La culture Humaniste : les temps modernes Période : Les temps modernes Les Temps Modernes Le XVIème Le XVIIème Le XVIIIème 1500-1530 Renaissance classique Architecture : France : Bram ante Angelo (1444-1514) Le Château de Vers ailles Sculpture : Nicolas Pous s in Michel-Ange(1475-1564) (1594-1665) Watteau Peinture : Flandres et Pays-bas : (1684-1721) Raphaël (1483-1520) Pierre Paul Rubens Giorgione (1477-1510) (1577-1640) Jean Honoré Fragonard (1732-1806) Rem brandt van Rijn Le Corrège (1489?-1534) (1606-1669) A partir de 1530 : Maniéris m e Verm eer (1632-1675) Tintoret (1518-1594) (1746-1828) Frans Halls (1580/85-1666 Titien (1485-1576) La R évolution français e en 1789 (début de l'époque contem poraine) Goya Tiepolo Giam battis ta (1696-1770) Jacob Van Ruys dael(1628/29-1682) Néo-clacissisme Espagne : Jacques Louis David (1748-1825) Véronès e (1528-1588) Velas quez Caravage (1573-1610) (1599-1660) Le Greco Zurbaran Francis co (1598-1664) Sommaire Période : Les temps modernes............................................................................................................................ 1 ............................................................................................................................................................................ 1 Sommaire............................................................................................................................................................ 1 La période considérée marque sans nul doute une rupture fondamentale dans l'Histoire, c'est la fin du Moyen Age, le début d'une nouvelle ère faite de progrès, de découvertes, de changements à la fois dans les sociétés et dans les mentalités, une Renaissance, comme les contemporains ont pu le ressentir. Car, Renaissance est bien un terme contemporain et pas une appellation historique récente. Nous voyons la fin d'un monde, celui de l'Ancien Régime, s'ébauche tout au long de cette longue période, qui s'étend du 15ème siècle au 19ème siècle la société telle que nous la connaissons ........................................................................ 1 Léonard de Vinci, page de croquis sur l'anatomie humaine : l’homme de Vitruve.............................................4 Repères historiques : La période considérée marque sans nul doute une rupture fondamentale dans l'Histoire, c'est la fin du Moyen Age, le début d'une nouvelle ère faite de progrès, de découvertes, de changements à la fois dans les sociétés et dans les mentalités, une Renaissance, comme les contemporains ont pu le ressentir. Car, Renaissance est bien un terme contemporain et pas une appellation historique récente. Nous voyons la fin d'un monde, celui de l'Ancien Régime, s'ébauche tout au long de cette longue période, qui s'étend du 15ème siècle au 19ème siècle la société telle que nous la connaissons 1. La Renaissance ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 1 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 1.1. Définition La Renaissance artistique est une composante de la Renaissance qui est une période de renouveau littéraire, artistique, et scientifique qui se produisit en Europe au XVIe siècle. Un des aspects essentiels de la Renaissance en tant que période est le renouvellement des thèmes et de l'art en Europe après le Moyen Âge. Donner des repères chronologiques précis pour ce mouvement artistique est difficile. Il est couramment admis que la Renaissance artistique commence en Italie au XIVe siècle puis se diffuse dans le reste du continent, à des rythmes et des degrés différents selon la géographie. Elle est le résultat de l'arrivée massive de scientifiques, architectes, artistes et intellectuels en provenance de la cour du Sultan. Les troubles qui sévissent à Istanbul incitent au départ. La fine fleur de l'Asie mineure et du monde arabe qui égayait la cour du sultan va importer en Europe l'astronomie, les mathématiques mais aussi la poésie et les arts graphiques. Elle se prolonge au XVIe siècle et atteint alors dans de nombreux pays son apogée. La Renaissance ne constitue pas un retour en arrière : les techniques nouvelles, le nouveau contexte politique, social et scientifique permettent aux artistes d'innover. Pour la première fois, l'art pénètre dans la sphère du privé : les œuvres ne sont plus seulement commandées par le pouvoir religieux ou séculier, mais entrent dans les maisons bourgeoises. 1.2. Humanisme et production artistique Alors qu'au Moyen Âge la création artistique était essentiellement tournée vers la religion chrétienne, la Renaissance artistique utilise les thèmes humanistes (tolérance, liberté de pensée, paix, éducation visant l'épanouissement de l'individu, etc.) et de la mythologie antique. Le renouvellement de la réflexion philosophique fournit aux artistes de nouvelles idées : avec le néoplatonisme, l'Homme est au centre de l'univers. Les peintres et les sculpteurs n'hésitent plus à représenter la beauté des corps humains dénudés. L'étude des textes antiques, le renouveau de la philologie avec Lorenzo Valla, permettent aux architectes de s'affranchir du style gothique. Ils utilisent les enseignements de Pythagore et de Vitruve pour élaborer leurs plans. La pensée se libère progressivement des contraintes religieuses et se tourne vers les aspirations au bonheur, à la paix et au progrès. Les écrivains et les philosophes s'intéressent désormais à tous les domaines de la connaissance. Ils recopient et traduisent des manuscrits et recherchent des textes nouveaux. Ces idées renouvelées se diffusent sur le continent européen grâce à l'imprimerie et aux voyages des humanistes. Les premières bibliothèques sont crées telles que la Bibliothèque apostolique vaticane (vers 1450). 1.3. Redécouverte de l'Antiquité ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 2 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Un thème mythologique de la Renaissance : Diane, déesse romaine de la chasse, XVIe siècle, musée du Louvre Grâce à l'arrivée des compilations et des artistes byzantins, chassés par l'invasion ottomane, Végèce, Pythagore, Euclide sont de nouveau disponibles dans leurs manuscrits grecs originaux. L'imprimerie utilisait les caractères romains. Dans les arts plastiques, le nu est davantage utilisé qu'au Moyen Âge et le mouvement est rendu de façon réaliste par le hanchement. 1.4. Vogue de la mythologie gréco-romaine Les artistes de la Renaissance relisent les mythes de l'Antiquité païenne qui leur donnent de nouveaux sujets de production. Les découvertes archéologiques (groupe du Laocoon), comme les fouilles des thermes de Caracalla par les Farnèse, inspirent les sculpteurs et les architectes des XVe et XVIe siècles. La villa de l'empereur Hadrien ou encore le Panthéon de Rome offrent des modèles de construction radicalement différents du style gothique. Les formes de l'Antiquité reviennent à la mode : colonnes, pilastres, frontons, coupoles, statues décorent les édifices de cette époque. L'Ancien Testament et le christianisme catholique inspirent toujours les œuvres d'art. 1.5. Nouveaux moyens techniques Albrecht Dürer, Allégorie de la Mélancolie: un nouveau thème et une nouvelle technique, la gravure L'avancée des sciences profite aux arts : tout au long du XVe siècle, les peintres maîtrisent de mieux en mieux la perspective linéaire et les proportions. Au XIVe siècle, l'apparition de la peinture à l'huile donne plus de profondeur aux œuvres. L'emploi de toiles remplace peu à peu le support en bois. Léonard de Vinci réalise la Joconde avec des effets de sfumato. L'invention de l'imprimerie au milieu du XVe siècle ainsi que les nouvelles techniques de gravure (xylographie) autorisent la reproduction et la diffusion d'œuvres sur tout le continent. Les estampes se multiplient dans les livres et remplacent les précieuses enluminures des manuscrits médiévaux. