Eucalyptus et environnement - Biomasse

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N°1-2006
Fiche n° 725
!
Environnement
" Eucalyptus
" TCR
Eucalyptus et environnement
sur les éventuels impacts environnementaux
des plantations dans le contexte français.
Cette Fiche Informations-Forêt présente une
synthèse des réflexions et des études réalisées
en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol,
de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est
également faite sur la thématique de
l’acceptation sociale.
Le pH
De manière générale, l’afforestation d’anciennes
terres agricoles tend à faire baisser le pH car
l’apport de matière organique et le processus
d’humification conduisent à une acidification
naturelle du milieu.
En France, les relevés effectués sur des
parcelles d’une dizaine d’années montrent une
différence de quelques dixièmes de points pH
par rapport à des peuplements feuillus mais ne
révèlent pas de différence significative avec les
sols agricoles adjacents. On retiendra que
l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce
paramètre mais ne conduit pas non plus à une
acidification marquée. Les phénomènes de
podzolization n’ont jamais été rencontrés.
!
L’eucalyptus est l’une des principales espèces
forestières plantées dans le monde. Sa forte
croissance, la palette d’espèces disponibles
et sa rusticité permettent d’établir rapidement
une ressource et de répondre à des besoins
divers, industriels (bois de trituration) ou
domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après
la FAO, il y aurait actuellement environ
19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays.
- FORÊT
Les éléments minéraux
Les exportations de biomasse (récolte du bois)
occasionnent une perte en minéraux. C’est la
répétition des récoltes selon une fréquence
élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une
compensation suffisante par des apports
extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des
minéraux du sol, fertilisation, rémanents
d’exploitation laissés sur coupe, écorçage).
En France, les peuplements sont conduits en
Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années.
Les houppiers ne sont pas valorisés et restent
sur coupe. Dans ces conditions, les exportations
minérales sont très inférieures à celles de
nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le
calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est
maintenant réalisé de façon quasi systématique,
permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N)
et du potassium (K), 10 % du phospore (P),
80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg).
En France, l’eucalyptus est planté depuis une
vingtaine d’années dans le sud-ouest de la
France. Un programme de développement a
été initié par le groupe industriel TEMBEC pour
l’approvisionnement d’une de ses usines de
pâte à papier, située à St Gaudens. La surface
plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés
essentiellement dans la région
Midi-Pyrénées.
Le souhait d’intégrer ce
programme de développement
de l’eucalyptus dans un cadre
durable amène à s’interroger
Des études réalisées au Congo1 et en Galice2
en intégrant les différents flux de minéraux
montrent que sur des rotations d’une dizaine
d’années, si les rémanents d’exploitation sont
L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR).
Sylviculture intensive ou culture extensive ?
1
(1)
Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet,
2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent
savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences
for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management
210 (2005) 375-391.
(2)
Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras,
2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants
forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38.
- FORÊT
L’eau
laissés sur place et si l’on procède à un
écorçage, il y a un relatif équilibre entre les
exportations et les apports extérieurs pour les
éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente
un déficit marqué.
Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL
en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont
montré cependant qu’un apport d’azote
n’entraîne aucune augmentation significative de
rendement. Les stocks minéraux des sols
agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien
pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi.
Bilan des minéraux majeurs d’une plantation
d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au
Congo (extrait de Laclau et al, 2005)
50
0
-50
-100
-150
-200
-250
N
P
K
Ca
Mg
-300
Scénario 1
Scénario 2
Scénario 3
! Disponibilité de l’eau dans le sol
De manière générale, le prélèvement en eau
d’un couvert forestier est supérieur à celui
d’autres types de végétation. Il en découle des
profils hydriques plus secs, notamment dans
l’horizon de surface où se concentrent les
racines. Plus généralement, l’afforestation
d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit
l’espèce utilisée, induit une diminution de la
recharge du sol et de la disponibilité en eau, et
peut réduire le rendement des bassins versants
si la surface forestière est significative3,4,5.
Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une
croissance rapide et un feuillage pérenne qui
entraînent des consommations relativement
élevées, du même ordre de grandeur que les
résineux. La bibliographie rapporte en outre une
tendance à favoriser le développement d’une
couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait
rendre plus difficile l’humectation de l’horizon
superficiel et contribuer à une plus grande
sécheresse du sol en surface.
Scénario 4
Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage
Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu
Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage
Scénario 4 : Récolte des arbres entiers
! La
Le développement rapide et important de
l’eucalyptus à travers le monde a suscité des
controverses sur les impacts de ces plantations
sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes
plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha)
réalisées dans des pays comme le Brésil ou la
péninsule ibérique véhiculent une image
négative.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Le sol
Mots clés
"
INFORMATIONS
AFOCEL
matière organique indicatrice de la
fertilité des sols ?
L’eucalyptus restitue comme tout arbre une
quantité importante de matière organique (MO)
par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les
conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull.
Des études australiennes ont montré dans le
cas de plantations de prairies, une baisse de la
biodégradabilité et des niveaux de minéralisation
de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée
dans l’Aude, sur des plantations issues de friche
acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une
stabilisation de la biomasse microbienne et une
augmentation de la minéralisation du carbone
et de l’azote.
Qualité de la MO et fonctionnement biologique
des sols sont autant d’indicateurs de la qualité
des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet
doit permettre de mieux appréhender la question
de la réversibilité des plantations.
2
Mais la consommation doit être mise en rapport
avec les précipitations. La FAO (1993) donne
les indications générales suivantes :
- si les précipitations annuelles (P) sont
inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent
pas être menées conjointement ou à proximité
de plantations d’eucalyptus,
- si 400 mm<P<1200 mm, des plantations
d’eucalyptus et des cultures peuvent être
menées conjointement moyennant une gestion
précautionneuse de l’eau,
- si P>1200 mm, aucune précaution spéciale
n’est nécessaire.
restent encore à faire. Cependant, les premiers
éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii
et E. gundal utilisés en France disposent d’un
système racinaire essentiellement traçant qui ne
leur permet pas d’aller puiser en profondeur
les ressources en eau des nappes phréatiques.
Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en
fonction des précipitations annuelles moyennes pour
les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle
stomatique de leur transpiration (FAO, 1993)
Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an)
- FORÊT
Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1)
INFORMATIONS
Des études précises sur le comportement de
l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées
(3)
Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest
science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p.
(4)
Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and
use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester,
pp 167-179.
(5)
Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy
to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27.
Pr
éc
ta
ipi
tio
ns
3 000
2 500 mm
2 000
200 mm
Evapotranspiratio
n
1 000
1 500 mm
1 000 mm
400
400 mm
0
0
400
1 000 1 200
2 000
3 000
Précipitations annuelles (mm/an)
4 000
Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de
stress, ils régulent leur croissance par contrôle
stomatique. Dans cette situation, des effets de
concurrence peuvent exister soit avec la
végétation du sous-étage, soit en bordure, avec
les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin
versant, il y a peu de risque d’incidence sur les
rendements en eau compte tenu de la dispersion
des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha).
