UNIVERSITE DE NANTES _______ FACULTE DE MEDECINE ______ Année 2011 N° 43 THESE pour le DIPLÔME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Médecine Générale par Emilie LIGNON HERAULT née le 21 février 1979 à Nantes (Loire Atlantique) ______ Présentée et soutenue publiquement le 28 juin 2011 ______ L'HYGIÈNE EN MÉDECINE GÉNÉRALE: ÉTAT DES LIEUX DANS L'AGGLOMÉRATION NANTAISE ______ Président: Monsieur le Professeur Rémy SENAND Directeur de thèse: Madame le Docteur Noëlle RAILLARD Membre du jury: Monsieur le Professeur Jacques BARRIER Membre du jury: Monsieur le professeur Pierre LOMBRAIL SOMMAIRE LISTE DES ABREVIATIONS …...................................................5 TABLE DES ILLUSTRATIONS …...............................................6 I- INTRODUCTION ............................................................7 II- L'HISTORIQUE DE L'HYGIENE …............................11 II-1. L'histoire de l'hygiène …..........................................................12 II-1.1. L'antiquité …................................................................12 II-1.2. Le moyen-âge …..........................................................12 II-1.3. La renaissance …..........................................................12 II-1.4. Les XVII et XVIIIème siècle …...................................13 II-1.5. Le XIXème siècle ….....................................................13 II-1.6. Le XXème siècle ….......................................................15 II-2. La transmission des agents infectieux …...................................15 II-2.1. Les modes de transmission des agents infectieux ….....15 II-2.2. Les populations à risque …............................................17 II-2.3. Le risque infectieux lié aux soins en pratique ambulatoire …...............................................................18 II-3. Les recommandations ….................................... …..................21 II-3.1. L'organisation et entretien des locaux et matériaux ..….22 II-3.2. La gestion du matériel médical …..................................23 II-3.3. Les précautions standard …............................................24 II-3.4. Les précautions supplémentaires …................................25 II-3.5. Les précautions spécifiques …........................................28 II-4. La législation médicale …..........................................................29 II-4.1. La responsabilité professionnelle …...............................29 II-4.2. Les textes officiels …......................................................30 III- OBJECTIF DE L'ENQUETE.............................................34 IV- 2 MATERIEL ET METHODE …......................................36 IV-1. La méthode d'investigation ..…..............................................37 IV-2. Le référentiel …......................................................................38 IV-3. Le questionnaire …............................….................................38 IV-3.1. Établissement du questionnaire …..............................38 IV-3.2. Description du questionnaire …..................................39 IV-3.3. Modalités de remplissage ….......................................39 IV-4. La population étudiée ….........................................................40 IV-4.1. Constitution de la population étudiée ….....................40 IV-4.2. Champ d'investigation …............................................40 IV-5. Le déroulement de l'enquête …...............................................41 V- RESULTATS STATISTIQUES …....................................42 V-1. Caractéristiques de la population …......................................43 V-2. Organisation et entretien des locaux......................................43 V-3. Choix et traitement du matériel médical ...............................45 V-4. Précautions standard …...........................…...........................47 V-5. Antisepsie …..........................................................................49 V-6. Vaccination …........................................................................50 V-7. Connaissance bibliographique …...........................................50 VI- DISCUSSION …..............................................................51 VI-1. Discussion de la méthode et du matériel …............................52 VI-1.1. Discussion de l'enquête …...........................................52 VI-1.2. Discussion du questionnaire …....................................53 VI-2. Analyse des résultats …..........................................................54 VI-2.1. Description des études servant à la comparaison …....54 VI2.2. Profil des répondants …................................................54 VI-2.3. Pratiques conformes aux recommandations …............55 VI-2.4. Pratiques non conformes aux recommandations ….....58 VI-3. Discussion des résultats ….....................................................60 VI-3.1. Perception du risque infectieux …..............................60 VI-3.2. Les freins à l'application des recommandations ….....62 VI-3.3. Les voies d'amélioration ….........................................62 3 VII- CONCLUSION …............................................................64 VIII- ANNEXES …....................................................................66 VIII-1. Annexe 1: Lettre explicative …...........................................67 VIII-2. Annexe 2: Questionnaire ….................................................68 VIII-3. Annexe 3: Lettre de relance …............................................72 IX- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES …......................73 4 LISTE DES ABREVIATIONS CTIN: Comité Technique des Infections Nosocomiales DGS: Direction Générale de la Santé DHOS: Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins CTINILS: Comité Technique des Infections nosocomiales et des Infections Liées aux Soins IAS: Infections Associées aux Soins GAMM: Groupe des Assurances Mutuelles Médicales BCG: Bacille de Clamette-Guérin HAS: Haute Autorité de Santé OMS: Organisation Mondiale de la Santé SIDA: Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise VIH: Virus de l'Immunodéficience Humaine SFTG: Société de Formation Thérapeutique du Généraliste OPCT: Objet Piquant Coupant Tranchant DASRI: Déchets d'activité de Soins à Risque Infectieux AFNOR: Association Française de Normalisation DM: Dispositifs Médicaux AMM: Autorisation de Mise sur le Marché BMR: Bactérie Multi-Résistante FFP: Filtering Facepiece Particles (pièce faciale filtrante contre les particules) SRAS: Syndrome Respiratoire Aigu Sévère ONIAM: Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux ANAES: Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé ANDEM: Agence Nationale pour le Développement de l'Évaluation Médicale CCLIN: Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales SHA: Solution Hydro-Alcoolique SARM: Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline VHC: Virus de l'Hépatite C VHB: Virus de l'Hépatite B 5 TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1: Fréquence des infections nosocomiales ambulatoires selon leur source Figure 2: Fréquence des infections nosocomiales ambulatoires selon leur mode de transmission Tableau 1: Étiologies et sources d'épidémies d'infections nosocomiales ambulatoires Tableau 2: Contre-indications et précautions d'emploi des différents antiseptiques en fonction de l'âge Tableau 3: Panier de soins antiseptiques Figure 3: Caractéristiques de la population Figure 4: Aménagement et entretien de la salle de consultation Figure 5: Gestion des déchets d'activité de soins Figure 6: Choix du matériel médical utilisé Figure 7: Réutilisation de matériel normalement vendu à usage unique Figure 8: Réalisation des étapes de décontamination du matériel réutilisable avant stérilisation Figure 9: Stérilisation du matériel réutilisable Figure 10: Méthode de stérilisation utilisée Figure 11: Fréquence de désinfection du pavillon du stéthoscope Figure 12: Désinfection des mains entre chaque patient Figure 13: Mode de lavage des mains Figure 14: Méthode d'essuyage des mains Figure 15: Type de poubelle pour déchets ménagers utilisé Figure 16: Port de gants lors des différents gestes Figure 17: Conditions d'utilisation des antiseptiques Figure 18: Statut vaccinal des médecins répondants Figure 19: Connaissance par les médecins répondants des recommandations de l'HAS en matière « d'Hygiène et prévention du risque infectieux en cabinet médical » 6 I- INTRODUCTION 7 Les infections nosocomiales constituent un problème de santé publique fortement médiatisé. Depuis 22 ans, les pouvoirs publiques ont promu la lutte contre les infections nosocomiales. Cependant, les infections « iatrogènes » ont été réduites aux infections nosocomiales ou infections acquises en établissement de santé. (1) Les définitions épidémiologiques élaborées en 1999 par le Comité Technique des Infections Nosocomiales (CTIN) ne permettent pas de rendre compte des infections acquises via un processus de soins délivré en dehors des établissements de santé. En mai 2007, le ministère de la santé, de la jeunesse et des sports, la Direction Générale de la Santé (DGS), la Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins (DHOS) et le Comité Technique des Infections Nosocomiales et des Infections Liées aux Soins (CTINILS) ont redéfinis les infections associées aux soins (IAS) comme étant des infections survenant au cours ou au décours d'une prise en charge d'un patient, et si elle n'était présente, ni en incubation au début de la prise en charge. Cette définition comprend l'infection nosocomiale et couvre également les soins délivrés en dehors des établissements de santé. (2) (3) En effet, le médecin généraliste exerçant en cabinet libéral est amené à effectuer des gestes comportant un risque infectieux tant pour le patient que pour lui-même. Le médecin et ses patients représentent une source potentielle de contamination. Il en est de même du matériel utilisé qui est susceptible d'être un vecteur de l'infection. Il existe cependant très peu d'études concernant les infections contractées en milieu ambulatoire. Le Groupe des Assurances Mutuelles Médicales (GAMM) publie annuellement le rapport des déclarations et des plaintes concernant des incidents ou des accidents survenus lors des soins. Nous retrouvons en médecine générale: (4) (5) • sur l'exercice 2006: un abcès compliquant une vaccination BCG, un sepsis après infiltration articulaire de l'épaule, une cellulite pelvienne après injection sous-fissuraire de xylocaïne pour fissure anale, une septicémie à Staphylococcus aureus après injection intramusculaire d'anti-inflammatoire non stéroïdien, une septicémie à Candida après injection de xylocaïne pour une sciatalgie, un abcès staphylococcique après infiltration lombaire. • sur l'exercice 2007: un sepsis récidivant après ponction d'un hygroma du genou, une infection pelvienne après changement de dispositif intra-utérin, une ostéoarthrite après électrocoagulation de verrue 8 plantaire, dix neuf infections après mésothérapie (accident sériel). • sur l'exercice 2008: une arthrite septique Staphylococcique après infiltration de l'épaule, une endocardite aortique sur cardiopathie valvulaire après ponction d'un kyste sébacé du lobe de l'oreille, deux abcès froids locaux après injection de BCG, une survenue de lésions infectieuses du visage imputées à une vaccination (lien de causalité?), un hématome surinfecté après injection intramusculaire de corticoïdes retard, une septicémie à Staphylocoque et spondylodiscite après mésothérapie. • sur l'exercice 2009: trois infections à staphylocoques après infiltration de corticoïdes dans l'épaule, une infection du genou après infiltration de corticoïdes, une arthrite à streptocoques après mésothérapie sur le long biceps, une fasciite nécrosante des membres et choc septique lié à une bactériémie à staphylocoques après injection vaccinale (lien de causalité?), une infection locale du menton après lipolyse à la liqueur de Klein hypoosmolaire, un « panaris » incisé au cabinet évoluant vers un phlegmon puis une ostéite. La nouvelle définition des infections associées aux soins a donné lieu à la mise en place, en juin 2007, de recommandations professionnelles sur l'hygiène et la prévention du risque infectieux en cabinet médical ou paramédical. Ces recommandations ont été mises en ligne sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS) « www.has-sante.fr ». Cependant, au cours des différents stages et remplacements que nous avons effectués chez les omnipraticiens, nous avons constaté une grande disparité des pratiques en matière d'hygiène et prévention du risque infectieux. C'est de ce constat que l'idée de ce sujet de thèse m'est venue. Les recommandations professionnelles sur l'hygiène et la prévention du risque infectieux sont-elles connues des médecins généralistes ? Sont-elles appliquées en pratiques quotidiennes ? L'objectif de ce travail est de faire un constat sur les habitudes et pratiques de médecins généralistes libéraux de l'agglomération nantaise et mettre en évidence l'écart entre les recommandations et la réalité des pratiques au quotidien. 