Pulsations l Juin 2007 l Hôpitaux universitaires de Genève l 3 RADIOGRAPHIE Soigner les nouvelles dépendances « Accro » aux jeux vidéo, à Internet, à la cocaïne, au cannabis ou encore à une drogue de synthèse ! Un point commun à toutes ces dépendances : elles sont nouvelles et traitées par un même centre spécialisé des HUG, la consultation NANT (nouvelles addictions, nouvelles thérapies) (1). Rattachée au service d’abus de substances, cette structure, comprenant des médecins, psychologues, infirmiers et assistants sociaux, a ouvert au début de l’année et s’adresse aussi bien aux adolescents qu’aux adultes. Présentation de l’offre et bilan intermédiaire avec son responsable, le Dr Djamel Benguettat, chef de clinique. « Le développement des nouvelles addictions touche une part importante de la population, y compris parmi les personnes actives, professionnellement et socialement. Le risque est que l’addiction prenne petit à petit le pas sur le reste: on ne s’occupe plus de ses enfants ou de son conjoint, on se désintéresse de l’école et du travail », explique d’emblée le spécialiste. luation individuel suit une séance d’information collective qui a pour but de «montrer les similitudes impliquées dans le développement et le maintien des addictions, tant sur le plan neurobiologique que sur le plan comportemental», précise le Dr Benguettat. Ensuite, la personne suit un programme de prise en soins, qui dure six semaines, au cours duquel trois séances individuelles alternent avec trois en groupe. « Les thérapies se focalisent sur le comportement car l’attitude est davantage en cause que le produit. Cela passe par des entretiens motivationnels qui visent à amener le patient dans une phase d’action et dans un processus de décision. Le nœud du problème étant le déni, il faut amener à une Prise en charge identique En quelques mois, quel que 90 patients sont déjà venus à la consultation NANT. Ont été accueillis : des dépendants à la cocaïne, à l’Internet (lire article ci-dessous), des consommateurs de cannabis, des dépendants au jeu, ainsi qu’aux nouvelles drogues de synthèse (ecstasy, amphétamines) ou aux benzodiazépines (tranquillisants). Pour tous, la prise en charge est identique : après un entretien d’éva- J. Gregorio En janvier, le service d’abus de substances a ouvert la consultation NANT destinée aux personnes souffrant des problèmes d’addiction aux jeux vidéo, au cannabis ou encore à la cocaïne. Selon le Dr Djamel Benguettat, le premier entretien est un pas important pour marquer le début d’un processus thérapeutique. prise de conscience», détaille le praticien. Au terme de ce «pack de traitement», un bilan est tiré et un suivi Comment sortir du tourbillon virtuel ? J. Gregorio Passionné de FPS et de MMORPG, des jeux vidéo en ligne, un jeune témoigne de sa cyberaddiction. Avec les jeux vidéo, il est important de se fixer des limites. FPS soit First-person shooter ou si vous préférez « jeu de tir à la première personne». Ou encore le MMORPG: le jeu de rôle en ligne massivement multijoueur (massively multiplayer online roleplaying game) où on se cons- truit un personnage qui devient son avatar, l’incarnation de sa propre personne au sein du jeu. Depuis 2005, World of Warcraft, le plus populaire des MMORPG, attire des millions de joueurs actifs sur le web. Bienvenue dans l’univers virtuel des jeux vidéo en ligne. Un espace où on ne tue pas ses adversaires, mais où on les « frag » ! Un monde que Thierry*, 22 ans, expérimente depuis son adolescence. «Une véritable passion qui a pris toujours plus de place dans ma vie. Au début, je jouais un peu, puis quelques heures et finalement jusque tard dans la nuit », résumet-il. Ses parents s’inquiètent et lui demandent de pren- NOMINATIONS UNIVERSITAIRES Le Conseil d’Etat a conféré au Dr Pierre Burkhard, le titre de professeur adjoint en neurosciences au département des neurosciences cliniques et dermatologie