Géopolitique de l`Afrique avant 1914

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l'Afrique: le continent
oublié
I. Introduction
Les pays d'Afrique subsaharienne ont affiché des résultats économiques décevants dans
les années 80 et au début des années 90, la plus grande partie de la région se montrant
incapable de rompre avec un scénario de croissance faible (voire de recul) du revenu par
habitant, de forte inflation et de difficultés de balance des paiements. Entre 1995 et 1997,
toutefois, les performances se sont améliorées et le revenu réel par habitant a commencé
à progresser. Si le redressement des termes de l'échange y a aussi contribué, cette
embellie a été possible avant tout parce que de nombreux pays se sont engagés à mener
une politique macroéconomique saine, à s'ouvrir davantage sur l'extérieur, à mieux gérer
leur économie et à relever le formidable défi économique et social lancé à l'ensemble de
la région. Là où les autorités ont tenu ce cap, la croissance s'est accélérée et la pauvreté a
reculé. Souvent, cette nouvelle politique a été adoptée dans le cadre de programmes à
moyen terme appuyés par le FMI et la Banque mondiale.
En dépit des progrès récents, la croissance reste fragile, les niveaux de vie sont toujours
très bas et la pauvreté est endémique. Les indicateurs d'éducation et de santé demeurent
médiocres et, dans certains pays, le rythme des créations d'emplois ne parvient pas à
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suivre celui de la population active. Les économies restent à la merci des aléas
climatiques (sécheresse, inondations) et sont toujours fortement tributaires des aides
extérieures concessionnelles. La région n'a pas été capable de tirer pleinement profit du
processus de mondialisation. L'idée d'un engagement plus actif de la communauté
internationale se heurte, dans la plupart de ces pays, à une série d'obstacles : l'insuffisance
des infrastructures et les carences de l'administration ; l'accès limité aux technologies de
l'information; le manque d'équipements de communication; l'état encore embryonnaire
des services financiers et la faiblesse de l'appareil judiciaire. Enfin, plusieurs conflits
armés assombrissent les perspectives économiques de la région et, dans de nombreux
pays, la propagation du SIDA/VIH abaisse la productivité de la main-d'œuvre et les
conditions de façon alarmante.
I/Géopolitique de l’Afrique contemporaine :L’Afrique, continent oublié ?
Les indépendances ont été source de beaucoup d’espoirs pour les peuples africains ; il a
fallu malheureusement, dans de très nombreux cas, déchanter. La colonisation n’était pas
à elle seule responsable des difficultés économiques et sociales du continent. On pourrait
accuser le « néo-colonialisme », ce maintien d’une domination économique de la part des
anciennes puissances tutélaires – ou de nouvelles puissances. Cette forme de domination
existe, certes, en Afrique, mais les maux de l’Afrique ne viennent-ils pas plutôt de ce que
ce continent n’a suscité qu’un intérêt limité, qu’il n’est pas vraiment intégré à l’économie
et à la géopolitique mondiale ?
A. Un espace d’une grande hétérogénéité .
1/ L’Afrique apparaît comme le continent des PMA (pays les moins avancés) : sur
une cinquantaine de PMA dans le monde, 34 sont en Afrique, soit plus de 70 % des pays
africains (mais seulement 27 % de la population totale du continent). La moyenne de
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l’IDH de l’Afrique sub-saharienne est à moins de 0,5 et le premier Etat africain, la Libye,
n’apparaît qu’au 58ème rang (0,794). Inversement, 23 des 25 derniers Etats du
classement par IDH sont africains et 15 ont un indice particulièrement faible (égal ou
inférieur à 0,4). Dans 22 pays africains (sur une cinquantaine), le RNB/hab. est inférieur à
1 $ par jour.
2/ Certains pays ont de meilleurs niveaux de développement. C’est le cas en
particulier de l’Afrique du Nord, dont le niveau de développement est médian (entre 0,6
et 0,8), et de l’Afrique du Sud. Ces pays disposent même d’une base industrielle. En
revanche, même des Etats pétroliers comme le Nigeria ou l’Angola ont un IDH faible
(l’Angola fait partie des PMA). Par ailleurs l’Algérie illustre le cas d’une dépendance aux
hydrocarbures (95 % des recettes d’exportation, 30% du PIB) qui tourne à l’intoxication.
