Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page21 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. M étier Prévention du risque radiologique et qualité durable des soins Sylviane Prévost PCR Responsable Radioprotection, CRLCC Georges-François-Leclerc, Dijon, France L a radioactivité naturelle est la première cause de radio-exposition de la population (figure 1). L’irradiation médicale est la deuxième, c’est la source d’exposition artificielle la plus importante parmi l’ensemble des sources introduites par les activités humaines. L’utilisation de sources de rayonnements ionisants (RI) à des fins médicales est à l’origine d’un risque d’exposition pour les patients, les professionnels de santé, le public et l’environnement. Les dangers liés à une utilisation excessive et sans précaution de sources de RI ont été reconnus peu de temps après la découverte des rayons X (Roëntgen, 1895) et de la radioactivité (Becquerel, 1896). Les premières recommandations de radioprotection datent de la fin des années 1920. La Commission internationale de protection radiologique (CIPR) a été créée en 1928 pour répondre à l’augmentation du nombre de leucémies chez les radiologues, à l’époque dix fois supérieur à celui des autres praticiens. Composée d’experts internationaux choisis pour leurs compétences, la CIPR élabore des règles de protection permettant d’assurer la sécurité radiologique des personnes. Ses recommandations sont édictées sous forme de publications numérotées, considérées comme des références à l’échelle internationale. Affinées au fur et à mesure de l’évolution des connaissances scientifiques, elles concernent notamment l’évaluation des risques et les principes fondamentaux de radioprotection. Bulletin Infirmier du Cancer Figure 1. Exemples de sources d’exposition sur l’homme (source IRSN, www.irsn.fr) 21 Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012 Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page22 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. M étier La réglementation actuelle s’appuie sur la publication n°60 (CIPR 60) publiée en 1990. La radioprotection fait aujourd’hui l’objet d’une importante réglementation visant à garantir l’exposition adéquate des patients et à minimiser celle des travailleurs, du public et de l’environnement par un niveau de prévention élevé. Les dispositions permettant d’assurer la protection des patients, du public et de l’environnement sont définies dans le code de santé publique. La protection des travailleurs relève du Code du travail. Elle est placée sous la responsabilité de l’employeur, dont la première obligation est de prendre les mesures nécessaires pour préserver la santé de ses salariés. Dans chaque entreprise, au moins une personne compétente en radioprotection (PCR) doit être nommée pour assurer, par délégation de l’employeur, la coordination des actions visant à évaluer et prévenir le risque radiologique dans les différents secteurs d’activité. En France, les bilans annuels de surveillance des expositions professionnelles — publiés par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) — prouvent que le risque radiologique reste relativement faible par rapport aux autres nuisances professionnelles ou de la vie courante. La philosophie de la radioprotection s’appuie sur deux concepts clés : la conscience du risque et l’optimisation des doses reçues. Toute exposition étant susceptible d’avoir un effet biologique, le système de protection est basé sur le respect de trois principes fondamentaux : La justification des expositions : le bénéfice attendu pour le patient doit être supérieur au détriment occasionné. Si une technique non irradiante permet d’obtenir le même bénéfice, elle doit être utilisée ; L’optimisation de la protection : les expositions doivent être maintenues au niveau le plus bas possible compatible avec le bénéfice clinique attendu ; La limitation des doses reçues par le personnel et le public : elles doivent rester aussi faibles que possible en dessous des limites réglementaires. Toutes les vigilances sanitaires (hémovigilance, identitovigilance, matériovigilance…) ont les mêmes exigences et les mêmes finalités : assurer la sécurité des personnes et garantir la qualité durable des soins. Une coordination optimisée des vigilances ne peut que faciliter la mise en œuvre d’actions communes (diffusion des informations, formation, analyse des dysfonctionnements, mesures préventives et/ou correctives…). Bulletin Infirmier du Cancer Au Centre G.F. Leclerc, la prévention du risque radiologique s’inscrit dans le cadre de cette démarche globale d’amélioration continue de la qualité. L’assurance de la qualité nécessite une approche pluridisciplinaire par des professionnels compétents et une définition claire des missions et responsabilités de chacun. La qualité de la gestion du risque radiologique passe également par un travail de proximité renforcé, afin de mieux appréhender les aspects organisationnels propres à chaque service, la spécificité des risques associés et de mieux répondre aux attentes des personnels. Pour y parvenir, il faut apprendre à communiquer. La communication interdisciplinaire doit être ouverte, rapide et permanente. L’identification des points à améliorer comme la reconnaissance des capacités individuelles permet alors de proposer des solutions adaptées et de faire évoluer les pratiques en favorisant le développement d’une culture de prévention. Cette démarche professionnelle nous incite parfois à considérer le changement comme une nécessité absolue. Au cours des dix dernières années, de profonds changements réglementaires renforçant la protection radiologique des personnes ont accompagné l’importante évolution technique et technologique observée dans le domaine médical. De nombreuses fonctions liées à la gestion des risques se sont également développées sous l’impulsion de la réglementation. Correspondant, référent, expert sont autant de rôles qui ont permis à des soignants de participer activement à de multiples groupes de travail. Si la mise en œuvre des règles et pratiques de radioprotection des personnes soignées, des personnels et du public ne relevait pas initialement de leur domaine de compétence, certains ont pourtant décidé de s’investir dans la démarche d’optimisation des expositions en devenant correspondants en radioprotection. Ils assurent aujourd’hui au sein de leur service, le relais d’information avec l’équipe pluridisciplinaire qualifiée et expérimentée à laquelle ils appartiennent depuis 2008 : le comité de radioprotection (CRP) de notre établissement. Ce comité poursuit deux objectifs : qualité durable et efficience. Il est composé a minima des PCR, du médecin du travail, des personnes spécialisées en radiophysique médicale référentes et des correspondants — IDE, IBODE, manipulateurs en électroradiologie médicale — désignés par chaque service utilisateur de sources de RI. Le CRP concrétise le plan d’optimisation des expositions par une approche collégiale de la prévention et un juste 22 Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012 Métier n°1-12:nouvelles AFIC n°1vol5 03/05/12 15:10 Page23 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. M étier équilibre entre les impératifs réglementaires et les exigences de la réalité des besoins de santé. Grâce à une identification claire des risques encourus et des comportements ou gestes quotidiens propres à les éviter, chaque correspondant contribue à la diffusion des bonnes pratiques et de la culture de radioprotection dans son secteur. L’assurance de la sécurité radiologique s’appuie également sur la formation continue. L’éducation des personnels exposés favorise en effet l’adaptation des gestes à l’environnement de travail et aux pratiques. Elle permet d’optimiser leur réactivité face à un incident et de développer la précaution au détriment de la peur. Bulletin Infirmier du Cancer Cet état d’esprit devient alors un véritable levier de progrès sur le terrain. La gestion du risque à l’hôpital est particulièrement exigeante. En dehors des connaissances, elle nécessite à chaque instant un comportement responsable et toujours en adéquation avec le respect des patients qui nous sont confiés. La prévention du risque radiologique est un processus itératif, un effort collectif continu pour une meilleure connaissance et une meilleure protection des postes exposés. La qualité de cette dynamique est influencée par chacun des membres d’une équipe multifacettes. 23 Vol.12-n°1-janvier-février-mars 2012