à la faculté de médecine. Actuellement médecin adjoint agrégé du service de neurologie, il a effectué sa formation post-graduée en Suisse puis aux Etats-Unis. Ses travaux de recherche concernent principalement le domaine des maladies neurodégénératives. Le Conseil d’Etat a conféré au Dr Pavel Dulguerov le titre de professeur associé au département des neurosciences cliniques et dermatologie aux facultés de médecine et de psychologie et sciences de l’éducation. Médecin adjoint agrégé, responsable de l’unité de chirurgie cervico-faciale, il a effectué sa formation post-graduée à Genève et aux EtatsUnis. Ses travaux concernent les glandes salivaires et l’oncologie ORL. Le Conseil d’Etat a conféré au Dr Jean-Silvain Lacroix le titre de professeur associé d’oto-rhino-laryngologie au département des neurosciences cliniques et dermatologie à la faculté de médecine. Médecin adjoint agrégé, responsable de l’unité de rhinologie et olfactologie, il a fait sa formation post-graduée en Suède et en Australie. Ses travaux portent sur l’inflammation des muqueuses rhinopharyngées et respiratoires. dre un rendez-vous à la consultation NANT, qui traite notamment des « accros » au net (lire ci-dessus). personnalisé, si nécessaire, proposé. Portes ouvertes Le Dr Benguettat tire un premier bilan satisfaisant: « En quelques mois, des résultats concrets sont observés. Cette offre de soins semble répondre à un réel besoin de la population.» Pour mieux connaître l’équipe et les prestations de la consultation NANT, des portes ouvertes sont organisées le jeudi 7 juin, de 16h à 20h. Giuseppe Costa La consultation NANT se situe rue des Cordiers 3, tél. 022 372 56 00. Heures d’ouverture : lundi, mercredi et vendredi, de 9h à 18h. (1) Prise de conscience salutaire Après plusieurs séances, la situation a changé. «Je me suis rendu compte de l’état dans lequel j’étais. La consultation m’a permis de faire le point sur moi-même et de comprendre quelle place occupaient les jeux vidéo dans ma vie. Il faut arriver à ne pas se couper des activités sociales, des sorties, des copains. J’ai pris conscience que cinq heures de sommeil étaient insuffisantes », explique-t-il. Avant d’ajouter: « A cause de sa passion, on peut perdre la maîtrise sur sa vie. Il ne faut pas se cloîtrer dans ce monde virtuel: on peut y entrer, mais il faut savoir en sortir. » Aujourd’hui, le jeu vidéo occupe encore une place importante dans la vie de Gaëtan, mais il ne prend pas le pas sur le monde réel puisqu’il a un travail, des relations familiales, des amis et d’autres loisirs. Il adresse d’ailleurs un message aux plus jeunes qui, encore immatures, pourraient se faire prendre dans ce tourbillon virtuel : « Jouer, c’est bien, mais surtout il faut se fixer des limites. » G.C. * Prénom fictif. pub ECHOS-SCOOPS Sécurité et médecine La Xe Journée de formation continue consacrée à Risque, sécurité et médecine axera ses interventions sur le rôle du patient. Au programme le matin : Rôle du patient en médecine : aspects historiques, par Micheline Louis-Courvoisier, Associer le patient à sa sécurité : une nécessité éthique ?, par Alex Mauron ; Associations de patients et amélioration de la sécurité des soins, par Jean Wills ; Patients et établissements de santé: vers une culture commune de la sécurité de soins, par Philippe Garnerin. L’après-midi: Sécurité des soins: jusqu’où le patient peut-il s’impliquer ?, par Alain Golay ; Rôle des patients dans la sécurité des soins, par Thomas Perneger; Mieux gérer les plaintes et les réclamations, par Danielle Lamy et Conclusion : un patient autonome ?, par Philippe Barrier. Organisée par le service d’anesthésiologie, le service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques et l’Institut d’éthique biomédicale, le colloque Et le rôle du patient? aura lieu le 22 juin à l’auditoire Marcel Jenny (rue Micheli-du-Crest 24). Pour info, tél. 022 382 75 15, [email protected].