!
En
Midi-Pyrénées,
les
précipitations
s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et
1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de
l’année, les précipitations sont inférieures à la
demande potentielle des arbres.
4 000
Et la qualité de l’eau ?
Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur
la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants
en excès, en fixant les métaux lourds ou en
favorisant la dégradation des pesticides.
L’eucalyptus, qui est planté en France
préférentiellement en zones agricoles, pourrait
ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport
à des pollutions d’origine agricole.
Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons
que l’itinéraire technique préconise une
intervention très légère en phytocides ou engrais,
et seulement à l’installation.
3
N°1-2006
Fiche n° 725
!
Environnement
" Eucalyptus
" TCR
Eucalyptus et environnement
sur les éventuels impacts environnementaux
des plantations dans le contexte français.
Cette Fiche Informations-Forêt présente une
synthèse des réflexions et des études réalisées
en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol,
de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est
également faite sur la thématique de
l’acceptation sociale.
Le pH
De manière générale, l’afforestation d’anciennes
terres agricoles tend à faire baisser le pH car
l’apport de matière organique et le processus
d’humification conduisent à une acidification
naturelle du milieu.
En France, les relevés effectués sur des
parcelles d’une dizaine d’années montrent une
différence de quelques dixièmes de points pH
par rapport à des peuplements feuillus mais ne
révèlent pas de différence significative avec les
sols agricoles adjacents. On retiendra que
l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce
paramètre mais ne conduit pas non plus à une
acidification marquée. Les phénomènes de
podzolization n’ont jamais été rencontrés.
!
L’eucalyptus est l’une des principales espèces
forestières plantées dans le monde. Sa forte
croissance, la palette d’espèces disponibles
et sa rusticité permettent d’établir rapidement
une ressource et de répondre à des besoins
divers, industriels (bois de trituration) ou
domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après
la FAO, il y aurait actuellement environ
19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays.
- FORÊT
Les éléments minéraux
Les exportations de biomasse (récolte du bois)
occasionnent une perte en minéraux. C’est la
répétition des récoltes selon une fréquence
élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une
compensation suffisante par des apports
extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des
minéraux du sol, fertilisation, rémanents
d’exploitation laissés sur coupe, écorçage).
En France, les peuplements sont conduits en
Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années.
Les houppiers ne sont pas valorisés et restent
sur coupe. Dans ces conditions, les exportations
minérales sont très inférieures à celles de
nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le
calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est
maintenant réalisé de façon quasi systématique,
permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N)
et du potassium (K), 10 % du phospore (P),
80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg).
En France, l’eucalyptus est planté depuis une
vingtaine d’années dans le sud-ouest de la
France. Un programme de développement a
été initié par le groupe industriel TEMBEC pour
l’approvisionnement d’une de ses usines de
pâte à papier, située à St Gaudens. La surface
plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés
essentiellement dans la région
Midi-Pyrénées.
Le souhait d’intégrer ce
programme de développement
de l’eucalyptus dans un cadre
durable amène à s’interroger
Des études réalisées au Congo1 et en Galice2
en intégrant les différents flux de minéraux
montrent que sur des rotations d’une dizaine
d’années, si les rémanents d’exploitation sont
L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR).
Sylviculture intensive ou culture extensive ?
1
(1)
Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet,
2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent
savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences
for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management
210 (2005) 375-391.
(2)
Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras,
2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants
forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38.
- FORÊT
L’eau
laissés sur place et si l’on procède à un
écorçage, il y a un relatif équilibre entre les
exportations et les apports extérieurs pour les
éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente
un déficit marqué.
Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL
en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont
montré cependant qu’un apport d’azote
n’entraîne aucune augmentation significative de
rendement. Les stocks minéraux des sols
agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien
pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi.
Bilan des minéraux majeurs d’une plantation
d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au
Congo (extrait de Laclau et al, 2005)
50
0
-50
-100
-150
-200
-250
N
P
K
Ca
Mg
-300
Scénario 1
Scénario 2
Scénario 3
! Disponibilité de l’eau dans le sol
De manière générale, le prélèvement en eau
d’un couvert forestier est supérieur à celui
d’autres types de végétation. Il en découle des
profils hydriques plus secs, notamment dans
l’horizon de surface où se concentrent les
racines. Plus généralement, l’afforestation
d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit
l’espèce utilisée, induit une diminution de la
recharge du sol et de la disponibilité en eau, et
peut réduire le rendement des bassins versants
si la surface forestière est significative3,4,5.
Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une
croissance rapide et un feuillage pérenne qui
entraînent des consommations relativement
élevées, du même ordre de grandeur que les
résineux. La bibliographie rapporte en outre une
tendance à favoriser le développement d’une
couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait
rendre plus difficile l’humectation de l’horizon
superficiel et contribuer à une plus grande
sécheresse du sol en surface.
Scénario 4
Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage
Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu
Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage
Scénario 4 : Récolte des arbres entiers
! La
Le développement rapide et important de
l’eucalyptus à travers le monde a suscité des
controverses sur les impacts de ces plantations
sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes
plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha)
réalisées dans des pays comme le Brésil ou la
péninsule ibérique véhiculent une image
négative.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Le sol
Mots clés
"
INFORMATIONS
AFOCEL
matière organique indicatrice de la
fertilité des sols ?
L’eucalyptus restitue comme tout arbre une
quantité importante de matière organique (MO)
par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les
conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull.
Des études australiennes ont montré dans le
cas de plantations de prairies, une baisse de la
biodégradabilité et des niveaux de minéralisation
de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée
dans l’Aude, sur des plantations issues de friche
acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une
stabilisation de la biomasse microbienne et une
augmentation de la minéralisation du carbone
et de l’azote.
Qualité de la MO et fonctionnement biologique
des sols sont autant d’indicateurs de la qualité
des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet
doit permettre de mieux appréhender la question
de la réversibilité des plantations.
2
Mais la consommation doit être mise en rapport
avec les précipitations. La FAO (1993) donne
les indications générales suivantes :
- si les précipitations annuelles (P) sont
inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent
pas être menées conjointement ou à proximité
de plantations d’eucalyptus,
- si 400 mm<P<1200 mm, des plantations
d’eucalyptus et des cultures peuvent être
menées conjointement moyennant une gestion
précautionneuse de l’eau,
- si P>1200 mm, aucune précaution spéciale
n’est nécessaire.
restent encore à faire. Cependant, les premiers
éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii
et E. gundal utilisés en France disposent d’un
système racinaire essentiellement traçant qui ne
leur permet pas d’aller puiser en profondeur
les ressources en eau des nappes phréatiques.
Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en
fonction des précipitations annuelles moyennes pour
les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle
stomatique de leur transpiration (FAO, 1993)
Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an)
- FORÊT
Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1)
INFORMATIONS
Des études précises sur le comportement de
l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées
(3)
Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest
science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p.