3/ Vaste continent de plus de 30 millions de km², l’Afrique est composée de
plusieurs sous-ensembles. Le Sahara constitue une vaste « mer intérieure » de près de
8 millions de km² (1/4 du continent), individualisant nettement le Nord. L’Afrique
centrale est le royaume de la forêt humide, très dense et peuplée de façon discontinue.
L’Est et le Sud sont formés de hautes terres, où la vie est plus facile car la chaleur est
atténuée et les maladies plus rares ; c’est dans cette région de hauts plateaux et de massifs
montagneux (Kilimandjaro, 5900 m), entrecoupés de grands lacs, que prennent naissance
la plupart des fleuves africains (à l’exception du Niger et du Sénégal) ; c’est aussi
l’Afrique dominée par les langues bantoues, et celle où le christianisme est le plus
présent, alors que le Nord est dominé par l’islam.
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B. Les frontières issues de la décolonisation ont composé des
Etats sans Nations.
1• Les frontières des Etats africains ont été tracées au moment de la colonisation par
des Européens qui ignoraient largement les réalités humaines et même géographiques de
l’Afrique.. En devenant indépendants, les Etats africains ont choisi de conserver ces
frontières (charte del’OUA, 1963. Ces frontières aléatoires ont constitué des ensembles
humains très hétérogènes, au moins sur le plan culturel et linguistique. Aucun Etat
africain n’est composé d’une seule ethnie, rares sont ceux dont les populations parlent
une seule langue.
2.Il arrive fréquemment que ces Etats ne soient pas non plus homogènes sur le plan
religieux, en particulier dans les Etats du « Sahel » (bordiers du Sahara au sud), où passe
la frontière entre islam, animisme et christianisme : le Nigeria connut ainsi une guerre
entre chrétiens du sud et musulmans du nord (Biafra, 1967) ; le Soudan vit un conflit du
même ordre depuis des années.
C. Un « angle mort » des relations internationales.
Les pays africains n’ont guère fait l’objet d’un affrontement entre les deux blocs.
Durant la Détente, les Soviétiques ont pu, directement ou par leurs alliés,
trouver des têtes de pont plus solides : l’Ethiopie, l’Angola ou le Mozambique… Mais les
effectifs engagés restaient faibles et les pays soutenus étaient fragiles ; le retrait
soviétocubain les a en général amenés à se tourner progressivement vers l’Occident.
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1. Un continent sous la tutelle de la France, puissance
moyenne.
• Le manque d’intérêt des grandes puissances a laissé le champ libre à la France pour
maintenir son influence dans la plupart de ses anciennes colonies (à l’exception de celles
qui ont préféré la rupture comme la Guinée et surtout l’Algérie) même si les choix
politiques ultérieurs conduisaient à une certaine distanciation (Bénin, Burkina).
La France entretenait ainsi ses intérêts économiques (dans le pétrole, le commerce, la
finance), s’adjugeait d’importants contrats d’ingénierie et de travaux publics, et soutenait
des régimes autoritaires .
• La « Françafrique » s’exprime par des côtés anecdotiques mais aussi par des
liens solides avec des pays occupant une position clé sur le continent : accords de
défense, présence permanente de troupes françaises, facilités d’escale. C’est le cas
notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique, au Tchad, à Djibouti (cette
dernière position se révélant très utile lors des crises et interventions au Moyen Orient,
comme lors des « guerres du Golfe » (Iran – Irak, Irak – Koweït). L’influence française
est aussi diplomatique : le nombre croissant de pays participant aux sommets France –
Afrique, qui réunissent désormais tous les deux ans à peu près tous les pays du continent,
même ceux qui ne sont pas d’anciennes colonies françaises, en est une confirmation.
