“J`ai offert ma fresque à la ville de Annaba”: Toute l

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Virginio Vona, artiste peintre italien, à Liberté
“J’ai offert ma fresque à la ville de Annaba”
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Dans le cadre de la 9e édition du Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda), qui s’est tenue du
4 au 8 octobre, l’artiste peintre Virginio Vona a présenté une fresque dédiée à la ville de Annaba. Dans cet
entretien, il revient sur ses motivations dans la réalisation de son œuvre, ses liens avec cette ville algérienne, et
ses projets de donation.
Liberté : C’est votre 5e participation au Festival international de la bande dessinée d’Alger (Fibda).
Pour cette édition, vous avez présenté une fresque assez particulière. Pouvez-vous nous dévoiler
quelques éléments sur le thème de cette œuvre ?
Virginio Vona : Si vous la regardez, vous réaliserez que c’est une allégorie de la ville de Annaba. Elle comporte
aussi un sujet très actuel. Celui de l’immigration, qui est pour moi un flux normal, c’est même un droit. Si vous
regardez aussi, j’ai ajouté à ma toile une carte de Sicile, et au milieu j’ai inséré des symboles berbères, ainsi
que le logo de la ville de Annaba et à côté le drapeau de l’Algérie. Il y a aussi plein de trains dans mon œuvre,
c’est très symbolique. Ça représente le voyage et les immigrations. Il y a une très grande histoire derrière les
trains, ça représente même la déportation. C’est des histoires dures. Au milieu de la fresque il y a la mer et le
port, parce que Annaba est une ville portuaire. J’ai d’ailleurs ajouté le code numérique de la wilaya, le 23, sans
oublier le symbole de saint Augustin, orné de coquillages. Car il faut savoir que dans l’histoire, qu’elle soit
romaine ou grecque, les coquillages sont utilisés pour représenter l’immigration, le pèlerinage ou la naissance.
Ici j’ai pris l’idée du tableau de Piero Della Francesca. C’est un grand peintre qui a utilisé le coquillage avec la
perle, qui signifie la naissance et la protection. Et dans mon tableau, le coquillage représente la naissance de
ma maman. Pour le chiffre 354, c’est la naissance de saint Augustin, et celui de 410 c’est la chute de Rome, et
c’est où saint Augustin a écrit La Cité de Dieu. On trouve dans mon dessin aussi l’invasion française, symbolisée
par un train qui est en train de passer. La couleur de cette œuvre est le rouge, ça nous rappelle la passion, la
colère, l’amour, la violence et la naissance. C’est une couleur forte... Cependant, pour le côté sombre
prédominant, il nous plonge dans les événements traversés par l’Algérie, une histoire sombre...
Dans votre œuvre, vous avez peint aussi la mosquée et l’église, l’une à côté de l’autre…
Pour l’église et la mosquée, j’ai été frappé à Annaba par cette communion et cette tolérance entre ces deux
dogmes, ainsi que par l’amour porté à saint Augustin. C’est un exemple de mixité.
Vous avez mis une année pour finaliser cette fresque. Qu’en est-il des techniques utilisées pour sa
réalisation ?
J’ai utilisé une technique mixte, l’encre de Chine, le pastel gras, de l’acrylique et une huile (cire) à la fin, que j’ai
réalisée sur une grande toile. Évidemment, je l’ai vernie pour mieux la conserver.
Vous semblez très attaché à Annaba. Avez-vous des liens avec cette ville algérienne ?
Ma maman et mes grands-parents sont issus de cette ville. C’étaient des Siciliens qui avaient émigré à Bône. Ils
y avaient vécu une partie de leur vie, d’ailleurs ma maman est née en 1935 à Annaba. Je voulais donc réaliser
cette fresque en hommage à ma mère, et à la lumière de cette ville. D’ailleurs, je l’offre à la ville de Annaba,
c’est une donation, elle ne pourrait être vendue. Mon agent artistique, quand il a conclu le contrat avec le maire
de Annaba, il a veillé à ce qu’on respecte quelque close.
Il faudrait donc qu’elle soit assurée, au cas où la toile serait volée, abîmée ou même brûlée, et l’argent récupéré
sera remis à une école d’art de Annaba. C’est une belle idée, car moi je ne veux pas d’argent, je l’ai faite pour
ma mère. Elle appartiendra donc au patrimoine de Annaba.
I. A.
@ImeneAmokrane
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