(4)
Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and
use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester,
pp 167-179.
(5)
Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy
to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27.
Pr
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3 000
2 500 mm
2 000
200 mm
Evapotranspiratio
n
1 000
1 500 mm
1 000 mm
400
400 mm
0
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400
1 000 1 200
2 000
3 000
Précipitations annuelles (mm/an)
4 000
Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de
stress, ils régulent leur croissance par contrôle
stomatique. Dans cette situation, des effets de
concurrence peuvent exister soit avec la
végétation du sous-étage, soit en bordure, avec
les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin
versant, il y a peu de risque d’incidence sur les
rendements en eau compte tenu de la dispersion
des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha).
!
En
Midi-Pyrénées,
les
précipitations
s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et
1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de
l’année, les précipitations sont inférieures à la
demande potentielle des arbres.
4 000
Et la qualité de l’eau ?
Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur
la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants
en excès, en fixant les métaux lourds ou en
favorisant la dégradation des pesticides.
L’eucalyptus, qui est planté en France
préférentiellement en zones agricoles, pourrait
ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport
à des pollutions d’origine agricole.
Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons
que l’itinéraire technique préconise une
intervention très légère en phytocides ou engrais,
et seulement à l’installation.
3
N°1-2006
Fiche n° 725
!
Environnement
" Eucalyptus
" TCR
Eucalyptus et environnement
sur les éventuels impacts environnementaux
des plantations dans le contexte français.
Cette Fiche Informations-Forêt présente une
synthèse des réflexions et des études réalisées
en France ou à l’étranger sur les thèmes du sol,
de l’eau et de la biodiversité. Une ouverture est
également faite sur la thématique de
l’acceptation sociale.
Le pH
De manière générale, l’afforestation d’anciennes
terres agricoles tend à faire baisser le pH car
l’apport de matière organique et le processus
d’humification conduisent à une acidification
naturelle du milieu.
En France, les relevés effectués sur des
parcelles d’une dizaine d’années montrent une
différence de quelques dixièmes de points pH
par rapport à des peuplements feuillus mais ne
révèlent pas de différence significative avec les
sols agricoles adjacents. On retiendra que
l’eucalyptus n’a pas de vertu améliorante sur ce
paramètre mais ne conduit pas non plus à une
acidification marquée. Les phénomènes de
podzolization n’ont jamais été rencontrés.
!
L’eucalyptus est l’une des principales espèces
forestières plantées dans le monde. Sa forte
croissance, la palette d’espèces disponibles
et sa rusticité permettent d’établir rapidement
une ressource et de répondre à des besoins
divers, industriels (bois de trituration) ou
domestiques (bois de chauffe, poteau). D’après
la FAO, il y aurait actuellement environ
19 millions d’ha plantés dans plus de 37 pays.
- FORÊT
Les éléments minéraux
Les exportations de biomasse (récolte du bois)
occasionnent une perte en minéraux. C’est la
répétition des récoltes selon une fréquence
élevée qui peut occasionner un appauvrissement des sols s’il n’y a pas une
compensation suffisante par des apports
extérieurs (dépôt atmosphérique, altération des
minéraux du sol, fertilisation, rémanents
d’exploitation laissés sur coupe, écorçage).
En France, les peuplements sont conduits en
Taillis sur des rotations d’une dizaine d’années.
Les houppiers ne sont pas valorisés et restent
sur coupe. Dans ces conditions, les exportations
minérales sont très inférieures à celles de
nombreuses récoltes agricoles, excepté pour le
calcium (FIF n° 646). L’écorçage, qui est
maintenant réalisé de façon quasi systématique,
permet en outre de restituer 30 % de l’azote (N)
et du potassium (K), 10 % du phospore (P),
80 % du calcium (Ca) et 40 % du magnésium (Mg).
En France, l’eucalyptus est planté depuis une
vingtaine d’années dans le sud-ouest de la
France. Un programme de développement a
été initié par le groupe industriel TEMBEC pour
l’approvisionnement d’une de ses usines de
pâte à papier, située à St Gaudens. La surface
plantée avoisine aujourd’hui 1500 ha situés
essentiellement dans la région
Midi-Pyrénées.
Le souhait d’intégrer ce
programme de développement
de l’eucalyptus dans un cadre
durable amène à s’interroger
Des études réalisées au Congo1 et en Galice2
en intégrant les différents flux de minéraux
montrent que sur des rotations d’une dizaine
d’années, si les rémanents d’exploitation sont
L’eucalyptus en taillis à courte rotation (TCR).
Sylviculture intensive ou culture extensive ?
1
(1)
Laclau, Ranger, Deleporte, Nouvellon, Saint-André, Marlet, Bouillet,
2005. Nutrient cycling in a clonal stand of eucalyptus and an adjacent
savanna ecosystem in Congo. 3-Input-output budget and consequences
for the sustainability of the plantations. Forest Ecology and Management
210 (2005) 375-391.
(2)
Dambrine, Vega, Taboada, Rodriguez, Fernandez, Macias, Gras,
2000. Bilans d’éléments minéraux dans de petits bassins versants
forestiers de Galice (NW Espagne). Ann. For. Sci. 57 (2000) 23-38.
- FORÊT
L’eau
laissés sur place et si l’on procède à un
écorçage, il y a un relatif équilibre entre les
exportations et les apports extérieurs pour les
éléments P, K, Ca et Mg. Seul l’azote présente
un déficit marqué.
Les essais de fertilisation menés par l’AFOCEL
en 1ère et 2ème rotation en Midi-Pyrénées ont
montré cependant qu’un apport d’azote
n’entraîne aucune augmentation significative de
rendement. Les stocks minéraux des sols
agricoles de Midi-Pyrénées semblent donc bien
pourvus. Néanmoins, cet aspect devra être suivi.
Bilan des minéraux majeurs d’une plantation
d’eucalyptus selon différents scénarios de récolte au
Congo (extrait de Laclau et al, 2005)
50
0
-50
-100
-150
-200
-250
N
P
K
Ca
Mg
-300
Scénario 1
Scénario 2
Scénario 3
! Disponibilité de l’eau dans le sol
De manière générale, le prélèvement en eau
d’un couvert forestier est supérieur à celui
d’autres types de végétation. Il en découle des
profils hydriques plus secs, notamment dans
l’horizon de surface où se concentrent les
racines. Plus généralement, l’afforestation
d’anciennes parcelles cultivées, quelle que soit
l’espèce utilisée, induit une diminution de la
recharge du sol et de la disponibilité en eau, et
peut réduire le rendement des bassins versants
si la surface forestière est significative3,4,5.
Ce qui caractérise l’eucalyptus, c’est une
croissance rapide et un feuillage pérenne qui
entraînent des consommations relativement
élevées, du même ordre de grandeur que les
résineux. La bibliographie rapporte en outre une
tendance à favoriser le développement d’une
couche hydrophobe de surface. Celle-ci pourrait
rendre plus difficile l’humectation de l’horizon
superficiel et contribuer à une plus grande
sécheresse du sol en surface.
