaires communes qui ont contribuées à
souder une amitié réciproque.
C’est par son intermédiaire que j’ai postulé auprès du réseau, qui m’a
embauchée en janvier 2002 pour être affectée à l’antenne de Dudelange.
Nous avons donc travaillé ensemble, en tant qu’infirmières durant 5 ans, dans
une ambiance collégiale souvent qualifiée de familiale. Nous nous entraidions si
nécessaire, partagions nos expériences ainsi que notre savoir faire. Nos objectifs
de travail étaient similaires ainsi que notre conception de la prise en charge du
patient à domicile. Nous sommes alors dans un tandem « collègues- amis ». Je
suis une personne qualifiée de gentille, je n’aime pas les conflits, je cherche
souvent, et cela de façon naturelle, à faire plaisir aux autres sans même prendre
le temps d’écouter mes besoins personnels. Je reste très modeste et prend
aisément une position basse face aux autres.
Valérie est une infirmière qui parle aisément, qui est à l’aise avec les gens, qui
est fidèle à sa ligne de conduite, qui n’aime pas décevoir et de ce fait s’intéresse
aux relations humaines. C’est également, une personne qui aime séduire et qui
exprime clairement que sa priorité est dans le souhait que les gens l’apprécient.
C’est à partir de 2006 que se mêlent alors amitié et hiérarchie.
Ma place dans l’équipe reste la même mais celle de Valérie a changé vis-à-vis
de moi. Au fil des semaines nos relations personnelles se font rares. Valérie ne
participe plus à nos sorties et me contacte que très rarement. Au travail, je
n’arrive plus à me situer lorsque je suis en face d’elle, déroutée par son
changement de statut.
Nous vivons alors notre premier quiproquo. Permettez-moi de vous le décrire,
pour ensuite l’analyser et tenter d’apporter des pistes de réflexion afin de tenter
d’améliorer notre capacité relationnelle face à ce changement de statut.
« Certaines de mes collègues infirmières et aides soignantes me confient être
lésées quant aux demandes de congés formulées pour les futures vacances
scolaires, prétextant que plusieurs postulantes n’ont pas d’enfants. Elles estiment
que ces dernières ne doivent pas être prioritaires pour ce désidérata. Elles
m’avertissent alors que ces mésententes risquent de générer un conflit dans
l’équipe, méconnu par Valérie. Personnellement, je n’ai pas posé de congés sur
cette période mais, je profite d’une conversation téléphonique pour m’entretenir
avec elle à ce sujet, lui suggérant de prêter attention sur sa prise de décision
quant à l’acceptation des congés. Je lui relate quelques exemples concrets de
collègues qui, n’étant pas mère, ne supposeraient pas être prioritaires. Valérie se
tait et raccroche. Ce mutisme m’interpelle rapidement. Je lui fais part de mon
étonnement quant à son attitude à mon égard. Elle me verbalise alors clairement,
d’un ton ferme et déterminé, que je n’ai en aucun cas à lui dicter une conduite,
qu’elle connaît parfaitement la conduite à tenir envers son équipe et qu’elle
assumerait entièrement sa décision finale. Sensible face à son discours et son
attitude, me sentant incomprise et rabaissée et surtout ayant généré ce
quiproquo, je me suis mise à pleurer auprès de mes collègues. Nous n’en
n’avons plus reparlé, mais dès lors je n’ai plus osé lui donner mon avis sur
quelconque situation, conflictuelle ou non, aujourd’hui, nous ne nous
fréquentons plus. »
2 - ANALYSE PERSONNELLE
L’égalité nécessaire dans notre relation amicale a été perturbée dès lors de mon
arrivée dans l’entreprise et par la suite, à cause du changement de position
hiérarchique de Valérie.
Il m’est difficile de rentrer dans mon rôle de collègue sans tenir compte de
l’affection que je lui porte et vis et versa. Pour cela, il nous aurait fallu séparer
ce qui relève de la sphère professionnelle du domaine privé pour ainsi être plus
vigilantes afin de ne pas perturber l’équilibre qu’il y a à faire entre les deux. Or
cela n’a pas été le cas dans notre relation. Notamment lors de nos sorties privées
où souvent l’on est amenées à parler de travail et à émettre un avis sur des
situations X professionnelles.
Nous n’étions pas préparées au changement d’affectation, voyant de ce fait nos
rapports professionnels se compliquer car trop chargés affectivement.
Le fait d’avoir des affinités personnelles avec Valérie avant d’entrer dans
l’entreprise a fait que je n’ai su garder une distance professionnelle, engendrant
un défaut de communication.
S’en suit l’évolution professionnelle de Valérie mettant un frein à notre amitié.
En effet, en acceptant le poste de responsable, la place de Valérie au sein de
l’équipe, ainsi que de ma position d’infirmière, a changé.
Je n’étais pas préparée à ce changement professionnel et c’est pourquoi je n’ai
pas su adopter l’attitude adéquate vis-à-vis d’elle. Prendre du recul vis-à-vis
d’une « collègue amie » ne m’a pas semblé utile et nécessaire car j’avais
pleinement confiance en l’équilibre de notre relation professionnelle et privée.
J’ai écouté mes collègues, fait preuve d’un trop plein d’empathie, rentrant ainsi
trop dans la peau de mes confidentes sans prendre le temps nécessaire pour
analyser la situation. J’ai jugé utile d’avertir Valérie alors que je n’étais même
pas concernée par ce problème organisationnel. Me paraissant de bonne foi et
d’une manière naturelle, la démarche que j’ai adoptée auprès d’elle n’a pas été
interprétée comme je l’aurais souhaité et c’est pourquoi j’ai émis dès lors une
certaine précaution dans nos rapports, sans les charger par la suite affectivement.
