quelles sont les energies consommées et produites sur une

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QUELLES SONT LES ENERGIES CONSOMMÉES ET PRODUITES
SUR UNE EXPLOITATION CHARENTAISE ?
Des bilans énergétiques ont été effectués sur des exploitations de type viticoles et céréalières. La synthèse
de ces diagnostics montre que le oul utilisé pour les tracteurs, le gaz pour la distillation et les apports de
fertilisants sont les postes les plus consommateurs en énergies.
Depuis le début de l’ère industrielle, la concentration de dioxyde
de carbone, d’oxyde d’azote et de
méthane, dits «gaz à effet de serre»
(G.E.S.), a augmenté, provoquant
ainsi le réchauffement climatique.
L’agriculture représente environ
19 % des émissions de GES totales
du fait de la digestion des ruminants,
du cycle de vie des intrants (engrais
et phytosanitaires) et des pratiques
culturales (plus de 20 % des sources
d’émission). A cela, vient s’ajouter
une part non négligeable des combustibles utilisés dans notre région
lors de la distillation (gaz, fuel) pour
la production d’eaux de vie.
An d’identier et d’évaluer les
principaux postes énergétiques
d’une exploitation en Charente, des
diagnostics énergétiques sont réalisés chez des exploitants de lières
de productions différentes.
Création d’un observatoire
énergétique en Charente
Objectif de l’observatoire :
sur la méthode PLANETE mise au
point par l’association SOLAGRO.
sur l’exploitation, huile des moteurs,
propane, butane, gaz naturel)
Principe de la méthode et
du diagnostic PLANETE
• Les énergies indirectes :
qui ont été consommées lors de
la fabrication et du transport des
intrants :
- Les engrais minéraux et
organiques
- Les produits phytosanitaires
- Les semences
- L’amortissement énergétique
des matériels et machines utilisées
ainsi que celui des bâtiments (énergie dépensée dans la fabrication des
tracteurs et outils, ou dans les matériaux du bâtiment).
Objectif de la méthode :
• quantier à l’échelle de l’exploitation agricole, les entrées et les
sorties d’énergies.
• évaluer les émissions de Gaz
à Effet de Serre liées à la consommation d’intrants et aux pratiques agricoles.
LES ENTREES : la consommation d’énergie de l’exploitation
• Les énergies directes :
consommées sur le site de l’exploitation :
- Le oul (tracteurs, tiers de
l’exploitation (CUMA, entreprise de
travaux agricoles))
- L’électricité (compteurs EDF,
irrigation collective)
- Les autres produits pétroliers
(gazole, essence pour les transports
LES SORTIES : la valeur énergétique alimentaire de la production de l’exploitation
En matière d’énergie, l’agriculture a la spécicité de pouvoir produire de l’énergie alimentaire, ou plus
exactement de transformer grâce à
la photosynthèse l’énergie solaire en
énergie chimique stockée sous forme
de biomasse végétale. L’énergie produite permet de calculer l’efcacité
énergétique d’une exploitation.
Schéma général de l’analyse PLANETE
• suivre les consommations
énergétiques des exploitations en
fonction des lières de production,
• identier les économies
d’énergies potentielles,
• étudier la possibilité de substituer les énergies fossiles par une ou
plusieurs énergies renouvelables.
Quelles sont les exploitations
agricoles analysées ?
60 exploitations de productions
différentes sont suivies sur le
département de la Charente par la
Chambre d’agriculture et l’ADASEA.
Des bilans énergétiques sont basés
8 – Chambre Infos-16 - Viticulture-Oenologie - Dossier technique n° 9 - Décembre 2007
Synthèse des bilans
énergétiques pour les
exploitations charentaises
viticoles-céréalières
Exploitations enquêtées : 29
exploitants cultivant la vigne et les
céréales ont réalisé un bilan énergétique de leur exploitation. En moyenne, 48 ha sont destinés aux céréales
et 20 ha pour la vigne. De plus, sur
les 29, 20 d’entre eux sont bouilleurs
de cru.
Unités utilisées : L’unité de l’énergie dans le système international est
le Joule mais, pour des raisons pratiques, les consommations énergétiques présentées ici sont exprimées
en EQF = Equivalent Litre de
Fioul. En effet, tout le monde imagine assez bien par habitude ce que
représente un litre de oul pour sa
voiture, son chauffage...
Exemple : 50 kg de propane
consommés = 71 EQF (Equivalent Litre de Fioul)
Quelle est la consommation
énergétique
moyenne
d’une
exploitation ?
En Charente, elle est de 555 EQF / ha
SAU avec des extrêmes allant de 201
EQF/ha à plus de 1075 EQF/ha, ce
qui est comparable aux valeurs obtenues dans d’autres régions viticoles
et à l’échelle nationale.
Pour repère, 555 EQF équivaut à
6928 km effectués avec une voiture
diesel à 7L/100 km sur 1 ha.
Sur une exploitation charentaise,
la part en énergies directes utilisée
(oul, gaz, électricité…) est supérieure à celle en énergies indirectes
(phytos, fertilisants, semences, matériels...). Plus la surface de vigne est
importante par rapport aux céréales,
plus les énergies directes consommées semblent élevées et plus la part
en énergies indirectes est réduite.
Ceci reste à conrmer avec un nombre d’exploitations plus important.
Les exploitations en Charente
sont plus productrices d’énergies que
dans d’autres régions (1481 EQF/ha
SAU contre 1192 EQF/ha, moyenne
nationale).
