(french arc) recommandations pastorales pour les mariages mixtes

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COMITÉ MIXTE ANGLICAN/CATHOLIQUE EN FRANCE
(FRENCH ARC)
RECOMMANDATIONS PASTORALES
POUR LES MARIAGES MIXTES
ENTRE ANGLICANS ET CATHOLIQUES EN FRANCE
1980
Les recommandations qui suivent s’adressent d’abord aux prêtres catholiques qui ont à
préparer et à célébrer le mariage d’un homme et d’une femme dont l’un est catholique
romain et l’autre anglican.
Elles se réfèrent au Motu proprio de Paul VI, Matrimonia mixta (1970), mis en
application en France en octobre 1970 par les Nouvelles dispositions pour les diocèses de
France, et d’autre part, au rapport de la Commission internationale anglicane- catholique
romaine pour le mariage (ARCIC/M) publié en juin 1975.
I. PRÉPARATION AU MARIAGE
Il est éminemment souhaitable que les deux Communautés anglicane et catholique
(prêtres et, le cas échéant équipes de préparation au mariage) auxquelles se rattachent
les deux fiancés, participent ensemble à la préparation du mariage.
Si le fiancé anglican n’est pas en rapport particulier avec un prêtre anglican, il lui est
recommandé de se mettre en rapport avec le chapelain anglican responsable des
communautés anglicanes de la région. Pour cela, on s’adressera au délégué diocésain
pour l’œcuménisme, ou directement au recteur de la paroisse anglicane Saint Georges (7
rue Auguste Vacquerie – 75116 Paris).
Il importe avant tout d’attirer l’attention des fiancés sur la signification du mariage
chrétien et les responsabilités qu’il implique. On doit leur rappeler la doctrine
chrétienne du mariage telle qu’elle est présentée par les deux Églises, leur montrer à la
fois les richesses et les difficultés du mariage qu’ils envisagent, et leur donner une
information sur les dispositions disciplinaires auxquelles est soumis le mariage selon le
droit canonique de leurs deux Églises.
Doctrine
Comme le déclare le rapport commun (ARCIC/M n° 26), il n’y a entre les deux Églises
« aucune différence fondamentale dans la doctrine du mariage, de sa nature, des fins
auxquelles il est ordonné. Le mariage est fondé, dans l’ordre de la nature, sur
l’alliance conclue entre les époux, le pacte personnel et social par lequel les deux
époux se donnent et se reçoivent mutuellement de façon irrévocable.
Pour les chrétiens, l’alliance conjugale reçoit un sens particulier de l’alliance du Christ
et de l’Église ; bien que les anglicans ne désignent pas le mariage du nom de
sacrement au même titre que le baptême et l’eucharistie, ils reconnaissent avec les
catholiques la nature sacramentelle du mariage :
– D’une part au sens moral d’un engagement qui oblige de façon permanente ;
– D’autre part au sens de signe ;
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– Signe donné au monde de ce que le mariage est et doit être dans l’ordre naturel
voulu par Dieu ;
– Signe donné au monde et à l’Église de l’alliance irrévocable entre le Christ et l’Église,
et de l’amour mutuel qui s’exprime entre Lui et l’Église et qui doit exister entre les
membres de l’Église ;
– Signe donné aux époux, au monde et à l’Église de ce que la fidélité durable de
l’alliance conjugale dépend de la grâce de Dieu qui sans cesse pardonne et renouvelle.
Et quand cette alliance est célébrée entre des baptisés, le Christ en fait un signe
efficace de la grâce ».
Anglicans et catholiques s’accordent pour affirmer les exigences nécessaires à la validité
du mariage chrétien : liberté et caractère définitif de l’engagement, unicité du lien
conjugal, acceptation de la fécondité du couple se prolongeant par l’éducation des
enfants.
Note : problèmes posés au sujet de l’indissolubilité
Anglicans et catholiques affirment également que le mariage validement célébré est de
soi permanent et définitif ; cependant, du côté anglican, la question du caractère
indissoluble du mariage est aujourd’hui discutée.
Il en résulte que leurs pratiques pastorales diffèrent dans le cas où le mariage aboutit à
un échec.
