L'écriture de l'histoire. Problématique pour l'introduction : La notion d'histoire est d'emblée marquée par une certaine ambiguité puisqu'elle désigne aussi bien l'intégralité du passé humain que la discipline visant la connaissance de ce passé. D'ailleurs, en temps que récit ayant pour but la connaissance du passé humain, la discipline historique est apparentée au dernier sens de la notion d'histoire comme simple narration littéraire. Ainsi, deux de ces trois significations de la notion d'histoire sont centrées sur l'idée de récit ; un récit écrit par l'homme et pour être lu par d'autres hommes. Il ne sera pas ici question de traiter la signification métaphorique de l'écriture de l'histoire. Cela reviendrait à demander quels sont les principaux moteurs de l'Histoire des hommes. Cependant, il s'agira essentiellement d'étudier ce qu'implique le fait que l'histoire soit un récit écrit par des hommes et à destination d'autres hommes. Puisque l'écriture de l'histoire suppose que le récit soit destiné à être lu, il est fondamental de se demander également quelle est la finalité de cette écriture. Pourquoi l'historien écrit-il ? En effet, il apparaît impossible de dissocier une quelconque écriture de l'histoire du but poursuivi à travers cette écriture. Cette finalité déterminera alors la manière dont l'histoire doit être écrite. L'idée d'écriture de l'histoire suppose d'abord une intervention de l'historien dans l'acte même d'écrire. En ce sens, l'historien a une activité proche de celle du romancier. Pourtant, la discipline historique vise une connaissance véritable du passé humain et non une quelconque vraisemblance. Par conséquent, il est primordial de se demander quelle est la relation exacte entre l'activité d'écriture de l'historien et celle du romancier. Y a-t-il une parenté entre l'acte d'écrire de l'historien et du romancier ? Une telle parenté serait-elle entièrement néfaste à la discipline historique ? Par exemple, le fait que l'historien s'investisse dans l'écriture de l'histoire condamne-t-il la connaissance historique à n'être qu'une pseudo-connaissance frappée de subjectivité ? Il se pourrait alors que l'idée de l'écriture de l'histoire doive être abandonnée pour que l'on parle plutôt des écritures de l'histoire. Au contraire, l'écriture de l'histoire par l'historien doit-elle prétendre être radicalement différente de celle du romancier afin d'atteindre une objectivité qui serait toute scientifique ? Plan détaillé : [comme pour le dernier devoir, j'ai essayé de m'en tenir à ce qui a été dit en cours et dans les précédents corrigés afin que vous puissiez voir comment il était possible d'agencer les différents éléments de réflexion dans une réponse progressive] I- La nécessité d'un contrôle de la subjectivité de l'historien dans l'écriture de l'histoire. 1- Une écriture vertueuse : l'épochè. → Une première finalité de l'écriture de l'histoire : histoire et politique. Il y a deux conceptions envisageables du rapport entre l'histoire et la politique et cela a une grande influence sur l'écriture de l'histoire : - l'histoire au service de la politique : le magistère civique. - l'histoire comme compréhension du présent pour permettre une action politique éclairée. 1 → Le modèle de l'école des annales : Marc Bloch et Lucien Febvre. En réaction à une conception de l'histoire au service de la politique, l'école des Annales souligne l'idée qu'une « histoire qui sert est une histoire serve ». Cette servitude de l'histoire serait en réalité une aliénation de l'écriture de l'histoire à des orientations politiques. En effet, l'historien orienterait alors ses écrits en fonction de son engagement existentiel dans la politique. L'écriture de l'histoire, loin d'être objective, serait plutôt contaminée par des jugements axiologiques subjectifs qui viendraient inhiber une véritable explication des événements étudiés. Ex : l'analyse que fait Marc Bloch de la figure de Robespierre dans l'Apologie pour l'histoire ou le métier d'historien. Dans ce cas, il n'y aurait plus une écriture de l'histoire mais des écritures de l'histoire à cause des jugements de valeur qui déforment l'explication. → Pourtant, selon l'école des Annales, ce refus de la soumission à la politique ne doit pas empêcher l'écriture de l'histoire d'être engagée. Au