DEUXIEME PARTIE : INVESTISSEMENT, CAPITAL ET PROGRES TECHNIQUE CHAPITRE I : L’investissement et ses effets sur l’emploi et la croissance L’investissement est un flux qui permet d’augmenter le capital et d’intégrer le progrès technique. C’est un rôle important dans l’économie car l’investissement a un impact dans le commerce international et sur la politique publique et économique, et a un impact également sur l’évolution de l’emploi et les conflits sociaux. L’investissement est une variable clef de l’économie puisqu’elle est en relation avec la croissance et l’emploi. Cependant, l’investissement est un historique déterminé c’est-à-dire qu’il existe certaines sociétés n’investissant pas ou n’ayant pas investi au cours de leur histoire. Dans l’Ancien Régime, une partie de la production servait à nourrir et l’autre partie était destinée à des dépenses improductives, sanctuaires, ostentatoires. Dans nos sociétés contemporaines, l’investissement va accroître le stock de capital c’est-à-dire que le surplus de production par rapport à la consommation est utilisé de manière productive (des machines pour produire plus). Cette accumulation de capital, combinée à une augmentation des qualifications, va rendre le travail de plus en plus productif en permettant la croissance et la baisse de travail. Cette comparaison historique montre que la définition de l’investissement n’est pas naturelle et dépend du contexte historique. Qu’est-ce que l’investissement, l’acquisition de biens physiques, l’acquisition des biens et services immatériels ? Pourquoi investir, que sont ces déterminants et comment finance-t-on les investissements ? Enfin, l’investissement par sa nature entretient des liens étroits avec la croissance, en effet, il est à l a fois offre et demande de l’équation de l’équilibre macro-économique. Ressources = Emplois et Offre globale = Demande globale PIB + M° = CF + (Investissement = FBCF + Taux de variation du Stock) + X° Plus tard, la FBCF est comptabilisée dans le PIB. L’investissement fait partie de l’offre et de la demande puisque cet investissement est adressé à l’entreprise (demande), et cette demande va nécessité d’une production où une autre entreprise va produire ce bien. De même, les liens entre investissement et emploi sont durables, d’un côté, l’investissement permet d’augmenter le niveau d’emploi, mais de l’autre côté, de baisser le niveau d’emploi si il incorpore du progrès technique. Les relations entre croissance, emploi et investissement sont compréhensibles en découpant l’histoire en deux morceaux avant et après les Trente Glorieuses. I] Définition, mesure et type d’investissement 1) Définition et forme d’investissement a) Du capital à l’investissement Le capital est un stock d’actifs qui produit des revenus. Ce stock d’actifs est à comprendre au sens comptable c’està-dire l’ensemble des biens, des droits de propriétés et des créances dont dispose un acteur économique. Le capital va donc prendre différents sens en fonction de sa nature. Capital Humain Réel Jouissance Fixe Circulant Matériel Machine Bâtiment Matière première Consommation intermédiaire Immatériel Brevet, publicité, logiciel, information Services intermédiaires Financier monétaire Placement Capital social Le capital dérive de la production, les revenus sont issus de la production lorsque c’est matériel ; et les produits sont détournés de la consommation. Le capital est un détour de production que l’on appelle le capital technique issu du capital fixe et circulant. Le capital est un stock, un niveau entre une période A et une période B. Le capital est un flux qui se nomme l’investissement que l’on distingue de plusieurs formes dont matériel constant à acquérir des biens de production, et immatériel c’est-à-dire des dépenses qui permettent de développer le potentiel de l’entreprise. On distingue six grands types d’investissement immatériel dont l’information, la publicité, le brevet, le logiciel, l’étude de marché, la recherche et le développement. Depuis une vingtaine d’années, les investissements sont de plus en plus importants pour deux raisons essentielles afin que l’entreprise soit plus concurrentielle. Le salarié doit être plus qualifié car l’informatique est plus présente dans la formation des entreprises. Au niveau financier, l’entreprise fait des achats d’action, des IDE (investissements directs à l’étranger) soit par l’exportation de capitaux à l’étranger pour construire ou implanter une usine, une entreprise à l’étranger, soit par l’achat de parts d’une société déjà existante pour la contrôler. Les investissements de capacité augmentent la production et sont favorables à l’emploi en fonction de la demande. Les investissements de productivité sont défavorables à l’emploi, baissent le coût grâce à l’amélioration de productivité du travail à la machine et baissent le coût salarial du travail. Les investissements de remplacement permettent de remplacer les machines usées, et sont différents des investissements de l’amortissement qui permet de distinguer l’investissement brut (réalisé) et net (accroissement réel du stock de capital). L’amortissement est une constatation comptable de la perte de valeur du capital due à l’usure et à l’obsolescence. Investissement Net = Investissement Brut – Investissement d’amortissement b) La comptabilité nationale et la FBCF Dans la plupart des sources officielles, l’investissement se résume à deux choses dont la FBCF et la variation des stocks. La FBCF est l’acquisition de biens durables et reproductibles destinés à être utilisés dans le processus de production pendant plus d’un an. L’investissement productif est l’acquisition de capital fixe matériel. Variation de stocks = Entrée de stocks – Sortie de stocks Si la sortie est supérieure à l’entrée alors l’évolution est négative, c’est le destockage. La variation de stocks concerne les produits semi-finis et intermédiaires, le capital circulant matériel. La répartition de la FBCF en 2000 est 59% pour les entreprises, de 24% pour les ménages et de 14% pour les administrations publiques. La FBCF a augmenté entre 1993 et 2000, cependant, cette augmentation n’est pas due à un comportement homogène des différents acteurs économiques. En effet, l’investissement est une action, un comportement collectif mais ces différents acteurs investissent dans des proportions différentes. 