plan d`action - Région Réunion

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PLAN D'ACTION
PLAN D'ACTION
Pacte de croissance territorial
*UDQGLUV'DJUDQGLUUD\RQQHU
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
2
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“
Inscrire La Réunion dans un processus d’émancipation, de dépassement des fragilités
et contradictions du modèle adopté jusqu’à présent, implique d’apporter des solutions
pérennes aux défis qui se posent à l’horizon 2020 à l’échelle du territoire, du voisinage,
de l’Europe continentale.
Didier ROBERT,
Président de la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques (2012/2013)
Président de la Région Réunion
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
3
PACTE 2014-2020 :
Un parcours pour un accès à une compétitivité
territoriale en faveur de l’emploi
PRIORITÉ 1 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales
en faveur de l’Emploi
A) Miser sur la jeunesse et développer l’emploi
B) S’ouvrir et rompre avec l’isolement
PRIORITÉ 2 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Cohérence
Territoriale en faveur de l’Écologie
A) Concilier aménagement et croissance verte
B) Accélérer la transition écologique
PRIORITÉ 3 : Pacte 2014-2020 - Un Parcours pour un Accès à une Créativité
Territoriale en faveur de l’Économie
A) Marché local
B) Lever les obstacles aux échanges
PACTE 2014-2020 :
A Policy To Foster Reunion Island’s Job
Competitiveness
PRIORITY 1 : Pacte 2014-2020 - A Policy to Foster Reunion Island’s Job Competitiveness
A) Relying on the young population and boosting employment
B) Opening up to the outside world and ending isolation
PRIORITY 2 : Pacte 2014-2020: A Policy to Foster Reunion Island’s Environmental Consistency
A) Reconciling land development and green growth
B) Speeding up Environmental Transition
PRIORITY 3 : Pacte 2014-2020: A Policy to Foster Reunion Island’s Business Creativity
A) Local market
B) Lifting trade barriers
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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SOMmaire
PRÉAMBULE (Français)
PREAMBLE (English)
P7
P11
INTRODUCTION (Français)
INTRODUCTION (English)
P15
P19
VOLET TERRITORIAL : LA RÉUNION
Profil de La Réunion : descriptif territorial
Profil géographique et climatique
Profil économique
Profil démographique
Les défis auxquels La Réunion doit faire face à l’horizon 2020
P23
P25
P25
P25
P26
P27
PACTE 2014-2020 : UN PACTE TERRITORIAL POUR UNE
PLUS GRANDE COMPÉTENCE, UNE PLUS GRANDE COHÉRENCE
ET UNE PLUS GRANDE CRÉATIVITE TERRITORIALES
P29
Priorité 1 :
Un Parcours pour un Accès à des Compétences
Territoriales en faveur de l’Emploi
> Miser sur la jeunesse et développer l’emploi
> S’ouvrir et rompre avec l’isolement
P30
P31
P32
Priorité 2 :
Un Parcours pour un Accès à une Cohérence
Territoriale en faveur de l’Ecologie
> Concilier aménagement et croissance verte
> Accélérer la transition écologique
P34
P35
P40
Priorité 3 :
Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriale
en faveur de l’Economie
> Garantir un marché local compétitif et performant
> Lever les obstacles aux échanges
P46
P47
P52
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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PRÉambule
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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1. Le Plan d’action dans son contexte
L’élaboration du Plan d’action fait suite à la Communication de la Commission européenne de juin 2012, dans laquelle
elle reconnaît la nécessité d’une « prise en compte bien plus complète que par le passé de leur situation (des RUP) dans
le spectre de la politique européenne »1 pour la mise en œuvre de sa stratégie Europe 2020. Dans ce cadre, elle a invité
chaque RUP à élaborer « un Plan d’action définissant, via des objectifs et des étapes, la manière dont elle envisage de
mettre en œuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle »2.
Cette démarche inédite s’est déroulée dans le cadre de la Présidence réunionnaise de la Conférence des Présidents des
Régions ultrapériphériques et a permis de réaffirmer l’approche partenariale des RUP issue d’une longue tradition de
travail en commun. Pour autant, le document présenté n’est pas un mémorandum, ni même une déclaration commune.
C’est un document politique d’orientation qui prend acte de l’évolution de la position de la Commission européenne,
de la convergence de vues entre les RUP et le Commissaire Johannes Hahn, en charge de la politique régionale, sur la
nécessité de privilégier une approche bottom-up et d’inscrire notre développement dans une plus grande dynamique
territoriale.
Il présente, dans un document synthétique, une stratégie d’ensemble cohérente, pour les Régions ultrapériphériques
(volet commun aux huit RUP), ainsi que les priorités stratégiques de chacune de nos Régions pour la période 20142020 (volet territorial spécifique à La Réunion).
2. Principes méthodologiques
Le Plan d’action se veut évolutif notamment au regard du calendrier immédiat qui devrait voir aboutir les réformes des
politiques européennes d’ici fin 2013. Il revendique une stratégie cohérente fondée sur un diagnostic, des objectifs, une
méthode, des principes, des outils et des moyens.
Le Plan d’action part de l’existant et n’ajoute pas une couche supplémentaire à un millefeuille stratégique déjà très
riche au plan local (PR2D, SDADD, Réunion Ile Verte, PRERURE, GERRI, SAR, SRIT, SRI etc.). Au-delà de l’approche visant
à synthétiser les différents documents d’orientation élaborés ces dernières années, une large consultation a été lancée
auprès des partenaires et de la société civile (Préfecture, Département, Chambres consulaires, société civile organisée,
organismes de recherche…).
Par ailleurs, il convient de souligner que le Plan d’action engage une démarche dont l’horizon est celui des sept prochaines années et privilégie donc une approche par le futur. La logique n’est plus simplement celle d’un rattrapage ou
de réparation du passé, mais bien de préparation de l’avenir.
La Réunion a aujourd’hui besoin d’un autre type de développement, inscrit dans la durée, qui s’attache à la fois aux
emplois ou activités nouvelles et à leur caractère durable, c’est-à-dire compatible avec l’efficacité économique, la justice
sociale et la préservation de l’environnement. C’est par l’excellence que La Réunion sera en mesure de relever ces défis.
Cette stratégie mise en œuvre pour la période 2014-2020, est aussi cohérente avec les exigences d’efficacité, de
gestion rigoureuse et optimale des fonds publics aujourd’hui incontournables. Notamment en privilégiant les domaines
d’excellence de notre île et en positionnant La Réunion sur de nouveaux secteurs et de nouveaux marchés.
En d’autres termes, il ne s’agit plus de « dédommager » La Réunion en acceptant de l’enfermer dans une situation dont
elle ne sortira jamais, mais de trouver à chaque fois, les leviers de son émancipation.
Cf. page 4 de la Communication de la Commission du 20 juin 2012 « Les régions ultrapériphériques de l’Union européenne : vers un partenariat pour
une croissance intelligente, durable et inclusive ».
2
Ibid. p.19.
1
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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3. Présentation synthétique du Plan d’action
Le document comporte deux parties principales :
La première partie rappelle les positions défendues par les RUP et a fait l’objet d’un travail de réflexion et rédaction commun aux huit Régions:
> Il rappelle notamment que l’article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l’UE doit devenir une référence
déclinée dans toutes les politiques conduites au bénéfice des RUP ;
> Il plaide pour une évolution de la politique de l’Union européenne dans les RUP vers une politique européenne de l’ultrapériphérie ;
> Il rappelle qu’il n’y a pas pour les RUP, d’un côté, les volets internes, et de l’autre, les volets externes des
politiques européennes, mais qu’ils contribuent de façon indissociable et globale à la politique de l’union
européenne en faveur de l’ultrapériphérie ;
> Il propose enfin un saut qualitatif pour permettre aux RUP d’atteindre les objectifs d’une croissance intelligente, durable et inclusive à l’horizon 2020.
Partant du constat partagé que « chaque RUP est différente et (que) des pistes spécifiques doivent être envisagées
pour chacune d’entre elles »3, la deuxième partie du document présente les grands axes de développement sur la
base de leur capacité à répondre aux défis, principalement de l’évolution démographique du territoire en termes :
> d’emplois à créer,
> de compétitivité à dynamiser,
> de logements sociaux à construire et à rénover,
> d’infrastructures et de services à développer,
> de réseaux de communication à perfectionner,
> de secteurs productifs à libérer,
> de système de formation à consolider,
> de patrimoine culturel à promouvoir,
> de mécanismes d’insertion à déployer,
> de mobilité à inventer,
> d’entrepreneuriat à encourager,
> de cohésion territoriale et durable à cultiver,
> d’actions de coopération régionale à concrétiser.
Au vu de l’ensemble des documents stratégiques élaborés par les acteurs locaux et des contributions reçues, qu’il
s’agisse de la société civile ou des institutions locales, le Plan d’action est structuré autour de trois axes prioritaires,
déclinés à chaque fois dans ses composantes humaine, territoriale et économique :
1.
2.
3.
3
Gagner en performance Accéder aux marchés
Rendre le territoire attractif
Ibid. p. 3.
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Le Plan d’action est finalement porteur d’une ambition qui peut se résumer en trois mots « Grandir, s’agrandir, rayonner », qui servent à la fois de trajectoire conceptuelle et de fil directeur.
Grandir : D’abord sur le terrain de l’éducation, de la connaissance mais aussi de la citoyenneté. Car ouvrir les voies de
l’émancipation passe par la capacité à s’auto-organiser, à assumer, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, de
nouvelles responsabilités, aussi bien environnementales, sociales, qu’économiques. Forte de ces principes, La Réunion
peut devenir un espace d’expérimentation et le creuset d’un nouvel art de vivre pour le XXIème siècle.
S’agrandir : En tournant le dos à l’océan Indien, La Réunion a cru pendant des décennies tourner le dos à un passé
essentiellement marqué par la pauvreté et le sous-développement. Elle a, en fait, aussi tourné le dos à son avenir. Car
celui-ci, se joue, et peut-être d’abord, dans l’océan Indien. C’est pourquoi elle doit développer ses échanges, notamment
économiques, avec les pays riverains, mais aussi avec les puissances émergentes que sont la Chine, l’Inde et l’Afrique
du Sud. L’ouverture optimale de l’économie réunionnaise se fera par l’ouverture des entreprises, des hommes et des
infrastructures.
Rayonner : L’attractivité de l’île est un enjeu décisif pour son développement. Elle passe naturellement par un aménagement équilibré du territoire, par des infrastructures de transports et des équipements de qualité, par des services
publics performants. Donner à La Réunion l’attractivité et l’efficacité indispensables à son rayonnement constitue un
pré-requis nécessaire. Pour autant l’enjeu crucial, dans un monde ultra-connecté est de mieux faire connaître les
atouts de notre île et de mieux se positionner vis-à-vis des économies concurrentes. Promouvoir notamment une
e-attractivité globale et innovante en faveur du tourisme, de la biodiversité, des énergies renouvelables permet de
revenir à une lisibilité et à une cohérence d’ensemble. Si La Réunion est attractive, alors son université, ses centres de
recherche, de santé le seront. Si le projet global, à l’échelle du territoire, est attractif alors chacun, pour peu qu’on lui en
donne les moyens, en profitera de concert.
>
« Grandir, s’agrandir, rayonner », trois ambitions qui s’épaulent les unes les autres. Il ne servirait à rien
de mettre l’accent sur l’ouverture aux économies régionales, si La Réunion devait rester engoncée dans
des rigidités réglementaires. De même, la compétitivité, l’ouverture et l’attractivité d’un territoire se font,
certes, sur les dessertes, l’accessibilité, la qualité des services et des équipements collectifs ou culturels,
mais elles se font aussi et surtout sur des notions, bien souvent immatérielles, comme le niveau et la
qualité de formation ou encore l’intégration de la recherche-développement et de l’innovation.
4. Enjeux du Plan d’action : Remédier au problème des chainons manquants du marché intérieur
En partant du constat qu’il ne peut y avoir de développement intelligent, durable et inclusif possible qu’en respectant
la réalité de chaque territoire, de ce qu’il porte en lui, de ses potentiels et de ses vocations, la Commission européenne
invite aujourd’hui à répondre à une revendication aussi ancienne que légitime : celle d’une approche territoriale soucieuse d’adapter les outils de développement aux spécificités de notre île.
L’enjeu est donc de capitaliser sur cette approche territoriale, de l’intégrer dans les différentes politiques de
l’Union, d’en faire le marqueur de toute politique publique ambitieuse pour notre île.
L’attention portée aux aspirations spécifiques de développement de La Réunion au niveau européen doit naturellement
se prolonger au niveau national et ce afin de garantir la plus grande convergence des orientations.
En ce sens, le Plan d’action a une visée pratique et concrète immédiate : celle d’ouvrir une brèche dans les habitudes de pensée et de porter le débat au plus haut niveau européen.
Cette démarche devra donc se poursuivre et s’inscrire dans la durée pour mobiliser efficacement toutes les énergies,
pour renforcer la capacité économique propre à La Réunion dans une logique de développement durable, pour créer les
conditions d’une compétitivité accrue de son économie au sein de l’Europe et de son voisinage.
La Réunion n’aborde pas le 21ème siècle sans atouts. Mais ils sont, depuis trop longtemps empêchés, par des
contraintes structurelles et réglementaires, de jouer pleinement le rôle moteur qui leur revient dans l’économie et la
croissance de l’île. Il faut donner à notre Région les moyens d’agir, de créer, de prendre des initiatives.
La Réunion y est prête. Ile européenne à taille humaine, elle a vocation à devenir le laboratoire de toutes les politiques
publiques.
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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PREamble
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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1. The Action Plan in Context
The Action Plan is set up as a result of the June 2012 Communication from the European Commission, where the Commission recognises the necessity to “take into account the [ORs’] situation much more completely than before within
the scope of the European policy”1 in implementing its Europe 2020 Strategy. In that framework, the Commission invited
each OR to work out “an Action Plan defining the way it intends to implement the Europe 2012 Strategy by means of
objectives and milestones, taking into account its individual situation.”2
This novel approach took place while Reunion Island was presiding over the Conference of Outermost Regions’ Presidents;
it was the opportunity to reaffirm the ORs’ partnership method, the fruit of a long-standing tradition of working together.
Yet the document presented is neither a memorandum nor even a joint statement. It is a political guideline registering the
European Commission’s new stance and the fact that the ORs and Regional Policy Commissioner Johannes Hahn see eye
to eye on the necessity to promote a bottom-up approach and to place our development in a wider territorial dynamic.
It is a summary document presenting a consistent, overall strategy for Outermost Regions (section common to all eight
ORs) as well as strategic priorities for each of our Regions for the period 2014-2020 (territorial section specific to Reunion Island).
2. Methodology Principles
The Action Plan is meant to be adaptive, especially as regards the immediate schedule for political reforms to be achieved by the end of 2013. It includes a consistent strategy based on an analysis, objectives, a method, principles, tools
and means.
Only already existing schemes are used, therefore adding no extra level to the extensive array of local strategic programmes (PR2D, SDADD, Reunion Green Island, PRERURE, GERRI, SAR, SRIT, SRI, and so on). The Plan is a blend of
the various guidelines developed in recent years. In addition, broad discussions have been organised with civil society
stakeholders (Prefecture [Government Services], Departement Council, Guild, Agricultural and Commercial Chambers,
organised civil society, research bodies, etc.).
It must also be emphasised that the Action Plan spans the next seven years, thus engaging a future-oriented approach:
the idea is not to just make up for or mend past insufficiencies, but to clearly gear up for the future.
Today Reunion Island needs another type of development, a long-lasting scheme for new jobs and activities of sustainable character, i.e. capable of reconciling business efficiency, social justice and environment preservation. To meet
those challenges, Reunion Island needs excellence.
The strategy implemented for the period 2014-2020 also falls in line with the now absolute necessity for efficient, rigorous and optimal management of public funds. For this purpose we will focus on our island’s fields of excellence and
position Reunion on new sectors and new markets.
In other words, the objective is not to “indemnify” Reunion Island, accepting to confine it to a plight it will never overcome,
but to systematically find leverage for its emancipation.
Cf. page 4 of the 20 June 2012 Communication from the Commission “Outermost Regions of the EU : Towards a
Partnership for Smart, Sustainable and Inclusive Growth.”
2
Ibid. p. 19.
