www.cyceon.fr | 12 Juillet 2015 | Vol. 1, N. 17 EN BREF Le défaut financier de la Grèce impactera probablement les plus grandes économies européennes comme la France, l’Italie et l’Allemagne. Au-delà des considérations financières, le coût élevé qui inquiète les gouvernements sera politique. En Espagne avec Podemos et en France avec le Front National, un changement politique radical n’a jamais semblé aussi possible. La Chine « tous azimuts ». Le premier ministre chinois Li Keqiang a fait une importante visite officielle en France où il a déclaré que « les deux nations devraient renforcer leur confiance stratégique mutuelle et poursuivre le développement des relations bilatérales. Anticipant un accord avec le P5+1, l’Iran a déjà observé une amélioration de ses tendances commerciales et d’investissement. Selon des sources officielles, les exportations non pétrolières de l’Iran, une priorité du président Hassan Rohani, ont progressé et la balance commerciale du T1 2015 a été positive. La tension sécuritaire s’intensifie en Egypte où l’armée a annoncé avoir tué en 5 jours près de 250 djihadistes dans la péninsule du SinaÏ. La plupart d’entre eux sont présumés appartenir à l’EI. « Ce que nous appelons la crise grecque est l'incapacité générale de la zone euro à trouver une Les BRICS, 57 pays signent pour la nouvelle AIIB. Si le doute grandit concernant les marchés actions de la Chine – la chute a été rude depuis deux semaines après une envolée excessive de 100% et plus depuis le début de l’année – le gouvernement chinois a intensément poursuivi ses objectifs sur la scène financière internationale. La surprise, c’est que l’ouragan financier annoncé en Grèce pourrait attirer l’attention mondiale sur ces ambitions. Le développement accéléré par Pékin de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) inquiète réellement à Washington DC où le gouvernement américain (USG) la considère comme une tentative majeure d’amoindrir le rôle prééminent du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque mondiale et indirectement aussi celui du USG sur la scène internationale. L’accord cadre établissant la nouvelle AIIB a été signé cette semaine par 57 pays participants et a révélé qu’avec €26,8 milliards, la Chine est devenue le principal contributeur au capital de l’AIIB d’un total de €89,4 milliards, suivie par l’Inde et la Russie, respectivement deuxième et troisième plus importants contributeurs. C’est donc dans le cadre d’une certaine discrétion médiatique, du moins vu d’Europe, que la Chine a mis sur pieds le premier et principal bras financier des BRICS. En dépit de difficultés économiques sévères, notamment au Brésil, en Russie et en Afrique du sud, les BRICS ont réaffirmé leur foi dans la défense de leurs intérêts communs à long terme sous la détermination décisive et résolue de Pékin. Alors que l’Union européenne (UE) et la Banque centrale européenne (BCE) continuent à prédire qu’en cas de « Grexit », la Grèce subirait une crise économique sans précédent, il y a une question, peut-être volontairement oubliée qui demande si une telle crise arriverait si la Chine et/ou la Russie prenaient le relais du FMI concernant l’aide financière à la Grèce? Tant le coût que le risque seraient élevés, mais comme petit pays, la Grèce pourrait être un parfait point d’insertion pour les intérêts politiques chinois et/ou russes à l’intérieur de l’UE. Juste au moment où la Grèce est bord du gouffre financier, la nouvelle AIIB vient tout juste d’être créée. Ce pourrait être plus qu’une coïncidence, probablement un tournant décisif. Chute du marché chinois, doit-on s’inquiéter? Il y a quelques jours encore, l’on pouvait lire des commentaires ou des réactions du secteur financier et du monde politique selon lesquels l’économie chinoise ne nourrit pas d’inquiétude particulière et que son taux de croissance économique moins impressionnant qu’à l’accoutumée traduit son évolution vers une « nouvelle normale. » La volatilité accrue et la lourde chute des marchés financiers chinois ont soudainement fragilisé l’optimisme général pour le remplacer par une certaine crispation. En effet, si la tendance négative marquée de ces dernières semaines est à relativiser puisque les indices CSI et XINHUA sont encore à des niveaux records par rapport au début de l’année, à l’euphorie excessive pourrait bien avoir succéder une prudence inquiète. Et l’inquiétude est d’autant plus grande qu’elle est amplifiée par une couverture médiatique qui vendait les marchés chinois comme une formidable opportunité d’investissement il y a encore quelques semaines pour finalement s’interroger sur leurs excès ces derniers © 2015 Cyceon, tous droits réservés, reproduction interdite sans autorisation écrite préalable. 