• Le « gendarme de l’Afrique ». L’intérêt de la France pour l’Afrique (ou au moins
pour certains pays africains) l’a conduite à intervenir régulièrement soit en cas
d’agression extérieure, en application des accords de défense, soit dans les affaires
intérieures, sous couvert d’assistance humanitaire et de protection des ressortissants
européens. Le premier cas peut être illustré par les interventions au Tchad (en 1982-83
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notamment) pour maintenir l’unité du pays et refouler les Libyens convoitant certaines
provinces frontalières ; le second s’est souvent vérifié lors des tentatives de coup d’Etat,
fréquentes en Afrique, et lors de l’intervention au Zaïre (ex- Congo belge) en 1978, à
Kolwezi. Elle agit aussi directement pour le renversement de dirigeants (dont Bokassa, en
1979).
• En 2005, la France a encore 4000 hommes en Côte d’Ivoire (plus de six fois
l’effectif envoyé à Kolwezi en 1978) et plus de 10 000 hommes en tout positionnés en
Afrique.
2. Un intérêt croissant depuis la décennie 1990.
• La fin de la guerre froide a écarté la menace d’une subversion communiste en
Afrique. En revanche, le fait que l’Afrique reste à l’écart de la mondialisation pilotée par
les Etats-Unis et du grand projet de démocratisation mondiale constituait une anomalie
désormais injustifiable. De nouvelles élites africaines, aspirant au pouvoir, ont aussi
souhaité se détacher de la tutelle française pour se rapprocher des Etats-Unis : c’est une
des dimensions de la crise ivoirienne actuelle.
• La présence française peut en effet être interprétée comme la dernière séquelle
du monde colonial sur le continent : après la fin de l’URSS, les guerres civiles se sont
apaisées en Angola et au Mozambique, la Namibie a enfin obtenu son indépendance en
1990, et l’apartheid a été démantelé en Afrique du Sud.
• Les Etats -Unis s’intéressent aussi à l’Afrique à titre de fournisseur complémentaire de
pétrole. Les découvertes se sont multipliées surtout depuis la fin des guerres intestines,
donnant naissance à de nouveaux producteurs (Angola, Tchad, bientôt Soudan) à côté des
producteurs bien établis et membres de l’OPEP (Algérie, Nigeria, Gabon). Néanmoins,
les ressources africaines apparaissent réduites (80 milliards de barils, soit 7 % du total
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mondial, un peu moins que l’Europe, Russie incluse) et l’utilisation de la manne
pétrolière ne garantit pas un développement durable.
II. L’Afrique, continent problématique au début du troisième
millénaire : les défis
1. Les risques démographiques.
Ils sont paradoxaux car orientés dans deux directions totalement contradictoires, ce qui
conduit non pas à espérer que les deux crises s’annulent mais au contraire à craindre
qu’elles se cumulent pour prolonger la situation de mal-développement africaine.
• La première forme de la crise est la natalité galopante. Sauf en Tunisie, dont le
comportement démographique est désormais proche de celui des pays développés, les
populations africaines ont des taux de croissance parmi les plus élevés du monde. La
majorité a un indice de fécondité supérieur à 3 enfants par femme et les indices
supérieurs à 5 ne sont pas rares (Sénégal, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Madagascar,
Nigeria…), le record étant en R.D. du Congo avec 6,9. Avec de tels niveaux, la
population double en un peu plus d’une génération. D’à peine 120 millions en 1900, la
population africaine s’élève aujourd'hui à plus de 800 millions, multipliée par plus de 7
en un siècle.
• La seconde forme est la menace du SIDA : l’Afrique est le continent qui compte
le plus grand nombre de porteurs du VIH dans le monde (70 % des quelque 40 millions
de personnes infectées). Certains pays ont un taux de séropositivité de leur population de
20 à 25%, particulièrement au sud de l’Afrique. Ce taux de prévalence du virus fait peser
une menace mortelle sur la population africaine, d’autant que nombre de personnes
atteintes sont des femmes, qui risquent donc de transmettre le virus à leurs enfants.
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2.
Une pauvreté endémique
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a) La pauvreté s'enracine
Depuis le milieu des années 1980, tous les indicateurs de développement soc.