L’Église catholique ne reconnaît pas le divorce civil ; elle écarte de la vie sacramentelle
les divorcés remariés. Elle examine objectivement les cas pour voir s’il existe une cause
entraînant une déclaration de nullité, en excluant le mariage de la catégorie
« matrimonium validum, ratum et consumatum ».
Dans la communauté anglicane, le Droit canon varie selon les provinces. En Angleterre,
le divorce est exclu, et les déclarations de nullité sont habituellement plus strictement
limitées que dans l’Église catholique. Mais ceux qui, de bonne foi, ont contracté un
second mariage civil durable peuvent être admis de nouveau aux sacrements après un
temps d’épreuve. Il est possible qu’une certaine forme de divorce soit reconnue par
l’Église d’Angleterre dans un prochain avenir. Aux États-Unis, le remariage religieux des
divorcés peut être envisagé, après examen de chaque cas.
En raison de cette complexité, lorsque se présente un cas difficile, il est conseillé d’en
référer aux autorités anglicanes en France, qui relèvent des deux juridictions
d’Angleterre et des États-Unis.
Richesse et difficultés d’un mariage mixte
Les traditions des deux Églises, les différences de langue, de culture, de mentalité sont
une indéniable richesse lorsqu’elles sont assumées par le couple mixte. De ce fait, un tel
couple a vocation de favoriser une communication accrue entre les deux communautés
catholique et anglicane.
Par ailleurs, les divergences qui subsistent entre les deux Églises sur l’interprétation de
la foi chrétienne et sur la vie sacramentelle peuvent introduire des tensions dans la vie
du couple mixte et rendre plus difficile son insertion dans la vie des deux communautés,
catholique et anglicane.
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Il importe donc d’aider le couple à prendre conscience de la richesse de sa situation et de
sa vocation, ainsi que de ses risques et de ses difficultés. De la sorte, les futurs époux
seront amenés à prendre leur décision en connaissance de cause.
Toutes les fois qu’un conflit de conscience surgira entre les fiancés, le prêtre catholique
et le prêtre anglican s’efforceront, dans une collaboration aussi étroite que possible, de
les aider à clarifier leur dialogue et à trouver la solution la meilleure pour eux,
respectant la foi de chacun, et sauvegardant au maximum l’unité fondamentale du
couple et la responsabilité commune des deux époux face aux questions de la vie
chrétienne familiale et conjugale.
Dispositions disciplinaires
Nous n’envisageons ici que les dispositions disciplinaires de l’Église catholique romaine.
Une autorisation de l’Église catholique est nécessaire pour que le mariage puisse être
célébré. Cette autorisation est accordée aux conditions suivantes :
– Le fiancé catholique déclare sa volonté d’être fidèle à la conception chrétienne du
mariage, d’être fidèle à la foi de son Église, d’en vivre et d’en rendre témoignage. Il
s’engage à respecter les convictions de son conjoint anglican, à lui laisser pleine liberté
de vivre sa foi et d’en témoigner ; il compte sur un respect similaire de son conjoint
anglican.
– Le fiancé catholique, après en avoir dialogué loyalement avec son partenaire anglican,
promet de faire son possible pour assurer à ses enfants le baptême et l’éducation
religieuse dans l’Église catholique, dans le respect des convictions religieuses du
conjoint anglican, et sans mettre en danger la communauté conjugale.
– Le fiancé anglican n’a pas à faire de promesse ; il doit cependant connaître clairement
l’obligation qui incombe à son conjoint catholique.
– Le fiancé catholique doit savoir que si une promesse semblable n’est pas formellement
requise du conjoint anglican par son Église, sa foi l’engage à une exigence de conscience
analogue : l’éducation religieuse des enfants est la responsabilité commune des deux
conjoints qui doivent ensemble décider en conscience de l’orientation confessionnelle de
leurs enfants. Et parfois cette décision ne pourra être prise dans le bref délai de la
préparation au mariage.
Si donc il est demandé au conjoint catholique de promettre de « faire son possible » pour
assurer le baptême et l’éducation religieuse des enfants dans l’Église catholique, cela
signifie qu’il entend faire ce qui est effectivement et raisonnablement « possible » dans
la situation concrète de la famille, conditionnée par le contexte familial, social, ecclésial.
