INTERVIEW 1/Pour quelle raison vous avez opté pour visiter la Grèce et réaliser cette conférence ? 1 – J’adore la Grèce, j’y vais depuis 1974, j’y ai beaucoup d’amis. La Grèce compte parmi les plus grands pays en terme d’avancées en cancérologie et le professeur Vassili Georgeoulias, de l’Université de Crête est l’un de mes meilleurs amis et j’ai eu l’honneur d’être nommé l’année dernière Professeur Honoraire dans son université. 2/ Vous venez de présenter au public grec, votre nouveau livre intitulé Le vrai régime anticancer. Qu’est-ce qui a donné naissance à ce livre? Qu’est-ce qu’on peut y découvrir de révolutionnaire ? 2 – J’ai eu envie d’écrire ce livre, « le Vrai Régime anti-cancer » afin de mettre à plat la question des liens entre alimentation et cancer et de colliger l’ensemble des données disponibles sérieuses, contrôlées, qui permettent de dégager des grands idées sur les liens qui peuvent exister, soit à titre prévention, soit à titre d’aggravation du risque, entre ce que nous mangeons et le risque de développer tel ou tel cancer. Ce que j’ai découvert en faisant ce travail de compilation d’informations, en ne gardant que les expériences faites chez l’homme à l’exclusion de toutes expériences animales ou de cellules cultivées en laboratoire, a complètement bouleversé les idées que j’avais sur ce sujet. 3/ Est-ce que vos propositions alimentaires peuvent s’adapter aux traditions de tout pays ? 3 – Les propositions alimentaires relativement saines que je préconise, après avoir étudié de façon très exhaustive l’ensemble des données existantes sur ce sujet, me conduisent à penser que les propositions les meilleures peuvent effectivement s’adapter à toutes les traditions, dans tous les pays. 4/Est-ce que ces propositions pourraient être adoptées par toute personne, indépendamment de son appartenance sociale ou religieuse et de ses revenus ? 4 – Oui ces propositions sont indépendantes de l’appartenance sociale, religieuse ou des revenus. Des choses aussi simples que substituer le jus d’orange que nous avons l’habitude de prendre au petit déjeuner par du jus de grenade, éviter de consommer des poissons potentiellement cancérigènes, comme le thon rouge, le saumon, l’espadon et préférer plutôt manger des sardines ou du cabillaud n’entraine à mon sens aucune difficulté particulière. 5/Vous insistez à la prévention du cancer grâce à l’alimentation. Est-ce que les enfants pourraient être à l’abri de cette maladie ? A quoi les parents doivent focaliser leur attention et leurs soins ? 5 – Je pense, comme je l’ai dit souvent et comme je l’ai écrit dans ce livre, que la plupart de mes conseils s’adressent surtout aux mères de famille afin qu’elles les appliquent à leurs enfants. En effet, il faut considérer qu’il faut entre 20 et 30 ans pour fabriquer un cancer, entre le jour où une première cellule chez un individu devient cancéreuse et le jour où cette cellule s’étant multipliée, aboutit à l’apparition d’une véritable tumeur. (Je vous rappelle à ce propos qu’une tumeur de 1 cm contient déjà un milliard de cellules regroupées les unes sur les autres). Il est donc important, très tôt dans la vie, de donner de bonnes habitudes alimentaires, de donner les meilleurs aliments préventifs dès que possible, particulièrement chez les enfants. 6/ L’école, pourrait-elle jouer un rôle déterminant à cette campagne de prévention ? Par quels moyens ? 6 – L’école, bien sur, doit jouer un rôle fondamental car elle doit reprendre son rôle légitime d’éducation, sur les rapports entre l’homme et la nature, nature qui nous fournit la plupart de nos aliments et doit également, parce que la plupart des enfants prennent le repas de midi à la cantine, nous habituer à répondre aux règles d’or d’une alimentation la plus anticancer possible. 7/Vous avez aussi mentionné le grand nombre de préjugés qui régissent notre vie quotidienne et définissent nos comportements alimentaires. Est-ce que vous pouvez vous référer à ceux que vous considérez comme les plus dangereux et indiquer les actions précises qui conduiraient à leur élimination progressive. 7 – Les préjugés sont nombreux. Dans mon pays en France, on parle beaucoup du rôle préventif des omégas 3. En réalité plusieurs études viennent de montrer que la consommation excessive d’oméga 3 pourrait augmenter le risque de certains cancers de prostate chez l’homme. Il en est de même de la consommation de vitamine E pour laquelle une très belle étude, appelée SELECT, a montré que la consommation de vitamine E chez l’homme augmentait de 30 à 40 % le risque de cancer de prostate. Je pourrais ainsi vous donner des dizaines d’exemples, tout à fait significatifs. 8/ Qu’est-ce qui d’après vous, pourrait convaincre les enfants et les adolescents à prendre soin de leur santé et à s’en occuper sérieusement ? Quel pourrait être le motif le plus efficace ? 8 – Il est difficile de convaincre les enfants et les adolescents de prendre soin de leur santé car à leur âge, la maladie et la mort semblent tout à fait abstraites. Le meilleur moyen d’agir est certainement de parler de gout, de plaisir et de variété. Il faut trouver le moyen de rendre ludique l’éducation sur le goût et l’alimentation. 9/Est-ce que vous avez l’intention de monter un projet axé autour des besoins alimentaires de la jeune génération? 9 – Je n’ai pas l’intention de monter un projet mais certainement de continuer ce travail sur la compilation d’informations régulières sur les liens entre alimentation et tabac et cancer. Paris, le 7 octobre 2013 Professeur David KHAYAT