Prévention du risque radiologique et qualité durable des soins

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Prévention du risque
radiologique et qualité
durable des soins
Sylviane Prévost
PCR Responsable Radioprotection, CRLCC Georges-François-Leclerc, Dijon, France
L
a radioactivité naturelle est la première cause de
radio-exposition de la population (figure 1). L’irradiation médicale est la deuxième, c’est la source
d’exposition artificielle la plus importante parmi l’ensemble des sources introduites par les activités humaines.
L’utilisation de sources de rayonnements ionisants (RI)
à des fins médicales est à l’origine d’un risque d’exposition pour les patients, les professionnels de santé, le
public et l’environnement.
Les dangers liés à une utilisation excessive et sans
précaution de sources de RI ont été reconnus peu de
temps après la découverte des rayons X (Roëntgen,
1895) et de la radioactivité (Becquerel, 1896). Les premières recommandations de radioprotection datent de
la fin des années 1920. La Commission internationale
de protection radiologique (CIPR) a été créée en 1928
pour répondre à l’augmentation du nombre de leucémies chez les radiologues, à l’époque dix fois supérieur à celui des autres praticiens. Composée d’experts
internationaux choisis pour leurs compétences, la CIPR
élabore des règles de protection permettant d’assurer
la sécurité radiologique des personnes. Ses recommandations sont édictées sous forme de publications
numérotées, considérées comme des références à
l’échelle internationale. Affinées au fur et à mesure de
l’évolution des connaissances scientifiques, elles
concernent notamment l’évaluation des risques et les
principes fondamentaux de radioprotection.
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Figure 1. Exemples de sources d’exposition sur l’homme (source IRSN,
www.irsn.fr)
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La réglementation actuelle s’appuie sur la publication n°60 (CIPR 60) publiée en 1990.
La radioprotection fait aujourd’hui l’objet d’une
importante réglementation visant à garantir l’exposition
adéquate des patients et à minimiser celle des travailleurs, du public et de l’environnement par un niveau
de prévention élevé. Les dispositions permettant d’assurer la protection des patients, du public et de l’environnement sont définies dans le code de santé publique.
La protection des travailleurs relève du Code du travail.
Elle est placée sous la responsabilité de l’employeur,
dont la première obligation est de prendre les mesures
nécessaires pour préserver la santé de ses salariés. Dans
chaque entreprise, au moins une personne compétente
en radioprotection (PCR) doit être nommée pour assurer, par délégation de l’employeur, la coordination des
actions visant à évaluer et prévenir le risque radiologique dans les différents secteurs d’activité.
En France, les bilans annuels de surveillance des
expositions professionnelles — publiés par l’Institut de
Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) — prouvent que le risque radiologique reste relativement faible
par rapport aux autres nuisances professionnelles ou de
la vie courante. La philosophie de la radioprotection
s’appuie sur deux concepts clés : la conscience du risque
et l’optimisation des doses reçues. Toute exposition étant
susceptible d’avoir un effet biologique, le système de
protection est basé sur le respect de trois principes fondamentaux :
La justification des expositions : le bénéfice attendu
pour le patient doit être supérieur au détriment occasionné. Si une technique non irradiante permet d’obtenir le même bénéfice, elle doit être utilisée ;
L’optimisation de la protection : les expositions doivent être maintenues au niveau le plus bas possible compatible avec le bénéfice clinique attendu ;
La limitation des doses reçues par le personnel et le
public : elles doivent rester aussi faibles que possible en
dessous des limites réglementaires.
Toutes les vigilances sanitaires (hémovigilance, identitovigilance, matériovigilance…) ont les mêmes exigences et les mêmes finalités : assurer la sécurité des
personnes et garantir la qualité durable des soins.
Une coordination optimisée des vigilances ne peut
que faciliter la mise en œuvre d’actions communes
(diffusion des informations, formation, analyse des
dysfonctionnements, mesures préventives et/ou correctives…).
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Au Centre G.F. Leclerc, la prévention du risque radiologique s’inscrit dans le cadre de cette démarche globale d’amélioration continue de la qualité.
L’assurance de la qualité nécessite une approche pluridisciplinaire par des professionnels compétents et une
définition claire des missions et responsabilités de chacun. La qualité de la gestion du risque radiologique passe
également par un travail de proximité renforcé, afin de
mieux appréhender les aspects organisationnels propres
à chaque service, la spécificité des risques associés et
de mieux répondre aux attentes des personnels. Pour y
parvenir, il faut apprendre à communiquer. La communication interdisciplinaire doit être ouverte, rapide et
permanente. L’identification des points à améliorer
comme la reconnaissance des capacités individuelles
permet alors de proposer des solutions adaptées et de
faire évoluer les pratiques en favorisant le développement d’une culture de prévention. Cette démarche professionnelle nous incite parfois à considérer le changement comme une nécessité absolue.
Au cours des dix dernières années, de profonds changements réglementaires renforçant la protection radiologique des personnes ont accompagné l’importante évolution technique et technologique observée dans le
domaine médical. De nombreuses fonctions liées à la
gestion des risques se sont également développées sous
l’impulsion de la réglementation. Correspondant, référent, expert sont autant de rôles qui ont permis à des soignants de participer activement à de multiples groupes
de travail. Si la mise en œuvre des règles et pratiques de
radioprotection des personnes soignées, des personnels
et du public ne relevait pas initialement de leur domaine
de compétence, certains ont pourtant décidé de s’investir dans la démarche d’optimisation des expositions en
devenant correspondants en radioprotection. Ils assurent aujourd’hui au sein de leur service, le relais d’information avec l’équipe pluridisciplinaire qualifiée et expérimentée à laquelle ils appartiennent depuis 2008 : le
comité de radioprotection (CRP) de notre établissement.
Ce comité poursuit deux objectifs : qualité durable
et efficience. Il est composé a minima des PCR, du médecin du travail, des personnes spécialisées en radiophysique médicale référentes et des correspondants — IDE,
IBODE, manipulateurs en électroradiologie médicale —
désignés par chaque service utilisateur de sources de RI.
Le CRP concrétise le plan d’optimisation des expositions
par une approche collégiale de la prévention et un juste
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équilibre entre les impératifs réglementaires et les exigences de la réalité des besoins de santé. Grâce à une
identification claire des risques encourus et des comportements ou gestes quotidiens propres à les éviter,
chaque correspondant contribue à la diffusion des
bonnes pratiques et de la culture de radioprotection dans
son secteur. L’assurance de la sécurité radiologique s’appuie également sur la formation continue. L’éducation
des personnels exposés favorise en effet l’adaptation
des gestes à l’environnement de travail et aux pratiques.
Elle permet d’optimiser leur réactivité face à un incident
et de développer la précaution au détriment de la peur.
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Cet état d’esprit devient alors un véritable levier de progrès sur le terrain.
La gestion du risque à l’hôpital est particulièrement
exigeante. En dehors des connaissances, elle nécessite
à chaque instant un comportement responsable et toujours en adéquation avec le respect des patients qui nous
sont confiés. La prévention du risque radiologique est
un processus itératif, un effort collectif continu pour une
meilleure connaissance et une meilleure protection
des postes exposés. La qualité de cette dynamique
est influencée par chacun des membres d’une équipe
multifacettes.
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