2) Les investisseurs a) Les ménages Pour la comptabilité nationale, les entreprises individuelles font parties des ménages. Les investissements des ménages sont donc de deux natures dont l’achat d’un logement (ménages) et le fond de commerce (entreprises individuelles). Durant les années quatre-vingt-dix, l’investissement des ménages a faiblement augmenté (2,2% entre 1993 et 1997). b) Les administrations Les administrations publiques relèvent de l’Etat, on distingue l’administration centrale, locale et la sécurité sociale. Les investissements des administrations baissent de 8% entre 1993 et 1997. Chaque année, l’Etat élabore un budget entre dépenses (investissements) et recettes (impôts). Généralement, le budget de l’Etat présente un excédent des dépenses sur les recettes, ce déficit budgétaire est financé par des emprunts, c’est ce que l’on appelle la dette publique. Depuis 1992 et la signature du Traité de Maastricht, les critères de convergence limitent le déficit budgétaire et la dette publique, ceux qui participent à l’Euroland doivent avoir une dette publique inférieure ou égale à 60% du PIB et un déficit budgétaire inférieur ou égal à 3% du PIB. Le respect de ces critères amène donc à une baisse de l’investissement des administrations publiques. La deuxième explication de cette baisse des investissements publics est que, depuis les années quatre-vingt, les financements sont de plus en plus débudgétisés. Le transfert de certaines dépenses de l’Etat tende vers des organismes financiers qui ne sont pas subventionnés par l’Etat. Les investissements publics sont des investissements à 70% provenant des administrations locales à cause de la décentralisation de 1982. Les investissements publics sont des facteurs de croissance et de développement, en effet, les investissements dans l’éducation permettent de créer des externalités positives. La Corée du Sud consacre 84% de son budget à l’éducation de base ce qui permet d’améliorer l’hygiène, la santé c’est-à-dire les conditions de vie dont un développement d’un pays. c) Les entreprises Les investissements augmentent de 5,5% entre 1993 à 1997. Le taux d’investissement est élevé, environ 22%, dans le transport, la télécommunication, l’industrie et l’agriculture concerne 9%. Les investissements sont bas dans le tertiaire de type énergétique (pour investir, il faut des fonds). Taux d’investissement = (FBCF / VA) x 100 3) Le financement des investissements a) Besoin et capacité de financement Il s’agit de comprendre que les agents économiques ne disposent pas nécessairement des fonds permettant de financer leurs investissements. On va donc distinguer les agents qui ont une capacité de financement (excédents des revenus sur les dépenses) et ceux qui ont un besoin de financement (excédents des dépenses sur les revenus). Les capacités de financement dépendent du FBCF et de l’épargne brut où le FBCF est inférieur à l’épargne brut, contrairement au besoin de financement. Généralement, les ménages dégagent une capacité de financement qui s’élève actuellement à 60 milliards d’euros. Les entreprises et les administrations présentent des besoins de financement s’élevant à 30 milliards d’euros pour les entreprises et 15 milliards pour les administrations. Durant les années quatre-vingt-dix, la nation est passée d’une situation de besoins de financement à une situation de capacités de financement pour deux raisons essentielles. La première raison est que les ménages ont augmenté leur épargne due à une mauvaise conjoncture économique, la deuxième est que les entreprises sont passées à une situation de capacité de financement grâce à l’augmentation de leurs profits et à la diminution des investissements. Depuis 1997, la nation a toujours une capacité de financement, cependant, la capacité des ménages a baissé à cause du chômage et de la hausse de la consommation. Les entreprises sont dans une situation de besoin de financement due à une relance des investissements. b) Mécanisme de financement Dans une économie, tout l’enjeu est d’arriver à mettre en relation les agents qui ont une capacité de financement et les agents qui ont un besoin de financement. Pour le financement de l’économie, sur 100 euros investis, 60 euros sont pour les entreprises, le financement est alors exporté vers les entreprises. Le financement à court terme correspond au financement de l’entreprise c’est-à-dire un financement pour gérer la trésorerie. La gérance du décalage de temps entre les recettes et les dépenses reposent sur trois outils dont le billet de trésorerie, le crédit bancaire à court terme et le crédit commercial. Le billet de trésorerie est un type de créances négociables (TCN) sur le marché monétaire. Le financement à long terme concerne le financement des investissements avec quatre types de financement : L’autofinancement est le fait d’utiliser les profits non distribués pour financer les investissements. L’EBE est l’excédent brut d’exploitation c’est-à-dire le solde du compte d’exploitation. Il n’y a pas d’intérêts à verser et il n’y a pas de dilution du capital ou de coût d’opportunité (manque à gagner) Taux d’autofinancement = Profits non distribués / FBCF = EBE EBE = VA – VA distribuées L’émission d’action est le titre de propriété d’une partie du capital d’une entreprise, ce titre est négociable et est détenteur d’un dividende et du droit de vote. L’avantage est de trouver des associés, qu’il n’y est pas de remboursement et d’endettement, l’inconvénient est la perte d’autonomie et de pouvoir. L’émission d’obligation est le titre matérialisant une créance pour celui qui achète et une dette pour celui qui émet. Le détenteur de ce titre peut emprunter de l’argent, a un droit à un remboursement et à un versement d’intérêts. L’avantage du titre est qu’il n’y est pas de dilution du capital, et que le taux d’intérêt est inférieur au taux d’intérêt bancaire, l’inconvénient reste l’endettement. Le crédit bancaire à long terme est le moyen de financement ouvert aux PME qui ne peuvent pas accéder aux marché boursier afin d’émettre des actions et/ou des obligations. Les inconvénients sont le remboursement, l’indépendance et le taux d’intérêt élevé. Marché financier Agents à besoin de financement Finance directe Economie de marché financier Agents à capacité de financement Placement et épargne Banque Crédit Finance indirecte Economie d'endettement Il y a un financement indirect lorsque les agents à capacité et à besoin de financement ne sont pas en relation. Les agents à capacité de financement vont déposer son épargne à la banque en étant donc les créanciers de la banque. Celle-ci va, ensuite, accorder un crédit aux agents à besoin de financement, il n’est pas accordé à partir de l’épargne placée par les agents à capacité de financement. En effet, l’épargne va créer de la monnaie à partir de rien. La finance indirecte repose donc sur la création monétaire c’est-à-dire qu’il n’y pas besoin d’une épargne préalable (méthode inflationniste). Ce mode de financement a été utilisé surtout pendant les Trente Glorieuses jusqu’en 1986. L’idée des pouvoirs publics des années quatre-vingt était de lutter contre l’inflation où la Banque centrale a décidé d’augmenter les taux d’intérêt pour limiter les crédits et la création monétaire. Cependant, pour continuer à financer l’économie, les pouvoirs publics ont décidé de donner plus d’importance à la finance directe. On est donc passé d’une économie d’endettement à une économie de marché financier. La finance directe consiste à mettre directement en relation les agents à capacité et à besoin de financement par l’intermédiaire du marché financier. Les agents vont s’échanger actions et obligations, c’est un mode de fonctionnement