Messe en latin: les évêques de France au pied du mur

publicité
FranceSociété
12
samedi 30 juin - dimanche 1er juillet 2007
1
Messe en latin:
les évêques
de France
au pied du mur
RELIGION
Alors que Benoît XVI doit
rendre public cette semaine
le motu proprio libéralisant
le rite de saint Pie V,
les évêques de France
prennent acte de la volonté
du Pape, mais restent
circonspects.
« NOUS ne souhaitions pas ce document […] Mais nous accepterons ce
que le Pape demande et ferons de
notre mieux pour aller dans le sens
qu’il demande. » Tenus sur les
ondes de Radio Vatican par l’archevêque de Toulouse et président de
la
commission
liturgique,
Mgr Robert Le Gall, ces propos illustrent la position des évêques français. Après avoir clairement manifesté leur réticence face à la
libéralisation de l’ancien rite en
latin ces derniers mois, ils sont
désormais placés au pied du mur.
La publication du motu proprio est une question de jours, les
évêques devant recevoir le document dans leur boîte aux lettres –
avec un message d’explication de
Benoît XVI – avant qu’il ne soit rendu public. Le climat, pourtant, est
tendu. Et l’on s’attend à une levée
de boucliers, au moins de la part de
cette partie du clergé et des laïcs
qui ont « fait » l’Église dans les
années 1970. « Je regretterais que
l’Église apparaisse comme un espace de vaines polémiques, anticipe
avec prudence Mgr Benoît Rivière,
évêque d’Autun. Loin d’un esprit de
querelle, il nous faut comprendre la
volonté de Benoît XVI qui souhaite
tendre la main aux catholiques en
rupture ou au bord de la rupture. »
Inutile donc de se battre « sur des
questions de ritualisme », ajoute le
prélat. Mais pas question non plus
de transiger à l’avenir « sur la communion nécessaire avec l’Église et
son magistère ». Et donc avec les
enseignements du concile Vatican
II, dont une partie est mise en cause par les traditionalistes et les lefebvristes, qu’il s’agisse de la liberté
religieuse, de l’œcuménisme ou de
la collégialité.
« Fortes tensions »
« Je n’ai pas l’habitude de crier
avant d’avoir mal ! » affirme pour
sa part M g r Michel Dubost qui,
comme son homologue d’Autun,
préfère pour le moment mettre en
avant la volonté romaine de réconciliation et d’unité, tout en restant
« très attentif » à ce que le texte va
contenir. L’approche de l’évêque
d’Évry se veut a priori bienveillante. Il comprend – même si le latin
n’est pas vraiment sa tasse de thé –
que « dans une société mondialisée, certaines personnes puissent
avoir besoin de rites pour marquer
leur identité » et que « l’Église est
appelée à réfléchir sur cette dimension rituelle ».
Mgr Dubost, lui aussi, va s’efforcer de recevoir le texte « du mieux
possible », mais refuse pour l’instant de s’exprimer sur le point susceptible de créer des remous chez
les évêques s’il était confirmé.
Selon nos informations, il devrait
revenir aux curés d’accepter, ou
non, la célébration des messes tridentines dans leur paroisse, selon
des modalités préalablement définies par l’évêque qui disposera
d’un délai pour mettre en place le
contenu du motu proprio dans son
diocèse.
Moine de l’abbaye SaintMartin de Ligugé, auteur d’un
ouvrage sur le sens de ces deux
liturgies (1) et enseignant en liturgie au sein de l’Institut catholique
de Paris, le père François Cassingena-Trévedy redoute, sans mettre
en cause la valeur de l’ancienne
liturgie, l’avènement d’une logique
de service « à la carte » qui serait
« paradoxalement très moderne ».
SOPHIE DE RAVINEL
(1) Te Igitur, Éditions Ad Solem.
Les images du rite en latin
sur www.lefigaro.fr
Donnez votre avis
sur www.lefigaro.fr
Approuvez-vous la
libéralisation de la messe
de saint Pie V en latin ?
