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L’ANNÉE 1954
Jean-Marc GUISLIN
Lille 3 – CRHEN-O
Introduction
Si pendant la guerre froide, les années 1947, 1950, 1956, 1961 et 1962 sont restées
célèbres par la gravité des crises qu’elles ont connues, l’année 1954 n’en présente pas moins
un intérêt certain avec les progrès hésitants de la détente (conférences de Berlin, de Genève),
le développement ou l’apparition de facteurs de renouvellement tels que le non-alignement
(conférences de Colombo et de Bogor) ou la volonté de certains États d’affirmer leur
existence propre sur la scène internationale (Chine, Royaume-Uni). Significatives à cet égard
sont les « nombreuses discontinuités » (Alfred Grosser) qui marquent au second semestre la
diplomatie française menée par Pierre Mendès France.
I - Poursuite de la glaciation ?
A) L’URSS
Elle est en proie à une crise de succession (Boulganine, Khrouchtchev, Malenkov,
Molotov) mais connaît une plus grande sécurité relative (bombe H depuis l’été 1953). Elle
craint la CED puis l’UEO qu’elle s’efforce d’empêcher de naître et ne fait aucune concession
substantielle en Europe malgré Malenkov (réunion des PC à Moscou en novembre). Le
resserrement apparent des liens avec la Chine est-il à mettre en rapport avec la réévaluation
du neutralisme du Tiers monde entreprise par Moscou dont la diplomatie ne propose aucun
développement théorique significatif (pragmatisme).
B) Les États-Unis.
L’obsession anticommuniste incarnée par John Foster Dulles1 demeure malgré une
certaine inflexion souhaitée par Eisenhower. Elle est révélée par la stratégie new look
(réaction immédiate et massive), la poursuite de la pactomanie (OTASE, 8 septembre), le
vote d’une résolution anticommuniste lors de la 9e conférence panaméricaine de Caracas
(mars), renversement du gouvernement progressiste d’Arbenz au Guatemala (juin). Les
États-Unis attachent une extrême importance au réarmement de l’Allemagne et redoutent
que leurs alliés ne soient trop conciliants avec l’URSS.
C) Échec de la conférence de Berlin (25 janvier-18 février 1954).
Elle confirme le désaccord entre les occidentaux (États-Unis, Royaume-Uni, France)
et l’URSS sur l’Allemagne, l’Autriche et la sécurité en Europe. On s’entend toutefois pour une
1
-De récentes études conduisent à nuancer cette réputation de rigidité du secrétaire d’État, notamment à propos
du Tiers Monde.
nouvelle conférence à Genève au printemps pour discuter, en présence de la Chine, des
problèmes coréen et indochinois.
II - Des facteurs de renouvellement.
A) L’émergence du non-alignement
Le rôle de Nehru est prépondérant : il a le sentiment de la grandeur de son pays et
refuse de se laisser enfermer dans la logique de Yalta. Le traité sino-indien du 29 avril
dépasse la seule question du Tibet puisque les deux pays y développent cinq principes
[Pancha Shila : respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, non agression,
non immixtion mutuelle dans les affaires intérieures, égalité des avantages mutuels,
coexistence pacifique] qui allaient devenir la base du mouvement en gestation à laquelle la
Chine peut être associée. L’Inde n’adhère pas à l’OTASE et son premier ministre se rend à
Hanoï et Pékin (octobre).
La conférence de Colombo (28 avril-2 mai) réunit l’Inde, le Pakistan, la Birmanie,
l’Indonésie et Ceylan qui discutent de l’Indochine et essayent de constituer une sorte de front
asiatique neutraliste (à l’initiative de l’indonésien Soekarno). Le traité de Manille (Otase) les
fait réagir : une nouvelle réunion se tient à Bogor (28-29 décembre) où l’on décide de
convoquer en avril 1955 une conférence des pays africains et asiatiques.
