Mini-revue Sang Thrombose Vaisseaux 2006 ; 18, n° 1 : 17-22 Les syndromes caves supérieurs Nicolas Limal, Bertrand Wechsler Service de médecine interne, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France <[email protected]> Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Le syndrome cave supérieur est la conséquence d’une gêne au retour veineux en provenance de la tête, des membres supérieurs et du thorax vers l’oreillette droite, responsable d’une hyperpression en amont. Les étiologies sont nombreuses : compression d’origine maligne ou bénigne, thrombose sur matériel intra-vasculaire, anomalie de la coagulation, maladie inflammatoire de la paroi veineuse ou envahissement direct de celleci. La symptomatologie dépend du degré d’obstruction et de sa rapidité d’installation. Le pronostic est lié à l’étiologie, maligne dans plus de trois quarts des cas. Le traitement repose sur l’anticoagulation en l’absence de contre-indication, les thérapeutiques spécifiques (chimiothérapie, radiothérapie, corticothérapie...) et la désobstruction chirurgicale ou par technique endovasculaire. Mots clés : syndrome cave supérieur, étiologie, technique endovasculaire L e syndrome cave supérieur (SCS) est l’expression clinique de l’obstruction de la veine cave supérieure par une compression extrinsèque, un processus envahissant la veine ou une thrombose. Les manifestations cliniques sont liées à l’augmentation de la pression veineuse en amont de l’obstruction et dépendent de la rapidité d’installation de celle-ci. Des signes congestifs importants ou des symptômes associés non directement liés à l’obstruction veineuse (compression des voies aériennes, tamponnade péricardique) constituent une urgence thérapeutique. Clinique Correspondance et tirés à part : N. Limal Lorsque l’obstruction est progressive, le retour veineux s’effectue par les voies de suppléance et la symptomatologie peut être limitée à une circulation collatérale thoracique. Les principales voies de suppléance sont la veine azygos, la mammaire interne, les veines thoraciques latérales et les plexus rachidiens, ainsi que les veines thoracoépigastriques, phréniques et médiastinales [1]. Des shunts droit gauche par l’intermédiaire de plexus veineux bronchiques connectés aux veines pulmonaires ont été décrits (figure 1). Lorsque l’obstruction est rapidement progressive ou brutale, notamment par des phénomènes thrombotiques primitifs ou secondaires à la compression, le syndrome cave supérieur s’exprime cliniquement [2]. La cyanose peut être initialement discrète et intermittente. STV, vol. 18, n° 1, janvier 2006 17 Veine jugulaire interne Veine jugulaire antérieure Veine jugulaire externe Veine céphalique Veine hémi-azygos supérieure Crosse de l'azygos Veine intercostale Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Plexus péri-rachidien Veine mammaire externe Veine hémi-azygos inférieure Veine azygos Figure 1. Schéma des principales voies de suppléances du système cave supérieur. L’œdème peut n’être que transitoire et réaliser une simple bouffissure de la face ou des paupières avec comblement des creux sus-claviculaires parfois pris pour un hypercorticisme, une hypothyroïdie ou un œdème de Quincke ; pétéchies et purpura peuvent y être associés. Lorsque l’obstruction est totale, l’œdème est important « en pèlerine » avec gonflement de la face, du cou, des membres supérieurs et troubles de vision (figure 2). La turgescence jugulaire et temporale est précoce, une exophtalmie par distension des veines orbitaires peut s’observer. Fait essentiel qui doit attirer l’attention, ces signes sont majorés lorsque le patient se penche en avant et par la manœuvre de Valsalva. Les signes centraux sont fréquents : impression de tête pleine, céphalée, somnolence, acouphènes, obnubilation à l’effort, voire perte de connaissance et/ou crise comitiale. L’importance de la dérivation veineuse périvertébrale peut même entraîner une symptomatologie compressive