TD21 BCPST 1a 11–12 APPLICATIONS LINÉAIRES Dans un premier temps, ne pas chercher les questions précédées d’un (*) 1. Dans chacun des cas suivants, dire si l’application f de E dans F est linéaire. Quand elle est linéaire, décrire son image et son noyau (dimension et base, le cas échéant) a) E = F = R2 , f (x, y) = (x + 2y, 3x − y) b) E = R2 , F = R3 , f (x, y) = (2x, xy, x + y) c) E = R3 , F = R2 , f (x, y, z) = (−x + 2y, 2x − 3y + z) 3 d) E = F = R , f (x, y, z) = (x + y + z, 1, 2y − z) e) E = F = R3 , f (x, y, z) = (x, 2|y|, x − y + 2z) f) E = F = R3 , f (x, y, z) = (2x + y + z, x − y + 2z, x + 5y − 4z) 4 g) E = F = R , f (x, y, z, t) = (−y, my, x − mz − t, y) h) (*) E = F = R2 [X], i) (*) E = F = C ∞ (R, R), (m : paramètre réel) f (P ) = P − XP ′ f (u) = u′′ + 2u′ + u (seulement le noyau) Correction a) f est linéaire, Ker f = {(0, 0)}, Im f = R2 . (f est bijective) b) Soit u = (1, 1). f (u) = (2, 1, 2) et f (2u) = f (2, 2) = (4, 4, 4) 6= 2f (u), donc f n’est pas linéaire. c) f est linéaire, Ker f = Vect(u), avec u = (−2, −1, 1). Im f = R2 . d) f n’est pas linéaire car f (0, 0, 0) = (0, 1, 0) 6= (0, 0, 0). e) Soit u = (0, 1, 0). f (u) = (0, 2, −1) et f (−u) = f (0, −1, 0) = (0, 2, 1) 6= −f (u), donc f n’est pas linéaire. f) f est linéaire, Ker f = Vect(u1 ) avec u1 = (−1, 1, 1). Im f = Vect(u2 , u3 ) avec u2 = (2, 1, 1) et u3 = (1, −1, 5). g) f est linéaire, Ker f = Vect(u1 , u2 ) avec u1 = (m, 0, 1, 0), u2 = (1, 0, 0, 1). Im f = Vect(u3 , u4 ) avec u3 = (0, 0, 1, 0), u4 = (−1, m, 0, 1). h) Soit P et Q deux polynômes de degré inférieur ou égal à 2, et λ ∈ R. D’après les propriétés de la dérivation : f (P +λQ) = P +λQ−X(P +λQ)′ = P +λQ−X(P ′ +λQ′ ) = P −XP ′ +λ(Q−XQ′ ) = f (P ) + λf (Q), donc f est linéaire. Tout polynôme P de degré inférieur ou égal à 2 s’écrit P = aX 2 + bX + c, avec (a, b, c) ∈ R3 . f (P ) = (aX 2 + bX + c) − X(2aX + b) = −aX 2 + c Un polynôme est nul si et seulement si tous ses coefficients sont nuls, donc f (P ) = 0 ⇔ a = c = 0. Donc Ker P = {bX / b ∈ R} = Vect(X). X 6= 0E donc (X) est libre : (X) est une base de Ker f D’autre part, Im f = {−aX 2 + c / (a, c) ∈ R2 } = Vect(−X 2 , 1) = Vect(X 2 , 1). La famille (X 2 , 1) est libre car si aX 2 + c = 0, alors a = c = 0. Donc (1, X 2 ) est une base de Im f . i) f est linéaire. Ker f = {u ∈ E / u′′ + 2u′ + u = 0} donc Ker f = Vect(u1 , u2 ), avec u1 : x 7−→ e−x et u2 : x 7−→ xe−x . Montrons que (u1 , u2) est libre : soit (a, b) ∈ R2 tel que au1 + bu2 = 0. On a donc ∀x ∈ R, ae−x + bxe−x = 0. En simplifiant par e−x qui est non nul, on obtient ∀x ∈ R, a + bx = 0. Un polynôme est nul si et seulement si ses coefficients sont nuls, donc a = b = 0, ce qui signifie que (u1 , u2 ) est libre. C’est donc une base de Ker f . Remarque : On peut montrer que Im f = E. 2. Soit E et F deux espaces vectoriels, soit f ∈ L(E, F ) et soit (x1 , . . . , xr ) une famille de vecteurs de E. Montrer que : a) Si f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre, alors (x1 , . . . , xr ) est libre. b) Si (x1 , . . . , xr ) est libre et f est injective, alors f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre. c) Si (x1 , . . . , xr ) est génératrice de E et f est surjective, alors f (x1 ), . . . , f (xr ) est génératrice de F . d) Si f (x1 ), . . . , f (xr ) est génératrice de F et f est injective, alors (x1 , . . . , xr ) est génératrice de E. Correction a) On suppose que f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre. Montrons que (x1 , . . . , xr ) est libre : soit (α1 , . . . , αr ) ∈ Kr tel que α1 x1 + · · · + αr xr = 0. Appliquons f aux deux membres : par linéarité on obtient α1 f (x1 ) + · · · + αr f (xr ) = 0, et comme f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre, on a α1 = · · · = αr = 0, donc (x1 , . . . , xr ) est libre. b) On suppose que (x1 , . . . , xr ) est libre et f injective. Montrons que f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre : soit (α1 . . . , αr ) ∈ Kr tel que α1 f (x1 )+· · ·+αr f (xr ) = 0. Alors par linéarité on a f (α1 x1 + · · · + αr xr ) = 0, et comme f est injective, on a α1 x1 + · · · + αr xr = 0, et comme (x1, . . . , xr ) est libre, on a α1 = · · · = αr = 0, ce qui signifie que f (x1 ), . . . , f (xr ) est libre. c) On suppose que (x1 , . . . , xr ) est génératrice de E et f surjective. Montrons que f (x1 ), . . . , f (xr ) est génératrice de F : soit y ∈ F ; on doit montrer que y s’écrit comme combinaison linéaire des f (xi ). Comme f est surjective, il existe x ∈ E tel que y = f (x). Comme (x1 , . . . , xr ) est génératrice de E, il existe (α1 , . . . , αr ) ∈ Kr tel que x = α1 x1 + · · · + αr xr . Donc f (x) = f (α1 x1 + · · · + αr xr ), c’est à dire y = α1 f (x1 ) + · · · + αr f (xr ), ce qu’on voulait. d) On suppose que f (x1 ), . . . , f (xr ) est génératrice de F et f injective. Montrons que (x1 , . . . , xr ) est génératrice de E : soit x ∈ E ; on doit montrer que x s’écrit comme combinaison linéaire des xi : f (x) est dans F , et f (x1 ), . . . , f (xr ) est génératrice de F , donc il existe (α1 , . . . , αr ) ∈ Kr tel que f (x) = α1 f (x1 ) + · · · + αr f (xr ). Par linéarité on a donc f (x) = f (α1 x1 + · · · + αr xr ). Comme f est injective, on en déduit x = α1 x1 + · · · + αr xr , ce qu’on voulait. 3. Soit f ∈ L(R2 ) définie par f (x, y) = (2x + y, x − y). Soit u1 = (1, 3) et u2 = (1, 2). Vérifier que B = (u1 , u2) est une base de R2 et déterminer M = MB (f ). Réponse partielle : M = −12 ? ? ? Correction u1 et u2 ne sont pas colinéaires, donc forment une famille libre. Comme elle a 2 éléments, c’est une base de R2 . Il faut calculer f (u1) et f (u2) et les exprimer dans la base (u1 , u2 ). f (u1 ) = (5, −2) et f (u2) = (4, −1) Soit (x, y) ∈ R2 . On résoud αu1 + βu2 = (x, y) (E) Sous forme matricielle, (E) s’écrit 1 1 x 3 2 y x 1 1 L2 ← L2 − 3L1 0 −1 y − 3x 1 0 −2x + y L1 ← L1 + L2 L2 ← −L2 0 1 3x − y Donc (E) ⇔ α = −2x + y et β = 3x − y. Par conséquent f (u1 ) = (−2 × 5 − 2)u1 + (3 × 5 + 2)u2 = −12u1 + 17u2 et f (u2 ) = (−2 × 4 − 1)u1 + (3 × 4 + 1)u2 = −9u1 + 13u2 −12 −9 Donc M(u1 ,u2 ) (f ) = 17 13 1 −1 −1 4. Soit M = −2 0 −2 et f ∈ L(R3 ) dont la matrice dans la base canonique de R3 1 1 3 est M. a) Soit u = (1, 2, −1). Montrer que (u) est une base de Ker f . b) Soit v = (1, 0, −1) et w = (1, −1, 0). Calculer f (v) et f (w). c) Montrer que (u, v, w) est une base de R3 . Donner la matrice de f dans cette base. d) Montrer que Im f = Ker(2 Id − f ) 5. Soit E = Kn , et soit f ∈ L(E) telle que pour tout x ∈ E, la famille (x, f (x)) soit liée. a) Soit (e1 , . . . , en ) la base canonique de E. Montrer qu’il existe λ ∈ K tel que ∀i ∈ [[1, n]], f (ei ) = λei . b) Recommencer la question précédente, en la lisant bien cette fois. On pourra considérer e1 + ei c) Montrer que f est une homothétie vectorielle (ou identiquement nulle) . 