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 3 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Léonard de Vinci, page de croquis sur l'anatomie humaine : l’homme de Vitruve Sciences et arts Des progrès furent marqués en médecine et en anatomie, en particulier après la première traduction de nombreuses œuvres antiques d'Hippocrate et de Galien aux XVe et XVIe siècles, et les avancées réalisées sous l'égide des auteurs antiques comprennent la résolution d'équations du troisième degré et les découvertes astronomiques de Nicolas Copernic, de Tycho Brahe et de Johannes Kepler. À la fin du XVIe siècle, Galilée avait franchi le pas et appliqué les modèles mathématiques à la physique. La géographie fut transformée par une nouvelle connaissance empirique dérivée des explorations audelà de l'Europe et des premières traductions des œuvres antiques de Ptolémée et de Strabon. Le savoir est ensuite appliqué en dessin, en peinture et en sculpture, comme en témoignent la célèbre représentation de l'Homme de Vitruve par Léonard de Vinci ou les gravures de Dürer. Il est alors possible de définir un système de proportions idéales et de représenter fidèlement un corps humain. Les tableaux et les fresques sont plus réalistes qu’au Moyen Age. 1.6. Retour de la croissance Après le déclin démographique du XIVe et de la première moitié du XVe siècle, la population européenne commence à retrouver son niveau d'avant la crise. Même si des épidémies sont récurrentes en Europe jusqu'au XVIIIe siècle, la grande peste noire s'est éloignée. Les famines sont plus espacées. Les fortes densités que l'on rencontre au XVIe siècle dans les Flandres et l'Italie du Nord sont favorables à une intensification du travail. La guerre de Cent Ans s'achève en 1453 et les châteaux forts vont laisser progressivement la place à des palais d'agrément. Entre 1500 et 1580, le climat semble plus doux avant de se refroidir à nouveau au cours du petit âge glaciaire. Avec la découverte de l'Amérique en 1492, l'or et l'argent affluent en Europe et favorisent la reprise économique. Les grands voyages et le commerce maritimes permettent l'essor des grandes villes et leur embellissement. Les mécènes permettent aux artistes d'exercer leur art ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 4 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Verrochio, Buste de Laurent de Médicis, un mécène. Conservé à la National Gallery of Art, Washington DC Les cours princières sont les lieux privilégiés de l'épanouissement de la culture renaissante. Dans le domaine artistique, de nombreux mécènes ont constitué d'importantes collections. Ils appartiennent tous à l'aristocratie du pouvoir (princes, ducs, rois, pape) et de l'économie (grands marchands qui investissent leur argent dans la production artistique). Les Médicis : Laurent le Magnifique soutient la création artistique de Verrocchio et de Botticelli. Les commandes des Montefeltro concernaient des domaines aussi variés que la bibliophilie, les tapisseries ou les peintures. Ludovic Sforza (1452-1508), duc de Milan, fit travailler Léonard de Vinci et Bramante. Les papes font travailler les artistes de la Renaissance à Rome : Michel-Ange peint la chapelle Sixtine, Alexandre VI Borgia (1492-1503), Jules II (1503-1513), Léon X (1513-1521), Paul III Farnèse (15341549) En France, les guerres d'Italie sont l'occasion pour les rois d'entrer en contact avec l'art de la Renaissance et de piller quelques uns de ses chefs d'œuvre. François Ier invite des artistes italiens (Léonard de Vinci à Amboise ; Benvenuto Cellini, Rosso Fiorentino, Le Primatice à Fontainebleau ...). Les marchands deviennent aussi des amateurs d'art : Jacques Cœur dans la France du XVe siècle siècle, le riche banquier italien Roberto Strozzi en 1489 1.7. France : une Renaissance originale Le modèle italien s'est heurté à des adaptations voire à des résistances nationales: les protestants refusent le modèle romain. En France s'élabore une synthèse originale entre les apports italiens et la tradition française médiévale. Du Bellay dénonçait l'italianisation de la langue française. Si le château de Chambord est construit selon un plan centré, peu d'architectes français adoptent ce modèle. Le château d'Azay-le-Rideau conserve des tours rondes d'inspiration médiévale. Les château de Chenonceau, de Fontainebleau, de Chantilly, d'Anet ou de Gaillon ne sont pas symétriques. C'est surtout les motifs et la décoration italienne qui s'instaurent, à la suite des guerres d'Italie. Philibert Delorme a même voulu créer un ordre architectural français. Jean et François Clouet, d'origine flamande, sont au service des Valois. Jean Clouet exécute un portrait de l'humaniste Guillaume Budé. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 5 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Bas-relief de Jean Goujon 1.8. Italie : la renaissance précoce Suivant les historiens de l'art, elle commence au Duecento (XIIIe siècle) ou au Trecento (XIVe siècle) par une période dite de Pré-Renaissance (Selon l'historien de l'art Jacob Burckhardt, cette Renaissance avant l'heure commence dès le XIe siècle en Toscane et se diffuse le siècle suivant jusqu'en Provence et en Italie médiane) et se poursuit pleinement par la Première Renaissance au Quattrocento. Elle se transforme en Haute Renaissance au début du Cinquecento (entre 1500 et 1530), suivie du maniérisme ou Renaissance tardive qui va de 1520 (mort de Raphaël) pour se finir rapidement en 1580. Le baroque, qui débute à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, naît également en Italie, se poursuit ensuite en baroque tardif, nommé plus précisément période rococo (qui est suivi par le néoclassicisme). 1.9. L'architecture de la Renaissance Cathédrale de Florence, une œuvre caractéristique de la Renaissance en architecture. Le dôme est également une prouesse technique Au XVe siècle, les traités d'architecture se multiplient grâce à l'imprimerie. Ils s'inspirent de l'ouvrage de Vitruve, De architectura. C'est dans la Florence de cette époque que se lit la rupture avec les traditions médiévales. Les principaux noms de l'architecture sont alors Leone Battista Alberti, ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 6 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Bramante, Filippo Brunelleschi, Léonard de Vinci et Andrea Palladio. L'architecte sort de l'anonymat (on connaît peu les noms des architectes du Moyen Âge) et bénéficie d'une promotion sociale sans précédent. Architecture religieuse L'architecture gothique privilégiait la verticalité et la prouesse technique. L'architecture renaissante préfère les lignes horizontales et recherche l'harmonie des volumes. Les ordres antiques réapparaissent sur les chapiteaux des colonnes. Des éléments de décoration empruntés à l'Antiquité fleurissent sur les façades : bas-reliefs, pilastres, trophées, vases, guirlandes, ... La nouveauté architecturale la plus remarquable est le plan centré à coupole, inspiré notamment du Panthéon de Rome. Les exemples sont nombreux en Italie (Saint-Pierre de Rome), moins fréquents dans le reste de l'Europe (chapelle du château d'Anet). Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir se développer les dômes. Le plan basilical fait aussi son retour et l'importance du transept se réduit. Architecture civile Le château de Chenonceau, dans le val de Loire, vu du jardin de Diane de Poitiers Les progrès de l'artillerie rendent inefficaces les défenses du château fort médiéval. François Ier fait raser le donjon du Louvre. Aussi, la résidence seigneuriale change radicalement d'aspect au cours du XVe siècle : les murs sont percés de fenêtres, le décor envahit les façades et les galeries à arcades se multiplient à Blois, Chenonceau, ... La villa d'Hadrien à Tivoli donne le goût des résidences rurales en Italie, palais de plaisance et lieu de raffinement. Des pièces aux nouvelles fonctions apparaissent, comme le cabinet, qui sert à l'étude et à l'écriture. Les bibliothèques privées s'enrichissent des livres imprimés (incunables) mais aussi d'œuvres d'art. 1.10. Peinture de la Renaissance et Maniérisme. La peinture de la Renaissance est, comme tout l'art de la Renaissance, influencée par l'Antiquité. Elle utilise les règles de la perspective. La Renaissance italienne va créer une vraie révolution dans la peinture. La peinture médiévale était caractérisée par des thèmes surtout religieux, des enluminures. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 7 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Le Triomphe de Galatée de Raphaël (1512-1514) Dieu créant Adam de Michel-Ange La Renaissance est souvent considérée comme l’âge d'or de la peinture s’étendant du XIVe au XVIIe siècle. En Italie, des artistes comme Paolo Uccello, Fra Angelico, Masaccio, Piero della Francesca, Andrea Mantegna, Filippo Lippi, Giorgione, Le Tintoret, Sandro Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël, Giovanni Bellini et Titien ont porté la peinture à son plus haut niveau par l’utilisation de la perspective, l’étude de l’anatomie humaine et la proportion, et par une amélioration sans précédent des techniques picturales. Les peintres flamands, hollandais et allemands de la Renaissance tels que Hans Holbein le Jeune, Albrecht Dürer, Lucas Cranach, Matthias Grünewald, Jérôme Bosch ou Pieter Bruegel l'Ancien avaient une approche différente de leurs collègues italiens, plus réaliste et moins idéalisée. L’adoption de la peinture à l'huile dont l’invention est traditionnellement, mais indûment, attribuée à Jan van Eyck, a rendu possible une peinture facilitant la représentation de la réalité. À la différence des Italiens, dont le travail était fortement marqué par l’art de la Grèce et de la Rome antiques, les peintres du Nord étaient imprégnés du style de la sculpture et enluminures du Moyen Âge. Portait de Thomas More par Hans Holbein le Jeune (1527) ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 8 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes La peinture de la Renaissance reflète la révolution des idées et de la science (astronomie, géographie), la