Scénario 4
Scénario 1 : Récolte à diamètre 7 cm avec écorçage
Scénario 2 : Scénario 1 et rémanents utilisés en bois de feu
Scénario 3 : Récolte à diamètre 7 cm sans écorçage
Scénario 4 : Récolte des arbres entiers
! La
Le développement rapide et important de
l’eucalyptus à travers le monde a suscité des
controverses sur les impacts de ces plantations
sur leur milieu. Aujourd’hui, les grandes
plantations d’eucalyptus (plusieurs milliers d’ha)
réalisées dans des pays comme le Brésil ou la
péninsule ibérique véhiculent une image
négative.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Le sol
Mots clés
"
INFORMATIONS
AFOCEL
matière organique indicatrice de la
fertilité des sols ?
L’eucalyptus restitue comme tout arbre une
quantité importante de matière organique (MO)
par sa litière (feuilles, écorces, etc.). Dans les
conditions françaises, la litière générée ne s’accumule pas ; l’humus créé s’apparente à un mull.
Des études australiennes ont montré dans le
cas de plantations de prairies, une baisse de la
biodégradabilité et des niveaux de minéralisation
de la MO de l’eucalyptus. Une étude réalisée
dans l’Aude, sur des plantations issues de friche
acidiphile (FIF n° 701), a montré à l’inverse une
stabilisation de la biomasse microbienne et une
augmentation de la minéralisation du carbone
et de l’azote.
Qualité de la MO et fonctionnement biologique
des sols sont autant d’indicateurs de la qualité
des sols. Approfondir les recherches sur ce sujet
doit permettre de mieux appréhender la question
de la réversibilité des plantations.
2
Mais la consommation doit être mise en rapport
avec les précipitations. La FAO (1993) donne
les indications générales suivantes :
- si les précipitations annuelles (P) sont
inférieures à 400 mm, des cultures ne peuvent
pas être menées conjointement ou à proximité
de plantations d’eucalyptus,
- si 400 mm<P<1200 mm, des plantations
d’eucalyptus et des cultures peuvent être
menées conjointement moyennant une gestion
précautionneuse de l’eau,
- si P>1200 mm, aucune précaution spéciale
n’est nécessaire.
restent encore à faire. Cependant, les premiers
éléments bibliographiques indiquent que E. gunnii
et E. gundal utilisés en France disposent d’un
système racinaire essentiellement traçant qui ne
leur permet pas d’aller puiser en profondeur
les ressources en eau des nappes phréatiques.
Evapotranspiration d’une plantation d’eucalyptus en
fonction des précipitations annuelles moyennes pour
les espèces (la majorité) disposant d’un contrôle
stomatique de leur transpiration (FAO, 1993)
Evapotranspiration en fonction des précipitations (mm/an)
- FORÊT
Bilan entrée/sortie (kg ha-1 rotation-1)
INFORMATIONS
Des études précises sur le comportement de
l’eucalyptus dans le contexte de Midi-Pyrénées
(3)
Evans, 2001.The forest handbook. Vol 1. An overview of forest
science. Ed Blackwell Science Ltd. 402 p.
(4)
Calder, 1992. Water use of eucalypts - a review. in Growth and
use of forest plantations Calder, Hall, Adlard (eds) Wiley, Chichester,
pp 167-179.
(5)
Andreassian, 2004. Waters and forests : from historical controversy
to scientific debate. Journal of hydrology 291 (2004) 1-27.
Pr
éc
ta
ipi
tio
ns
3 000
2 500 mm
2 000
200 mm
Evapotranspiratio
n
1 000
1 500 mm
1 000 mm
400
400 mm
0
0
400
1 000 1 200
2 000
3 000
Précipitations annuelles (mm/an)
4 000
Ils valorisent l’eau superficielle et en situation de
stress, ils régulent leur croissance par contrôle
stomatique. Dans cette situation, des effets de
concurrence peuvent exister soit avec la
végétation du sous-étage, soit en bordure, avec
les parcelles adjacentes. A l’échelle d’un bassin
versant, il y a peu de risque d’incidence sur les
rendements en eau compte tenu de la dispersion
des parcelles et de leur taille limitée (dizaine d’ha).
!
En
Midi-Pyrénées,
les
précipitations
s’échelonnent entre 650 mm/an (Blagnac) et
1100 mm/an (Tarbes). A certaines périodes de
l’année, les précipitations sont inférieures à la
demande potentielle des arbres.
4 000
Et la qualité de l’eau ?
Les boisements peuvent jouer un rôle positif sur
la qualité de l’eau en absorbant les fertilisants
en excès, en fixant les métaux lourds ou en
favorisant la dégradation des pesticides.
L’eucalyptus, qui est planté en France
préférentiellement en zones agricoles, pourrait
ainsi avoir un rôle d’épurateur d’eau par rapport
à des pollutions d’origine agricole.
Cet aspect mériterait d’être étudié. Rappelons
que l’itinéraire technique préconise une
intervention très légère en phytocides ou engrais,
et seulement à l’installation.
3
INFORMATIONS
- FORÊT
INFORMATIONS
AFOCEL
- FORÊT
La biodiversité
La perception sociale
Il est régulièrement démontré que le passage
d’une forêt constituée d’essences indigènes à
une plantation entraîne une baisse dans la
biodiversité. Ce phénomène est encore accentué
dans le cas de plantations d’essences introduites,
ces dernières étant implantées loin de leur aire
d’origine et donc, loin du cortège floristique et
faunistique qui a évolué avec elles.
Le véritable enjeu de la biodiversité repose
finalement sur la valeur de l’antécédent cultural.
Installer un TCR sur d’anciennes parcelles
agricoles à faible biodiversité a moins d’impact
que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant
d’un cortège floristique riche. L’attention ici est
portée sur l’impact de la succession et non sur la
richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation.
! Quelle biodiversité ?
L’un des moyens de diminuer l’impact du
boisement consiste ainsi à privilégier les plantations
sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de
manière quasi systématique en Midi-Pyrénées.
Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a
fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation
reste complexe.
Les espèces d’un biotope sont très nombreuses
et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre
des espèces doit aussi être modulé par leur
valeur patrimoniale (la présence de nombreuses
espèces banales n’ayant pas la même valeur
que la présence de quelques espèces rares ou
sensibles aux perturbations).
Dans certaines friches anciennes qui peuvent
avoir atteint un niveau important de biodiversité,
un diagnostic préalable permettrait également
de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur
patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être
remise en cause par cette artificialisation.
! A propos d’allélopathie
La biodiversité est également liée à l’histoire
de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée
d’un ancien taillis de chêne sera probablement
très différente de celle héritée d’une ancienne
terre agricole.
Les effets allélopathiques de l’eucalyptus
(influence sur le développement d’autres
végétaux) ont parfois été mentionnés. La
bibliographie ne rapporte cependant que peu
de cas d’effets allélopathiques avérés.
