Sociologie 3

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Sociologie 3. Contrôle Social et déviance
3.1 – Comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?
Thème
3.1. Comment le
contrôle social
s’exerce-t-il
aujourd’hui ?
Notions
Contrôle social formel/
informel, stigmatisation,
dissuasion.
Indications complémentaires
On s’interrogera sur l’évolution des formes du
contrôle social dans les sociétés modernes et sur
leurs effets. On montrera qu’au fur et à mesure que
les relations sociales deviennent plus
impersonnelles le contrôle social par des
instances spécialisées tend à prédominer sur le
contrôle informel exercé par les groupes
primaires. On s’interrogera également sur les
effets produits par le recours à des formes de
contrôle social prenant appui sur les ressources
des nouvelles technologies.
Contrôle social : ensemble des moyens dont dispose une société ou une collectivité pour
amener ses membres à se conformer aux règles sociales afin de maintenir la cohésion sociale.
Contrôle social formel : pression sociale exercée par des normes juridiques et mis en œuvre
par des institutions spécialisées comme l’Ecole, l’Eglise, la justice, la police.
Contrôle social informel : pression exercée de manière continue dans les intéractions de la vie
quotidienne et plus précisément dans les groupes primaires.
Déviance : non-conformité aux normes sociales
Dissuasion : conformité aux règles obtenue par le biais de sanctions formelles (visibles) ou
informelles.
Stigmatisation : processus par lequel un groupe désigne une personne comme déviante.
A / Qu’est-ce que le contrôle social ?
L’expérience de Milgram consiste à mesurer la pression qu’on donne à un patient sous
l’autorité d’un médecin. En effet, deux sujets sont soumis à cette expérience. Un élève est
assis sur une chaise censée être électrique et un sujet lui fait réciter des mots. Si l’élève se
trompe, ce dernier doit lui envoyer des chocs électriques qui vont de 15 à 450 Volts. Le sujet
reçoit bien évidemment les cris de l’élève mais Milgram lui demande de continuer. Donc,
sous l’influence du médecin en blouse blanche, le sujet continuer à faire réciter les mots.
L’expérience s’arrête lorsque le sujet refuse d’obéir à la quatrième demande. Cette expérience
a pour but de mesurer l’influence du contrôle social sur les comportements et jusqu’où les
individus sont prêts à aller par obéissance.
Ça nous permet de voir quels sont les éléments de pression et combien l’autorité est
importante et légitime.
Les mécanismes psychologiques tels que la peur de décevoir, la difficulté à remettre en cause
son premier jugement ou encore le soulagement de sa conscience peuvent expliquer la
soumission à l’autorité.
Le contrôle social amène les membres d’une société à être conforme aux règles qui
doivent apprises et intériorisées.
La conformité peut être obtenue de trois manières :
- par imitation du groupe de pairs
- par intériorisation des normes et des valeurs lors de la socialisation
- par dissuasion fondée sur la sanction positive (récompense) et négative (punition).
Il existe des sanctions formelles (peine de prison, amende, fraude au bac, légion d’honneur,
médaille, diplôme, promotion) ou informelle (exclusion sociale, rejet, réprobation,
compliments).
B/ Quelles sont les évolutions du contrôle social ?
Dans la France de l’Ancien Régime, les groupes primaires avaient une grande
influence sur les individus puisqu’ils grandissaient dans le même village et restant donc
proche de leurs coutumes et de leurs valeurs que ce soit par leurs activités familiales,
religieuses ou économiques. Ils restaient en relation avec un groupe restreint de personnes et
tout le monde était constamment sous le regard de l’autre. Un contrôle social informel
s’exerçait : dès qu’un groupe désapprouvait le comportement anormal d’un individu, celui-ci
était mis à l’écart.
Avec l’extension de l’Etat et l’extension de la société, ce contrôle social informel s’est
affaibli. En effet, avec le phénomène d’exode rural (les ruraux se déplacent vers les villes), les
individus sont devenus de plus en plus autonomes et indépendants et les communautés se sont
effacées progressivement au cours de XIXe et XXe siècles. L’Etat a ainsi mis en place un
système de sécurité sociale pour aider les plus démunis avec un système de prestation sociale
et de redistribution de revenus. On est donc passé d’un contrôle social informel à un contrôle
social formel avec l’extension de l’Etat.