1
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3. Action Plan Overall Presentation
The document comprises two main parts :
The first part recapitulates the positions defended by the ORs, as debated and listed in the document common to the
eight Regions, in particular :
> Article 349 of the Treaty on the Functioning of the European Union (TFEU) must become a reference for all
the policies conducted to the benefit of ORs;
> EU policy in ORs must change to become EU policy of ORs;
> When it comes to ORs, there is no internal aspect, on the one hand, and external aspect, on the other hand,
of European policies, but all aspects jointly and generally contribute to the EU’s policy in favour of ORs;
> A qualitative leap is necessary for ORs to meet smart, sustainable and inclusive growth objectives in 2020.
Everyone agrees that “each OR is different and [that] specific pathways must be considered for every one of them.”3 On
that basis, the second part of the document presents the main development axes in terms of their capacity to meet the
challenges the territory is facing. Addressing Reunion Island’s main challenge—population growth—requires :
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
>
creating jobs,
boosting competitiveness,
building and renovating social housing,
developing infrastructures and services,
upgrading communication networks,
opening up production sectors,
consolidating education and training,
promoting the cultural heritage,
implementing integration systems,
inventing mobility,
fostering entrepreneurship,
nurturing the territory’s sustainable cohesion,
concretising regional cooperation actions.
In view of all strategic documents drawn up by local stakeholders and contributions received both from the civil society
and local authorities, the Action Plan hinges on three priority axes, each with a human, territorial and economic aspect :
1.
2.
3.
3
Improving Performance
Accessing Markets
Making the Territory Attractive
Ibid. p. 3.
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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The Action Plan carries an ambition that can be encapsulated in three words: “Grow, Expand, Radiate,” serving both as
concepts and guidelines.
Grow : First in terms of education and knowledge, but also of citizenship. Opening the way to emancipation entails the
ability to be self-organised and to take up new environmental, social and economic responsibilities at individual and
community level alike. Fortified with those principles, Reunion Island can become an experimenting field and the cradle
of a new way of life.
Expanding : For decades Reunion Island considered that to turn its back to the Indian Ocean was to jettison a past
history of poverty and underdevelopment. But by doing so it also turned its back to its future, which is now—perhaps
above all—in the Indian Ocean. That is why it must ramp up its exchanges, especially trade, not only with neighbouring
countries but also with emerging powers such as China, India and South Africa. Reunion economy will best flourish
through broader connections between businesses, men and infrastructures.
Radiate : Reunion’s attractiveness is crucial for its development. This naturally requires balanced land use, quality transport systems, state-of-the-art facilities and efficient public services. Reunion will radiate if it is attractive and efficient in
the first place. In this hyperconnected world it is imperative that our island’s assets be better known and that it be better
positioned vis-à-vis competing economies. In particular, promoting global, innovative e-attractiveness in favour of tourism, biodiversity and renewables, will restore the island’s visibility and general consistency. If Reunion is attractive, then
its University and its research and health centres will be too. If the territory’s whole project is attractive, then everyone
will profit from it provided they are given the means to do so.
>
“Grow, Expand, Radiate,” are three ambitions that underpin each other. It would be useless to promote opening to neighbouring economies if Reunion Island is to remain hamstrung by constraining red tape. Similarly, the
competitiveness, opening and attractiveness of a territory is certainly a matter of sea and air links, accessibility,
quality of services and public or cultural facilities, but first and foremost of very often intangible concepts such as
the level and quality of training or the integration of R&D and innovation.
4. Plan of Action Challenges: Addressing the Internal Market’s Missing Links Issue
Aware that no smart, sustainable and inclusive development is possible if each territory’s specific features, assets,
potential and mission are not taken into account, the European Commission now invites us to address an old and legitimate claim : tailoring development tools to our island’s specificities.
The challenge is therefore to capitalise on this kind of territorial approach, integrate it into the EU’s various policies and make it the cornerstone of any ambitious public policy for the island.
Consideration given to the specific development targets set for Reunion Island at European level must naturally be reflected at French Government level to guarantee the closest possible convergence of policy lines.
In this respect, the Action Plan has a practical, concrete immediate aim: to breach traditional ways of thinking and
give the debate pride of place at highest European level.
This approach must therefore be continued on a long-term basis to mobilise all energies, reinforce Reunion Island’s own
business capacity with sustainable development in view, and create conditions conducive to its increased competitiveness within Europe and its neighbouring countries.
Reunion is not without assets at the beginning of the 21st century, but due to structural and regulatory constraints these
assets cannot spur the island’s economy and growth as much as they should. We must give this Region the means to
act, create and lead initiatives.
Reunion is prepared. A European island with a human scale, it is the ideal testing ground for all types of public policies.
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INTROduction
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Les Régions ultrapériphériques (RUP) – la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, La Réunion, Saint-Martin, les Açores, Madère et les îles Canaries – partagent des caractéristiques spécifiques définies à l’article 349
du TFUE. Au 1er janvier 2014, Mayotte deviendra une région ultrapériphérique de l’UE.
Elles constituent une réalité unique et forment un ensemble au sein de l’Union européenne, distinct des autres régions
européennes, caractérisé essentiellement par :
> un très grand éloignement par rapport au continent européen, renforcé par l’insularité, voire même par la
double insularité ou par l’enclavement. Isolées dans leurs espaces géographiques et largement excentrées des grands
courants d’échanges, les RUP sont confrontées à l’impossibilité de tirer pleinement profit des avantages du marché de
l’Union européenne ;
> une étroitesse du marché local et donc la dépendance économique vis-à-vis d’un petit nombre de produits ;
> des conditions topographiques et climatiques difficiles, taille réduite, vulnérabilité face au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes ;
> un voisinage de proximité exclusivement composé de pays tiers de l’UE ou un espace totalement isolé, deux
enjeux stratégiques en termes d’insertion et de coopération ;
La permanence, le cumul et la combinaison de ces caractéristiques constituent des contraintes structurelles qui nuisent
gravement au développement économique, social et territorial de ces Régions. Cette réalité justifie un traitement spécial
et différencié.
Si en droit, l’Europe reconnaît la situation singulière des RUP sur la base du statut de l’ultrapériphérie, dans les
faits, sa mise en œuvre reste mitigée. Pour cette raison, la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques n’a de cesse de plaider en faveur d’un engagement politique renouvelé de la part des institutions européennes envers les RUP.
QQQ
La communication de la Commission du 20 juin 2012 intitulée « Les régions ultrapériphériques de l’Union européenne:
vers un partenariat pour une croissance intelligente, durable et inclusive » 4 actualise en cinq axes (accessibilité, compétitivité, insertion régionale, dimension sociale et changement climatique) la stratégie de développement qui accompagnera les RUP dans l’accomplissement des priorités de la Stratégie EUROPE 2020 en faveur d’une croissance intelligente, durable et inclusive.
Aussi et dans un scénario accompli, il aurait été indispensable que soient « évalués systématiquement les effets des
politiques européennes sur les RUP, notamment lors de la réalisation d’analyses d’impact »5. Sur cette base, les spécificités de l’ultrapériphérie auraient mérité d’être intégrées dans les propositions législatives de la Commission.
Dans ce contexte, la Conférence des Présidents des RUP rappelle sa position exprimée à l’occasion de la XVIIIe Conférence qui s’est tenue à Horta (Açores) le 14 septembre 2012, et qui met en exergue la nécessité de franchir un pas
supplémentaire dans la mise en œuvre de la stratégie telle que proposée par la Commission européenne en juin 2012,
avec des instruments européens sectoriels appropriés et des ressources dédiées. Cette orientation exige des solutions
pertinentes, équilibrées, conjointes et cohérentes.
La communication de la Commission propose d’élaborer un plan d’action6 à partir de priorités de développement,
toutes politiques publiques confondues. Chaque plan d’action privilégiera par conséquent, une démarche synthétique, ascendante et évolutive, ciblant les besoins territoriaux et les réponses pour y faire face.
COM (2012) 287 final.
Conclusions du Conseil du 14 juin 2010
6
« En collaboration avec leur État membre respectif, chaque RUP est invitée à élaborer un plan d’action définissant, via des objectifs et des étapes, la
manière dont elle envisage de mettre en oeuvre la stratégie « Europe 2020 », en tenant compte de sa situation individuelle et des différents instruments disponibles mentionnés dans la présente communication », COM(2012) 287 final, p.18-19
4
5
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
16
Ne pas disposer à ce jour d’un cadre législatif et financier clairement établi, laisse planer nombres d’incertitudes.
Au-delà de ces difficultés et au moment de se fixer un cap pour le développement des territoires sur 2014-2020, les
RUP réaffirment leur ambition de dynamiser leurs économies, de préserver leurs secteurs traditionnels, d’agir dans des
domaines innovants et à haute valeur ajoutée, de créer des emplois et donc de s’inscrire résolument dans une dynamique de croissance.
En présentant le plan d’action, les RUP démontrent leur volonté et leur implication dans l’accomplissement des
axes de la Stratégie de l’UE en faveur de l’ultrapériphérie. Cet exercice n’aura de sens, in fine, que si les instruments mis à disposition sont à la hauteur des ambitions affichées. Pour atteindre les résultats escomptés, les RUP
doivent aussi pouvoir compter sur le soutien de toutes les parties prenantes impliquées.
Cependant, il n’existe pas de modèle unique de développement. Si la valorisation des atouts des RUP doit être prise
en compte, elle ne saurait à elle seule permettre de relever tous les défis qui se posent et de corriger les déséquilibres
persistants. Les contraintes structurelles permanentes appellent un traitement différencié pour tenir compte des réalités
des RUP.
C’est la raison pour laquelle les RUP font valoir une logique territoriale qui leur est propre et qui constitue une opportunité d’application innovante des politiques européennes.
>
contexte
et dans
le calendrier
Dans ce
des réformes des politiques pour la période 2014-2020, le plan d’action
s’inscrit dans une approche coordonnée avec :
> les stratégies des fonds européens (FEDER, FSE, FEADER, FEAMP) et les accords de partenariat pour 20142020 ;
> les stratégies à développer dans le cadre d’autres programmes à fort impact territorial, tels que POSEI
(agriculture et pêche) dont l’acquis doit être préservé pour l’avenir ;
> toutes autres stratégies développées de façon transversale, que ce soit à l’échelle européenne (notamment
les programmes en faveur de la recherche, de l’environnement, de l’éducation) à l’échelle nationale (programme
national de réforme par exemple) ou à l’échelle des territoires (schémas de développement économique, de
transports, entre autres).
La complémentarité et la cohérence des objectifs et des priorités du plan d’action s’apprécient également au regard de
cadres législatifs horizontaux notamment sur la politique commerciale commune, la concurrence, les marchés publics
et l’environnement.
UN PLAN D’ACTION PLACÉ SOUS LE SCEAU DE L’AMBITION ET DE L’EXIGENCE
Dans un contexte empreint d’incertitudes juridiques et financières, les Régions ultrapériphériques envisagent l’avenir pour garantir une reprise de la croissance, développer des emplois stables dans un contexte socio-économique
aujourd’hui fortement dégradé.
Cet exercice s’inscrit dans la continuité de leurs propres réflexions qui ont abouti à l’adoption de Memoranda en 2009
et en 2010, ainsi qu’à la publication de différentes contributions aux consultations publiques de la Commission européenne (cohésion territoriale, Stratégie Europe 2020, transports, aides d’État, recherche et innovation, marché intérieur,
politique maritime, etc.).
Le Mémorandum conjoint de mai 2010 adopte une approche novatrice et invite la Commission européenne à rechercher un triple équilibre à l’égard de l’ultrapériphérie, tout en se basant sur la stratégie qu’elle a développée en 2004 sur
la réduction du déficit d’accessibilité, l’amélioration de la compétitivité et l’insertion régionale :
> Un équilibre entre les atouts et les contraintes structurelles ;
> Un équilibre entre les volets internes et externes des politiques européennes afin d’éviter les incohérences au
moment de leurs mises en œuvre ;
> Un équilibre entre l’adaptation des politiques européennes de droit commun et la déclinaison d’instruments sectoriels spécifiques.
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
17
Le Mémorandum incite à ce que toutes les politiques de l’Union, en s’appliquant dans les RUP, intègrent une
logique de cohérence territoriale qui aille au-delà du nouvel objectif dit « de cohésion territoriale » tel qu’érigé
par le Traité de Lisbonne. Ainsi, les RUP peuvent constituer de véritables espaces pertinents d’expérimentation
pour une mise en œuvre cohérente et intégrée des politiques de l’Union au niveau territorial, sur la base d’une
gouvernance multi-niveaux (européen, national, régional).
Les principes d’égalité des chances, de cohérence, de valorisation des atouts et de partenariat appelés « fondamentaux
de Cayenne » constituent, depuis 1999, le socle de la stratégie de développement des RUP. Ils ont été complétés, en
2010, par deux nouvelles orientations qui sont les principes de proportionnalité et de réalité de l’ultrapériphérie.
Si au fil du temps la Commission européenne a mis en exergue les principes de valorisation des atouts et de partenariat
au travers de communications adoptées en 2004 et en 2008, il est aujourd’hui nécessaire de franchir un pas supplémentaire pour donner corps aux autres principes : égalité des chances, cohérence, proportionnalité et réalité.
>
Plusieurs dimensions doivent servir de fil conducteur au cadre européen à établir pour 2014-2020 et irriguer de
manière transversale toutes les politiques européennes :
> Prendre en compte le statut de l’ultrapériphérie de l’article 349 du TFUE, qui justifie, per se, une application adaptée, y compris dérogatoire, des politiques et actions de l’Union européenne aux RUP ;
> Respecter les principes de réalité et d’égalité des chances des citoyens quel que soit leur lieu de résidence est primordial, surtout pour ce qui concerne l’accès aux équipements et services en réseaux (de type
services d’intérêt économique général). On ne saurait par exemple, expliquer les différences de traitement des
citoyens des RUP en termes de continuité territoriale ou numérique. Les services d’intérêt économique général
constituent un exemple de persistance de discriminations y compris dans les secteurs les plus stratégiques
comme le numérique, les transports, l’eau, l’énergie ;
> Mettre en œuvre les principes de cohérence et de proportionnalité : les révisions successives des aides
d’État n’ont jamais intégré l’exigence de cohérence entre les différentes finalités des aides pourtant nécessaires
pour les bénéficiaires potentiels. De même, la réglementation en matière environnementale portant notamment
sur les émissions de gaz à effet de serre, dans le domaine du transport aérien, méritent une attention particulière
au regard de la situation des régions ultrapériphériques pour éviter toute disproportion des impacts y afférents.
Dans cette optique et contrairement à l’orientation privilégiée dans la communication de la Commission européenne
du 20 juin 2012, la politique de cohésion ne saurait réduire, seule, toutes les disparités territoriales, encore moins
répondre, seule, aux besoins de financement qu’implique l’ambition commune d’une stratégie rénovée de l’ultrapériphérie. La politique de cohésion exige une coordination très étroite avec les autres politiques qui ont un fort impact
territorial, dans un souci d’efficacité et de rationalisation des programmes à mettre en place.
>
Le présent plan d’action va bien au-delà de cette exigence en traçant les voies d’une stratégie de projection qui
soit au service d’une vitalité territoriale assumée. Mais pour se déployer à sa juste mesure, cette stratégie de
projection n’est pas dissociable d’une stratégie d’expérimentation : Expérimenter, c’est adapter le cadre aux
réalités de l’ultrapériphérie, c’est inventer de nouvelles formules qui, de façon pragmatique, permettent
aux RUP d’inventer leur modèle économique de demain. A cette forte volonté exprimée au niveau régional
doit désormais correspondre une véritable ambition européenne de l’ultrapériphérie.
C’est dans cet esprit que ce Plan d’action s’inscrit : celui de faire prévaloir une logique d’activité et de
responsabilité, seule garante d’un développement économique intelligent, durable et inclusif.
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
18
2 0 1 3
INTROduction
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
19
Outermost Regions or ORs (Guadeloupe, French Guiana, Martinique, Reunion, Saint-Martin, the Azores, Madeira
and the Canary Islands) have specific features in common as defined by Article 349 of the TFEU (Treaty on the
Functioning of the European Union). Mayotte will become a European Union OR on 1st January 2014.
ORs are a unique entity forming a group within the EU, separate from other European regions, with the following basic
features:
> Extreme remoteness from the European landmass, aggravated by insularity, sometimes even double insularity or
near inaccessibility. Isolated within their geographical areas and lying wide off the main trade routes, the ORs are unable
to take full advantage of EU markets;
> Restricted local markets, hence economic dependency on a small number of products;
> Difficult terrain and climate conditions, reduced size, vulnerability to climate change and extreme meteorological phenomena;
> A neighbouring environment exclusively consisting of EU Third Countries, or totally isolated—two crucial challenges in terms of integration and cooperation.