contraire, le récit de l'historien serait alors épuré et l'écriture de l'histoire permettrait d'ouvrir à la compréhension du présent. Loin d'être un asservissement déformant à la politique, l'écriture de l'histoire serait plutôt le reflet d'une neutralité axiologique de l'auteur permettant une véritable action politique éclairée par la connaissance des déterminations présentes. → pas de jugements de valeur mais la recherche d'une explication neutre d'un point de vue axiologique. Marrou De la connaissance historique : épochè nécessaire à l'écriture de l'histoire. L'écriture de l'histoire est une écriture vertueuse qui suppose que l'historien ait mis entre parenthèse son engagement existentiel et ses valeurs pour permettre une compréhension authentique. 2- Une écriture rigoureuse : la méthode. → le refus du jugement de valeur est une première étape nécessaire dans la purification d'une écriture de l'histoire toujours menacée d'être malencontreusement soumise à la subjectivité distordante de l'historien. Mais pour devenir objective, l'écriture de l'histoire ne doit-elle pas se rapprocher au maximum des explications scientifiques telles que celles qui sont par exemple établies en physique ? → [petit développement non vu en cours mais qui est intéressant dans la mesure où l'écriture de l'histoire obéirait aux mêmes principes que toute science] Pour le positiviste qu'était Carl Hempel, l'écriture de l'histoire obéirait en fait aux mêmes principes d'explication que toutes théories physiques. Cela impliquerait par conséquent la nécessité de réformer l'écriture actuelle de l'histoire pour viser une écriture plus rigoureuse. Pour Hempel, dans son article intitulé The function of general laws in history, l'explication historique fonctionnerait exactement comme une explication scientifique quelconque en associant deux faits grâce à une loi générale implicite. Par exemple, en expliquant la révolution française par un soulèvement de la population affamée et en colère, l'historien supposerait en fait la loi générale selon laquelle la cause « faim et accumulation de mécontentement » conduit à l'effet « révolution ». La révolution française ne serait qu'un cas particulier subsumé sous cette loi générale et l'explication historique serait donc la subsomption d'un cas particulier sous une loi générale implicite. La différence entre histoire et physique résiderait alors, selon Hempel, dans le constat suivant : la validité et le caractère explicite des lois générales de la physique s'opposeraient aux caractères implicite, fortement discutables et difficilement vérifiables des lois générales mobilisées en histoire. L'écriture de l'histoire reste vague car les lois générales ne sont que rarement explicitées. L'écriture de l'histoire reste fragile dans ses résultats car la validité de ses lois est largement contestable. Chez Hempel, l'identification de principe entre sciences et histoire le conduit à une conception assez pessimiste du statut de l'écriture de l'histoire. Dès lors, comment rendre plus rigoureuse l'écriture de l'histoire pour répondre à ce défit positiviste ? → Une certaine purification de l'écriture de l'histoire passe alors par la compréhension de la réelle spécificité de la discipline historique. Pour Seignobos, si l'histoire est spécifique c'est dans sa 2 méthode et non dans sa finalité. Comme les autres sciences elle doit viser le vrai mais elle ne peut y parvenir que par des moyens qui lui sont propres. C'est un encadrement strict du travail de l'historien qui devrait ainsi permettre d'aboutir à l'écriture de l'histoire. L'écriture doit en effet être considérée comme l'aboutissement de tout un travail rigoureux. Malgré le fait que l'école méthodique ait été très décriée il faut reconnaître que Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos ont eu le mérite d'être attentifs au fait que l'écriture de l'histoire devait être réglée très précisément (l'Introduction aux études historiques). → soumettre son propos à un travail méthodique en amont. Critique externe et critique interne. → normalisation de l'écriture. Ex : les notes de bas de page. [je ne développe pas ces deux aspects... Voir corrigés précédents et cours] → On retrouve ici une seconde caractéristique de la finalité de l'écriture de l'histoire. Celle-ci ne doit