médullaire. La circulation collatérale peut se résumer à de simples lacis veineux ou de petites varicosités pectorales. Lorsque le 18 réseau sous-cutané est très distendu, on peut observer par place des petits éclatements vasculaires. Un développement majeur des voies collatérales évoque l’atteinte de l’azygos. Une sémiologie plus diffuse est possible : douleurs thoraciques, dyspnée, dysphonie, dysphagie posant le problème d’un processus expansif de voisinage et devant faire suspecter une complication associée : tamponnade péricardique ou compression des voies aériennes. L’extension d’un thrombus cave supérieur aux cavités droites est possible, la migration dans les artères pulmonaires est rare [3] (tableau 1). Étiologie Les causes malignes sont les plus fréquentes, retrouvées dans 75 à 90 % des cas [3, 4]. Les cancers bronchiques à petites cellules et non à petites cellules sont le plus souvent en cause, suivis par les lymphomes hodgkiniens ou non, les tumeurs solides de voisinage (sein, thyroïde, œsophage, thymome, plèvre), les métastases de tumeurs solides, les STV, vol. 18, n° 1, janvier 2006 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Figure 2. Œdème majeur en pèlerine. tumeurs germinales. Des léiomyosarcomes de la veine cave supérieure ont été rapportés. Les thromboses caves supérieures sur dispositif intraveineux sont fréquentes : voie centrale, sonde de pacemaker, dérivation ventriculoatriale ou péritonéojugulaire. Le risque de thrombose sur cathéter veineux central est augmenté si la voie d’abord est gauche et si l’extrémité du cathéter est haut située dans la veine cave. En effet, cette position favorise le contact entre l’extrémité du cathéter et la paroi Tableau 1. Sémiologie du SCS [2] Dyspnée Distension veines du cou Œdème du bras Œdème de la face Toux Douleur Malaise Dysphagie Orthopnée Hémoptysie Comitialité Trouble de la parole Syncope 79 79 61 61 59 20 15 10 6 6 3 3 3 % % % % % % % % % % % % % veineuse et donc les agressions mécaniques et chimiques sur la paroi. Chez les patients atteints de cancer et porteurs d’une chambre implantable, la prescription d’une anticoagulation préventive est justifiée. La warfarine à la dose d’un milligramme par jour a montré son efficacité dans cette indication, sans majoration des événements hémorragiques [5, 6]. Les causes bénignes de syndrome cave supérieur sont variées. Les fibroses médiastinales, primitives ou secondaires, sont le plus souvent en cause [7]. Les infections peuvent être responsables d’une obstruction de la veine cave par compression par des adénopathies (histoplasmose, tuberculose), par médiastinite aiguë ou fibrosante (nocardiose, tuberculose, actinomycose), par une thrombophlébite suppurée le plus souvent sur matériel étranger. La compression par un anévrysme aortique syphilitique est actuellement exceptionnelle. Les maladies systémiques à évoquer devant une thrombose cave supérieure sont la maladie de Behçet, le syndrome des antiphospholipides associé ou non à un lupus, la maladie de Takayasu dans le cadre d’une compression par un anévrysme de l’aorte. Les adénopathies de la sarcoïdose peuvent parfois entraîner une compression veineuse. Une infiltration histiocytaire dans le cadre des histiocytoses langerhansiennes ou de la maladie d’Erdheim Chester peut être responsable d’une sténose de la veine cave supérieure. Enfin, la survenue d’une thrombose cave supérieure en dehors d’un contexte pathologique favorisant doit faire rechercher un état d’hypercoagulabilité : syndrome myéloprolifératif, cancer, déficit en facteurs de la coagulation, hémoglobinurie paroxystique nocturne, hyperhomocystéinémie (tableau 2). Diagnostic La radiographie thoracique peut objectiver un élargissement médiastinal, le processus tumoral responsable, un épanchement pleural associé (le plus souvent chyleux) ou un aspect d’épanchement péricardique, mais aussi être normale dans 15 à 20 % des cas, notamment en cas de médiastinite. La tomodensitométrie avec opacification veineuse uni-ou bilatérale : – objective la circulation collatérale intrathoracique, pariétale et des plexus vertébraux (apparition, après opacification rapide, de structures rondes ou tubulées rehaussées par le produit de contraste) ; – montre les signes directs d’obstruction (hypodensité intraluminale, liseré circulaire dense après bolus correspon- STV, vol. 18, n° 1, janvier 2006 19 – précise l’extension de la masse médiastinale éventuellement associée ; – permet de déterminer la nature de la lésion (tumeur et/ou thrombose) et d’évaluer son extension. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. L’échographie transœsophagienne, dont la sensibilité est supérieure à celle de l’échographie transpariétale, permet le diagnostic des thromboses sur cathéter central et leur suivi évolutif. Elle dépiste également l’extension thrombotique intra-auriculaire. Figure 3. Scanner thoracique : thrombose complète sur sonde de pacemaker. dant à la vascularisation de la paroi veineuse et tardivement calcification du thrombus) (figure 3) ; – précise les anomalies médiastinales causales ; – permet la surveillance des traitements notamment thrombolytiques. L’imagerie en résonance magnétique, avec coupes transverses et frontales ou sagittales : Ces techniques ont remplacé dans l’analyse initiale la phlébographie. Celle-ci confirme bien évidemment l’obstruction veineuse, l’étendue de la thrombose et l’importance de la circulation collatérale mais la tomodensitométrie apporte plus d’informations. Elle peut rester nécessaire en préopératoire si un geste chirurgical d’exérèse tumorale ou de pontage veineux est envisagé. Elle reste utile au cours des procédures endovasculaires : thrombolyse in situ, mise en place d’un stent. Les autres explorations se discutent dans le cadre du bilan étiologique : fibroscopie bronchique ; biopsie d’un site accessible (adénopathie) ; ponction transpariétale guidée ; médiastinoscopie voire thoracotomie [2]. Tableau 2. Causes de syndrome cave supérieur Malignes Tumeurs de voisinage Cancer bronchopulmonaire Cancer épidermoïde Cancer anaplasique Adénocarcinome Lymphome hodgkinien ou non Leucémie aiguë lymphoblastique Cancer thyroïdien anaplasique Cancer sein Mésothéliome pleural Métastase (testicule, prostate...) Thymome Tumeur germinale Médiastinite post-radique Médiastinite néoplasique Léiomyosarcome de la VCS 20 Bénignes Anévrysme, dissection aortique Goître compressif Kyste dermoïde, bronchogénique Lymphangiome kystique Médiastinite infectieuse aiguë (Nocardia) Médiastinite subaiguë : tuberculose, histoplasmose, actinomycose, blastomycose, syphilis Médiastinite post-radique, Idiopathique Fibrose (méthysergide) Thrombose sur cathéter : - dérivation péritonéojugulaire - shunt ventriculo-atrial - Port-à-cath - sonde d’entraînement (pacemaker) Cardiomyopathie Péricardite constrictive, hémorragique Myxome de l’oreillette droite Vascularite inflammatoire Lupus Maladie de Behçet Périartérite noueuse Takayasu Syndrome des antiphospholipides Sarcoïdose Histiocytose STV, vol. 18, n° 1, janvier 2006 Anomalies hémostase Polyglobulie Hémoglobinurie paroxystique nocturne Hypercoagulabilité « paranéoplasique » Déficit en protéines S, C Déficit en antithrombine III, Mutation facteur II, V Hyperhomocystéinémie Homocystinurie Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Traitement Le traitement repose sur : – les mesures symptomatiques : repos au lit en position demi-assise, oxygénothérapie ; – l’anticoagulation efficace en l’absence de contreindication, les diurétiques en cas de signes congestifs importants ; – les thérapeutiques spécifiques selon l’étiologie : corticothérapie, radio-chimiothérapie, anti-infectieux... – la désobstruction de la veine cave supérieure par voie chirurgicale ou endovasculaire. L’indication d’un traitement de reperméabilisation cave supérieur en urgence dépend de la gravité du tableau clinique, en particulier des signes d’œdème cérébral