9 Dans un premier temps, nous retracerons l'historique de l'hygiène jusqu'aux recommandations actuelles. Dans un second temps, nous présenterons de façon descriptive l'étude réalisée auprès de médecins généralistes. Nous comparerons les résultats obtenus avec les recommandations. 10 II- L'HISTORIQUE DE L'HYGIENE 11 II.1- L'HISTOIRE DE L'HYGIENE L'histoire de l'hygiène peut se narrer en deux grandes périodes fondamentales séparées par la révolution biologique qu'a été la découverte des microorganismes et celle de leur rôle dans les maladies. (6) II.1.1- L'ANTIQUITE Dans l'antiquité, les grecs, les romains et les peuples d'orient sont attentifs aux soins corporels. Les bains ont une signification religieuse de purification mais évoque aussi le plaisir. Le bain a lieu dans des thermes collectifs et est associé à des massages et des applications de crèmes parfumées. C'est à la déesse romaine Hygie, protectrice de la santé, que nous devons le mot actuel « hygiène ». II.1.2- LE MOYEN-AGE Au moyen âge, les bains signifient détente et convivialité mais n'a aucun rapport avec l'hygiène. Petit à petit, les bains publics deviennent des lieux mal fréquentés. Dans la rue, excréments et eaux usées se mêlent et s'écoulent dans des rigoles à ciel ouvert. II.1.3- LA RENAISSANCE A la renaissance, l'usage des étuves est considéré comme propagateur d'épidémies et comme source de désordres moraux en raison de la promiscuité des corps. Les médecins considèrent le bain comme un acte suicidaire. On croit en effet que l'eau fragilise la peau en ouvrant les pores et ainsi « la vapeur pestiférée peut enter promptement dedans le corps et faire mourir subtilement ». La toilette sèche est conseillée, le linge de corps ou chemise apparaît pour remplacer l'eau. Cependant, devant les épidémies de peste, de nouvelles mesures sont prises: isolement des pestiférés, nettoyage de la ville par arrosage des rues, transport des matières fécales et des eaux usées dans des voitures. La renaissance est aussi la période où apparaissent la fourchette, le mouchoir, les pots de chambre et deux égouts à ciel ouvert traversant Paris. 12 II.1.4- LES XVII ET XVIIIème SIECLES Au XVIIème siècle, le bain est superflu et dommageable. Le parfum est utilisé pour couvrir les odeurs, les « poudres » couvrent les mains et visages, la perruque cache les poux. En 1674, le Hollandais Antony Van Leeuwenhoek décrit pour la première fois des bactéries sans savoir qu'elles en sont, il les appelle les animalcules, « petits insectes invisibles à l'œil nu ». Il semble avoir pressenti leur pouvoir infectieux. Le XVIIIème siècle voit apparaître les latrines collectives dans les maisons et l'interdiction de jeter les excréments par la fenêtre. On incite même les habitants des villes à jeter leurs ordures dans des charrettes affectées à cet effet. En ce qui concerne les conditions d'hospitalisation, l'insalubrité est totale: les malades sont plusieurs dans le même lit dans de grandes salles communes où se côtoient les fiévreux, les opérés, les scarlatineux, … La dissémination des maladies infectieuses est le résultat de la méconnaissance des germes et de leurs mécanismes de transmission. En 1773, Charles White, un chirurgien anglais rapporte le cas de deux obstétriciens dont l'un perd chaque année de nombreuses patientes des suites de fièvre puerpérale, alors que le second n'en observe jamais. Il n'en tire cependant aucune conclusion. En 1774, le chimiste Suédois Carl Wilhem Scheele découvre le chlore. (7) II.1.5- LE XIXème SIECLE Le XIXème siècle est le siècle de la révolution en matière d'hygiène. Les travaux d'urbanisme se développent. Ils intègrent la création de fosses septiques et prévoient un mécanisme d'évacuation des eaux usées jusqu'à l'égout pour toute nouvelle construction. C'est le début du tout-à-l'égout. En 1795, Alexander Gordon, un obstétricien écossais publia son « Traité sur la fièvre puerpérale épidémique à Aberdeen » qui démontra pour la première fois la contagiosité de la maladie. (8) En 1843, Oliver Wendell Holmes, médecin et anatomiste réputé aux États-Unis publia un article intitulé: « Sur la contagiosité de la fièvre puerpérale » et recommanda également la propreté chirurgicale en vue de combattre cette maladie. Cependant, le premier à réaliser qu'un agent pathogène pouvait être transmis d'une personne à une autre fut le médecin Hongrois, Ignaz Philip Semmelweiss. Entre 1847 et 1849, Semmelweiss fit l'observation que les 13 femmes accouchant à l'hôpital avec l'aide d'étudiants en médecine et de médecins avaient quatre fois plus de risque de contracter la fièvre puerpérale que celles qui accouchaient avec l'aide de sage-femmes. Il conclua que les médecins et les étudiants infectaient les femmes avec du matériel restant sur leurs mains après les autopsies et d'autres activités. Semmelweiss décida donc de se laver les mains avec une solution de chlorure de calcium avant d'examiner des patientes ou d'effectuer des accouchements. Cette méthode simple réduisit d'une manière drastique le nombre de cas de fièvre puerpérale et sauva la vie de nombreuses femmes. Cependant, sa théorie est accueillie avec scepticisme et hostilité par le corps médical car elle va à l'encontre des idées de l'époque. (10) En 1857, Pasteur démontre que la fermentation du sucre en acide lactique est due à un microorganisme. En 1861, il démontre que les microorganisme ne proviennent pas d'une « génération spontanée ». Les travaux de Pasteur donnent naissance à la « pasteurisation » du lait et des aliments, et des conséquences sur les habitudes de vie dont l'hygiène corporelle. Il préconise également de faire chauffer brusquement les récipients, les instruments et les pansements des chirurgiens: il s'agit de la stérilisation par la chaleur dont le premier appareil est le four Pasteur. Le chirurgien britannique Joseph Lister applique les théories de Pasteur en expérimentant le nettoyage des plaies avec des solutions d'acide phénique. Il imprègne aussi les pansements, les instruments, la peau avec le spray « Lister ». Il cherche à éliminer les germes de putréfaction contenus dans l'air décris par Pasteur. En 1867, Lister publie son travail sur la chirurgie aseptique. Cette attitude diminue la fréquence de la mortalité postopératoire. (9) Progressivement la technique se diffuse en Europe. En France, le chirurgien Just Luca-Chapionnière appliqua cette méthode. Mais cette méthode n'est efficace que pour les plaies superficielles, devenant toxique pour les patients et le chirurgien de part l'utilisation de désinfectants très puissants. Pasteur a mis en évidence la faculté de stérilisation de la chaleur. En 1880, Charles Chamberland utilise la stérilisation à la vapeur d'eau (autoclave) à des fins médicales. En 1885, le Docteur Gaston Poupinel crée le premier stérilisateur à chaleur sèche. (11) En 1894, Robb est le premier à recommander l'utilisation de gants stériles. Dans les années qui suivent, Pasteur, Sedillot, Koch, Neisser et bien d'autres découvrent des bactéries qu'ils nomment microbes. La fin du XIXème siècle plonge dans un bouleversement métaphysique, le 14 monde devient hostile, c'est la phobie du microbe. Les mesures d'hygiène (lavage des mains et toilette quotidienne au savon et à l'eau) sont relayées à l'échelle internationale par les médecins et les politiciens de l'époque. Un but essentiel: vaincre les maladies contagieuses. II.1.6- LE XXème SIECLE Au XXème siècle, la lutte contre les infections s'organise. Les conférences internationales de la fin du XIXème aboutissent à la mise en place d'un office international d'hygiène publique qui s'installe à Paris en 1907, et qui deviendra l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1946. Doucement la notion d'hygiène s'ancre dans les esprits grâce notamment à son introduction dans les écoles. En outre, si les mesures d'hygiène ont permis de circonscrire de terribles maladies comme la syphilis, la peste, le choléra ou la tuberculose, l'époque moderne voit resurgir d'anciens fléaux (la tuberculose) ou en apparaître de nouveau (le SIDA). Un hygiène nouvelle ou renouvelée reste donc à inventer pour le XXIème siècle. II.2- LA TRANSMISSION DES AGENTS INFECTIEUX La connaissance des modes de transmission des agents infectieux et leur implication dans le risque infectieux des soins ambulatoires est essentielle pour le choix des mesures préventives. II.2.1- LES MODES DE TRANSMISSION DES AGENTS INFECTIEUX Pour maintenir une maladie infectieuse dans une population humaine, l'agent pathogène doit être transmis d'un hôte ou d'un foyer à un autre. (8) (12) 15 • La transmission aérienne ou en aérosol: L'agent est mis en suspension dans l'air et se déplace d'un mètre ou plus de la source vers l'hôte. Les microgouttes sont de petites particules de diamètre inférieur à 5 micromètres qui peuvent rester en suspension dans l'air pendant des heures ou des jours et se déplacer sur de longues distances. La tuberculose, la varicelle et la rougeole se transmettent entre humains par ce biais. Les gouttelettes de diamètre supérieur à 5 micromètres sont transformées en aérosols lors d'un éternuement mais elles n'ont pas la capacité de rester en suspension et donc n'infectent une personne que par projection dans un rayon de un mètre à partir de la source. Ce mode de transmission concerne la grande majorité des maladies communes comme la grippe, les oreillons, les angines streptococciques, et des maladies moins fréquentes comme les infections à méningocoque. Les poussières sont également des véhicules importants de la transmission par l'air et posent un problème épidémiologique principalement dans les hôpitaux. • La transmission par contact: La transmission par contact implique la rencontre ou l'attouchement de la source ou du réservoir de l'agent pathogène avec l'hôte. Le contact peut être direct, indirect ou par propagation de gouttelettes. La transmission par contact direct ou transmission interhumaine a lieu principalement par attouchements, baisers ou contact sexuel (Maladies Sexuellement Transmises), par contact avec des sécrétions orales ou des lésions cutanées, par le lait maternel et par le placenta. Cela concerne principalement les staphylocoques et streptocoques pour la peau et les muqueuses et les entérobactéries des tractus digestifs et génito-urinaires. En médecine, il s'agit surtout de la transmission manuportée. Le contact indirect fait référence à la transmission de l'agent pathogène du foyer vers l'hôte par un intermédiaire, le plus souvent un objet inanimé. Les pseudomonas sont facilement transmises par cette voie. Ce mode de transmission est souvent considéré comme une forme de transmission par vecteur passif. Les vecteurs passifs sont des matériaux ou objets inanimés impliqués dans la transmission de pathogènes. Des exemples sont fournis par les dispositifs médicaux, la literie, les couverts. Dans la transmission par vecteur passif commun, un vecteur inanimé unique permet la propagation de l'agent pathogène à des hôtes multiples mais ne permet pas sa reproduction. Cette contamination concerne l'eau, les aliments, les 16 médicaments, le sang et liquides intraveineux. • La transmission par vecteur animal: Les vecteurs animaux sont des organismes vivants transmettant un agent pathogène. La plupart des vecteurs sont des arthropodes (insectes, tiques, acariens, poux) ou des vertébrés (chiens, chats, chauves-souris). II.2.2- LES POPULATIONS A RISQUE Le risque infectieux est plus élevé dans certaines populations. En effet, la transmission de l'agent pathogène, sa virulence et le risque de complications dépend du « terrain » c'est-à-dire de l'hôte. • Les âges extrêmes de la vie: (13) Les nouveaux nés représentent une population particulièrement à risque d'infections et de complications. Les infections nosocomiales sont prépondérantes. Ceci s'explique par l'immaturité de l'immunité à médiation cellulaire, l'environnement (maternité, milieu de réanimation), les interventions médicales (prélèvements, cathéters, antibiothérapie, ventilation assistée). Les personnes âgées, surtout en institution, sont particulièrement sensibles à l'infection. Plusieurs facteurs participent à la susceptibilité à l'infection du sujet âgé: vieillissement du système immunitaire (lymphopénie, diminution de production des cytokines), altérations des fonctions viscérales, modification des flores bactériennes surtout en institution, maladies sous-jacentes (cancers, diabète, artérite), présence de corps étrangers (sonde, prothèse). • Les pathologies sous-jacentes: (liste non exhaustive) Indépendamment de l'âge, elles peuvent constituer un terrain propice à la pénétration et la reproduction de pathogènes. – Les insuffisances respiratoires. – Les valvulopathies, prothèses valvulaires. – Les pathologies cutanées (plaies, brûlures, …) – Les cancers. – Les stomies digestives ou urinaires, les sondes urinaires ou trachéales à demeure, les cathéters, … 17 • Les déficits immunitaires: Toute immunodépression favorise les affections opportunistes et notamment le développement des infections nosocomiales (SIDA, splénectomies, hémopathies, traitements immunosuppresseurs, corticothérapie, …). • Le mode de vie et conditions socio-économiques: Certaines professions sont particulièrement exposées au risque infectieux, notamment les professions médicales et paramédicales. L'hygiène individuelle (hygiène corporelle, hygiène alimentaire, hygiène de vie) joue également un rôle dans la pénétration des pathogènes. L'insalubrité, la promiscuité, … sont des facteurs favorisant le développement des infections. II.2.3- CARACTERISTIQUES DE LA PRATIQUE AMBULATOIRE • En pratique, chez le médecin généraliste exerçant en cabinet, la transmission des agents pathogènes peut se faire: (12) Dans la salle d'attente, où de nombreuses personnes se côtoient dans un espace restreint. La transmission peut exister par les aérosols, les gouttelettes ou par contact indirect via les jouets et magasines. Dans la salle de consultation, où se succèdent rapidement de nombreux patients et où se pratiquent des gestes plus ou moins invasifs. La transmission peut avoir lieu par aérosols, par contact direct entre patient et médecin, par contact indirect via le matériel médical, et par vecteur commun tel qu'un flacon d'antiseptique contaminé. • De façon générale, la population prise en charge présente une meilleure compétence immunitaire que la population en milieu hospitalier. Néanmoins, la médecine ambulatoire se développe de plus en plus, avec la prise en charge de patients plus fragiles par le médecin traitant dans des structures de soins à domicile. • Le risque infectieux lié aux soins réalisés en ambulatoire n'est pas précisément mesuré, mais des publications attestent de son existence. 