Déjà une centaine de messes « tradis » chaque semaine, en union avec Rome
■ La messe de saint Pie V est munautés attachées au rite plus d’évêques ont demandé à
célébrée dans près de 300 lieux
de culte en France, selon la revue
traditionnelle Oremus. Mais
seuls 132 d’entre eux y sont
autorisés par l’autorité ecclésiastique, répartis dans 72 diocèses.
Dans 64 d’entre eux, le rythme
est hebdomadaire, ce qui fait que
chaque semaine environ, une
centaine de messes sont célébrées dans l’ancien rite, en communion avec Rome.
Dans quelques-uns de ces diocèses, les messes tridentines
sont célébrées dans des communautés monastiques ou religieuses. Une quinzaine de com-
traditionnel et attachées à Rome
existent en France, qu’elles
soient dominicaines, bénédictines ou autres, présentées dans
un album de textes et photos,
fraîchement édité par La Nef et
rédigé par Thomas Grimaux.
Beaucoup des quelques milliers
de fidèles attachés « à la Tradition » affirment être proches de
l’une ou l’autre de ces communautés.
Mais, en dehors de ce cercle des
communautés dites « Ecclesia
Dei » – du nom du dicastère
romain chargé du lien avec les
fidèles tridentins – de plus en
des prêtres diocésains de célébrer la messe de saint Pie V pour
ces fidèles.
Parmi ces prêtres, on trouve un
bon nombre de prêtres anciennement liés à la Fraternité SaintPierre – ou à la fraternité lefebvriste de saint Pie X – mais qui
ont fait le choix d’être directement rattachés à leur évêque.
Cela a été le cas pour certains
prêtres de l’église Saint-Georges de Lyon, cela le sera sans
doute prochainement à l’église
Notre-Dame-des-Armées à Versailles.
S. DE R.
L’Église attentive aux mouvements scouts catholiques
SCOUTISME
Pour fêter leur centième
anniversaire, 15 000 scouts
et guides planteront la tente
ce dimanche à Paris. Benoît
XVI a exhorté les principaux
mouvements catholiques
à faire du scoutisme le lieu
d’une «proposition
chrétienne forte».
CRÉÉ il y a tout juste cent ans par
Baden-Powell, le scoutisme s’est
développé en France dès 1910
comme un mouvement catholique, sous l’impulsion du jésuite
Jacques Sevin (1). Si, aujourd’hui,
des associations laïques, protestantes, juives ou musulmanes
existent aussi et font preuve de
dynamisme, les trois principaux
mouvements restent catholiques,
qu’il s’agisse des Scouts de France,
des Scouts unitaires de France ou
des Scouts d’Europe. À eux trois,
ils regroupent plus de 100 000 jeunes dont un peu plus de la moitié
chez les Scouts de France.
L’Église sait d’expérience que
ce mouvement de jeunesse qui
développe le sens des responsabilités individuelles et du don de soi
est un terreau de vocations sacerdotales ou religieuses, mais aussi
de chrétiens laïcs engagés. D’où
l’attention qu’elle porte à son
développement. Benoît XVI a ainsi rappelé dans une lettre adressée
le 22 juin au président de la
Conférence épiscopale, Mgr JeanPierre Ricard, que lorsqu’il est
« fécondé par l’Évangile », le scoutisme est « non seulement un lieu
de croissance humaine vraie, mais
aussi le lieu d’une proposition
chrétienne forte et d’une véritable
maturation spirituelle et morale,
ainsi qu’un authentique chemin
de sainteté ».
Responsable des mouvements de jeunesse pour l’épisco-
pat français, M gr Benoît Rivière
précise qu’il n’y a « aucun calcul » dans cette attention portée
au scoutisme, mais souligne que
ce milieu – « incarné et ouvert
aux autres » – est « porteur pour
le devenir des vocations dans
l’Église ».
