actualité, info et 1988 et présentant à l’inclusion soit une densitométrie osseuse normale, soit une ostéopénie avec un T­score l ­ 2,50), afin d’évaluer l’intervalle nécessaire pour que 10% des participantes aient pro­ gressé vers une ostéoporose avé­ rée. En divisant la cohorte en quatre groupes selon la densité initiale et par une analyse statis­ tique ajustée en fonction des autres risques, dits compétitifs, les auteurs montrent que l’âge et la densité osseuse initiale sont les facteurs les plus importants pour prédire le risque de développe­ ment d’une ostéoporose. Ainsi, point de vue Embryon humain, président républicain Il n’y a pas que l’époque que nous vivons qui soit formidable. Certains pays le sont aussi. Et la France en fait partie. Son jaco­ binisme associé à un régime politique de­ venu ultra­présidentiel fournit, à qui sait re­ garder, un assez remarquable balcon alpin doté d’une longue­vue. C’est le cas, comme souvent, avec les questions relatives à la bio­ éthique, continent moral généralement à la dérive. Le pays avait commencé, on s’en sou­ vient peut­être, la transcription dans la loi du fruit de réflexions généralement consen­ suelles nées de l’avancée de quelques tech­ niques médicales. La chose se passait à la fin des années 80 et au début de la décennie suivante. Pour pimenter le tout le législateur trico­ lore se fouetta : les lois de 1994 allaient être relues et réécrites tous les cinq ans. C’était pécher là par ambition ou gourmandise. On rata 1999 pour se retrouver en 2004. Puis on patienta à nouveau jusqu’en 2011. La machi­ nerie républicaine était fourbue. Dans leur infinie sagesse, les élus de la Nation jugèrent que le temps de la révision périodique avait, précisément, fait son temps. On légiférerait encore dans le champ de la bioéthique, cer­ tes. Mais le moment venu et en cas de force majeure. Quand les avancées des sciences du vivant heurteraient vraiment la conscience humaniste du plus grand nombre. Voilà qui était sage. Mais c’était sans comp­ ter avec le grand rendez­vous – printemps 2012 – des élections présidentielles. Et voici que la bioéthique est à nouveau présente dans le paysage tricolore. Cette fois, elle est sur la scène électorale, bien visible. Et loin devant les questions financières, économi­ ques, de sécurité, de justice sociale et d’iden­ tité nationale. Il y a la question de l’euthana­ sie et de la fin de vie, bien sûr. Avec une question phare : celle de la dépénalisation/ légalisation de la pratique du suicide médi­ calement assisté. Le principal candidat de droite (par ailleurs président sortant) s’y op­ pose quand celui de la gauche (du moins la socialiste) tourne encore la langue dans sa bouche pour expliquer qu’il y serait bien a des indications précieuses pour la prise en charge de l’ostéoporose. Elle permet de conforter l’attitude généralement recommandée d’es­ pacer les mesures densitomé­ triques, en tenant compte de l’âge et de la densité osseuse initiale, les autres facteurs ayant une utilité réduite. Ainsi, une femme de 70 ans avec un score densitométrique su­ périeur à ­ 1,5 ne devrait pas avoir de contrôle d’évolution avant quinze ans. Il reste à traduire ces résultats dans des recommanda­ tions simples et utilisables dans la pratique clinique quotidienne ! Dr Thierry Fumeaux Hôpital de Nyon Gourlay ML, Fine JP, Preisser JS, et al. Bone­density testing interval and tran­ sition to osteoporosis in older women. N Engl J Med 2012;366:225­33. priori favorable s’il n’y avait pas des argu­ ments contraires qui, malgré tout, nécessi­ tent réflexion. Attendons. Et l’affaire ne serait pas complète sans les questionnements portant sur l’autre extré­ mité de l’existence humaine. Questionne­ ments, là aussi, aisément réductibles à une question : celle d’autoriser ou pas la recherche sur l’embryon humain ? Il n’est pas inutile de rappeler qu’en France cette recherche est interdite ; sauf à disposer d’une dérogation. Et que pour obtenir ce sésame, il faut que ceux qui entendent la mener puissent démontrer (à ceux habilités à donner le feu vert) qu’elle est a priori utile et qu’elle ne pourrait être menée par d’autres voies. Ajoutons encore qu’en toute hypothèse, il s’agira d’embryons surnuméraires conçus par fécondation in vi­ tro et ne s’inscrivant plus dans un projet pa­ rental pas plus que dans le cadre d’un projet de don. Et ajoutons pour finir qu’en pratique, il s’agit souvent pour l’heure d’embryons porteurs d’une anomalie génétique ayant con­ duit à les exclure – après diagnostic préim­ plantatoire – d’un éventuel projet parental. CC BY Neeta Lind La prévention des fractures ostéo­ porotiques est justifiée chez la femme ménopausée en cas de diminution significative de la den­ sité osseuse (T­score l ­ 2,50), et la pratique d’une densitométrie osseuse est ainsi recommandée après 65 ans. A quelle fréquence faut­il contrôler l’évolution de ce paramètre en l’absence d’indication initiale au traitement préventif ? A ce jour, la littérature ne permet pas de répondre. Les auteurs de cette étude ont donc utilisé les données de la cohorte prospec­ tive SOF (près de 5000 femmes américaines recrutées entre 1986 plus de seize ans sont néces­ saires pour qu’une ostéoporose se développe chez une femme sur dix présentant une densité nor­ male ou légèrement diminuée ; ce délai passe à environ cinq ans en cas d’ostéopénie modérée, et à un an pour les ostéopénies avancées. Commentaire : Dans de nom­ breuses situations cliniques, nous cherchons