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Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
Découverte d’un lien apparent entre les maladies cardiovasculaires
et le déclin des facultés cérébrales
25 août 2010
Le VIH est surtout décrit comme un virus qui s’en prend au système immunitaire, mais il peut endommager de
nombreux autres organes et tissus aussi, y compris le cerveau.
Inflammation
Le traitement anti-VIH (trithérapie ou multithérapie) peut réduire grandement la quantité de virus dans le sang, mais
les ganglions et les tissus lymphatiques continuent d’en produire en faible quantité. Cette production de VIH de faible
niveau provoque l’activation du système immunitaire.
L’activation du système immunitaire est une réponse normale à toute infection. De façon générale, une fois
l’infection maîtrisée, l’activation du système immunitaire se calme. Toutefois, dans le cas d’une infection persistante
comme celle au VIH, l’activation du système immunitaire semble devenir chronique et ce, même chez des personnes
qui suivent une trithérapie depuis de nombreuses années. Puisque les cellules du système immunitaire se déplacent
constamment dans le corps et se logent dans divers organes et tissus, cette activation prolongée peut nuire à un
grand nombre de ceux-ci. Par conséquent, la santé et le fonctionnement de divers organes risquent de se dégrader.
Le VIH dans le cerveau
Comme plusieurs autres organes, le cerveau est vulnérable aux dommages causés par l’infection chronique au VIH.
Depuis les premiers jours de l’épidémie, les chercheurs observent que l’infection au VIH peut provoquer des
perturbations comportementales et cognitives — difficulté à penser clairement, problèmes de mémoire, confusion,
délire et, dans les cas extrêmes, démence. Maintenant que la trithérapie est accessible à grande échelle, la démence
liée au sida est rarement observée dans les pays à revenu élevé. Toutefois, à en croire des études récentes, une
perturbation subtile des fonctions cognitives se produirait même chez des personnes séropositives qui suivent
fidèlement leur traitement et qui ne prennent pas de drogues. Ces observations ont incité d’autres chercheurs à se
pencher sur la question de l’impact du VIH sur le cerveau.
Facteurs de risque de déclin cérébral
De nombreux chercheurs des pays à revenu élevé ou moyen tentent actuellement de comprendre et d’empêcher le
déclin neurocognitif qui se produit malgré la prise d’une trithérapie. Une équipe de chercheurs a terminé son analyse
préliminaire, qui apparaîtra dans un prochain numéro de la revue Neurology . Cette équipe a constaté que, même
chez des personnes ayant un compte de CD4+ élevé, le déclin neurocognitif était plus courant chez les personnes
atteintes d’une maladie cardiovasculaire préexistante que chez les personnes séropositives présentant les facteurs
de risque de démence habituels. Si cette découverte est confirmée, l’importance de la santé cardiovasculaire des
PVVIH sera sans doute soulignée davantage à l’avenir.
Détails de l’étude
Dans le cadre une étude d’envergure appelée SMART, qui évaluait l’interruption épisodique du traitement, des
chercheurs s’intéressant aux problèmes neurocognitifs ont mené une sous-étude auprès de 292 participants vivant
dans les pays suivants :
Canada
Australie
Brésil
Thaïlande
États-Unis
Les participants ont subi plusieurs tests pour aider les chercheurs à évaluer leurs facultés cérébrales : résolution de
problèmes, cognition, traitement de l’information et mémoire. Les résultats de ces tests ont été comparés à ceux de
sujets séronégatifs en bonne santé. De plus, l’analyse des données a tenu compte des dossiers médicaux détaillés
des participants et des résultats de leurs analyses sanguines.
Le profil moyen des participants au moment de leur admission à l’étude était le suivant :
42 % de femmes, 58 % d’hommes
pourcentage de participants ayant 12 années de scolarité ou moins – 54 %
compte de CD4+ – 536 cellules
compte de CD4+ le plus faible documenté – 225 cellules
pourcentage ayant une charge virale de 400 copies/ml ou moins – 88 %
Résultats
Dans l’ensemble, les épreuves neuropsychologiques révélaient que les sujets de la sous-étude « faisaient preuve
d’un rendement en dessous de la moyenne comparativement à la population [séronégative] en bonne santé. » De
plus, environ 14 % des participants présentaient les signes d’une atteinte neurocognitive plus grave. Aucune
différence significative n’a été observée entre les sujets des différents pays.