La biodiversité doit aussi être analysée dans le
temps car elle évolue en fonction des
perturbations, qu’elles soient d’origine humaine
ou naturelle (climat, chablis).
L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu
dense qui relativise la concurrence pour la lumière
avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse
superficielle des sols observée dans les plantations
est sans doute l’un des facteurs de concurrence
avec d’autres espèces les plus significatifs.
! L’anthropisation,
facteur de perte de
biodiversité
L’ensemble des articles traitant de biodiversité
et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une
autre à une baisse de la biodiversité dès lors que
les auteurs s’attachent à comparer une plantation
avec un milieu climacique (telle que peut l’être
une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle
ou encore une lande).
Cela s’explique en tout premier lieu par
l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de
comparer des écosystèmes qui n’ont pas le
même âge (plantations jeunes comparées à des
peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans
lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la
même durée et n’est donc pas arrivée au même
stade.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Définir la perception sociale de plantations
d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact
global engendré par ces plantations sur la qualité
du territoire et sur les porteurs d’enjeux
potentiellement concernés.
! Des plantations à objectif
La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans
des objectifs bien définis.
Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus
ont pour vocation de se substituer aux
prélèvements de bois réalisés dans les forêts
naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une
vocation économique7 ou de diversification des
revenus agricoles8.
Dans chacun de ces articles qui traitent de la
perception des plantations d’eucalyptus et malgré
le fait que tous les contextes décrits dans les
articles soient fortement différents, on arrive à
un constat simple : les plantations d’eucalyptus
(comme toutes les plantations) ne sont que des
outils, pour certains économiques (production
de bois d’œuvre, de bois de trituration, de
biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager,
agricole, préservation,…) ou encore, (assainissement de marais, substitution aux prélèvements
faits sur de la forêt native,…).
Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre
essence ont un but bien précis. C’est donc sur
la nature de cet objectif (sa légitimité pour le
mandant et les acteurs potentiellement
concernés) ainsi que sur l’incidence des actions
qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées
en terme d’impact sur l’intérêt commun) que
se fonde la construction de la perception sociale
des plantations d’eucalyptus. C’est également
la nature de l’objectif qui va permettre de définir
la ou les personnes potentiellement concernées
qu’il faudra consulter avant de s’engager dans
la démarche de plantation.
(6)
Plantations en 2ème rotation (Lauragais).
A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du
peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite,
un sous bois abondant a pu se développer avec quelques
essences forestières précieuses.
4
Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and
eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for
development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the
regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993.
Volume 1, pp 89-93
(7)
Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion
rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest.
Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88
(8)
Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani
farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87
- FORÊT
AFOCEL
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
! Le contexte français
Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté
sur la perception des plantations d’eucalyptus
françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées
(Chaste, 2004).
Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans
d’autres pays que la France sont difficilement
transférables tels quels à la situation française.
- Les caractéristiques physiques des plantations
françaises sont particulières. Il s’agit en général
de plantations de petite dimension, dispersées,
et généralement situées sur d’anciennes terres
agricoles alors que l’essentiel des analyses
repose sur des études effectuées en zone
tropicale, sur des plantations à grande échelle
(dizaine de milliers d’ha) et installées dans des
espaces sauvages et anciennement boisés.
- Les pays concernés par ces études sont bien
souvent des pays en développement qui ne
présentent donc absolument pas les mêmes
déterminants sociaux-économiques que la
France. Ces déterminants sont pourtant bien
souvent à l’origine de la construction de la
perception des plantations d’eucalyptus des
acteurs locaux.
Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les
eucalyptus sont considérés comme pouvant venir
concurrencer les pratiques agricoles sur leurs
meilleures terres car il est possible de les planter
sur les jachères.
! Poursuivre la recherche …
L’audit de 2004 a été une première esquisse
pour déterminer l’acceptabilité sociale des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
D’autres travaux sont actuellement en cours
en collaboration avec des centres de recherche
publique et des universités.
Il est important d’appréhender les relations des
plantations avec leur environnement, en intégrant
la dimension sociétale. Nos recherches doivent
sortir du cadre d’une balance à deux plateaux
opposant l’eucalyptus et l’environnement pour
permettre de prendre en compte les objectifs
assignés à la plantation et les valeurs défendues
par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle
perspective : la Valorisation Patrimoniale.
5
Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la
France sont des plantations de petites
dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement
installées en terrain agricole, sur des friches.
Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte
Rotation (TCR), avec des rotations comprises
entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation
sont laissés sur place et l’écorçage est
maintenant couramment pratiqué, ce qui permet
de limiter de manière significative les exportations
minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste
pas moins une culture très extensive.
Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus
ont actuellement un impact très modéré sur le
milieu, et sans doute insignifiant par rapport à
celui des cultures agricoles intensives.
Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme
un facteur limitant de la croissance. Un apport
serait alors requis pour maintenir les niveaux de
production au maximum des potentialités. Au
niveau de l’eau, les impacts à craindre sont
seulement des effets de bordure avec des
cultures adjacentes. En contexte de déficit,
l’eucalyptus régule sa croissance et son système
racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un
impact sur les nappes phréatiques. Au niveau
de la biodiversité, l’installation d’une plantation
sur une friche agricole permet de limiter les pertes
inévitables de biodiversité liées au passage d’un
milieu naturel vers un système de culture. Un
diagnostic préalable permettrait en tout cas de
détecter des zones à valeur patrimoniale
particulière sur laquelle une plantation ne serait
pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de
l’itinéraire technique serait nécessaire.
Parallèlement, l’installation d’un boisement a
aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit
sur la structure des sols, l’apport de matière
organique ou la qualité de l’eau, surtout en
contexte agricole.
Réaliser une plantation ou une culture, et plus
généralement, changer l’occupation du sol
provoque inévitablement des changements sur
le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au
travers du milieu physique ou biologique mais
aussi au travers de la perception qu’en ont les
différents acteurs du territoire.
Quelle est la valeur réelle d’un changement ?
Il est important de sortir d’une logique "d’impact
environnemental" avec une connotation négative
pour envisager de manière plus large les atouts
et faiblesses de cette culture en relation avec
les objectifs poursuivis et les retombées d’un
point de vue économique et social.
Pour en savoir plus
CHASTE, (2004).
Définition d’indicateurs de gestion durable des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
Rapport AFOCEL 36 p.
BURGER-LEENHARDT, (1997).
Impact environnemental des plantations d’eucalyptus.
Synthèse bibliographique replacée dans le contexte
français.
Rapport AFOCEL 14 p.
FAO, (1993).
Proceedings of the regional consultation on
eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional
office for asia and the pacific, bangkok. 196 p.
POORE M.E.D. et FRIES C., (1986).
Les effets écologiques de l’eucalyptus.
Etude FAO Forêts n°59 188 pp.
Ed FAO ISBN 92-5-202286-4.