18 Le tableau 1 fait la synthèse des publications faisant état d'infections nosocomiales acquises en ambulatoire (cabinet des médecins généralistes et spécialistes, dentistes, infirmières). Il ne s'agit que d'infections exogènes, c'est-à-dire dont la source n'est pas le patient lui-même. Ceci peut constituer un biais étant donné qu'une part des infections nosocomiales ambulatoires est probablement d'origine endogène, due à la flore microbienne du patient lui-même. Tableau 1: Étiologies et sources d'épidémies d'infections nosocomiales ambulatoires Infections Nombre de publications (années) Sources Hépatite B 18 (1974-95) Dentistes,médecins,patients, aiguilles d'acupuncture, ampoules multi-doses, dispositifs à injections multiples Kérato-conjonctivite à adénovirus 10 (1950-93) Infirmières, tonomètres, mains des soignants Infections à mycobactéries non-tuberculeuses (abcès des tissus mous, bactériémies, otites) 8 (1969-96) Ampoules de médicaments ou solution à usage multiple aiguilles à biopsie, instrument d'otologie Tuberculose 7 (1989-97) Patient, médecins, infirmières Infections à Pseudomonas species (arthrite septique, bactériémies, infections urinaires, endophtalmites, pseudo-pneumonies, pseudo-sinusites) 6 (1977-96) Ampoules de médicaments ou solution à usage multiple perfusions, bronchoscopes, solution de rinçage, sondes pour urodynamique Rougeole 4 (1983-85) Patients VIH 3 (1992-95) Dentistes, patients Autres infections (abcès à strepto A, arthrite septique, hépatite C, rubéole, mononucléose infectieuse, légionellose) 16 (1976-97) Ampoules de médicaments ou solution à usage multiple instruments divers, patients, système de ventilation 19 Ainsi, la transmission du virus de l'hépatite B semble être l'infection la plus souvent rapportée. Elle concerne aussi bien le patient (via du matériel contaminé) que le personnel soignant (par blessure avec du matériel contaminé ou projections de liquides biologiques). Chez le médecin généraliste, ce risque peut survenir lors de gestes invasifs comme une injection intramusculaire ou sous-cutanée, infiltration, sutures, pansement de plaies, … La figure 1 reprend les différentes sources à l'origine des infections nosocomiales ambulatoire après exclusion des épidémies de kératoconjnctivites à adénovirus qui concernent, à une exception près, des consultations d'ophtalmologie. Figure 1: Fréquence des infections nosocomiales ambulatoires selon leur source (%) 6 19 5 Soignant Autre patient 23 Ampoule, Solution Instrument Environnement 21 Inconnu 26 On constate que sur 62 épidémies d'infections nosocomiales ambulatoires, 19% ont un soignant à leur origine, 21% un patient, 26% un flacon de médicament ou une solution à usage unique contaminé, 23% un dispositif médical contaminé et que le reste est dû à une contamination de l'environnement (5%) ou d'origine inconnue (6%). La figure 2 reprend les différents mode de transmission des infections nosocomiales ambulatoires. 20 Figure 2: Fréquence des infections nosocomiales ambulatoires selon leur mode de transmission (%) 25 Aérosols, Gouttelettes Contact percutané ou muqueux 75 On note que sur ces 62 épidémies, il s'agit trois fois sur quatre d'un contact percutané ou muqueux (direct ou indirect) qui a dû survenir dans une salle de consultation ou de traitement et, pour le quart restant, il s'agit d'une transmission par gouttelettes ou aérosol qui a probablement eu lieu dans la salle d'attente. II.3- LES RECOMMANDATIONS Le Ministère de la Santé et des Solidarités a édité en janvier 2006 un guide destiné aux professionnels de santé exerçant en dehors des établissements de santé. Ce guide précise les recommandations et pratiques d'hygiènes à appliquer en dehors des établissements de santé afin de prévenir les infections liées aux soins. Il est mis en ligne sur le site du Ministère chargé de la santé « www.sante.gouv.fr », ceci a été annoncé via les bulletins des Ordres ou des Fédérations et dans la presse spécialisée. En juin 2007, à la demande de la Direction Générale de la Santé (DGS) sont réalisées des recommandations professionnelles concernant l'hygiène et la prévention du risque infectieux en cabinet médical ou paramédical. Ces recommandations ont été élaborées par la Société de Formation Thérapeutique du généraliste (SFTG), dans le cadre d'un partenariat avec 21 la Haute Autorité de Santé (HAS). Nous allons reprendre les grandes lignes de ces recommandations. (14) (15) (16) II.3.1- L'ORGANISATION ET ENTRETIEN DES LOCAUX ET MATERIAUX Aucune recommandation n'est proposée sur l'organisation architecturale du cabinet. Il est cependant recommandé d'aménager un point d'eau dans chaque salle de consultation ainsi que dans les zones sanitaires. Chaque point d'eau doit avoir un distributeur de savon liquide à pompe et avec poche rétractable éjectable, un distributeur d'essuie-mains à usage unique en papier non tissé et une poubelle à pédale ou sans couvercle. (accord professionnel) Il est recommandé d'équiper la salle d'examen et de soins avec: – une poubelle réservée aux déchets ménagers; – une poubelle pour le recueil des déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) (sac jaune); – une boîte à objet piquant, coupant, tranchant (OPCT); – une table ou fauteuil d'examen recouvert d'un revêtement lessivable et d'un support non tissé ou d'un drap à usage unique changé entre chaque patient. (accord professionnel) En salle d'attente, il est recommandé un nettoyage fréquent des jouets avec un lave-linge et/ou lave-vaisselle. Il est également suggéré de privilégier un accueil en consultations sur rendez-vous afin de réduire le risque de transmission infectieuse. (accord professionnel) Il est recommandé, pour toute les surfaces (sols, murs, plans de travail) d'opter pour des revêtements lessivables lisses et de réaliser un entretien quotidien voir immédiat en cas de souillures. L'entretien commence par un dépoussiérage humide (balayage ou essuyage humide) suivi de l'utilisation d'un produit détergent ou détergent-désinfectant selon les surfaces. (accord professionnel) La gestion des déchets est réglementée. On distingue: 22 - les déchets d'activités de soins non contaminés assimilables aux ordures ménagères (emballages, couches, papiers,...). - les déchets d'activités de soins à risques infectieux (DASRI) comprenant les objets piquants, coupants ou tranchants (OPCT) et tout dispositif de soins et objet souillé par (ou contenant) du sang ou un autre liquide biologique. Les professionnels de santé doivent donc disposer de trois type de poubelles: une poubelle réservée aux déchets ménagers, un conteneur avec emballages rigides et étanches (sacs jaunes) pour les déchets « mous » contaminés et un conteneur pour le recueil des OPCT selon la terminologie AFNOR. Il existe une réglementation sur l'entreposage et le délais d'enlèvement des DASRI selon la quantité produite. Il est recommandé de confier l'élimination des DASRI à un prestataire de service et d'établir avec lui une convention écrite. Lorsqu'un réfrigérateur est utilisé au cabinet pour la conservation des produits pharmaceutiques, il est recommandé d'y placer un thermomètre afin de maintenir une température inférieure ou égale à 4°c. (accord professionnel) II.3.2- LA GESTION DU MATERIEL MEDICAL La circulaire DGS/DH n°672, 20/10/97 recommande d'utiliser du matériel à usage unique. (réglementaire) L'utilisation du matériel à usage unique est notamment indispensable pour tous les gestes invasifs. La circulaire DGS/SQ 3, DGS/PH 2 – DH/EM 1 n°51 du 29 décembre 1994 indique que le matériel à usage unique ne doit pas être réutilisé. (réglementaire) A défaut d'utiliser du matériel à usage unique, le code de déontologie médicale (article 71) recommande au médecin de « […] veiller à la stérilisation et à la décontamination des dispositifs médicaux qu'il utilise [...] ». La classification selon le type de contact est la référence pour guider le traitement des dispositifs médicaux (DM): – pour tout matériel considéré comme « critique » (haut risque infectieux), il faut effectuer un traitement par stérilisation ou désinfection de haut niveau; – pour le matériel dit « semi-critique » (risque infectieux 23 intermédiaire), il faut un traitement par stérilisation ou désinfection de niveau intermédiaire; – pour le matériel dit « non-critique » (bas risque infectieux), il faut un traitement par désinfection de bas niveau. Le traitement des dispositifs médicaux réutilisables immergeables doit respecter les différentes étapes suivantes: (accord professionnel) – prédésinfection immédiate du dispositif médical après utilisation; – nettoyage à la brosse; – rinçage à l'eau courante; – séchage du dispositif médical; – stérilisation (matériel thermorésistant) ou désinfection (matériel thermosensible) pour les dispositifs médicaux critiques et semi-critiques. La circulaire DGS/DH n°672, 20/10/97 indique que « dans l'état actuel des connaissances, la stérilisation par la vapeur d'eau saturée sous pression doit être la méthode appliquée lorsque le dispositif le supporte ». L'utilisation de la « stérilisation à la chaleur sèche » (de type Poupinel*) est vivement déconseillée car décrite comme inefficace pour l'inactivation des prions. Il est recommandé de recourir à l'emballage des dispositifs médicaux destinés à être stérilisés, de contrôler le stérilisateur en routine et de faire les opérations de maintenance. Si la stérilisation n'est pas possible (dispositifs médicaux critiques thermosensibles), il est possible de recourir à une procédure de désinfection par l'acide peracétique. Pour le traitement des dispositifs médicaux réutilisables non immergeables (brassard tensionnel, stéthoscope, sonde ultrasonique, …), il est recommandé d'utiliser, au minimum quotidiennement, un support non tissé imprégné d'un produit détergent-désinfectant. II.3.3- LES PRECAUTIONS STANDARD L'hygiène des mains est le facteur majeur de prévention des infections liées aux soins en termes de morbidité et de mortalité. Il est recommandé de procéder à un lavage des mains au savon doux à l'arrivée au cabinet, au départ du cabinet et en cas de mains visiblement 24 souillées. Il est recommandé de se désinfecter les mains par friction hydro-alcoolique entre chaque patient et en cas d'interruption des soins pour un même patient. A défaut d'utiliser un produit hydro-alcoolique, compte tenu des problèmes de tolérance cutanée, il est recommandé d'utiliser un savon doux. (accord professionnel) L'équipement standard vise à protéger à la fois le patient et le professionnel de santé. Il est recommandé de porter des gants non stériles à usage unique, notamment en cas: (accord professionnel) – de contact muqueux; – de contact avec une peau lésée ou une plaie chronique; – de risque de souillure par du sang ou tout autre produit biologique d'origine humaine; – de lésions cutanées manuelles, même minimes; – et lors des étapes de prédésinfection et de nettoyage des dispositifs médicaux réutilisables. Le port de blouse n'est pas recommandé de manière standard, faute de preuve d'un effet sur l'incidence clinique des infections liées aux soins. En revanche, une tenue propre est recommandée de manière standard. Il est recommandé de changer quotidiennement de tenue et dès qu'elle paraît visiblement souillée. Le port de gants est recommandé en cas de manipulation d'objet piquants, coupants ou tranchants (OPCT) qui pourrait être contaminé