Système de santé: du patient au citoyen 01.01.2009 Chacun sait que la décision et la responsabilité du type de traitement médical employé incombent au médecin. Mais on oublie souvent que la responsabilité de décider si un traitement est mis en route et lequel incombe uniquement au patient ou à ses proches. Et ce même si le patient, par son refus d’un traitement, met consciemment sa santé en danger ou s’expose à des séquelles. Plus de pouvoir de codécision... Bien que les organisations de patients aient toujours souligné l’importance du pouvoir de codécision du patient, ce n’est qu’au cours des dernières années que les acteurs du système de santé en ont peu à peu pris conscience. En effet, la relation médecin-patient était fortement empreinte de paternalisme. Aujourd’hui, ce sont les citoyens eux-mêmes qui souhaitent plus de pouvoir de codécision dans leur traitement. Source: Institut de médecine sociale et préventive, Université de Zurich ...mais aussi plus de compétences en santé D’après Ilona Kickbusch, professeure à Yale et ancienne directrice de l’OMS, cette évolution repose sur une transformation beaucoup plus profonde en direction d’une «société de la santé». La société de la santé demande à ses citoyennes et citoyens «une participation active et compétente au maintien de leur santé». À cet effet, ils doivent être capables «de prendre des décisions fondées pour leur santé et pour celle d’autrui». Mais cela n’est possible que si les citoyennes et citoyens disposent des compétences adéquates et peuvent en faire usage. Il faut par exemple qu’ils trouvent des informations compréhensibles et puissent les mettre en pratique. Mais il faut aussi que le système de santé, comme le dit Ilona Kickbusch, soit plus «lisible», c’est-à-dire par exemple que les informations médicales soient transmises de manière compréhensible aux non-spécialistes ou que les hôpitaux soient conçus de telle manière que les profanes s’y retrouvent. En bref: dans une société de la santé, il faut renforcer les compétences de santé des citoyennes et citoyens. Le prix et les performances Un plus grand pouvoir de codécision est en outre un moteur de qualité. Regina E. Herzlinger, professeure à Harvard, qui a créé l’expression «Consumer-Driven Health Care», déclare: «Un système de santé déterminé par les consommateurs nous donnerait à tous un meilleur contrôle du choix des assureurs et des prestataires (médecins, hôpitaux, etc.).» Et elle cite en exemple la Suisse. Avoir voix au chapitre en matière de santé L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) veut tenir compte du nouveau rôle des patients, des consommateurs et des citoyens et promouvoir les compétences de santé de la population. De plus, la nouvelle loi sur la prévention, qui devrait être disponible à l’état de projet en automne 2008, accorde elle aussi une grande importance aux compétences de santé. En bref: ce qui va de soi dans la vie politique doit à l’avenir s’appliquer aussi au système de santé. Le patient doit devenir un citoyen ayant voix au chapitre au sujet de sa santé. Sources: Regina E. Herzlinger et Ramin Parsa-Parsi, Consumer-Driven Health Care; in: JAMA 2004, 10:1213-1220; Ilona Kickbusch, Die Gesundheitsgesellschaft. Megatrends der Gesundheit und deren Konsequenzen für Politik und Gesellschaft (Gamburg 2006)