Deux autres personnalités contribuent à la montée en puissance de ce mouvement :
Nasser qui a éliminé Neguib en février et aspire à être le Nehru du Moyen Orient, Tito qui a
esquissé en 1953 la perspective d’un vaste mouvement progressiste mondial destiné à
prévenir les conflits entre les blocs et qui fait un long voyage en Asie à la fin de l’année 1954.
C’est sans doute là que réside le véritable neutralisme, beaucoup plus qu’en RFA [opposition
au réarmement, autour des protestants (Niemöller, Gollwitzer), des syndicats, du SPD (qui
espère la réunification dans le neutralisme), du GVP de Gustav Heinemann ; rassemblement
à la Paulkirche de Francfort, le 29 janvier 1955], qu’en Autriche [dont la neutralité est inscrite
dans la constitution en octobre 1955 après le traité de paix de mai, et qui mènera une
politique neutraliste surtout sous le chancelier Kreisky entre 1970 et 1983] ou que chez
Mendès France dont la démarche se rapproche de celle de Chou En-Lai et Eden mais qui
rejette les « illusions puériles » du neutralisme auxquelles certains l’accusent d’être sensible.
B) La Chine et le Royaume-Uni refusent de sacrifier leur souveraineté
Malgré le resserrement des liens (12 octobre : 5e anniversaire de la révolution
chinoise), des réserves apparaissent entre l’URSS et la Chine qui élimine Gao Gang en
Mandchourie jugé trop conciliant avec le grand voisin et manifeste sa volonté de sortir de
l’isolement et d’être plus respectée [accord avec l’Inde, présence influente de Chou En-Lai à
2
Genève où Pékin et Moscou utilisent Hanoï comme un pion de leurs stratégies déjà rivales]2.
Toutefois la Chine reste l’alliée de l’URSS et les États-Unis sont présentés comme le principal
ennemi.
Au Foreign Office, Anthony Eden affirme que le Royaume-Uni a un rôle spécifique à
jouer dans le monde car il est au centre des trois cercles atlantique, européen et du
Commonwealth. Jusqu’en décembre, ses relations sont mauvaises avec Dulles. Coprésident
de la conférence de Genève, il tient à un règlement en Asie car il craint que « par moments
les États-Unis y perdent la tête ». Il joue « un rôle considérable » dans la création de l’UEO
en décidant l’engagement permanent des forces britanniques sur le sol européen.
Néanmoins, le Royaume-Uni demeure le partenaire loyal et fidèle des États-Unis dont il tient
à la présence en Europe ; en outre, au-dessus d’Eden, il y a Churchill…
C) Pierre Mendès France (18 juin 1954 - 5 février 1955) a un véritable
projet pour la France
Il le conçoit selon trois axes principaux : 1) réexamen des moyens destinés à assurer
l’influence française à l’extérieur [expansion dans la stabilité devant mettre la France dans
une situation favorable dans le cadre d’une coexistence compétitive, le chef du gouvernement
estimant que la rivalité Est / Ouest n’est pas seulement militaire et diplomatique mais aussi
économique et sociale ; réduction et rationalisation des dépenses militaires ; développement
des recherches dans le nucléaire militaire (intérêt pour ce dossier chez PMF qui doit tenir
compte de la stratégie new look et du réarmement allemand, qui subit les pressions des
gaullistes, du pouvoir militaire, du pouvoir scientifico-administratif) ? ; affirmation de
l’autorité du gouvernement dans le respect de la démocratie parlementaire] ; 2) instauration
progressive de nouveaux rapports, assouplis, avec les colonies [garder l’initiative, promouvoir
plus d’égalité ou une véritable association] ; 3) recherche d’une sorte d’« indépendance dans
l ’ i n t e r d é p e n d a n c e » [loyauté atlantiste, refus du neutralisme, limitation de la
supranationalité européenne, recherche de plus d’égalité avec les deux grands, ouverture à la
détente].