qui repose sur une épargne préalable où il n’y a pas de création monétaire. Depuis les années quatre-vingt, c’est le mode de financement qui s’est développé dans la plupart des économies. L’investissement est un comportement, il est donc nécessaire de connaître les motivations ce qui permettra de concevoir les politiques monétaires et économiques nécessaires à la relance de l’investissement. Critère de durée Long terme Financement de l'entreprise Critère macroéconomique Autofinancement Financement interne Emission d'actions Emission d'obligations Finance directe Emission de billet de trésorerie Crédit bancaire à court terme Court terme Crédit bancaire à long terme Financement externe Finance indirecte Crédit commercial Critère de propriété Fonds propres Endettement II] Les déterminants de l’investissement 1) Les déterminants économiques a) Coûts des facteurs de production Pour l’analyse néoclassique, les entrepreneurs sont rationnels, ils maximalisent les profits et minimalisent les coûts. Ils vont donc essayer de trouver la combinaison des facteurs de production la plus efficace. Les entrepreneurs vont donc arbitrer la capital et le travail, le choix d’utilisation des facteurs de production repose sur l’étude des coûts des facteurs de production. Ils vont donc compenser le coût du travail aux dépens du coût du capital. Le choix des facteurs de production dépend donc du prix du capital. Le coût du capital est le taux d’intérêt de l’emprunt, du crédit qui a permis de financer l’investissement, donc l’accroissement du capital c’est-à-dire les valeurs de capital acquis. Si le capital est inférieur, l’investissement ira à la modification de sa combinaison productive c’est-à-dire substituer du travail au capital. Cette possibilité, de modifier cette combinaison, dépend de plusieurs contraintes dont technique (disponibilité des facteurs de production) et économique (prix des facteurs, et facteurs de production substituables ou complémentaires). b) La demande Les entreprises ajustent leurs capacités de production en tenant compte de l’évolution des débouchés et de la demande. Si les entrepreneurs anticipent une hausse de la demande, il y a une hausse de la capacité de production et donc une création de l’investissement où le stock du capital augmente à condition que le capital soit supérieur au travail. Cette théorie repose si la capacité de production de l’économie (capital) est pleinement utilisée, et inversement. Le lien entre la demande et l’investissement est une accélération du deuxième sur le premier, si la demande augmente alors l’investissement augmente plus que proportionnellement. On observe deux hypothèses, soit tout le capital est utilisé, soit le rapport est stable entre la quantité productive et le stock de capital nécessaire. K/y=2 Lorsque la demande évolue, elle induit un investissement plus que proportionnel, on dit que l’investissement est induit. L’investissement autonome repose sur une introduction d’une nouvelle technologie et non sur l’évolution de la demande. c) La rentabilité économique La décision d’investir va dépendre de la rentabilité de l’investissement donc de la rentabilité économique. L’idée est de s’interroger si l’investissement augmente le profit. On va donc compenser le profit de l’entreprise à la valeur du capital qui a permis ces profits. Taux de profits = (EBE / Valeur du capital) x 100 = Taux de rentabilité économique Plus la rentabilité économique est importante, plus l’entrepreneur sera incité à investir. Plus le capital permet à dégager le profit, plus on a intérêt à accroître son stock de capital. Pour comprendre cette formule, il est nécessaire de revenir sur le partage de la valeur ajoutée : Rémunérer les salaires et les cotisations, les impôts à la production (taxe professionnelle) où la VA est distribuée et non distribuée Capacité d’autofinancement EBE = VA brut – VA distribuée Amortissement ou excédent net d’exploitation (ENE) Verser les intérêts (bénéfice), qui est différents des profits qui sont égaux à l’EBE, prenant compte l’épargne (mettre à réserve), le dividende et l’Etat à travers l’impôt sur la société Il y a rentabilité économique si le salaire baisse et la V.A. reste stable puisque l’EBE augmentera. On dit que le taux de marge de l’entrepreneur augmente (EBE / VA). Il y a investissements si le prix du capital baisse, l’EBE augmente, les profits connaissent une hausse alors le rapport du taux de marge augmente et il y a aussi une rentabilité économique. La rentabilité économique dépend également de la productivité des facteurs de production. La productivité du travail ou du capital augmente, alors on peut s’attendre que la VA suive cette évolution, et que l’EBE et le taux de rentabilité économique se rehaussent aussi. La fiscalité et les prélèvements obligatoires viennent augmenter le seuil de rentabilité des entreprises. Par exemple, les entreprises sont soumises à un impôt local (taxe professionnelle) calculé sur la masse salariale par rapport au rôle de l’entreprise. L’augmentation de la taxe professionnelle entraîne une augmentation du seuil de rentabilité car il faut réaliser plus de profits pour compenser cet impôt supplémentaire et être motivé à investir. Ce qui veut donc dire que l’investissement dépend aussi de la fiscalité. Plus l’Etat impose, plus le seuil de rentabilité est en hausse donc les entreprises sont motivées à investir. Depuis la construction européenne, les pouvoirs publics n’ont plus la possibilité de financer les investissements. Toutefois, ils peuvent agir indirectement en jouant sur la fiscalité ou en la baissant, on motive à investir. 2) Les facteurs financiers L’investissement dépend en grande partie des taux d’intérêts. Prix du temps = i = Fraction du capital remboursé / Capital emprunté Nous distinguons les taux d’intérêts en fonction de leurs échéances de court et long terme à travers le billet de trésorerie, le crédit commercial et bancaire à court terme, l’action et l’obligation. En général, le taux d’intérêt à long terme est plus élevé que le taux d’intérêt à court terme. C’est la Banque centrale européenne (BCE) qui commence à fixer les taux d’intérêts direct c’est-à-dire le taux où elle prête de l’argent aux banques centrales nationales et aux banques de second rang. Les banques de second rang vont répercuter les modifications mises en œuvre par la BCE. Quand les taux d’intérêts et le coût du capital augmentent alors le coût de financement se rehausse, donc les investisseurs sont moins motivés à investir. L’évolution des taux d’intérêts ne se suffit pas à elle seule pour motiver ou non l’investissement, en effet, les entrepreneurs vont comparer. Financement d’un investissement = Coût d l’investissement / Efficacité marginale du capital Si e = 100000 – 4% et R = 100000 + 4000 alors Profits = 106000 (+ 2000, 6%) Si l’efficacité marginale du capital est supérieure aux taux d’intérêts alors les entrepreneurs investissent soit sur ses fonds propres (CAF), soit par emprunts. Ils investissent sur ses fonds propres si