FEDD 2005 Restauration écologique de la forêt semi

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FEDD 2005
Restauration écologique
de la forêt semi-sèche
dans la Réserve Biologique
de Bras des Merles – Bras Bémale
Julien TRIOLO – Janvier 2006
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
1
Cimendef (2 226 m)
Crête de La Marianne
Piton Cabri
Village
d’Aurère (950 m)
Bras des Merles
Limite de la
réserve
biologique
Extrémité basse de
la réserve : 322 m
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Située dans la partie Nord du cirque de Mafate, la Réserve Biologique dirigée de Bras des Merles –Bras
Bémale a été officiellement créée en mars 2002 par arrêté interministériel.
Des actions de conservation sont menées dans cette réserve depuis fin 1997, en application d’un plan de
gestion qui couvre la période 1998-2012.
L’objectif prioritaire de ce premier plan de gestion est de « protéger les vestiges de végétation primaire
contre l’invasion des pestes végétales ». Une espèce exotique est ciblée en priorité : Hiptage benghalensis,
appelée localement « Liane Papillon », qui envahit à une très grande vitesse les dernières reliques de forêt
semi-sèche, un des milieux les plus raréfiés à l’échelle de l’île, situées dans la partie basse de la réserve.
Trois parcelles expérimentales de lutte chimique contre Hiptage benghalensis ont été mises en place dans la
réserve, au niveau de reliques de forêt sèche abritant notamment plusieurs espèces très rares et protégées.
Les premiers traitements chimiques ont été effectués en septembre 1997. Ils ont ensuite été répétés en juin juillet 1998. Le Conservatoire Botanique National de Mascarin avait été chargé du suivi de ces actions de
lutte, et une convention cadre avait été signée à cet effet entre l’ONF et le CBNM. Par ailleurs, à coté de ces
zones de lutte, des plantations d’espèces indigènes avaient été effectuées dans des zones très dégradées dans
le but de cicatriser le couvert forestier.
Depuis 1998, les traitements chimiques n’ont pas été répétés et les plantations effectuées n’ont pas été
dégagées des espèces invasives qui ont, depuis, repris le dessus sur les espèces indigènes. Dans les parcelles
de lutte, la Liane papillon a refait son apparition, et une nouvelle action de contrôle de cette espèce devenait
urgente afin de protéger ces reliques de forêts sèches et les espèces rares qu’elles abritent.
En 2005, le Fonds pour l’Environnement et le Développement Durable (FEDD) attribué par la Direction
Générale de l’ONF a permis de financer à nouveau des actions de conservation dans la Réserve Biologique
de Bras des Merles. Ce financement de 27 000 € a permis d’effectuer un bilan des opérations déjà
entreprises, de réaliser une expertise sur les actions à mener, d’embaucher pendant un mois quatre ouvriers
mafatais à plein temps pour réaliser ces actions et d’acheter du matériel pour les mener à bien.
Ce rapport permet donc premièrement de rendre compte des actions menées grâce au financement du FEDD.
Il constitue également un rapport technique à mi-parcours du plan de gestion qui permet d’orienter ou de
réorienter l’agent patrimonial sur les actions à mener en matière de restauration écologique et de
conservation de la biodiversité.
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PLAN DU RAPPORT
1. Parcelles de lutte expérimentale contre Hiptage benghalensis ___________5
2. Recherche de nouvelles zones à restaurer __________________________12
3. Reboisement en espèces indigènes ________________________________16
4. Transformation progressive du boisement de Filaos en forêt de Bois de
couleurs ______________________________________________________17
5. Pépinière d’Aurère____________________________________________20
6. Récolte de graines ____________________________________________21
Annexe 1 : Récapitulatif des dépenses ______________________________22
Annexe 2 : Proposition d’actions à inscrire dans
la programmation annuelle de travaux sylvicoles _____________________23
Annexe 3 : Carte de localisation des actions __________________________24
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1. Parcelles de lutte expérimentale contre Hiptage benghalensis
Deux petites zones de forêt semi-sèche abritant de nombreuses plantes rares et menacées d’extinction ont
fait l’objet d’une lutte contre Hiptage benghalensis en 1997 et 1998. Les travaux entrepris ont été réalisés
dans un cadre expérimental, puisque c’était la première fois que cette espèce invasive faisait l’objet d’une
lutte à La Réunion. Afin de capitaliser ces essais, le Conservatoire Botanique National de Mascarin avait été
chargé, à travers une convention signée avec l’ONF, de réaliser le suivi scientifique des actions de lutte.