et/ou laryngé, et du délai d’action présumé des thérapeutiques médicales spécifiques (efficacité rapide de la chimiothérapie sur la masse tumorale dans les lymphomes et les cancers bronchiques à petites cellules [8]). Le choix de la technique de reperméabilisation entre la chirurgie et les techniques endovasculaires n’est pas codifié. La mise en place d’un stent par voie endovasculaire a prouvé son efficacité rapide dans la reperméabilisation cave supérieure quelle que soit l’étiologie de l’obstruction avec des taux de résolution du syndrome cave dépassant 90 %, en un à sept jours [7-14]. L’abord veineux est fémoral ou brachial et permet la réalisation non systématique d’une angioplastie, d’une thrombo-aspiration et/ou d’une thrombolyse in situ dans le même temps. Les complications sont rares : hémorragie en cas de thrombolyse associée, migration du stent vers l’oreillette droite [14], infection à partir du point de ponction. Les récidives d’obstruction cave supérieure surviennent dans 4 à 20 % des cas, le plus souvent accessibles à un nouveau geste endovasculaire. L’efficacité et la tolérance excellente du traitement percutané en font un traitement de première intention du syndrome cave supérieur actuellement, qui entraîne une amélioration symptomatique rapide sans retarder ni limiter les thérapeutiques spécifiques. La chirurgie permet de lever l’obstruction par la réalisation d’un pontage (veineux, synthétique ou homogreffe) ou la mise en place d’une endoprothèse en cas d’envahissement de la veine par un processus tumoral justifiant une résection. Elle permet en cas d’incertitude diagnostique la réalisation de prélèvements locaux. Ses indications étaient traditionnellement plutôt réservées aux syndromes caves supérieurs d’étiologie bénigne [7] mais peuvent se discuter au cas par cas selon le pronostic de la maladie sous-jacente et les alternatives thérapeutiques médicales ou endovasculaires. Les sténoses ou thromboses de pontages peuvent bénéficier d’un geste endovasculaire [15]. La prise en charge thérapeutique dépend donc des signes cliniques de gravité et de l’étiologie de l’obstruction veineuse, et repose sur une approche multidisciplinaire au sein de laquelle la thérapeutique endovasculaire permet une amélioration symptomatique rapide. Le pronostic à court terme est lié aux conséquences de l’œdème cérébral et laryngé et à l’existence de complicationsassociées(compressiontrachéale,épanchementpleuropéricardique). À plus long terme il dépend de l’étiologie, maligne dans plus de trois quarts des cas. ■ Références Abstract Superior vena cava syndrome Superior vena cava syndrome results from abnormal venous flow from the head, the upper limbs and the chest to the right atrium. It results in an increase in venous upstream pressure. There are many causes : compression or invasion by malignancy or benign disease, catheter-related thrombosis, blood coagulation disorder, inflammatory disease of the vein. Clinical presentation depends on the degree of superior vena cava narrowing and the speed at which it occurs. Prognosis is related to its aetiology, malignant in more than 75 % of the cases. Treatment includes anticoagulation if there is no contra-indication, specific therapies (chemotherapy, radiotherapy, steroids...) and removal of obstruction by surgery or percutaneous stenting of the superior vena cava. Key words: superior vena cava, etiology, percutaneas stenting 1. Cihangiroglu M, Lin BH, Dachman AH. Collateral pathways in superior vena caval obstruction as seen on CT. J Comput Assist Tomogr 2001 ; 25 : 1-8. 2. Wechsler B. Syndromes caves. In : Godeau P, Herson S, Piette J-C, eds. Traité de Médecine. 2004 ; (4e édition chap. 125). 3. Otten TR, Stein PD, Patel KC, Mustafa S, Silbergleit A. Thromboembolic disease involving the superior vena cava and brachiocephalic veins. Chests 2003 ; 123 : 809-12. 4. Parish JM, Marschke RF, Dines DE, et al. 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