l’efficacité marginale est supérieure aux emprunts sur les marchés financiers. Lorsque le taux d’intérêt augmente, il doit être supérieur à e, sinon les entreprises n’investissent plus au niveau productif car le rendement de l’investissement serait inférieur à son coût. De même, si e est inférieure à i, les taux d’intérêts dépendent des marchés financiers, c’est-à-dire à la rémunération des placements où l’investisseur préféra utiliser ses fonds propres sur un marché financier plutôt que sur l’investissement d’une machine. La baisse de i ne va pas suffire en elle-même à motiver les entrepreneurs à investir, puisque ceux-ci vont comparer i à e et i aux placements financiers. Cette relation entre e et i s’amplifie si on prend en compte l’inflation. Pour les néoclassiques, il vaut mieux s’intéresser aux variables réelles. (i réels) r = i – p (inflation) Lorsque p augmente, la différence diminue et l’écart s’appelle i réels. Durant les années soixante-dix, on a une situation où le taux d’inflation est supérieur aux taux d’intérêts nominal (r est négatif). 3) L’épargne est-elle nécessaire ? Pour les économistes, il y a une égalité comptable épargne égale à l’investissement. On peut s’interroger si l’investissement est égal à l’épargne ou si l’épargne est égale à l’investissement : (revenu) Y – C = I. Cependant, les économistes divergent sur le sens de l’égalité, pour certains, l’épargne est un préalable à l’inversement ou le contraire. i S (i) I (i) S/I L’analyse classique montre que l’épargne (s) doit être préalable à l’investissement (I), pour éviter qu’il soit financé par crédit bancaire et donc pour éviter l’endettement et l’inflation. Les néoclassiques raisonnent en terme de marché. Pour les néoclassiques, la confrontation de l’offre et de la demande détermine un taux d’intérêt d’équilibre (i*). On peut dégager deux conséquences. La première est si e et inférieure à I alors, pour augmenter l’épargne, il est donc nécessaire d’augmenter le taux d’intérêt afin de baisser I. La deuxième est si e est supérieure à I alors il suffit de diminuer le taux d’intérêt pour que e diminue et I augmente. De manière générale, pour les néoclassiques, l’investissement dépend d’une épargne préalable afin de limiter les risques inflationnistes. S (i) = offre de capitaux I (i) = demande de capitaux sur le marché financier Pour KEYNES, le niveau d’investissement ne dépend pas d’une épargne préalable. En effet, pour lui, si e augmente, la consommation baisse d’où une diminution de la demande effective donc une baisse de l’investissement. Selon KEYNES, l’investissement dépend de la confiance des entrepreneurs c’est-à-dire de la demande effective. Hausse de la demande des ménages Hausse de l'épargne Hausse de l'investissement Hausse de la consommation Hausse des revenus distribués Pour KEYNES, l’augmentation de l’épargne finit même à être égale a celle de l’investissement. (proportion à épargner) s = / r s+c=1 (proportion à consommer) c = c / r Taux de variation de l’épargne = Taux de variation du revenu x s Taux de variation de l’épargne = (1 – c) x r Multiplication keynésienne = 1 / (1-c) Or, pour KEYNES : r = [1 / (1 – c)] x Investissement s = [(1 – c) x (1 / (1 – c))] x I s = I I = 1000 R1 = 1000 R2 = 800 R3 = 640 R4 = 512 C = 0,8 800 640 512 409,6 S = 0,2 200 160 128 102,4 r = 1000 + 800 + 640 + 512 + … r = 1000 (1 + 0,8 + 0,82 + 0,83 + …) ou Limite = 1 / (1 – c) x 1000 r = 1000 (1 + c + c2 + c3 + …) r = I x [1 / (1 – c)] Pour KEYNES, ce n’est pas un supplément de l’épargne qui entraîne la variation de l’investissement mais l’inverse. De telle manière, qu’au final, ces deux variations sont égales. Pour lui, la variation de l’investissement entraîne la variation du revenu avec un effet multiplicateur. L’investissement repose sur une épargne préalable, contrairement aux néoclassiques, l’investissement va donc être financé par la création monétaire, les banques et les crédits (risque d’inflation). Durant les Trente Glorieuses, la théorie keynésienne inflationniste est appliquée, depuis, on est dans les thèses néoclassiques. III] Les effets de l’investissement 1) Des Trente Glorieuses à la crise des années soixante-dix La forte croissance des Trente Glorieuses peut être expliquée par les facteurs de production, le niveau d’emploi augmente faiblement et le temps de travail baisse. Ce n’est pas l’augmentation du niveau d’emploi qui explique cette croissance, par contre, cette croissance est expliquée par une très forte accumulation du capital. Par ailleurs, ce capital incorporant le progrès technique et les innovations rend le travail de plus en plus productif. En outre, cette hausse de la productivité de travail permet l’augmentation du salaire réel, de la demande favorisant ainsi la croissance. Ceci marque donc une croissance extensive à une croissance intensive. La croissance extensive est une hausse des quantités des facteurs et à l’amélioration de l’efficacité, ce qui revient à un faible investissement à 5%, aucune NFOT et des gains de productivité faibles. La croissance intensive est rendre le travail plus productif c’est-à-dire de l’innovation, du progrès technique, des NFOT, un fort investissement en capital productif (plus de 5%). L’investissement signifie de substituer du capital au travail soit avec une hausse du salaire réel et une augmentation de l’efficacité du capital. La rentabilité économique est une augmentation de (EBE / Valeur du capital) x 100. La demande est si forte que l’investissement est induit grâce à un taux d’intérêt faible. Ce taux d’intérêt réel faible est dû à une forte inflation. L’investissement public sert à moderniser le système productif. Leurs effets sur la croissance forment un cercle vertueux. L’investissement et le capital agissent sur la production, au niveau du capital en volume et au niveau du progrès technique qu’il incorpore. Investissement Hausse du revenu Hausse de la demande Hausse de la production Production + Capital + Capacité productive + Productivité Leurs effets sur l’emploi sont l’investissement de capacité ou induit (favorable), et l’investissement de productivité ou de progrès technique. L’investissement productif est défavorable sur l’emploi, en théorie, mais, il est en pratique favorable puisqu’il y une baisse du temps de travail. Le PIB augmente si il y a une hausse de productivité du travail, et la hausse de la productivité du travail est plus que proportionnelle que celle du PIB. e = PIB / Productivité du travail Dans les années soixante-dix, on assiste à une crise économique de l’investissement. Certains économistes diront que cette crise est la conséquence de la crise pétrolière qui est un élément détonateur, et pour d’autres, la crise pétrolière ne fait que cristalliser la crise déjà présente. Le constat est le ralentissement de la croissance, la baisse de la productivité du capital et du travail. Productivité du travail = Quantité produite / Facteur du travail Lors de cette crise, on observe également une diminution du taux de profit donc moins de rentabilité