économique indiquent, en fonction des pays considérés, soit une dégradation. -une
stagnation du revenu par tête et du pouvoir d'achat des habitants de l'Afriqsubsaharienne.. Seuls huit pays sur les quarante-huit de l'Afrique subsaharienne
disposent d'un PIB p habitant et par an supérieur à 5 000 dollars. Quinze pays de
l'Afrique subsaharienne se classent parmi les 20 pays les plus pauvres dans le
monde, 34 des 49 pays moins avancés (PMA) sont africains. 77 % des habitants de
l'Afrique subsaharienne disposent de revenus inférieurs à deux dollars par jour.
L’éloignement vis-à-vis des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)
s’accroit. Selon la Banque mondiale (2009), la mortalité infantile pourrait toucher 700
000 enfants en plus en 2009. La population africaine en deçà du seuil de pauvreté devrait
croître de 10% pour se situer à 550 millions en 2009. Selon la FAO, le nombre de mal
nourris doit fortement augmenter. Cette situation est d’autant plus préoccupante que, la
crise s’ajoute aux effets de la flambée des prix alimentaires et pétroliers en 2008 qui
avait entraînée une forte augmentation du nombre d’Africains en deçà du seuil de
pauvreté [3].
b/ une grande disparité territoriale
au sein d’un même pays, un clivage existe expliqué non seulement par des raisons
raciales (noirs et blancs) ou ethnique mais aussi par une différenciation économique
(ascension
sociale par des couches de plus en plus riches).La pauvreté touche
essentiellement les paysans.
III/ l'Afrique et la mondialisation
Si certains pays d'Afrique voient leur situation s'améliorer, ce n'est pas le cas manifestement pour
bon nombre de pays subsaharien. Dans le contexte de la mondialisation économique, les
indicateurs pour l'ensemble du continent n'évoluent pas favorablement.
1/ continent à la marge des flux technologiques :Alors que les pays du Nord profitent des
avancées technologiques dans les domaines de la communication, de la recherche et de la
productivité économique. l'Afrique n'a pas accès aux technologies modernes. L'Afrique
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n'abrite par exemple que 0,8% des personnes ayant accès à Internet dans le monde (c'est à
peine 0,1 % pour les 48 pays d'Afrique subsaharienne qui abritent pourtant 10% de la
population mondiale). Parallèlement, alors que le couple Recherche et développement
(R&D) constitue en cette fin de siècle un enjeu majeur, l'Afrique représente moins de 1%
des dépenses mondiales en la matière. Le pire est que la situation scientifique du
continent ne cesse de se détériorer : l'Afrique subsaharienne a ainsi perdu près de 20 % de
son poids mondial (mesuré par le nombre de publications internationales) entre 1990 et
1995.
2/ marginalisé par les mouvements de capitaux essentiellement les IDE : malgré
l'ampleur quotidienne des mouvements de capitaux à travers le monde, le continent
africain est privé d'argent. Ainsi, alors que. par exemple, un emploi français sur trois est
créé par les Investissements directs à l'étrangère (IDE). l'Afrique se voit inlassablement
boudée par les investissement internationaux : sur les 622 milliards de dollars d'IDE en
1998. seuls 8.3 milliards (soit 1,3% du total) ont eu pour destination l'Afrique. La
situation est encore bien pire si on se focalise sur l'Afrique subsaharienne, qui ne
représente que 1% des IDE parvenus aux pays en voie de développement. Une analyse
encore plus nuancée montre que la quasi totalité de cette part infime n'est destinée qu'à
quelques pays (l'Afrique du Sud et quelques pays producteurs de pétrole et de minéraux
comme le Nigeria, l'Angola, le Gabon ou le Cameroun).
3/ une contribution faible et difforme au commerce :En outre, alors que les experts de
l'OMC (Organisation mondiale du commerce) parlent du marché du commerce mondial
unifié, la contribution africaine à ce marché n'est que de 2%. Le pire est que cette
situation ne provient pas d'une politique africaine de repli sur soi : depuis les années 80,
l'Afrique a largement ouvert ses marchés, suivant les conseils du FMI et appliquant les
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plans d'ajustement structurel. Or, cette ouverture des marchés africains a paradoxalement
eu pour effet de diminuer sa contribution au commerce mondial, qui s'élevait à 4% en
1980 (soit le double d'aujourd'hui).
