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UNE HISTOIRE PARMI TANT D’AUTRES
Madame S, 39 ans, se sentait fatiguée et avait de la peine à se concentrer. Un jour, elle a commencé à sentir des
fourmillements dans ses membres, ce qui l’a amenée à consulter un neurologue. Divers examens ont permis de
poser le diagnostic de sclérose en plaques. Madame S a eu très peur et s’est vue terminer sa vie en fauteuil roulant.
Quelques mois plus tard, elle a fait une nouvelle poussée pendant laquelle elle a présenté des troubles visuels.
Traitée avec des médicaments adéquats, elle a recouvré la vue. Depuis ce jour, elle prend régulièrement son
traitement médicamenteux, les poussées sont rares et traitées.
Madame S arrive à vivre une vie normale, en travaillant à temps partiel et en aménageant des plages de repos. Elle
a contacté une association pour partager son vécu, ce qui lui a permis de rencontrer des personnes qui la
comprennent. Elle n’ose pas se plaindre devant ses amis qui ont la même maladie, car certains ont des troubles
plus handicapants.
Elle a rapidement effectué un examen neuropsychologique afin d’évaluer ses ressources et ses faiblesses cognitives.
A l’aide du neuropsychologue, elle a développé des stratégies plus efficaces pour mémoriser les informations. Elle
suit également des cours de sophrologie, qui lui ont permis d’avoir un meilleur vécu par rapport aux sensations de
son corps qui se sont modifiées. Les techniques apprises l’aident également à mieux gérer les douleurs.
QUE SE PASSE-T-IL DANS LE CERVEAU D’UNE PERSONNE VICTIME D’UN TRAUMATISME CRÂNIOCEREBRAL (TCC) ?
Le traumatisme crânio-cérébral résulte d’un choc violent sur la tête. L’impact entraîne une déformation du crâne,
voire une fracture qui peut blesser le système sanguin sous-jacent au niveau des méninges (membranes qui
entourent le cerveau et sont fortement vascularisées) et aboutir à la formation d’un hématome sous-dural ou
extra-dural. Au niveau du cerveau, il en résulte des contusions situées au point d’impact et à distance, à son
opposé, par contrecoup, ainsi que des lésions microscopiques diffuses dues à l’ébranlement de la masse
encéphalique. Lorsque la tête est en mouvement avant le choc (par exemple dans un véhicule en déplacement) ou
si le choc met la tête en mouvement, il se produit une accélération suivie d’une décélération. Ces phénomènes
dynamiques peuvent résulter en des lésions focales prédominantes dans les régions frontales et temporales
antérieures (le cerveau heurtant la boîte crânienne), ou en lésions axonales diffuses (par étirement et/ou rupture
des axones ou des vaisseaux au niveau de la substance blanche). Les mouvements d’extension et de flexion de la
nuque provoqués par le choc sont, quant à eux, susceptibles d’engendrer une atteinte du tronc cérébral par
cisaillement des fibres nerveuses. Ces lésions sont responsables des troubles de la conscience et de la vigilance. Par
ailleurs, une diminution de la perfusion cérébrale peut engendrer des lésions ischémiques, auxquelles est
particulièrement vulnérable la formation hippocampique (région impliquée dans les processus mnésiques). On a
aussi mis en évidence des altérations neurochimiques perturbant la libération des neurotransmetteurs,
modifications probablement impliquées dans les troubles du comportement.
Outre ces atteintes traumatiques primaires, on peut compter diverses atteintes secondaires (hématomes des
méninges ou intra-cérébraux, crises épileptiques, hydrocéphalie, œdème cérébral, atrophie cérébrale, infections).
Les TCC peuvent être classés sur un continuum allant du TCC léger au TCC sévère. Le diagnostic peut se faire sur
la base de différentes mesures, telles que le score à l’échelle de coma de Glasgow, la durée de l’amnésie posttraumatique (PTA) ou de la perte de connaissance.
Selon la localisation des lésions focales, on peut observer des troubles touchant les diverses fonctions cognitives
(langage, mémoire, fonctions exécutives, attention, etc) et donc voir apparaître les syndromes neuropsychologiques
classiques, ainsi que des séquelles neurologiques, notamment l’hémiplégie ou les lésions des nerfs crâniens (en
particulier le nerf olfactif, le nerf facial, le nerf auditif).
Les troubles mnésiques sont très courants, compte tenu de la fréquence des lésions temporales. Ces troubles
peuvent être de nature diverse : Sur le versant rétrograde, on peut observer une amnésie pré-traumatique, à savoir
la perte des souvenirs des événements précédant l’accident ; sur le versant antérograde, on note une amnésie
post-traumatique (période pendant laquelle la mémoire épisodique ne fonctionne plus de manière continue et
dont la victime ne garde aucune trace hormis d’éventuels îlots de souvenirs isolés), ainsi que des troubles durables
de la mémoire à long terme (MLT) et de la mémoire de travail.
Les troubles exécutifs et attentionnels sont également au premier plan, les lobes frontaux constituant la région la
plus fréquemment touchée lors de TCC. Ils se manifestent dans les tâches faisant appel aux capacités d’incitation,
d’inhibition, de planification, d’organisation, d’attention sélective et d’attention divisée, ainsi que sur le plan
comportemental (modifications du comportement et de la personnalité, altération du comportement émotionnel,
anosognosie).
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QUE PEUT-ON FAIRE ?
Un suivi neuropsychologique précoce est indispensable suite à un traumatisme crânio-cérébral sévère afin d’évaluer
l’état cognitif du patient dès son réveil, de l’aider à rétablir son orientation spatio-temporelle, puis de déterminer les
séquelles cognitives. La prise en charge sera axée sur l’amélioration des fonctions altérées, dans un ordre de
priorité pouvant se modifier au cours de l’évolution, et de trouver des stratégies de compensation et d’adaptation
aux difficultés. Des bilans d’évolution permettront de quantifier les progrès au fil du temps. Le neuropsychologue
participe à une prise en charge multi-disciplinaire (neurologue, ergothérapeute, physiothérapeute, assistant social,
etc.) visant à retrouver un degré d’autonomie maximal. Il participe notamment aux décisions de retour à domicile
et de reprise du travail. Il inclut l’entourage proche du patient dans sa prise en charge, par le biais d’entretiens,
d’informations et de conseils.
Selon le degré de sévérité du TCC, une prise en charge en phase aiguë n’est pas toujours indispensable. En cas de
TCC léger ou modéré, le médecin décidera de la nécessité de réaliser un examen neuropsychologique détaillé, en
général en fonction des plaintes du patient. En cas de difficultés subjectives ressenties pas le patient dans la gestion
de ses activités quotidiennes ou professionnelles, une évaluation des fonctions cognitives permet soit d’infirmer les
troubles et de rassurer le patient, soit de confirmer les déficits et de proposer au patient un suivi et de prendre des
dispositions quant à ses obligations (notamment professionnelles).
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