Planète Terre I Introduction II L’Univers III Les étoiles IV Les planètes Cosmologie • Science de l’Univers dans son ensemble • Étude des propriétés globales du cosmos: composition, évolution, … • L’observateur (sujet) fait partie de l’objet étudié • → regard philosophique Un peu d'histoire : Grèce antique Quel est l’élément premier ? l’eau pour Thalès, un « apeiron » indéfini pour Anaximandre, … Thalès (-600) Univers infini des atomistes (Leucippe, Démocrite) Aristote (-300) Univers clos des athéniens (Platon, Aristote) L’espace et le temps sont coextensifs à la matière : ni lieu ni temps hors de la sphère des fixes Modèle athénien dominant durant 20 siècles Renaissance … médiévale Transmission des ouvrages grecs par le sud et le nord de la Méditerranée Écoles (Chartres, Paris, Oxford, …) au XIIe, universités (Montpellier) au XIIIe Abandon du « nécessitarisme » grec Beaucoup de traités de « physique » Cosmologie évolutionniste à l’école de Chartres au XIIe "Toute science requiert les mathématiques (omnis scientia requirit mathematicam) (Roger Bacon 1268 Opus majus, t. III, p. 98). Thierry de Chartres • « Le rayon de soleil qu’on voit à travers la fenêtre, n’est visible que grâce aux atomes de poussière qui, dans ce rayon luimême, passent et brillent à la lumière du soleil. […] rien n’est visible sinon grâce à un obstacle produit par l’eau ou par la terre. • Donc, tout corps qui, sur le firmament céleste, possède une apparence visible, est nécessairement visible grâce à la densité de la terre ou de l’eau. Mais les corps terrestres ne peuvent s’élever jusqu’au firmament au moyen de la chaleur ou de toute autre façon. Cela est par nature le propre de l’eau. • C’est pourquoi toutes les choses qui, dans le firmament céleste, ont une apparence visible reçoivent des eaux un principe matériel. C’est le cas des nuages, des éclairs et des comètes. Semblablement, les corps stellaires, en ce qui concerne leur matière, sont nécessairement constitués d’eau. » • (Thierry de Chartres ( vers 1155), De sex dierum operibus) Modèle d'Univers de Ptolémée Peter Apian, Cosmographia, Antwerp, 1539 L’idée d’univers infini Basculement du concept dominant : éclatement de la sphère des fixes entre le XVIe et le XVIIe •«Nous saurons aussi que ce monde, ou la matière étendue qui compose l'Univers, n'a point de bornes pour ce que, quelque part où nous en veillions feindre, nous pouvons imaginer au-delà des espaces indéfiniment étendus » •1644 Descartes « Principia Philosophiae » → Mesure des distances d’étoiles à partir de 1836 (1ère évidence que les étoiles ne sont pas toutes à la même distance) → On ne sait toujours pas si l’univers est infini La Terre se déplace - 500 Pythagoriciens (terre pas au centre) - 250 Aristarque de Samos (mesure du diamètre du soleil → héliocentrisme ) 1543 Copernic « De Revolutionibus … » 1633 Galilée assigné à résidence 1728 Bradley : aberration des étoiles (1ère évidence observationnelle du déplacement de la Terre) • (changement apparent de direction des étoiles par composition de la vitesse de leur lumière et de celle de la terre) 1741 Réhabilitation des œuvres de Galilée par Benoit XIV 1836 première parallaxe (2ème évidence) Vitesse de la terre autour du soleil: 100 000 km/h L’acosmologie classique • En 1687 la gravitation Newtonienne unifie mécanique céleste et de chute des corps, une première loi « universelle » …. mais une suppression du lien contenant-contenu • • « L'espace absolu, de par sa nature, et sans relation à quoi que ce soit d'extérieur, demeure toujours semblable et immobile » (Newton, 1687, Philosophiae naturalis principia mathematica) • • ↓ ↓ « La notion vague et indéfinie de l'Univers est si peu accessible à la saine astronomie que nous devons finalement exclure ce terme du vrai langage scientifique » (Auguste Comte, 1844, Traité philosophique d'astronomie populaire) Mutation scientifique du XXe et Renaissance de la Cosmologie • 1900-1927 