réforme protestante et l’invention de l’imprimerie. Albrecht Dürer, qui est considéré comme l’un des plus grands imprimeurs, indiquait que les peintres ne sont pas seulement des artisans mais aussi des penseurs. Avec le développement de la peinture sur chevalet pendant la Renaissance, la peinture a gagné en indépendance par rapport à l’architecture. Les artistes ne représentaient plus uniquement des images religieuses et traditionnelles, mais ils ont inclus dans leurs peintures des représentations du monde qui les entourait ou des images produits de leurs propres imaginations. Peinture d’El Greco Aux XVe et XVIe siècles, les peintures sur bois, qui pouvaient être accrochées aux murs et être déplacées à volonté, sont devenues de plus en plus populaires tant pour les églises que les maisons privées. Ces peintures plus mobiles ont peu à peu supplanté la peinture murale ou la fresque qui est intégrée à une structure permanente, comme les retables. La Haute Renaissance a vu apparaître un art stylisé connu sous le nom de maniérisme. Au lieu des compositions équilibrées et d’une approche raisonnée de la perspective qui caractérisaient l’art à l’aube du XVIe siècle, les maniéristes recherchaient l’instabilité, l’artifice et le doute. Les visages et les gestes figés des peintures de Piero della Francesca et les vierges calmes de Raphaël ont été remplacés par les expressions préoccupées de Pontormo et l’intensité émotive d’El Greco Principales nouveautés L'École d'Athènes peinte par Raphaël ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 9 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes • • • • • • • • Le nu, qui traduit la compréhension de la nature du corps humain de la part des artistes La connaissance des proportions du corps humain par l’anatomie (Michel-Ange qui la pratiquait savait autant s'en éloigner pour mettre en relief un trait moral par des distorsions des proportions pour des soucis esthétique et artistique) La reprise des techniques et scènes de l’antiquité (due à la migration des savants et artistes grecs en Italie après la chute de Constantinople) L’apparition de la notion de paysage et celle de décors riches et variés La perspective monofocale à point de fuite centrale (qui exprime la position du peintre, du spectateur, placé en dehors du tableau). Les genres du portrait et de la nature morte Les techniques à fresque sur murs, plafonds et voûtes Les effets de lumières et d’ombres (clair-obscur, grisaille) Nouvelles techniques : • • • • • Émail sur terre cuite (terracotta invetriata) Andrea della Robbia Peinture sur chevalet Le bois est remplacé par la toile, qui est plus économique Le sfumato (effet brumeux, pénétration du clair dans le sombre mis au point par le célèbre Léonard De Vinci) Jan Van Eyck sans l'inventer, améliore la peinture à l'huile Principaux peintres • • • • • • • • • 1.11. Masaccio(1401-1428) Piero della Francesca(1416-1492) Léonard de Vinci(1452-1519) Raphaël (1483-1520) Jean Fouquet Jean Clouet François Clouet Nicolas Froment Hans Baldung (c.1480-1545), Alsacien • • • • • Lucas Cranach l'Ancien (14721553) Lucas Cranach le Jeune (15151586) Albrecht Dürer (1471-1528) Hans Holbein l'ancien (c.14601524) Hans Holbein le jeune (c.1497– 1543) Conclusion C'est Léonard de Vinci qui franchit l’étape décisive en abolissant l'équilibre entre la ligne et la couleur au profit de la modulation chromatique des pourtours. Raphaël et Michel-Ange suivent ses traces et créent des formes artistiques qui seront des références pour toute l'Europe. La Renaissance permit à l'art occidental d’atteindre son apogée. La mutation de l'image du monde par les sciences naturelles et les grandes découvertes, les tensions religieuses et politiques ainsi que les troubles sociaux se reflètent dans les arts. Le réel et l'idéal, le profane et le sacré, le mouvement et le repos, l'espace et la surface, la ligne et la couleur se réconcilient dans une bénéfique harmonie. Le baroque poursuit la Renaissance tardive ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 10 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 2. 2.1. La Monarchie Absolue Définition L’absolutisme est un type de régime politique dans lequel le détenteur d'une puissance attachée à sa personne, concentre en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans aucun contrôle. Dès lors, ce terme sera utilisé dans tous les livres d'histoire pour caractériser la nature du pouvoir politique dans la France d’Ancien Régime, entre la Renaissance et la Révolution. En effet, c'est de « pouvoir absolu » (poder absoluto), expressions utilisées par plusieurs auteurs aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles à propos de la France et de l’Espagne, que dérive le néologisme absolutisme. 2.2. Louis XIV ou le triomphe de l’Absolutisme Pouvoir « absolu », puissance « absolue », roi « absolu » le roi détient tous les pouvoirs qu’ils soient législatif, judiciaire ou exécutif : voilà des locutions souvent déclinées, notamment par les contemporains de Louis XIII et de Louis XIV, pour qualifier la nature de l’autorité exercée depuis le Conseil d'en haut. En voici un exemple : après la mort de Richelieu, les officiers de Valence présentent un mémoire pour obtenir l’abolition de la transaction qu’ils ont été contraints de passer en 1642 en présence et, selon les termes de ce mémoire, par le commandement absolu de Mgr le cardinal de Richelieu, dont il est notoire que le respect et l’autorité ne « pouvoit point recevoir de contradiction dans le royaume ». Dans son édition de 1732, le Dictionnaire de Trévoux, au mot « absolu » indique : « Souverain, indépendant. Prince absolu. Il signifie sans réserve, sans restriction ». En latin absolutus, participe passé de absolvere, signifie « détacher », « délier », avant même de signifier, par dérive sémantique, « acquitter », « absoudre ». En tant qu’adjectif, absolutus signifie « achevé », « parfait », « complet », « qui forme par soi-même un tout ». La monarchie absolue est toujours centralisatrice. La société est un corps dont le monarque est la tête. Il ne doit y avoir dans le corps social qu'un seul centre de décision. Ainsi, on voit qualifier d'absolu le pouvoir de celui qui est « délié », détaché de tous liens, celui qui ne connaît pas de limite externe à son pouvoir, celui qui jouit de la summa potestas, que l’on pourrait traduire par « pleine souveraineté ». Par extension, on a qualifie d’« absolutistes » les régimes politiques autoritaires. 2.3. La monarchie absolue en France En France, une monarchie absolue fut recherchée par le pouvoir royal. Cette recherche impliquait la suppression ou la limitation des autres formes de pouvoir ; celui de l'Église romaine, celui du clergé et de la noblesse ainsi que celui du parlement. Louis XIV a réussi à mettre en place cette forme d'absolutisme, en développant une conception qualifiée par la suite de monarchie absolue de droit divin. Le terme est utilisé dans son sens restrictif à la monarchie française (depuis le XVIIe siècle jusqu'à la chute de l'Ancien Régime) et aux despotismes éclairés du XVIIIe siècle. 2.4. Les artistes sous l’absolutisme 2.4.1. La peinture Charles Le Brun, baptisé le 24 février 1619 à Paris où il est mort le 12 février 1690, est un artistepeintre et décorateur français, premier peintre du roi, directeur de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture, et de la Manufacture royale des Gobelins. Il s'est surtout illustré dans la décoration du château de Versailles et de la galerie des Glaces ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 11 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Peintre officiel, son style est au service de la monarchie absolue de Louis XIV. C'est pourquoi il fut méprisé par les peintres romantiques du XIXe siècle et peu connu du grand public. Certains historiens de l'art le considèrent, tout comme le roi Louis XIV l'avait alors proclamé, comme « le plus grand peintre du XVIIe siècle français ». Dans sa volonté de célébrer le pouvoir absolu, Le Brun utilise des concepts et des symboles de pouvoir qu'il mélange : dans la galerie des Glaces, l'ordre français fait la synthèse des objets antiques et français (coq, lys). Le soleil devient l'allégorie du bon gouvernement. Il représente Louis XIV en prince parfait, comme l'aboutissement des princes précédents. Il travail sur des grandes toiles, des grands formats d’après des thèmes précis (exemple : Histoire d'Alexandre, au Louvre) : batailles, mythologie, portraits. Galerie d'Apollon, musée du Louvre Jean Bérain père est un peintre, aquarelliste, dessinateur, graveur, ornemaniste et décorateur de théâtre français né à Saint-Mihiel le 4 juin 1640[1] et mort à Paris le 24 janvier 1711. Après avoir étudié avec Charles Le Brun, il est nommé à la cour de Louis XIV en 1674 comme dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi. Il confectionne les costumes pour les pièces de théâtre et opéras représentés à la cour et devient le décorateur officiel