par le sang ou tout autre liquide biologique. (accord professionnel) Il est obligatoire d'éliminer les OPCT dans des collecteurs spécifiques définis par la norme AFNOR X 30-500. Il est fortement recommandé de ne pas recapuchonner les aiguilles. En cas d'accident d'exposition au sang ou à un liquide biologique d'origine humaine, la procédure à suivre a été décrite par les circulaires DGS/DH n°98/249 du 20avril 1998 et n°99/680 du 8 décembre 1999. Cette procédure doit être connue et affichée dans le cabinet. II.3.4- LES PRECAUTIONS SUPPLEMENTAIRES L'antisepsie est une opération d'élimination ou de réduction des 25 micro-organismes présents au niveau des tissus vivants dont le résultat est momentané. Elle ne protège pas contre une nouvelle contamination. L'efficacité des antiseptiques dépend du respect de leurs conditions d'utilisation (date de péremption, durée d'utilisation). Il est recommandé, de manière générale, de recourir aux antiseptiques à large spectre d'activité (biguanides, dérivés halogénés iodés et chlorés, alcools) et aux antiseptiques à spectre étroit qui ont fait la preuve d'une efficacité clinique (nitrate d'argent). Lors de l'utilisation, il est recommandé de consulter la notice des produits afin de respecter le délais d'action de l'antiseptique choisi et d'attendre le séchage spontané de l'antiseptique utilisé. Il est recommandé, en dehors des associations synergiques, de ne pas mélanger les antiseptiques entre eux ou avec d'autres produits. Pendant les 2ème et 3ème trimestres de grossesse, en cas d'allaitement maternel et chez le nouveau-né, il est recommandé de ne pas utiliser les produits iodés (AMM). Chez le nourrisson et l'enfant de moins de 30 mois, la précaution est requise pour les produits iodés, en évitant l'emploi sur la peau lésée et sous les couches (AMM). De 0 à 30 mois, il est recommandé de ne pas utilisé les alcools excepter l'usage de compresses imprégnées d'alcool. Chez l'enfant de moins de 5 ans, il est recommandé de ne pas utiliser les produits iodés sur les muqueuses. Le tableau 2 fait la synthèse des contre-indications et précautions d'emploi des différents antiseptiques en fonction de l'âge de l'enfant. (17) Tableau 2: Contre-indications (CI) et précautions d'emploi en fonction de l'âge Prématurés* Enfant de moins de 1 mois Enfant de 1 à 30 mois contre-indiquée contre-indiquée précautions d'emploi** contre-indiqué contre-indiqué précautions d'emploi Chlorhexidine 0,5% alcoolique à 70% contre-indiquée contre-indiquée autorisée Chlorhexidine faiblement alcoolisée (Biseptine®) autorisée autorisée autorisée Chlorés autorisés autorisés autorisés Povidone iodée Alcool 70° 26 *quelque soit le produit utilisé chez le prématuré, il est conseillé de rincer à l'eau stérile après un temps d'action de 30 secondes afin d'éviter toute irritation de la peau fragile. ** l'utilisation, si elle s'avère indispensable, se limitera à une application brève et peu étendue et sera suivi d'un rinçage à l'eau stérile. Les 5 temps de l'antisepsie sont la détersion, le rinçage, le séchage, l'application d'un antiseptique et le séchage à l'air libre. Pour la préparation cutanée des patients avant un geste invasif, il est recommandé de réaliser une détersion (nettoyage avec un savon antiseptique, suivi d'un rinçage et d'un séchage) avant l'application de l'antiseptique compatible. Lorsque cela n'est pas possible, il est recommandé d'utiliser un savon doux liquide. Aucun soluté alcoolique fortement dosé ne doit être utilisé en peau lésée; en cas de choix d'utilisation d'un antiseptique en peau lésée, la polyvidone iodée acqueuse, les solutés chlorés (Dakin) et la Biseptine® peuvent être utilisés. Une solution moussante de polyvidone iodée à 4% ou de chlorhexidine peut être utilisée pour la détersion des plaies souillées. Il est recommandé de n'utiliser aucun antiseptique dans la détersion des plaies chroniques et des ulcères de jambe, dans l'eczéma de contact et la dermatite atopique. (accord professionnel) Il est recommandé d'utiliser, pour l'antisepsie des muqueuses, soit la polyvidone iodée acqueuse (sauf chez l'enfant de moins de 5ans) soit les solutés chlorés (soluté de Dakin). Il est suggéré de sélectionner pour le cabinet, un ensemble d'antiseptiques permettant de répondre aux différentes exigences de soins. Le tableau 3 résume les produits antiseptiques disponibles permettant de constituer un « panier de soins antiseptiques ». Tableau 3: Panier de soins antiseptiques Peau saine Peau lésée Muqueuse Chlorhexidine alcoolique Povidone iodée alcoolique Alcool à 70% Soluté de Dakin Biseptine® Povidone iodée acqueuse Soluté de Dakin Chlorhexidine acqueuse (brûlures) Biseptine® Povidone iodée acqueuse Soluté de Dakin Concernant les équipements de protection personnelle, il est recommandé, 27 pour la réalisation des gestes invasifs à risque d'infection sévère n'autorisant pas une procédure « No touch », de porter des gants. Le port de masque facial chirurgical est recommandé en cas de risque de projection de liquides biologiques et pour la réalisation de certains gestes à haut niveau d'asepsie. (accord professionnel) II.3.5- LES PRECAUTIONS SPECIFIQUES Ces précautions ont pour objectif la double protection des patients et des professionnels de santé en fonction des risques spécifiques de certains patients ou de certains risques épidémiques. Les articles L3112-1 et L3111-4 du Code de la Santé Publique font obligation, depuis l'arrêté du 23 août 1991, à tout candidat à l'exercice d'une profession de santé d'être vacciné contre la tuberculose et d'être immunisé contre l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. (réglementaire) Il est recommandé, pour tous les professionnels de santé, de se vacciner contre la grippe saisonnière chaque année. Il est également recommandé pour tous les professionnels de santé en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois, à l'exception des femmes enceintes, de se vacciner contre la coqueluche. Aucune recommandation n'est faite pour une vaccination généralisée des professionnels de santé contre l'hépatite A. Il est recommandé de promouvoir auprès de toutes les personnes qui travaillent dans les cabinets médicaux (secrétaires, personnel d'entretien), la vaccination contre la grippe annuellement, contre la rougeole, la rubéole, les oreillons et contre la coqueluche. Il est recommandé que la personne chargée de l'entretien du cabinet soit, de plus, vaccinée contre l'hépatite B. (accord professionnel) Il est recommandé de porter des gants à usage unique non stériles au cours des soins aux patients pour qui le portage d'une bactérie multi résistante (BMR) est documenté uniquement lors du contact direct avec le site anatomique porteur de la BMR. Il est recommandé de porter un tablier ou une surblouse à usage unique et jetable lors de soins pouvant exposer le soignant à des projections de liquides biologiques. 28 Il est recommandé de porter des lunettes de protection lors des soins en cas de risque d'éclaboussures de liquides biologiques et lors du nettoyage manuel des instruments en cas de risque de projection de matières organiques. (accord professionnel) Le port du masque facial de protection respiratoire jetable de classe d'efficacité FFP1 est recommandé face à un patient atteint de tuberculose bacillifère. Le port du masque facial de protection respiratoire jetable de classe d'efficacité FFP2 est obligatoire face à un patient présentant un syndrome respiratoire dans un contexte d'épidémie de gravité particulière: syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), grippe aviaire. (réglementaire) II.4- LA LEGISLATION MEDICALE II.4.1- LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE Les médecins généralistes, comme tous les professionnels de santé, sont exposés à trois type de responsabilité: disciplinaire, civile et pénale. (18) La responsabilité disciplinaire est appréciée par l'Ordre des médecins qui veille à l'observation des devoirs professionnels et des règles du Code de Déontologie. Les peines disciplinaires peuvent aller de l'avertissement à l'interdiction d'exercer et radiation du tableau de l'ordre selon la faute. La responsabilité civile est appréciée par les juridictions civiles et à pour objet l'indemnisation des préjudices subi par la victime. Les dommages et intérêts sont généralement versés par l'assureur du praticien ou au titre de la solidarité nationale. Les principes de la responsabilité civile des professionnels de santé figurent dans le Code de la Santé Publique. La responsabilité pénale est appréciée par le juge pénal. Les peines prononcées peuvent aller d'une contravention (non prise en charge par l'assurance) à une période d'emprisonnement. Il s'agit d'une responsabilité individuelle et non spécifique au corps médical. 29 II.4.2- LES TEXTES OFFICIELS Responsabilité disciplinaire: Le code de déontologie médical aborde clairement la qualité des soins et la sécurité des patients: (19) (20) – Article 32 (article R.4127-32 du code de la santé publique): « Dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le médecin s'engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s'il y a lieu, à l'aide de tiers compétents. » – Article 49 (article R.4127-49 du code de la santé publique): « Le médecin appelé à donner ses soins dans une famille ou une collectivité doit tout mettre en œuvre pour obtenir le respect des règles d'hygiène et de prophylaxie. Il doit informer le patient de ses responsabilités et devoirs vis à vis de lui-même et des tiers ainsi que des précautions qu'il doit prendre. » Le médecin est chargé d'une mission curative qui passe le plus souvent par un traitement médical approprié à la situation pathologique du patient. L'hygiène est un élément de cette prise en charge et son défaut peut favoriser l'éclosion d'une pathologie donnée ou son aggravation au sein d'une communauté, d'une famille ou d'une collectivité. L'efficacité d'un traitement ou d'une prise en charge peut être entamée par le défaut ou nonrespect de ces même règles d'hygiène. L'hygiène concerne aussi les médecins dans la gestion des matériels et des produits potentiellement contaminés que leur pratique professionnelle les amène à manipuler. – Article 69 (article R.4127-69 du code de la santé publique): « L'exercice de la médecine est personnel; chaque médecin est responsable de ses décisions et de ses actes. » – Article 71 (article R.4127-71 du code de la santé publique): « Le médecin doit disposer, au lieu de son exercice professionnel, d'une installation convenable, de locaux adéquats pour permettre le respect du secret professionnel et de moyens techniques suffisants en rapport avec la nature des actes qu'il pratique ou de la population qu'il prend en charge. Il doit notamment veiller à la stérilisation et à la décontamination des dispositifs médicaux qu'il utilise et à l'élimination des déchets selon les procédures réglementaires. Il ne doit pas exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la qualité des soins et des actes 30 médicaux ou la sécurité des personnes examinées. Il doit veiller à la compétence des personnes qui lui apportent leur concours. » La stérilisation et la décontamination des matériels médicaux comme l'élimination des déchets médicaux sont soumises à des règlements désormais bien établis et incontournables. Il convient de protéger le patient d'une éventuelle contamination, mais aussi le médecin lui-même, son entourage professionnel, le personnel chargé de manipuler et d'évacuer les déchets médicaux. Ces règles concernent tout aussi bien le milieu stérile de la chirurgie orthopédique par exemple que le cabinet du généraliste. La Cour de Cassation estime que le médecin est tenu vis-à-vis de son patient, en matière d'infection nosocomiale, d'une obligation de sécurité de résultat dont il ne peut se libérer qu'en rapportant la preuve d'une cause étrangère. Responsabilité civile: – L'arrêt Mercier rendu par la Cour de cassation le 20 mai 1936 à défini la notion « d'obligation de moyen » à laquelle est tenu le médecin et à qualifiée de contractuelle la responsabilité du médecin: (22) « Il se forme entre le médecin et son client un véritable contrat comportant pour le praticien l'engagement de donner des soins attentifs, consciencieux et, sous réserve faite de circonstances exceptionnelles, conformes aux données acquises de la science; la violation, même involontaire, de cette obligation contractuelle est sanctionnée par une responsabilité de même nature, également contractuelle ». Cependant, la mise en jeu de la responsabilité du médecin dépendait de la preuve qu'il avait commis une faute. Or très souvent, les victimes n'étaient pas indemnisées car elles ne parvenaient pas à établir l'existence d'une faute du médecin. (21) Dans l'attente de l'intervention du législateur, la jurisprudence administrative s'est emparée du problème et a créé des cas de responsabilité sans faute. – En juin 1999, la Cour de cassation a rendu trois arrêts (les arrêts « staphylocoques dorés ») édictant que la simple preuve de l'absence de faute ne suffit pas. Pour s'exonérer, le médecin ou l'établissement de santé doit prouver l'existence d'une cause étrangère. Cette jurisprudence les autorise également à s'exonérer en prouvant qu'ils ont respecté scrupuleusement les règles d'hygiène et d'asepsie: « les établissements de santé privés et les médecins ont une obligation « de sécurité de résultat » dont ils ne peuvent se libérer qu'en rapportant la preuve d'une cause étrangère ». 