Nicolas NGUYEN THE
Benoit CHASTE
AFOCEL Station Sud
Domaine de St Clément
34980 St Clément de Rivière
Tél. : 04.67.66.74.74
Fax : 04.67.66.74.60
E-mail : [email protected]
ISSN : 0336-0261
6
INFORMATIONS
- FORÊT
INFORMATIONS
AFOCEL
- FORÊT
La biodiversité
La perception sociale
Il est régulièrement démontré que le passage
d’une forêt constituée d’essences indigènes à
une plantation entraîne une baisse dans la
biodiversité. Ce phénomène est encore accentué
dans le cas de plantations d’essences introduites,
ces dernières étant implantées loin de leur aire
d’origine et donc, loin du cortège floristique et
faunistique qui a évolué avec elles.
Le véritable enjeu de la biodiversité repose
finalement sur la valeur de l’antécédent cultural.
Installer un TCR sur d’anciennes parcelles
agricoles à faible biodiversité a moins d’impact
que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant
d’un cortège floristique riche. L’attention ici est
portée sur l’impact de la succession et non sur la
richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation.
! Quelle biodiversité ?
L’un des moyens de diminuer l’impact du
boisement consiste ainsi à privilégier les plantations
sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de
manière quasi systématique en Midi-Pyrénées.
Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a
fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation
reste complexe.
Les espèces d’un biotope sont très nombreuses
et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre
des espèces doit aussi être modulé par leur
valeur patrimoniale (la présence de nombreuses
espèces banales n’ayant pas la même valeur
que la présence de quelques espèces rares ou
sensibles aux perturbations).
Dans certaines friches anciennes qui peuvent
avoir atteint un niveau important de biodiversité,
un diagnostic préalable permettrait également
de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur
patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être
remise en cause par cette artificialisation.
! A propos d’allélopathie
La biodiversité est également liée à l’histoire
de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée
d’un ancien taillis de chêne sera probablement
très différente de celle héritée d’une ancienne
terre agricole.
Les effets allélopathiques de l’eucalyptus
(influence sur le développement d’autres
végétaux) ont parfois été mentionnés. La
bibliographie ne rapporte cependant que peu
de cas d’effets allélopathiques avérés.
La biodiversité doit aussi être analysée dans le
temps car elle évolue en fonction des
perturbations, qu’elles soient d’origine humaine
ou naturelle (climat, chablis).
L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu
dense qui relativise la concurrence pour la lumière
avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse
superficielle des sols observée dans les plantations
est sans doute l’un des facteurs de concurrence
avec d’autres espèces les plus significatifs.
! L’anthropisation,
facteur de perte de
biodiversité
L’ensemble des articles traitant de biodiversité
et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une
autre à une baisse de la biodiversité dès lors que
les auteurs s’attachent à comparer une plantation
avec un milieu climacique (telle que peut l’être
une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle
ou encore une lande).
Cela s’explique en tout premier lieu par
l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de
comparer des écosystèmes qui n’ont pas le
même âge (plantations jeunes comparées à des
peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans
lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la
même durée et n’est donc pas arrivée au même
stade.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Définir la perception sociale de plantations
d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact
global engendré par ces plantations sur la qualité
du territoire et sur les porteurs d’enjeux
potentiellement concernés.
! Des plantations à objectif
La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans
des objectifs bien définis.
Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus
ont pour vocation de se substituer aux
prélèvements de bois réalisés dans les forêts
naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une
vocation économique7 ou de diversification des
revenus agricoles8.
Dans chacun de ces articles qui traitent de la
perception des plantations d’eucalyptus et malgré
le fait que tous les contextes décrits dans les
articles soient fortement différents, on arrive à
un constat simple : les plantations d’eucalyptus
(comme toutes les plantations) ne sont que des
outils, pour certains économiques (production
de bois d’œuvre, de bois de trituration, de
biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager,
agricole, préservation,…) ou encore environnementaux (assainissement de marais, substitution
aux prélèvements faits sur de la forêt native,…).
Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre
essence ont un but bien précis. C’est donc sur
la nature de cet objectif (sa légitimité pour le
mandant et les acteurs potentiellement
concernés) ainsi que sur l’incidence des actions
qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées
en terme d’impact sur l’intérêt commun) que
se fonde la construction de la perception sociale
des plantations d’eucalyptus. C’est également
la nature de l’objectif qui va permettre de définir
la ou les personnes potentiellement concernées
qu’il faudra consulter avant de s’engager dans
la démarche de plantation.
(6)
Plantations en 2ème rotation (Lauragais).
A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du
peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite,
un sous bois abondant a pu se développer avec quelques
essences forestières précieuses.
4
Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and
eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for
development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the
regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993.
Volume 1, pp 89-93
(7)
Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion
rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest.
Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88
(8)
Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani
farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87
- FORÊT
AFOCEL
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
! Le contexte français
Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté
sur la perception des plantations d’eucalyptus
françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées
(Chaste, 2004).
Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans
d’autres pays que la France sont difficilement
transférables tels quels à la situation française.
- Les caractéristiques physiques des plantations
françaises sont particulières. Il s’agit en général
de plantations de petite dimension, dispersées,
et généralement situées sur d’anciennes terres
agricoles alors que l’essentiel des analyses
repose sur des études effectuées en zone
tropicale, sur des plantations à grande échelle
(dizaine de milliers d’ha) et installées dans des
espaces sauvages et anciennement boisés.
- Les pays concernés par ces études sont bien
souvent des pays en développement qui ne
présentent donc absolument pas les mêmes
déterminants sociaux-économiques que la
France. Ces déterminants sont pourtant bien
souvent à l’origine de la construction de la
perception des plantations d’eucalyptus des
acteurs locaux.
Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les
eucalyptus sont considérés comme pouvant venir
concurrencer les pratiques agricoles sur leurs
meilleures terres car il est possible de les planter
sur les jachères.
! Poursuivre la recherche …
L’audit de 2004 a été une première esquisse
pour déterminer l’acceptabilité sociale des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
D’autres travaux sont actuellement en cours
en collaboration avec des centres de recherche
publiques et des universités.
Il est important d’appréhender les relations des
plantations avec leur environnement, en intégrant
la dimension sociétale. Nos recherches doivent
sortir du cadre d’une balance à deux plateaux
opposant l’eucalyptus et l’environnement pour
permettre de prendre en compte les objectifs
assignés à la plantation et les valeurs défendues
par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle
perspective : la Valorisation Patrimoniale.
5
Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la
France sont des plantations de petites
dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement
installées en terrain agricole, sur des friches.
Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte
Rotation (TCR), avec des rotations comprises
entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation
sont laissés sur place et l’écorçage est
maintenant couramment pratiqué, ce qui permet
de limiter de manière significative les exportations
minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste
pas moins une culture très extensive.
Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus
ont actuellement un impact très modéré sur le
milieu, et sans doute insignifiant par rapport à
celui des cultures agricoles intensives.
Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme
un facteur limitant de la croissance. Un apport
serait alors requis pour maintenir les niveaux de
production au maximum des potentialités. Au
niveau de l’eau, les impacts à craindre sont
seulement des effets de bordure avec des
cultures adjacentes. En contexte de déficit,
l’eucalyptus régule sa croissance et son système
racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un
impact sur les nappes phréatiques. Au niveau
de la biodiversité, l’installation d’une plantation
sur une friche agricole permet de limiter les pertes
inévitables de biodiversité liées au passage d’un
milieu naturel vers un système de culture. Un
diagnostic préalable permettrait en tout cas de
détecter des zones à valeur patrimoniale
particulière sur laquelle une plantation ne serait
pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de
l’itinéraire technique serait nécessaire.
Parallèlement, l’installation d’un boisement a
aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit
sur la structure des sols, l’apport de matière
organique ou la qualité de l’eau, surtout en
contexte agricole.
Réaliser une plantation ou une culture, et plus
généralement, changer l’occupation du sol
provoque inévitablement des changements sur
le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au
travers du milieu physique ou biologique mais
aussi au travers de la perception qu’en ont les
différents acteurs du territoire.
Quelle est la valeur réelle d’un changement ?
Il est important de sortir d’une logique "d’impact
environnemental" avec une connotation négative
pour envisager de manière plus large les atouts
et faiblesses de cette culture en relation avec
les objectifs poursuivis et les retombées d’un
point de vue économique et social.
Pour en savoir plus
CHASTE, (2004).
Définition d’indicateurs de gestion durable des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
Rapport AFOCEL 36 p.
BURGER-LEENHARDT, (1997).
Impact environnemental des plantations d’eucalyptus.
Synthèse bibliographique replacée dans le contexte
français.
Rapport AFOCEL 14 p.
FAO, (1993).
Proceedings of the regional consultation on
eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional
office for asia and the pacific, bangkok. 196 p.
POORE M.E.D. et FRIES C., (1986).
Les effets écologiques de l’eucalyptus.
Etude FAO Forêts n°59 188 pp.
Ed FAO ISBN 92-5-202286-4.
Nicolas NGUYEN THE
Benoit CHASTE
AFOCEL Station Sud
Domaine de St Clément
34980 St Clément de Rivière
Tél. : 04.67.66.74.74
Fax : 04.67.66.74.60
E-mail : [email protected]
ISSN : 0336-0261
6
INFORMATIONS
- FORÊT
INFORMATIONS
AFOCEL
- FORÊT
La biodiversité
La perception sociale
Il est régulièrement démontré que le passage
d’une forêt constituée d’essences indigènes à
une plantation entraîne une baisse dans la
biodiversité. Ce phénomène est encore accentué
dans le cas de plantations d’essences introduites,
ces dernières étant implantées loin de leur aire
d’origine et donc, loin du cortège floristique et
faunistique qui a évolué avec elles.
Le véritable enjeu de la biodiversité repose
finalement sur la valeur de l’antécédent cultural.
Installer un TCR sur d’anciennes parcelles
agricoles à faible biodiversité a moins d’impact
que reboiser un vieux taillis de feuillus disposant
d’un cortège floristique riche. L’attention ici est
portée sur l’impact de la succession et non sur la
richesse spécifique intrinsèque à chaque plantation.
! Quelle biodiversité ?
L’un des moyens de diminuer l’impact du
boisement consiste ainsi à privilégier les plantations
sur terrain agricole, ce qui est maintenant fait de
manière quasi systématique en Midi-Pyrénées.
Au demeurant, caractériser la biodiversité et, a
fortiori, évaluer sur elle l’impact d’une perturbation
reste complexe.
Les espèces d’un biotope sont très nombreuses
et il est difficile de les analyser toutes. Le nombre
des espèces doit aussi être modulé par leur
valeur patrimoniale (la présence de nombreuses
espèces banales n’ayant pas la même valeur
que la présence de quelques espèces rares ou
sensibles aux perturbations).
Dans certaines friches anciennes qui peuvent
avoir atteint un niveau important de biodiversité,
un diagnostic préalable permettrait également
de s’assurer de l’absence d’espèces à valeur
patrimoniale élevée dont l’existence pourrait être
remise en cause par cette artificialisation.
! A propos d’allélopathie
La biodiversité est également liée à l’histoire
de la parcelle. Ainsi, la microfaune du sol héritée
d’un ancien taillis de chêne sera probablement
très différente de celle héritée d’une ancienne
terre agricole.
Les effets allélopathiques de l’eucalyptus
(influence sur le développement d’autres
végétaux) ont parfois été mentionnés. La
bibliographie ne rapporte cependant que peu
de cas d’effets allélopathiques avérés.
La biodiversité doit aussi être analysée dans le
temps car elle évolue en fonction des
perturbations, qu’elles soient d’origine humaine
ou naturelle (climat, chablis).
L’eucalyptus présente par ailleurs un houppier peu
dense qui relativise la concurrence pour la lumière
avec d’autres espèces. En revanche, la sécheresse
superficielle des sols observée dans les plantations
est sans doute l’un des facteurs de concurrence
avec d’autres espèces les plus significatifs.
! L’anthropisation,
facteur de perte de
biodiversité
L’ensemble des articles traitant de biodiversité
et d’eucalyptus conclut d’une façon ou d’une
autre à une baisse de la biodiversité dès lors que
les auteurs s’attachent à comparer une plantation
avec un milieu climacique (telle que peut l’être
une forêt mélangée de feuillus, une forêt naturelle
ou encore une lande).
Cela s’explique en tout premier lieu par
l’artificialisation du milieu et ensuite par le fait de
comparer des écosystèmes qui n’ont pas le
même âge (plantations jeunes comparées à des
peuplements climaciques âgés), c’est-à-dire dans
lesquels la biodiversité n’a pas évolué sur la
même durée et n’est donc pas arrivée au même
stade.
INFORMATIONS
EUCALYPTUS ET ENVIRONNEMENT
Définir la perception sociale de plantations
d’eucalyptus revient à s’interroger sur l’impact
global engendré par ces plantations sur la qualité
du territoire et sur les porteurs d’enjeux
potentiellement concernés.
! Des plantations à objectif
La réalisation d’une plantation ne se fait pas sans
des objectifs bien définis.
Dans certains cas, les plantations d’eucalyptus
ont pour vocation de se substituer aux
prélèvements de bois réalisés dans les forêts
naturelles6. Dans d’autres cas, elles ont une
vocation économique7 ou de diversification des
revenus agricoles8.
Dans chacun de ces articles qui traitent de la
perception des plantations d’eucalyptus et malgré
le fait que tous les contextes décrits dans les
articles soient fortement différents, on arrive à
un constat simple : les plantations d’eucalyptus
(comme toutes les plantations) ne sont que des
outils, pour certains économiques (production
de bois d’œuvre, de bois de trituration, de
biomasse énergie,…), pour d’autres, aménagements au sens large (du territoire, paysager,
agricole, préservation,…) ou encore, (assainissement de marais, substitution aux prélèvements
faits sur de la forêt native,…).
