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Revue des Sciences Sociales
Appel à contributions pour un numéro de 2014
Vers une société du care ?
Numéro coordonné par Juan Matas & Catherine Delcroix
Le care désigne un courant théorique en philosophie morale qui place au centre de sa réflexion éthique le
souci pour autrui (la sollicitude, le soin, l'attention, la prévenance : tous termes qui rendent partiellement
la polysémie du mot anglais). Tandis que les théories déontologiques sont fondées sur des principes
abstraits, l'éthique du care met l'accent sur l'importance de la réponse. Carol Gilligan, initiatrice de ce
courant aux États-Unis dans les années 1980 exprime que ce retournement de perspective se manifeste par
une reformulation de la question morale qui, de « qu'est-ce qui est juste ? », devient « comment répondre ?
[à l’expression des besoins d’un(e) autre « vulnérable »] ».
Le care prend une importance croissante dans une société où ses « bénéficiaires », potentiels et réels, sont
de plus en plus nombreux, en raison du vieillissement de la population, de l’augmentation du nombre des
femmes actives, notamment salariées, mais aussi de l'extension du chômage, de l'appauvrissement et de la
précarisation. Ses activités sont accomplies au sein de la famille, de façon non rémunérée, ou par des
professionnel(le)s, souvent mal payé(e)s et peu formé(e)s, à domicile ou dans divers types d’institutions.
Il s'agit majoritairement de femmes. Tous les avis convergent pour dire que l’essor de ce secteur (très
hétérogène et dont les contours demeurent flous) va se poursuivre et, peut-être, s’accentuer.
Une première question se pose d'emblée : le care est-il réservé aux populations dites dépendantes, ou
même à certaines d’entre elles seulement, ou bien concerne-t-il chacun, dans la mesure où les aléas de
l’existence nous confrontent à des situations de perte (temporaire ou durable, partielle ou plus ou moins
totale) de notre autonomie ? Si la petite enfance et le quatrième âge sont d’emblée considérés comme
concernés par cette approche, qu’en est-il des autres catégories de la population ?
Le care, comme secteur d’activité en pleine expansion, n’est pas seulement une série de pratiques mais
sollicite également une vision de la société et des rapports interpersonnels, et c’est en cela que ses
théoricien(ne)s ont, dès le début, revendiqué une position éthique. L'ouvrage de Carol Gilligan, Une voix
différente : pour une éthique du « care », paraît aux États-Unis en 1982 et dans une première traduction
en France en 1986. Il reste à savoir si cette éthique est compatible avec les valeurs dominantes de nos
sociétés, et les réponses apportées par de nombreu(ses)x auteur(e)s, issu(e)s souvent de la mouvance
féministe, est plutôt négative. Les contradictions qui traversent ce domaine, la présence massive, parmi
ses salariés, de femmes, souvent étrangères d’origine non-européenne, sans qualifications ou avec une
qualification qui n’est pas reconnue, mais aussi le caractère opaque des pratiques du fait de la
disqualification de tâches considérées comme faisant partie du « sale boulot » (Molinier 2013), font du
care un excellent révélateur des conflits et des enjeux auxquels se trouvent confrontées nos sociétés. Dans
quelles conditions les rapports de travail dans le care contribuent-ils à l’établissement de rapports de
domination ou donnent-ils des opportunités d’émancipation ?
Le numéro que souhaite consacrer à ce thème la Revue des Sciences Sociales constitue un bon moyen de
poursuivre et d’approfondir les débats qui traversent ce champ.
Les articles, 40 000 signes et blancs maximum, devront nous parvenir, avec les illustrations éventuelles et un résumé d'une
dizaine de lignes, sous format numérique, à : <[email protected]> au plus tard le 13 décembre 2013. Les consignes
de présentation sont téléchargeables sur le site de la Revue des sciences sociales : http://www.revue-des-sciences-sociales.com.
Merci de nous adresser dès à présent une déclaration d'intention avec un titre provisoire.
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