Quantique (Planck, Einstein, … Heisenberg) • 1915-1917 Relativité générale: relation espace-temps-matièreénergie et modèle (statique) d’univers (Einstein) • 1922-1924 modèle non-statique (Friedmann) • 1927-1931 modèle CDM actuel (Lemaître) • 1932-1998 modèle Einstein-de-Sitter (sans Λ) dominant • 1998-2009 modèle CDM dominant G. Lemaître A. Einstein Expansion et « Big Bang » 1927 - 1931 Relativité Générale 1916 Principes de la cosmologie moderne La cosmologie moderne repose sur deux principes théoriques: la relativité générale, qui relie Espace,temps, énergie et matière le principe cosmologique : répartition homogène et isotrope de la matière-énergie dans l’Univers L'application de la relativité générale à un Univers obéissant au principe cosmologique implique une géométrie non-statique de l'espace-temps: un facteur d'échelle R(t) affecte les distances entre les points fixes t est le temps cosmique, le même pour tous les observateurs qui ne se déplacent pas. Ce facteur d’échelle, cette fonction R(t), est solution des équations de FriedmannFriedmann-Lemaî Lemaître (1922-1927) EQUATIONS DE FRIEDMANN-LEMAITRE Facteur d’échelle de l'Univers • Ce sont des équations différentielles sur le facteur d’échelle R(t). Expansion de l'Univers milliards d'années p et ρ sont la pression et la masse volumique de l’univers homogène. k=-1, 0 ou +1 pour les trois possibilités de la courbure de l’espace (négative, nulle ou positive). Λ est la « constante cosmologique » des équations d’Einstein Validations observationnelles de la théorie du Big Bang L'expansion de l'Univers Le décalage spectral cosmologique Le décalage spectral cosmologique ou « redshift » n'est pas dû à la vitesse des objets les uns par rapport aux autres, mais à la variation du facteur d’échelle R(t). Un signal émis à l’instant te est reçu à l’instant to Un second signal émis à te + dte sera reçu à t0 + dt0, mais aura plus de distance à parcourir si R(t) croit. On montre que dto / dte = R(to) / R(te) Appliqué aux périodes de la lumière To/Te = 1 + z = R(to) / R(te) A faible distance c z ≈ Ho d cz Expansion de l’espace c z ≈ Ho d PNAS January 6, 2004 vol. 101 no. 1 8-13 d Paramètres actuels du cosmos (de l’univers homogène) • • • • • • Âge ≈ 13,8 109 ans Matière ≈ 2,5 10-27 kg m-3 Lumière ≈ 4,6 10-31 kg m-3 Cte cosm. ≈ 1,35 10-52 m-2 Taux d’expansion ≈ 2,3 10-18 s-1 (71 km s Mpc Expansion accélérée depuis 5 ou 6 109 ans -1 -1) HISTOIRE DE L’EXPANSION DE L’ESPACE La période de « vie » du soleil est indiquée de l’espace Courbe calculée à partir des mesures de densité cosmiques… Modèle ΛCDM (WMAP 2008) Ωmo (= 8pGρ ρ /3H2) =0,26 ΩΛο (=Λ Λ c2/3H2) = 0,74 Ho = 71 km s-1 Mpc-1 to = 13,8 109 ans Notre horizon est là Quasars observés On est ici Coupe à l’échelle de l’Univers observable L’univers réel est supposé sans limite mais l’univers observable est limité par l’horizon du Big Bang à z=∞ (la lumière ne se déplace qu’à une a-l/an et les plus vieux photons ont moins de 14 milliards d’années) Validations observationnelles de la théorie du Big Bang L'expansion de l'Univers Le rayonnement de fond cosmologique microonde La température • On montre que si à un instant t l’univers est rempli d’un rayonnement de corps noir à la température T, le rayonnement garde son caractère thermique et le produit R(t) .T(t) reste constant avec l’expansion • Près du Big Bang à plus de 3000 K l’univers a nécessairement été ionisé, opaque et donc un corps noir. • L’observation de ce rayonnement thermique est donc une forte validation de ce que l’univers a connu une phase à plus de 3000 K (t < 400 000 ans) Durant les premiers 380 000 ans l’univers a plus de 3000 K était ionisé, opaque : un vrai corps noir. En devenant neutre et transparant il a libéré ce rayonnement thermique que nous recevons très décalé (z ≈ 1100) 1965 1990 Les barres d’incertitudes du spectre mesuré par COBE sont plus étroites que l’épaisseur du trait sur cette diapo de