Malgré son engagement atlantiste réitéré, le député de l’Eure suscite la méfiance, la
suspicion. Il n’est pas du « club européen ». Ne favorise-t-il pas le communisme ? : après
Dien Bien Phu (7 mai), il a reproché à Bidault de ne pas avoir discuté directement avec le
Vietminh 3, d’avoir cherché une dangereuse intervention américaine (10 juin) ; lors de son
investiture, il a obtenu le soutien compromettant du PCF, même s’il en a décompté les voix ;
n’aurait-il pas envisagé un « marchandage planétaire » (Indochine contre CED) avec
Molotov ! ; en négociant avec le Vietminh qui a refusé toute concession en attendant la chute
2
Mendès France estime que la Chine souffrait d‘« un complexe de frustration » qui allait se tourner contre
l‘URSS dont elle refusait d‘être un satellite à l‘image des autres démocraties populaires, mais il reconnaît qu‘il
ne s‘en est pas rendu compte alors. Choisir, op. cit., p. 72.
3
Paul Reynaud, vice-président du Conseil chargé de l‘Indochine, l‘avait également recommandé.
3
du gouvernement Laniel - à laquelle PMF a grandement contribué - et en plaidant pour la
détente n’est-il pas l’allié objectif du bloc socialiste ? Enfin, son dirigisme économique et
l’ancrage à gauche de certains membres de son entourage (Georges Boris, Jean Chauvel,
Claude Cheysson, Jules Moch, Simon Nora, L’Express, France Observateur) inquiètent les
Américains ainsi que les plus fermes partisans de l’alliance atlantique et de la construction
européenne.
III - La recherche de la détente et d’une certaine indépendance à travers l’action
de Pierre Mendès France.
A) PMF décolonisateur ?
L’indépendance accordée au Nord-Vietnam (20-21 juillet) met fin à une guerre de huit
ans ; cet accord améliore les relations avec les pays communistes et certains pays asiatiques
mais il s’accompagne d’une loi non exprimée - le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
n’est pas applicable aux pays dominés par un PC - (Alfred Grosser) et c’est une défaite
française qui favorise les mouvements centrifuges même si le gouvernement français espère
garder l’initiative. Par le discours de Carthage (31 juillet), l’autonomie interne est promise à la
Tunisie ; les cinq comptoirs de l’Inde deviennent indépendants (août-octobre ; traité officiel
en mai 1956) ; le ministre de l’Outre-Mer - Robert Buron - réoriente la politique française en
Afrique noire dans un sens plus libéral qui annonce la loi cadre Defferre (juin 1956) ; en
déclarant après les attentats de la Toussaint que « L’Algérie, c’est la France » le président du
Conseil et son ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, entendent réaliser enfin
l’intégration c’est-à-dire l’égalité complète entre Musulmans et Européens. La nomination
comme gouverneur général de l’Agérie, le 25 janvier 1955, de Jacques Soustelle, gaulliste et
souvent considéré alors comme un intellectuel de gauche, semble y annoncer le
développement d’une politique libérale.
Si l’action de PMF dans les rapports Nord / Sud est importante, cependant les rapports Est /
Ouest et le problème du réarmement allemand sont toutefois prédominants pour la France.
B) Le rejet de la CED et ses suites
1) L’UEO, solution de remplacement à la CED.
Selon Mendès France, la CED (réarmement de la RFA dans le cadre d’une armée
européenne supranationale) divise et affaiblit la France et l’Occident ; c’est donc un mauvais
traité qu’il faut améliorer (négociations de Bruxelles, 19-22 août) ou remplacer s’il est rejeté
(30 août). Il souhaite « enchaîner l’Allemagne dans le cadre atlantique et européen » et
établir un système de sécurité européenne avec participation britannique. Il y a convergence
de vues entre lui et Eden qui permet la création de l’UEO après les conférences de Londres
(28 septembre-3 octobre) et de Paris (20-23 octobre) : réarmement limité de la RFA,
4
adhésion à l’OTAN, contrôle étroit par l’UEO, maintien de la souveraineté de la France sur
son armée.