Le phénomène est encore plus criant si on se penche sur les seules exportations : alors
que le FMI base son programme sur toujours plus d'exportations, plus il intervient dans
l'économie africaine en la libéralisant et plus le continent exporte en volume, moins cela
lui rapporte en valeur (la valeur des exportations africaines a ainsi chuté de moitié entre
1980 et 1998).
(...) La place qui lui [à l'Afrique] a été dévolue dans le panorama de la mondialisation est
double : exporter vers le Nord quelques matières premières (cacao, café, caoutchouc,
pétrole, minerais, coton, sucre, etc.) et importer du Nord les technologies, les produits
manufacturés et une partie des céréales de base. Or. les termes de ces échanges entre
Nord et Afrique sont de loin défavorables à cette dernière, puisque depuis les années 80
et hormis quelques rares exceptions (comme le boom passager du cacao et du café en
1995-96), les prix des matières premières (cotés essentiellement sur les marchés de Wall
Street, Chicago et de Londres) n'ont cessé de baisser plus rapidement que les prix des
produits manufacturés du Nord. Il en résulte que l'Afrique se voit condamnée par des
fluctuations extérieures à vendre ses matières premières sans valeur ajoutée. Depuis
1980, la valeur du panier des produits exportes par l'Afrique a ainsi perdu la moitié de sa
valeur face aux produits importés du Nord. Conséquence logique de cette réalité : la
balance commerciale africaine connaît un déficit croissant. La situation est
particulièrement dramatique pour les pays d'Afrique subsaharienne : leur déficit
commercial, inexistant au début des années 80, passe de 600 millions de dollars en 1990
à 11.5 milliards en 1996. soit presque vingt fois plus en six ans ! (...)
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Les Accords de Marrakech (instituant l'OMC en 1994) n'ont d'ailleurs pas été non plus à
l'avantage de l'Afrique : alors que le FMI lui déconseille les subsides(subventions), jugés
dépenses déraisonnables pour l'équilibre de la balance commerciales, les pays riches du
Nord
subventionnent
quant
à
eux
allègrement
leurs
produits
d'exportation
(essentiellement les produits agricoles). Sous l'effet de ce dumping, les productions
subventionnées du Nord envahissent les marchés africains au détriment des productions
locales. Parallèlement, le Nord fait preuve de protectionnisme à l'égard des produits du
Sud. Par exemple, les tarifs moyens imposées par le Nord sur les produits manufactures
importés du Sud restent quatre fois plus élevés que ceux imposés sur les produits venant
d'autres pays du Nord. Par conséquent, les produits africains n'ont pas accès aux marchés
protectionnistes du Nord, tandis que la mondialisation se limite en grande partie à des
échanges Nord-Nord.
En clair, selon les plans du FMI, l'Afrique donne la priorité à l'exportation (...). Une telle
politique a évidemment pour but de récolter les devises utiles au paiement de ta dette sans
les dépenser dans des politiques publiques. Mais \u que les prix des matières premières ne
cessent de chuter, que les capitaux internationaux boudent l'Afrique et que les pays riches
du Nord ferment leurs marchés aux produits manufacturés du Sud, une telle politique a
comme conséquence de plonger le contient africain dans une pauvreté toujours plus
accrue.
A cette aune, c'est le modèle de développement imposé à l'Afrique qu'il convient de
remettre en question. Depuis le milieu des années 80 et les plans d'ajustement du FMI,
l'économie africaine a en effet été progressivement extravertie au fur et à mesure que la
pauvreté grandissait. S'il est vrai qu'une modernisation des infrastructures et une
démocratisation des appareils d'État étaient nécessaires, les bouleversements imposés par
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le FMI ont en réalité abouti à une situation dramatiquement absurde. Alors qu'en France,
par exemple. 75% de la production nationale est destinée au marché intérieur (les 25%
restants étant destinés au commerce international), c'est l'inverse qui se produit en
Afrique : les trois quarts de la production sont exportés et il ne reste plus que les miettes
pour les populations locales. Il faut donc réfléchir aujourd'hui à un modèle de
développement différent, accordant la priorité aux marchés intérieurs africains et
au financement par la mobilisation de l'épargne africaine. Un modèle de
développement permettant à l'Afrique, comme cela a été possible pour les pays
riches du Nord, de d'abord solidement ancrer son économie sur le plan intérieur
avant de s'ouvrir sur le monde."