The permanence, accumulation and combination of such features are so many structural constraints severely hampering
the economic, social and territorial development of those regions. This justifies special, differentiated treatment.
Although the EU legally recognises the ORs’ unique situation, actual implementation of the outermost status has
remained limited so far. For that reason the Conference of Outermost Regions’ Presidents is persistently advocating renewed political engagement of European institutions towards the ORs.
QQQ
The 20 June 2012 Communication from the Commission entitled “The European Union’s Outermost Regions: Towards a
Partnership for Smart, Sustainable and Inclusive Growth”4 lists five axes (accessibility, competitiveness, regional inclusion, social dimension and climate change) defining the development strategy aimed at helping the ORs to implement
the priorities of EUROPE 2020 Strategy for smart, sustainable and inclusive growth.
Therefore—and ideally—it would have been imperative to “systematically assess the effects of Europeaan policies on
ORs, especially when impact analyses were made.”5 On that basis, OR specificities should clearly have been integrated
into the Commission’s legal proposals.
In this context, the Conference of OR Presidents reaffirms its position, expressed during the 18th Conference held in
Horta (Azores) on 14 September 2012, and emphasising the necessity to step up the implementation of the strategy as
proposed by the European Commission in June 2012, with appropriate sectorial European instruments and dedicated
ressources. Such policy requires relevant, balanced, joint and consistent solutions.
The Communication from the Commission proposes to set up an Action Plan6 on the basis of development priorities
in all public policies put together. Each Action Plan will therefore target territorial requirements and the responses
needed to address them through a comprehensive, bottom-up, adaptive approach.
As we have no clearly established administrative and financial framework to date, a number of uncertainties still remain.
In spite of such difficulties and at a time when a course must be set for the development of territories in the 2014-2020
period, the ORs reaffirm their ambition to boost their economies, safeguard their traditional sectors, be active in innovative fields with high added value, create jobs and therefore deliberately foster growth dynamics.
By presenting their Action Plan the ORs demonstrate their desire to engage in implementing the EU Strategy axes
in favour of outermost territories. This will only make final sense on condition that the tools placed at the disposal
of ORs are commensurate with proclaimed ambitions. To reach expected results, the ORs must be sure that they
have the support of all stakeholders involved.
COM (2012) 287 final.
Council conclusions dated 14 June 2010.
6
“In consultation with its respective Member State, each OR is invited to set up an Action Plan defining the way it intends to implement the Europe
2020 Strategy by means of objectives and milestones, taking into account its individual situation and the various tools available mentioned in this
Communication,” COM(2012) 287 final, pp. 18-19.
4
5
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
20
However there exists no single development model. If promoting ORs’ assets is necessary, it alone cannot ensure that all
challenges are met and that persisting unbalances are redressed. Permanent structural constraints require differentiated
treatment so that OR realities are taken into account.
This is why ORs are advocating a territorial logic of their own—an innovating opportunity to implement European policies.
>
In this context, and as part of the 2014-2020 political reform schedule, the Action Plan involves coordination
with :
> European funds (ERDF, ESF, EAFRD, EFMAF) strategies and partnerships agreements for 2014-2020;
> Strategies to be developed as part of other programmes with a high territorial impact such as POSEI
(Agriculture and Fisheries), the benefit of which must be preserved for the future;
> Any other cross-developed strategies, whether at European level (in particular research-, environment- and
education-oriented programmes), domestic level (e.g. national reform programme) or territory level (economic,
transport or other development plans).
Complementarity and consistency of Action Plan objectives and priorities are also assessed on the basis of horizontal
legal frameworks, in particular as regards common commercial policy, competition, public procurement and the environment.
AN AMBITIOUS AND DEMANDING ACTION PLAN
In times of legal and financial uncertainty, Outermost Regions are looking to the future to restore growth, create stable
jobs and pull through a currently deteriorated socio-economic context.
This Plan falls in line with their own long-standing reflections, which led to the implementation of Memoranda in 2009
and 2010, as well as the publication of various contributions to European Commission public consultations (territorial
cohesion, Europe 2020 Strategy, transport, Government aid programmes, research and innovation, interior market, maritime policy, etc.).
The May 2010 Joint Memorandum adopted an innovating approach, inviting the European Commission to seek a threelevel balance for ORs while using the strategy it developed in 2004 to reduce their accessibility gap, to improve their
competitiveness and to foster regional integration:
> Balance between assets and structural constraints;
> Balance between internal and external aspects of European policies to prevent inconsistencies at the time of their
implementation;
> Balance between adaptation of common legal European policies and implementation of specific tools in certain
sectors.
The Memorandum states that when applied in ORs, all EU policies must include a territorial consistency logic
going further than the new, so-called “territorial consistency” objective as defined by the Treaty of Lisbon. The ORs
can therefore truly constitute relevant experimenting areas for the consistent, integrated implementation of UE
policies at territorial level, on the basis of multi-level (European, domestic, regional) governance.
Since 1999, the equal opportunity, consistency, asset promotion and partnership principles called the “Cayenne Fundamentals” have been the cornerstone of the ORs’ development strategy. In 2010 two new guidelines were added to
complete them: the proportionality and reality principles of Outermost Regions.
As time went by the European Commission highlighted the asset promotion and partnership principles through Communications adopted in 2004 and 2008: however it is now necessary to shift into higher gear and give flesh to the other
principles: equal opportunity, consistency, proportionality and reality.
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
21
>
Several elements must serve as pathways to the European framework to be established for 2014-2020 and
cross-fertilise all European policies :
> Taking into account the outermost status provided for by Article 349 of the TFEU, which per se justifies
adapted implementation—including in departure from normal rules—of EU policies and actions in the ORs;
> Respecting the reality and equal opportunity principles for all citizens regardless of their place of residence is essential, especially as regards access to networked facilities and services (of general economic type).
For instance it is not acceptable to explain the differences of treatment between OR citizens in terms of transport
or IT subsidies. General economic interest services are an example of persisting discrimination, including in the
more strategic sectors such as digital media, transport, water, and energy;
> Implementing consistency and proportionality principles : successive revisions of Government aid schemes
never included the need for consistency between the various purposes of aid schemes, necessary as they were to
their potential beneficiaries. Similarly, environmental regulations on greenhouse gas emissions from air transport, for instance, deserve specific attention considering the location of ORs to avoid any disproportionate impact.
In this line, and contrary to the guideline privileged in the 20 June 2012 Communication from the European Commission, the consistency policy cannot alone reduce all territorial discrepancies, let alone meet the financing needs
entailed by the common ambition for a renovated strategy in ORs. The consistency policy demands extremely close
coordination with other policies having high territorial impact to ensure efficient and rational implementation of
planned programmes.
>
This Plan of Action goes well further such demand, paving the way as it does for a forward-thinking strategy at
the service of fully assumed territorial vibrancy. To be deployed in its full scope, this advance strategy cannot
be dissociated
from an experimenting
strategy.
To experiment is to adapt the framework to the realities of
Outermost Regions; it is to invent new formulas to allow ORs to design their economic model for tomorrow. This strong will expressed at regional level must now be supported by a veritable European ambition for
Overseas Regions.
Such is the mindset of this Action Plan: fostering a logic of activity and responsibility, which alone can
guarantee Smart, Sustainable and Inclusive Economic Development.
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
22
2 0 1 3
Volet territorial :
LA RÉUNION
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
23
Profil de La Réunion : indicateurs
INDE
PARIS
(
&(
#41$*)
TRANSPORTS
52,2 millions +.." -. .9-*+*-/.
5Mode de déplacements domicile-travail :
NUMÉRIQUE
6,6
3,5 %
%
2
9,
584% '+*+0'/$*)9,0$+9 )/9'9+#*)$ (*$'
52 *)) 2$*).80)7' .*0.(-$)
594,8% '+*+0'/$*)*01 -/ +-' #0/9$/
552 % '+*+0'/$*)9,0$+9 )*)) 2$*)$)/ -) /8*($$' DEUX ROUES
%
MARCHE À PIED
80,6 %
TRANSPORT EN COMUN
VOITURE/CAMION/FOURGONETTE
ÉDUCATION
5522 écoles
582 *'';" .
547 lycées
5120 2309';1 .).' - "-9
5101 1509';1 .).' ) "-9
585,6% -90..$/ 0'0-9/
528,7% .% 0) . ). )$!!$0'/9 ' /0515 3219/0$)/.).'4 ). $") ( )/.0+9-$ 0-
523,67% .).$+'<(9 .0.0+9-$ 0-
TOURISME
549 #</ '.'..9.- +-9. )/)/2057#(- .
58888 '$/.$.+*)$' .
560,8%+*0-' /02*0+/$*) .#</ '.'..9.
5420 300 touristes accueillis en 2010
5296,3 millions 0-*. 9+ ). ./*0-$./$,0 .
MOZAMBIQUE
(
INDICATEURS - CLÉS
ÉCONOMIE
5Population : 839 500 hab (2011)
50+ -!$$ 2520 Km2
5+-#$/)/17 520 euros
502 #<(" 29,5 %
502 #<(" .% 0) .
).55,4 %
5''*/$- . .($)$(..*$02143 700 personnes (2010)
MADAGASCAR
541 078 entreprises recensées (2010)
58133 entreprises crées (2010)
519,8 % /02 -9/$*) )/- +-$. .
5286,9 millions 0-*. 2+*-//$*).
54779,2 millions 0-*.$(+*-//$*).
(
CHINE
(
SANTÉ
51154(9 $)."9)9-'$./ .
5944(9 $)..+9$'$./ .
5701 +#-($ ).
53750'$/.*0+' .).' .9/'$.. ( )/..)$/$- .
54,5'$/.*0+' .+*0-
#$/)/.
MAURICE
(
ENVIRONNEMENT/ÉNERGIES
534%9) -"$ .- )*01 '' .).'+-*0/$*)9' /-$$/9
588,3 %+*0-' /02 9+ )) 9) -"9/$,0
51931 &(6 de parcs naturels
53947&(6 de réserves naturelles
INNOVATION/RECHERCHE
550 % des entreprises de + de 10 salariés déclarent innover
AGRICULTURE
542 814ha 0-! "-$*' /$' 57623 2+'*$//$*)."-$*' .
51,9%+*0-'+-/0. / 0-"-*'$( )/$- ).'1' 0-%*0/9 51,3 % +*0-'+-/0. / 0-"-$*' ).'1' 0-%*0/9 PÊCHE
52372 tonnes produites (2010)
5908 + -.*)) . (+'*39 .).' . / 0- '+:# AFRIQUE DU SUD
AUSTRALIE
(
(
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
24
Profil de La Réunion : descriptif territorial
Située en plein Sud-Ouest de l’océan Indien, La Réunion est la seule région européenne de l’Hémisphère Sud et la
plus éloignée de l’Europe continentale.
Terre d’Europe, Terre de France, Terre de l’océan Indien, elle concentre plusieurs des problématiques qui sont au cœur
des préoccupations de développement durable caractérisant le XXIe siècle : la pression démographique, la globalisation
des échanges, le changement climatique, la gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire.
Terre de métissage et de brassage des cultures, l’identité de La Réunion s’est construite, et se construit encore, dans
le dialogue, dans un processus dynamique de métissage aux formes multiples : sociale, culturelle, artistique et patrimoniale qui font l’identité réunionnaise. Cette diversité des origines s’accompagne de relations culturelles et économiques
fortes avec les pays d’origine – d’Afrique, d’Asie et d’Europe – dont le potentiel est loin d’être entièrement utilisé.
La Réunion doit pouvoir, dans ce contexte, valoriser cette symbiose réussie des populations et des cultures qui la
composent, devenir un lieu privilégié d’expérimentation, dont le savoir-faire acquis pourra être transféré vers les pays
de la zone, une vitrine technologique européenne à partir de laquelle pourra se développer une nouvelle économie
réunionnaise.
Profil géographique et climatique
Île subtropicale volcanique soumise aux aléas climatiques et aux risques naturels, La Réunion se caractérise
notamment par un relief montagneux, par des microclimats, par la richesse exceptionnelle et la diversité de ses milieux
et ressources naturelles. Sa localisation géographique la positionne comme un relais européen idéal d’observation de
l’atmosphère et de surveillance de l’environnement assisté par satellite.
Sa biodiversité unique, concentrant des milliers d’espèces naturelles et endémiques, fait de La Réunion l’un des
trente-quatre « hot spots » mondiaux de biodiversité terrestre et marine. Ses cirques, pitons et remparts sont inscrits au
Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2010. Le territoire est protégé au niveau de son Parc Naturel des Hauts ainsi
que de sa Réserve Marine, soit 42 % de superficie et 80 km de côtes protégées.
Enfin, le relief accidenté implique une concentration de la population principalement sur le littoral impactant directement les conditions de vie des habitants. Ce déséquilibre entre les Hauts et les Bas se traduit par des disparités
importantes en termes d’attractivité, d’emploi et d’accessibilité et d’accès aux services au détriment des zones
rurales.
Profil économique
La Réunion a connu une évolution fulgurante depuis sa départementalisation en 1946. L’économie réunionnaise se
révèle être particulièrement dynamique. Ces dernières années, la consommation finale et l’investissement, soutenus
notamment par des incitations fiscales et par la mise en œuvre de grands chantiers, ont été les principaux relais
de croissance.
Néanmoins, la réorientation de la politique fiscale et l’achèvement des grands travaux ont exacerbé les effets de
la crise économique à La Réunion dès 2009 (-2,7% de croissance en euros constants). Après une année 2010 atone,
l’activité s’est redressée en 2011 (hausse du PIB de 1,2% en euros constants). Aujourd’hui, l’île peine à trouver de
nouveaux moteurs pour asseoir sa croissance. Pourtant, au-delà des contraintes structurelles cumulées, elle dispose
d’atouts non négligeables, en témoigne son dynamisme entrepreneurial avec un taux de création d’entreprises
particulièrement soutenu.
Ce dynamisme s’appuie sur un modèle de développement économique basé sur l’import-substitution. Les trois
quart de la consommation locale sont couverts par l’industrie réunionnaise. Ce modèle dispose aujourd’hui d’une
marge d’évolution importante pour l’avenir : des créneaux d’import-substitution peuvent encore évoluer vers des
niches d’activités porteuses de développement significatif.
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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Aujourd’hui, la structure économique de La Réunion se caractérise essentiellement par une forte concentration
de l’activité et de l’emploi dans le tertiaire et par une taille plus réduite de l’industrie et de l’agriculture. La Réunion est passée en vingt-cinq ans d’une économie agricole à une économie de services. La part du secteur primaire ne
représente plus que 5 % de la valeur ajoutée marchande, contre près de 70 % pour le secteur tertiaire.
L’agroalimentaire tient une place prédominante dans le tissu industriel de la Réunion, en raison notamment d’un
potentiel agricole important, basé en particulier sur la filière canne-sucre-rhum-énergie. Autre socle de l’économie, le
secteur du bâtiment et des travaux publics est particulièrement performant et pourvoyeur d’emplois (11% des effectifs
salariés de La Réunion). Ce secteur reste néanmoins fortement tributaire de la commande publique, de l’offre solvable
de logements, du coût des matières premières et des importations.
Les échanges, orientés essentiellement vers la France métropolitaine, s’avèrent très déséquilibrés : les exportations représentent moins de 10 % en valeur des importations. La Réunion reste aujourd’hui isolée par rapport aux flux
marchands régionaux marginaux et asymétriques (seuls 7% des échanges se font vers les pays de la COI – Commission
de l’Océan Indien). L’industrie a porté ses efforts sur le marché local et y a atteint certaines limites. En dépit d’un cadre
réglementaire contraignant et des infrastructures d’échanges qui restent à améliorer, les entreprises réunionnaises se
positionnent désormais à l’international dans l’optique d’une augmentation des volumes d’affaires.
Depuis un demi-siècle, le diagnostic établi conduit à constater un creusement des dépendances, qu’elles soient économiques, sociales ou énergétiques. Cette situation invite à poser le cadre d’un nouveau modèle de croissance
intelligente, durable et inclusive. Cette logique ouvre la voie au développement de secteurs à fort potentiel tels
que la pêche, l’énergie, le numérique et le tourisme durable qui offrent des perspectives de croissance et de
création d’emplois.