Cette transformation résulte aussi de la montée de l’individualisme où l’individu
souhaite être plus libre dans le choix des normes.
La Révolution française de 1789 en est la première cause car elle permet l’affirmation de
l’égalité des droits et la liberté de choisir son opinion. Elle prône la liberté de l’individu qui
peut faire ses propres choix et s’affranchir des valeurs de son groupe primaire. Puis, en mai
1968, les normes sociales sont remises en cause et elles sont aujourd’hui relatives.
Aujourd’hui, avec la montée de l’individualisme, les individus veulent choisir leur identité et
donc s’affranchir des règles du groupe primaire.
La justice est devenue une instance officielle du contrôle social et donc la prise en
charge de la déviance a augmenté depuis 1950.
Dans le contexte des cités, le contrôle social informel subsiste puisqu’il existe une
forte visibilité des autres, chaque fait et geste est contrôlé et le regard des autres est important.
L’honneur de la famille repose sur le comportement des filles et les garçons dominent.
C / Quels sont les effets des sanctions ?
Les sanctions peuvent avoir des effets positifs et des effets négatifs sur les individus :
Les sanctions permettent tout d’abord de dissuader les individus de commettre l’irréparable.
Par exemple, la mise en place des radars a permis la diminution de la mortalité sur la route et
a rendu une norme sociale efficace puisque les conducteurs ont eu peur des gendarmes et se
sont pliés à la règle du radar.
Cependant, elles peuvent aussi conduire à la stigmatisation. Un individu auquel on renvoie
une image négative va se l’approprier et se conformer à cette image. C’est une théorie
intéractionniste où l’individu accepte les stéréotypes qu’on lui renvoie et va s’y conformer
jusqu'à devenir réellement quelqu’un de déviant. Le stéréotype peut assigner un
comportement déviant à toute une population.
D/ Quel est le rôle des nouvelles technologies dans le contrôle social ?
Les nouvelles technologies via Google scanne les données et envoie de la publicité
ciblée par exemple en fonction de la recherche de l’utilisateur. Le Web peut aussi contrôler la
population. Certaines photos postées sur des réseaux sociaux virtuels peuvent poser problème
dans un contexte professionnel mais il existe un droit à l’oubli qui permet de rendre
l’information confidentielle. On considère que tout le monde a le droit à une seconde vie en
dehors de son travail.
Internet est un moyen d’accéder au monde extérieur. C’est donc à la fois un outil de
surveillance mais aussi un outil d’émancipation. Avec le relâchement du contrôle social au
début du XXème siècle, apparaît l’idée de la vie privée.
Synthèse :
Le contrôle social est l’ensemble des moyens (matériel et symboliques) mis en œuvre par une
société pour s’assurer de la conformité de ses membres aux normes en vigueur, prévenir la
déviance et ainsi permettre la cohésion sociale.
Les normes sont associées à des valeurs. Celles-ci ont d’abord un effet de dissuasion
(exemple des radars). Celui qui enfreint la norme est l’objet d’une sanction, symbolique ou
physique (emprisonnement), qui peut parfois renforcer l’identification de l’individu à son
identité déviante.
Dans les sociétés traditionnelles, le contrôle s’exerçait surtout au sein des groupes primaires
(comme la famille, le voisinage, la paroisse…). Ce contrôle social était informel sous la
forme d’une pression sociale diffuse : chacun est en permanence sous le regard des autres.
L’Etat en revanche produit un contrôle social formel exercé par des institutions spécialisées
(police, justice).
Avec la division du travail et de l’extension de l’Etat, la montée de l’individualisme a
affaibli le contrôle social de proximité. Le contrôle social formel prédomine aujourd’hui,
avec la multiplication des normes juridiques.
Le développement des nouvelles technologies, s’il constitue un espace de liberté qui a permis
de renouveler les modes d’intervention des citoyens dans la vie démocratique (exemple des
printemps arabes), peut également devenir un nouvel outil du contrôle social, les individus
devant en permanence se conformer aux exigences d’une société de la « transparence »
(exemple de Facebook).
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