Je ne suis pas restée à ma juste place dans l’équipe. « Manipulée » affectivement
et ce à cause des affinités que j’éprouve envers certaines de mes collègues, j’ai
été déstabilisée. C’est pourquoi j’ai mélangé hâtivement ma philosophie du
comportement au travail avec celle du domaine privé croyant naïvement que
Valérie l’adopterait.
Je n’ai pas pris le temps et le recul nécessaire face à leur discours et leurs
revendications, voulant à tout pris maintenir une harmonie non conflictuelle au
bureau.
Cependant, il aurait été préférable de reformuler leurs attentes, d’observer et
d’attendre les suites plutôt que d’imposer à ma supérieure une règle de conduite
à tenir vis-à-vis de son équipe.
Je peux émettre alors l’hypothèse suivante : « si on ne peut s’empêcher d’avoir
ou de créer des relations amicales sur notre lieu de travail alors, il est possible de
choisir de s’en priver par peur de ne pas savoir les gérer. »
3 - ANALYSE À PARTIR DU COURS
La première analyse que je peux effectuer selon les outils reçus en cours, est
évidemment faite à partir de l’indicateur typologique Cailloux-Cauvin et les
types psychologiques Jungiens.
Après l’élaboration de mon profil de personnalité, il s’avère que je prends
conscience des causes de certaines de mes attitudes vis-à-vis de l’équipe, de
Valérie, mais aussi vis-à-vis de moi-même.
Au vu des résultats de ce test, je suis qualifiée comme étant Introvertie,
Sensation, aux valeurs subjectives,Percetion.
Dévouée et gentille, je tente d’éviter les conflits et j’aime travailler dans une
ambiance sereine. D’une nature introvertie, je parle après avoir réfléchi, or, il
peut m’arriver d’être influencée par une voire des personnes que j’apprécie. Je
vis alors l’instant sans réfléchir aux conséquences. De ce fait, si l’on me fait
remarquer que je n’adopte pas la bonne attitude, au quel cas on en vient à me
faire des reproches, alors je suis facilement déroutée car je sais personnellement
que je n’aime pas me précipiter. Il aurait fallu que je prenne du recul face à la
situation plutôt que de subir des remontrances qui n’auraient pas eu lieu d’être.
Evidement, j’ai un trop plein d’empathie et ne sait pas dire non. Je suis loyale et
fidèle aux devoirs et obligations envers les personnes ou les choses qui comptent
pour moi. Mon entourage le sait,… que je suis une bonne écoute ! C’est
pourquoi, il réussi à obtenir de moi d’être le porte parole de l’équipe faute de
vouloir faire trop plaisir à trop de personnes à la fois. Je fais trop confiance en la
bonne fois des gens. La preuve en est, il m’arrive alors de me faire avoir car je
n’ai pas tenu compte des faits et de leurs logiques. J’en tire une leçon
personnelle.
S’en suis cette analyse avec l’étude du second outil étudié en cours abordant le
sujet de « comment choisir la bonne approche ? ».
Le résultat obtenu à la fin du test met en évidence que j’aborde les gens par le
biais d’une approche explicative.
Mon rôle étant de mobiliser et de faire adhérer, je n’ai pas réfléchi à la position
hiérarchique du responsable et donc sur sa prise de décision. Valérie, seule, est
capable d’autorité et doit parvenir à l’obtention d’un résultat sans me concerter.
J’ai certes été manipulée par mes collègues mais j’ai cru que de part nos rapports
affectifs et confiants elle comprendrait mes propos et adhérerait au même avis
que moi, j’ai tenté en tout cas de l’en persuader. J’en tire encore une fois une
leçon personnelle !
Selon le style de communication, j’en conclue que Valérie a eu une bonne
écoute. Elle est parvenue à entendre mes propos et a su affirmer sa position
après avoir saisi la mienne. A l’inverse de moi qui n’est pas su contrôler mon
affect lors du feed back critique de Valérie. J’ai investi beaucoup d’énergie à
vouloir éviter le conflit valorisant toujours l’harmonie. J’ai trop essayé de
comprendre les autres et j’ai spontanément adopté un style d’écoute active,
recherchant de suite une solution avantageuse pour mes collègues.
4 - QUELQUES PISTES D’ACTIONS EN VUE D’UNE AMELIORATION
- Etre consciente des limites de l’amitié au travail permet de mieux
l’apprécier quand elle existe réellement et de se prémunir du pire en cas
de dérapage.
- Se fixer des règles élémentaires de base pour travailler dans un climat de
confiance : être à l’écoute des autres (mais fermée aux ragots) tout en
contrôlant ses émotions et ses sentiments ainsi que ceux de son entourage
professionnel.
- Communiquer efficacement, apprendre à dire les choses de manière
constructive, d’abord en observant, mais attention à ne pas porter de
jugement. Pratiquer une écoute active en tentant de comprendre ce que
l’autre veut me dire. Avoir une attitude empathique sans se laisser
déborder par les émotions et piéger par les élans affectifs. Utiliser un
vocabulaire précis, simple, dédramatisant. Comprendre les besoins et les
attentes de notre interlocuteur.
- Avoir ses limites, ne pas porter de jugement, ne pas interpréter, ne pas
minimiser, ne pas ironiser mais ne pas fuir non plus !
- Apprendre à savoir dire « non » !
- Ne pas systématiser le conflit comme étant une étape négative et non
constructive pour une équipe. Admettre qu’il est alors préférable de
rechercher, par le biais d’outils d’aides à la démarche de résolutions de
problèmes, les moyens à mettre en place pour satisfaire au mieux les
désidératas d’une équipe ainsi que ses conditions de travail.
- Prendre systématiquement du recul afin d’élargir sa vision des faits.
Téléchargement