pas être close sur elle-même. Elle doit au contraire s'ouvrir au regard d'autrui et permettre une véritable intersubjectivité. L'écriture de l'histoire ne doit pas être tyrannique et arbitraire mais elle doit, au contraire, permettre à autrui de penser avec l'historien et de vérifier ce que ce dernier affirme. Transition : S'il est surprenant de rapprocher l'école méthodique de l'école des annales, il faut voir qu'en réalité ces deux écoles ont participé toutes les deux, mais de manière différente, à une réflexion précise sur l'écriture de l'histoire. - école des Annales : émancipation de l'histoire vis-à-vis d'une soumission à la politique rendant l'écriture de l'histoire subjective et plurielle. - école méthodique : volonté de contribuer à la scientificité de l'écriture de l'histoire par le travail sur la méthode. Ce qui précède laisse l'impression que l'écriture de l'histoire, qui est celle de l'historien, doit nécessairement s'émanciper et se distinguer d'une écriture plus libre qui serait celle du romancier. Pourtant, est-il si évident que l'historien n'ait rien à gagner à comparer son écriture à celle du romancier ? N'y a-t-il pas un certain usage de l'écriture de l'histoire littéraire qui puisse être fait par l'historien de métier ? II- la fertilité de la parenté entre l'écriture de l'historien et celle du romancier. 1- la liberté de l'écriture de l'histoire : une réponse à la simple curiosité. → L'écriture qui est celle du romancier apparaît libre dans la mesure où ce dernier choisi son sujet et son traitement. Plus que cela, il invente même son objet et son intrigue. → Sans réclamer une liberté si absolue, l'historien gagne à voir à quel point le récit qu'il écrit est proche du récit littéraire. Dans le style provocateur qui est le sien, Paul Veyne n'hésite pas à dire que « l'histoire est un roman vrai » (Comment on écrit l'histoire). Que veut dire cet historien lorsqu'il qualifie l'histoire de « roman vrai » ? → L'historien doit d'abord se détacher de l'emprise de la tradition qui réduit l'écriture de l'histoire à une histoire dite événentielle (i.e. centrée sur les guerres, les relations diplomatiques et les décisions des dirigeants). Veyne reprend alors la tendance exprimée par l'école des Annales pour laquelle il existe une multiplicité d'approches possibles. Par exemple, la pluralité des temps chez Braudel permettrait d'avoir une écriture de l'histoire au plus proche des causes qui seraient les moteurs de l'écriture réelle de l'Histoire. Le temps long, marqué par la détermination essentielle de la géographie, serait complété par un temps portant les développements des structures économiques et sociales et, pour finir, la surface de ces mouvements serait alors les événements politiques du temps court (Ecrits sur l'histoire). 3 → Il n'y aurait donc pas une seule approche possible en histoire. Comme le romancier, l'historien a le choix de son sujet et de sa manière de le traiter. Cette liberté de l'historien dans l'écriture de l'histoire n'est pas négligeable. → l'écriture de l'histoire doit répondre à la « pure curiosité » et peut être conçue comme une véritable exploration de l'humanité dans toutes ses possibilités. L'histoire ouvre donc à l'infini le champ de notre expérience de l'homme. Pour Veyne, s'il n'y a pas une écriture de l'histoire mais des écritures de l'histoire, c'est que cette pluralité est féconde et est la seule à même d'approcher la complexité de la vie humaine qui est l'objet de l'histoire. Pourtant cette pluralité fertile de l'écriture de l'histoire est la marque d'une subjectivité de l'historien qui se manifeste à travers ses choix. Loin de supprimer toute subjectivité, la réflexion sur l'écriture de l'histoire doit donc souligner qu'il y a une nécessaire implication particulière de la subjectivité de l'historien dans l'acte d'écrire. 