Profil démographique
L’évolution démographique réunionnaise se distingue de celle connue sur le continent européen. La Réunion connaît
un taux de natalité supérieur à celui observé en France métropolitaine. La population a été multipliée par 2,4 en
l’espace d’une cinquantaine d’année. Alors qu’on recense 839 500 habitants en 2011, les projections démographiques
envisagent un franchissement de la barre symbolique du million d’habitants vers 2030.
L’une des caractéristiques de la population réunionnaise, et qui constitue un atout considérable pour l’île, est la jeunesse de sa population : 34 % de la population a moins de 20 ans (contre 25 % en France métropolitaine).
En dépit d’une croissance soutenue (de l’ordre de 3 000 emplois nets créés par an), les déséquilibres sociaux demeurent ou s’amplifient du fait de l’évolution démographique. Au premier rang de ces déséquilibres, le chômage
apparaît comme étant le fléau de la société réunionnaise.
Cette réalité démographique doit être traitée dans une logique d’emplois et imposent à La Réunion de se positionner pour devenir un modèle de gestion de transition démographique afin de maintenir la cohésion territoriale.
Cet effort de cohésion passe par des leviers d’accompagnement et des dispositifs, qu’ils soient européens, nationaux
ou régionaux, inédits et à la mesure des particularités démographiques de La Réunion.
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
26
>
Les défis auxquels La Réunion doit faire face à l’horizon 2020
La Réunion doit aujourd’hui relever un quadruple défi : défi démographique, défi environnemental, défi
énergétique et défi de la mondialisation. Si leurs effets n’épargnent aucune région du continent européen, ils
connaissent un degré d’intensité sans comparaison dans un territoire insulaire, isolé et très vulnérable.
Inscrire La Réunion dans un processus d’émancipation, de dépassement des fragilités et contradictions
du modèle adopté jusqu’à présent, implique d’apporter des solutions pérennes aux défis qui se posent à
l’horizon 2020 à l’échelle du territoire, du voisinage, de l’Europe continentale.
DÉMOGRAPHIE
DÉFI ÉNERGÉTIQUE
DÉFIS AUXQUELS LA RÉUNION
DOIT FAIT FACE À L’HORIZON 2020
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
IMPACT À L’ÉCHELLE DE LA RÉUNION
!
>ASSURER L’EFFICACITÉ DES SERVICES D’INTÉRÊT
MODIALISATION
GLOBALISATION
IMPACT À L’ÉCHELLE DE L’OCÉAN INDIEN
>ATTEINDRE UNE MASSE CRITIQUE
POUR AGIR ENSEMBLE
GÉNÉRAL, Y COMPRIS ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
>FACILITER LA COHÉSION TERRITORIALE
IMPACT À L’ÉCHELLE DE L’UNION EUROPÉENNE
"
! !
>FAIRE PRÉVALOIR, AU NIVEAU DE L’UNION,
LA SITUATION PARTICULIÈRE DE LA RÉUNION
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
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2 0 1 3
PACTE 2014-2020 :
Un pacte territorial pour
une plus grande compétence,
une plus grande cohérence
et une plus grande créativité
territoriales
La Réunion, terre d’Europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
29
«
PRIORITÉ 1 :
Un Parcours pour un Accès à des Compétences Territoriales en faveur de l’Emploi
Libérer le potentiel des Hommes et des Femmes
est un critère déterminant de la croissance inclusive.
La Réunion, terre d’europe
Açores - Canaries - Guadeloupe - Guyane - La Réunion - Madère - Martinique - Saint-Martin
30
1. Miser sur la jeunesse et développer l’emploi
A l’échelle de l’UE, l’éducation et la formation jouent un rôle de premier plan dans la réalisation des objectifs de la stratégie Europe 2020. Cette dimension représente un enjeu déterminant à La Réunion, où par ailleurs, les taux de chômage
sont parmi les plus élevés au sein de l’Union européenne.
Cette situation alarmante nécessite d’agir pour apporter des solutions pérennes en faveur de l’emploi.
Si la prospérité de La Réunion dépend pour beaucoup de ses jeunes, ceux-ci éprouvent de sérieuses difficultés pour
exploiter leur potentiel et apporter leur contribution à la société. Les jeunes sont encore beaucoup trop nombreux
à quitter l’école sans qualifications ou avec des compétences insuffisantes, à ne pas trouver d’emploi et à être
menacés d’exclusion sociale. D’autres, les plus formés, peinent à s’insérer dans le monde professionnel faute de
débouchés suffisants.
La population active exerce dans un environnement complexe, difficile et subit les effets négatifs des contraintes structurelles, à savoir les surcoûts de l’ultrapériphérie. Faute de masse critique suffisante, une attention particulière doit être
portée sur le dimensionnement des infrastructures, des outils de production. Dans le même esprit, les chercheurs, en
dépit de leurs compétences, restent à l’écart des grands réseaux de la recherche.
Il est capital que les politiques publiques permettent à tous les Réunionnais de donner la pleine mesure de leurs
capacités. Pour améliorer leurs performances, il est donc essentiel d’agir en faveur de l’intégration sociale et professionnelle, tout en favorisant l’épanouissement personnel, la cohésion et la citoyenneté.
Dans le contexte particulier d’une forte croissance démographique conjuguée à la jeunesse de la population,
d’un chômage structurel, et celui, plus classique, des mutations au niveau des qualifications, le défi humain se
décline à travers trois dimensions : l’emploi, la qualification et la cohésion sociale. Accompagner la dynamique
démographique implique d’agir concrètement sur les facteurs de cohésion urbaine, d’inclusion sociale et de lutte
contre la pauvreté.
La Réunion se trouve donc face à de nombreux défis : investir dans l’éducation, la formation et l’apprentissage, faciliter l’accès au savoir (y compris et nécessairement en dehors du territoire), créer le maximum d’emplois pérennes
sur place, mais aussi permettre l’accès à d’autres emplois qualifiés à l’extérieur de l’île.
OBJECTIF :
Notre situation sociale complexe nécessite la structuration d’un grand
projet social destiné à couvrir toutes les situations, y compris l’exclusion
et la précarité
Actions :
> Soutenir ces orientations par le biais de la politique de cohésion et plus précisément de l’intervention
du Fonds Social Européen (1);
> Pour 2014-2020, les attentes sont tournées vers la « Garantie pour la Jeunesse » qui, nécessairement,
devra être définie et gérée au niveau approprié, à savoir au niveau régional. Cette voie est la seule à suivre
pour garantir une prise en compte responsable qui réponde au plus près à la situation de La Réunion où
54,2% des jeunes de 15-24 ans sont au chômage (2);
> Exploiter le « programme PROGRESS » en faveur de l’innovation sociale et de l’expérimentation sociale
dans le but de tester à petite échelle des politiques novatrices et de propager des solutions efficaces (3);
> Rendre accessible « l’instrument de micro-financement et d’entrepreneuriat social » pour encourager les
investissements en faveur de l’expansion des entreprises sociales (4);
> Développer les pratiques préventives et curatives de décrochage et de l’échec scolaire (5);
> Promouvoir des dispositifs de prévention et de lutte contre l’illettrisme (6).
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2. S’ouvrir et rompre avec l’isolement
La question de la mobilité des résidents à l’international (Europe ou voisinage) se pose avec évidence depuis et
vers La Réunion. En tant que territoire distant de 10.000 km de la France métropolitaine, le plus éloigné du continent
européen, le déficit d’accessibilité affecte principalement les personnes et les biens.
Il faut compter onze heures de vol et un budget minimal de 1000 euros par personne (soit l’équivalent du salaire
minimum), ou trois semaines à minima de navigation pour le transport de marchandises pour rejoindre l’Europe. Ces
contraintes ont pour principale conséquence d’affecter les principes de liberté de circulation et d’égalité des chances.
Le déficit d’accessibilité de La Réunion couplé à l’isolement altère les échanges, freine considérablement le
développement économique et les initiatives et rend très difficile l’accès à la société de la connaissance et le
renforcement des compétences. Aujourd’hui, 20% des Réunionnais n’ont jamais quitté le territoire.
Le problème de la mobilité conditionne la cohésion économique et sociale : le principe de libre circulation, clé
de voûte de la construction européenne, constitue clairement aujourd’hui l’un des « chaînons manquants » du
marché intérieur pour lequel une réponse doit être apportée afin de permettre à tous les Réunionnais, en tant
que citoyen, de circuler librement sur le territoire européen. Qu’il s’agisse notamment de se former, d’étudier, de
travailler, d’échanger, de se soigner, de se cultiver, il importe de garantir les mêmes droits que ceux dont bénéficie
l’ensemble des Européens.
Il va de soi que même si le développement du numérique facilite l’accès à la société de la connaissance, il ne saurait en
aucun cas se substituer à l’expérience tirée d’une mobilité physique effectuée par les personnes, notamment les jeunes,
en Europe continentale, dans la zone océan Indien ou à l’international.
Si l’aptitude à la mobilité est une condition indispensable à l’insertion, à la construction de trajectoires de vie satisfaisantes et de liens sociaux diversifiés, la question de la mobilité, telle que perçue depuis La Réunion, n’est pas seulement
un choix, elle constitue une formidable opportunité. Elle offre à chacun la possibilité de s’ouvrir au monde, d’étudier
dans des filières choisies, de permettre à chaque résident, quelle que soit son origine sociale, de construire son parcours de vie et d’atteindre son meilleur niveau. Aujourd’hui, nombreux sont les citoyens qui sont moins bien armés que
d’autres. Dans une région à très fort taux de chômage, une partie significative de la population se voit privée de
circuler librement et n’a que peu de possibilités de sortir de l’île.
C’est pourquoi il importe d’offrir, notamment aux jeunes, la possibilité de découvrir d’autres horizons, de saisir de
nouvelles opportunités et de préparer leur retour dans l’île afin de développer une économie locale (expertise et
valeur ajoutée en matière de technicité et d’entrepreneuriat).
Au plan local, un travail important se poursuit en vue d’accompagner la mobilité depuis La Réunion, notamment celle
des jeunes. Toutefois, tous les instruments et outils mis à disposition de l’Europe ne sont pas utilisés au maximum
de leurs capacités et de nombreux obstacles aux échanges persistent pour les individus, à tous les stades de leur
vie. Si la mobilité à des fins d’éducation et de formation tout au long de la vie a considérablement évolué au cours de
la dernière décennie, elle implique encore aujourd’hui des démarches qui demeurent complexes et freinent les parcours
entrepris par nos étudiants, nos apprentis, nos jeunes déscolarisés ainsi que nos enseignants.
La mobilité vers La Réunion mérite également d’être encouragée si l’on tient compte de l’attractivité de son territoire : parmi ses atouts, de multiples domaines de compétences développés à La Réunion, une situation géostratégique
unique de l’Europe dans le bassin de l’océan Indien aux frontières externes de l’UE. Cependant, La Réunion ne faisant
pas partie de l’espace Schengen, elle ne bénéficie pas des règles communautaires relatives aux visas et ne peut
pas se prévaloir des facilités relatives aux accords d’exemption de visas conclus ici et là. Cette réalité affecte le
déplacement de toutes catégories de personnes et notamment les touristes, les sportifs de haut niveau et les chefs
d’entreprise.
Par ailleurs, La Réunion porte les valeurs de l’UE : la paix, la sécurité, l’identité européenne, le respect des droits fondamentaux. Grâce notamment à l’apport ces dernières années des Fonds structurels (FEDER et FSE), La Réunion a non
seulement développé des infrastructures qui ont contribué à développer une dynamique territoriale, mais aussi acquis
une compétence et un savoir-faire reconnus dans le domaine de l’éducation, de la formation et de l’enseignement
supérieur. Aussi, elle constitue un poste avancé de l’Union dans l’océan Indien capable d’offrir des formations de
qualité dans un contexte politique et sanitaire sécurisé qui plaide pour la mise en place d’un dispositif expérimental de type « ERASMUS du Grand océan Indien ».
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Une étude de l’INSEE (juin 2013) sur la mobilité des jeunes Réunionnais en 2012 établit que les dispositifs d’appui
incitent à la mobilité. Le coût de la mobilité constitue un frein pour 45% des jeunes. Si les dispositifs d’appui (aides
au voyage, au logement et garantie d’un retour) sont complets, alors 40% des personnes qui refusent une mobilité,
changent d’avis et l’acceptent.
Pour qu’il y ait un impact sur le prix du titre de transport aérien, la Commission invite les RUP à combiner plusieurs outils
communautaires, notamment des aides à caractère social avec des obligations de service public contraignantes. Or, et
à la pratique, ces instruments se conjuguent mal et s’avèrent complexes à mettre en œuvre.
Puisque le lien physique que La Réunion entretient avec le continent européen se matérialise uniquement par des
connexions aériennes, la mobilité, passe nécessairement par cette phase de transport, fortement émettrice de gaz à
effet de serre. Cette dépendance ne doit pas pénaliser la population notamment au travers de taxes carbone sur le prix
des titres de transport.
Enfin, et en dehors de publics-cible de type « étudiants », « individus suivant un parcours de formation professionnelle ou d’apprentissage », le manque d’équité dans la mobilité des résidents réunionnais dans l’espace européen, en application du principe de libre circulation des personnes, appelle un traitement approprié aux niveaux
national et européen.
OBJECTIF :
Concrétiser la libre circulation de tous les citoyens en garantissant la
cohérence et la complémentarité entre les programmes nationaux et les
programmes de l’Union
Actions :
> Favoriser les synergies et améliorer l’efficacité des programmes de mobilité à travers des outils uniques,
simples et lisibles pour le citoyen (7);
> Envisager, à titre expérimental, la mise en place d’un dispositif de mobilité régionale de type
« ERASMUS du Grand océan Indien » réunissant les fonds de l’objectif de coopération territoriale européenne au titre de la politique de Cohésion, ainsi que les fonds du programme « ERASMUS pour tous ».
Il s’agirait d’un programme unique au niveau de l’océan Indien qui garantisse une homogénéité des interventions des publics-cibles et qui bénéficierait d’une plus grande visibilité pour ses bénéficiaires (8);
> Lever les obstacles aux échanges entre les personnes : simplifier les règles relatives aux visas (notamment pour les entreprises, les étudiants, les touristes et les sportifs de haut niveau), accompagner avec
des instruments européens le financement d’aides à caractère social, améliorer la desserte aérienne et
maritime (9);
> Réduire le déficit d’accessibilité en intégrant une composante « mobilité » dans la définition et la mise
en œuvre de toutes les politiques publiques, au services des élèves, étudiants, apprentis, jeunes déscolarisés ou en situation de décrochage scolaire, enseignants, chômeurs, citoyens en situation de précarité,
chercheurs, entrepreneurs, agriculteurs et pêcheurs… (10);
> Faire évoluer le cadre législatif du futur programme « ERASMUS POUR TOUS » afin de rendre éligibles
non seulement les pays voisins de La Réunion, notamment Maurice, Madagascar, Seychelles, Comores,
Afrique du Sud, Mozambique, Tanzanie et Kenya mais aussi les pays avec lesquels La Réunion a tissé des
relations privilégiées comme le Canada, l’Australie, l’Inde et la Chine (11);
> Encourager le déplacement des actifs afin d’élargir le marché de La Réunion dont l’étroitesse est un
handicap au développement des activités. Cette approche contribuerait, au-delà des échanges d’expériences et des transferts de savoir-faire, à l’abaissement des coûts de production grâce aux synergies et
économies d’échelle résultant d’une approche régionale (12);
> Faciliter la mobilisation et la valorisation de toute l’expertise disponible à La Réunion, qui dispose de
pôles d’excellence dans de nombreux domaines (13);
> Prévoir des exceptions et/ou compensations pour réduire l’impact économique induit par la réglementation relative au système communautaire d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre (14);
> Encourager le partage d’expériences de mobilités afin de minimiser l’appréhension au départ, mettre en
œuvre des actions innovantes de développement de la culture de la mobilité (15).
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«
PRIORITÉ 2 :
Un Parcours pour un Accès à une Cohérence Territoriales en faveur de l’Écologie
Garantir une cohésion territoriale et durable implique
de lever toutes les difficultés qui affecte le « bien-vivre »
des Réunionnais.
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1. Concilier aménagement et croissance verte
La Réunion est soumise à une forte pression démographique qui entraîne des conséquences notamment en
termes d’aménagement du territoire, de disponibilité du foncier, et de respect des équilibres environnementaux.
L’offre de services d’intérêt général doit donc être plus importante et implique préalablement une politique d’investissements en infrastructures qui concourt au désenclavement du territoire. La faible superficie de l’île conjuguée au relief accidenté, accentuent les déséquilibres entre les besoins en services et l’offre disponible.
