Les édulcorants : pas de bénéfices et peut-être des risques…

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Les édulcorants : pas de bénéfices et peut-être des risques…
Le consommateur les trouve dans des boissons, des produits alimentaires, ou s’en sert tout
simplement pour « sucrer » son café… Substituts du sucre, les édulcorants intenses sont
censés diminuer les apports énergétiques, aider à maigrir, ou encore à suivre un régime antidiabète. Censés seulement. Car si l’on en croit le rapport d’expertise* que l’ANSES** vient
de rendre public, rien ne permet d’encourager le remplacement systématique du sucre par
des édulcorants. Leur bénéfice nutritionnel n’est pas établi. Pas plus d’ailleurs que leur
innocuité…
Une dizaine de molécules chimiques les plus diverses sont actuellement utilisées en Europe
pour donner un goût sucré à des boissons ou aliments. En France, les plus employées sont
l’aspartame, l’acésulfame K, le sucralose et, depuis quelques années, les extraits de stevia.
D’une molécule à l’autre, le pouvoir sucrant de ces quatre édulcorants est 100 ou 200 voire
plusieurs centaines de fois supérieur à celui du sucre.
On s’en sert de plus en plus depuis une vingtaine d’années pour fabriquer des produits à
faible valeur calorique. Un argument commercial majeur, qui suggère un lien direct avec le
contrôle du poids. Le consommateur espère un bénéfice pour sa corpulence. Ou encore visà-vis du diabète.
Pas d’intérêt nutritionnel
Est-ce bien réaliste ? L’ANSES a passé en revue toutes les études disponibles. Les résultats
sont décevants. Impossible de statuer sur un bénéfice nutritionnel à long terme. A court
terme, s’ils remplacent le sucre, les édulcorants apportent moins de calories, mais aucune
donnée ne permet de garantir un bénéfice à long terme. Aucun intérêt n’est démontré pour le
contrôle du poids : ni chez l’enfant, ni chez l’adolescent, ni chez l’adulte. Chez les
diabétiques, aucun bénéfice pour le contrôle de la glycémie. Pas de bénéfice non plus pour
prévenir l’apparition du diabète. Et pas plus sur le profil lipidique (en dépit de deux études
limitées qui suggèrent que l’aspartame diminue les taux de triglycérides).
Du côté des risques potentiels, il n’y a pas plus d’évidence. On ne sait rien sur le rapport des
édulcorants avec l’habituation au goût sucré chez l’adulte. Rien sur leur rapport avec le
développement du goût, les préférences alimentaires ou le contrôle de la prise alimentaire
chez l’enfant. On a observé parfois un gain de poids sous édulcorants, mais la causalité
n’est pas établie. On n’a rien noté par rapport à la glycémie, l’insulinémie. Rien par rapport à
l’incidence plus ou moins élevée du diabète chez les consommateurs quotidiens. Pas de lien
établi non plus avec les cancers mais des interrogations appelant à des travaux
complémentaires.
Une consommation régulière n’est pas recommandée
En somme, aucun effet bénéfique démontré ne permet de recommander une consommation
régulière d’édulcorants chez l’adulte et chez l’enfant. Aucun risque n’est pour autant établi
chez les consommateurs ponctuels. Mais le nombre d’études, trop limité, ne permet pas
d’écarter complètement certains risques en cas de consommation régulière et prolongée. La
recherche doit donc se poursuivre. Notamment sur les effets des édulcorants sur le poids. Et
sur les conséquences de leur utilisation chez l’enfant.
En attendant, rien ne justifie donc le remplacement systématique des sucres par des
édulcorants, ni leur utilisation à long terme. En particulier dans les boissons, qui en sont le
principal vecteur. Pour l’ANSES, la diminution des apports en sucres doit être atteinte par la
diminution globale du goût sucré de l’alimentation, et ce dès le plus jeune âge. « Les
boissons édulcorées, comme les boissons sucrées, ne devraient pas se substituer à la
consommation d’eau », souligne l’Agence. C’est le goût du sucre, mieux que le sucre luimême, qu’il serait utile de limiter ! (Nutrinews Hebdo)
* Evaluation des bénéfices et des risques nutritionnels des édulcorants intenses. Avis de
l’ANSES. Rapport d’expertise collective. Janvier 2015.
**Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
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