2- La structure dramatique de l'écriture de l'histoire : le concept d'intrigue. → Chez Veyne, il y a un autre sens encore plus fondamental selon lequel l'histoire serait un roman vrai. → Il y aurait une parenté nécessaire de l'écriture du romancier et de l'historien à travers les notions d'intrigue et de drame. → lorsque Veyne parle de la multiplicité des approches possibles pour l'écriture de l'histoire il utilise le concept d' « intrigue ». Ce faisant, ll emprunte à la littérature une de ses préoccupations majeures et il montre à quel point l'écriture de l'histoire doit faire une place de choix aux réseaux de causalités qui permettent de comprendre le dénouement, non pas fictif, mais réel de l'intrigue. L'écriture de l'histoire littéraire et celle de l'histoire comme discipline serait donc proches parentes en ce qu'elles seraient centrées sur une intrigue donnant du sens aux événements relatés. L'intrigue est la condition de la signification des événements pour le lecteur. Sans elle, l'Histoire apparaîtrait simplement comme un ensemble disparate et non cohérent. C'est dans l'intrigue que l'écriture de l'histoire peut donner du sens et l'historien ne doit donc pas renoncer à une écriture de type romanesque. Ainsi, l'écriture littéraire permettrait de rendre compte de la structure dramatique de l'Histoire. → L'exemple de Michelet (dans son Histoire de la révolution française ou son Histoire de France) est ici édifiant. Il est possible de critiquer ce dernier pour l'absence de formalisation de ses explications et notamment l'absence de notes de bas de page (que l'école méthodique lui reproche vivement). Néanmoins, Veyne voit en Michelet un des pères de l'historiographie moderne par sa capacité à rendre vivante l'histoire qu'il raconte. Chez Michelet, l'écriture de l'histoire est le centre de gravité de trois axes : littérature, philosophie et politique. Si les influences de la philosophie et de la politique lui ont souvent été reprochées, il n'en reste pas moins que l'aspect littéraire de son oeuvre contribue à donner du sens aux événements en les replaçant dans une intrigue. Ici, la littérature serait un outil dont l'historien ne devrait pas se privé afin de mettre son récit en intrigue et donc de lui donner du sens. Néanmoins, l'écriture de l'histoire devient désormais un travail périlleux qui requiert plus que jamais que l'historien soit attentif. Car l'outil littéraire ne doit pas se retourner contre l'explication historique en la travestissant et en la déformant. → Cet aspect littéraire de l'écriture de l'histoire est alors synonyme d'un retour non négligeable de la subjectivité de l'historien. Car en effet, c'est bien lui qui choisit son sujet, son approche et la mise en intrigue des événements. L'intrigue, en tant qu'elle est un réseau de causalité aboutissant à un dénouement résulte du travail de l'imagination de l'historien dans le silence des documents. Car en effet, l'histoire est bien une « connaissance par traces » ; et ces traces ne dictent pas l'intrigue que l'historien décide de suivre. La révolution française peut ainsi être intégrée dans une intrigue privilégiant l'explication politique, l'explication économico-démographique de type malthusienne, ou encore l'explication économique de type marxiste. Pour reprendre un exemple de Veyne, il est même possible de négliger les bouleversements politiques pour étudier la vie des paysans nivernais 4 sous la révolution française. Les approches culturelles ou cultuelles ne sont pas non plus des options à évincer. Loin d'être simplement un résidu à supprimer, la subjectivité de l'historien s'avère à présent constitutive de l'écriture de l'histoire et de sa richesse explicative. Transition : Si Veyne insiste sur le caractère romanesque de l'écriture de l'histoire, il apparaît bien conscient des risques d'une telle comparaison avec la littérature. De ce fait, il s'empresse de préciser, dans sa définition de l'histoire que si l'écriture de l'histoire se fait sous la forme d'un roman, elle doit être un « roman vrai ». Comment l'écriture de l'histoire peut-elle alors être véridique ? Assiste-t-on à un simple retour à la nécessaire neutralité axiologique de l'historien et à une attention accrue à la méthode ? Comment concilier ces exigences apparemment contradictoires dans lesquelles serait empêtrée l'écriture de l'histoire ? Comment, en effet, exiger d'elle une véritable objectivité et en même temps faire le constat qu'elle est le résultat d'une entreprise subjective ? III- Une écriture nécessairement investie par la bonne subjectivité de l'historien. 