la courbe de Planck (corps noir théorique) à 2,725 K ! Image de tout le ciel dans le domaine microonde (λ ~1 mm) Le rayonnement thermique du cosmos primordial (z ~1100) Image de tout le ciel microonde , contraste multiplié par 1000 Wilkinson Microwave Anisotropy Probe (WMAP, 2003) En rouge les émissions du disque de la Voie Lactée. L’anisotropie bipolaire (ici multipliée par 1000) du fond cosmologique met en évidence le déplacement du soleil par rapport à l’univers (370 km/s) Image de tout le ciel microonde corrigée du mouvement du soleil et contraste × 100 000 Les embryons des structures de l’univers présent Les premiers temps • RT = cte ⇒T →∞ quand R→0 • Près du Big Bang R ∝ t½ • T t½ = cte → T (100 s) = 108 K • E t½ = cte = 1 MeV s ½ • On peut donc calculer les réactions qui se sont passées avec de la physique connue (expérimentable dans les accélérateurs … sauf pour le premier milliardième de seconde) Validations observationnelles de la théorie du Big Bang L'expansion de l'Univers Le rayonnement de fonds cosmologique La nucléosynthèse primordiale des éléments légers Abondance des éléments légers Abondances de H et He à peu près constantes dans l’Univers. : certainement produits dès l'origine de l'Univers La nucléosynthèse primordiale s’arrête à l’Hélium car la température décroit et que la densité est déjà très faible. Ce n’est que beaucoup plus tard au cœur des astres que température, densité et durées permettront une nouvelle nucléosynthèse (de l’Hélium et cette fois des autres éléments) Les proportions observées des éléments légers dans l’univers sont très semblables à celles que l’on calcule. Avec le rapport proton-neutrons c’est une validation d’une phase à plus de 1010 K (t < 1s) Abondances cosmiques (système solaire) H 12 ←durant les 3 premières minutes Lodders et al 2009 He He 10 O Ne Fe Mg Si 8 en fin de vie des étoiles N S ArCa Ni Cr Na 6 Ti P Zn K Co 4 F V Cu Ge Sr Zr Sc Ga Sn Ba B Mo Rb 2 Nd Dy Yb ←spallation Nb La Li Be Rh Ag Sb Pr Eu 0 Tm Log10 N C 0 10 20 30 40 50 60 Atomic Number 70 Pt Pb Au 80 Th U 90 100 Où a-t-on mesuré ces abondances relatives? - le Soleil et les météorites - d’autres étoiles - le gaz interstellaire ... L’explication: la nucléosynthèse primordiale (H, He, 10%Li, et aussi un soupçon de Be, B) la nucléosynthèse stellaire, et les générations successives d’étoiles (C-Fe:fusion; audelà: captures de neutrons) la spallation: collisions de rayons cosmiques (protons) avec des noyaux de CNO -> LiBeB Co s o sm e p tro sif n a xp Ned Wright : http://www.astro.ucla.edu/~wright/cosmolog.htm Cosmos trop bref Observabilité du cosmos • Un milliardième de seconde après le Big bang la densité (rapportée au taux d’expansion) de l’univers doit être une valeur précise à 10-24 près pour que l’existence d’observateurs n’y soit pas à jamais impossible (diagramme suivant) • Au temps de Planck l’ajustement est à 10-60 • Bien d’autres considérations (dissymétrie matière-antimatière, valeur des constantes, …)font descendre la probabilité qu’un cosmos soit habitable à moins de 10-N (N>200) • Des théories (actuellement spéculatives) comme l’inflation chaotique et le « Multivers » envisagent comme réponse une infinité d’univers (de cosmos) dans laquelle le nôtre serait un des rarissimes à ne pas être nécessairement stérile L'histoire de l'Univers selon le modèle du Big Bang (CDM) Chronologie cosmique • • Ère de Planck (10-43 seconde) ??? Phase inflationnaire vers 10-35 s?? • 10-30 à 10-6 s Soupe de photons ↔ particules et antiparticules élémentaires • 10-6 s, 1013 K quarks-antiquarks → photons (et quelques rares protons et neutrons) • 1 s, 1010 K électrons-positrons → photons (et quelque rares électrons) • 100 s, 109 K s nucléosynthèse primordiale → plasma de protons, particules α, électrons (12 p+, pour 1 α++ et 14 e-, traces de Deutérium, Lithium, ) 400 000 ans, 3000 K, plasma → gaz neutre H + He. Les surdensités locales ne dépassent guère 10-5. Le