Hiptage benghalensis est de loin l’espèce invasive la plus problématique pour la survie de la forêt semisèche à La Réunion et de toutes les espèces qui lui sont inféodées. Cette espèce ligneuse lianescente a un
mode de dissémination très efficace, une croissance très rapide, a la propriété de rejeter abondamment de
souche après avoir été coupée et arrive à recouvrir les arbres présents jusqu’à provoquer leur mort. Cette
espèce occupe aujourd’hui de très importantes surfaces dans la réserve en faisant disparaître inexorablement
les espèces indigènes présentes à l’origine.
Fig. n° 1 : invasion par Hiptage benghalensis dans un rempart du Bras des Merles.
Les petits îlots de forêt indigène se retrouvent complètement recouverts par cette espèce.
Avant de revenir lutter à nouveau contre cette espèce exotique dans les parcelles expérimentales, un bilan
succinct a été effectué dans ces deux parcelles afin de donner des instructions précises aux ouvriers et de
pouvoir les doter de moyens de lutte optimaux.
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1.1 Bilan parcelle 1
Située en face de l’Ilet Cerneau, cette parcelle a une surface approximative de 0,3 - 0,4 ha (pour la
localisation précise, v. annexe 3). Sur le terrain, les limites de cette parcelle sont matérialisées avec des
marques de peintures rouges sur les arbres.
Cette parcelle abrite plusieurs espèces rares (d’après les données issues de la Base Mascarine du CBNM) :
-
Croton mauritianus (Ti bois de senteur) : 5 individus
Poupartia borbonica (Bois blanc rouge) : 1 individu
Eulophia borbonica : 1 station
Terminalia bentzoë (Benjoin) : 4 individus
Eugenia mespiloides (Bois de pêche marron) : 3 individus
Gouania mauritiana (Liane Montbrun)
Tarenna borbonica (Bois de pintade) : 1 individu
Ces espèces rares ont bien été retrouvées sur le terrain, à l’exception de Gouania mauritiana. Des recherches
supplémentaires sont donc à mener afin de retrouver cette espèce. La majorité de ces espèces était
recouverte, à des degrés divers, par Hiptage. Poupartia borbonica en était complètement recouvert et
semblait très mal au point (presque aucune feuille visible). Par contre, l’unique station d’Eulophia borbonica
connue actuellement sur l’île semblait bien se porter : cette orchidée rarissime était en pleine fructification.
Il n’a pas été observé de régénération naturelle de ces espèces rares dans la parcelle, à l’exception du Croton
mauritianus dont 4 individus juvéniles se trouvent sur un replat rocheux en dessous du pied mère. Ce dernier
se trouvait cependant dans un très mauvais état.
Par contre, plusieurs autres espèces indigènes, plus communes, régénèrent naturellement dans la parcelle :
-
Doratoxylon apetalum (Bois de gaulette) : > à 30 ind
Dracæna reflexa (Bois de chandelle) : > à 10 ind.
Pleurostylia pachyphloea (Bois d’Olive gros peau)
Cassine orientalis (Bois rouge)
Phyllanthus casticum (Bois de demoiselle)
Securinega durissima (Bois dur)
Pittosporum senacia (Bois de Joli cœur)
Molinea alternifolia (Tan Georges)
Pyrostria orbicularis (Bois mussard)
Dans la zone traitée en 1997 et 1998, la Liane papillon était assez abondante par endroits et était
essentiellement représentée par les rejets des souches qui avaient été traitées en 1997-1998. Par contre, en
bordure où elle n’avait pas fait l’objet d’une lutte, elle recouvrait complètement les arbres présents et était
dominante dans le sous-bois.