économique, un ralentissement du rythme de la croissance des investissements, une baisse de la demande d’où une baisse de l’investissement, une hausse du salaire réel grâce à une volonté des pouvoirs publics d’avoir un partage de la VA favorable aux salariés en diminuant l’EBE d’où la baisse du taux de profit, et l’augmentation des charges sociales baissant l’EBE. Les libéraux pensent que le choc pétrolier est la cause de la crise avec une diminution de la croissance et de la demande, une baisse des utilisations et des équipements, une baisse des profits et de l’EBE, et une baisse de la productivité du travail et du capital. Ces effets de la crise font fortement diminuer les investissements. L’école de la régulation, soit KEYNES et MARX, ayant une perspective historique, pense que la baisse de l’efficacité du capital est avant la crise de 1973. Cette baisse de rentabilité économique s’amplifie puisque les salaires réels augmentent. Les libéraux et l’école de la régulation ont mis en place un cercle vicieux : Crise d'investissements Crise économique Moins d'investissements Ralentissement 2) Des années quatre-vingt aux années quatre-vingt-dix Les années sont marquées par une reprise de l’investissement pour deux raisons dont la reprise du taux de profits qui s’explique par une hausse de productivité du capital grâce à un retour du progrès technique (informatique, et la hausse de la productivité du travail suite à l’introduction des NFOT. A partir des années quatre-vingt, les investissements immatériels vont se développer comme, par exemple, à l’achat d’un logiciel et à la formation du personnel. L’augmentation du taux de marge ([EBE / VA] x 100) fait suite à une décision des pouvoirs publics (Raymond BARRE) où le partage de la valeur ajoutée est favorable aux entreprises. Le ralentissement du rythme de l’accumulation de capital est dû à l’effet « Guerre du Golfe » c’est-à-dire un manque de confiance chez les consommateurs, une baisse de la demande et des investissements. De plus en 1991, les taux d’intérêts sont en hausse pour lutter contre l’inflation. Le taux de croissance des investissements matériels est de -6,1% en France, stable pour l’Union Européenne et en hausse en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis. Si le taux de croissance des investissements matériels ou productifs baisse, les investissements immatériels augmentent de 10%, de même pour les investissements en actifs financiers. Le ralentissement des années quatre-vingt-dix de l’investissement est dû à une baisse de la demande atone et d’un taux d’intérêt très fort. Ce ralentissement s’explique par un paradoxe ou du moins par une modification du financement des investissements. Lors des Trente Glorieuses, l’investissement dépend de la demande financée par les crédits d’où une hausse de la demande et du salaire réel. Actuellement, l’investissement a tendance à reposer sur le profit financé par l’épargne préalable d’où une baisse du salaire réel. Ce deuxième système de l’école de régulation est incohérent. En effet, pour augmenter les investissements, il faudrait rehausser le profit en baissant les salaires, ce qui baisserait la demande. Cette méthode n’incite pas à investir au niveau productif mais, au niveau financier voire dans les cas extrêmes, à former les entreprises, les usines pour rentabiliser au maximum les entreprises. On observe que le manque de dynamisme de l’investissement fait baisser le niveau d’emploi d’où un accroissement du chômage. Les entrepreneurs ne supportent pas l’incertitude, dans les années quatre-vingt, ils ont fortement investi et ils se sont donc engagés au long terme. Ils ne peuvent donc plus adapter leur combinaison productive à partir du facteur capital, alors ils vont chercher à développer leur possibilité d’adaptation à partie du facteur du travail. L’adaptation à la combinaison productive au niveau de l’activité économique se fait de plus en plus grâce au recours à la flexibilité du travail (quantitative externe et interne, rémunérations). Ce phénomène est d’autant plus vrai qu’il y a une forte incertitude sur les RTT et l’Euro. Les variables clés de l’investissement sont le taux d’intérêt, le taux de profit, la productivité du travail, la demande. Actuellement, l’investissement est réparti depuis 1997 pour deux raisons essentielles dont le bonheur des ménages et l’augmentation de la demande. Depuis 1997, le succès de la lutte contre l’inflation se traduit par une baisse des taux d’intérêts, moins d’épargne et plus d’investissement. Cette évolution se fait au détriment de la hausse des emplois précaires et atypiques. L’investissement dépend, de plus en plus, de la financiarisation de l’économie, c’est-à-dire de la volonté des actionnaires de voir le cours des actions montant en bourse, quitte à privilégier les investissements financiers que productifs. De même, l’investissement ne peut se comprendre sans prendre en compte l’ouverture internationale de nos économies. On se rend compte, depuis longtemps, que la France dispose d’une épargne excédentaire à l’investissement, mais cette épargne ne peut financer les investissements, cette épargne est absorbée par les Etats-Unis. L’épargne française a été exportée aux Etats-Unis pour financer leur croissance donc aucune aide pour la France des américains. CHAPITRE II : Le progrès technique et ses effets sur l’emploi et la croissance L’objectif du progrès technique est d’augmenter la satisfaction des besoins, d’alléger la peine au travail et d’être plus productif. Le progrès technique est la volonté des hommes d’introduire de nouvelles méthodes. Le progrès technique a toujours existé mais, depuis les années cinquante, il y a une forte accélération de la diffusion de la connaissance qui est entretenue par des techniques de communication de plus en plus efficace, des enjeux économiques fondamentales (moteur de profit et de croissance), de la concurrence accrue entre les pays au niveau internationale et des entreprises nationales. Ainsi, on s’aperçoit que le progrès technique n’est pas autonome mais qu’il est le résultat d’une activité économique à part entière. I] Progrès technique : mesure et déterminants 1) Définition Au sens général, le progrès technique est ce qui permet à l’homme d’accroître sa production et de diminuer la peine fournie pour obtenir ce résultat (Alfred SAUVY). C’est donc un mouvement général d’amélioration des conditions de production des biens et services (logique de croissance), dons de la satisfaction des besoins grâce à une logique de développement si le PT permet une amélioration du mode de vie, et grâce à des innovations fruit de la recherche. La mise en place du PT passe donc par des innovations. Il ne s’agit pas d’introduire de nouvelles techniques de production mais de nouvelles technologies, puisqu’une technique s’inscrit dans une technologie dont elle est une application à la sphère de la production. Une révolution industrielle est un ensemble de technologies qui changent (machine à vapeur, substitution du charbon au