« philosophie » de son site internet, et on a créé un autre site où on
partage tout cela avec ceux qui nous lisent.
Et puis on a commencé à relayer cela dans nos activités professionnelles:
on est tous les deux profs, et ces questions de genres et de sexualité sont
devenues une composante de notre travail : Catherine est devenue
correspondante de ces questions et de l’égalité entre filles et garçons,
dans son lycée, avec des actions pédagogiques qui sont allées jusqu’au
ministère à Paris. De mon côté, j’ai mis en place des séminaires sur les
questions de genre et de sexualité pour mes étudiants, où depuis trois ans
Shoushou intervient (en général, Shoushou cache qu’elle est aussi
prof…), . Et dans mon travail en psychiatrie, on vient d’organiser une
journée à La Sorbonne, avec l’OMS, l’Organisation Mondiale de la
Santé, pour que l’OMS révise les classifications actuelles sur la
transsexualité, l’intersexualité, les paraphilies etc. On va peut-être bien y
arriver. Et on a participé avec Shoushou aux gayprides de Bruxelles et
de Lille etc etc…
Tout cela nous a fait rencontrer le mouvement LGTBIQ, qui regroupe les
lesbiennes, les gays, les Trans, les Bis, les Intersexes et les Queers, dont
certains responsables sont ici.
Faire mon anniversaire comme ça ce soir, aller à la gaypride, faire venir
Shoushou pour travailler avec mes étudiants, essayer de sensibiliser nos
lieux professionnels et personnels aux questions de genres et de
sexualités, c’est, je crois, suivre la trace des mouvements féministes, puis
homosexuels, qui ont abouti à ce qu’on appelle parfois le mouvement
« queer » (Q U E E R). : c’est quoi ce mouvement ? Les queers étaient
des gens qui étaient stigmatisés, méprisés, parfois même tués, pour leur
orientation sexuelle, et ils ont su inverser l’interdit en droit, la honte qui
les humiliait en fierté, (pride). C’est le moment où on réussit à inverser
nos symptômes et nos stigmates en fierté, en joie dirait Spinoza, et en
jouissance, dirait Freud. C’est une inversion, et en fait une
« révolution »…
Je crois que c’est ce que j’ai voulu faire ce soir, un anniversaire queer qui
prenne à revers et finalement à l’endroit ce que la vie habituelle s’emploie
à mettre à l’envers, lorsqu’elle nous oblige à cacher, cloisonner, séparer,
taire, mettre au placard.
Ce soir est un maillon de plus, pour Catherine et moi, de notre coming
out, notre sortie du placard, comme disent les gays…
Ces dernières années, on a rencontré des personnes avec lesquelles on a
essayé de faire cela, d’arrêter de fonctionner à l’envers, et souvent ça n’a
pas marché. Je me suis dit que ce soir pouvait être l’occasion de se
refaire signe, un signe « queer » qui fasse que ce ne soit pas le silence, la