LE POINT SUR LE ZIKA DOCUMENT DESTINE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE. ETAT DES CONNAISSANCES (SEPTEMBRE 2015) Le virus Zika (ZIKV) est un arbovirus appartenant à la famille des Flaviviridae (genre Flavivirus). Il se transmet d’Homme à Homme par l’intermédiaire de moustiques du genre Aedes. De rares cas de transmission périnatale (trans-placentaire ou lors de l’accouchement), par transfusion sanguine et par voie sexuelle ont également été documentés. Rash maculo-papuleux chez un patient infecté par le virus Zika (source : Foy BD et al). SYMPTOMES ET EVOLUTION L’infection à virus Zika n’est symptomatique que dans 18% des cas. Après une incubation de 3 à 12 jours, surviennent les premières manifestations cliniques d’une durée de 3 à 7 jours. > Des tableaux cliniques variables et peu spécifiques Les principaux signes cliniques présentés par les patients sont la fièvre mesurée ou ressentie (70% des cas), une hyperhémie conjonctivale sans prurit ni écoulement (60%), un exanthème maculo-papuleux débutant le plus souvent à la face avant de s’étendre au reste du corps (90% à 95%) et des arthralgies des extrémités (mains, pieds, poignets, genoux - 65%) associées ou non à des œdèmes (20 à 40%). D’autres signes peuvent être rencontrés : céphalées (45%), asthénie parfois intense (jusqu’à 80%), toux sèche, signes digestifs (nausées, vomissements, diarrhées, 10 à 30%), signes ORL (jusqu’à 20%), douleurs rétro-orbitaires (15 à 40%). Plus rarement, des ulcérations buccales et des manifestations articulaires persistant jusqu’à un mois ont été rapportées. Le bilan biologique standard est la plupart du temps sans anomalie avec parfois une discrète leucopénie ou thrombopénie et une possible augmentation de la LDH et des ɣGT. > Un syndrome fébrile parfois absent ou a minima Comparaison des principaux symptômes entre les infections par le Zika, la dengue, le chikungunya et la rougeole (source : Ministère de la Santé Brésil) Une fièvre supérieure à 38,5°C n’est pas systématiquement retrouvée chez les patients. En Polynésie, l’alerte a été donnée devant des cas de syndromes éruptifs subfébriles ne correspondant pas au tableau de syndrome « dengue like ». Lors de l’épidémie de Yap, les fièvres mesurées étaient toutes inférieures à 38°C. Parmi les cas rapportés chez les voyageurs, la température variait de l’absence de fièvre à plus de 40°C. > Des manifestations neurologiques possibles Au cours des épidémies survenues dans le monde ces dernières années, une augmentation concomitante des syndromes de Guillain Barré a été constatée. En Polynésie française, d’autres manifestations neurologiques et immunitaires post infection ont également été rapportées (encéphalites, méningo-encéphalites, myélites, névrite optique et purpura thrombopénique idiopathique). a Fièvre Myalgies/arthralgies Œdèmes des extrémités Exanthème maculo-papuleux Zika +++ ++ ++ +++ Dengue ++++ +++ 0 ++ Chik +++ ++++ 0 ++ Rougeole ++++ 0 0 ++++ Douleur rétro-orbitaire Hyperhémie conjonctivale Lymphadénopathie ++ +++ a + ++ 0 ++ + + ++ 0 ++++ b + Hépatomégalie Leucopénie/thrombopénie 0 0 0 +++ +++ +++ + +++ Hémorragies Toux productive 0 0 + 0 0 0 0 +++ pas de prurit ni exsudat b photophobie DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE Diagnostic biologique de l’infection par le virus Zika Délai écoulé depuis la date de début des signes La confirmation biologique se base sur le diagnostic direct : détection par PCR en temps réel (RT-PCR) de l’ARN viral dans le sang et/ou dans les urines. La virémie est courte (généralement 5 jours, maximum 7) mais le virus peut par contre être détecté dans les urines jusqu’à 10 jours après le début des