D’autres espèces exotiques étaient également présentes, dont la plus abondante était Plumbago zeylanicum
(Faux jasmin), qui occupait d’importantes parties du sous-bois. Plusieurs individus adultes et juvéniles de
Litsea glutinosa (Avocat marron) était présent dans la parcelle, ainsi que quelques individus adultes de
Tecoma stans (Bois caraïbe).
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Fig. 2 : arbre indigène recouvert par
Hiptage benghalensis
Fig. 3 : sous -bois envahi par
Plumbago zeylanicum
Fig. 4 : discrète, l’unique station d’Eulophia borbonica
connue à la Réunion est toujours présente dans la parcelle 1
Fig. 6 : E. borbonica en fruit
Fig. 5 : E. borbonica a la « chance » de ne pas avoir une
floraison très attractive pour les braconniers
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Actions menées avec financement FEDD :
Lors de l’expertise de cette parcelle, il a été donné comme consignes aux ouvriers qui m’accompagnaient :
- d’agrandir la zone de lutte, et particulier pour traiter la Liane papillon très envahissante en bordure de la
parcelle existante
Limite nouvelle zone 2005
30 m
60 m
Zone traitée depuis 1997
Bras des Merles
- de couper à la base la Liane Papillon et de traiter les souches fraîchement coupées à l’aide d’un produit
phytocide adapté. Pour la coupe, nous avons décidé d’acheter deux tronçonneuses - élagueuses (très légères,
donc très pratiques pour un chantier de ce type qui est situé à plus d’une de marche du point d’embauche)
pour gagner du temps par rapport à la coupe au sabre, qui s’avère très laborieuse. Pour le traitement
chimique, nous avons acheté du Round Up flash, qui a été badigeonné sur les souches à l’aide de
pulvérisateurs à main (parmi tous les produits testés à La Réunion contre les espèces qui rejètent de souches,
le Round Up a montré les résultats les plus satisfaisants. A Cap Noir, il donne des résultats encourageant
contre la Liane Papillon).
- d’éliminer dans le sous-bois Plumbago zeylanicum
- d’éliminer Litsea glutinosa et Tecoma stans
- de lutter contre l’Achatine (Achatina panthera). L’Achatine est un escargot « géant » pouvant dépasser
20 cm de longueur. Dans un rapport du CBNM de 2001, cette espèce, qui avait été trouvée à très forte
densité dans les parcelles expérimentales, était soupçonnée de s’attaquer aux jeunes plants des arbres
présents. Des granulés anti-escargots ont donc été achetés, pour être disposés dans les parcelles.
Bien entendu, il a été demandé aux ouvriers la plus grande attention lors de ces travaux pour qu’ils ne
portent pas atteinte aux espèces indigènes présentes sur la zone.
Une fois le chantier terminé, la visite de terrain a permis de voir que les instructions ont bien été suivies. Les
espèces exotiques ont été éliminées suivant les recommandations et les espèces indigènes ont soigneusement
été conservées dans la parcelle. Les produits de coupe ont été laissés dans la parcelle conformément aux
instructions (dans le but de limiter l’érosion et de restituer la biomasse que cela représente).
Le Bois blanc rouge que nous avions laissé très mal en point semblait avoir été revigoré par l’action de lutte
contre Hiptage.
Au total, les 4 ouvriers ont travaillé 4 jours dans cette zone pour venir à bout des espèces exotiques
présentes.
Actions à poursuivre :
-
Venir éliminer régulièrement les espèces exotiques invasives (au minimum une fois par an, au mieux
deux fois par an (une fois avant la saison des pluies, une fois juste après)).
-
Récolter les graines des espèces rares présentes dans la parcelle
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Fig. 7 : Parcelle 1 avant action de lutte
Fig. 8 : Parcelle 1 après action de lutte
1.2. Bilan parcelle 2
La parcelle 2 occupe une surface totale d’environ 0,5 ha. Elle est également située sur la rive gauche du
Bras des Merles et est visible depuis le sentier (pour la localisation précise, v. annexe 3).
Cette parcelle abrite plusieurs stations d’espèces rares (d’après la base de données Mascarine) :
-
Croton mauritianus (Ti bois de senteur) : 2 ind.