de l'Académie royale de musique en 1680, succédant à Carlo Vigarani. Charles de La Fosse, né le 15 juin 1636 à Paris, où il est mort le 13 décembre 1716, est un peintre français. La Fosse fut placé à l’école de Le Brun, dont il devint l’un des disciples les plus connus et dont le classicisme l’influença. Il se fit une méthode de couleur et de clair obscur qu’il mit ensuite en pratique dans toutes ses productions. Ayant appris la peinture à fresque, il revint en France avec une technique presque inconnue jusqu’à lui et il se tourna vers un langage baroque privilégiant les trouvailles chromatiques. Chargé de plusieurs grands ouvrages pour les palais, il fit une rapide fortune et marqua cette époque comme un des peintres les mieux doués de son pays Jean Baptiste Jouvenet dit le grand, né à Rouen à la fin d’avril 1644 et mort à Paris le 5 avril 1717, est un peintre et décorateur français Il est probablement, avec La Fosse, le plus talentueux du groupe d’artistes qui contribuèrent à la décoration du Trianon et des Invalides, bien qu’il soit maintenant principalement connu pour ses œuvres religieuses. S’éloignant du classicisme plus tard dans sa carrière, il incorpore dans son style l’influence du baroque et un traitement réaliste des détails. En conclusion : La peinture classique est fondée principalement sur l’œuvre de Raphaël, qui en demeurera la référence. Elle tend vers un idéal de perfection et de beauté à travers des sujets nobles, de préférence inspiré de l'antiquité ou de la mythologie gréco-latine tels que les figures héroïques, les victoires ou la pureté des femmes. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 12 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Les peintres classiques cherchent à symboliser le triomphe de la raison sur le désordre des passions: la composition et le dessin doivent primer sur la couleur, le concept sur la séduction des sens. C’est pour cela que des règles précises et strictes doivent exprimer la représentation de la nature. 2.4.2. L’Architecture L’architecture classique française est issue de l’admiration et de l’inspiration de l’Antiquité. Elle fut inventée pour magnifier la gloire de Louis XIV puis rayonna dans toute l’Europe. Cette architecture devient à l’étranger le reflet de la puissance du roi de France. L’esthétique de cette architecture se rapproche des canons grecs et romains reconnus comme des références idéales. Elle puise aussi ses origines des éléments de la Renaissance. L’architecture classique se caractérise par une étude rationnelle des proportions héritées de l’Antiquité et par la recherche de compositions symétriques. Les lignes nobles et simples sont recherchées, ainsi que l’équilibre et la sobriété du décor, le but étant que les détails répondent à l’ensemble. Elle représente un idéal d’ordre et de raison. L’influence des châteaux tels que ceux de Versailles, Grand Trianon, Vaux-le-Vicomte est à l’origine du rayonnement de cette architecture à l’étranger. À la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle : l’architecture se situe en continuation avec le siècle précédent. L’influence étrangère, notamment italienne, n’est pas négligeable. Cependant, on remarque le retour de la tradition française par l’utilisation de brique, de pierre, d’ardoise ou de pierre rouge. Au fur et à mesure, la pierre sera préférée aux autres matériaux, étant considérée comme plus noble. Des architectes tels que Pierre Lescot et Philibert Delorme posent les bases de cette architecture classique, faisant une synthèse originale entre les modèles de la péninsule italienne (issus de la Renaissance) et ceux de l’architecture nationale. Ce sont ces modèles artistiques qui fixent les canons architecturaux pour au moins 200 ans, ce classicisme va tenir à distance le maniérisme italien. C’est une limite et une originalité supplémentaire de la Renaissance française. Grand Trianon, parc de Versailles Au début du XVIIe siècle, des divisions géométriques claires et harmonieuses se remarquent déjà sur les places royales : par exemple, la place des Vosges (ou place royale) : carrée, fermée, champs clos pour les carrousels, bordée d’arcades. Cette place est le symbole de l’apparition de la conciliation de la logique, de l’utilité, de la simplicité et du plaisant en architecture : la conception rationnelle ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 13 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes s’impose comme base du classique. Le classicisme se remarque aussi à Saint-Germain-en-Laye, à Fontainebleau ou au palais du Louvre durant le règne d’Henri IV de France. Cependant, deux initiateurs du classicisme se démarquent : Salomon de Brosse (1565-1628) est l’initiateur du classicisme. Il imagine un château isolé fait pour être vu de tous côtés, tout est symétrique. Il s’illustre par le dessin, par exemple, du parlement de Bretagne à Rennes en 1618, frappant par le raffinement et la clarté du décor. Il entreprend de même, sur les ordres de Marie de Médicis qui voulait un château sur le modèle du palais Pitti de Florence, le Palais du Luxembourg. Autre initiateur du classique, François Mansart (1598-1661) s’illustra quant à lui par la création des châteaux de Berny et de Balleroy, où se ressent encore l’influence maniériste (style raffiné, sophistiqué et irréaliste, qui tente de s'affranchir des règles classiques et marque la transition entre les styles Renaissance et baroque) mais où l’on ressent tout de même la clarté et l’ordre classiques. Au niveau de l’architecture religieuse, la rupture paraît plus nette. Le but semblerait être de réunir la façade et le dôme du bâtiment pour donner l’impression au spectateur qu’ils forment un tout. L’exemple le plus frappant du classicisme dans l’architecture religieuse est la Chapelle de la Sorbonne de Jacques Lemercier, construite en 1629], qui témoigne d’un classicisme évident puisque son dôme domine de larges mansardes. Château de Versailles Jules Hardouin-Mansart est l’architecte d’une grande partie de Versailles. Il reprit les plans dessinés initialement par Louis Le Vau, architecte de renom qui construisit le magnifique et célèbre château de Vaux-le-Vicomte pour Nicolas Fouquet en 1656. Le château de Versailles, tributaire du baroque dans sa décoration, reste néanmoins classique dans les grandes lignes. Il témoigne du goût typiquement français pour les grandes masses harmonieusement équilibrées ainsi que de l’importance de la rigueur antique. Louis Le Vau prévoit initialement de prolonger les deux ailes des communs surélevées et reliées à l’ancien château par deux pavillons symétriques. Il veut de même élever un bâtiment sur le parc, dont les fenêtres rectangulaires sont séparées par des pilastres ordre ionique ioniques (style architectural grec de la province de l’Ionie, reconnaissable à ses colonnes au chapiteau orné de deux volutes). Aux deux extrémités du bâtiment, il prévoit deux avant-corps (parties du bâtiment en saillie sur la façade) ornés de quatre colonnes et de niches qui abritent des statues. Au centre se trouve une terrasse. On dénote des influences antiques avec la présence de pilastres et de colonnes, ainsi que dans les formes géométriques de la terrasse et des fenêtres. Jules Hardouin-Mansart remplace la terrasse centrale par une nouvelle façade qui correspond à la grande galerie avec un avant corps central orné de six colonnes qui imite les pavillons d’angle de Le Vau. Il remplace les fenêtres rectangulaires par des baies (ouverture pratiquée dans un mur) cintrées qui apporteront plus de lumière. De part et d’autre de ce centre il crée deux ailes qui ont à l’intérieur des cours et des galeries bordées d’arcades. Le tout, même s’il semble démesurément long, donne une étonnante impression d’harmonie. La façade vers la ville est plus gaie. La façade de Louis XIII au fond de la cour de marbre est maintenue mais enrichie pour créer l’unité chère à la sensibilité classique. De même, l’architecte prévoit trois cours qui montent vers le château et dont les côtés sont de plus en plus rapprochés, comme pour mieux accueillir le visiteur : on retrouve l’intimité classique dans cette volonté. Créateur du jardin à la française, André Le Nôtre (fils et petit fils de jardinier) fut l'artisan de l'aménagement des jardins du château de Versailles à partir de 1662. S'appuyant sur une ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 14 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes organisation symétrique des espaces, il mit en place des terrasses et de grandes allées convergeant vers la façade occidentale de la demeure royale. Le parc, d'une superficie de près de 100 ha, fut doté de parterres, de haies savamment taillées et de bosquets. L'harmonie de ces agencements fut magnifiée par la mise en place de bassins (bassin d'Apollon) et de jeux d'eau ainsi que par l'érection de nombreuses statues. 