Il n’est pas question d’emporter ou de forcer une décision envers et contre tout, mais de
voir ou de décider ce qu’il est possible de faire sans mettre en péril d’autres valeurs
essentielles et prioritaires : respect de la conscience de l’autre, chances de l’éveil
chrétien des enfants, et par dessus tout l’unité du couple que pourrait compromettre une
exigence unilatérale de l’un des conjoints, mal acceptée par l’autre.
Au cas où, de part et d’autre, les convictions seraient manifestement inconciliables, peutêtre vaudrait-il mieux conseiller de renoncer au mariage projeté.
Pratiquement, il est demandé aux fiancés (selon la pratique normale en France pour tout
mariage catholique) de rédiger, ensemble ou séparément, une déclaration d’intention,
où seront précisés les points suivants :
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a) Une affirmation de liberté du consentement.
b) Une affirmation d’entière fidélité et d’indissoluble unité.
c) Le respect de la conscience de chacun et l’affirmation de la fidélité à Jésus-Christ
vécue dans sa propre Église.
d) L’acceptation de la fécondité et l’intention d’éducation chrétienne des enfants.
e) La promesse du catholique de faire, sincèrement et loyalement, ce qui dépendra de lui
pour que les enfants soient baptisés et élevés dans l’Église catholique ; la position du
fiancé anglican qui, au courant de cette promesse, peut, selon les cas, dire ou non son
accord.
Si cette déclaration écrite et signée est fortement souhaitée, elle n’est cependant pas une
condition du mariage et des dispenses. Il se peut que les fiancés, et particulièrement le
fiancé anglican, éprouvent une sérieuse réticence à signer une telle déclaration. En ce
cas, il suffira d’une note écrite du prêtre catholique - elle est alors indispensable attestant que la partie catholique est disposée à faire « ce qui dépend d’elle » pour que
ses enfants reçoivent l’héritage de sa foi au sein de son Église et que la partie anglicane
est au courant de cette intention.
Au cas où les fiancés rédigent la déclaration d’intention, il est souhaitable que le fiancé
anglican puisse en parler avec le prêtre anglican responsable de la préparation au
mariage. Il en remettra un exemplaire à ce prêtre, en même temps qu’un exemplaire est
remis au prêtre catholique.
Le mariage est normalement célébré en présence d’un ministre catholique romain
dûment autorisé et de deux témoins ; c’est ce qu’on appelle la « forme canonique ». Pour
que l’Église catholique reconnaisse la validité d’un mariage célébré en dehors de ce
cadre – c’est le cas pour un mariage célébré dans l’Église anglicane – une autorisation
doit être obtenue (dite « dispense de forme canonique ») de l’Ordinaire du fiancé
catholique (Ordinaire de son lieu d’origine et/ou du lieu de célébration du mariage).
Cette autorisation suppose que l’autorisation précédente ait été obtenue.
Il importe de rappeler que l’exigence de la « forme canonique » a son origine dans
l’effort du Concile de Trente pour éliminer la pratique médiévale des mariages
clandestins ; elle n’a rien à voir avec une éventuelle reconnaissance de la valeur des
actes du ministère anglican.
II. CÉLÉBRATION DU MARIAGE
Dans la pratique catholique, la célébration d’un mariage mixte ne comporte pas
habituellement l’eucharistie. Mais pour un nombre croissant d’anglicans, l’eucharistie
fait partie normalement, de la célébration du mariage. Aussi le prêtre catholique
responsable de la préparation du mariage fera bien d’en parler avec le prêtre anglican,
qui est à même d’évaluer la foi et la mentalité du fiancé anglican et de sa famille.
Au cas, donc, où les fiancés et leurs familles le demandent, pour des raisons sérieuses, et
en accord avec le prêtre anglican on peut, du consentement de l’Ordinaire du lieu,
adopter la célébration du mariage au cours de la messe.
De même, après en avoir parlé avec le prêtre anglican, on peut demander pour le fiancé
anglican et sa famille l’hospitalité eucharistique, selon la pratique qui s’établit dans les
diocèses de France à l’égard des fidèles anglicans séjournant en France.
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Pour le bien des deux parties, il est souhaitable que les deux prêtres, catholique et
anglican, soient présents à la célébration.
Si celle-ci a lieu dans l’Église catholique, il est souhaitable que le prêtre anglican
intervienne dans les cérémonies du mariage par une lecture, une prière, une prédication.