6. Soit f : R3 −→ R3 (x, y, z) 7−→ (2x + y + z, 2y − z, 2z) Déterminer pour tout n ∈ N∗ l’expression explicite de f n = f ◦ f ◦ · · · ◦ f {z } | n fois Correction 2 1 1 La matrice de f dans la base canonique B est M = 0 2 −1 . 0 0 2 n n−1 n−1 2 n2 n2 − n(n − 1)2n−3 La matrice de f n dans B est M n = 0 2n −n2n−1 0 0 2n Donc f n (x, y, z) = 2n x + n2n−1 y + (n2n−1 − n(n − 1)2n−3)z, 2n y − n2n−1 z, 2n z 7. Diagonalisation d’un endomorphisme 1 −1 1 Soit E = R3 , et f ∈ L(E) dont la matrice dans la base canonique est 1 −1 −1 2 −2 0 a) Déterminer tous les réels λ tels que l’équation f (u) = λu admette des solutions u non nulles, et pour chacun de ces λ, déterminer une base de l’ensemble des solutions. b) À partir de ce qui a été trouvé à la question précédente, déterminer une base B de E telle que MB (f ) soit diagonale. 8. a) Soit n ∈ N∗ et f ∈ L(Rn ) définie par : ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ Rn , f (x1 , . . . , xn ) = (x1 + · · · + xn , x2 + · · · + xn , . . . , xn−1 + xn , xn ) Montrer que f est bijective et donner l’expression 1 ··· ··· 0 ... b) En déduire que la matrice M = ... . . . . . . 0 ··· 0 donner son inverse. Correction analytique de sa réciproque. 1 .. . ∈ Mn (R) est inversible et .. . 1 a) Soit (y1 , . . . , yn ) ∈ Rn . Montrons qu’il existe un unique (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn tel que f (x1 , . . . , xn ) = (y1 , . . . , yn ), c’est-à-dire tel que : x1 + x2 + . . . + xn = y1 x2 + . . . + xn = y2 (S) : .. .. .. . . . xn = yn Remarque : Quelqu’un qui connaı̂t son cours arrive au moins jusque là. (S) est triangulaire et ses coefficients diagonaux valent 1, donc (S) admet une unique solution, ce qui montre que f est bijective. Résolvons (S) : En faisant L1 − L2 , on obtient x1 = y1 − y2 , et de même en faisant Li − Li+1 (i ∈ [[1, n − 1]]), on obtient xi = yi − yi+1 , et enfin, xn = yn . x1 = y1 − y2 = y2 − y3 x2 . Donc l’unique solution de (S) est : .. xn−1 = yn−1 − yn xn = yn −1 L’expression de f est donc : ∀(y1 , . . . , yn ) ∈ Rn , f −1 (y1 , . . . , yn ) = (y1 − y2 , y2 − y3 , . . . , yn−1 − yn , yn ) b) M est la matrice de f dans B la base canonique de Rn . f est bijective, donc M est inversible (on pouvait aussi dire que M est triangulaire à coefficients diagonaux non nuls). 1 −1 0 · · · 0 .. 0 ... ... ... . .. . . . . −1 −1 . . M = MB (f ) = . . . . 0 . .. .. .. . . −1 0 ··· ··· 0 1 M −1 a des 1 sur la diagonale, des −1 juste au dessus, des 0 ailleurs. 9. Soit E = Kn , et B = (ui )1≤i≤n une base de E. Soit ε1 , . . . , εn des entiers qui valent 1 ou −1. Soit f ∈ L(E) telle que ∀i ∈ [[1, n]], f (ui ) = εi ui . Montrer que f ◦ f = IdE . Correction ∀i ∈ [[1, n]], f ◦ f (ui ) = f (εi ui ) = εi f (ui ) = ε2i ui = ui car ε2i = 1. Donc f ◦ f et IdE coı̈ncident en chacun des ui . Comme (u1 , . . . , un ) est une base de E, on en déduit que f ◦ f = IdE . Autre solution : la matrice de f dans (u1 , . . . , un ) est diagonale avec des ±1 sur la diagonale, donc son carré est In . Par conséquent f ◦ f = IdE .