31 – Cette jurisprudence a été entérinée par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droit des malades et à la qualité du système de santé, dite « loi Kouchner ». La loi inscrit la responsabilité des professionnels de santé dans le Code de la santé publique (de article L1141-1 à L1143-1). Elle redéfinit les principes de cette responsabilité et prévoit l'indemnisation des victimes: (23) 1°) Pour pouvoir engager la responsabilité d'un professionnel de santé, il faut prouver l'existence d'une faute. 2°) Pour les établissements de santé, il existe une responsabilité sans faute en cas d'infections nosocomiales. Il ne pourront se dégager qu'en prouvant l'existence d'une cause étrangère. Pour pouvoir engager la responsabilité des professionnels de santé libéraux en cas d'infection nosocomiale, il faudra prouver l'existence d'une faute. 3°) Un cas de responsabilité sans faute des médecins et établissements de santé: en cas de dommages causés par un produit de santé défectueux. 4°) Pour les accidents médicaux, les affections iatrogènes et les infections nosocomiales, c'est la solidarité nationale qui permet d'indemniser les victimes. (Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux =ONIAM) – La loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique affirme pour la première fois la responsabilité de l'État en matière de santé publique. Le texte fixe des objectifs pluriannuels d'amélioration de santé de la population et définit des orientations dans des domaines jugés prioritaires. (24) – En matière d'hygiène, l'article L3114-6 du Code de la santé publique prévoit que: (23) « Les professionnels de santé (…) exerçant en dehors des établissements de santé, veillent à prévenir toutes infections liées à leurs activité de prévention, de diagnostic et de soins. Des arrêtés fixent, en tant que de besoins, les règles qu'ils doivent respecter. » Responsabilité pénale: Il s'agit d'une responsabilité individuelle. Tout médecin peut faire l'objet de poursuites pénales en cas d'infraction prévue par la loi. Autres textes officiels: (19) (23) – Concernant l'élimination des déchets de soin, le code de déontologie médical (article 71) définit clairement la responsabilité du médecin. 32 L'article R.1335-2 du Code de la santé publique rappelle le principe selon lequel chaque producteur est responsable de l'élimination de ses déchets. Les articles R. 1335-3 à R.1335-8 définissent les modalités réglementaires d'élimination des déchets d'activité de soin à risques infectieux et assimilés. Plusieurs arrêtés ministériels règlementent le tri, le stockage, le transport et le traitement ultime des DASRI. – Concernant les dispositifs médicaux, le code de déontologie médical (article 71) responsabilise le médecin sur leur utilisation et leur traitement. L'article L. 5211-1 du Code de la santé publique donne la définition des dispositifs médicaux. Les dispositifs médicaux sont répartis en quatre classes (I, IIa, IIb, III) selon leur degré d'invasivité et leur durée d'utilisation (article R. 5211-7 du Code de la santé publique). L'obtention d'un marquage CE est obligatoire depuis le 14 juin 1998 lors de la mise sur le marché français. Le fabriquant doit définir si le dispositif médical est à usage unique ou non. La responsabilité du médecin est engagée dès lors qu'il ne respecte pas les recommandations d'utilisation du fabriquant. Tout dysfonctionnement doit faire l'objet d'une déclaration de matériovigilance (articles R. 5212-1 à 5212-15 du Code de la santé publique). Plusieurs décrets ministériels régissent le traitement des dispositifs médicaux. – Concernant la vaccination des professionnels de santé, l'article L. 3111-4 du code de la santé publique et le calendrier vaccinal 2010 rendent obligatoire les vaccinations contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l'hépatite B pour toute personne qui « dans un établissement ou organisme public ou privé de prévention, de soins ou hébergeant des personnes âgées, exerce une activité professionnelle l'exposant à des risques de contamination » et pour les étudiants des filières médicales et paramédicales. 33 III- OBJECTIF DE L'ENQUETE 34 Contexte: Les mesures de prévention des infections associées aux soins en médecine ambulatoire sont précisées dans des textes de lois et recommandations professionnelles. Au cours de notre formation et des premiers remplacements effectués chez les omnipraticiens, nous avons constaté une hétérogénéité des pratiques. Hypothèse: Il existe un écart entre les recommandations et la réalité des pratiques au quotidien. Objectif: Nous avons souhaité étudier plus précisément les mesures d'hygiène en médecine générale. Nous nous sommes fixés comme objectif de décrire ces mesures et de les comparer aux références. 35 IV- MATERIEL ET METHODE 36 IV.1- LA METHODE D'INVESTIGATION Afin de répondre au mieux à cet objectif, la réalisation d'une enquête de pratique nous a semblé la méthode la mieux adaptée. En effet, selon l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé (ANAES), l'enquête de pratique ou « audit clinique » est « une méthode d'évaluation qui permet à l'aide de critères déterminés de comparer les pratiques de soins à des références admises, en vue de mesurer la qualité de ces pratiques et des résultats de soins avec l'objectif de les améliorer ». Cette définition reprend celle élaborée en 1993 par l'Agence Nationale pour le Développement de l'Évaluation Médicale (ANDEM). (25) (26) L'ANAES distingue six étapes dans l'élaboration d'une enquête de pratique: • Choix du thème. • Choix des critères. • Choix de la méthode de mesure. • Recueil des données. • Analyse des résultats. • Plan d'actions d'amélioration et réévaluation. Nous avons essayé de respecter au mieux ce schéma. Nous avons choisi pour notre étude l'autoévaluation des omnipraticiens par questionnaire anonyme transmis par voie postale. Nous avons choisi cette méthode et ce mode de recueil des données pour 4 raisons principales: • L'autoévaluation impose certes au professionnel de remplir la feuille de recueil des données mais il peut choisir le moment qui lui semble le plus opportun. • Le respect de l'anonymat favorise une meilleure objectivité des réponses. • La voie postale reste plus aisée à mettre en œuvre et peu coûteuse. • L'autoévaluation a un caractère pédagogique par la remise en mémoire des critères de qualité. 37 IV.2- LE REFERENTIEL Plusieurs textes de recommandations abordent le thème de l'hygiène en médecine ambulatoire. En 1999, le Centre de Coordination de la lutte contre les Infections Nosocomiales (CCLIN) ouest a publié un guide décrivant les bonnes pratiques à adopter pour « réduire le risque infectieux au cabinet médical ». (27) En 2000, la revue prescrire a publié un supplément traitant le même thème. (28) En janvier 2006, la Direction Générale de la Santé (DGS) a édité un guide de prévention précisant les recommandations et pratiques d'hygiène à appliquer en dehors des établissements de santé. (13) En juin 2007, la Société de Formation Thérapeutique du Généraliste (SFTG) en partenariat avec la Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré des recommandations professionnelles concernant l'hygiène et la prévention du risque infectieux en cabinet médical ou paramédical. (14) Nous avons choisi les recommandations professionnelles de juin 2007 comme référentiel pour l'élaboration de notre questionnaire et ce pour plusieurs raisons: • Ce guide a été élaboré par un groupe de travail mixte: experts hospitaliers, praticiens libéraux et professionnels hors du champ de la santé. • Les recommandations s'appuient sur une analyse des études • hospitalières et ambulatoires. • Ce document émane d'une autorité sanitaire et est validé scientifiquement. • Les recommandations sont bien détaillées. • Ce document est relativement récent. IV.3- LE QUESTIONNAIRE IV.3.1- ETABLISSEMENT DU QUESTIONNAIRE Nous souhaitions que le questionnaire soit simple et rapide à compléter. 38 Nous avons utilisé le plus souvent des questions à réponses fermées. Les questions ont été établies à partir du référentiel sur des critères d'objectivité et de représentativité. (15) Le questionnaire a été soumis à la lecture critique de trois médecins généralistes ne faisant pas partie de l'enquête afin d'en vérifier la pertinence, la faisabilité et le temps nécessaire à son remplissage. IV.3.2- DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE Le questionnaire comprend quatre pages au format A4. ( annexe n°2) Il comprend sept parties: – la première partie comporte des renseignements à caractère sociographique (sexe, âge, mode et lieu d'exercice), – la deuxième partie concerne l'organisation et l'entretien des locaux, – la troisième partie porte sur le choix et traitement du matériel médical, – la quatrième partie interroge le médecin sur les précautions standard, – la cinquième partie comprend deux questions sur l'antisepsie, – la sixième partie s'intéresse à la vaccination des médecins interrogés, – la septième et dernière partie évalue la connaissance des recommandations utilisées comme référentiel. IV.3.3- MODALITES DE REMPLISSAGE Le questionnaire a été adressé par voie postale aux praticiens avec une enveloppe retour affranchie et accompagné d'une lettre explicative (annexe n°1). Une lettre de relance (annexe n°3) a été envoyée deux semaines après le questionnaire à tous les médecins. Les envois ont eu lieu en dehors des vacances scolaires afin d'optimiser le taux de réponses. 39 IV.4- LA POPULATION ETUDIEE IV.4.1- CONSTITUTION DE L'ECHANTILLON Pour réaliser notre étude, nous avons sélectionné un échantillon de 12,2% des médecins généralistes de l'agglomération nantaise. L'agglomération nantaise regroupe 24 communes réparties sur 52336 hectares avec 590000 habitants. (29) Nous nous sommes procurés la liste des médecins généralistes non remplaçant et non retraité auprès de l'assurance maladie. Cependant, cette liste regroupe les médecins sans distinction entre les pratiques particulières. Nous avons donc fait un recoupement entre la liste de l'assurance maladie et l'annuaire téléphonique. (30) (31) Pour avoir une représentativité des médecins exerçant en zone rurale, semi-rurale ou urbaine, nous avons décidé d'effectuer un tirage au sort par communes selon la méthode suivante: – 1 médecin dans les communes ayant de 1 à 9 médecins. – 2 médecins dans les communes ayant de 10 à 19 médecins. – 3 médecins dans les communes ayant de 20 à 29 médecins. – 4 médecins dans les communes ayant de 30 à 39 médecins. – 5 médecins dans les communes ayant de 40 à 49 médecins. Etc...... jusqu'à 24 médecins dans les communes ayant de 230 à 239 médecins. Le tirage au sort a été effectué manuellement. Nous avons ainsi tiré au sort 60 médecins. IV.4.2- CHAMP D'INVESTIGATION Nous avons exclu les autres spécialités médicales, bien que les recommandations en secteur ambulatoire s'appliquent à toutes les disciplines. Cependant, les autres spécialités médicales se caractérisent par la réalisation d'actes diagnostiques ou thérapeutiques parfois invasifs (fibroscopies, ponctions, biopsies, …). Ces gestes sont à risque de transmission d'infection élevé. Aussi, ces spécialités devraient faire l'objet d'études spécifiques. 40 Nous avons limité notre enquête aux seuls actes réalisés au cabinet du médecin généraliste. Les soins pratiqués au domicile du patient ou sur la voie publique rendent l'application des règles d'hygiène difficile et il n'y a pas de recommandations spécifiques sur ce sujet. Nous avons exclu de notre étude les médecins généralistes exerçant en qualité de remplaçant. Leurs pratiques sont en effet tributaires des locaux et du matériel qui leurs sont fournis par le médecin installé. Nous avons exclus de notre étude les médecins généralistes qui pratiquent exclusivement une activité autre que la médecine générale ambulatoire (acupuncture, homéopathie, mésothérapie, médecine d'urgence, expertises médicales, échographie, gériatrie, …). IV.5- LE DEROULEMENT DE L'ENQUÊTE Le premier envoi a été réalisé le 16 mars 2011. Chaque plis comprenait: – un questionnaire anonyme (annexe 2), – un courrier explicatif (annexe 1), – une enveloppe retour identifiée à l'investigateur et affranchie. Le courrier de relance (annexe 3) a été expédié le 30 mars 2011. Nous avons arrêté notre enquête le 13 avril 2011, soit un mois après le premier envoi. 