symptômes. Le diagnostic indirect par recherche d’anticorps n’est pas recommandé en raison des réactions croisées avec de nombreux autres virus et de l’absence de disponibilité du test en dehors du CNR des arbovirus. ≤ 5 jours RT-PCR sang RT-PCR urines > 5 jours RT-PCR urines Les prélèvements doivent être adressés au CNR associé des arbovirus, CHU Réunion site Nord PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE Il n’existe pas de traitement spécifique et la prise en charge est essentiellement symptomatique. Du fait de la similitude des symptômes avec ceux de la dengue chez certains patients, dans les zones où une circulation de la dengue est avérée, il est recommandé d’éviter l’aspirine, l’ibuprofène et les autres AINS en raison du risque hémorragique en cas de dengue. MISE EN PLACE DE LA SURVEILLANCE A l’heure actuelle, le virus Zika ne circule pas à la Réunion. Le risque majeur identifié est donc l’introduction du virus sur le territoire via un voyageur infecté revenant d’une zone épidémique (à l’heure actuelle : Brésil ou Nouvelle Calédonie). Néanmoins, vu le caractère paucisymptomatique de l’infection, il est possible que le ou les premiers cas importés passent inaperçus et que l’identification de la circulation se fasse comme en Polynésie par le signalement de regroupements de syndromes éruptifs subfébriles en patientèle. > Quand suspecter un Zika et demander une confirmation biologique? Tout cas suspect de Zika devra faire l’objet d’un prélèvement à adresser au CNR associé des arbovirus (CHU de la Réunion site Nord) en vue d’une confirmation biologique. Les cas suspects de Zika sont les patients répondant aux critères suivants : SIGNES PRINCIPAUX EXANTHEME maculo-papuleux Au moins 1 SIGNE PRINCIPAL et/ou + SIGNES ASSOCIES Au moins 2 SIGNES ASSOCIÉS en l’absence d’autres étiologies FIEVRE même modérée hyperhémie conjonctivale et/ou arthralgies et/ou myalgies Chez un patient ayant séjourné dans une zone à risque (Brésil, Colombie, Cap Vert, îles Fidji et Samoa) dans les 15 jours précédant les signes et/ou Chez au moins deux patients regroupés dans le temps et l’espace même sans notion de voyage > Comment signaler les cas ? Tout cas suspect de Zika donnant lieu à une demande de confirmation biologique devra être signalé sans délai à la Plateforme de veille, d’alerte et d’urgences sanitaires par téléphone ou par fax (coordonnées ci-contre). Les cas confirmés par le laboratoire devront également être signalés sans délai à la Plateforme. Le signalement d’un cas suspect ou confirmé entrainera la mise en place immédiate de mesures de contrôle et d’investigations épidémiologiques. LES GESTES DE PREVENTION Il n’existe pas actuellement de vaccin permettant de se protéger du virus Zika. Aussi la prévention passe par la protection individuelle et collective contre les moustiques afin de limiter la possibilité de transmission en cas d’introduction du virus. Des gestes simples peuvent être réalisés au quotidien : − Eliminer les eaux stagnantes dans son environnement (vider les soucoupes, vérifier l’écoulement des gouttières, respecter les jours de collecte des déchets, vider les petits récipients, etc.) ; − Eliminer les déchets pouvant générer des gîtes larvaires ; − Se protéger contre les piqûres de moustiques (diffuseurs, répulsifs, vêtements couvrants, moustiquaires…). Cette recommandation est particulièrement importante pour les personnes virémiques afin de protéger leur entourage contre un risque de transmission secondaire. Pour les nourrissons et jeunes enfants potentiellement virémiques ou dont une personne de l’entourage est susceptible d’être virémique, l’usage de la moustiquaire pour la sieste est recommandé.