A La Réunion, l’accès et la fourniture de ces services revêtent une importance particulière en tant que pilier du modèle
de société. Ils restent essentiels pour la cohésion sociale et territoriale et pour la compétitivité de l’économie. Une
attention particulière doit donc être portée à ces services, dans des domaines tels que les transports, l’énergie,
l’eau, les déchets, le numérique, les soins de santé, l’aide à l’enfance ou la prise en charge des personnes âgées,
l’aide aux personnes handicapées ou le logement social. Ils constituent ensemble un filet de sécurité essentiel pour
la population et contribuent à la promotion de la cohésion sociale.
Dans le cas des entreprises, la disponibilité de services réguliers et performants est un préalable indispensable à un
environnement favorisant leur compétitivité. S’agissant des usagers, ces services doivent répondre aux besoins des
consommateurs aussi bien en termes d’accès, que de régularité ou de tarification. Leur bon fonctionnement constitue
un préalable-clef pour l’accomplissement des priorités de la Stratégie EUROPE 2020.
Le développement de certains secteurs justifie une réorganisation pour tenir compte des défis qui se posent à brève
échéance, notamment démographiques et énergétiques. Si d’importants investissements ont été réalisés jusqu’à
présent, ils nécessitent aujourd’hui d’être améliorés et sécurisés. Cette orientation se vérifie particulièrement dans
les secteurs suivants :
NUMÉRIQUE : Dans l’acquisition d’un modèle réunionnais d’économie compétitive durable et inclusive, les nouvelles
technologies de l’information et de la communication jouent un rôle essentiel. Elles sont porteuses d’avantages économiques et sociaux durables qu’il importe d’exploiter à travers une véritable stratégie numérique intégratrice pour offrir
aux Réunionnais des infrastructures essentielles à la société de l’information de demain. La Réunion dispose d’un
potentiel de croissance significatif dans ce secteur.
La situation numérique de La Réunion se caractérise par un décalage persistant entre l’offre des réseaux de communications électroniques disponible sur le territoire et celle dont bénéficie l’Europe continentale.
Au-delà du retard dans les déploiements des technologies nouvelles (4G, NGA) qui freine le développement des
usages et des services, la question de la sécurisation des connexions internationales et de la disponibilité à long
terme des capacités nécessaires au désenclavement de l’île reste un enjeu majeur pour le territoire. Sans un investissement conséquent sur le long terme sur les capacités internationales et une sécurisation des réseaux, les niveaux
de services fixés par la stratégie numérique pour l’Europe ne pourront être atteints.
Le risque d’une nouvelle fracture numérique lié au retard de déploiement sur le très haut débit ou à l’insuffisance des
capacités internationales face à l’augmentation permanente des besoins est réel.
Offre moindre (moins diversifiée, moins attractive, surcoûts structurels) et concurrence imparfaite illustrent la
situation de La Réunion. La dépendance aux seuls câbles sous marins la raccordant au reste du monde, conduit
inéluctablement à une fragmentation du marché unique numérique, avec un internet à deux vitesses : celle du
continent européen avec des débits rapides et celle de notre île, beaucoup plus lente. Ce diagnostic communément
admis depuis plus de dix ans, ne trouve toujours pas de solution dans le cadre législatif en vigueur.
En conséquence, les usagers sont pénalisés car ils ne peuvent avoir accès aux services à haut-débit dans des conditions
égales à ceux de l’Europe continentale.
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OBJECTIF :
Garantir une continuité numérique effective
Actions :
Les propositions de règlement européen portant sur les infrastructures numériques et leurs coûts, actuellement en cours de discussion, doivent prendre la mesure effective des handicaps affectant notre île et donc
doivent prévoir en urgence des dispositions spécifiques permettant de les corriger.
Ces dispositions devront :
> Autoriser, sur fonds publics, la construction de câbles sous marins pour desservir La Réunion (16);
> Favoriser l’intervention publique même en présence d’une situation concurrentielle dès lors que les
différentes initiatives privées existantes sont insuffisantes pour gommer le surcoût lié à l’éloignement et
pour aboutir à une égalité de traitement avec le continent européen (17);
> Inciter les opérateurs de communication électroniques à formuler des offres de services aussi compétitives que sur le continent européen, lorsque toutes les conditions économiques sont réunies (18);
> Concrétiser l’émargement de La Réunion au programme CEF – Connecting Europe Facility pour des
projets d’envergure. Favoriser la recevabilité des projets TIC de La Réunion portés tant par les acteurs privés
que publics (19);
> Améliorer le cadre réglementaire relatif aux aides d’État dans le secteur des Technologies de l’Information et des Communications ainsi que des services d’intérêt économique général pour tenir compte de la
situation de La Réunion (20).
DÉCHETS : S’agissant de la question du stockage, La Réunion reste confrontée au risque de la saturation proche
des capacités d’enfouissement sans aucune alternative sérieuse. Le manque de foncier disponible couplé à l’impact
de normes environnementales européennes, mène les pouvoirs publics locaux dans une impasse.
Sur la question de la valorisation des déchets, les filières restent compliquées à mettre en place. La collecte sélective permet d’alimenter les filières de recyclage (plastiques, papiers et cartons, verre, aluminium et métaux, déchets
verts, déchets industriels spéciaux etc.) qui atteignent difficilement le seuil de rentabilité. Selon les types de déchets et
après valorisation, ceux-ci sont expédiés en dehors du territoire, soit vers l’Europe (exemple : batterie), soit à l’international (Afrique du Sud, Asie), ou se heurtent aux dispositions réglementaires (ex : convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination) qui compliquent leur expédition hors pays
de l’OCDE. Globalement les conditions de transport ne sont pas favorables (absence de rationalisation) et leurs coûts
restent très élevés.
OBJECTIF :
Bénéficier d’un système de gestion des déchets pleinement adapté aux
besoins et aux spécificités territoriales
Actions :
> Concevoir un cadre réglementaire spécifique sur le stockage et la valorisation des déchets qui tienne
compte de la situation de La Réunion et n’induise pas d’effets disproportionnés (21);
> Créer un statut spécifique de La Réunion dans le cadre de la Convention de Bâle (22);
> Ouvrir une ligne régionale maritime à l’international pour l’expédition des déchets soutenue par des
aides d’État au transport (23);
> Améliorer la rentabilité des filières de recyclage (24).
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EAU : La ressource en eau est importante à La Réunion et, est théoriquement suffisante par rapport aux besoins
(notamment irrigation agricole, eau potable, eaux industrielles). La situation est néanmoins complexe en raison du
fort déséquilibre entre l’Est (forte pluviométrie) et l’Ouest de l’île (aride), ainsi que du déséquilibre saisonnier
(longues périodes de sécheresse lors de l’hiver austral). Les infrastructures sont souvent vétustes et insuffisantes,
notamment dans les Hauts.
En termes de régularité et de qualité des services offerts aux usagers, une part significative de la population connaît
des coupures d’eau fréquentes et un service d’eau insalubre (notamment en période d’intempéries). La grande
majorité des volumes prélevés le sont par des captages en surface, posant des problèmes de pollution, et par des pompages de nappes difficiles d’accès et à sécuriser.
La question de l’adéquation entre les besoins et la demande sans cesse croissante, constitue une préoccupation
immédiate.
OBJECTIF :
La Réunion est engagée vers les objectifs de gestion durable de la
ressource en eau
Actions :
> Dans le cadre de la réforme de la PAC – Politique Agricole Commune, et notamment de son second
pilier, le FEADER – Fonds Européen Agricole de Développement Rural, doit pour la période 2014-2020
soutenir le financement des réseaux d’irrigation (construction, modernisation, extension) (25);
> Sécuriser l’approvisionnement en eau de sa population et augmenter les performances des réseaux
(26);
> Poursuivre l’amélioration de l’assainissement, la lutte contre les pollutions, la préservation et la gestion
des milieux aquatiques (27).
TRANSPORTS : En tant que territoire insulaire et ultrapériphérique, La Réunion connaît des freins importants aux déplacements des personnes et des marchandises.
Sur le plan interne, le réseau routier demeure le principal axe de transport et se caractérise par son manque de
maturité. Les phénomènes d’engorgement sont récurrents sur les voies, soumises à une pression accrue du fait de
la démographie et des évolutions des modes de vie (étalement urbain, augmentation des distances domicile-travail,
décohabitation…).
Les grands travaux et projets à venir (nouvelle route du littoral, déploiement et raccordement des réseaux de
transport collectifs via le projet Trans-éco express, TCSP d’agglomération,) montrent l’effort croissant des autorités locales pour l’atténuation des difficultés et la réduction des nuisances et pollutions associées. Ces projets
concourent à garantir un maillage optimal du territoire et à apporter des solutions appropriées pour sécuriser les déplacements au regard du relief très tourmenté.
Du fait de sa topographie et de son climat, les coupures du réseau de transport sont fréquentes. D’importants
investissements sont nécessaires pour sécuriser les moyens de communication à l’intérieur même de l’île, et notamment
entre l’Ouest et le Nord du territoire. Le désenclavement des Hauts de l’île et des cirques nécessite par ailleurs des
réponses conçues sur mesure.
Les projets d’avenir doivent permettre la promotion et le développement de transports collectifs et de modes doux. Ils
impliquent néanmoins de lourds investissements, tant dans les infrastructures et équipements afin de développer et
d’améliorer la qualité des transports publics, que dans les actions de sensibilisation pour modifier durablement les
usages. Développer une offre de transports en commun moderne et performante, améliorer la qualité du service
rendu à l’usager constituent une priorité. La réalisation d’un réseau régional de transport guidé illustre une orientation décisive vers des transports intelligents et durables.
Par ailleurs, pour réduite les goulets d’étranglement, le rapprochement des services, le développement des e-services
et de l’e-administration permis par le numérique, le développement du télétravail et l’adaptation des modes de travail
sont des phénomènes connexes à intégrer dans les politiques de réduction des déplacements.
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Sur le plan externe, les relations sont tributaires du bon fonctionnement des infrastructures portuaires et aéroportuaires.
Or, l’évolution des flottes des bateaux et des avions, comme la croissance démographique et les besoins afférents,
exigent une mise à niveau constante des infrastructures dédiées. De plus, la mise aux normes internationales s’impose
dans le contexte concurrentiel avec les autres installations de la zone océan Indien.
La position géographique de l’île rend primordial le rapprochement rapide des nœuds de communication internationaux : développement de l’accessibilité, augmentation de la compétitivité des infrastructures. Ce n’est qu’à cette
condition que La Réunion pourra voir réduits les handicaps structurels qui la caractérisent. Ainsi, le renforcement de
l’ouverture au monde de La Réunion reste un enjeu majeur.
Aux triples enjeux liés au désenclavement de La Réunion, à une complémentarité économique régionale et à
la mutualisation des approvisionnements, le projet de création d’une compagnie maritime régionale serait en
mesure d’apporter des réponses appropriées. Les îles de la zone, particulièrement tributaires de la desserte pour leur
approvisionnement comme pour les débouchés de leurs productions locales, trouveraient là un outil partagé au service
de leur compétitivité.
OBJECTIF :
Réduire le déficit d’accessibilité interne et externe de La Réunion
Actions :
> Intégrer les projets en infrastructures portuaires et aéroportuaires de La Réunion dans les mécanismes
d’interconnexion européens (28);
> Améliorer les cadres des aides d’État aux transports terrestres, aériens et maritimes pour accompagner
la modernisation des infrastructures et le lancement de services de transports notamment par la création
de nouvelles lignes à l’international (29);
> Encourager, à l’aide d’outils appropriés, les systèmes de transport intelligents et durables (30);
> Disposer d’un cadre législatif et non législatif unique, lisible et homogène sur les conditions de soutien
aux actifs mobiles de transport (31).
ÉNERGIE : Le système énergétique de La Réunion est isolé, non interconnecté. Le territoire est fortement dépendant de l’extérieur en énergies primaires dites fossiles. L’action entreprise depuis de nombreuses années vise à
maîtriser la dépense énergétique, notamment en misant sur le développement des énergies renouvelables (notamment
photovoltaïque, éolien et énergies marines). Aujourd’hui le secteur énergétique est déficitaire en raison des coûts élevés
de production d’électricité. Cependant, la politique volontariste mise en place au plan local en faveur des énergies
renouvelables devra permettre d’améliorer la rentabilité de ce service. C’est précisément dans ce cadre et à partir
d’atouts naturels uniques, que La Réunion expérimente, à partir de prototypes, de nouveaux process notamment dans
le domaine des énergies marines.
OBJECTIF :
Réduire la dépendance énergétique de l’île
Actions :
> Intégrer les projets en infrastructures énergétiques de La Réunion dans les mécanismes d’interconnexion européen (32);
> Améliorer les cadres des aides d’État dans le secteur de l’énergie pour accompagner la modernisation
des infrastructures, l’efficacité énergétique, l’éco-innovation etc (33);
> Soutenir, avec des taux incitatifs, la recherche, le développement et l’innovation dans le domaine de
l’efficacité énergétique, dans la promotion de technologies liées aux énergies renouvelables ainsi que le
développement de nouveaux modes de transports et de stockage de l’énergie (34);
> Adapter la législation européenne sur la qualité des carburants pour diversifier les sources d’approvisionnement et diminuer les coûts associés de carburant (35);
> Mener une politique d’efficacité énergétique en tirant profit de tout le potentiel naturel de l’île favorable
au développement des énergies renouvelables (36);
> Mettre en place des financements innovants pour le lancement de prototypes (37);
> Définir localement la programmation pluriannuelle d’investissements en matière énergétique (38).
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Les politiques européennes doivent ainsi contribuer à améliorer la qualité, le choix, la rentabilité et l’efficience de ces
services. Cette approche est d’autant plus importante en période d’austérité budgétaire.
LOGEMENT : Le secteur peut jouer un rôle d’amortisseur face à la crise et permet une relance économique. Il crée
des emplois locaux durables, notamment grâce à la forte intensité en main d’œuvre du secteur, au développement de
filières vertes dans l’économie locale, et aux effets d’entraînement sur le reste de l’économie.
Investir dans le logement social, c’est aider le secteur de la construction, ainsi que celui de la rénovation, en
particulier la rénovation thermique et les énergies renouvelables qui sont des secteurs à haut rendements et des
viviers d’emplois. Cette orientation nécessite une disponibilité foncière favorable à la construction et à l’ensemble des
raccordements associés (eau, électricité, haut débit, services d’assainissement notamment) dans un territoire à relief
très tourmenté et soumis à des conflits d’usage entre l’urbain et le rural. Cette situation est source de difficultés techniques et de surcoûts financiers.
La Réunion a un très fort besoin en logements, 9.500 logements par an, soit un besoin 2 à 3 fois supérieur à celui de
n’importe quelle région de France métropolitaine. Cette situation s’explique par une forte croissance démographique.
Dans une région particulièrement affectée par le chômage, on dénombre 26.000 ménages en attente d’un logement
social et 25 % d’entre eux se trouvent en situation de surpeuplement.
La lutte contre l’habitat dégradé, sous ses différentes formes (insalubrité, indécence), reste une priorité. Les opérations
de réhabilitation présentent un intérêt à la fois sur les plans sanitaires et sociaux. L’insuffisance du logement social et
la dispersion de l’habitat indigne explique aussi la permanence de l’insalubrité.
OBJECTIF :
Disposer d’un parc immobilier en logements suffisant et de qualité
Actions :
> Stabiliser le cadre réglementaire au titre des aides d’État, notamment par le biais du dispositif de défiscalisation (39);
> Soutenir la réhabilitation de logements notamment insalubres, par des instruments appropriés notamment au titre de la politique de Cohésion (40).
ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE : Ce secteur, à fort potentiel de croissance et d’emplois, occupe aujourd’hui 18.000
salariés. Le secteur, très diversifié, se caractérise par une approche d’utilité sociale plus que par la recherche d’un
gain : axé principalement sur les initiatives de développement local, de réinsertion et de lutte contre l’exclusion,
le secteur tend à offrir des biens et des services au plus grand nombre.
OBJECTIF :
Accompagner et renforcer un secteur en plein essor
Actions :
> Conforter les bases d’une politique de l’innovation sociale en créant un fonds d’investissement destiné
à soutenir les initiatives locales innovantes (41);
> Définir une plateforme d’échanges et de mise en réseau des acteurs (42);
> Valoriser les savoir-faire locaux (43).