41 V- RESULTATS STATISTIQUES 42 V.1- CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION Le taux de participation a été de 68%, c'est-à-dire 41 médecins sur les 60 sollicités. Les répondants ont été répartis en fonction de leur sexe, âge, mode et lieu d'exercice. Les résultats sont détaillés en figure 3. Figure 3: Caractéristiques de la population. Répartition selon le sexe 90 Age moyen des médecins 80 22% 70 Hommes 60 Femmes 50 40 54 30 78% Age moyen total Lieu d'exercice (%) Mode d'exercice 29% 19,5 Rural Groupe Urbain Seul Semi-rural 71% 80,5 V.2- ORGANISATION ET ENTRETIEN DES LOCAUX Les figures 4 et 5 détaillent les résultats obtenus aux questions correspondant à cet item. Les pourcentages ont été calculés à partir de la population des répondants soit n = 41. 43 Figure 4: Aménagement et entretien de la salle de consultation. Présence d'un lavabo en salle de consultation 100 Présence d'un revêtement de sol lessivable 100 en93% salle de consultation 90 90 80 80 71% 70 OUI 60 NON 50 40 30 20 10 10 0 0 Présence d'un revêtement mural lessivable 100 en salle de consultation 80 Changement de drap d'examen entre chaque patient 100 83% OUI 60 NON 39% 40 7% 80 OUI 59% NON 50 20 60 OUI 60 40 29% 30 70 Sans réponse 20 NON 40 17% 20 2% 0 0 Figure 5: Gestion des déchets d'activité de soins. Utilisation d'une boite à OPCT spécifique aux normes 100% 100 Utilisation d'un emballage spécifique pour les déchets "mous" à risques infectieux 100 80 OUI 60 NON 60 40 20 40 0 20 85% 54% 44% 60 0 15% 0% OPCT 2% 100 NON OUI 80 Sans réponse 60 40 20 Sans réponse 42% Délais d'évacuation des DASRI en règle avec la législation OUI 80 NON 56% 0 Elimination des DASRI par un organisme spécialisé (société prestataire de service) 100 OUI 80 40 2% 20 Déchets mous 0 44 NON 56% Sans réponse 32% 12% V.3- CHOIX ET TRAITEMENT DU MATERIEL MEDICAL Les figures 6 à 11 développent les différents résultats obtenus. Les pourcentages sont calculés sur la base de la population des répondants soit n = 41. Figure 6: Choix du matériel médical utilisé. % 100 100 95 93 80 90 80 80 70 59 60 44 50 39 34 40 27 30 20 10 73 71 68 17 15 5 0 0 2 5 0 5 7 0 0 10 2 0 Abaisse langue Spéculum auriculaire Pinces Bistouri ou lames Kit de suture Seringue Embout de Spéculum Anuscope peak-flow gynécologiq ue Usage unique Réutilisable Non utilisé Plusieurs médecins répondants déclaraient utiliser, pour certains dispositifs, à la fois du matériel à usage unique et du matériel réutilisable (spéculums auriculaires, pinces, kits de suture, embout de peak-flow et spéculums gynécologiques). Figure 7: Réutilisation de matériel normalement vendu à usage unique. 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 95% OUI NON 5% 45 Figure 8: Réalisation des étapes de décontamination du matériel réutilisable avant stérilisation. 100 90 80 70 50 20 OUI 46% 37% 40 30 61% 56% 60 37% 37% NON Sans réponse 17% 7% 10 2% 0 Pré-désinfection immédiate Nettoyage à la brosse Rinçage à l'eau Figure 9: Stérilisation du matériel réutilisable. 100 80 63% OUI 60 37% 40 NON Sans réponse 20 0 Figure 10: Méthode de stérilisation utilisé. 37% 49% Poupinel Autoclave Autre Sans réponse 7% 7% Quinze médecins (37%) n'avaient pas répondu aux questions sur la décontamination et stérilisation du matériel réutilisable. Parmi eux, seulement 3 médecins déclaraient ne pas utiliser de dispositif réutilisable 46 mais exclusivement du matériel à usage unique. Onze médecins n'avaient pas précisé leur méthode de décontamination/ stérilisation alors qu'ils admettaient utiliser du matériel réutilisable. Cinq d'entre eux n'utilisaient qu'un type de dispositif réutilisable. Un médecin utilisait comme méthode de décontamination/stérilisation l'immersion dans un bain d'éther + alcool. Les 3 médecins utilisant une méthode dite « autre » de stérilisation, déclaraient pratiquer une stérilisation chimique. Figure 11: Fréquence de désinfection du pavillon du stéthoscope. % 100 90 80 70 60 50 40 32 32 30 15 20 12 7 10 0 au moins 1 fois par jour 1 fois par semaine 1 fois par mois Rarement Jamais Un médecin n'avait pas répondu à la question. V.4- PRECAUTIONS STANDARD Les figures 12 à 16 détaillent les réponses obtenues. Les pourcentages sont calculés à partir de la population des répondants, soit n = 41. Figure 12: Désinfection des mains entre chaque patient. 2% 10% OUI NON Sans réponse 88% 47 Nombre de médecins Figure 13: Mode de lavage des mains. 41 34 30 31 21 9 11 1 -9 Savon en pain Savon liquide en distributeur ou poche Solution hydro-alcoolique Parmi les répondants, 5 médecins déclaraient utiliser à la fois le savon en pain et la solution hydro-alcoolique (SHA), 24 médecins utilisaient le savon liquide et la SHA, 1 médecin utilisait le savon en pain et le savon liquide, 1 médecin utilisait les 3 modes de lavage des mains. Quatre médecins déclaraient utiliser la SHA seule. Parmi les 12 médecins n'ayant pas de lavabo en salle de consultation, 2 disaient se laver les mains entre chaque patient mais ne disposaient pas de SHA, 1 médecin avouait ne pas se laver les mains entre chaque patient mais disposait d'une SHA, 1 médecin n'avait pas répondu à la question sur le lavage des mains entre chaque patient et ne disposait pas de SHA. Figure 14: Méthode d'essuyage des mains. 100% 41,5 46 80% NON 60% 40% 58,5 54 OUI 20% 0% Linge réutilisable (Torchon, serviette) Essuie main à usage unique Un médecin n'avait pas répondu à la question car il utilisait la solution hydro-alcoolique (SHA) seule. Les 3 autres médecins qui déclaraient utiliser la SHA seule avaient tout de même coché un mode d'essuyage des mains. Six médecins avaient répondu « oui » pour les 2 méthode d'essuyage des mains. 48 Figure 15: Type de poubelle pour déchets ménagers utilisé. % 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 90 15 Poubelle avec commande à pédale ou sans couvercle Poubelle à commande manuelle Trois médecins possèdaient les 2 types de poubelle. Un médecin n'avait pas répondu à la question. Figure 16: Port de gants lors des différents gestes. 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 88% 85% 88% 73% 49% 51% 27% 15% Contact muqueux 12% Contact avec peau lésée ou plaie OUI 12% NON Suture, parage de plaie, réfection de pansement Examen dermatologique Manipulation d'objets piquants,coupa nts ou tranchants V.5- ANTISEPSIE Figure 17: Conditions d'utilisation des antiseptiques. Respect de la dâte limite d'utilisation après ouverture 12% Respect de la dâte de péremption 2% OUI NON NON 42% 56% 88% 49 OUI Sans réponse V.6- VACCINATION Figure 18: Statut vaccinal des médecins répondants. Vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite Immunisation contre l'hépatite B 2% 2% OUI OUI NON NON Ne sait pas 96% 100% Vaccination annuelle contre la grippe saisonnière 10% OUI NON 90% V.7- CONNAISSANCE BIBLIOGRAPHIQUE Figure 19: Connaissance par les médecins répondants des recommandations de l'HAS en matière « d'Hygiène et prévention du risque infectieux en cabinet médical ». % 100 90 80 58,5 70 60 50 OUI 41,5 NON 40 30 20 10 0 50 VI- DISCUSSION 51 VI.1- DISCUSSION DE LA METHODE ET DU MATERIEL VI.1.1- DISCUSSION DE L'ENQUÊTE • Population étudiée: Pour réaliser notre enquête, l'échantillon a été prélevé sur les médecins de l'agglomération nantaise. La médecine rurale se trouvait donc très peu représentée puisque seules deux communes de l'agglomération nantaise sont dites rurales. La méthode de tirage au sort a tenté de corriger cette limite de représentativité mais les résultats statistiques montraient qu'aucun des médecins répondants n'exercaient en milieu rural. Il aurait fallut prélever l'échantillon sur l'ensemble du département ou mieux de la région. Nous aurions eu alors un plus grand échantillon et une meilleure représentativité de la population étudiée par rapport à la population médicale française. Cependant, nous avions choisi de réaliser l'échantillonnage sur l 'agglomération nantaise pour des raisons pratiques de faisabilité au niveau du temps et du coût. • Référentiel: Nous avions choisi comme référentiel les recommandations professionnelles de juin 2007 et ce pour plusieurs raisons: ce guide a été élaboré par un groupe de travail mixte et émane d'une autorité sanitaire, les recommandations s'appuient sur une analyse des études hospitalières et ambulatoires et sont bien détaillées, ce document est relativement récent. Cependant, la validité des recommandations avait été tenue pour acquise quelque soit le niveau de preuve. • Modalités: La méthode d'autoévaluation par questionnaire anonyme est simple et rapide à mettre en œuvre. Mais les résultats ont été biaisés par une « sélection » des répondants les plus motivés par le thème et par la subjectivité de l'autoévaluation. Une évaluation par observation directe des pratiques aurait permis d'obtenir des résultats plus conformes à la réalité. Mais cette méthode était plus lourde à mettre en œuvre et la compliance 52 des médecins plus difficile à obtenir. De plus, l'intervention d'un observateur pouvait entrainer une modification des pratiques. VI.1.2- DISCUSSION DU QUESTIONNAIRE • Établissement du questionnaire: Nous avions choisi le plus souvent des questions à réponses fermées. Ce mode de questionnement avait plusieurs atouts: il facilitait les réponses pour les médecins interrogés ce qui optimisait le taux de réponses, il diminuait le risque d'ambiguïté des questions et enfin il facilitait l'analyse des pratiques. Cependant, ce type d'interrogation limitait l'exhaustivité du questionnaire, tous les thèmes ne pouvant être retranscrit en question à réponses fermées. De plus, il aurait été intéressant de connaître l'avis des médecins sur le risque infectieux au cabinet médical, sur ce qui pourrait concrètement être amélioré et sur les freins à l'application des recommandations. Nous avions établi les questions à partir du référentiel et de notre expérience de terrain. Au terme de notre étude, nous pouvons considérer que certains de nos critères n'étaient pas représentatifs de la prévention des infections associées aux soins en médecine générale. Notamment les critères ayant obtenu une large majorité de réponses conformes aux recommandations (utilisation d'une boite à OPCT, vaccination contre l'hépatite B et diphtérie, tétanos, poliomyélite). Ces résultats étaient particulièrement encourageants mais l'objectif de l'audit était avant tout de mettre en avant les carences en matière d'hygiène. • Rédaction du questionnaire: Le questionnaire que nous avions établi n'est pas exhaustif. Plusieurs thèmes n'étaient pas abordés (aménagement de la salle d'attente, déroulement et protocole d'antisepsie,...). Nous voulions pour notre enquête rester le plus exhaustif possible mais des choix ce sont imposés. En effet, nous ne voulions pas faire parvenir aux médecins interrogés un questionnaire trop long à remplir. Nous pensions qu'un nombre d'items trop important réduirait le nombre et la qualité des réponses. Le libellé de certaines questions s'est révélé source de confusion. Ainsi la partie portant sur la méthode et technique de stérilisation du matériel 53 réutilisable aurait du être introduite différemment. Cela aurait peut-être diminué le nombre d'absence de réponse chez les médecins ayant affirmés utiliser des dispositifs médicaux réutilisables. VI.2- ANALYSE DES RESULTATS VI.2.1- DESCRIPTION DES ETUDES SERVANT A LA COMPARAISON Plusieurs enquêtes sur l'hygiène en médecine générale ont déjà été réalisées en France. Nous avons comparé certains de nos résultats avec ces études. (32) (33) (34) (35) Enquête réalisée en 2003 dans le cadre d'une thèse de médecine générale, auprès de 83 médecins généralistes ayant répondu sur les 119 sollicités. Enquête réalisée en 2004 dans le cadre d'une thèse de médecine, sur un échantillon de 13 médecins généralistes. Étude réalisée en juin 2008 dans le cadre d'une thèse de médecine générale, auprès de 32 médecins généralistes sur 47 sollicités au départ. Audit réalisé en octobre 2008 dans le cadre d'une thèse de médecine générale, auprès de 266 médecins généralistes ayant répondu sur les 863 sollicités. VI.2.2- PROFIL DES REPONDANTS Les médecins interrogés ont témoigné d'un réel intérêt pour le thème abordé puisque nous avions un taux de réponse de 68%. Notre échantillon était représentatif selon le sexe de la population des médecins généralistes libéraux installés français. (test du Khi-deux) (37) Notre échantillon n'était pas représentatif selon l'âge de la population des médecins généralistes libéraux installés français. (test du Khi-deux) (37) Les médecins répondants exerçaient majoritairement en cabinet de groupe et en milieu urbain. L'exercice rural n'était pas représenté dans la population des répondants. 