bois, utilisation de la fonte,…). Par ailleurs, il faut distinguer innovation et invention. L’invention se situe en dehors du champ de l’économie car il s’agit de découvertes qui enrichissent les connaissances des hommes et qui reposent sur la science et la compréhension de la nature. Ces découvertes peuvent rester au stade d’invention et ne pas déboucher sur une innovation (concours Lépine). L’innovation est une mise en œuvre concrète, une application des inventions. Il s’agit d’utiliser les ressources d’une manière encore inutilisée c’est-à-dire de lancer de nouvelles productions (innovation de procédé). Depuis les travaux de Joseph Aloïs SCHUMPETER, on distingue cinq types d’innovation : Procédé, introduire une méthode de production nouvelle (machine à vapeur, électricité nucléaire) Produit, fabriquer un bien nouveau (automobile, il peut exister sans invention (planche à voile) Débouché, le fait pour une entreprise de pénétrer sur un marché où elle n’était pas présente auparavant Matière première, conquête de matière première Organisationnelle, libre service, vente par correspondance 2) Mesure On peut mesurer le PT par la productivité, ou du moins par les hausses de la productivité (gains de productivité). En effet, la période 1950-1973, riche en innovations, voit la productivité horaire du travail croître de manière très significative. L’utilisation de la productivité horaire du travail permet des comparaisons dans le temps et l’espace sans avoir à se préoccuper des variations de la durée du travail. De plus, nous savons que la productivité apparente du travail est intrinsèquement liée à celle du capital. Ainsi, on peut déduire que le PT se mesure par toute hausse des possibilités de production c’est-à-dire de l’efficacité productive. On en conclue que le PT peut aussi accroître la productivité du facteur capital et donc être mesuré par la productivité horaire du capital. Si le PT augmente surtout la productivité du travail, on dit qu’il est intensif en travail, de la même manière, s’il augmente surtout la productivité du capital, il est intensif en capital. On mesure les gains de productivité, à partir de la formule de la productivité horaire du travail ou du capital (VA / nombre d’heures (travail ou capital)). Le résultat augmente si la VA s’accroît à facteurs de production inchangés, donc grâce au progrès technique. Cet indicateur révèle, toutefois, une limite dans la mesure où, en dépit de l’apparition incessante d’innovations ces vingt dernières années, la croissance de la productivité s’est nettement ralentie comparativement aux années antérieures, c’est ce que les économistes appellent le paradoxe de la productivité. L’explication principale réside dans l’effet d’apprentissage où toute innovation doit être apprivoisée. Il faut du temps pour parvenir à utiliser efficacement une nouvelle technologie. Toutefois, il faut aussi mentionner les problèmes de mesure de la productivité associés à la place grandissante des services. Mesurer le progrès technique par la productivité semble valable pour des innovations de procédé. En ce qui concerne les autres composantes du PT, il faut mesurer les écarts entre les variations du chiffre d’affaire et les dépenses liées à l’introduction d’une innovation. Mais, il existe des limites à la mesure du PT dont la difficulté à évaluer les dépenses de la recherche et du délai très longs entre la recherche, l’invention et l’augmentation des parts de marché. 3) Les acteurs du progrès technique Le PT n’est pas considéré comme exogène, c’est-à-dire le fruit du hasard ou de l’opiniâtreté d’individus géniaux, mais plutôt endogène. L’innovation apparaît comme le résultat d’un processus collectif, d’une activité rémunérée. Il existe une recherche systématique qui répond de plus en plus à des motivations économiques où des équipes de chercheurs sont mobilisées pour « trouver » (le professeur Tournesol a cédé la place au salarié chercheur). L’apparition, puis la diffusion de l’innovation repose sur deux acteurs essentiels dont l’entrepreneur et l’Etat. Pour JAS, le mobile de l’entrepreneur est le profit (théorie néoclassique). L’entrepreneur est donc le moteur de l’innovation et du PT. Le rôle de l’entrepreneur consiste donc à reformer la routine de la production afin d’augmenter son profit. L’entrepreneur a donc une fonction sociale particulière puisqu’il est le vecteur de valeurs qui caractérisent le capitalisme. C’est un élément dynamique qui fait évoluer le système par sa capacité à prendre des risques, à créer, à agir sur les autres. Il est habité par des mobiles personnels dont la volonté d’être indépendant, volonté de réussir, que l’on peut repérer par le plaisir d’innover. Le profit, qui découle de l’avantage qu’obtient l’innovateur sur ses concurrents, sera la récompense, la rémunération de l’entrepreneur dynamique et innovant. C’est grâce à cette motivation que l’entrepreneur est le moteur du progrès technique. L’entrepreneur, qui innove, aura une position de monopole temporaire. En effet, cette firme, qui innove, augmente sa productivité mais, aussi, celle des autres à terme car l’innovation se diffuse. Ceci amène l’entrepreneur à innover à nouveau pour se différencier et c’est en cela que le progrès technique est le moteur de la croissance. Si le progrès technique est une innovation, c’est donc un accroissement des connaissances que les hommes ont des lois de la nature appliquées à la production. Dans ce cas, le progrès technique a des effets positifs mais aussi négatifs, justifiant l’intervention de l’Etat : Pour le positif, le progrès technique est un bien cumulatif et public et à ce titre, il faut rappeler que les connaissances sont caractérisées par un principe de non-rivalité (utilisation par agent et ou non par un autre) et de non-exclusivité (accès à un agent économique) qui amène à sa diffusion. Pour le négatif, le principe de non-rivalité amène les entreprises qui bénéficient de la diffusion à ne pas investir en recherche et développement (principe du passager clandestin) ce qui ralentit le progrès des connaissances. A ce niveau, l’Etat devrait aider au financement de la recherche. Le principe de non-exclusisvité amène les entrepreneurs à ne plus innover car ils sont à la source des revenus de leur concurrent sans être payé. L’innovation a un rendement social supérieur au rendement privé. A ce niveau, une non-exclusivité partielle est possible grâce au brevet permettant de protéger temporairement l’innovateur, sans freiner la diffusion de la connaissance. La production d’un tel bien amène à des effets non pris en compte par le marché, ce qui ne permet pas un optimum. Il faut donc une intervention de l’Etat pour améliorer l’allocation des ressources : Financement direct ou indirect de la recherche fondamentale, car la rentabilité est incertaine et les résultats non applicables directement Inciter la recherche appliquée et le développement de nouveaux produits et processus en garantissant une exclusivité partielle, par une législation sur le droit de la propriété