LE SURPLUS DU CONSOMMATEUR 1. Demande du marché et demande du consommateur. a. Agrégation des demandes individuelles : i. la demande d’un consommateur s’écrit par exemple pour le bien 1 (univers simplifié à 2 biens) : xi1 p1 , p2 , mi ii. la demande du marché de ce bien, où se retrouvent n consommateurs est n X 1 p1 , p2 , m1 ,..., mn xi1 p1 , p2 , mi i 1 iii. peut s’écrire pour chacun des n biens : la demande du marché de chaque bien dépend de chacun des prix et de la distribution des revenus b. Mesure des caractéristiques de la demande du marché : élasticité revenu et élasticités prix i. les choix des consommateurs sont essentiellement différents (chacun à sa propre relation de préférence) mais même principe de rationalité, donc mêmes règles pour cette demande que celles qui ont été définies pour la demande individuelle ii. pour un bien normal quand les revenus s’élèvent (certains ou pour tous les consommateurs) la demande du marché s’accroît (pour des prix inchangés), et inversement ; iii. pour un bien normal quand le prix du bien augmente sa demande sur le marché diminue (les autres facteurs étant inchangés) et inversement iv. les biens sont plus ou moins liés entre eux par des relations de substituabilité ou de complémentarité se traduisant par un impact sur la demande de marché du bien i d’une variation du prix du bien j v. la sensibilité de la demande du marché à une variation de ces variables est mesurée par l’élasticité revenu et l’élasticité prix (directe ou croisée) ; dans la réalité c’est à ce niveau qu’elles sont calculées à partir d’enquêtes de consommation. 2. Notion de surplus. a. Objet. i. ii. Intérêt pour différentes appréciation de la situation des consommateurs confrontés des changements de conditions du marché Fondement de la théorie du bien être (base de l’économie publique théorique) : 1) idée de comparer des situations différentes qu’atteignent les consommateurs (et autres agents, voir plus loin) quand les conditions de l’équilibre changent 2) avec Pareto tentative pour se servir de l’utilité : ordinale, mais pas de fondement logique à la définition d’une unité de mesure 3) idée d’utiliser la dépense réalisée comme point de repère objectif : prix et quantités observés ; comparée à ce qui aurait pu être dépensé dans d’autres situations (éventuellement virtuel). b. Mesure et représentation. i. Comportement du consommateur : 1. Notion de prix de réserve : prix au-delà duquel il renonce à acheter une ou plusieurs unités du bien ; mise en évidence pour un bien non divisible : acheté en unités entières (demande discrète par opposition à demande continue) puis étendu à la demande continue (divisible). 2. Demande indivisible puis divisible a) demande discrète : niveau de prix maximum pour des quantités successives demandées du bien au niveau de réserve r1 : une seule unité achetée au niveau r2 : deux unités … b) peut être considéré comme une expression de l’utilité mesurée par la dépense maximale associée à différentes quantités du bien : si le consommateur achète 3 unités une mesure de son utilité est donnée par la surface totale associée à ces 3 unités c) il a payé un prix qui est inférieur à r4 ( sinon achète 4 unités) d) on appelle surplus brut la surface en grisé : lié au fait que le prix pour toutes les unités achetées est inférieur à ce qu’il était prêt à payer pour les unités précédentes e) on s’intéresse plutôt au surplus net : il a payé un prix p et ce qu’il n’a effectivement pas payé est la différence ; surplus d’autant plus grand que l’unité considérée était associée à un prix de réserve plus élevé ; f) ce « bénéfice » est évidemment virtuel (par rapport à des dépenses non effectuées, seulement potentielles) g) schéma de représentation : ii. Agrégation des demandes individuelles : a) passage du surplus d’un consommateur à celui de l’ensemble des consommateurs : somme des surplus des consommateurs qui constituent le marché correspond à l’objectif de disposer d’une mesure des changements intervenus sur un marché (changement des prix relatifs, du revenu réel, création de taxes, transferts) b) demande continue (hypothèse de divisibilité) : la courbe en escalier est une approximation de la courbe continue de la fonction de demande usuelle : en divisant le bien en quantités aussi petites que possible on se rapproche de la courbe ; hypothèse sur la fonction d’utilité et les relations