Réenracinement évangélique
Souhaitant, à la suite du Pape,
que « des collaborations puissent
se réaliser, dans le respect des sensibilités de chaque mouvement, en
vue d’une plus grande unité au
sein de l’Église », l’évêque d’Autun
souligne que chacun de ces mou-
vements possède son propre
« accent spirituel » : « la dimension familiale » chez les Scouts
unitaires de France, « la radicalité
évangélique » chez les Scouts
d’Europe, « l’engagement citoyen »
chez les Scouts de France. Pour ce
dernier mouvement, qui accueille
largement des chefs et cheftaines
plus ou moins éloignés de l’Église,
« la question de la proposition de
la foi est une tension permanente,
un immense défi ». Aumônier des
Scouts et Guides de France, le
père Jean-Marie Mallet-Guy est
bien conscient de l’enjeu, lui qui
vient de publier Naître à la Parole
(Presses d’Île de France). Un guide venant souligner une démarche de réenracinement évangélique entreprise ces dernières
années. « Le scoutisme, quel que
soit le mouvement, est une chance
pour la société, une grâce pour
l’Église et l’occasion pour les jeunes
de cheminer sous le soleil de
Dieu », résume Thierry Berlizot,
président des Scouts unitaires de
France.
SOPHIE DE RAVINEL
(1) Jacques Sevin, fondateur
et mystique, Madeleine Bourcereau,
Salvator.
EN BREF
Cheb Mami promet d’assister à son procès
JUSTICE. Le chanteur franco-algérien de raï Cheb Mami, actuellement
organise une vente exceptionnelle
de bijoux et de montres
à prix préférentiels au profit de la
en Algérie sous le coup d’un mandat d’arrêt international, assure ne
pas vouloir « fuir (ses) responsabilités » et promet qu’il sera en France
pour son procès, dans une interview publiée hier par le quotidien Libération. Mis en examen en octobre 2006 pour « violence volontaire,
séquestration et menace » sur son ex-compagne, Cheb Mami, 40 ans, a
fui en Algérie après trois mois de détention provisoire en France.
Quatre gitans condamnés pour meurtre
ASSISES. La cour d’assises des mineurs des Pyrénées-Orientales a
vendredi 29 juin 2007 de 11h30 à 18h
et samedi 30 juin 2007 de 10h à 15h
condamné hier quatre gitans à des peines allant de sept ans de prison à
dix-huit ans de réclusion criminelle pour le meurtre du Franco-Algérien Mohammed Bey Bachir, commis le 22 mai 2005 à Perpignan. Un
cinquième accusé a été acquitté. Il y a deux ans, l’homicide avait provoqué de vives tensions entre les communautés gitane et maghrébine
de la ville. Hier, le verdict a été accueilli dans le calme.
Le braqueur au sac plastique arrêté à Boulogne
Hôtel Four Seasons - George V
31, avenue George V - Paris 8e
C
Pour toute information : 01 44 77 26 26
SÉCURITÉ. Un homme de 46 ans a été interpellé jeudi après-midi à
Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) par la troisième division de
police judiciaire, après s’être vu refuser l’accès à une agence BNP Paribas. Auteur présumé de dix-huit braquages commis depuis
février 2006 à Paris, mais aussi dans l’Essonne et à Perpignan, l’homme, qui avait pour habitude d’enfourner son butin dans un sac plastique, était activement recherché par la PJ.
AGRESSION. Deux jeunes gens de
17 et 18 ans, soupçonnés d’avoir
violemment agressé un adolescent
de 14 ans, en mars, près de
Montbéliard (Doubs), pour
réaliser une vidéo diffusée sur
Internet, ont été mis en examen
pour « violences aggravées » et
écroués hier.
VIOLENCE. Un forcené, qui
menaçait des policiers dépêchés à
son domicile de Mantes-la-Jolie
(Yvelines) après le signalement
d’un différend familial, a été
interpellé par le Raid dans la nuit
de jeudi à hier. À 1 heure du matin,
l’homme avait mis le feu au
véhicule de sa concubine.
SANTÉ. Le Comité national contre
le tabagisme (CNCT), qui avait
assigné un commerçant nancéen
et son fournisseur italien parce
qu’ils vendaient des vêtements
portant le nom de la marque
de cigarettes Marlboro, a été
débouté hier par le tribunal
correctionnel de Nancy.
Téléchargement