3. les lumières 3.1. Définition Le siècle des Lumières tire son nom du mouvement intellectuel, culturel et scientifique aux multiples manifestations connues sous le nom de Lumières. Il est souvent utilisé dans la littérature historique comme synonyme de XVIIIe siècle européen. La Glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon, mais dans l’historiographie française, la fin de règne de Louis XIV est souvent retenue. La Révolution française a longtemps été vue comme son achèvement et son accomplissement mais certains historiens, au regard des objets étudiés, privilégient une chronologie haute (1670 - 1820). Cependant, plus thématique que chronologique, la notion de siècle des Lumières est définie par un ensemble d’objets, de courants de pensée et d’acteurs historiques. Dans le domaine des arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et musicalement, il couvre les périodes baroque et classique. Jacques-Louis David, Antoine Laurent Lavoisier et son épouse, 1788, Metropolitan Museum of Art, New York. 3.2. Les traits dominants de la première modernité Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du XVIIe siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 15 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes • • • • • • la primauté de l’esprit scientifique sur la Providence dont la révolution newtonienne est l’illustration la plus marquante ; la réflexion politique marquée par la théorie contractuelle, influencée par les travaux de John Locke les progrès de l’esprit critique à l’œuvre, pour exemple, dans le Dictionnaire historique et critique (1697) de Pierre Bayle et la critique lockienne des idées innées ; une première désacralisation de la monarchie dont les Dialogues du baron Louis de La Hontan (1710) sont l’une des manifestations ; l’affirmation de l’idée de tolérance dans une Europe marquée par les divisions religieuses dont l’œuvre de Lessing, Nathan le Sage est une illustration ; le déisme. Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet - Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain - ou de LouisSébastien Mercier - L'An 2440, rêve s'il en fut jamais. 3.3. Les combats des Lumières Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de l’« usage public de sa raison dans tous les domaines ». Ces causes célèbres ont permis une mise en perspectives des lois et des coutumes d’Europe et ont ainsi opéré une révolution sociologique et ouvert la brèche à l’anthropologie politique. Le dépaysement est central dans cette démarche et le Persan et ses avatars - l’espion chinois, juif ou turc - peut apparaître comme un symbole de cet effort de tolérance. Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot et d'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes de texte et de 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. 3.4. Sciences et savants à l’âge des Lumières La France possède de nombreux philosophes des lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau et Beaumarchais. À la faveur de ces évolutions apparaissent des espaces nouveaux où se diffusent les Lumières, entretenues par relations privées et quelquefois par le mécénat d’État. L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégié : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosité, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Jean Antoine Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs à l’anglaise ou “bouges” où se rencontre la « Bohème littéraire ». Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 16 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Gabriel Lemmonnier, Dans le Salon de Madame Geoffrin en 1755, 1812, Château de Malmaison, Rueil. Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise », faite d’affrontements et de spectacles, où se déroulent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les grandes affaires et les « causes célèbres » (Mémoire judiciaire) prérévolutionnaires. Dans ces nouveaux espaces de libertés se manifeste un véritable engouement pour les affaires européennes et se développe l’anglomanie. Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. Ce brassage implique une redéfinition sociale de l’écrivain. 3.5. La Peinture française La Peinture française au XVIIe siècle est marquée par l'influence du Grand Siècle, période florissante pour toutes les branches de la culture en France (Littérature française du XVIIe siècle…), dont la peinture. Depuis le début de la renaissance, c'est l'Italie qui était le centre de l'art, dans la seconde moitié du XVIIe siècle on assiste à un détournement vers la France (même si Rome garde son prestige). Deux des plus grands artistes du XVIIe siècle sont français : Nicolas Poussin et Claude Gellée. Un début de siècle plutôt pauvre : Le maniérisme Le maniérisme (de l'italien maniera qui signifie style) est un mouvement artistique apparu dans les milieux florentins vers 1520, que l’on qualifie également de « Renaissance tardive » et qui fait la transition avec le mouvement baroque. Il s’étend jusqu’à la fin du XVIème siècle. . Contrairement aux précédents mouvements artistiques, la diffusion s'amorçant, il n'est plus circonscrit à l'Italie. Le large développement de ce mouvement est en partie dû au contexte historique qui voit le sac de Rome en 1527, ce qui a pour conséquence de réduire drastiquement le mécénat, forçant nombre d’artistes à s’exiler vers d’autres foyers culturels, tels l’Espagne ou la France. Symbole d’une rupture avec les concepts de la renaissance, le maniérisme cherche avant tout à se distancer de la réalité pure en attachant une importance marquée aux sentiments de l’artiste lui-même, ce qui nous donne généralement des œuvres raffinées, voire sophistiquées. Les principales caractéristiques de ce style sont la recherche du mouvement, l’exacerbation du moi, une symbolique complexe, le contraste des tons acides et crus. L’une des figures de proue du maniérisme est probablement Pontormo, mais l’on peut également citer El Greco, le Tintoret,… Le Greco a abordé des scènes religieuses avec un maniérisme exacerbé. Cette forme d'exagération allait montrer la voie du maniérisme vers le classicisme renaissant. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 17 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes En France, dans le premier quart du XVIIe siècle, il existe un maniérisme tardif, syncrétisme du maniérisme italien (Pontormo, Le Parmesan…), flamand et de l'école de Fontainebleau. L'atelier le plus important de Paris était celui du maniériste Lallemant (v.1575-1636) (souvent cité comme premier maître de Poussin). On peut citer aussi comme maniériste à Paris, Quentin Varin (v.15701626) et Ambroise Dubois (1523-1614). Caractéristiques de l'art maniériste : • • • • • • • • un espace désuni, et souvent défini une image trouble et obscure une déformation et une torsion des corps, dont la figure serpentina dessinant un S des tons acides et crus, hérités de Michel-Ange et la chapelle Sixtine à Rome une recherche du mouvement un art de codes, de symboles, de citations d'artistes classiques un art de cour, qui s'adresse à des gens cultivés et lettrés une exagération des formes caractérisent le maniérisme du XVIe siècle. Rosso Fiorentino, qui fut l'élève de Pontormo au studio d'Andrea Del Sarto, a apporté la maniera florentine à Fontainebleau en 1530, où il devint un des fondateurs du maniérisme français du XVIe siècle appelé l'École de Fontainebleau. Le style de Fontainebleau, à travers les gravures, transmit le style maniériste italien vers Anvers, l'Europe du Nord, de Londres à la Pologne, où il se déclina sur des produits de luxe comme la soie et les meubles sculptés. Un sens de la tension contrôlait l'expression vive rendue à travers symboles et allégories, tout en élongeant les proportions des corps de femmes caractéristiques de ce style. 3.6. L’architecture Le château royal de Fontainebleau est un château de styles principalement Renaissance et classique, jouxtant le centre-ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne), à une soixantaine de kilomètres au sudest de Paris, en France. Les premières traces d'un château à Fontainebleau remontent au XIIe siècle. Les derniers travaux furent effectués au XIXe siècle. Haut lieu de l'histoire de France, le château de Fontainebleau a été l'une des demeures des souverains français depuis François Ier (qui en fit sa demeure favorite) jusqu'à Napoléon III. Plusieurs rois ont laissé leur empreinte dans la construction et l'histoire du château, qui est ainsi un témoin des différentes phases de l'Histoire de France depuis le Moyen Âge. Entouré d'un vaste parc et voisin de la forêt de Fontainebleau, le château se compose d'éléments de styles médiévaux, Renaissance, et classiques. Il témoigne de la rencontre entre l'art italien et la tradition française exprimée tant dans son architecture que dans ses décors intérieurs. Cette spécificité s'explique par la volonté de François Ier de créer à Fontainebleau une « nouvelle Rome » dans laquelle les artistes italiens viennent exprimer leur talent et influencer l'art français. C'est ainsi que naquit l'École de Fontainebleau, qui représenta la période la plus riche de l'art renaissant en France, et inspira la peinture française jusqu'au milieu du XVIIe siècle, voire au-delà. Napoléon Ier surnomma ainsi le château la « maison des siècles », évoquant par là les souvenirs historiques dont les lieux sont le témoignage. Depuis 1981, le château fait partie avec son parc du patrimoine mondial de l'UNESCO. Riche d'un cadre architectural de premier ordre, le château de Fontainebleau possède également une des plus importantes collections de mobilier ancien de France, et conserve une exceptionnelle collection de peintures, de sculptures, et d'objets d'art, allant du XVIe au XIXe siècle. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 18 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 3.7. Baroque et Rococo Les Ménines de Diego Vélasquez (1656). Le Jugement de Pâris de Ruben À partir de 1600 et tout au long du XVIIe siècle, s’est développé un nouveau style de peinture, la peinture baroque. Parmi les plus grands peintres baroques il faut citer Le Caravage, Rembrandt, Rubens, Vélasquez, Poussin, et Vermeer. Caravage est un héritier de la peinture humaniste de la Haute Renaissance. Son approche réaliste des personnages humains a choqué ses contemporains et ouvert un nouveau chapitre de l’histoire de la peinture. La peinture baroque dramatise souvent les scènes en utilisant des effets de lumière comme l’illustrent les peintures de Rembrandt, de Vermeer, des frères Le Nain ou de Georges de La Tour. Pèlerinage à l’île de Cythère d’Antoine Watteau Au XVIIIe siècle, le style rococo est apparu comme un dérivé de la peinture baroque, plus décadent, plus léger, souvent frivole et érotique. Les maîtres français Watteau, Boucher et Fragonard sont représentatifs de ce style, tout comme Giovanni Battista Tiepolo et Thomas Gainsborough. Jean Siméon Chardin est quant à lui considéré comme le meilleur peintre français du XVIIIe siècle. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 19 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 3.8. Les artistes français à Rome Crucifixion, S.Vouet Il est de tradition depuis le début du XVIe siècle pour les peintres français d'aller faire leur formation à Rome. Dans un contexte de réaction au maniérisme, les peintres vont en Italie pour y étudier l'art antique, les artistes de la Renaissance et les peintres contemporains. À Rome à partir du deuxième quart de siècle, il existait des goûts fondamentalement différents. D'un côté le baroque ou « grand style » (Pierre de Cortone, Le Bernin…) de l'autre « le classicisme » (Sacchi, Carrache…). Le classicisme prend la peinture d'histoire au sérieux: l'invention est considérée comme le départ de la peinture et l'expression comme principe essentiel (associé à la convenance du lieu, clarté de la composition, netteté de la couleur et de la couleur). Le baroque accorde aussi de l'importance à l'expression mais celui-ci est soumis à des intérêts psychologiques, mais surtout décoratifs. Les baroques accaparaient les grandes commandes officielles préférées par les grands commanditaires. On retrouvera cette opposition en France quelques décennies plus tard. Les Israélites recueillant la manne, N. Poussin, 1638 Nicolas Poussin s'installe à Rome en 1624, il est marqué par le néo-vénitianisme. Il va beaucoup étudier Titien et la sculpture grecque antique. Petit à petit il se fait un nom et en 1626 il reçoit une commande du cardinal Francesco Barberini : La mort de Germanicus, lequel commande aussi une œuvre à Valentin de Boulogne : Allégorie de Rome (1628). Le cardinal, content de cette mise en compétition, réitérera avec une commande pour chacun pour la basilique Saint-Pierre : Le Martyre de saint Érasme de Poussin (1629) et le Martyre de saint Procès et saint Martinien (1630). Cette compétition déplaît beaucoup à Poussin, qui les évitera dorénavant. Poussin pour garder son indépendance essaya de ne répondre qu'a des commandes provenant d'amateurs éclairés, pour des gens sachant apprécier le travail du peintre et sa réflexion: Durant les années 1630, il adopte un langage de plus en plus classique (il suit la voie ouverte par les Carrache en peinture d'histoire) c'està-dire en privilégiant la clarté et la convenance de la représentation. Poussin peint alors des œuvres ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 20 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes importantes de sa carrière :La peste d'asdod v.1630 ou L'Empire de florev.1631.On peut remarquer que Poussin utilise des cette période les modes (adéquation de la facture picturale avec le sujet). À l'idéalisation que les Carrache avaient remis au goût du jour (inspiré de Raphaël), Poussin ajoute un pouvoir fort de l'expression, du sens de l'œuvre. En 1637 Paul Fréart de Chantelou lui commande un tableau important intitulé: Les israélites recueillant la manne.En 1640, Poussin rentre à Paris pressé par le Roi, il retourne a Rome en 1642. À son arrivée à Rome il reçoit deux grandes commandes de cycle, une de Cassiano dal Pozzo et l'autre de Chantelou. Claude Gelée, dit Claude Lorrain, (1604-1682) est après Poussin l'artiste français le plus important installé à Rome. Il s'y établit en 1626 définitivement jusqu'à la fin de sa vie en 1682.Claude Lorrain est le peintre qui sut développer l'art du paysage à une dignité jamais atteinte. Il obtient très vite une indépendance financière ce qui lui permit de ne plus dépendre des commanditaires. Et pour éviter les contrefaçons, il consigna dans un album des reproductions de tout ces tableaux : Liber vertitatis à partir de 1637.Claude Lorrain utilise l'idéalisation qu'il emprunte à la peinture d'histoire pour ses paysages, il n'imagine pas un paysage fantaisiste (attitude maniériste) mais il ne copie pas non plus directement la nature (attitude naturaliste), au contraire il construit un ensemble dont les parties s'accordent entre elles et qui sont elles idéalisées à partir d'étude d'après nature. Il fait donc une large part à l'expression générale de ses œuvres. On peut dire qu'il donne au paysage la dignité de la peinture d'histoire. Mais c'est la nature qui prend la place d'honneur au sujet, c'est une nature bucolique, arcadienne, une nature qui détient une intensité religieuse. Même si, comme Poussin, Claude n'a pas de successeur direct, il contribua au développement du tableau en France. 3.9. L'École hollandaise L'École hollandaise ou néerlandaise est une école de peinture qui s'est développée aux Pays-Bas de la Renaissance jusqu'aux commencements du Baroque. Elle est composée de nombreux peintres, sculpteurs et architectes dont les plus célèbres sont Rembrandt van Rijn, Frans Hals, Johannes Vermeer, Jacob van Ruisdael, Antoon van Dyck, et Jan Steen. Johannes ou Jan Vermeer[1],[2] (baptisé à Delft, le 31 octobre 1632 – enterré dans cette même ville, le 15 décembre 1675) est un peintre baroque néerlandais (Provinces-Unies) parmi les plus célèbres du siècle d’or. Il réalisa surtout, dans un style raffiné, des peintures de genre, principalement des intérieurs montrant des scènes de la vie domestique ; Ses œuvres se distinguent par une combinaison de couleurs inimitables – des couleurs claires, et des pigments quelquefois coûteux, avec une prédilection pour l'outremer naturel et le jaune –, la maîtrise dans le traitement et l’emploi de la lumière, et un arrangement idéal, créant une illusion d’espace particulière. Rembrandt Harmenszoon van Rijn, habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt (15 juillet 1606 - 4 octobre 1669) est généralement considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de l'art baroque européen, et l'un des plus importants peintres de l'École hollandaise du XVIIe siècle. Rembrandt a également réalisé des gravures et des dessins. Il a vécu pendant ce que les historiens appellent le siècle d'or néerlandais (approximativement le XVIIe siècle), durant lequel culture, science, commerce et influence politique de la Hollande ont atteint leur apogée. Une des caractéristiques majeures de son œuvre est l'utilisation de la lumière et de l'obscurité (technique du clair-obscur), qui attire le regard par le jeu de contrastes appuyés. Les scènes qu'il peint sont intenses et vivantes. Ce n'est pas un peintre de la beauté ou de la richesse, il montre la compassion et l'humanité, qui ressortent dans l'expression de ses personnages, qui sont parfois indigents ou usés par l'âge. Ses thèmes de prédilection sont le portrait (et les autoportraits) ainsi que les scènes bibliques et historiques. Rembrandt représente aussi des scènes de la vie ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 21 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes quotidienne, et des scènes populaires. Sa famille proche – Saskia, sa première femme, son fils Titus et sa deuxième femme Hendrickje apparaissent régulièrement dans ses peintures. Il a exécuté peu de paysages peints, (cela est moins vrai pour l'œuvre gravé) et de thèmes mythologiques. 