à guider notre prise en charge par la mesure d’un «mar­ queur» objectif et une utilisation exagérée de ces paramètres pour­ rait nous conduire à centrer nos objectifs plus sur la maladie que sur le malade. Peu d’études se sont intéressées à déterminer l’in­ tervalle raisonnable permettant de distinguer le vrai signal d’évolution d’un «bruit de fond». Cette analyse originale fait partie de ces appro­ ches indispensables, et donne 548 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 7 mars 2012 58_61.indd 3 05.03.12 09:50 Ceci posé, qu’apprend­on ? Que le candi­ prime sur le tout jeune site français du Hufdat régulièrement donné (par les sondages) fington Post à propos de l’annonce du candi­ pour futur président de la République fran­ dat socialiste, annonce qui – sans surprise – çaise (le candidat du Parti socialiste) vient doit selon lui «être approuvée sans réserve». d’annoncer qu’élu, il proposerait au Parle­ Ecoutons Axel Kahn puisque c’est de lui, ment de modifier des articles de la loi concer­ médecin et généticien, qu’il s’agit. nant cette recherche. Il a fait cette annonce à «La position (…) d’une interdiction défi­ l’occasion d’une visite effectuée au Géno­ nitive de la recherche sur l’embryon du fait pôle d’Evry (banlieue parisienne). Et il a sans de sa nature humaine, était très difficile à surprise invoqué la nécessité absolue pour défendre en raison, écrit­il. Non seulement la France de rester dans la nouvelle compé­ parce que l’Eglise elle­même a beaucoup tition (industrielle, économi­ que et à visée thérapeutique) … Et voici que la bioéthique est à nouveau à laquelle donnent lieu les présente dans le paysage tricolore … cellules souches embryonnai­ res. Attention : cette recherche «devra être évolué quant à sa vision de l’embryon : c’est encadrée (…) de manière à éviter toute mar­ seulement en 1869 que, dans sa lettre (in chandisation du corps humain». Apostolicae Sedis), Pie IX retînt la notion d’une Réactions immédiates des candidats ou animation immédiate de l’embryon, dès sa porte­parole des différentes pièces de l’échi­ conception (…). Cela dit, même si l’on voit quier politique français. Pour François Bay­ l’embryon, issu de la fécondation d’un ovule rou, candidat centriste, il ne faut pas être par un spermatozoïde, comme une personne «léger» avec ce «qui touche au début de la à part entière, cela ne justifie pas en soi une vie humaine». Pour Christine Boutin (droite interdiction de la recherche. C’est parce que catholique), le candidat de gauche «fait le cette dernière peut être menée à tous les choix d’une société dans laquelle la valeur âges de la vie humaine que la médecine pro­ de l’homme est relative». Médecins et scien­ gresse et il serait singulier d’en exclure le tifiques impliqués dans ces recherches (Phi­ seul âge embryonnaire.» lippe Menasché, chirurgien à l’Hôpital euro­ Serait­ce si simple ? Non, bien évidem­ péen Georges­Pompidou ; Marc Peschanski, ment. «On peut bien sûr objecter que la re­ directeur du laboratoire I­Stem d’Evry) sa­ luent sans surprendre la proposition du can­ didat socialiste. C’est pour eux l’espoir d’une forme d’hypocrisie, une situation incompré­ hensible à l’étranger et qui retarde la recher­ che française. Reste, bien sûr, à savoir si la nécessaire destruction des embryons portera un jour ses fruits. Autre camp, autres propos ; là encore sans surprise. «Il est inacceptable de faire de l’embryon un matériau de recherche, s’in­ surge Jean­Marie Le Mené – cité par La Croix – président de la Fondation Jérôme­Lejeune. Autant les dérogations peuvent être conçues comme transitoires, en attendant de faire des progrès avec d’autres types de cellules sou­ ches (cellules souches adultes), autant l’au­ torisation transgresse un principe éthique majeur.» Quant à Jean Leonetti, qui fut le rapporteur de l’actuelle loi de bioéthique (aujourd’hui ministre des Affaires euro­ péennes), cité par Le Parisien, il estime que l’autorisation encadrée équivaut à l’interdic­ tion avec dérogations, l’éthique en moins. Serait­ce dire que l’éthique n’est qu’appa­ rence ? Autre temps, autres mœurs. Celui qui fut membre du Comité national français d’éthi­ que et président de l’Université Paris­Des­ cartes est aujourd’hui en campagne pour devenir député (socialiste) de Paris. Il s’ex­ cherche médicale s’efforce de ne pas entraî­ ner la mort des sujets alors qu’à l’inverse les embryons seront détruits, reconnaît Axel Kahn. En réalité, la norme de la fécondité humaine veut que le destin normal de la majorité des embryons conçus soit de ne se développer jamais en nouveau­nés, qu’il s’agisse des procédés naturels, c’est­à­dire l’étreinte amoureuse, ou bien de l’assistance médicale à la procréation (AMP) (…). Il est difficile, voire impossible, de soutenir que détruire ces embryons surnuméraires sans autre forme de procès, ce qui est tôt ou tard leur destin inéluctable, respecterait mieux leur humanité que de les impliquer sous un contrôle strict dans des recherches dont on attend une amélioration des techniques d’AMP ou la mise au point de traitements contre des maladies dégénératives.» Trois questions, pour nourrir un débat trop souvent famélique. Existerait­il des destins qui ne soient pas inéluctables ? Est­il vraiment difficile de soutenir une telle thèse ? Et impossible serait­il, ici et maintenant, devenu fran­ çais ? Jean-Yves Nau [email protected] Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 7 mars 2012 58_61.indd 4 549 05.03.12 09:50