1/2 www.cyceon.fr | 12 Juillet 2015 | Vol. 1, N. 17 solution permanente à la crise de la dette autoentretenue. En fait, cela est un problème européen, et non pas un problème grec exclusivement, »a expliqué le PM grec Alexis Tsipras aux députés européens. Le ralentissement de la productivité vient s’ajouter aux préoccupations concernant les perspectives économiques à long terme. L’OCDE montre néanmoins qu’il est possible de redynamiser la diffusion de l’innovation pour stimuler la croissance de la productivité et la rendre plus inclusive. Les pays occidentaux voudraient que reste actif l’embargo sur les exportations d’armes vers l’Iran dans le cadre d’un accord sur le programme nucléaire iranien qui reste encore à trouver. Il semble toutefois que le CCG dépenserait 13 fois plus que l’Iran dans ce domaine. Voilà de quoi mécontenter un peu plus en Europe continentale. Le gouvernement du R-U a abaissé le taux d’impôt sur les sociétés de 20% à 18%. Ceux de la France et de l’Allemagne s’élèvent respectivement à 33% et 29,65%. La Russie a annoncé un excédent commercial de €72 milliards depuis début 2015 alors que les sanctions concernant l’Ukraine ont coûté beaucoup à l’Europe. Lire plus d’En Bref. jours. Mais le cœur du problème n’est pas là. Il est plutôt dans l’incapacité des acteurs du marché d’analyser les causes probables d’un ralentissement plus marqué que prévu de l’économie chinoise à plus long terme. Au lieu de cela, préfère-t-on habituellement accuser les vendeurs à découvert d’avoir survendu le marché alors qu’on ne pipait mot lorsque les acheteurs sur-achetaient. Mieux encore, des forces étrangères hostiles chercheraient à déclencher la panique parce qu’elles n’aiment pas la Chine. Plus sérieusement, l’économie de la Chine pourrait s’affaiblir car elle se normalise en effet, ce qui implique un ralentissement indispensable pour éviter la surchauffe et répondre durablement aux besoins d’une population de plus en plus exigeante. Existent aussi des difficultés structurelles qui pourraient menacer les fondements mêmes de l’économie chinoise si celle-ci devait un jour souffrir d’une récession. La plus sérieuse d’entre elles sont le manque de transparence du secteur bancaire chinois et la généralisation de la finance de l’ombre (« shadow banking ») qui empêchent l’évaluation complète de la dette qui pourrait s’avérer plus importante et d’une qualité moins bonne qu’attendue. S’il y a eu manipulation sur les marchés financiers chinois, ce fut probablement plus à la hausse qu’à la baisse. L’euro qui saute dans l’inconnu, c’est maintenant. Le « non » des grecs à l’occasion du referendum portant sur le plan proposé par la Troïka est un séisme dont on ne peut pas encore tout à fait mesurer les implications politiques et financières. Si les marchés financiers avaient largement anticipé le résultat du vote, en ne perdant qu’environ 1,5 à 2% en moyenne le jour d’après, ce pourrait être le calme qui précède la tempête. La simultanéité de la chute des marchés financiers chinois et du cours du pétrole est une circonstance aggravante qui accroît le doute, habituellement source primaire de volatilité. De plus, les investisseurs ne pourront guère compter sur ces nombreux « analystes » qui semblent avoir fusionné leur vœu personnel avec l’affirmation qu’ils ont livrée pendant des semaines à savoir qu’un accord serait forcément trouvé in extremis entre la Grèce et ses créanciers. Au final, non seulement aucun accord n’a été trouvé mais la situation est autrement plus difficile qu’elle ne l’était avant ledit referendum. La preuve réside dans la précipitation un peu forcée des responsables politiques pour affirmer leur conviction toute neuve selon laquelle le « non » grec n’est finalement pas si grave – hormis pour la Grèce, presque désormais promise à l’enfer – après avoir sonné l’alarme en expliquant à qui voulait l’entendre qu’un « non » grec serait une catastrophe tant pour la zone euro que pour la construction européenne dans son ensemble. Si saut dans l’inconnu il y a, force est de constater qu’il ne concerne pas seulement la Grèce puisque ceux-là même qui affirment que les autres pays – tous sauf la Grèce – y échapperont manquent désormais un peu de crédibilité. Diplomatie ou ingérence? Tsipras ouvre la porte à Obama. « Le président américain Barack Obama a reçu une mise à jour du Premier Ministre grec Alexis Tsipras relative à ses idées pour une voie à suivre entre la Grèce et ses créanciers. Obama a rappelé qu'il est dans l'intérêt de tous que la Grèce et ses créanciers parviennent à un accord mutuellement acceptable, » lit-on dans le très court communiqué publié par la Maison Blanche le 7 juillet 2015. Pourquoi Tsipras annonce-t-il ses intentions à Obama? Et en quoi est-il pertinent pour Obama de s’intéresser à la Grèce et à sa crise financière sans fin? Lire plus. © 2015 Cyceon, tous droits réservés, reproduction interdite sans autorisation écrite préalable. 2/2