La fibrose retropéritonéale primitive: A propos de 11 cas Zian H, Nassar I, Hammani L, Ajana A, Imani F. Service de radiologie centrale. CHU Ibn Sina. Rabat. Maroc Introduction • Fibrose retropéritonéale (FPR): Affection rare caractérisée par la transformation sclérofibreuse et rétractile de la loge rétropéritonéale, engainant progressivement les gros vaisseaux et les uretères. • Décrite pour la première fois par Albarran en 1904 1904. Sa gravité est liée à son évolution vers l’insuffisance rénale. • L’imagerie, et surtout le scanner: *Diagnostic positif, *Evaluer le retentissement rénal *Diagnostic étiologique par la biopsie scannoguidée *Evaluer l’évolution sous traitement. Objectif • Démontrer l’intérêt de la TDM dans le diagnostic positif, étiologique et de gravité de la FRP. FRP A travers une série de 11 patients. Matériel et méthodes • Etude rétrospective menée sur 11 patients suivis dans notre établissement entre janvier 2000 et décembre 2009. Le diagnostic était confirmé histologiquement après biopsie scannoguidée. • Etude analytique de ces 11 patients selon l’âge, le sexe, les signes cliniques et les résultats de l’imagerie. Matériel et méthodes • Tous les patients ont bénéficié d’un uroscanner avec reconstructions multiplanaires. • La biopsie scannoguidée était réalisée chez tous les patients. Résultats • Les résultats cliniques, biologiques et radiologiques sont résumés dans le tableau suivant: Age Age moyen: 44,9 ans (Extrêmes: 27 et 61 ans) Sexe 8: sexe masculin 3: sexe féminin ATCD Aucun Clinique Douleurs abdominales et lombaires: Tous les patients Masse abdominale: 2 patients Biologie Syndrome inflammatoire: Tous les patients Insuffisance rénale: 3 patients TDM -Masse retropéritonéale tissulaire hypodense rehaussée au temps tardif, englobant les gros vaisseaux. -Etendue: entre 4 et 11 cm -Epaisseur: entre 4 et 8 cm UHN 6 cas: Bilatérale dans 5 cas Unilatérale dans un cas Cas 1 • Patiente de 45 ans, présentant une douleur lombaire bilatérale avec une insuffisance rénale. Uroscanner au temps portal et au temps tardif. Masse tissulaire retropéritonéale hypodense rehaussée au temps tardif , englobant l’aorte et la VCI. UHN bilatérale plus marquée à droite. A noter: Association avec une athérosclérose de l’aorte abdominale. Cas 2 • Patient de sexe masculin âgé de 28 ans, présentant une douleur lombaire bilatérale depuis plus d’une année avec une insuffisance rénale. Uroscanner au temps portal et tardif. Masse retropéritonéale tissulaire hypodense rehaussée au temps tardif, s’étendant jusqu’à la bifurcation iliaque. UHN bilatérale nécessitant une montée de sonde . Cas 3 • Patient de sexe masculin âgé de 52 ans, présentant une douleur abdominale. Uroscanner au temps portal. Masse tissulaire hypodense non rehaussée au temps portal englobant l’aorte et la VCI. On note l’association avec l’athèrosclérose de l’aorte abdominale. Cas 4 • Patiente âgée de 60 ans, présentant une douleur lombaire bilatérale avec fièvre et insuffisance rénale. Uroscanner sans injection du PC en coupes axiales avec des reconstructions coronales. Masse tissulaire retropéritonéale hypodense englobant l’aorte, la VCI et les uretères avec UHN bilatérale nécessitant une montée de sonde. Cas 5 • Patient de sexe masculin âgé de 34 ans, présentant une masse abdominale. Uroscanner au temps portal et au temps tardif. Masse tissulaire retropéritonéale rehaussée au temps tardif, englobant l’uretère droit avec une UHN. Cas 6 • Patient de sexe masculin âgé de 27 ans, présentant une douleur abdominale avec fièvre. Uroscanner au temps portal. Plaque retropéritonéale isodense homogène non rehaussée au temps intermédiaire, englobant l’aorte et la VCI. Absence d’UHN. Association avec l’athérosclérose de l’aorte abdominale. Cas 7 • Patient âgé de 40 ans, présentant une masse abdominale. Uroscanner au temps portal. Plaque retropéritonéale isodense homogène non rehaussée au temps intermédiaire englobant l’aorte et la VCI. Absence d’UHN. Cas 8 • Patient de sexe masculin âgé de 61 ans, présentant une douleur abdominale évoluant depuis 10 mois. Uroscanner sans injection du PC. Plaque retropéritonéale isodense homogène englobant l’aorte, la VCI et uretères avec athérosclérose de l’aorte abdominale. Biopsie scannoguidée par voie postérieure paravértébrale gauche. Cas 9 • Patient de sexe masculin âgé de 43 ans, présentant une douleur abdominale évoluant depuis plus de 8 mois. Uroscanner au temps tardif. Plaque retropéritonéale homogène rehaussée au temps tardif, englobant la VCI. Biopsie scannoguidée par voie postérieure paravertébrale gauche. Uretère libre. Cas 10 • Patiente âgée de 58 ans, présentant une douleur abdominale évoluant depuis plus d’une année avec fièvre. Bipsie scannoguidée par voie postérieure