3.10. Le Rococo Basilique rococo à Wies (Bavière) La salle de bal du Palais de Catherine à Tsarskoïe Selo Le rococo (ou style « rocaille ») est un mouvement artistique français du XVIIIe siècle touchant principalement l’architecture, mais également dans une grande partie, l’ornementation, l’ameublement, ainsi que la peinture et, dans une moindre mesure, la musique et la littérature. Il se développa de 1730 à 1770. Les pièces décorées à la manière rococo sont caractérisées par du mobilier doté d’ornementations, de petites sculptures, des miroirs ornementés, des tapisseries et des peintures murales décoratives particulièrement chargées. Ce mouvement sera suivi par le mouvement néo-classique. Selon Delécluze, le terme « rococo » fut inventé vers 1797 en dérision par Pierre-Maurice Quays, élève de Jacques-Louis David, maître à penser du mouvement des Barbus et chantre d’un classicisme poussé à l’extrême ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 22 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Ce style se propage en Europe tout au long du XVIIIe siècle. En France, il trouve son apogée sous la Régence et surtout sous le règne de Louis XV, après l’austérité des dernières années du règne de Louis XIV. Il sera remplacé à partir de 1760 par le néoclassicisme qui est, comme par un mouvement de pendule, un retour à l’austérité. Le rococo se développa dans les arts décoratifs. À la fin du règne de Louis XIV, les éléments baroques riches et chargés sont abandonnés au profit d’un stylisme plus épuré avec des formes incurvées en utilisant des matériaux naturels. C’est une période d’austérité. Ce style est caractéristique du style architectural de Nicolas Pineau. Durant la Régence, la cour du roi déménagea de Versailles et le style rococo devint la nouvelle norme usitée, tout d’abord par la cour, puis par toute l’aristocratie française. La délicatesse et l’ostentation du style rococo étaient considérés comme en parfaite adéquation avec les excès qui régnaient à la cour de Louis XV. La décennie de 1730 représente l’apogée de la diffusion du rococo dans la société française, qui se manifeste dans des domaines aussi divers que l’architecture, la peinture, la sculpture et le mobilier d’intérieur. Les artistes les plus caractéristiques de cette période sont Watteau et Boucher. Le rococo continue de s’inspirer du baroque pour son goût pour les formes et dessins complexes. Mais il se commence à se différencier en intégrant des caractéristiques différentes comme des formes orientales et des compositions asymétriques. Bien qu’à ses débuts, le rococo, dans la peinture, ne soit qu’exclusivement décoratif, des modèles figuratifs apparaissent au fil du temps. Les peintures sont caractérisées par de nombreuses couleurs pastel et des formes incurvées. Les peintres décorent leurs tableaux d’anges chérubins et de tous les symboles de l’amour. Le portrait est aussi un style très en vogue. Certaines peintures représentent des scènes coquines et lestes pour l’époque. Ceci est en rupture avec le style baroque et ses travaux dans les églises. Les peintures évoquent souvent des scènes pastorales et des promenades de couples aristocratiques. Jean-Antoine Watteau (1684-1721) est considéré comme le premier grand peintre rococo. Il a eu une influence sur ses contemporains du mouvement François Boucher (1703–1770) et Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), deux maitres de la fin du mouvement. Dans le domaine de la peinture décorative, le peintre vénitien Giovanni Battista Tiepolo représente ce courant en Italie, en Allemagne (la Résidence de Wurtzbourg ) et en Espagne. 3.11. Le naturalisme Valentin de Boulogne, Les quatre âges de la vie, National Gallery, Londres. La peinture de genre a eu beaucoup d'importance pour les artistes français du début du XVIIe siècle. Le « naturalisme » (selon une expression du XVIIe siècle) prend sa source chez le Caravage et une certaine extension avec le peintre hollandais Pieter Van Laer (1592-1642) dit Bamboccio. Celui-ci donna naissance au style de peinture appelé bambochade. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 23 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Ce genre de peinture était à l'époque considéré comme secondaire et convenait plus à des commandes d'amateur qu'aux commandes officielles. Le style même de Caravage et l'étude directe de modèle étaient assez critiqués à l'époque. Malgré cela Valentin de Boulogne (1591-1625) réussit une carrière à Rome dans un style résolument caravagesque (il reçut par exemple une commande pour la basilique St Pierre à Rome en 1630 : Le Martyre des St Processe et Marticien) ; il sut surtout donner à son style naturaliste toutes les subtilités de l'expression cohérente (nécessaire à la peinture d'histoire). Le succès du naturalisme en France fut favorisé par un retour de la religion et d'une certaine spiritualité. Le baroque italien fut considéré en France comme le « style jésuite » (mouvement pas très apprécié en France), au contraire le naturalisme par sa simplicité entretenait un rapport étroit avec le jansénisme (mouvement religieux de grande aura en France). Georges de La Tour, Le nouveau-né, vers 1648, Musée des Beaux-Arts de Rennes. Les Frères Le Nain arrivent de Laon à Paris vers la fin des années 1620, ils commencèrent à peindre des sujets religieux (v. Bacchus et Arianne v. 1630) mais s'orientent assez vite vers la peinture de genre (ce changement est sans doute dû à la concurrence). On peut observer cette transition dans : Venus dans la forge de Vulcain de 1641. Les deux chefs-d'œuvre des "Le Nain" sont : La Famille de paysans (v. 1647) et Le Repas des paysans, ils sont ici au sommet de leur art en soulignant la dignité et la simplicité des paysans avec un certain caractère religieux. Enfin, celui qui a donné sa marque au naturalisme français est Georges de La Tour (1593-1652). Il donna à son œuvre une sensibilité très particulière, on parle « d'abstraction soustractive » pour qualifier l'aspect rigoureux et simple de ses compositions qui ont toujours comme préoccupation principale l'expression d'un sujet religieux. Son œuvre est divisé en deux périodes : les tableaux diurnes et les tableaux nocturnes ; ses plus grands chefs-d'œuvre appartenant à la seconde, par exemple : Le Nouveau-né, v.1648. 4. La Révolution française 4.1. Les causes de la Révolution La Révolution française est la période de l'histoire de France comprise entre la convocation des États généraux en 1789 et le coup d'État du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte. C'est un moment fondamental de l’histoire de France, marquant la fin de l'Ancien Régime, et le passage à une monarchie constitutionnelle puis à la Première République. Elle a mis fin à la royauté, à la société d'ordres et aux privilèges. Elle nous a légué la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui proclame l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers des représentants élus. Plusieurs milliers de personnes trouvèrent la mort durant cette révolution, notamment pendant la Terreur. ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 24 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 4.2. Les artistes du XVIIIe siècle Jean-Honoré Fragonard Né le 5 avril 1732, Grasse. Mort le 22 août 1806, Paris est un des principaux peintres français du XVIIIe siècle. Peintre d'histoires, de genre et de paysages. À l'instar de François Boucher, Fragonard est considéré comme le peintre de la frivolité, du Rococo, bien qu'il ait peint dans de nombreux autres registres : grands paysages inspirés de peintres hollandais, peintures religieuses ou mythologiques, ou scène de bonheur familial notamment. D'un trait virtuose, Fragonard savait montrer le tourbillonnement du monde par des gestes expressifs et gracieux ou des drapés pleins de vigueur. Fragonard est le dernier peintre d'une époque sur le déclin, ses scènes de genres seront bientôt rendues obsolètes par la dureté néoclassique de David, par la cruauté de la Révolution et celle de l'Empire. Les scènes de genre de Fragonard sont volontiers égrillardes comme par exemple Les Hasards heureux de l’escarpolette, fantasme d'un commanditaire libidineux (M. de Saint-Julien, receveur général des biens du clergé) qui donna à l'artiste des conseils de mise en scène : « Je désirerais que vous peignissiez Madame sur une escarpolette qu'un évêque mettrait en branle. Vous me placerez de façon, moi, que je sois à portée de voir les jambes de cette belle enfant et mieux même, si vous voulez égayer votre tableau. » Mais même ces scènes effectivement frivoles peuvent être lues à un niveau différent, on peut y voir percer, souvent, une inquiétude, un sentiment de fin de fête parfois (et cela rappelle Watteau ou encore le roman Point de lendemain par Vivant Denon), ou encore une menace diffuse : les couples dans l'intimité, les belles qui s'épouillent, les endormies, tout ce petit monde de grâce et de sympathie est