IV/Les freins à la croissance et au développement
1/Les échecs des stratégies d’industrialisation
Cours première
2/
L’instabilité et la « mal gouvernance ».
• L’instabilité politique. Même les dirigeants ayant conduit leur pays vers
l’indépendance n’étaient pas à l’abri du désenchantement et de la contestation : en 1970,
soit une décennie à peine après l’indépendance, la moitié des chefs « charismatiques »
ont déjà été déposés voire assassinés. Certains dirigeants auront une longévité
exceptionnelle :
Senghor au Sénégal, qui abandonne le pouvoir volontairement en 1980 après 20 ans de
« règne »incontesté ; Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire ; Bongo au Gabon ; Mobutu au
Zaïre. Mais l’Afrique connaît aussi de nombreux coups d’Etat et remplacements, plus ou
moins pacifiques, des chefs d’Etat à la légitimité souvent précaire, souvent des chefs
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militaires.En effet, les pays africains ont du mal à s’ancrer dans la démocratie. La
politique y est dominée par des enjeux ethniques, voire claniques : les populations adultes
ne sont pas totalement alphabétisées ni habituées à devoir faire des choix individuels hors
de toute référence aux autorités collectives, qu’elles soient coutumières, religieuses,
familiales ou autres…
• la corruption qui est La rançon des structures et des raisonnements claniques
dans la politique africaine, c’est la corruption largement répandue, à tous les échelons,
dans de nombreux pays africains. Du simple « bakchich » au détournement organisé des
aides internationales, l’Afrique ne donne pas l’image d’une terre où la loi et la justice ont
le même sens qu’ailleurs, en tout cas dans la vie économique. Cette instabilité juridique
est, avec la faible qualification des populations, le principal frein aux investissements
extérieurs.
3/ la dépendance extérieure : le poids de l’endettement : cours
première
4/ les faiblesses structurelles des économies africaines
---l‘étroitesse du marché national et les insuffisances de l’intégration régionale
Une des raisons de l'échec des politiques d'ISI réside dans la taille insuffisante;
des marchés intérieurs.
Sur 48 États de l'Afrique subsaharienne, trente-cinq ont une population inférieure
à 15 millions d’habitants (soit la population des Pays-Bas). La plupart de ces petits États,
parfois minuscules se rangent parmi les PMA. L'étroitesse du marché intérieur résulte à la
fois de la pauvreté des consommateurs et de la faible taille de marché.
Conscients du problème de l'étroitesse des marchés intérieurs et de la faiblesse
des économies d'échelle, les gouvernements africains ont tenté à partir des années 1960
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de constituer des unions économiques et des ententes commerciales. Un grand nombre de
ces accords d'association économique n'ont pas abouti en raison des-options économiques
divergentes des différents pays membres, des tensions poli tiques qui ont pu surgir et de
la volonté de protéger les ressources et les marchés nationaux.
b) Les dysfonctionnements des systèmes financiers
Malgré l'ancienneté des réseaux marchands et de la circulation monétaire sur le
continent noir, l'Afrique souffre d'une pénurie de capitaux, qui résulte d'une mobilisation
insuffisante de l'épargne disponible.
Selon la Banque mondiale, le taux d'épargne de l'Afrique subsaharienne a chuté
de 15,3 % à 8,8 % du PIB entre la décennie 1970 et la décennie 1980. tandis que
l'investissement passait dans le même temps de 20 à 15 % du PIB. Ce déficit
d'épargne intérieure n'est pas compensé par un excédent des échanges
internationaux. En effet, le solde des transactions courantes de l'Afrique
subsaharienne avec le reste du monde est déficitaire
La faible activité des marchés financiers oriente les détenteurs des capitaux vers les actifs
physiques au détriment de ceux financiers.les Etats sont donc obligés de se financer par le
recours à la dette extérieure grevant ainsi leurs possibilités de développement.