Les plantations d’eucalyptus ou de toute autre
essence ont un but bien précis. C’est donc sur
la nature de cet objectif (sa légitimité pour le
mandant et les acteurs potentiellement
concernés) ainsi que sur l’incidence des actions
qui ont été engagées pour l’atteindre (analysées
en terme d’impact sur l’intérêt commun) que
se fonde la construction de la perception sociale
des plantations d’eucalyptus. C’est également
la nature de l’objectif qui va permettre de définir
la ou les personnes potentiellement concernées
qu’il faudra consulter avant de s’engager dans
la démarche de plantation.
(6)
Plantations en 2ème rotation (Lauragais).
A gauche, les conditions du site et les caractéristiques du
peuplement ont conduit à un sous-bois pauvre. A droite,
un sous bois abondant a pu se développer avec quelques
essences forestières précieuses.
4
Harjsen, 1993. Bird fauna and vegetation in natural woodlands and
eucalyptus plantations in the High Andes in Bolivia - Implications for
development of sustainable agro-forestry techniques. In proceedings of the
regional expert consultation on eucalyptus. Bangkok, 4-8 october 1993.
Volume 1, pp 89-93
(7)
Saiz de Omenaca, 1993. Analisis sociologico de la opinion entre la poblacion
rural de Cantabria sobre el impacto de las plantaciones de eucalipto. Invest.
Agrar., Sist. Recur. For. 1993 Vol. 2 (1) pp 71-88
(8)
Sohail et Suleman, 1999. Impact assessment of eucalyptus planting on Brani
farmlands. The Pakistan Journal of Forestry. 1999 Vol. 49(1-4), pp 75-87
- FORÊT
AFOCEL
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
! Le contexte français
Un audit réalisé par l’AFOCEL en 2004 a porté
sur la perception des plantations d’eucalyptus
françaises par les acteurs en Midi-Pyrénées
(Chaste, 2004).
Les résultats des études menées sur la perception sociale des plantations d’eucalyptus dans
d’autres pays que la France sont difficilement
transférables tels quels à la situation française.
- Les caractéristiques physiques des plantations
françaises sont particulières. Il s’agit en général
de plantations de petite dimension, dispersées,
et généralement situées sur d’anciennes terres
agricoles alors que l’essentiel des analyses
repose sur des études effectuées en zone
tropicale, sur des plantations à grande échelle
(dizaine de milliers d’ha) et installées dans des
espaces sauvages et anciennement boisés.
- Les pays concernés par ces études sont bien
souvent des pays en développement qui ne
présentent donc absolument pas les mêmes
déterminants sociaux-économiques que la
France. Ces déterminants sont pourtant bien
souvent à l’origine de la construction de la
perception des plantations d’eucalyptus des
acteurs locaux.
Ainsi, par exemple en Midi-Pyrénées, les
eucalyptus sont considérés comme pouvant venir
concurrencer les pratiques agricoles sur leurs
meilleures terres car il est possible de les planter
sur les jachères.
! Poursuivre la recherche …
L’audit de 2004 a été une première esquisse
pour déterminer l’acceptabilité sociale des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
D’autres travaux sont actuellement en cours
en collaboration avec des centres de recherche
publique et des universités.
Il est important d’appréhender les relations des
plantations avec leur environnement, en intégrant
la dimension sociétale. Nos recherches doivent
sortir du cadre d’une balance à deux plateaux
opposant l’eucalyptus et l’environnement pour
permettre de prendre en compte les objectifs
assignés à la plantation et les valeurs défendues
par les porteurs d’enjeux dans une nouvelle
perspective : la Valorisation Patrimoniale.
5
Les plantations d’eucalyptus du sud-ouest de la
France sont des plantations de petites
dimensions (dizaine d’ha) et majoritairement
installées en terrain agricole, sur des friches.
Les peuplements sont conduits en Taillis à Courte
Rotation (TCR), avec des rotations comprises
entre 10 et 15 ans. Les rémanents d’exploitation
sont laissés sur place et l’écorçage est
maintenant couramment pratiqué, ce qui permet
de limiter de manière significative les exportations
minérales. Cette sylviculture intensive n’en reste
pas moins une culture très extensive.
Dans ce contexte, les plantations d’eucalyptus
ont actuellement un impact très modéré sur le
milieu, et sans doute insignifiant par rapport à
celui des cultures agricoles intensives.
Au niveau du sol, l’azote pourrait devenir à terme
un facteur limitant de la croissance. Un apport
serait alors requis pour maintenir les niveaux de
production au maximum des potentialités. Au
niveau de l’eau, les impacts à craindre sont
seulement des effets de bordure avec des
cultures adjacentes. En contexte de déficit,
l’eucalyptus régule sa croissance et son système
racinaire superficiel n’est pas à même d’avoir un
impact sur les nappes phréatiques. Au niveau
de la biodiversité, l’installation d’une plantation
sur une friche agricole permet de limiter les pertes
inévitables de biodiversité liées au passage d’un
milieu naturel vers un système de culture. Un
diagnostic préalable permettrait en tout cas de
détecter des zones à valeur patrimoniale
particulière sur laquelle une plantation ne serait
pas indiquée ou pour laquelle une adaptation de
l’itinéraire technique serait nécessaire.
Parallèlement, l’installation d’un boisement a
aussi des effets positifs sur le milieu, que ce soit
sur la structure des sols, l’apport de matière
organique ou la qualité de l’eau, surtout en
contexte agricole.
Réaliser une plantation ou une culture, et plus
généralement, changer l’occupation du sol
provoque inévitablement des changements sur
le milieu environnant. Ils peuvent s’exprimer au
travers du milieu physique ou biologique mais
aussi au travers de la perception qu’en ont les
différents acteurs du territoire.
Quelle est la valeur réelle d’un changement ?
Il est important de sortir d’une logique "d’impact
environnemental" avec une connotation négative
pour envisager de manière plus large les atouts
et faiblesses de cette culture en relation avec
les objectifs poursuivis et les retombées d’un
point de vue économique et social.
Pour en savoir plus
CHASTE, (2004).
Définition d’indicateurs de gestion durable des
plantations d’eucalyptus en Midi-Pyrénées.
Rapport AFOCEL 36 p.
BURGER-LEENHARDT, (1997).
Impact environnemental des plantations d’eucalyptus.
Synthèse bibliographique replacée dans le contexte
français.
Rapport AFOCEL 14 p.
FAO, (1993).
Proceedings of the regional consultation on
eucalyptus. volume i. 4-8 octobre 1993, fao regional
office for asia and the pacific, bangkok. 196 p.
POORE M.E.D. et FRIES C., (1986).
Les effets écologiques de l’eucalyptus.
Etude FAO Forêts n°59 188 pp.
Ed FAO ISBN 92-5-202286-4.
Nicolas NGUYEN THE
Benoit CHASTE
AFOCEL Station Sud
Domaine de St Clément
34980 St Clément de Rivière
Tél. : 04.67.66.74.74
Fax : 04.67.66.74.60
E-mail : [email protected]
ISSN : 0336-0261
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