rayonnement se découple Premiers 108 ans : âge sombre de l’univers. le rayonnement fossile est dans l’infra rouge et aucun astre n’est formé mais les inhomogénéités s’amplifient Quelques 108 ans : les premiers astres brillent, la poussière apparaît • • • • Puis les structures progressent : d’abord les petites puis les grosses à partir des petites (rencontres fusionnelles des galaxies, amas, superamas de galaxies • • • • Il y a environ 1010 ans la Voie Lactée prend sa forme Il y a 4,567 109 ans le système solaire Il y a 65 106 ans fin du règne des dinosaures sur la planète Terre Il y a 2,6 103 ans Thalès : l’eau est l’élément premier de l’univers Création et Commencement • La cosmologie est une science. Elle modélise le fonctionnement de l’univers, le « comment » pas le « pourquoi » fondamental. • « Autant que je puisse en juger, une telle théorie [Big Bang] reste entièrement extérieure à toute question métaphysique ou religieuse. » (Abbé G. Lemaître: 1958, «The primeval atom hypothesis and the problem of the clusters of galaxies») • « Le but de l'Univers, au sens strict, est théologique ou il n'est pas » (A. Comte-Sponville, 1990, Ciel et Espace, 249, 38). • « La création n’est pas un changement ; c’est la dépendance même de l’être créé par rapport à son Principe » (Thomas d’Aquin, 1258, « Summa contra Gentes » I.II c ;18) Validations observationnelles de la théorie du Big Bang L'expansion de l'Univers Le rayonnement de fonds cosmologique La nucléosynthèse primordiale des éléments légers La structuration de l’Univers à grande échelle (nouveau) SDSS 2008 L’univers est homogène au-delà des superamas de galaxies 109 a-l 109 a-l Credit: M. Blanton and the Sloan Digital Sky Survey. L’état de l’univers après 13,7 milliards d’années d’évolution Observé (2dFGRS 2003) Calculé (Projet Horizon, CEA, 2007) Formation des structures dans des simulations 3D CDM Redshift z=18.3 (t = 0.21 109 ans) 125 Mpc/h Redshift z=5.7 (t = 109 ans ) Redshift z=1.4 (t = 4.7 109 ans) Redshift z=0 (t = 13.8 10 9 ans) Simulation Millenium Résumé ΛCDM explique bien: Les décalages spectraux Les abondances des éléments légers (et des lourds avec les étoiles) Le rayonnement fossile (horizon de l’opacité) Le ciel noir (horizon cosmologique) L’âge des plus vieux astres La structuration de l’univers Grandes questions scientifiques ouvertes • • • • • • • Qu’est la masse cachée exotique ? Qu’est la constante cosmologique ? Énergie sombre ? Quel commencement physique ? Une seule théorie? Quelle « anthropie » du cosmos ? Y-a-t-il des (une infinité de) cosmos ? (Linde) … d’autres dimensions, connexités, à l’espace ? ………………………………… Contenu matériel (proportions de masse) du cosmos j Le problème de la masse cachée Les « baryons » sont essentiellement les protons et les neutrons de la matière commune. La matière « exotique » est de nature inconnue (pas faite avec des protons, neutrons, …) mais ne se manifeste qu’à grande échelle: la masse du soleil et des planètes est essentiellement celle de leurs protons et neutrons. À l’échelle d’une galaxie et au-delà il semble que la matière exotique soit 5 fois plus représentée que celle que nous connaissons. Pour l’instant (2009) on ne la détecte qu’indirectement par ses effets gravitationnels (orbites, mirages, …) sombre Constante cosmologique (ou énergie sombre) Longueurs et temps-lumière • Diamètre (D) (Terre) 107 m 1,3 0,04 s • D (Soleil) 109 m 1,4 5 s-l • distance (d) (Terre – Soleil) 1011 m 1,5 8 mn • d (Soleil- Neptune) 1013 m • 1015 m • d (Soleil – Sirius) 1017 m 0,8 8a • Épaisseur (Voie Lactée) 1019 m ~2 2 000 a • D (Voie lactée) 1021 m ~1 105 a • D (Amas de galaxies) 1023 m ~1 10 Ma • Univers homogène 1025 m ~0,3 300 Ma • distance (Horizon) 1027 m 0,45 1,38 1010 a 0,3 4h Temps • UE 100 a • Vie humaine 102 a • Néolithique 104 a • Humanité 106 a 108 a • Dinosaures (fin) 0,65 • Âge Système solaire 0,4567 1010 a 1010 a • Âge Voie Lactée • Âge Univers 1,38 1010 a