Tarenna borbonica (Bois de pintade) 2 ind.
Phyllanthus casticum (Bois de demoiselle) : 2 ind.
Dombeya populnea (Bois de senteur bleu) : 1 ind.
Toutes ces espèces ont été observées lors de la visite de terrain. En plus, un individu adulte d’Eugenia
mespiloides a été découvert, avec plusieurs individus juvéniles à proximité.
Fig. 9 : Une espèce rarissime,
endémique de la Réunion (malgré
son nom) : Croton mauritianus.
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Environ la moitié de cette parcelle était très sévèrement envahie par Furcrea foetida (Choka vert), qui
occupait presque de façon monospécifique le sous-bois. Cette espèce exotique freine donc considérablement
la régénération des espèces indigènes présentes dans la parcelles : très peu d’individus juvéniles ont été
observés. De plus, il sert d’abri aux Achatines, qui, du coup, pullulent dans cette parcelle. Par contre, on y a
trouvé assez peu de Liane papillon. Plumbago zeylanicum était localement envahissant dans le sous-bois.
L’espèce indigène qui régénère bien dans cette partie de parcelle est Doratoxylon apetalum (Bois de
gaulette). Nous avons observé également des jeunes individus de Dracaena reflexa (Bois de chandelle),
Phyllanthus casticum (Bois de demoiselle), Eugenia buxifolia (Bois de nèfles) et Cossigna pinnata (Bois de
Juda).
Bizarrement, sur l’autre moitié de la parcelle, le Choka vert était quasiment absent. La Liane papillon y était
peu abondante et quelques rejets issus des souches traitées étaient observables. Par contre, on peut y
observer un nombre incroyable d’Achatines (la plupart étant des coquilles vides). La régénération naturelle
des espèces indigènes était, elle, beaucoup plus importante : on pouvait observer un grand nombre de jeunes
individus de Doratoxylon apetalum et d’Eugenia buxifolia. Nous avons également observé, avec des
densités plus faibles, des individus juvéniles d’Olea lancea, Vepris lanceolata, Cassine orientalis et
Cossigna pinnata.
Zone envahie par
Furcrea foetidia,
délimitée grâce à
de la peinture
Aurère
Bras des
Merles
Deux-Bras
Actions menées avec financement FEDD :
Lors de l’expertise de cette parcelle, il a été donné comme consignes aux ouvriers qui m’accompagnaient :
-
De ne pas agrandir la zone de lutte déjà suffisamment importante
De couper à leur base les pieds de Choka vert et d’appliquer sur les souches du Round Up
De couper à leur base la Liane Papillon et d’appliquer sur les souches du Round Up
D’éliminer Plumbago zeylanicum du sous-bois
D’effectuer un traitement contre les Achatines
Une fois le chantier fini, la visite de terrain a permis de voir que les instructions ont bien été suivies. Sans
surprise, la zone qui était envahie par le Choka vert présentait une très faible régénération en espèces
indigènes. Par contre, l’autre moitié de la parcelle présentait une assez forte régénération naturelle (plus
élevée que dans la parcelle 1). Les 4 ouvriers ont travaillé 4 jours dans cette parcelle.
Actions à poursuivre :
-
Venir éliminer régulièrement les espèces exotiques invasives (au minimum une fois par an, au mieux
deux fois par an (une fois avant la saison des pluies, une fois juste après)).
-
Récolter les graines d’espèces rares présentes dans la parcelle, et en particulier de Croton mauritianus et
de Dombeya populnea
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Fig. 10 : zone envahie par Furcrea foetida dans la parcelle 2
Fig. 11 : zone envahie par Furcrea foetida après action de lutte. Les produits de coupe
sont laissés au sol, et les souches ont été traitées au Round up.
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2. Recherche de nouvelles zones à restaurer
Dans le cadre de ce chantier FEDD 2005, nous voulions savoir si d’autres zones de reliques de forêts semisèches étaient intéressantes en matière de restauration écologique.
Dans un premier temps, nous avons émis l’hypothèse qu’il serait intéressant de connecter les 2 zones de
restauration écologique existantes en restaurant les zones adjacentes et en créant ainsi un corridor
écologique.