paravertébrale gauche de la masse retropéritonéale. Cas 11 • Patiente âgée de 46 ans, présentant une douleur lombaire bilatérale. Uroscanner au temps tardif. Masse tissulaire retropéritonéale englobant les artères iliaques, l’uretère gauche sans UHN. A noter: sonde uretèrale gauche. Rein pyélonéphritique droit. Contrôle scannographique après 3 mois. Regression de la masse sous corticothérapie. Discussion 1- Incidence: - La FRP est une pathologie rare. Son incidence est de 1/200000. - Elle est plus fréquente chez le sexe masculin (8/11 dans notre série), avec un âge moyen entre 50 et 60 ans (l’âge moyen dans notre série est de 44,9 ans). - Idiopathique dans 70% des cas. Elle peut être secondaire à des causes médicamenteuses, des maladies inflammatoires, des causes tumorales et infectieuses ou à un traumatisme retropéritonéal. Discussion 2- Physiopathologie: • La FRP est caractérisée par la formation d’un tissu inflammatoire avec des lymphocytes et des macrophages, h secondairement d i t à un processus inflammatoire chronique. • Le processus inflammatoire est remplacé par un tissu fibreux cicatriciel qui infiltre et englobe les structures adjacentes, les uretères, le muscle psoas, l’aorte, la VCI et l’intestin grêle. Discussion • Deux hypothèses existent: 1- Hypothèse interne: avec un point de départ endovasculaire, au niveau de la plaque d’athérome, dont la fissuration entraîne la libération de LDL oxydé et de céroïdes et une forte réaction inflammatoire locale, à l’origine de la fibrose. 2- Hypothèse externe: au sein de l’adventice, implique au contraire une vascularite des vasavasorum, à l’origine à la fois d’une athérosclérose avec formation d’anévrisme et d’une fibrose périvasculaire périphérique. Discussion 3- Clinique: • La symptomatologie n’est pas spécifique. • Les signes cliniques peuvent être localisés (douleurs lombaires), ou généraux (fièvre et perte du poids). • Avec la progression de la maladie, les signes cliniques d’obstruction urinaire et veineux sont prédominants. Discussion 4- Imagerie: • La TDM est actuellement l’examen de choix dans le diagnostic et le suivi des patients présentant une FRP. FRP • Elle permet de visualiser la masse, son étendue, le retentissement rénal, d’explorer la cavité abdominale et retropéritonéale à la recherche d’une étiologie associée à la fibrose et de guider les biopsies pour confirmer le diagnostic avant de démarrer le traitement. Discussion • La TDM met en évidence une masse tissulaire englobant l’aorte et la VCI depuis le hile rénal jusqu’au niveau du promontoire, rehaussée précocement au stade initial d’inflammation et tardivement au stade de la fibrose. fibrose • Souvent la TDM objective l’association avec une athérosclèrose de l’aorte abdominale ( 5 cas dans notre série). • La localisation retropéritonéale peut entrainer une invasion des uretères et secondairement une UHN uni ou bilatérale (6 cas dans notre série). Discussion 5- Diagnostic différentiel: • Se fait avec les lésions malignes développées au niveau du retropétritoine, comme le lymphome, l’histiocytome fibeux malin ou le sarcome non lipogénique. Discussion 6- Traitement: p est efficace lors des p premiers • La corticothérapie stades. S’il y a une atteinte du système urinaire ou de la VCI, un traitement complémentaire local doit être réalisé, comme l’uretèrolyse par laparoscopie ou le sondage uretèral. • La régression spontanée est extrèmement rare Conclusion • La fibrose retropéritonéale est une pathologie rare. • Son diagnostic est difficile, se basant principalement sur l’imagerie et surtout l’IRM. • TDM= Examen de choix, permet en plus du diagnostic positif, le diagnostic étiologique par la biopsie scannoguidée et d’évaluer l’évolution sous traitement. Références 1- Augusto Vaglio, Carlo Salvarani, Carlo Buzio. Retroperitoneal fibrosis. The Lancet, Volume 367, Issue 9506, 21 January 2006-27 January 2006, Pages 241-251 2- Gaelle Blanc, Nicolas Girard, Christian Alexandre, Eric Vignon. Retroperitoneal fibrosis: A rare vascular and immune entity disclosed by chronic lombalgia. Joint Bone Spine, Volume 74, Issue 5, October 2007, Pages 497-499 3- A. Lachkar, L. Sibert, S. Navarra, H. Bugel, P. Grise. Le traitement de la fibrose rétropéritonéale idiopathique. Treatment of idiopathic retroperitoneal fibrosis. Annales d’Urologie, Volume 35, Issue 3, 2001, Pages 148-150 4- Ran Katz, Dragan Golijanin, Dov Pode, Amos Shapiro. Primary and postoperative retroperitoneal fibrosisexperience with 18 cases. Urology, Volume 60, Issue 5, November 2002, Pages 780-783 5-Gaelle Blanca,*, Nicolas Girardb, Christian Alexandrec, Eric Vignona. Fibrose rétropéritonéale : une maladie vasculaire ou immunitaire responsable de lombalgie. Revue du Rhumatisme 74 (2007) 902–904