L’efcacité énergétique (rapport
sorties / entrées) est meilleure sur
les exploitations charentaises avec
un rapport Sorties/Entrées de 2,96
contre 2,1 au niveau national. Quand
l’efcacité énergétique est supérieur
à 1, le bilan énergétique est positif :
l’exploitation produit plus d’énergie
(sous forme alimentaire) qu’elle n’en
a consommée (sous forme d’énergie
non renouvelable). Ici, plus de 90%
des exploitations ont une efcacité
supérieure à 1.
Quelle est la répartition des énergies consommées
sur une exploitation ?
Répartition des énergies consommées sur
une exploitation
(échantillon : 29 exploitations)
Trois postes représentent plus
de 70 % de la consommation totale
d’énergie :
atteindre plus de 250 EQF/ha dans
certains cas.
Deux postes d’énergies directes :
le oul et les autres produits pétroliers
(gaz, gazole, essence, lubriants). La
consommation en oul, principalement
liée à l’usage des tracteurs, est de
l’ordre de 130 EQF/ha SAU et peut
Chez les bouilleurs de cru, la distillation au gaz est le poste le plus
consommateur en énergie puisqu’il
représente 56% du poste « autres
produits pétroliers » et peut atteindre
plus de 25% de la consommation
globale en énergies.
Commentaire Graphique : En Charente, les postes « Autres produits pétroliers » et « Fioul » sont les plus consommateurs par rapport à la base
un poste d’énergie indirecte : la
fertilisation
La consommation d’énergie liée
à l’apport des fertilisants est très variable d’une exploitation à l’autre. La
valeur moyenne des exploitations qui
en consomment est de 140 EQF/ha
SAU. En Charente, plus de 90% des
exploitations ont une consommation comprise entre 1 et 275 EQF/ha
SAU.
Février 2008 - Dossier technique n° 10 - Viticulture-Oenologie - Chambre Infos-16 – 9
2,08 tonnes de N20/ha soit 37 % des
émissions globales de l’exploitation.
Les exploitations enquêtées n’émettent pratiquement pas de méthane,
car l’élevage ne fait pas partie de
l’échantillon enquêté.
Commentaire graphique : Le poste « Fertilisants » est le plus consommateur en
énergie surtout en Charente. L’énergie liée à l’utilisation des phytos est nettement
supérieure à la base nationale, ce qui s’explique par la plus grande utilisation des
phytos pour la culture de la Vigne. Le poste « Semence » est peu représenté.
En Charente, la plupart des bâtiments ont plus de 20 ans donc, ils sont amortis
énergétiquement, ce qui conrme la faible part du poste « Batiments ».
Quels sont les Gaz à Effet de
Serre (GES) émis par une exploitation agricole :
En agriculture, les principales
émissions de GES proviennent
• des animaux (émissions
de méthane (CH4) et de protoxyde
d’azote (N20)).
• des différentes formes
d’azote mises en jeu (émissions de
protoxyde d’azote (N2O) directement
dans l’air ou via le sol (fertilisation,
minéralisation, xation, émissions
gazeuses directes…),
• et de la consommation d’énergie directe ou indirecte (CO2 et oxydes
d’azote lors des combustions).
Ces gaz n’ont pas le même pouvoir de réchauffement. Par exemple,
1 kg de CH4 produit autant d’effet de
serre que 21 kg CO2.
Quel est le pouvoir de réchauffement global (PRG) de l’atmosphère
d’une exploitation agricole ?
A partir de la méthode PLANETE, il
est possible de calculer à l’échéance
de 100 ans, le Pouvoir de Réchauffement Globale des gaz émis par une
exploitation agricole. On le calcule
par le cumul pondéré des quantités
des 3 gaz ci-dessous :
1 tonne de CO2 = 1 tonne éq CO2
1 tonne de CH4 = 21 tonnes éq CO2
1 tonne de N20 = 310 tonnes éq CO2
En dénitive, même des gaz émis
en petite quantité peuvent fortement
contribuer à l’accentuation de l’effet
de serre.
En fait, le PRG reète les conséquences de l’émission des gaz à effet
de serre émis par une exploitation sur
le réchauffement de l’atmosphère.
Plus la consommation énergétique
globale d’une exploitation est élevée
et plus le pouvoir de réchauffement
global est important.
Le PRG moyen obtenu sur les 29
exploitations est nettement inférieur
aux valeurs obtenues au niveau national. Il est de 1.74 tonnes éqCO2/
haSAU alors qu’en moyenne au niveau national, le PRG atteint 4,78 t
de eqCO2/ha sur une exploitation
agricole (toutes lières confondues).
Par exemple, l’émission de 1.74 t
eqCO2/ha SAU équivaut 9714 km en
roulant avec une voiture diesel (7L pour
100 km) sur un ha.
Quels sont les Gaz à Effet de
Serre émis par une exploitation
charentaise ?
En Charente, une exploitation
cultivant de la vigne et des céréales
émet en moyenne :
1,1 tonnes de CO2/ha correspondant à 63 % des émissions globales de l’exploitation
Ces bilans énergétiques montrent combien les consommations énergétiques sont variables
d’une exploitation à l’autre et ce
d’autant plus en comparant des
exploitations du même type. Cette
synthèse laisse entrevoir les solutions possibles pour économiser
les énergies mais surtout, montre
qu’il n’existe pas de solutions préconçues. Chaque stratégie mise
en place pour faire des économies doit nalement être adaptée
à chaque exploitation et doit faire
appel à beaucoup de bon sens.
Nous le développerons dans notre
prochain bulletin. Avant d’entamer
une démarche pour utiliser et produire des énergies renouvelables
(solaire, bois-énergie, panneaux
photovoltaïques…), il faut d’abord
Contact : Laura Mornet - 05 45 36 34 00
e-mail : [email protected]
10 – Chambre Infos-16 - Viticulture-Oenologie - Dossier technique n° 9 - Décembre 2007
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