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5/ Des conflits latents entre Etats.
• La majorité des conflits en Afrique depuis les indépendances ont été des guerres civiles.
Mais la persistance des conflits, les flux de réfugiés qui en résultent, la présence d’ethnies
dans plusieurs Etats voisins favorisent l’extension des conflits à l’ensemble d’une région,
comme on le constate depuis une décennie autour des Grands Lacs, où les génocides au
Rwanda et la déstabilisation du Zaïre (aujourd'hui R.D. du Congo) apparaissent liés.
L’Afrique connaît aussi une forme de violence « nihiliste
• Il existe aussi des facteurs de guerres internationales, dont les contestations de frontières
– on l’a vu lors de la guerre entre Ethiopie et Erythrée entre 1998 et 2000. L’un
des plus anciens conflits en Afrique concerne le Sahara occidental (: revendiqué par le
Maroc, il a permis la proclamation d’une République
sahraouie indépendante, reconnue par l’OUA (ce qui explique le retrait du Maroc de
l’organisation).
V/Les leviers de développement
Il faut légitimer l’Etat dans ses fonction régaliennes et collectives afin de créer un
environnement institutionnel favorable à l’accélération de la croissance et la réduction de
la pauvreté. cela suppose aussi la mise en place d’une administration efficace(politiques
économiques bien définies) et une bonne gouvernance qui cherche donc l’élimination des
gaspillages et l’efficience dans l’action(ex : une bonne gestion de la dette)
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1/ Une bonne insertion dans la mondialisation
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-Mieux utiliser les financements extérieurs
Les financements sont multiples :transferts, aides publiques, prêts et IDE.
L’aide publique a permis de résoudre certains problèmes financiers dans les années 80 et
90.Pour l'ensemble du continent noir, elle équivaut à 5 % du PIB.
depuis la réforme de l'aide opérée à l'instigation de la Banque mondiale dans les
années 1990, il était prévu qu'une part croissante de l'APD serait destinée au
financement de projets de développement économique et social. Cependant, ce
souci de plus grande efficacité dans l'affectation de l'aide se heurte aux faibles
capacité d’absorption des économies africaines .
la question des IDE est aussi problématique dans le sens où l’Afrique
subsaharienne ne reçoit que 4% des flux d'IDE à destination des PE D. tandis
que l'Asie en reçoit environ la moitié et l'Amérique latine plus d'un riers,
Néanmoins, les entrées d'IDE se sont accrues au cours des années 1990 pour les
pays d'Afrique subsaharienne qui ont libéralisé leur environnement économique.les
conditions
dépendent
donc
de :
-la privatisation d'entreprises et de services publics
- l'augmentation du nombre de secteurs ouverts au capital étranger (Ghana) et
l'accès au marché foncier pour le capital étranger
- l'accélération des procédures d'agrément administratif
- la création de zones franches qui offrent aux entreprises installées
l'exonération des droits de douanes et l'accès à des infrastructures de
communication ou énergétique (gaz ou électricité à bas prix) -
3/ opter pour les voies du développement durable
cours
de
l’année
dernière
« mondialisation
et
développement
durable »
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Estimations du service de la dette de 17
pays africains
(en millions de dollars)
2000 2005 2010 2015
Bénin
62,5 36,9 43,9 72,8
Burkina Faso
33,8 41,5 54,7 83,2
Cameroun
312
347 375 n.d.
Gambie
19,6 9,8
18,7 23,4
Guinée
140
88
96
111
Guinée-Bissau 15
4
11
n.d.
Madagascar
104,.5 81,6 119,5 156,2
Malawi
n.d.
47,1 55
85,9
Mali
88
66
76
125
Mauritanie
87,4 43,3 n.d. 47,3
Mozambique
50
60
97
98
Niger
93,5 29
26,4 35,4
Rwanda
39,6 11,1 14,7 27,7
Sao Tomé-etn.d.
1
3,3
2,8
Príncipe
Sénégal
184,9 136,1 n.d. n.d.
Tanzanie
153,8 158,2 n.d. 258
Zambie
169
202 135 109
Source : Banque mondiale, FMI
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