Si celle-ci a lieu dans l’Église anglicane, la dispense de forme canonique ayant été
accordée, le prêtre catholique pourra, s’il est invité, intervenir de la même façon dans la
célébration anglicane du mariage.
Au cas où le prêtre anglican n’a pu participer à la célébration ayant lieu en France, il est
possible d’envisager qu’une cérémonie de prière et d’action de grâces ait lieu dans
l’Église du conjoint anglican, dans son lieu d’origine, sachant qu’en aucun cas nos deux
Églises n’accepteraient une réitération du mariage.
Dans la préparation de la cérémonie, prêtre anglican et prêtre catholique associeront au
maximum les fiancés, tenant compte des degrés très divers de leur attachement à leurs
Églises respectives, pour le choix des lectures bibliques, des prières et des chants. Ils
utiliseront au mieux les deux langues, française et anglaise, ainsi que les éléments des
traditions liturgiques des deux Églises, dans le respect des consciences et des
sensibilités particulières.
En raison du caractère sacramentel de la formule de consentement, il est souhaitable
que chacun des deux conjoints la prononce dans sa langue maternelle.
De toute manière, la célébration est toujours présidée par un seul prêtre, celui de l’Église
dans laquelle le mariage a lieu ; mais on cherchera à rendre cette célébration
accueillante aux fidèles de l’autre Église.
Là encore, il importe de se souvenir qu’un mariage entre un anglican et un catholique est
la rencontre, non seulement entre deux confessions chrétiennes, mais entre deux
cultures, deux langues, deux mentalités bien caractérisées.
III. INSERTION DU COUPLE MIXTE DANS LA VIE DE L’ÉGLISE
Nous n’envisageons ici que le cas où le couple anglican-catholique romain se fixe en
France ; s’il doit se fixer dans un pays où les paroisses catholiques et anglicanes existent
côte à côte, il devrait chercher s’il existe un groupement de foyers inter-confessionnels
(interchurch Families) où trouver aide et conseil.
Dans notre pays, à part quelques grands centres où existent des communautés
anglicanes permanentes avec leurs structures paroissiales, seule se présente la paroisse
catholique - ou la paroisse réformée, si elle correspond aux tendances ecclésiastiques du
conjoint anglican.
Il est important de signaler au couple, même marié à l’Église anglicane, qu’il lui est
possible de s’insérer, même pour une période prolongée, dans la vie de la paroisse
catholique. Cette insertion est à étudier avec le curé de la paroisse catholique, en
prenant éventuellement contact avec le responsable diocésain de l’œcuménisme. Le
conjoint anglican peut ainsi être admis aux sacrements dans le respect de son
appartenance confessionnelle et participer à la vie et aux responsabilités de la
communauté catholique.
Cette participation devrait être normalement l’occasion de faire connaître à la paroisse
catholique l’existence, la foi, les valeurs, les traditions liturgiques et spirituelles de
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l’Église anglicane, et de favoriser ainsi le progrès de l’unité chrétienne et la prière pour
l’unité.
Il est important d’aider le conjoint anglican à garder le contact avec son Église, avec les
groupes de fidèles anglicans existant dans la région, avec le prêtre anglican qui vient
périodiquement visiter ces groupes.
Il est souhaitable que le conjoint catholique participe, lorsque l’occasion s’en présente, à
la vie et à la liturgie de la communauté anglicane, de façon à se familiariser avec la vie
spirituelle et ecclésiale de son conjoint, et à apporter à cette communauté anglicane le
témoignage de sa foi catholique.
Lorsque se présente l’éventualité du baptême et de l’éducation religieuse des enfants, il
importe d’aider les parents à prendre en toute liberté une décision qui respecte la
conscience de l’un et de l’autre.
En tout état de cause, il est désirable que le baptême, qu’il soit catholique ou anglican,
soit célébré de façon œcuménique, avec la participation du ministre de l’autre Église et
de fidèles des deux communautés.
Lorsque la décision prise en conscience par le couple, en vue de son harmonie et du bien
des enfants, aboutit à engager ceux-ci dans la confession anglicane en dépit des
intentions premières du conjoint catholique, il importe, jusqu’à preuve du contraire, de
ne pas considérer celui-ci comme infidèle à ses engagements. Il ne saurait donc être
privé de la communion à son Église et de la participation aux sacrements.
Source :
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