19/10/10 Indice : 02 ENR-PIF55 1/2 La grande douve du foie un parasite qui reste d’actualité … La grande douve (Fasciola hepatica) est bien toujours présente en élevage bovin et ovin. Les cas de fasciolose (infestation par la grande douve) donnent souvent lieu à des manifestations peu spécifiques sur la santé des bovins et les conséquences cliniques et zootechniques apparaissent souvent non significatives, à tort. La grande douve, sa vie, son œuvre… La fasciolose (infestation par la grande douve) est une maladie contractée dans les prairies où les bovins ont accès à des zones humides. La contamination des bovins se fait par ingestion des formes immatures (métacercaires), qui vont rejoindre les canaux biliaires et causer un certain nombre de dégâts. La migration du parasite dans le foie va provoquer des lésions avec destruction des tissus du foie et apparition de lésions cicatricielles (fibrose, cholangite) qui constituent un motif de saisie à l’abattoir. A la perte économique directe liée à la saisie des foies douvés, il faut rajouter les pertes indirectes causées par le parasite. Cycle de la grande douve De nombreux dommages collatéraux… Le foie jouant un rôle central dans la santé des animaux, la déviation métabolique liée à la présence du parasite pénalise la croissance, la reproduction, retarde l’engraissement des animaux et provoque une baisse d’immunité. Concernant l’immunité, il faut noter que l’infestation par la grande douve peut dévier une part de l’immunité de l’animal et réduire ainsi la résistance aux infections bactériennes et virales ainsi que l’efficacité des vaccinations. La qualité du colostrum peut par conséquent se retrouver altérée chez des vaches infestées par la grande douve (incidence possible sur les maladies néonatales). A la vue des conséquences qu’entraîne sa présence, la grande douve doit être considérée comme clairement indésirable en élevage ! Toujours « trop » de saisies en abattoir : Beaucoup de foies en abattoir demeurent saisis. Les causes de saisies sont, un abcès, une adhérence … mais surtout et bien plus souvent qu’on ne le pense, présence de grande douve, petite douve, lésions dues au passage (récent ou pas) de la douve dans les canaux biliaires (avec calcification, cholangite…). ATTENTION, les informations sur les saisies de foie ne remontent pas toujours à l’éleveur. Lésions d’épaississement et de calcification des canaux biliaires, avec présence de parasites vivants ou pas (Observations lors de saisies en abattoir) Photos : JP GDMA36 Photos : JP GDMA36 Photos : JP GDMA36 19/10/09 Indice : 00 ENR-PIF55 2/2 Pas d’immunité de prémunition contre la grande douve L’immunité de prémunition n’existe pas dans le cas de la grande douve. C'est-à-dire que contrairement aux strongles digestifs, le bovin ne va pas s’immuniser au contact de la grande douve et se protéger correctement pour les éventuelles futures infestations. Par contre, cela ne veut pas dire que l’immunité du bovin ne sera pas sollicitée. En effet, le bovin va bien réagir au contact du parasite et va bien développer une réaction immunitaire qui aura pour but de se protéger du parasite. Seul problème, c’est que la réaction du bovin est souvent exagérée ! Certes, une partie des grandes douves va, soit mourir soit quitter la zone pour une partie non lésée mais les réactions vont entraîner des lésions irréversibles (réaction de fibrose et de calcification des canaux biliaires) sur le foie, l’amputant chaque fois un peu plus de ses fonctionnalités. C’est pour le bovin une double peine ! Il pâtit de la présence de la grande douve et de son comportement spoliateur, de plus, en réagissant il s’inflige des blessures qui ne feront que plus le pénaliser. Comment diagnostiquer la présence de grande douve dans un cheptel ? La sérologie (recherche des anticorps) présente un outil de choix pour le dépistage de la grande douve. Par contre, la coprologie (recherche des œufs de parasites dans les bouses) doit être interprétée avec prudence, en effet l’excrétion des oeufs de grande douve dans les bouses reste faible et aléatoire (un animal parasité peut donc sortir négatif en coprologie). Cependant, une mise en évidence d’œufs dans les fèces est sans appel et indique que l’infestation est bien présente. Pour une sérologie, l’échantillonnage nécessite le prélèvement sanguin de plusieurs animaux par lot (un lot pouvant être caractérisé par une conduite de pâturage identique), le nombre de prélèvements est à raisonner suivant la taille du lot. Les prélèvements sanguins réalisés sont ensuite analysés par mélange de 5. Quand réaliser ces sérologies grande douve ? Vous pouvez profiter de la prophylaxie annuelle pour faire réaliser ce dépistage sérologique. Sachant que les anticorps sont détectables dans le sang des bovins dès 15 jours après l’infestation et persistent 2 à 6 mois après disparition du parasite (si traitement efficace), il faut : - se méfier lors du prélèvement, des bovins qui auraient pu se contaminer tardivement au pâturage (avec des anticorps non encore détectables le jour du prélèvement). - ne pas prélever des bovins traités depuis peu contre la grande douve Quelles catégories de bovins prélever ? Dans le cadre de la prophylaxie, les bovins prélevés ont 24 mois et plus. Cependant, rien n’empêche le prélèvement d’animaux ne passant pas en prophylaxie sanguine (génisses d’un an, cheptel laitier) d’être prélevés. Le dépistage BVD sur les laitonnes de 8 -15 mois peut être aussi le moment propice au dépistage grande douve : dans ce cas les tubes prélevés pour la recherche BVD peuvent aussi servir pour la sérologie grande douve (un seul tube par bovin). La prophylaxie annuelle peut être l’occasion de faire le point sur la situation de votre cheptel. Une analyse « sérologie grande douve » peut être demandée sur un ou plusieurs mélanges (de 5 animaux) prélevés à l’occasion de la prophylaxie. Une action grande douve existe dans l’Indre. Parlez-en à votre vétérinaire Pour plus de renseignements : Julien Pauly – GDMA36 Pour plus d’informations n’hésiter pas à contacter le GDMA 02.54.08.13.80