Les chercheurs ont constaté qu’environ le quart des participants souffraient de dépression, les résidants du
Canada, d’Australie et des États-Unis étant plus vulnérables à cet égard (41 %) que les Thaïlandais (14 %).
Connexion cardiovasculaire
Les participants qui souffraient d’une maladie cardiovasculaire au début de l’étude étaient six fois plus susceptibles
de subir des perturbations neurocognitives que les personnes n’ayant aucun problème cardiovasculaire. La prise en
compte des facteurs suivants n’a rien changé à ce résultat :
âge
sexe
race ou ethnie
niveau de scolarité
pays de résidence
antécédent d’infection définissant le sida
Cette multiplication de six fois du risque d’atteinte neurocognitive est significative du point de vue statistique.
Autres résultats : Les personnes qui avaient un taux élevé de cholestérol ou qui souffraient d’hypertension lors de
leur admission à l’étude SMART couraient elles aussi un risque accru d’atteinte neurocognitive.
Chose curieuse, des facteurs qu’on avait associés au déclin neurocognitif lors d’études antérieures — compte de
CD4+ le plus faible documenté, diabète, charge virale élevée, incapacité de la trithérapie de pénétrer dans le cerveau
— n’ont pas été associés à ce problème dans le cadre de cette sous-étude.
Pourquoi ce lien?
L’infection au VIH est associée à l’activation persistante du système immunitaire. Une fois activé, le système
immunitaire libère des signaux chimiques — cytokines — qui peuvent nuire à la santé de nombreux organes et
tissus, y compris les vaisseaux sanguins, les reins et les os.
Lors d’une étude antérieure, on avait observé que l’infection au VIH semblait faire vieillir d’une quinzaine d’années les
vaisseaux sanguins des personnes atteintes. À cause de ce vieillissement prématuré des vaisseaux sanguins, il est
possible que les cellules du cerveau reçoivent moins de sang oxygéné et riche en nutriments. De plus, à cause du
ralentissement du flux sanguin, il se peut que les déchets soient évacués moins efficacement des cellules cérébrales.
Ces phénomènes pourraient expliquer le déclin des fonctions neurocognitives observées chez la population
relativement jeune de cette étude. Selon les auteurs, chez les personnes séronégatives, le déclin neurocognitif
associé aux maladies cardiovasculaires ne se produirait habituellement « qu’à partir de la soixantaine ».
Limitations
La sous-étude dont il est question dans cet article est une étude transversale. Les études de ce genre permettent de
capter une image de la santé d’une personne à un moment très précis seulement. Elles permettent aussi de relever
des liens statistiques entre divers facteurs et événements, mais ne peuvent prouver de liens de cause à effet (en
l’occurrence, que les maladies cardiovasculaires causent des perturbations neurocognitives).
Les études transversales offrent cependant l’avantage d’être relativement rapides et peu chères à effectuer,
comparativement aux études qui suivent de nombreuses personnes sur une période de plusieurs années. Les
résultats de ces études sont utiles dans la mesure où ils peuvent faciliter la conception d’études plus rigoureuses
destinées à aborder d’importantes questions de recherche.
À ne pas oublier
Malgré les limitations de la présente sous-étude de la SMART, ses résultats sont importants et font écho à d’autres
études sur l’accélération du vieillissement que semble causer le VIH. De plus, la présente étude souligne l’importance
de la santé cardiovasculaire, non seulement pour le cœur mais aussi pour le cerveau.
Ressources
1. Pour obtenir des conseils sur le maintien d’une bonne santé cardiovasculaire, lisez le feuillet d’information
détaillé de CATIE intitulé « Le VIH et la maladie cardiovasculaire », au :
http://www.catie.ca/fr/feuillets-info/autres-états-de-santé/le-vih-et-la-maladie-cardiovasculaire
2. Le numéro de l’hiver 2010 du magazine Vision positive inclut un témoignage de la militante Maggie Atkinson sur
les problèmes neurocognitifs éprouvés par les personnes vivant avec le VIH. Elle raconte son expérience et
décrit les moyens qui lui ont permis de mieux protéger son cerveau dans « Témoignage d’une tête forte »,
accessible au :
www.visionpositive.ca/f/V11I2/Teteforte_f.htm
—Sean R. Hosein
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