1- la bonne subjectivité de l'écriture de l'histoire : le concept de rétrodiction. → l'écriture de l'histoire ne peut s'émanciper de la subjectivité de l'historien mais cela ne la condamne pas à être arbitraire. « L'histoire est un roman vrai ». Rq : de manière très provocatrice, Veyne s'oppose à l'école méthodique et à l'histoire événementielle en allant jusqu'à nier l'existence d'une quelconque méthode en histoire. Cette négation vise en réalité à souligner son refus d'une recette qu'il suffirait de suivre aveuglément pour aboutir à dégager la vérité des événements. L'écriture de l'histoire doit au contraire être le résultat de l'activité de la subjectivité de l'historien. Cependant, on retrouve chez Veyne la nécessité du développement de la critique en histoire (qui est pourtant la notion clef de la méthode de Langlois et Seignobos) et le caractère indispensable d'une neutralité axiologique. Ainsi, sur le fond, il est possible de retrouver ici l'exigence de rigueur qui avait été dès le début de l'analyse mise en relation avec l'écriture de l'histoire. → Mais Paul Veyne ne se contente pas de mettre en exergue la nécessité d'une critique et d'une neutralité axiologique. Il va plus loin en tirant toutes les conséquences du fait que l'écriture de l'histoire porte nécessairement l'emprunte de la subjectivité de l'historien. Si la mise en intrigue implique la subjectivité de l'écriture de l'histoire cela ne signifie pas que cette dernière soit arbitraire. → histoire comme « connaissance par traces » → nécessité d'hypothèses subjectives de la part de l'historien. Concept de « rétrodiction » /VS/ anachronisme. Implique la nécessité d'une grande érudition. // idée de mise en série + exemple de l'évergétisme antique [je ne développe pas tout cela... voir corrigé du devoir précédent]. → l'écriture de l'histoire ne peut se fonder que sur une subjectivité rigoureuse et non sur l'effacement totale de celle-ci. Ainsi, la méthode historique et la neutralité axiologique n'ont de sens qu'en permettant à l'écriture de l'histoire d'être libérée d'une « mauvaise subjectivité » pour être plutôt marquée par une « bonne subjectivité » fondée sur la multiplicité des intrigues, sur la rétrodiction, sur l'érudition et sur l'honnêteté intellectuelle. Ces deux expressions de « bonne subjectivité » et de « mauvaise subjectivité » sont présentes chez Ricoeur qui défend également l'idée que l'histoire doit chercher une objectivité qui lui est propre et qui résulte de l'engagement rigoureux de la subjectivité de l'historien. Toutefois, Ricoeur introduit également l'idée que l'écriture de l'histoire doive être marquée par une « subjectivité de haut rang ». Qu'elle est cette nouvelle subjectivité dont l'écriture de l'histoire devrait porter la trace ? 2- L'écriture de l'histoire et l'édification de la subjectivité du lecteur. [élément non travaillé en 5 cours ; apporte un plus dans la réflexion finale... pour votre culture générale] → Si l'écriture de l'histoire est bien destinée à un lecteur, l'idée d'une « subjectivité de haut rang » permet de déterminée une dernière finalité pour l'entreprise historique. Il ne s'agit plus ici de faire de l'écriture de l'histoire une simple réponse à la curiosité de l'historien et du lecteur. Plus que cela, Ricoeur défend l'idée que l'historien doit participer à une édification de la subjectivité d'autrui. Certes pas n'importe quelle édification (elle ne doit pas être un endoctrinement politique ou moral), mais une amélioration de la réflexion du lecteur. Ricoeur défend cette idée que l'écriture de l'histoire doit permettre, en étant destinée à un lecteur, le passage du « moi à l'homme ». Le récit historique sera alors la plongée dans une compréhension de l'homme en général et cela devra permettre au lecteur de sortir de sa simple subjectivité pour aller à la rencontre d'autrui. Conclusion : [je vous laisse synthétiser les éléments qui précèdent pour montrer en détail comment l'écriture de l'histoire suppose, non une élimination de la subjectivité de l'historien, mais au contraire l'investissement d'une subjectivité rigoureuse fondée sur la méthode, la neutralité axiologique et une rétrodiction érudite liée à une intrigue choisie par l'historien. L'écriture de l'histoire doit alors permettre, non d'asservir le lecteur en lui dictant une quelconque vérité historique, mais de répondre à sa curiosité en rendant possible une expérience de l'humanité d'autrui et une compréhension de son présent] 6