intellectuelle Développer des procédures spécifiques de financement de l’innovation des PME ne pouvant accéder aux marchés financiers (capital risque – incitations fiscales) Il existe trois degrés de recherche dont fondamentale (lois), appliquées (vers invention) et expérimentale (innovations). De plus, l’Etat joue un rôle crucial dans l’innovation et le progrès technique à travers la formation du capital humain. C’est pourquoi, l’éducation est un investissement, qui a un coût, mais qui produit aussi un rendement individuel (salaire) et collectif (efficacité). Ce rendement découle des compétences individuelles mais aussi du stock de recherches et d’innovation. Enfin, cette éducation produit des effets externes positifs dans la mesure où elle se diffuse et profite à l’ensemble de la collectivité. Le progrès technique n’est pas autonome par rapport aux facteurs de production, du travail et du capital. Il semble plutôt incorporé en ce sens que l’investissement serait le principal vecteur du progrès technique en intégrant les innovations. Le progrès technique, mis en œuvre par l’Etat et l’entreprise, semble donc être le moteur de la croissance économique et du développement. Toutefois cette liaison positive dépend du choix des acteurs économiques et la répartition des gains de productivité. Enfin, en raison de l’ouverture des économies, l’attention se porte sur la relation progrès technique – compétitivité. II] Le progrès technique dans le développement économique et social 1) Le progrès technique et la croissance Croissance Facteurs de production Travail Capital Rendement décroissant La croissance provient des deux facteurs de production, le capital et le travail. Or, ceux-ci sont caractérisés par des rendements décroissants c’est-à-dire plus on utilise l’un des facteurs de production, l’autre restant stable, plus leurs productivités finissent par décroître. Comment explique-t-on qu’il y ait toujours de la croissance ? Les économistes vont introduire l’idée d’un résidu, élément qui expliquerait la croissance qui s’appelle le progrès technique. Durant les Trente Glorieuses, SOLOW montre qu’il y a un taux de croissance de 5% prouvé par la hausse du salaire utilisée de plus de 0,6% par an, et le capital utilisé de plus de 1,9% par an. Il manque alors 2,5 points de pourcentage inexpliqués, le progrès technique va combler ce résidu. Puisque le progrès technique est considéré comme un résidu, les économistes vont parler d’un progrès technique qui tombe du ciel c’est-à-dire qu’il ne révèle pas d’une stratégie purement économique. Ils parlent donc d’une croissance exogène dans la mesure où elle résulte, essentiellement, d’un résidu qui échappe au champ de l’économie. Longtemps considéré comme exogène, le progrès technique restait lui-même inexpliqué. Dans les années quatre vingt, la théorie de la croissance endogène va le désigner comme le produit de diverse externalités relatives au capital humain et technologique. Pour ces théoriciens, les facteurs de production ont des rendements constants ou croissants car il incorpore le progrès technique. Le progrès technique est donc endogène car il relève de comportements, de choix économiques, d’une activité rémunérée. Le niveau du progrès technique est donc induit. SCHUMPETER est le premier à avoir développé une théorie de la croissance et de ses fluctuations centrée sur l’innovation technologique. Il réinterprète les cycles longs de Nikolaï KONDRATIEFF (1882-1936). croissance à long terme Taux de croissance Biotechnologie Automobile Moteur Eléctricité Chimie Chemin de Fer droite de régression Machine à vapeur Temps Il y a une correspondance entre les phases d’expansion longue de la production et la mise en œuvre de grappe d’innovations centrées sur une innovation majeure. L’apparition des innovations par grappe dans l’activité économique ouvre des perspectives de profit qui stimulent la concurrence et génère la prospérité. L’innovation se diffuse et génère des investissements qui alimentent la croissance. Les prix diminuant, la demande augmente ce qui entraîne des investissements induits. Durant cette phase, il y a un transfert de capital du secteur ancien vers le secteur moderne où les profits sont plus importants. C’est pour cela que SCHUMPETER parle de destruction créatrice c’est-à-dire de mutation permanente des structures de production tenant à des raisons externes. Puis, les innovations une fois diffusées, les occasions de profits disparaissent, les affaires ralentissent et l’économie entre en récession. L’apparition de nouvelles innovations assurera la reprise. La croissance est auto-entretenue par accumulation de capital physique et humain qui incorporent la technologie. Le rythme de cette accumulation dépend du choix des acteurs économiques. Progrès Technique = Gains de productivité Baisse des prix Baisse du temps de travail Progrès Technique Si l'augmentation du profit est attribuée à la recherche et à une diminution du temps de travail pour être mieux formé Hausse des salaires Hausse des profits Croissance Ce choix de répartition est l'objet de négociations 2) Progrès technique et développement 1 4 Système Technique N.O.S.T. Innovations dans la filière électronique Néo-taylorisme 2 Miniaturisation Amélioration des performances-prix Intégration dans d’autres technologies Séparation conception/exécution Recomposition des tâches Réduction de l’intervention de l’homme Elite qualifiée/travail disqualifié Changements dans l’OST Nouvelle logique de production Nouvelle logique de production Nouvelle forme d’accumulation du capital 5 HAUSSE DE LA PRODUCTIVITE Nouvelles façons de produire Pénétration de l’informatique dans les secteurs d’activités 3 Coût de contrôle de qualité Coût de surveillance de la main d’œuvre Nouvelle logique de consommation Système flexible de production 6 Adaptation aux petites séries Réduction des stocks, des invendus Nouvelles normes de consommation Relance de la consommation 7 Baisse du coût social d’organisation du travail 8 Nouveaux produits Hardware et software professionnels Informatique domestique Innovations Services liés Permettre une restauration de la rentabilité des entreprises Améliorer la compétitivité Nouvelles activités INFORMATIQUE 9 3ème REVOLUTION INDUSTRIELLE Dans une logique plus qualitative, il est possible d’établir des relations, également conditionnées par des choix sociaux entre progrès technique et développement. En effet, le progrès technique entraîne une adaptation, des transformations structurelles nécessaires à la croissance. L’exemple ci-dessus montre que le progrès technique apporte : Une amélioration des conditions de vie et du niveau de vie (culture, santé, loisir) Une transformation sectorielle (différence de gains de productivité) Une transformation des qualifications de l’emploi Une transformation de l’organisation du travail Une différentiation verticale (croissance qualitative) Par ailleurs, les transferts de technologie, c’est-à-dire importation de technologie existant déjà (achat de brevet, contrat de formation, usine clé en main,…), amènent des avantages en terme de développement aux « late comer ». Le coût de transfert de la technologie est inférieur au coût de production ex nihilo. Parfois, la technologie peut être mal adaptée à un cadre culturel et structurel différent. L’ouverture des économies nationales, qui s’est accélérée depuis une vingtaine d’années, en rendant la concurrence plus âpre, rend plus grande l’exigence de compétitivité. La compétitivité est la capacité à acquérir des parts de marché. La compétitivité-prix s’obtient par une maîtrise des coûts de production et un accroissement de la productivité qui permettent d’être moins cher que les autres. Les pays développés ne sont pas les mieux placés face aux PED où la main d’œuvre est bon marché, sur ce terrain qui est surtout celui des produits banalisés. 