La tiédeur de PMF à l’égard de la CED rend les relations difficiles entre lui et
Adenauer, mais elles ne cessent de s’améliorer [22 août : Adenauer propose une collaboration
économique plus étroite ; 29 août : son homologue français lui fait savoir qu’en cas de rejet de
la CED, il est prêt à restituer immédiatement sa souveraineté à l’Allemagne ; 14-18
septembre : accord sur l’UEO] et aboutissent à…
2) un rapprochement franco-allemand.
À Nevers (19 septembre), PMF prononce un véritable plaidoyer pour la réconciliation
franco-allemande dont l’entrevue de La Celle-Saint-Cloud (19 octobre) est une très
importante étape. Les deux chefs de gouvernement s’entendent sur le réarmement de la RFA,
règlent l’ensemble du contentieux franco-allemand (Sarre, cimetières militaires allemands en
France, conséquences de la déportation), posent les bases d’une véritable coopération
politique (en s’engageant à se consulter sur la question des rapports avec l’URSS), culturelle
et économique (en prévoyant la signature d’accords commerciaux à long terme, la
participation financière et industrielle de la RFA dans l’Union française). « Une véritable
politique franco-allemande autonome commence à se mettre en place qui préfigure
l’avenir… On assiste là à la mise en place de tendances lourdes de l’histoire contemporaine »
(Georges-Henri Soutou).
Toutefois, le député de l’Eure veille à garantir la sécurité de la France et à assurer sa
primauté diplomatique et militaire face à la RFA : il propose de réorganiser l’OTAN avec un
rôle dirigeant pour les États-Unis, le Royaume-Uni et la France4, de doter la France de
l’armement nucléaire ?, de mettre en place un système européen de sécurité, de réunir une
conférence à 4.
C) Mendès France pionnier de la détente
1) La France dans les relations Est / Ouest.
Elle souhaite sortir de la confrontation avec l’URSS mais on assiste à un durcissement
progressif de la diplomatie française sous l’impulsion d’André Bettencourt, Philippe Baudet,
Louis Joxe, Roland de Margerie, le marquis de Moustier, Jean-Marie Soutou. En outre, le
président du Conseil est fidèle à la politique occidentale et estime que l’intégration
occidentale de la RFA est le préalable à toute discussion avec Moscou qui lui fait de multiples
ouvertures. Pour lui, le principal danger que représentent l’URSS et ses amis, c’est
l’exploitation qu’ils peuvent faire des problèmes économiques et sociaux. Il convient donc de
satisfaire les populations attachées au progrès social et à la détente, et de ne pas rejeter
purement et simplement les offres soviétiques qui tendent à conférer à l’URSS le monopole
des initiatives pacifiques. Mais Khrouchtchev est moins intéressé que Malenkov - qu’il
4
Un peu comme le fera De Gaulle en 1958.
5
supplante au début de l’année 1955 - , par une réelle détente en Europe ; il entend plutôt
raffermir l’emprise soviétique en Europe de l’Est et ouvrir une nouvelle confrontation avec
l’Occident dans le Tiers Monde.
Les dispositions de PMF vis-à-vis de l’Est et sa volonté d’établir des relations plus
équilibrées à l’Ouest irritent les États-Unis avec lesquels les rapports sont délicats. Ils le
soupçonnent de verser dans le neutralisme, voire de préparer un renversement d’alliance.