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2. Accélérer la transition écologique
S’il est indéniable que le modèle de développement économique choisi ces trente dernières années pour La Réunion
a eu pour effet l’augmentation significative du niveau de vie de sa population, ces orientations atteignent leurs limites.
L’essor du modèle de consommation de masse ainsi que la vitalité démographique ont suscité une augmentation de
la demande en énergies fossiles qui explique pour une grande partie l’accroissement des importations. Entre 1970 et
2010, la facture des importations a bondi de 137 millions à 4,3 milliards d’euros, soit près de la moitié de notre PIB.
La Réunion se trouve dans une situation de dépendance : les transferts de fonds publics, nationaux et européens, sont
devenus, non plus des investissements, mais des piliers de notre économie (l’économie publique assure 35% du PIB
réunionnais). La dépendance énergétique est marquée puisque La Réunion ne dispose pas, sur son sol, d’énergies primaires qui constituent pourtant 64% de sa production électrique. Ce poids des énergies fossiles sur l’économie de l’île
est amené à s’aggraver compte tenu de la volatilité des prix des produits pétroliers, et de l’augmentation de la demande.
A ce titre, l’autonomie énergétique et la recherche d’un nouveau modèle de développement économique plus
respectueux de l’environnement sont des priorités pour l’île et se révèlent être de nouveaux leviers de croissance.
Compte tenu des atouts naturels de l’île, 36% de la production électrique procède des énergies renouvelables, les
marges de progression restent importantes.
Ce modèle intègre la préservation des écosystèmes terrestres et marins exceptionnels, la biodiversité ainsi que leur
valorisation. L’orientation majeure à déployer s’articule autour du concept de « bio-économie tropicale » alliant
développement économique et social, efficacités énergétique et écologique.
En termes de gouvernance, un tel modèle suppose une mise en cohérence rigoureuse de l’action publique dans sa
globalité et de ses financements en particulier. Elle exige également la recherche de synergies et de complémentarités entre les différentes politiques publiques appliquées sur le territoire afin d’assurer une transition rapide
et effective.
Les Réunionnais étant les premiers acteurs de ce changement de paradigme, une relation privilégiée entre autorités
publiques et usagers doit se mettre en place à travers des actions de communication, d’information et de sensibilisation
pour inciter une modification des comportements et des usages.
Ce modèle est propice à l’expérimentation. La Réunion peut servir de référence non seulement en Europe mais
aussi dans le voisinage et dans les Petits États Insulaires de la ceinture tropicale. Il sera synonyme de croissance
intelligente et d’emplois durables.
Connaitre son environnement pour s’adapter et exploiter les potentiels
Une connaissance accrue de l’environnement qui compose La Réunion est une condition sine qua non à la définition et
à la mise en place de politiques de protection, d’adaptation et d’actions en faveur de l’environnement.
PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ : La Réunion recense un patrimoine exceptionnel si l’on tient compte de
ses écosystèmes terrestres indigènes, de ses habitats, de ses milieux marins, de son patrimoine géologique. Les
enjeux de connaissance, de gestion et de conservation de la biodiversité sont considérables. L’île est internationalement reconnue comme étant une priorité en termes de préservation.
L’inventaire de la biodiversité n’est pas encore achevé et de nombreuses espèces restent à découvrir. Les groupes
d’espèces mieux connus contiennent une diversité génétique qui reste, à ce jour, non évaluée.
Il est indispensable de diffuser et partager les connaissances avec le plus grand nombre : Le patrimoine naturel est un
bien commun dont chacun doit se sentir responsable.
Dans le cadre d’une bioéconomie tropicale, le maintien de la biodiversité doit être concilié avec la croissance économique et le développement d’infrastructures. La recherche de cet équilibre passe nécessairement par une connaissance
approfondie des espèces, des corridors écologiques et du fonctionnement des milieux afin de gérer au mieux les conflits
d’usage d’une ressource foncière précieuse et limitée.
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L’action communautaire avait trouvé toute sa place dans le paysage réunionnais de la protection de la biodiversité. L’action préparatoire « BEST » a su, par ses appels à propositions de 2011 et 2012, répondre aux besoins
notamment des organismes locaux, associations, acteurs de terrain. L’originalité de l’accompagnement proposé par
l’UE a suscité l’enthousiasme des acteurs de la protection de la biodiversité réunionnaise. Ne pas la reconduire marque
un désengagement de l’Union au détriment de la gestion et de la conservation de la biodiversité. Un désengagement
d’autant plus incompréhensible qu’il est à contre-courant des priorités pourtant affichées de croissance durable au sein
de la Stratégie Europe 2020.
OBJECTIF :
Garantir un traitement spécifique, une approche différenciée dans la
définition et la déclinaison de programme en faveur de l’environnement
Actions :
> Reconduire l’initiative BEST telle que conçue initialement (44);
> Étendre l’approche poursuivie dans le cadre de l’action préparatoire BEST telle que définie en 2010, à
l’ensemble des actions à soutenir dans le domaine environnemental (45);
> Autoriser des aides à l’investissement incitatives notamment pour la mise aux normes environnementales ainsi que des aides au fonctionnement non dégressives et non limitées dans le temps (46);
> Optimiser le recours à différents instruments européens (Environnement, changement climatique,
recherche-innovation, fonds structurels, FEADER et FEAMP), en vue d’améliorer les connaissances des
écosystèmes et d’encourager les échanges de bonnes pratiques (47).
GESTION DES RISQUES NATURELS : La Réunion est fortement exposée à de multiples risques naturels (cyclones, inondations, raz de marées, érosion, glissements de terrains, séismes, éruption volcanique, incendies). Ces phénomènes
sont amplifiés par un contexte conjoncturel et psychosociologique peu propices ainsi que par des activités d’origine
anthropique (étalement urbain et forte pression démographique) qui participent de la vulnérabilité du territoire et d’une
capacité de résilience amoindrie. Pour y faire face, des expériences et des savoir-faire ont été développés. Ces acquis
permettent à La Réunion, en tant que région européenne, de confirmer son rôle de poste avancé d’observation et
de plate-forme d’intervention rapide privilégiée dans la zone océan Indien par l’intermédiaire de l’Observatoire
des risques naturels de La Réunion.
La Réunion dispose d’une structure de suivi et d’analyse en passe de devenir un pôle de référence d’observation et de
suivi de l’atmosphérique tropicale dans l’hémisphère Sud. En effet, dans un contexte de changements globaux, la surveillance des paramètres de l’atmosphère est capitale tant en ce qui concerne la lutte contre le changement climatique
que l’adaptation à ce phénomène. L’OPAR – Observatoire de Physique de l’Atmosphère de La Réunion étudie, de
manière continue, l’atmosphère et peut ainsi dégager des processus dynamiques mais également des tendances à
moyen et long terme pour le territoire réunionnais mais également pour toute la frange Est du continent africain.
La Réunion dispose également d’un pôle d’excellence en télédétection spatiale, nommé SEAS-OI. Cette station
permet de réceptionner et de traiter des images satellites de haute résolution dans un rayon d’environ 2.500 Km autour
de La Réunion. SEAS-OI affiche donc clairement une vocation régionale puisqu’elle couvre l’ensemble des Zones Économiques Exclusives (ZEE) des pays de la Commission de l’Océan Indien et une partie de l’Afrique australe et orientale
(Mozambique, Tanzanie, Malawi, Zimbabwe).
Les données collectées concourent à développer des applications à forte valeur ajoutée au bénéfice de la zone océan
Indien : adaptation au changement climatique, aménagement du territoire (urbanisation, gestion du foncier, gestion
intégrée des zones côtières, agriculture), protection de l’environnement (marin et côtier : trafic, pêche y compris illégale,
pollution), santé et recherche-innovation.
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Dans une région fortement exposée aux catastrophes naturelles, l’île dispose d’une Plate-forme Régionale d’Intervention Rapide pour l’Océan Indien (PIROI). Équipée en matériels de première nécessité (kits choléra et eau, tentes,
médicaments, etc.), cette structure est capable de projeter des équipes de secours en moins de 24 heures dans la zone.
En la matière, La Réunion expérimentée, est en capacité d’exporter des bonnes pratiques et des modèles d’action vers
son voisinage. Il s’agit d’un fort potentiel qui reste encore à exploiter, en unissant cette plate-forme à SEAS-OI. Cette
structuration s’inscrit directement dans la proposition faite par Michel BARNIER en 2006 d’appuyer la force européenne
de protection civile sur les Régions ultrapériphériques.7 Cet atout majeur pourrait être mis en exergue à travers un soutien financier de coopération régionale pleinement adapté aux spécificités de la zone.
La présence à La Réunion du BRGM – Bureau de Recherches Géologiques et Minières comprenant des ingénieurs
pluridisciplinaires compétents dans les domaines de l’eau, des risques des mouvements de terrain, du littoral et
des matériaux, contribue à accroitre les échanges au sein de la zone. La valorisation du savoir-faire doit ici trouver
sa place à travers des programmes de recherche et développement, de formation et de valorisation économique dans
les domaines de l’aménagement et de l’environnement.
Ces structures, aux côtés de l’ensemble du partenariat local, sont réunies au sein de L’Observatoire des risques
naturels de La Réunion dont les objectifs visent à améliorer la prise en compte des risques naturels au sein des
politiques publiques d’aménagement. Parmi ses missions, une forte contribution au développement d’une véritable
culture commune du risque, la structuration de l’observation des risques naturels à travers le temps et l’espace et le
renforcement de la concertation ainsi que la mobilisation des acteurs et la mutualisation des moyens. La Réunion est
un véritable laboratoire à ciel ouvert des risques naturels (aléas, enjeux et vulnérabilité) qui peut servir de relais
utile à l’Union européenne dans le Sud-Ouest de l’océan Indien.
OBJECTIF :
Confirmer La Réunion en tant que plate-forme européenne structurée de
prévention et de gestion des risques naturels au service de la zone océan Indien.
Actions :
> Valoriser le potentiel exceptionnel de la Réunion en facilitant le soutien au développement de programmes de recherche (48);
> Consacrer La Réunion comme base de l’Union européenne pour des interventions rapides dans la zone
Océan Indien (49);
> Tenir compte de la nature des actions liées à la réparation des dommages occasionnés par les catastrophes naturelles en prévoyant d’une part, une éligibilité automatique de La Réunion au Fonds de Solidarité de l’Union européenne et d’autre part, un soutien rapide au titre du Mécanisme européen de protection
civile (50);
> Dynamiser les actions de coopération régionale au moyen de dispositions réglementaires appropriées
et simplifiées dans le cadre de l’objectif de coopération territoriale européenne de la politique de Cohésion
(51).
Valorisation des ressources par le développement des filières vertes
La Réunion doit poursuivre ses investissements dans les secteurs à haute valeur ajoutée. Ses domaines d’activités
stratégiques que sont l’agroalimentaire, le tourisme, l’énergie, la pêche et le numérique et la santé, constituent autant
de leviers de croissance au service d’une bioéconomie tropicale.
MISER SUR LES RESSOURCES BIOLOGIQUES : Les biotechnologies offrent à La Réunion une opportunité de
développer un potentiel thérapeutique, cosmétique, et énergétique. Les molécules identifiées grâce aux travaux du
« LCSNSA – Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments » et de « l’APLAMEDOM –
l’Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de La Réunion », permettront à La Réunion de se positionner
dans la recherche et la mise au point de nouveaux remèdes pharmaceutiques (lutte contre les épidémies et les
maladies de type Chikungunya, Dengue, Diabète…).
7
Rapport de Michel BARNIER, Pour une force européenne de protection civile : europe aid, mai 2006, p. 16
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Des projets de coopération régionale ( de type « écoles d’été » au bénéfice des chercheurs en santé de la
zone) permettent de développer la recherche, notamment sur les maladies infectieuses, avec les pays voisins. Leur
déploiement ne pourra être optimisé qu’à travers des outils appropriés qui facilitent la capacité du secteur de la santé
à répondre aux appels à propositions européens et qui assurent le management scientifique et financier, grâce à une
plate-forme d’accompagnement mutualisée. L’implication de start-ups et donc de l’innovation dans les projets européens devra être consolidée car elles restent encore trop peu nombreuses à l’échelle locale.
Le CYROI, en tant que centre d’échanges entre chercheurs et cliniciens, ambitionne de consolider des programmes
de recherche pour la valorisation de molécules d’intérêt pharmaceutique issu de la biodiversité de La Réunion
et de leur vectorisation (par exemple, les nanoparticules). Capables de mener à bien des études allant de la
chimie jusqu’aux études précliniques, les équipes de la plate-forme sont en capacité de se positionner sur ce segment.
L’objectif est de permettre une valorisation qui se traduira par la création de spin off chargés du développement
économique.
La gestion et la préservation de la ressource halieutique et des écosystèmes marins nécessitent de prendre en
compte les migrations, les habitats et leurs interactions. En milieu tropical, les chercheurs locaux disposent d’une
véritable expertise qu’il importe de valoriser. L’excellence dans ce domaine accompagne aussi le développement du
secteur de la pêche, un secteur à fort potentiel de croissance.
Secteur dit “traditionnel” de l’économie réunionnaise, l’agriculture a engagé un processus de modernisation. Cette
orientation ouvre de nouvelles perspectives face au défi de la sécurité alimentaire de l’île et de la zone océan Indien
et concourt à la dynamique d’innovation et de diversification de la production. La culture emblématique de la canne,
est également engagée dans la recherche (excellence dans la sélection variétale et l’hybridation naturelle), la
santé animale, l’innovation (des premières mondiales labellisées par « ERcane » notamment) et le développement
durable (valorisations par la chimie verte, régulation foncière, lutte contre les espèces végétales envahissantes).
Innovant, ce secteur est également pourvoyeur d’emplois et de savoir-faire.
La valorisation du secteur primaire passe aussi par l’amélioration de la production locale. Il s’agit de perfectionner
les procédés d’exploitation et de transformation des produits agricoles pour mettre en place une production durable et
plus respectueuse de l’environnement au bénéfice des consommateurs. Dans cette optique, le pôle de compétitivité
“Qualitropic” fédère des entreprises et des laboratoires de recherche publique et privée pour faciliter l’émergence
et la gestion de projets collaboratifs sur toutes les innovations qui visent la valorisation des ressources naturelles,
terrestres et marines de l’océan Indien. Il s’agit là encore donc de développer et mettre sur le marché de nouveaux
produits et services à forte valeur ajoutée et de nouveaux process toujours plus compétitifs et à haute qualité environnementale. La Réunion dispose d’une compétence européenne à vocation régionale dans la zone océan Indien, dans le
domaine de la qualité et de la protection de l’origine des produits (OCTROI – Organisme Certificateur Tropique Réunion
Océan Indien. Cette structure mériterait d’être valorisée comme instance relais dans la zone par l’Office vétérinaire et
alimentaire de l’Union européenne à Dublin.
OBJECTIF :
Faire le pari d’une bioéconomie à forte valeur ajoutée
Actions :
> Faciliter l’accès des chercheurs aux programmes européens de recherche et d’innovation (Horizon 2020
notamment) (52);
> Renforcer la structuration de la recherche comme réponse à l’absence de masse critique (53);
> Encourager les actions de coopération régionale au moyen d’instruments adaptés, en tenant compte
de la nature des dépenses liées à la mobilisation des chercheurs, des enseignants, des professionnels de
la santé, des entreprises innovantes et à la portée des actions de coopération menées à l’international
(impliquant des coûts de fonctionnement et de transport élevés) (54);
> Porter une attention particulière aux normes et à la certification européennes, ainsi qu’à la question
des brevets en valorisant les compétences européennes développées dans ce domaine à La Réunion, au
service de la zone océan Indien (55).
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RENFORCER LE SECTEUR PORTEUR DE L’« ÉNERGIE – ENVIRONNEMENT » : L’exploitation du potentiel énergétique
apparait comme la seule réponse à une dépendance énergétique qui n’a cessé de croitre sous la pression des besoins
et des usages.
Les projections démographiques pour 2030 annoncent une nouvelle hausse de la demande en énergie à laquelle
le territoire devra répondre tant en maîtrisant les dépenses en énergie fossiles qu’en développant de nouveaux
process dans un souci d’efficacité énergétique.
Dans cette perspective, La Réunion est engagée dans une politique énergétique forte visant la transition vers une
économie décarbonée et l’indépendance énergétique à l’horizon 2030. Pour y parvenir, elle peut s’appuyer sur le
Plan « PRERURE – Plan Régional des Énergies Renouvelables et d’Utilisation Rationnelle de l’Énergie », sur un potentiel
en énergies renouvelables immense mais également sur une véritable expertise dans ce domaine.