entre les biens : prix de réserve, changement progressif du prix du bien considéré et décision de dépense : suppose que la réaffectation du budget du consommateur ne dépend pas de l’autre bien suppose l’absence d’effet de revenu : possible pour des utilités quasi-linéaires (biens proches de la substitution parfaite : pas d’ER) c) surplus brut et surplus net : ce qu’il était prêt à payer (pour des quantités égales ou inférieures) moins ce qu’il paye finalement. c. Demande continue et variation du surplus : i. remplace la notion d’utilité dans une perspective de mesure quantitative pour comparer des situations 1) pas d’intérêt de mesurer le surplus attaché à un équilibre : nature virtuelle 2) consommateurs entre eux ou changement de conditions du marché 3) hypothèse implicite : chaque consommateur a plus ou moins le même prix de réserve ou alors le surplus des consommateurs est distribué de façon plus ou moins inégale entre eux ii. changement de prix d’équilibre : hausse du prix et réduction du surplus le prix passe de p’ à p’’ : la quantité demandée passe de x’ à x’’ le surplus se réduit de la surface en grisé mais se compose de 2 éléments distincts qui représentent 2 types de pertes ou de dégradation de leur situation iii. décomposition de la réduction du surplus : 1) tenir compte de la réduction de quantité : consommation réduite de x’ à x’’ ; perte de satisfaction mesure par l’aire de la surface T 2) les unités qui sont toujours achetées (correspondant à x’’) sont payées plus cher ; perte de satisfaction mesurée par l’aire de la surface R. d. Mesure du surplus et compensation. i. raisonnement sur des utilités quasi-linéaires : 1) simplifie les calculs et approximation 2) ne change pas fondamentalement les résultats 3) revient à la situation du consommateur (pas d’idée de comparaisons interpersonnelles) : 2 situations successives du consommateur (goûts inchangés) ii. variation équivalente et variation compensatoire : idée de comparer des situations avec une autre approche de l’utilité qui donnerait quand même une mesure exacte de ce qui a changé dans la situation du consommateur 1) différent du surplus, une autre manière de quantifier des changements de situation pour approcher d’une notion mesurable de l’utilité ; 2) question : comment compenser les inconvénients de la réduction de consommation de l’individu effet d’une augmentation du prix du bien 1 (l’autre prix est normalisé à 1 pour simplifier l’écriture) : * * initialement ( p1* , 1) et le panier ( x1 , x2 ) ; le prix augmente à p̂1 : le panier consommé devient ˆ1 , xˆ2 ) ; (x comment mesurer la perte subie par le consommateur ? 2 possibilités : solution de type Hicks mais à l’envers : nouveau rapport de prix et passage à un nouveau point optimal à un niveau de satisfaction inférieur compensation du revenu qui permettrait de conserver le même niveau de satisfaction avec le nouveau système de prix : graphe A donnerait une nouvelle situation optimale avec seulement substitution sur la même courbe d’indifférence variation équivalente : ce qu’est prêt à payer le consommateur (amputation de son revenu par une taxe par exemple) pour éviter la variation du prix variation de prix et nouvelle droite de budget ; compensation du revenu avant changement de prix représentant la perte de satisfaction que lui occasionnera la hausse du prix (courbe d’indifférence passant par le nouveau panier) ; compte tenu de cette variation de revenu le changement de prix se traduit par une simple substitution ces 2 montants ne sont égaux que si les préférences sont linéaires (ou quasi-linéaires) : toujours la même distance entre 2 courbes d’indifférence Ces 2 manières de mesurer l’impact sur le consommateur d’une variation de prix correspondent à des questions très concrètes que se posent les responsables de politiques économiques dans des domaines où le marché ne résout pas tout : certaine relations qui ne sont pas prises en compte par le marché, en particulier les problèmes de pollution, d’environnement en général - taxe sur la consommation d’énergies non renouvelables - protection de sites naturels - conservation de la qualité de l’eau Evaluation du montant qu’est prêt à payer le consommateur pour éviter une variation de prix ou ce qu’il doit recevoir pour compenser l’effet d’une hausse. Même raisonnement pour le producteur : permet de comparer des situations de marchés.