Pour Washington, le rejet de la CED est une crise de la plus haute gravité et les dirigeants
américains craignent un retour à l’isolationnisme du Congrès et de l’opinion publique. En
décidant de maintenir le contact avec Hanoï (mission Sainteny), ne tente-t-il pas de tester un
modèle de relations nouvelles entre l’Est et l’Ouest fondées sur la coexistence pacifique ? En
souhaitant maintenir l’influence française à Saïgon en s’appuyant sur Bao-Daï contre Diem
soutenu par les Américains, ne désire-t-il pas établir des relations symétriques avec les deux
capitales vietnamiennes ? Toutefois, dès septembre, la France adhère au pacte de Manille et
reconnaît la domination américaine dans le Sud Est asiatique. « Mendès France ne veut pas
contrarier les États-Unis ici pour les entraîner dans une vraie stratégie de détente avec
l’Est » (Jean Lacouture). D’ailleurs avec la création de l’UEO, les relations s’améliorent et son
voyage aux États-Unis (18-22 novembre) est un succès : Dulles le couvre d’éloges
(« superman »), il gagne la sympathie de l’opinion publique après sa brillante prestation lors
du dîner-débat au National Press Club. Il passe sous silence le freinage délibéré du flux de
l’aide américaine, il refuse de discuter des problèmes financiers pour signifier que la politique
française n’est pas à marchander. Mais le véritable objectif de ce voyage est la tribune de
l’ONU.
2) Le discours à l’ONU (22 novembre) et ses suites
Mendès France y insiste sur la nécessité d’une négociation Est / Ouest (qui
permettrait, détente aidant, de recentrer la compétition entre les blocs sur le terrain
économique et social) avec notamment la tenue d’une conférence à quatre devant aboutir à
un traité de paix avec l’Autriche qui serait neutralisée ; il sera signé le 15 mai 1955. Il propose
l’établissement d’un système de sécurité européen avec un contrôle de l’armement à l’Ouest,
dans le cadre de l’UEO ainsi qu’à l’Est entre l’URSS et ses alliés ; il serait fondé sur des
échanges d’informations, la limitation, la réduction et le contrôle des armements. Mais ce
projet susceptible de séduire les partis de gauche des pays partenaires, est inadmissible pour
les États-Unis et le Royaume-Uni sans la réunification préalable de l’Allemagne alors que le
Quai d’Orsay n’envisage cette dernière qu’à la fin du processus de détente. Bien plus, Mendès
France voudrait éviter que les soldats de RFA soient stationnés dans les régions limitrophes
de la RDA, voire qu’une zone démilitarisée sépare les deux républiques allemandes. La
conférence de Genève en juillet 1955 sur le désarmement ne donnera rien.
6
Conclusion
L’année 1954 s’inscrit donc bien dans une certaine continuité : les progrès du dégel
depuis la mort de Staline (1955 : paix avec Autriche, conférence de Genève ; 1956 : théorie de
la coexistence pacifique officiellement adoptée par l’URSS) malgré l’anticommunisme sans
concession de Dulles avec la stratégie des représailles massives (jusqu’en 1961) et la stricte
domination soviétique sur l’Europe centrale et orientale (Budapest en 1956, Prague en 1968) ;
une nouvelle guerre coloniale pour la France…
Mais les ruptures sont également évidentes et très importantes : le Tiers Monde et le
neutralisme (Bandoung 1955, Brioni 1956, Belgrade 1961) commencent à se faire entendre ;
l’ouverture coloniale française va se poursuivre en Tunisie, au Maroc, en Afrique noire ;
l’Europe communautaire marque le pas pour quelques mois, mais la solidarité diplomatique
et militaire progresse dans le cadre d’alliances traditionnelles avec l’engagement
britannique5. Le rapprochement franco-allemand peut être considéré comme la suite des
années 1950-1952, mais c’est aussi une nouveauté après la crise liée à la CED et à la Sarre ; en
outre, il se fait dans un cadre plus bilatéral que communautaire et annonce quelque peu le
traité de 1963. Enfin, pendant quelques mois, la France a mené une politique extérieure
originale et ce n’est qu’en 1962, avec le général De Gaulle, qu’elle retrouvera cette possibilité6.