54 VI.2.3- PRATIQUES CONFORMES AUX RECOMMANDATIONS Notre enquête a mis en évidence que certaines mesures d'hygiène étaient d'ores et déjà acquises pour la majorité des généralistes de l'agglomération nantaise. (15) • Organisation et entretiens des locaux: L'aménagement des salles de consultation des médecins répondants était majoritairement en conformité avec les recommandations. Près de 2 tiers des médecins répondants possédaient un lavabo en salle de consultation. Cependant, les résultats obtenus dans notre enquête étaient en dessous des précédentes enquêtes. (32) (33) (34) (35) Cette différence observée est liée au lieu d'exercice des médecins répondants. En effet, les enquêtes réalisées sur des échantillons principalement ruraux montraient un taux d'équipement plus élevé. Présence d'un point d'eau dans la salle d'examen (%) 100 91 80 60 33 40 20 7 2 2004 71 OUI NON 29 19 0 0 2003 96,92 81 77 0 juin 2008 3,08 0 oct 2008 Sans réponse 0 2011 Parmi les 12 réponses négatives obtenues dans notre enquête, toutes émanaient de médecins exerçant en milieu urbain. Les cabinets de ville étant souvent installés dans des locaux non conçus initialement pour la pratique de la médecine générale, il n'est pas toujours possible pour les médecins de respecter les recommandations. La présence d'un revêtement de sol lessivable était presque généralisée puisque plus de 90% des salles de consultation en étaient dotées. La présence d'un revêtement de mur lessivable était majoritaire mais 39% des salles de consultation en étaient encore dépourvues. Ces aménagements devraient être inclus dans les plans de construction ou de rénovation des cabinets médicaux. Une large majorité des médecins répondants affirmaient changer de drap d'examen entre chaque patient. 55 Dans notre enquête, tous les médecins étaient équipés de collecteurs à OPCT aux normes. Leur élimination vers une filière de traitement adaptée semblait également acquise et leur durée de stockage était en règle avec la législation dans 56% des cas. Douze pour-cents des répondants ne semblaient pas connaître la législation concernant le délais de stockage des DASRI. • Choix et traitement du matériel médical: Le matériel à usage unique est de plus en plus répandu. Dans notre enquête, 95% des médecins utilisaient des abaisse-langues à usage unique. Les enquêtes précédentes montraient des chiffres comparables. La majorité des médecins utilisaient également des bistouri et/ou lames à usage unique. Tous les médecins utilisaient des seringues à usage unique. Des chiffres similaires ont été obtenus dans les autres études. Les embouts de peak-flow à usage unique étaient également largement utilisés. On a remarqué dans notre étude une progression de l'utilisation des spéculum gynécologiques à usage unique par rapport aux autres études. Cette augmentation du pourcentage était probablement en lien avec une baisse du prix et une amélioration de la qualité. La majorité des médecins qui utilisaient des anuscopes ont opté pour du matériel à usage unique. Les kit de suture à usage unique se répandent également mais 34% des médecins utilisaient encore des kit réutilisables. L'utilisation des dispositifs médicaux à usage unique est en progression. Plusieurs raisons expliquent ce changement des pratiques: – La qualité des dispositifs médicaux à usage unique s'est améliorée au fil des années. – Le prix des dispositifs médicaux à usage unique baisse à mesure que leur utilisation augmente. – La commodité d'utilisation du matériel à usage unique de part l'absence de traitement et de ce fait le gain de temps. – La prise de conscience des médecins de la nécessité de prévention des infections. 56 Peu de médecins répondants avouaient réutiliser du matériel médical normalement vendu à usage unique. Cependant, concernant les spéculum auriculaires, 59% des médecins disaient utiliser des dispositifs médicaux réutilisables. Les spéculums auriculaires en métal sont pourtant peu répandus. Étant donnée cette observation et à la vue des autres études qui montraient un pourcentage important de réutilisation des spéculum auriculaires jetables, nous pouvons nous interroger sur une éventuelle réutilisation des spéculum auriculaires vendus comme jetables mais considérés comme réutilisables par les médecins. La question se pose de la méthode de décontamination employée alors par les médecins. Les étapes de décontamination du matériel réutilisable avant stérilisation étaient respectées chez la majorité des médecins ayant répondus aux questions abordant ce thème. Nous notions en effet que 10 médecins n'avaient pas précisé leur méthode de décontamination / stérilisation alors qu'ils admettaient utiliser du matériel réutilisable. Réutilisaient-ils ces dispositifs sans décontamination / stérilisation préalable? Y-aurait-il eu confusion lors de la lecture du libellé de la question? Nous ne saurions extrapoler sur ces abstentions. Un médecin utilisait comme méthode de décontamination / stérilisation l'immersion dans un bain d'éther + alcool. Cette méthode n'est pas conforme avec les recommandations. • Précautions standard: La majorité des généralistes répondants déclaraient effectuer une désinfection des mains entre chaque patient. La majorité des médecins répondants ont investi dans un savon liquide en distributeur ou en poche et/ou une SHA. Parmi les 9 médecins utilisant les savons en pain, 5 utilisaient également la SHA. Vingt quatre médecins sur 41 utilisaient un savon liquide et la SHA. Ils étaient donc en adéquation avec les recommandations. Cependant, on a également noté que 2 médecins parmi les 12 ne possédant pas de lavabo en salle de consultation ne disposaient pas de SHA. Il nous semble alors difficile qu'ils puissent se laver les mains entre chaque patient comme ils l'affirmaient; et même si ils se lavaient les mains entre chaque patient, celles-ci seraient recontaminées par les poignées des portes qu'ils doivent franchir. Quatre vingt dix pour-cents des médecins disaient utiliser une poubelle 57 avec commande à pédale ou sans couvercle. Le risque de contamination est alors diminué. Concernant l'équipement de protection standard visant à protéger à la fois le patient et le professionnel de santé, le port de gants se généralise. Dans notre enquête, le pourcentage de médecins utilisant des gants lors d'un contact muqueux, d'un contact avec une peau lésée ou une plaie et lors d'une suture ou réfection de pansement, était souvent plus élevé ou au moins identique à celui des enquêtes précédentes. Ceci illustre la préoccupation des médecins généralistes face aux risques de maladies transmissibles par les liquides biologiques. • Antisepsie: La date de péremption des antiseptiques était respectée par la majorité des médecins. Par contre, la date limite d'utilisation après ouverture était moins souvent vérifiée. Or, l'efficacité des antiseptiques dépend du respect de leurs conditions d'utilisation. • Vaccination: Le statut vaccinal des médecins répondants était en accord avec les recommandations. En effet, 100% des médecins déclaraient se vacciner contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, 96% se disaient immunisés contre l'hépatite B et 90% se vaccinaient annuellement contre la grippe saisonnière. Cette forte progression de la couverture vaccinale des médecins généralistes est en lien avec l'obligation légale depuis 1991, pour tout candidat à l'exercice d'une profession de santé d'être immunisé contre l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite; et la forte recommandation pour les professionnels dont la formation est antérieure à cette date. VI.2.4- PRATIQUES NON CONFORMES AUX RECOMMANDATIONS Nous avons relevé des discordances entre les recommandations officielles et la pratique. Nous avons tenté d'en expliquer les raisons. (15) 58 • Organisation et entretiens des locaux: Si la gestion des déchets type OPCT était acquise par la plupart des médecins, il n'en n'était pas de même pour les déchets « mous » à risque infectieux. En effet, 56% des médecins répondants n'avaient pas d'emballage spécifique pour ce type de DASRI et ne les éliminaient donc pas selon la filière de traitement adaptée. Le principal frein dans la gestion des DASRI est le coût de revient entre l'achat des emballages (environ 3,5 euros le carton de 23L, environ 15 cens le sac de 30L), le stockage et l'élimination.(38) (39) • Choix et traitement du matériel médical: Nous avons observé une réelle progression de l'utilisation du matériel à usage unique. Cependant, notre enquête a montré un fort taux d'utilisation de pinces à usage multiple. De plus, nous avons déjà fait part dans le chapitre précédent de nos interrogations sur l'utilisation des spéculum auriculaires réutilisables. Concernant la méthode de stérilisation utilisée, seulement 7% des médecins ont opté pour l'autoclave. Or la stérilisation par vapeur d'eau est actuellement la seule méthode validée. L'utilisation de la stérilisation à la chaleur sèche, très majoritaire, est vivement déconseillée car inefficace pour l'inactivation des prions. Là encore, le principal frein à la modification des pratiques est le coût de l'achat d'un autoclave (de 2500 à 5500 euros) et de sa maintenance. Nous pouvons également mettre en avant une méconnaissance des recommandations par les professionnels qui utilisent une méthode de stérilisation qu'ils pensent adéquate alors qu 'elle n'est désormais plus valide. (39) (40) La désinfection quotidienne systématique du stéthoscope est rarement respectée en médecine générale. Dans notre enquête, seulement 32% des médecins déclaraient désinfecter le pavillon du stéthoscope au moins une fois par jour. La transmission de germes par la membrane du stéthoscope ne semblait pas être une évidence pour les médecins répondants. A l'hôpital, cette mesure est essentiellement destinée à limiter la dissémination des bactéries multi-résistantes. Le risque de contact avec un staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) en médecine générale est faible. Cependant, la désinfection de 59 ces instruments reste un geste simple et rapide à réaliser puisqu'une solution détergente-désinfectante suffit. • Précautions standard: L'hygiène des mains semblait faire partie des préoccupations des médecins en matière de prévention des infections. Cependant, le mode d'essuyage adopté par les médecins répondants restait majoritairement le linge réutilisable. Cette méthode recontamine les mains à chaque essuyage. Le surcoût engendré par l'utilisation d'essuie-mains à usage unique (de 2 cens à 1,6 euro l'essuie-main) est probablement le principal frein aux changement des comportements. (38) Le port de gant s'est généralisé pour les gestes invasifs à risque d'infection sévère les plus courants. Par contre, le port de gant était encore non appliqué chez la moitié des médecins répondants lors de la manipulation d'OPCT et très sporadique lors de la réalisation d'un examen dermatologique. Il semble que le frein principal à l'application des recommandations soit le temps mais aussi l'absence de prise d'habitude. • Connaissances bibliographique: La majorité des médecins répondants n'avait pas connaissance des recommandations de l'HAS. Il semble que la diffusion de ces recommandations n'a pas été optimale. VI.3- DISCUSSION DES RESULTATS VI.3.1- PERCEPTION DU RISQUE INFECTIEUX De nombreuses études sur le risque infectieux lors des soins en médecine ambulatoire ont été réalisées: • Une enquête a été réalisée en 2009 auprès de 626 professionnels de santé libéraux en Dordogne sur la prise en charge des déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI). Les résultats de l'enquête montraient des progrès à envisager: mise en place d'actions d'information spécifique pour mieux connaître la réglementation liée 60 aux DASRI; priorisation de certaines actions, notamment pour les pratiques particulièrement à risque. (41) • Deux études ont été réalisées en médecine de ville au sujet des spéculums auriculaires. Une première étude anglaise en 1992 montrait que l'étude bactériologique des spéculums auriculaires retrouvait une contamination dans 93% des cas. Une deuxième étude réalisée en 1995 en Martinique montrait que 84% des spéculums auriculaires sont contaminés après utilisation et 100% porteurs de germes en cas de pathologie du conduit. (42) (43) • Une analyse du risque infectieux lié à la non stérilisation entre chaque patient des porte-instruments rotatifs en chirurgie dentaire a été réalisée par un groupe d'expert en 2009. Elle montrait un risque de transmission de virus hématogène (VIH, VHC, VHB). (44) • Une étude à été réalisée en 1995 sur le risque de contamination bactérienne de stéthoscopes. Elle montrait que lorsqu'on examine le stéthoscope sur le plan microbiologique, on constate une colonisation bactérienne dans 70 à 100% des cas. Dans environ 20% des cas on trouvait des staphylococcus aureus, l'une des bactéries la plus fréquemment retrouvée dans les infections de plaies. Le simple nettoyage de la membrane du stéthoscope avec un tampon alcoolisé réduit la charge bactérienne de plus de 90%. (45) (46) Toutes ces études mettent en évidence la réalité du risque infectieux en médecine ambulatoire, mais qu'en est-il de la perception des médecins. Les résultats de l'enquête « Nicolle » réalisée en France en 2006 permettent d'objectiver le fait que les infections nosocomiales n'étaient pas un sujet de préoccupation majeure chez les médecins généralistes. Cependant, parmi les généralistes, près d'un sur deux estimait le risque de contracter une infection nosocomiale en augmentation depuis 10ans. Pour les généralistes, la principale mesure de prévention appliquée au sein de leur cabinet était le respect rigoureux des mesures d'hygiènes. Ces dernières étant surtout le lavage des mains (77,6% des généralistes), l'importance du nettoyage des locaux et de la désinfection des instruments ne semblait acquise que pour la moitié d'entre eux. (48) Notre enquête a montré que les médecins sont sensibilisés au risque infectieux. En effet, de nombreuses recommandations en matière d'hygiène sont appliquées. Mais nous objectivons également des déficiences. 