Dans le cadre de ce secteur d’avenir, trois priorités se dégagent :
> La réduction de la consommation d’énergie
Parmi les priorités liées à l’accroissement de la demande énergétique figurent la réduction des dépenses en énergies
fossiles et l’utilisation raisonnée des ressources notamment en matière de transports, de construction et de
consommation des ménages.
L’engagement du territoire vers l’autonomie énergétique à moyen terme s’accompagne d’une politique de développement des transports collectifs. Cette dynamique doit permettre de rendre attractifs les transports en commun face
à l’usage dominant de l’automobile.
Le secteur du bâtiment représente l’un des plus gros potentiels d’économies d’énergie après celui du transport.
Dans ce cadre, la construction de logements contribue à atteindre les objectifs climatiques de la Stratégie Europe 2020
et à répondre ainsi à l’urgence environnementale, tout en réduisant la facture énergétique des ménages et la dépendance énergétique. La Réunion dispose d’un savoir-faire dans le secteur de bâtiments (éco-construction, création et
adaptation de matériaux aux conditions climatiques extrêmes).
L’efficacité énergétique de La Réunion suppose également d’optimiser les réseaux de distribution. L’inscription
dans une démarche durable pour l’avenir implique d’envisager une transition vers des réseaux intelligents, dits «smart
grids» recourant aux nouvelles technologies, notamment numériques. Là encore, une approche globale à travers les clusters existants (Temergie – Cluster Énergie de l’île de La Réunion), mobilisant tous les acteurs, positionnerait La Réunion
comme chef de file de l’innovation.
> La sécurisation de l’approvisionnement en énergies
La Réunion doit miser sur le développement et la production d’énergies renouvelables. Sur ce point, elle possède, de
sérieux atouts : l’énergie solaire (chauffe-eau solaire et photovoltaïque), l’énergie éolienne, l’énergie hydroélectrique, la biomasse et les énergies marines. Ces possibilités sont déjà exploitées ou, à ce jour, envisagées. Elles représentent toutes des opportunités pour atteindre un mix énergétique raisonné entre énergies renouvelables et énergies
non-renouvelables.
Sur les énergies solaires, il existe aujourd’hui une industrie en plein essor qui dépasse le stade d’une simple industrie
de transformation limitée à l’assemblage. En effet, La Réunion dispose d’une vraie expertise en matière d’industrie et
de fabrication dans le domaine du solaire et du photovoltaïque. Il est à noter que la moitié des chauffe-eau solaires
de France sont installés à La Réunion. De plus, La Réunion possède des fermes photovoltaïques, parmi les premières
en Europe.
Si l’atteinte de l’objectif d’autonomie énergétique à l’horizon 2030 apparaît comme un véritable défi, les perspectives
sont tout à fait positives et méritent d’être encouragées.
Au-delà de la question de la production, la question du stockage des énergies pour une île non-interconnectée est
un enjeu vital. Pour l’avenir, il s’agit d’un point sur lequel les acteurs du secteur (industriels, chercheurs, autorités
publiques) doivent se pencher pour sécuriser et innover.
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> L’investissement dans le savoir-faire local
En termes d’adaptation au changement climatique, aux risques naturels et de valorisation des ressources, La
Réunion peut s’appuyer sur son expérience, celle de ses entreprises et chercheurs, pour développer la recherche
fondamentale et appliquée dans les domaines liés à l’énergie, l’agriculture, le bâtiment et l’environnement terrestre et marin. Elle dispose du potentiel nécessaire pour jouer un rôle moteur dans sa zone géographique et être chef
de file d’une bioéconomie tropicale.
Les applications du savoir-faire réunionnais sont multiples. La Réunion est pionnière dans le domaine des labels
d’éco-construction. Les chercheurs de l’Université de La Réunion (LPBS – Laboratoire de Physique du Bâtiment et des
Systèmes) et les industriels (le bureau d’étude INSET – Ingénierie Spécialisée en Équipements Techniques) ont créé le
label «PERENE – PERformance ENErgétique». Il s’agit d’un outil d’aide à la conception des bâtiments et des systèmes
applicable sur l’île de La Réunion qui a pour objectif de réduire de 30 % la consommation des bâtiments par rapport à
un bâtiment standard, tout en préservant le confort de ses occupants. Cette démarche partenariale a été reprise dans
le secteur de la construction de logements sociaux (opération « Ceylan » de la SIDR – Société Immobilière du département de La Réunion) dans une logique de promotion du «bien construire» à La Réunion. Les besoins en infrastructures
assurent un débouché certain au savoir-faire réunionnais qu’il importe de soutenir.
Les opportunités de développement en matière de valorisation et d’exploitation de l’environnement marin sont
considérables. A ce titre, le Pôle Régional Mer constitue un tournant décisif de la recherche marine de La Réunion et
de sa capacité à innover. Il permettra la mise en commun des compétences et des savoirs (IRD, IFREMER, Université de
La Réunion, ARDA, ARVAM, BRGM) au service des professionnels. Ce pôle, véritable cluster à vocation maritime, offrira
d’innombrables ouvertures sur son environnement et ses écosystèmes marins.
Autre exemple de savoir-faire, celui de la filière canne, exemplaire pour ce qui est de la valorisation des co-produits. La bagasse est la deuxième source d’énergie renouvelable après l’eau. Par son investissement dans la recherche,
l’innovation et le développement durable, la filière gagne en performance, crée des synergies, ouvre l’accès à de nouveaux marchés et contribue à la renommée de La Réunion.
Le défi énergétique nécessite des investissements dans la recherche et l’innovation qui sont hors de portée d’un
acteur public ou privé isolé. Pour susciter des investissements régionaux, des mécanismes financiers spécifiques,
pour les différentes étapes de l’innovation et du déploiement, doivent être mis en place.
OBJECTIF :
Renforcer l’efficacité énergétique en valorisant les savoir-faire de
La Réunion
Actions :
> Inclure La Réunion dans la stratégie européenne pour l’achèvement du marché unique de l’énergie
(56);
> Exploiter pleinement les possibilités offertes par les instruments financiers européens afin de soutenir le
développement des sources d’énergies renouvelables à La Réunion et dans le voisinage (57);
> Appuyer la recherche, l’innovation et le transfert technologique en encourageant et valorisant les coproduits (58);
> Favoriser la coopération régionale en valorisant le savoir-faire réunionnais en tenant compte de la
nature des dépenses liées à la mobilisation des chercheurs, des enseignants, des professionnels, des
entreprises innovantes et à la portée des actions de coopération menées à l’international (impliquant des
coûts de fonctionnement et de transport élevés) (59);
> Encourager l’expérimentation puis la mise sur le marché des technologies énergétiques nouvelles
durables, peu coûteuses, à haute performance et décarbonées (60);
La connaissance, la sécurisation et la valorisation des ressources seront les moyens par lesquels La Réunion instaurera une bioéconomie tropicale. Ce cadre favorisera le développement d’un environnement économique propice
à la croissance.
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«
PRIORITÉ 3 :
Un Parcours pour un Accès à une Créativité Territoriales en faveur de l’Economie
Territoire éloigné de l’Europe, isolé, avec un tissu économique
majoritairement constitué de petits établissements, l’économie de La Réunion évolue sur un marché local de taille très
réduite, qui jouxte parallèlement des marchés régionaux à
faibles coûts de main d’œuvre. Ses entreprises se trouvent
dans des conditions de concurrence directe par rapport à leur
environnement régional avec des pays tiers qui ne sont pas
soumis aux règles européennes.
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1. Garantir un marché local compétitif et performant
Parmi les contraintes structurelles qui pèsent sur le développement de l’économie réunionnaise, l’étroitesse du
marché impacte particulièrement les opérateurs économiques en termes d’opportunités d’investissements et de
rentabilité des fonds investis. Le jeu de la concurrence qui opère sur le continent européen ne s’exerce pas de la
même façon sur le marché réunionnais. Les entreprises implantées à La Réunion ne constituent pas de risques d’altération des échanges
intracommunautaires comme en témoigne la très faible attractivité du territoire pour ce qui est des investissements
étrangers voire même nationaux. Ce simple constat appelle des solutions qui soient pleinement adaptées.
La question de l’avenir de l’économie réunionnaise incite à poursuivre la réflexion sur l’évolution de son modèle
basé traditionnellement sur l’import-substitution. Dans ce cadre il s’agit de conforter les filières traditionnelles et
de mener, en parallèle, une politique incitative sur les leviers de croissance.
ACCÈS AU FINANCEMENT DES ENTREPRISES : Même si la création d’entreprise est très dynamique, la question se
pose de la pérennisation de l’activité pour des structures souvent fragiles et particulièrement exposées du fait de faibles
économies d’échelle. Dès lors qu’il s’agit d’innover, la prise de risque s’accentue dans un contexte de frilosité exacerbé
du secteur bancaire. Des réponses méritent donc d’être apportées pour poursuivre l’accompagnement des investissements à réaliser, compenser les surcoûts de l’ultrapériphérie et résoudre le manque de trésorerie. Faciliter l’accès au
financement bancaire reste primordial pour le développement du secteur entrepreneurial.
Le tissu entrepreneurial est confronté à des conditions plus difficiles d’accès au crédit et à une offre des établissements
financiers moins diversifiée. Pour être moteur de la reprise et de la création d’emploi, il importe donc de faciliter un
accès rapide et efficace aux moyens de financements.
Aujourd’hui, la panoplie d’instruments fiscaux et d’ingénierie financière apparaît comme adaptée au développement du
secteur économique. Qu’il s’agisse d’octroi de mer, de défiscalisation, d’accises à taux réduit, de fonds de garantie, d’outils de capital-risque, de soutien au microfinancement des entreprises, de dispositifs d’exonération de
charges sociales, il est fondamental que les cadres juridiques européen et national continuent d’accompagner,
pour l’avenir, le développement des entreprises. Ce cadre doit être également synonyme de stabilité afin de sécuriser
les porteurs de projet dans la durée. En effet, toutes incertitudes ou remises en question de tels dispositifs stratégiques
entraînent des effets dévastateurs dans notre économie (licenciements, retrait des investisseurs, frilosité des banques,
découragement des entreprises face aux risques encourus).
Pour remédier à cette situation, il importe aussi de conforter les instruments d’ingénierie financière, à l’instar des recommandations formulées par Pedro SOLBES MIRA dans son rapport du 12 octobre 2011 sur l’achèvement du marché
intérieur dans les RUP, y compris par un accompagnement de la BEI et du FEI. Cette orientation passe aussi par la mise
en place de formules innovantes de soutien des initiatives de l’entrepreneuriat réunionnais.
INVESTIR DANS LES LEVIERS DE CROISSANCE PAR LA RECHERCHE, L’INNOVATION ET LES CLUSTERS : La recherche
et l’innovation, en tant que facteurs de croissance économique et de forte valeur ajoutée pour l’économie réunionnaise,
est nécessaire pour gagner de nouveaux marchés par une offre performante et créer des débouchés et de l’emploi.
Parmi nos atouts, un tissu dense de TPE, des PME qui se donnent les moyens d’innover dans les domaines d’activités stratégiques tels que l’agro-nutrition, le tourisme, l’énergie et le numérique.
Les enjeux pour gagner en performance et accéder aux marchés portent plus particulièrement sur :
> une série d’opportunités à exploiter, en particulier dans les domaines des biotechnologies, de la tropicalité, de la
sécurité alimentaire, de l’énergie et du numérique ;
> des innovations à fort potentiel d’emploi à privilégier dans le secteur du tourisme,
> des gisements d’innovation à détecter et à encourager;
> un marché attractif et efficient à encourager, notamment en stimulant la créativité, en misant sur les jeunes et sur la
constitution de réseaux propices aux échanges ;
> la promotion de la culture de l’innovation et de l’accompagnement de la prise de risque, sur un marché où la masse
critique fait défaut, à engager ;
> un soutien à l’innovation non technologique et à l’innovation dans les services, le développement d’outils favorisant
la croissance et la maturité des projets issus de la recherche.
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Les règles européennes des aides à la recherche et à l’innovation nécessitent encore, au niveau du marché local,
une évolution significative afin de disposer d’une gamme d’outils incitatifs et ce, en parfaite cohérence avec les
priorités de la Stratégie EUROPE 2020.
Lorsqu’il s’agit d’accompagner les bénéficiaires potentiels à l’international, les instruments en vigueur sont trop
éloignés de la réalité réunionnaise. Bien que les futurs programmes européens en faveur de la recherche (HORIZON
2020) ou de la compétitivité des entreprises (COSME) contiennent un volet externe, ceux-ci n’offrent que peu de perspectives au regard du voisinage de La Réunion. Hormis l’Afrique du Sud ou l’Inde, puissances émergentes, la plupart des
marchés environnants de La Réunion (comme par exemple Madagascar, Maurice, Seychelles, Comores, Mozambique
notamment) ne réunissent pas forcément les conditions pour prétendre à un soutien financier de projets à l’international.
La Stratégie de Spécialisation Intelligente de La Réunion, actuellement en cours d’élaboration, aura pour tâche
non seulement d’inscrire La Réunion parmi les régions européennes dont l’économie dispose d’avantages compétitifs de premier plan, mais aussi d’identifier et de développer les activités du futur.
LES LEVIERS DE CROISSANCE
Ces leviers de croissance sont ceux qui allient, à partir des atouts de La Réunion, un fort potentiel de développement
en termes d’emplois.
Le secteur du TOURISME nous offre de réelles opportunités : premier poste d’exportation, levier économique qui
génère plus de 846 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et près de 7.000 emplois directs, le tourisme a
été placé au rang de priorité régionale 2010-2015.
L’objectif affiché est d’atteindre 600.000 touristes dans l’île à l’horizon 2015 et un million à l’horizon 2020. En
cohérence avec ces objectifs, l’offre touristique (hôtellerie, restauration, loisirs,...) tant qualitative que quantitative, doit
être renforcée. D’importants efforts ont été menés pour développer la compétitivité de la destination sur les marchés européens et étrangers. Le potentiel de croissance est évalué à 10.000 emplois, soit une augmentation de 7% de l’emploi
salarié.
Asseoir le tourisme sur les critères du développement durable : Pour améliorer l’image et l’attractivité de notre île en
lien avec nos spécificités et le classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO, La Réunion a pour ambition d’accompagner l’implantation d’éco-lodges dans des sites prestigieux qui auront pour principale caractéristique d’inscrire le
développement touristique de notre destination dans un cadre respectueux de l’environnement en privilégiant les énergies renouvelables mais aussi les filières courtes de restauration (en lien avec les agriculteurs, les professionnels de la
pêche, les coopératives, les marchés de proximité, l’artisanat, la filière biologique) ou encore en faisant de la découverte
du milieu naturel un véritable motif de séjour. Une approche spécifique aux problématiques des Hauts de notre île devra
être encouragée en misant sur la diversification de l’offre touristique et artisanale.
Depuis 2010, le concept des « Iles Vanille » a été conçu en faveur d’un tourisme à l’échelle de l’océan Indien.
Ce label, qui regroupe six îles de l’océan Indien (La Réunion, l’Île Maurice; Madagascar ; Les Seychelles ; Les
Comores ; Mayotte), joue sur les différences et spécificités de chaque île, en favorisant les synergies et les complémentarités au bénéfice de l’ensemble de la zone.
Globalement, il vise à la fois à redynamiser le tourisme dans la zone de l’océan Indien en fonction de la demande
internationale mais aussi à conquérir une part du nouveau marché touristique en s’appuyant sur les atouts de chaque
île. Les « Iles Vanille » permettent aux voyageurs, en quête de nouveaux produits verts et innovants, de découvrir la zone
océan Indien en un seul voyage.
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La stratégie régionale vise à renforcer les secteurs porteurs du tourisme en s’appuyant sur trois axes d’actions
complémentaires :
> Accroître la notoriété et la visibilité de La Réunion : tirer bénéfice des combinés « Iles Vanille », intégrer les réseaux
internationaux, utiliser Internet et les réseaux sociaux au meilleur de leur capacité, investir dans la signalétique numérique en s’engageant dans une démarche de « etourisme » ;
> Développer l’offre et accompagner le développement de l’écotourisme : accroitre les capacités d’hébergement
classé, améliorer la qualité globale des produits, structurer les filières, décloisonner les structures de formation par la
mise en place d’un plan d’action sur les métiers du tourisme et mettre en relation les différentes composantes de l’offre
(sport, culture, nature) ;
> Diversifier les marchés et élargir la saison : poursuivre la présence sur les marchés traditionnels (France, Allemagne), accentuer le travail sur les marchés en progression ou à potentiel (Suisse, Belgique, Afrique du Sud, Corée),
mutualiser la promotion avec les Iles Vanille sur les marchés émergents (Chine, Inde...)