Bibliographie non exhaustive :
Jean-Baptiste Duroselle, Histoire diplomatique de 1919 à nos jours, Paris, Dalloz, 10e éd., 1990.
Dictionnaire de géopolitique, sous la direction d’Yves Lacoste, Paris, Flammarion, 1993.
André Fontaine, Histoire de la guerre froide 1917-1963, Paris, réed. Seuil, 2 vol., 1983.
Jacques Lévesque, L’URSS et sa politique internationale de Lénine à Gorbatchev, Paris,
Armand Colin, 1988.
Pierre Mélandri, La politique extérieure des États-Unis de 1945 à nos jours, Paris, PUF, 1982.
Philippe Braillard, Tiers Monde et relations internationales, Paris, Masson, 1984.
Boutros Boutros-Ghali, Le mouvement afro-asiatique, Paris, PUF, 1969.
Ronald C. Keit, The diplomacy of Zhou Enlai, New York, St. Martin’s Press, 1989.
David Carlton, Anthony Eden, a biography, London, Allen Lane, 1981.
Alfred Grosser, La IVe République et sa politique extérieure, Paris, A. Colin, 1961 et 1972.
5
L‘anglophile Mendès France avec Soutou, Parodi et Massigli, aimerait que la Grande-Bretagne redevienne le
principal associé de la politique européenne de la France qui rencontre la sympathie d‘Eden et de Macmillan. On
ne peut toutefois parler de nouvelle entente cordiale dont le cinquantenaire est commémoré modestement. Ce
rapprochement avec le Royaume-Uni quand l‘Allemagne inquiète (réarmement, puissance économique ou risque
d‘attirance à l‘Est) réapparaît entre 1969 et 1973, avec Georges Pompidou et Edward Heath.
6
À cet égard, il n‘est pas inutile de rappeler que Mendès France n‘a pas manqué de faire savoir à De Gaulle
combien il était sensible au fait que son gouvernement soit entré en fonction le 18 juin. De son côté, le général
qui a peut-être envisagé un retour au pouvoir grâce à un coup (9 mai) et dont des fidèles - bien désobéissants soutiennent PMF, accepte de le rencontrer (13 octobre); bien plus, la stratégie internationale qu‘il propose
ressemble beaucoup à celle du député de Louviers dont il salue « l‘ardeur, la valeur, la vigueur » (4 décembre).
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Pierre Mendès France et le mendésisme, sous la direction de François Bédarida et Jean-Piere
Rioux, Paris, Fayard, 1985. Troisième partie : Une certaine idée de la France, pages 231 à
358, avec notamment les interventions de Pierre Mélandri, Alfred Grosser, René Girault,
Maurice Vaïsse, Aline Coutrot, Pierre Guillen, Charles-Robert Ageron.
Pierre Mendès France et le rôle de la France dans le monde, sous la direction de René
Girault, en collaboration avec Seloua Boulbina et Gérard Bossuat, Grenoble, Presses
universitaires de Grenoble, 1991, avec notamment les interventions d’Élisabeth Du Réau,
Georges-Henri Soutou, François Joyaux.
Pierre Mendès France, Choisir, Paris, Stock, 1974, Le livre de poche, 1976.
Jean Lacouture, De Gaulle. 2. Le politique, Paris, Seuil, 1985.
Jean Lacouture, Pierre Mendès France, Paris, Seuil, 1981.
Georges-Henri Soutou, L’alliance incertaine. Les rapports politico-stratégiques francoallemands, 1954-1996, Paris, Fayard, 1996. (les deux premiers chapitres).
« La France, l’Allemagne et les Accords de Paris », Georges-Henri Soutou, Relations
internationales, no 52, hiver 1987.
« Associer l’Allemagne au développement économique de l’Afrique, un leitmotiv français
avant la décolonisation (1950-1956) », Sylvie Lefèvre, Revue d’Allemagne, T. 31, 3/4, 1999.
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