YODA_179323_008_015 9/04/03 16:28 Page 10 E xemple Le sujet Expliquez les mots et les expressions soulignés dans le texte. 5 10 15 20 25 Ces dernières années ont été marquées par de formidables progrès dans l’observation du cosmos lointain et dans l’élaboration de théories mathématiques largement sophistiquées, qui font évoluer le questionnement de la science sur l'Univers et son origine. Questions qui ont inspiré d'innombrables mythes aux Homo sapiens sapiens mais n'ont attiré les esprits scientifiques que depuis peu. C'est, en effet, Isaac Newton qui, en publiant sa Théorie de la gravitation universelle, en 1687, a permis de penser « rationnellement » le cosmos. Les corps s'attirant les uns les autres, dit-il en substance, l'Univers doit être uniformément peuplé d'étoiles et infini, en sorte que les forces d'attraction de tous les astres s'annulent ; sinon, toutes les étoiles et planètes s'aggloméreraient les unes aux autres. L'idée est juste, mais pas forcément vraie : aujourd'hui, l'image du monde, léguée par Albert Einstein, est celle d'un Univers dynamique, évolutif, en équilibre instable, où l'implosion n'est d'ailleurs pas exclue… Près d'un siècle après l'invention de la théorie du big bang, confirmée par toutes les observations astronomiques, le mystère de l'origine demeure irrésolu. En s'aventurant toujours plus loin dans l'espace-temps dans l’espoir d'assister enfin à « la scène primitive », les astrophysiciens nous content l'histoire cosmique comme celle d'une course à l'unité et le big bang comme un état fondamental, mélange abstrait d'espace, de temps et d'énergie, qui évoque le chaos des anciens mythes. Cette quête de l'origine de l'Univers sous-tend, chez certains chercheurs, le rêve d'une théorie du tout, qui permettrait d'expliquer le monde à partir d'une équation ultime, écho rationnel de l'affirmation de saint Jean dans le premier verset de son évangile : « Au commencement était le Verbe ». Ici, la cosmologie touche à sa limite : difficile d'imaginer ce que le physicien répondrait au philosophe lui demandant si cette loi ultime préexistait au monde… Aussi, malgré ses succès objectifs, la théorie du big bang risque fort d'osciller, perpétuellement indécise, entre physique et métaphysique, à jamais incapable de répondre à la question de Leibniz : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Serge Brunier, « Au commencement était le Verbe », Science et Vie, n° 1024, janvier 2003. Les réponses – « Sophistiqué » Appliqué au domaine des sciences et des techniques, cet adjectif signifie qu’une chose est d’une grande complexité, à la pointe de la recherche. Ici le mot est valorisant. Dans le texte, il indique que des théories mathématiques audacieuses par leur complexité renouvellent les questions sur l’Univers. 10 YODA_179323_008_015 9/04/03 16:28 Page 11 REPÈRES FONDAMENTAUX 1 La question de compréhension – « L’idée est juste, mais pas forcément vraie » Cette phrase est originale car les adjectifs « juste » et « vrai », considérés généralement comme synonymes, s’opposent ici. Cela crée un écart qui surprend. La phrase signifie que, si une idée est fondée en théorie, elle n’est pas forcément celle qui rend compte de la réalité. Depuis Einstein et sa loi de la relativité, en effet, on sait que l’Univers n’obéit pas forcément aux lois imaginées par Newton. – « La scène primitive » L’auteur emprunte cette image à la psychanalyse, c’est pourquoi elle est entre guillemets. La « scène primitive » désigne la scène de coït qui conduit à la naissance d’un enfant. C’est ce mystère qui intrigue tout enfant et qu’il voudrait pouvoir surprendre. Cette curiosité joue, pour Freud, un rôle important dans la construction de la sexualité de l’enfant. Dans le texte, l’auteur compare ainsi les astrophysiciens à des enfants qui chercheraient à percer le mystère de leur création. En remontant toujours plus loin dans l’espace-temps, les astrophysiciens ont l’espoir fantasmatique d’assister à l’origine de l’Univers. – « Le chaos » Dans les mythes de l’Antiquité, ce mot désigne ce qui existait avant la création du monde. C’est un état de désordre, de confusion où rien n’est structuré et ne peut être nommé ni exister. Dans le texte, le big bang est comparé à cet état de désordre primitif et l’après-big bang à une histoire conduisant à la constitution de l’Univers. – « Équation ultime » L’adjectif « ultime » concerne le temps et renvoie au « moment final », le dernier d’une série. Dans le texte, « l’équation ultime » serait la formule physico-mathématique qui, parce qu’elle se situe au niveau le plus élevé de l’abstraction, et donc la dernière, permettrait de comprendre la création de l’Univers. – « Cosmologie » Le terme est formé de deux racines grecques, cosmo, qui veut dire ordre, d’où « univers » et de logos, qui veut dire « parole, discours ». La cosmologie est le discours sur l’Univers, la science qui étudie les lois physiques de l’Univers, le « cosmos ». Dans le texte, l’auteur estime qu’au niveau ultime de sa quête, la recherche scientifique sur le cosmos atteint ses limites et touche à la philosophie. – « Entre physique et métaphysique » La « physique » est la science qui étudie les lois de la matière et des phénomènes matériels. Elle est rationnelle, fondée sur des lois vérifiables par l’expérience. La « métaphysique » est un questionnement de nature philosophique sur le sens de la condition humaine, de la vie, de l’univers. Elle met en jeu, non pas des lois, mais des convictions morales, philosophiques, spirituelles. Dans le texte, cette expression est originale. Elle joue sur la répétition des mêmes sons. C’est une figure de style appelée paronomase. Elle signifie que l’espoir d’une clé, qui ouvre toutes les portes de la compréhension de l’Univers, est une démarche qui hésite entre deux pôles : celui de la science et celui de la philosophie. à retenir Les deux principes de toute réponse à une question de compréhension ❚ La clarté. La réponse suit le plus souvent le même ordre : la citation, l’explication du sens particulier du mot ou de l’expression, l’explication dans le cadre du texte. ❚ La rigueur. L’explication doit aborder toute la richesse du mot ou de l’expression : la construction, les connotations, les allusions culturelles… 11