Parcelle 2
Corridor écologique ?
Parcelle 1
Facilement réalisable sur une carte, cette approche théorique ne se révèle pas du tout pertinente sur le
terrain : la zone séparant les parcelle 1et 2 est tellement dégradée, qu’il faudrait des moyens considérables
pour la restaurer. En effet, la majeur partie de cette zone est aujourd’hui déboisée et en grande partie envahie
par du Raisin marron et du Galabert. Du coup, la réalisation d’un tel chantier obérerait complètement la mise
en place d’autres chantiers de restauration dans des zones beaucoup plus préservées.
Nous avons donc essayé ensuite de cibler en priorité des zones où des stations d’espèces rares avaient été
inventoriées. Nous avons donc travaillé à partir de la carte envoyée par le CBNM pour orienter les
prospections sur le terrain.
Malheureusement, la plupart des stations inventoriées se trouvent soit sur des remparts, soit dans des zones
très difficiles d’accès ou soit dans des zones très dégradées.
Une zone nous a semblé potentiellement très intéressante : elle semblait à priori facilement accessible et
possède en plus l’avantage d’être relativement proche du village d’Aurère (environ ½ h de marche). Cette
zone abrite de très nombreuses stations d’espèces rares qui avaient été inventoriées par le CBNM. Nous nous
sommes donc rendus en compagnie des ouvriers sur cette zone : il s’agit d’une zone relictuelle de forêt
semi-sèche, située au pied du rempart de la Marianne. Il s’agit peut être d’une des zones les mieux
conservées de la réserve, connues jusqu’à présent. De plus, tout le rempart qui surplombe cette zone est
encore presque entièrement boisé, contrairement aux autres zones de rempart de la réserve aujourd’hui
occupées par des graminées exotiques.
Station d’espèces rares inventoriées dans cette zone :
Pyrostria orbicularis (Bois mussard) : 8 ind.
Vepris lanceolata : 7 ind.
Zatnthoxyllum heterophyllum (Bois de poivrier des Hauts) : 5 ind.
Phyllanthus casticum (Bois de demoiselle) : 6 ind.
Psathura borbonica var. borbonica (Bois cassant) : 3 ind.
Cryptopus elatus (Liane camaron) : 2 ind.
Tarenna borbonica (Bois de pintade) : 8 ind.
Tournefortia arborescens : 4 ind.
Olax psitacorum (Bois d’effort) : 3 ind.
Hibiscus columnaris : 3 ind.
Dombeya populnea (Bois de senteur bleu) : 5 ind.
Scolopia heterophylla (Bois de tisane rouge) : 5 ind.
Clerodendrum heterophyllum (Bois de chenille) : 2 ind.
Angraecum eburneum (Petite comète)
Au total 62 individus d’espèces
rares inventoriés (62 sur 174 ind.
recensés sur l’ensemble de la
réserve)
Cette zone renferme donc 35 % des
individus d’espèces rares recensées
actuellement dans la réserve
biologique
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Fig. 12 : nouvelle zone de restauration. Située à proximité d’Aurère, à
la base du rempart de la Marianne, il s’agit d’une relique de forêt
semi-sèche dont l’état de préservation est assez exceptionnel
Fig 13 : comparée aux parcelles
expérimentales 1 et 2, cette nouvelle zone
présente une strate arbustive et herbacée
préservée, constituées essentiellement
d’espèces indigènes.
Fig. 14 :
plusieurs
espèces
d’orchidées
épiphytes et
saxicoles ont
été identifiées
dans la zone.
Ici
Angraecum
patens en
fleur
Fig. 15 : une
orchidée
abondante sur
les rochers :
Cirrhopetalum
umbellatum
Fig. 16 : Cette zone est pour l’instant très peu envahie par des espèces exotiques. L’espèce la plus présente est Lantana
camara, que l’on voit ici coupée par un ouvrier. La souche fraîchement coupée est ensuite traitée au Round Up
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Lors de la visite de terrain, la majorité des stations d’espèces rares a été retrouvée. Mais le plus surprenant
était l’état de préservation dans lequel se trouvait cet îlot forestier et la grande surface qu’il couvrait.