L’économie réunionnaise s’appuie également sur des secteurs clés tels que l’agriculture, l’industrie diversifiée et
le bâtiment-travaux publics, qui lui ont permis dans un premier temps de se stabiliser et dans un second temps
d’impulser une dynamique de croissance. Aujourd’hui ces piliers, pourvoyeurs d’emplois, doivent être consolidés.
L’AGRICULTURE est un secteur particulièrement dynamique, pourvoyeur d’emplois et concourt au développement d’activités à haute valeur ajoutée pour lequel des parts de marché peuvent encore être gagnées. Au fil des années, le secteur
agricole, bien que fortement dépendant des intrants nécessaires à la production, a su faire valoir son propre modèle de
développement : sa politique de structuration est régulièrement qualifiée d’exemplaire.
L’économie agricole est construite sur deux piliers organisés en interprofessions. Le premier concerne la filière
canne-sucre-rhum-énergie qui constitue le pivot du système agricole réunionnais. Le second est la diversification
autour des filières végétale et animale. Les filières « élevages » sont arrivées à un stade de maturation qui leur a permis de s’organiser en interprofession dynamique. Les filières de diversification végétale débutent leur structuration. Cette
démarche fédératrice et innovante d’organisation engagée par les acteurs (professionnels, partenaires institutionnels et
financiers) est un atout considérable pour un territoire insulaire.
La Réunion a des capacités pour se positionner sur le marché mondial grâce à des produits de très haute qualité,
de niche. C’est dans cette optique que le « CIRAD – Recherche agronomique pour le développement » propose
notamment de créer une plate-forme régionale de recherche agronomique pour le développement (PréRAD) qui
se spécialiserait sur des produits de très haute qualité tels que le cacao haut de gamme, le poivre à queue ou
encore le café bourbon pointu.
Pour appuyer les projets de transformation de fruits et légumes, La Réunion est aujourd’hui doté d’un écosystème
d’innovation : le pôle de compétitivité Qualitropic, eRcane, l’Armeflhor témoignent d’un dynamisme dans ce domaine. Il
convient de développer un réseau technique de transfert pour généraliser l’innovation et accompagner les agriculteurs.
Le modèle de la petite entreprise familiale prévaut, permettant ainsi de maintenir l’emploi et de sécuriser le patrimoine
foncier. Néanmoins les territoires ruraux et périurbains sont exposés à la concurrence entre l’activité agricole et les
autres projets (logement, réseaux routiers, zones d’activité).
La question de L’EAU est associée à tous les enjeux. Accroître les rendements des sols situés en altitude est la
condition pour ne pas réduire le potentiel agricole qui passe par une extension des périmètres irrigués en faveur
du développement agricole et rural.
L’enjeu est aussi de maintenir et de développer les outils de production des agriculteurs pour aller vers un optimum de sécurité sanitaire et de sûreté alimentaire. Pour l’avenir, il s’agit également :
> d’améliorer la compétitivité vis à vis des produits importés par la structuration des filières, la professionnalisation
des exploitations, afin de mieux répondre aux attentes du marché, et en professionnalisant les exploitations par l’appui
technique, la formation continue, le développement du tutorat et la mise en place de fermes de référence ;
> d’améliorer la compétitivité des exploitations et des outils du secteur agro-industriel pour une meilleure performance
économique du secteur agricole, et répondre ainsi à la demande forte des consommateurs en produits alimentaires
bon marché ;
> Mettre en place une stratégie de différenciation, de reconnaissance de signes de qualité des productions locales
permettant notamment de valoriser des marchés de « niches » et développer les marchés à l’export.
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LA DIVERSIFICATION INDUSTRIELLE a permis aux entrepreneurs réunionnais de développer des activités dans tous les
domaines.
Pour l’avenir, les soutiens devront aussi se tourner vers de nouvelles filières notamment dans les secteurs de la
biochimie, des biotechnologies, du numérique, des énergies renouvelables et des matériaux de construction durables. Pour gagner en performance, il importe de développer les process, d’augmenter le niveau de compétences
et de l’encadrement des salariés, et d’investir dans l’innovation.
Pilier du développement endogène, l’industrie est par essence un moteur du développement durable dans ses trois
composantes :
Dans sa dimension économique, elle recense 360 entreprises et représente plus de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire,
d’une valeur ajoutée de 560 millions d’euros. Les différents secteurs concernés (agro-alimentaire, biens manufacturés,
biens d’équipement, ...) contribuent à une offre locale variée et de qualité, avec un réel effet régulateur sur les prix des
produits importés. Les filières agro-industrielles sont un maillon essentiel de la sûreté alimentaire.
Produire dans un environnement tropical régi par un cadre technique et environnemental européen, génère des compétences pointues et originales sur le marché local qui s’avèrent être un véritable potentiel à l’international ;
Dans sa dimension sociale, l’industrie concentre 12.000 emplois ainsi que de réels savoir-faire. Le coût du travail,
particulièrement élevé au regard des coûts salariaux beaucoup plus faibles relevés dans la zone, traduit aussi l’exigence
constante d’une excellence dont est porteur ce secteur.
Dans sa dimension environnementale, l’exigüité du territoire complexifie la cohabitation des usages (logement, commerce, industrie, protection de la nature). Elle nécessite des aménagements équilibrés ainsi qu’une programmation
éclairée qui anticipe, pour les éviter, les conflits d’usage. Dans ce cadre, les industriels sont pleinement engagés dans
une gestion durable optimale.
Parmi les priorités stratégiques défendues par les industriels figurent la maîtrise de l’énergie, les déchets, la nutritionsanté, la promotion des produits locaux et l’adaptation des normes et des produits aux spécificités de notre environnement.
LA PÊCHE ET L’AQUACULTURE se trouvent à un tournant majeur de leur existence et a fortiori, de leur émancipation économique qui dépend fortement de l’issue de la réforme en cours de la politique commune de la pêche (PCP). Au-delà de
l’esprit global qui guide cette réforme, aux antipodes de notre situation, il importe de placer ce secteur en situation de
se moderniser et de se diversifier pour construire sa propre voie de développement autour de quatre priorités d’action :
atouts, potentialités, expertise scientifique sur la gestion durable des stocks et ingénierie financière.
Cette orientation appelle à la définition d’un nouveau modèle économique de la pêche et de l’aquaculture à La
Réunion. Il s’agit donc de réenclencher un plan de développement de la flotte de pêche, au regard d’une ressource
halieutique disponible et du renchérissement du coût des intrants (carburants, appâts…). La pêche doit également
s’inscrire dans des standards de congelé de très haute qualité. Parallèlement, il s’agit de poursuivre la modernisation
des navires de petite taille et l’intégration de nouveaux pêcheurs par la construction de navires de pêche côtière.
Ce segment est un facteur de stabilité sociale, de cohésion économique et d’aménagement équilibré du littoral
réunionnais.
Le POSEI Pêche tel que conçu, ne permet pas de corriger toutes les imperfections auxquelles se heurtent la filière
dans leurs perspectives de développement. Pour ce faire, l’instrument doit encore évoluer et tenir compte des
questions relatives à l’exploitation, aux intrants, au marché local, à l’acheminement, à la structuration de la filière,
aux impacts sur le prix aux consommateurs, à la compétitivité, à la valorisation des produits de la pêche... Cette
approche constituera une réponse adaptée aux chainons manquants du marché unique, et au maintien d’une cohésion
économique, sociale et territoriale.
En termes de gouvernance, et dans l’esprit d’une responsabilisation des professionnels et d’une meilleure appropriation des enjeux, il convient de régionaliser, à l’échelle du bassin maritime de l’océan Indien, la gestion de la ressource
halieutique. En application du principe de subsidiarité, cette orientation est requise en ce qui concerne les Accords de
pêche que l’Union européenne conclut avec les États tiers voisins de La Réunion.
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Ce nouveau modèle ne serait pas complet s’il ne plaidait pas pour un retour économique de l’exploitation non
riveraine de l’océan Indien. Cette ambition s’accompagne d’un développement et d’une mise à niveau des infrastructures pour une plus grande attractivité économique et touristique.
OBJECTIF :
Améliorer la compétitivité des entreprises et rendre le marché local
attractif
Actions :
> Simplifier le cadre d’autorisation des aides au fonctionnement (compensation des surcoûts) et d’évaluation des effets des contraintes de l’ultrapériphérie (61);
> Prévoir des aides d’État à l’investissement incitatives dans le domaine de la recherche et de l’innovation
en parfaite cohérence avec le cadre des aides d’État à finalité régionale (62);
> Faciliter l’accès au financement en mutualisant les différents instruments d’ingénierie financière, y compris à l’international, pour limiter les prises de risques liées aux instabilités environnantes (63);
> Inscrire les pays voisins de La Réunion dans les volets externes du programme HORIZON 2020 et du
programme COSME ; Soutenir l’accès des entreprises réunionnaises au programme COSME (64);
> Consolider le dispositif de l’octroi de mer, outil au service du développement économique (65);
> Proroger les accises à taux réduit pour le rhum traditionnel de La Réunion (66);
> Encourager le soutien financier en faveur de l’apprentissage des langues étrangères (principalement
l’anglais) pour tous les acteurs de la filière tourisme et activités de loisir (67);
> Mettre en place des dispositifs de soutien globaux en faveur des entreprises touristiques et de l’artisanat engagées dans des opérations d’e-tourisme et d’éco-tourisme (68);
> Créer une plate-forme indiano-océanique de formation professionnelle aux métiers du tourisme (69);
> Conforter le cadre POSEI Agricole (70);
> Appuyer, par des dispositifs appropriés, l’approvisionnement en intrants (engrais) (71);
> Encourager la structuration d’une plate-forme de coopération régionale dans le domaine de sûreté
alimentaire, de sécurité sanitaire, de qualité des produits et de productions agroécologiques, animales et
végétales (72);
> Renouveler les aides à la flotte de pêche (construction, renouvellement et modernisation) (73)
> Autoriser le financement des dispositifs de concentration de poisson ancrés (74);
> Faire évoluer le POSEI Pêche dans un cadre élargi et adapté à la structuration et au développement de
la filière (75);
> Régionaliser à l’échelle du bassin maritime les Conseils consultatifs régionaux de pêche (76);
> Associer et informer La Réunion, dans le contexte des négociations des Accords de pêche et de dialogues dans les enceintes internationales, sur toutes questions d’intérêt pour les filières réunionnaises (77).
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2. Lever les obstacles aux échanges
A l’international, les entreprises évoluent dans un environnement à fort potentiel. Parallèlement, les marchés de proximité présentent aussi, parfois, certains risques liés aux instabilités politiques, à la corruption, l’insolvabilité des clients,
les risques de change liés aux fluctuations monétaires, l’endommagement des marchandises, etc.
Vis-à-vis des autres pays de la zone océan Indien, La Réunion possède des avantages comparatifs du fait des hauts
niveaux de qualification, de la qualité de ses infrastructures, du savoir-faire des entreprises et d’une compétence
dans la maintenance d’équipements de hautes technologies. La Réunion est dotée d’un fort potentiel en matière de
formation professionnelle, de santé et d’éducation. L’issue la plus favorable pour l’économie réunionnaise d’ici 2020
réside aussi dans la valorisation de nouveaux secteurs d’innovation permettant de renforcer son insertion régionale. Le
développement de la recherche permettra de conforter la position de chef de file de la Réunion sur ces secteurs.
Le renforcement de la compétitivité de La Réunion passe aussi par le soutien des initiatives à l’international dans
un esprit de complémentarités économiques dans la zone. Au regard de la localisation de l’île, les entrepreneurs se
tournent naturellement vers le voisinage pour conquérir de nouveaux marchés. Cette démarche se heurte toutefois à
une série d’obstacles aux échanges qui affectent aussi bien la prospection de nouveaux marchés, que les déplacements
physiques des chefs d’entreprises et des marchandises, les conditions de réalisation des investissements, leur financement et leur sécurisation.
Un travail d’articulation entre politiques publiques, recherche de performance et compétitivité des entreprises, permettra
à La Réunion de devenir un territoire attractif : attirer des capitaux à l’échelle européenne ou internationale est essentiel.
Pour ce qui est du déplacement des personnes et des marchandises, il est capital de disposer de dessertes
régionales régulières et de qualité, gages de réactivité et d’efficacité. Cela vise aussi bien les infrastructures, qui
nécessitent une mise à niveau constante, que les services. Or, dans la zone, les interconnexions de transport demeurent
lacunaires et méritent une attention particulière, concertée, entre La Réunion et les pays de la zone pour faciliter les
échanges. Le
cadre communautaire de la concurrence sur les aides d’État sur le transport aérien et maritime mérite d’évoluer pour
autoriser des aides au démarrage de service de transport au départ de La Réunion vers l’international.
Exclue de l’espace Schengen, La Réunion, se voit imposer un cadre réglementaire rigide concernant la délivrance
des visas de séjour et qui décourage aussi bien les voyages d’affaire que les voyages d’agrément. Ainsi, c’est à
la fois l’entrepreneuriat, le tourisme, les activités culturelles et sportives qui sont les premiers pénalisés, alors
même que l’Union européenne facilite via des exemptions de visas la circulation sur le territoire européen des
ressortissants étrangers.
Les échanges au sein de l’environnement régional sont encadrés par le droit international auquel se heurtent
les ambitions réunionnaises en faveur du développement économique, encadrées par les règles européennes. De
surcroît, les accords commerciaux internationaux (APE, Accords de pêche notamment), les dialogues institutionnels (de
type CTOI) comportent des angles morts dont La Réunion pâtit. Leurs impacts ne font jamais l’objet d’une évaluation
ex ante, dont les résultats permettraient d’identifier précisément les intérêts et les besoins de La Réunion. Comme l’ont
souligné à plusieurs reprises le Parlement européen, et le Comité économique et social européen, cette situation mérite
d’être corrigée.
L’asymétrie des multiples cadres juridiques qui s’appliquent dans la zone, place La Réunion dans une situation
particulièrement complexe. Elle s’illustre notamment par une différence de normes qui se chevauchent et qui finissent
par freiner le développement économique à l’international. Pour limiter les risques des investisseurs, il est aussi nécessaire de disposer d’un cadre réglementaire stabilisé, qui sécurise les transactions de part et d’autres de la frontière.
L’insertion inachevée de La Réunion dans le marché intérieur, se veut un argument constant, pour lequel il importe
de redéployer une stratégie de développement rénovée pour améliorer la compétitivité et donc les performances
du tissu entrepreneurial, créer un environnement propice à la saisie de toutes les opportunités, faciliter l’accès
aux marchés (local, international/voisinage, et européen) y compris en accompagnant, de façon appropriée, le
développement à l’international.
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OBJECTIF :
Soutenir le développement économique à l’international
Actions :
> Agir sur le cadre européen des aides d’État pour autoriser le développement économique à l’international
par des aides à l’investissement matériel et immatériel (78);
> Procéder à l’échelle européenne, à des analyses d’impact systématiques des accords commerciaux internationaux y compris de pêche et favoriser la présence de La Réunion dans les enceintes de négociation des
accords commerciaux internationaux et programmation des bailleurs de fonds internationaux dans la zone
(79);
> Valoriser les secteurs où La Réunion détient un avantage compétitif comme par exemple sur la question
de normes et de certification, les transferts de savoir-faire entre partenaires de la zone et la promotion des
standards européens (80);
> Optimiser les infrastructures locales de transport, de recherche et développement, de certification et de
contrôles au profit de la zone (81);
> Soutenir les projets d’approvisionnement mutualisé (82);
> Faciliter la circulation des chefs d’entreprises, des compétiteurs sportifs de La Réunion vers les pays de
la zone, et réciproquement, ainsi que des touristes ressortissants de pays tiers de l’UE (desserte aérienne,
visas)(83);
> Encourager la constitution d’entreprises communes (Joint venture) avec des partenaires de la zone (84);
> Adapter les règles de la politique de Cohésion et des aides d’État à finalité régionale afin que le futur programme de coopération territoriale européenne intègre des aides en faveur du développement économique à
l’international (85).
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NOtes
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*UDQGLUV'DJUDQGLUUD\RQQHU
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