3) Progrès technique et compétitivité Progrès technique Hausse des profits Hausse de la productivité Hausse de la demande d'investissement Hausse des salaires Baisse des prix Production variant peu Compétitivité des prix Hausse de la production Suppression d'emploi Créations d'emplois Hausse de la demande des biens de consommations Hausse des exportations Hausse de la production Est illustrée ci-dessus la théorie de la compensation, avec les effets à court terme, à moyen terme et à long terme. Ils doivent donc privilégier la compétitivité hors prix (ou structurelle) qui est assurée notamment par la qualité et la nouveauté des produits. L’innovation de produit devient ainsi un élément central de la stratégie des firmes occidentales. Il s’agit de proposer des produits innovants, à forte valeur ajoutée, qui valorisent le savoir-faire technologique. Grâce à ces innovations, les entreprises peuvent même récupérer les avantages comparatifs qu’elles avaient perdus. Le cas de l’industrie du textile est, à cet égard, exemplaire. A ce niveau, le rôle des pouvoirs publics est primordial dans la mesure où l’Etat est responsable de la stratégie commerciale du pays à l’étranger. III] Progrès technique et emploi 1) Une approche qualitative Des transformations qualitatives dues au progrès technique ont affecté la population active : Evolution sectorielle sous l’effet de la croissance de la productivité, il faut travailler sur la thèse de FOURASTIER. L’augmentation des salaires et la diminution des prix entraîne une hausse de la consommation puis de la demande donc de la production. De même, une hausse des profits engendre une hausse de l’investissement donc de la production. Or, les différents secteurs sont marqués par des gains de productivité différents, donc par un développement qui varie d’un secteur à l’autre. Transformation des métiers et des qualifications. Le nombre de cadre a augmentait de 270% entre 1954 et 1992. Ainsi la complexification de l’appareil productif entraîne une évolution des métiers et des qualifications. Bouleversement dans l’organisation du travail avec le télétravail. Ces avantages sont la diminution des coûts de production, une meilleure motivation du salarié pour l’entrepreneur. Les inconvénients sont le manque de coordination et de travail en équipe, envahissement de la vie privée pour le salarié. C’est alors un nouveau rapport hiérarchique et une autonomie croissante, opposés aux principes taylorien. 2) Une approche quantitative Le progrès technique a toujours fait peur ; c’est sans doute parce que la disparition des emplois est souvent immédiate, directe, visible, ou prévisible, tandis que les emplois qu’il génère n’apparaissent que progressivement et généralement, ailleurs. Seule une vision macroéconomique peut rendre compte de son impact réel sur l’emploi. Si le progrès technique a pu entraîner du chômage à court terme, le solde des créations-destructions d’emplois, à long terme, a été positif. En France, l’emploi a progressé de 21,9% sur la période de 1870 à 1987 contre 677% pour les Etats-Unis où il y a une très forte croissance démographique. Le chômage technologique, du à l’introduction de progrès technique et à la substitution du capital au travail, est donc un chômage provisoire, dans la mesure où une demande nouvelle des consommateurs suscite de nouvelles activités de production qui résorbent le chômage de reconversion. On retrouve ici l’analyse de SAUVY et sa thèse du déversement. Les innovations de procédé améliorent la productivité, dans le même temps, elles peuvent entraîner du chômage là où elles sont mises en œuvre. Elles vont permettre des augmentations de revenus qui pourront alimenter la demande et ainsi susciter des créations d’emploi. Ces gains de productivité peuvent aussi se répercuter en une baisse du prix des biens du secteur qui innove, entraînant une demande accrue de ces biens et une hausse du pouvoir d’achat des autres salariés. Cette transformation des gains de productivité en emploi ne garantit pas qu’il y aura compensation. Cet effet de compensation peut être renforcé par des innovations de produits qui stimulent la demande finale des ménages donc, à terme, l’emploi. Cette compensation est conditionnée par l’élasticité prix et revenu. Les emplois ne constituent pas un stock dont le progrès technique viendrait chaque jour un peu plus réduire le volume. Les emplois pourraient être limités par un manque de ressources naturelles ou une insuffisance de besoin. Les besoins humains et les ressources transformables sont tels qu’il n’y a pas de limite physique à la création d’emploi. Les besoins sont illimités et naissent au gré de la technique, les ressources sont intensifiées (pétrole) ou valorisées (soleil) grâce au progrès technique. S’il existe bien une relation possible entre progrès technique et chômage, elle n’a rien d’automatique, elle n’est pas stable et n’a rien de mécanique. Elle dépend de la décision économique et sociale. Le progrès technique n’est, par nature, ni faiseur de chômage et ni créateur d’emplois. Ainsi, par le passé, les gains de productivité se sont traduits par une forte augmentation du temps libre (le temps de travail a diminué de 54% entre 1850 et 2000 alors que l’emploi progresse de 18% entre 1850 et 1996) et non par du chômage. C’est dans les processus économiques et sociaux et non dans le progrès technique que réside la réponse. SHEMA DE SYNTHESE Contenu Mesure Mesure Déterminants Productivité, dépenses R&D, brevets,... Entreprise : Se différencier de la concurrence Acteurs Croissance Progrès technique Innovation produit/procédé/ organisationnelle Croissance Compétitivité Compétitivité Etat : fournisseur d'externalité positives (R&D - Education - Formation) Progrès technique exogène Transfert de technologie - Analyse néoclassique Progrès technique endogène Nouvelles théories de la croissance (SCHUMPETER) Compétitivité prix Compétitivité hors prix Evolutions sectorielles Transformations structurelles Changements organisationnels Transformation des qualifications Emploi Transformation gains de productivité en emploi Chômage Rôle de l’innovation produit sur demande finale Dimension oubliée du progrès technique : RTT