observé par un peintre qui nous rappelle que la jeunesse ne dure pas et que les moments de tendresse lascive sont fugaces et rares. La Liseuse de Jean Honoré Fragonard (1772) Francisco José de Goya y Lucientes, né à Fuendetodos, près de Saragosse, le 30 mars 1746 et mort à Bordeaux le 16 avril 1828, est un peintre et graveur espagnol Le style raffiné ainsi que les sujets grinçants propres aux tableaux de Goya firent des émules dès la période romantique, donc peu de temps après la mort du maître. Parmi ces "satellites de Goya", il faut notamment citer les peintres espagnols Leonardo Alenza (1807-1845) et Eugenio Lucas (1817- ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 25 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes 1870). Du vivant même de Goya, son assistant Asensio Julià (1760-1832), qui l'aida à réaliser les fresques de San Antonio de la Florida, avait peint Le Colosse du Prado, longtemps attribué à Goya luimême. Les Romantiques français vont eux aussi rapidement se tourner vers le maître espagnol, notamment mis en lumière par la « galerie espagnole » créée par Louis-Philippe, au Palais du Louvre. Delacroix sera l'un des grands admirateurs de l'artiste. Quelques décennies plus tard, Édouard Manet sera lui aussi très largement inspiré par Goya. Tres de Mayo Francisco de Goya, 1814 huile sur toile345 × 266 cmMuseo del Prado Tres de Mayo (en français trois mai) est, avec Dos de Mayo, le plus célèbre tableau du peintre espagnol Francisco de Goya. Complétée en 1814 et conservée au musée du Prado à Madrid, cette toile est également connue sous le nom Les Fusillades du 3 mai ou en espagnol sous les noms de El tres de mayo de 1808 en Madrid, ou Los fusilamientos de la montaña del Príncipe Pío Ce tableau est la suite directe des évènements décrits par Dos de Mayo. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1808 les soldats français - en représailles à la révolte du 2 mai - exécutent les combattants espagnols faits prisonniers au cours de la bataille. Les toiles Dos de Mayo et Tres de Mayo ont toutes deux été commissionnées par le gouvernement provisoire espagnol sur suggestion de Goya. Le sujet de la toile, sa présentation ainsi que la force émotionnelle qu'elle dégage font de cette toile l'une des représentations les plus connues de la dénonciation des horreurs liées à la guerre . Bien que s'inspirant en partie d'œuvres d'art l'ayant précédé, Tres de Mayo marque une rupture par rapport aux conventions de l'époque. Cette toile diverge des représentations traditionnelles de la guerre dépeintes dans l'art occidental et est reconnue comme l'une des premières toiles de l'ère moderne. Selon l'historien de l'art Kenneth Clark, Tres de Mayo est "la première grande toile qui peut être qualifiée de révolutionnaire dans tous les sens du terme : par son style, son sujet et son intention." Tres de Mayo a été la source d'inspiration de nombreuses autres toiles dont une série d'Édouard Manet, L'Exécution de Maximilien, ainsi que les toiles de Pablo Picasso, Massacre en Corée et Guernica. 4.3. Néoclassicisme Le néoclassicisme est un mouvement artistique qui s'est développé dans la peinture, la sculpture, et l'architecture entre 1750 et 1830 environ. Contrairement au romantisme il sacrifie les couleurs pour la perfection de la ligne. Né à Rome au moment où l'on redécouvre Pompéi et Herculanum, le mouvement se propage rapidement en France par l'intermédiaire des élèves peintres et sculpteurs de l'Académie de France à ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 26 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Rome, et en Angleterre grâce à la pratique du Grand Tour de la jeunesse noble britannique, et dans le reste du monde. En Europe centrale, sous l'influence de Winckelmann, il préconise un retour à la vertu et à la simplicité de l'antique après le baroque et les excès des frivolités du rococo des années précédentes. Cette expression nouvelle d'un style ancien voulut rallier tous les arts à ce qu'on appela alors « le grand goût ». On ne jurait plus que par l'antiquité et l'on vécut à la mode de Pompéi ou d'Herculanum. Il fut choisit par les nouvelles républiques issues des révolutions françaises et américaines car ce style représentait symboliquement la démocratie de la Grèce antique et de la République romaine. La Rome impériale devint un modéle sous Napoléon Ier, mais avec l'émergence du mouvement romantique, ce style disparut peu à peu. 4.3.1. Présentation Le néo (nouveau) classicisme définit de manière fondamentale la recherche d'une excellence dans le travail de l'art, que l'on qualifie en termes de recherche d'esthétique de Canon. Ces "Canons" représentent "Les Classiques". En vérité, le néoclassique est la recherche d'un idéal. Un artiste, expérimenté dans la réalisation artistique des "Canons", ne se contente pas de reproduire simplement des modèles, mais il synthétise le travail de ses prédécesseurs tout en y apportant sa touche personnelle pour atteindre une excellence dans la réalisation de chacune de ses œuvres. Ce n'est pas un travail facile, cela demande une expertise dans la connaissance des techniques de peinture, d'architecture... Clairement, si un artiste crée des œuvres niaises et vides de sens, voire médiocres dans leurs réalisations ou faisant des fautes de goût, il ne peut se réclamer du mouvement des néoclassiques. La nouveauté, l'improvisation, l'expression de soi ou l'inspiration libre ne sont pas des vertus du néoclassicisme .Faites du neuf » disait le poète moderniste Ezra Pound. Le néoclassicisme ne cherche pas à créer une œuvre d'art à partir de rien, mais plutôt la parfaite maîtrise d'un idiome. 4.3.2. Peinture La peinture néoclassique est un courant pictural issu du néoclassicisme qui apparaît vers la fin du XVIIIe siècle siècle dans les années 1770 jusqu'aux débuts du XIXe siècle vers 1824, succédant au rococo , et précédant la peinture romantique. En peinture, le néoclassicisme se situe dans un mouvement de retour à l'antique initié par les écrits de Winckelmann et de Lessing. La peinture néoclassique connaît une évolution allant vers un style de plus en plus rigoureux et détaché de l'influence du rococo. Le courant pictural initie une nouvelle manière de peindre dans le choix d'une composition inspirée des bas-reliefs antiques, de tons sombres, des sujets inspirés de l'histoire antique ou de la mythologie, d'une technique lisse ne laissant pas apparaître de traces de brosses . En peinture le néoclassicisme dépasse la représentation de sujets antiques pour aller vers des représentations de sujets contemporains (la Mort du général Wolfe, le Sacre de Napoléon) ou de portraits. 4.3.3. Principaux représentants ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 27 sur 28 La culture Humaniste : les temps modernes Jacques-Louis David, La Mort de Socrate, 1787, Metropolitan Museum of Art, New York. Jacques-Louis David, peintre français né le 30 août 1748 à Paris et mort le 29 décembre 1825 à Bruxelles, est considéré comme le chef de file de l’École néoclassique, dont il incarne le style pictural et l’option intellectuelle. Le portrait est l'autre genre pictural qui fait reconnaître sa peinture. Au début de sa carrière, et ce jusqu'à la Révolution, il portraiture ses proches et relations ainsi que des notables de son entourage ; ses essais dans le portrait officiel concernent ses portraits équestres de Napoléon et en costume du sacre, celui du pape Pie VII, et ses portraits de quelques membres du régime , comme Estève et Français de Nantes. Son style dans ce genre préfigure les portraits d'Ingres. On lui connaît aussi trois autoportraits. La redécouverte de David à la fin du XIXe siècle est principalement due à l'exposition de ses portraits. David est un peintre d'histoire. Sa formation académique et son parcours artistique, ont fait de David un peintre d'histoire, genre considérée depuis le XVIIe siècle, selon la classification de Félibien, comme le « grand genre ». Jusqu'à son exil, les œuvres auxquelles il accorde le plus d'importance sont des compositions historiques inspirées par les sujets tirées de la mythologie (Andromaque, Mars désarmé par Vénus) ou l'histoire de l'Antiquité romaine et grecque (Brutus, Les Sabines, Léonidas). À partir de la Révolution, il essaye d'adapter son inspiration antique aux sujets de son temps en peignant aussi des œuvres à sujet contemporains. Les œuvres les plus caractéristiques sont Le Serment du jeu de paume, La Mort de Marat et Le Sacre. Jean-Auguste-Dominique Ingres (29 août 1780 à Montauban - 14 janvier 1867 à Paris) est un peintre français néo-classique. 4.3.4. Principales caractéristiques du Neoclassicisme : • • • • • • Orthogonalité générale du tableau Thèmes inspirés par l'antiquité grecque et romaine La forme prime sur la couleur Compositions souvent dichotomiques Retour à la simplicité par rejet du style ornementé du Rococo Représentation du moment avant l'action ISFEC Jacques Sevin 2011 / 2012 Céline Laignel Page 28 sur 28