gaz contenus dans le sang. Le mélange d'oxygène et d'azote respiré par l'homme dans son milieu naturel devient en profondeur un mélange toxique. L'oxygène de l'air est transporté dans le sang par fixation sur l'hémoglobine. Or une trop forte proportion d'oxygène bloque, paradoxalement, le phénomène d'oxygénation de l'organisme. -S'il se trouve en trop grande quantité dans le sang, il ne peut plus se répandre dans les tissus et c'est l'asphyxie. Il en va de même pour l'azote. Présent en trop grande quantité, il agit comme un narcotique et procure au plongeur cette euphorie, cette impression d'ivresse qui causa tant de morts parmi les plongeurs. Peu à peu les physiologistes comprirent qu'il fallait modifier la composition de e l'air » fourni aux plongeurs. On réduisit le taux d'oxygène dans le mélange, de sorte qu'il ne dépassa jamais une pression de 1,7 kg. Puis, on décida également de remplacer l'azote toxique par de l'hélium ou de l'hydrogène. En 1956, l'Anglais Wookey, alimenté avec un mélange d'oxygène et d'hélium, atteignit une profondeur de 183 mètres. Le professeur Buhlmann, de Zurich, expliqua alors l'ivresse des profondeurs comme vulgaire asphyxie par blocage des alvéoles pulmonaires immobilisées par des gaz trop denses. Ceux-ci provoquaient l'accumulation dans le sang d'une trop grande quantité de gaz carbonique toxique. Le mélange oxygène-azote bloquant la ventilation par sa masse, il convenait ,d'user de gaz plus légers et de combattre la narcose par un effort de ventilation supplémentaire. En effet, nombre de nageurs parviennent aujourd'hui à combattre les troubles de la profondeur en accélérant la ventilation de leurs poumons. Le secret de l'hélium DANS LES FONDS SOUS-MARINS Holmès-Lebel Vingt-cinq heures à 250 mètres La plongée pose à l'organisme humain des problèmes considérables. L'homme n'a d'ailleurs guère franchi jusqu'ici le cap des 250 mètres en scaphandre autonome. Les gaz que recèle le sang humain en effet subissent à grande profondeur d'importantes modifications. En septembre 1947, le premier maître, Maurice Fargues, à la recherche d'un record du monde, descend à uhe profondeur de 120 mètres, Il est soudain saisi par un sentiment nouveau, une sorte d'euphorie, qu'on appelle aujourd'hui Page 18 20 juillet 1966 « l'ivresse des profondeurs » et qui paraît présenter les m'élites caractéristiques que cette euphorie dont les cosmonautes ont fait état. En tout cas Maurice Fargues n'est pas remonté. Il a lâché son embout respiratoire et il est mort noyé. La ventilation des poumons _Quelques années plus tard, en décembre 1953, un Américain de Miami fait la même et malheureuse expérience. On décide alors de fixer la limite de sécurité des plongeurs sous-marins à une profondeur de 80 mètres. Mais aussitôt les médecins s'attaquent au problème. Et un certain nombre d'observations et de déductions permettent alors de reculer cette limite. Première observation : la pression ne risque pas de faire périr le plongeur par « écrasement ». Car lorsque l'organisme tout entier est soumis à la même pression, un équi libre s'y réalise. La pression à l'intérieur du corps est alors la même que celle du milieu environnant. Première déduction: le problème est donc circonscrit à celui de la solubilité des En descendant vers les fonds marins, l'organisme se charge d'une grande quantité de gaz. De la même manière, ces gaz cherchent à se libérer au fur et à mesure que le plongeur remonte et que la pression se rapproche de la normale. Or une remontée trop rapide ne permet pas l'élimination régulière du mélange gazeux, et l'on se trouve alors dans le même cas que celui de la bouteille de champagne dont on enlève brusquement le bouchon. Des bulles se forment dans les vaisseaux sanguins qui peuvent obstruer ceux-ci jusqu'à provoquer ce que l'on appelle a l'embolie gazeuse'». Les cellules nerveuses sont alors sousoxygénées, et comme la moelle épinière est particulièrement mal irriguée, elle se trouve la première à souffrir, ce qui se traduit souvent par une paralysie des membres inférieurs. Il faut donc imposer, au plongeur qui r remonte vers la surface, de longues stations successives appelées « paliers de décompression ». Ces arrêts permettent l'élimination progressive des gaz. Or si de tels délais peuvent être catastrophiques en cas d'incident, ils sont également un sérieux