61 VI.3.2- LES FREINS A L'APPLICATION DES RECOMMANDATIONS Nous avons tenté d'expliquer les principaux freins à l'application des recommandations afin de pouvoir déterminer des voies d'amélioration: • Les habitudes de travail. En effet, dans le cadre, par exemple, de la désinfection du pavillon du stéthoscope, 1/3 des médecins ont pris l'habitude de le faire une fois par jour, 1/3 ne le faisait que rarement. Il en était de même pour le port de gant lors de la manipulation d'OPCT ou d'un examen dermatologique; les médecins n'en n'ont pas pris l'habitude. • L'absence d'équipement. Ce motif est particulièrement objectivable lors de l'absence de lavabo en salle de consultation mais aussi dans la méthode de stérilisation. En effet, peu de médecin possèdaient un autoclave et se tournaient donc vers un mode de stérilisation à chaleur sèche ou chimique. • Le manque de formation. La majorité des médecins ne connaissait pas les recommandations. L'absence de connaissance sur les méthodes d'hygiène peut expliquer en partie l'utilisation plus fréquente de poupinel comme méthode de stérilisation. • Le manque de temps. Le temps est un facteur essentiel qui peut être opposé aux recommandations sur le port de gant ou la désinfection du pavillon du stéthoscope. • Le coût. L'hygiène au cabinet médical a un coût. C'est un frein non négligeable dans l 'application des recommandations telles que le tri et élimination des DASRI, la stérilisation par autoclave, l'utilisation d'essuie-mains, l'utilisation de matériel à usage unique. VI.3.3- LES VOIES D'AMELIORATION De l'identification de ces freins découlent des voies d'amélioration des pratiques en matière d'hygiène. • La formation. Il est possible d'accroître la formation des médecins en matière d'hygiène de manière simple. 62 Premièrement, au niveau des étudiants. Cette formation initiale existe certes déjà mais est enseignée dans des applications hospitalières. Il serait important de sensibiliser les étudiants aux règles d'hygiène en ambulatoire. Deuxièmement, dans le cadre de la formation continue avec reprise concrète des principales recommandations et débats. Troisièmement, de façon individuelle par remise aux médecins d'un document de référence simple, concis et réaliste. • Les aides financières. Par exemple, sous forme de crédits d'impôts lors de la réalisation de travaux de mise en conformité des locaux ou sous forme d'une réduction des charges à l'emploi d'un tiers compétent pour l 'entretien des locaux et matériaux. Des regroupements entre médecins pour l'achat d'un matériel de stérilisation, de matériels à usage unique ou d'antiseptiques en dosettes unitaires (coût supérieur mais risque de non respect de la date limite d'utilisation limité) permettraient de faire baisser les prix d'achat et de diviser le coût. 63 VII- CONCLUSION 64 Notre travail de thèse s'est appuyé sur une enquête déclarative réalisée auprès des médecins généralistes, afin de connaître leurs pratiques en matière d'hygiène. Nous avons tenté de mettre en évidence les écarts entre les recommandations de juin 2007 et la réalité des conduites au quotidien. Notre enquête montre que les médecins généralistes sont sensibles à la prévention du risque infectieux, notamment par l'hygiène des mains, l'utilisation de matériel à usage unique et la vaccination. Mais nous mettons également en évidence des déficiences: la gestion des DASRI, les méthodes de stérilisation, la désinfection des instruments d'examen, l 'essuyage des mains. Nous avons émis des propositions destinées à améliorer les pratiques. Cependant, les médecins généralistes installés sont plus à même de proposer des voies d'amélioration. Aussi, une enquête recueillant l'avis des praticiens sur les recommandations, les freins à leur application et les moyens concrets à mettre en œuvre permettrait d'avancer dans la réflexion pour l'amélioration des pratiques dans la prévention des infections associées aux soins. 65 VIII- ANNEXES 66 VIII.1- ANNEXE 1: LETTRE EXPLICATIVE Madame Hérault-Lignon Emilie 22 rue de la haute clairière 44340 Bouguenais Tel: 06-31-59-96-86 E-Mail: [email protected] Bouguenais, le 2 mars 2011 Cher confrère, Je sollicite votre participation à cette enquête sur l'hygiène en médecine générale qui conduira à la rédaction de ma thèse de médecine générale, sous la direction de Madame le Docteur Noëlle Raillard (Saint Nazaire). Ce questionnaire a pour but d'apprécier vos pratiques au quotidien. Vos réponses resteront anonymes et en feront toute sa valeur. Je vous propose de compléter ce document ( 3 min) et de me le retourner à l'aide de l'enveloppe timbrée jointe. Je vous remercie de l'intérêt que vous porterez à cette étude. Je vous prie d'agréer mes salutations confraternelles. Mme Hérault-Lignon Emilie 67 VIII.2- ANNEXE 2: QUESTIONNAIRE QUESTIONNAIRE SUR L'HYGIENE AU CABINET MEDICAL Entourez la bonne réponse I) Quelques renseignements vous concernant: 1) 2) 3) 4) Sexe: F M Age: ____________ans. Mode d'exercice: Groupe Lieu d'exercice: Rural Seul Semi-rural Urbain II) Organisation et entretiens des locaux: 5) La salle de consultation dispose-t-elle d'un lavabo ? OUI NON 6) La salle de consultation dispose-t-elle d'un revêtement de sol lessivable ? OUI NON 7) La salle de consultation dispose-t-elle d'un revêtement mural lessivable ? OUI NON 8) Changez-vous de drap d'examen entre chaque patient ? OUI NON 9) Disposez-vous d'une boite à objets piquants, coupants ou tranchants (OPCT) (conteneur jaune) spécifique aux normes ? OUI NON 10) Disposez-vous d'un emballage spécifique pour le recueil des déchets « mous » à risques infectieux (objet souillé par un liquide biologique) ? OUI NON 11) Les déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) cités dans la question 9 sont-ils pris en charge par un organisme spécialisé (société prestataire de service) ? OUI NON 68 12) Les déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI) cités dans la question 10 sont-ils pris en charge par un organisme spécialisé (société prestataire de service) ? OUI NON 13) Les DASRI d'un poids inférieur ou égale à 5 kg sont évacués dans un délais maximum de 3 mois réduit à 7 jours pour les quantités supérieures à 5 kg: OUI NON III) Choix et traitement du matériel médical: 14) Pour ces différents dispositifs, utilisez-vous du matériel à usage unique ou du matériel réutilisable ? MATERIEL Usage unique Réutilisable Non utilisé Abaisse langue Spéculum auriculaire Pinces Bistouri ou lames Kit de suture Seringue Embout de peak-flow Spéculum gynécologique Anuscope 15) Vous arrive-t-il de réutiliser du matériel à usage unique ? OUI NON Si vous utilisez du matériel réutilisable: (si non, allez directement à la question 21) 16) Avant la stérilisation, effectuez-vous une pré-désinfection immédiate du matériel réutilisable par immersion dans un bain de produit détergentdésinfectant ? OUI NON 69 17) Avant la stérilisation, effectuez-vous un nettoyage à la brosse du matériel réutilisable ? OUI NON 18) Avant la stérilisation, effectuez-vous un rinçage à l'eau courante? OUI NON 19) Stérilisez-vous le matériel réutilisable ? OUI NON 20) Si oui, quel type de stérilisation utilisez-vous ? Poupinel (stérilisation à la chaleur sèche): OUI NON Autoclave (stérilisation à la vapeur): OUI NON Autre: ___________________________________________ 21) Vous arrive-t-il de désinfecter le pavillon de votre stéthoscope: Au moins une fois par jour: OUI NON Une fois par semaine: OUI NON Une fois par mois: OUI NON Rarement: OUI NON Jamais: OUI NON IV) Précautions standard: 22) Vous désinfectez-vous les mains entre chaque patient ? OUI NON 23) Pour vous lavez les mains, quel type de produit utilisez-vous ? Savon en pain: OUI NON Savon liquide en distributeur ou poche: OUI NON Gel hydro-alcoolique: OUI NON 24) Pour vous essuyez les mains vous utilisez: Linge réutilisable (type serviette, torchon): OUI NON Essuie-main en papier à usage unique: OUI NON 25) Quel type de poubelle pour déchets ménagers utilisez-vous ? Poubelle avec commande à pédale ou sans couvercle: OUI NON Poubelle à commande manuelle: OUI NON 26) Utilisez-vous des gants pour les gestes suivants: Contact muqueux: OUI Contact avec une peau lésée ou plaie: OUI Suture, parage de plaie, réfection de pansement: OUI Examen dermatologique: OUI Manipulation d'objets piquants, coupants ou tranchants: OUI NON NON NON NON NON V) Antisepsie: 27) Lors de l'utilisation d'antiseptique, respectez-vous la date de péremption ? OUI NON 28) Lors de l'utilisation d'antiseptique, respectez-vous la date limite d'utilisation après ouverture ? OUI NON VI) Vaccinations: 29) Êtes-vous immunisé contre l'hépatite B ? OUI NON NE SAIT PAS 30) Êtes-vous vacciné contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite ? OUI NON 31) Vous vaccinez-vous annuellement contre la grippe saisonnière ? OUI NON VII) Connaissance bibliographique: 32) Connaissez-vous les recommandations de l'HAS de 2007 en matière « d'Hygiène et prévention du risque infectieux en cabinet médical » ? OUI NON 71 VIII.3- ANNEXE 3: LETTRE DE RELANCE Madame Hérault-Lignon Emilie 22 rue de la haute clairière 44340 Bouguenais Tel: 06-31-59-96-86 E-Mail: [email protected] Bouguenais, le 15 mars 2011 Cher confrère, Je vous remercie sincèrement pour votre participation à l'enquête sur l'hygiène en médecine générale. Si toutefois vous n'aviez pas eu encore le temps de répondre au questionnaire, je vous sollicite à nouveau afin que vous le complétiez ( 3 min) et que vous me le renvoyez à l'aide de l'enveloppe timbrée jointe. En effet, vos réponses me permettront de rédiger ma thèse de médecine générale. Je vous prie d'agréer mes salutations confraternelles. Mme Hérault-Lignon Emilie 72 IX- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 73 1. MINISTERE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITE, SECRETARIAT D'ETAT A LA SANTE ET A L'ACTION SOCIALE, CTIN, 100 Recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales. 2ème édition, 1999:1-120. 2. MINISTERE DE LA SANTE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS, DGS/DHOS, CTINILS, Actualisation de la Définition des infections nosocomiales. Mai 2007: 1-43. 3. MINISTERE DE LA SANTE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS, DGS/DHOS, CTINILS, Définition des infections associées aux soins, mai 2007: 1-11. 4. SICOT C, « Rapport du conseil médical du Sou Médical_ groupe MACSF sur l'exercice » des années 2006 et 2007, Responsabilité. 5. LETOUZEY C, « Rapport du conseil médical du Sou Médical_ groupe MACSF sur l'exercice » des années 2008 et 2009, Responsabilité. 6. INSTITUT PASTEUR, Histoire de l'hygiène, disponible sur http://www.hygieneeduc.com/fr/profs/histoire/sci_data/recherche.htm 7. HALIOUA B, Histoire de la médecine. 2ème édition Paris:Abrégés Masson, 2004:1-272. 8. 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FRICAIN O, BERGUA G, DUCOS G, JACQUES B, DEMEAUX J-L, Hygiène et soins primaires: pratiques et représentations, Une enquête qualitative en Aquitaine. Médecine mai 2008;4(5): 231-234. 79 SERMENT MEDICAL Au moment d'être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité. J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admise dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité. Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses; que je sois déshonorée et méprisée si j'y manque. TITRE L'HYGIENE EN MEDECINE GENERALE: ETAT DES LIEUX DANS L'AGGLOMERATION NANTAISE RESUME Contexte: Au cours de nos stages et remplacements effectués chez les omnipraticiens, nous avons constaté une hétérogénéité des pratiques en matière d'hygiène et prévention du risque infectieux. Objectif: Faire un constat sur les pratiques des médecins généralistes en matière d'hygiène et mettre en évidence les écarts entre les recommandations de la Haute Autorité de Santé de juin 2007 et la réalité des conduites au quotidien. Moyens: Enquête par auto-évaluation des pratiques au cabinet médical de 60 médecins généralistes de l'agglomération nantaise. Comparaison des questionnaires des médecins répondants avec les recommandations. Résultats: 41 questionnaires ont été analysés. Les médecins généralistes étaient sensibilisés au risque infectieux notamment par le lavage des mains, l'utilisation de matériel à usage unique et la vaccination. Certaines pratiques restaient non conformes aux recommandations: la gestion des déchets de soins à risques infectieux, les méthodes de stérilisation, la décontamination des stéthoscopes, le mode d'essuyage des mains. Conclusion:Bien que certaines recommandations soient appliquées par les médecins généralistes, il reste des déficiences en matière d'hygiène: le traitement des déchets de soins à risques infectieux, la stérilisation, la désinfection des instruments d'examen, l'essuyage des mains. Nous avons tenté d'expliquer ces déficiences et de proposer des solutions. MOTS CLEFS Médecine générale Hygiène Infections associées aux soins Enquête