En effet, cette forêt est pour l’instant très peu envahie par des espèces exotiques. Les différentes strates de
végétation sont très largement dominées par des espèces indigènes :
-
-
-
la strate arborée est exclusivement occupée par des espèces indigènes, dont de nombreuses espèces très raréfiées à
l’échelle de l’île. Seuls quelques individus de Litsea glutinosa ont été observés parmi les arbres formant la
canopée.
La strate arbustive est elle aussi occupée majoritairement par des espèces indigènes. On peut noter par exemple une
forte abondance dans le sous-bois d’Erythroxylon laurifolium (Bois de rongue) et de Psathura borbonica var.
borbonica (Bois cassant). Cette dernière espèce, protégée par arrêté ministériel, est ici une des espèces dominantes
du sous-bois, alors qu’elle est très rare à l’échelle de l’île.
La strate herbacée est quand à elle dominée par des fougères indigènes, dont la plus abondante est Phymatodes
scolopendria.
Nous sommes donc loin de l’état d’envahissement et de dégradation dans lequel se trouvait les parcelles
expérimentales où a été menée la lutte contre Hiptage. Avec cet état de préservation, on peut même
considérer cet îlot forestier comme un écosystème de référence, vers lequel les opérations de restauration
dans la forêt semi-sèche doivent tenter de parvenir. Cette zone revêt donc d’une importance pour toute la
réserve, mais plus largement pour toutes les zones de forêt semi-sèche de l’île, qui sont globalement en
moins bon état de conservation.
Actions menées avec financement FEDD :
Lors de cette visite de terrain en compagnie des ouvriers, la consigne a été donnée d’éliminer les espèces
exotiques pour l’instant très peu implantée (Lantana camara, Litsea glutinosa, Plumbago zeylanicum et
Hiptage benghalensis), l’idée étant de maintenir à un très faible niveau d’invasion cette portion de forêt.
Dans un premier temps, nous avons décidé de cantonner les travaux dans la zone la plus plane et la plus
facilement accessible : elle représente une surface d’un peu moins un hectare. Nous l’appellerons parcelle 3.
Evidemment, moins il y a d’espèces invasives présentes, plus leur élimination est facile et rapide. Les quatre
ouvriers n’ont mis que deux journées pour éliminer les espèces exotiques.
Lors de la visite du chantier, il nous a donc paru indispensable de savoir jusqu’où pouvait s’étendre les
travaux de restauration. En compagnie du CBNM et d’un des ouvriers d’Aurère (Firmin Timon), nous avons
donc prospecté plus en profondeur cette zone pendant près de 3 heures où nous avons remonté le rempart,
relativement plan à sa base. Il s’est avéré que plus d’une dizaine d’hectares de forêt sèche est très facilement
accessible, où peuvent être menés des travaux de restauration. Une petite zone, où la Liane papillon
commence à envahir le sous-bois, nous a apparu prioritaire en matière d’intervention contre les espèces
exotiques. A l’exception de cette zone, cette portion de forêt sèche est très peu envahie par des espèces
exotiques. L’espèce exotique la plus présente pour le moment est Lantana camara.
Fig. 17 : cette relique de forêt semi-sèche s’étend sur
plusieurs hectares au pied du rempart
Fig. 18 : par endroit, la Liane Papillon commence à
faire son apparition. Il est urgent d’intervenir avant
qu’elle envahisse complètement cette zone
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Fig. 19:
En jaune, la nouvelle
zone (parcelle 3) qui a
fait l’objet d’une lutte
contre les espèces
invasive avec le
financement du FEDD.
En orange, la zone
potentielle d’extension
de la parcelle 3.
Sur cette carte, on voit
bien la proximité de
cette nouvelle zone avec
le village d’Aurère
Afin de savoir si d’autres zones aussi intéressantes étaient présentes dans la réserve, nous avons organisé un
survol à très basse altitude de la réserve en hélicoptère (temps de survol : 40 min). A cette occasion, nous
avons invité deux personnes du CBNM. Malheureusement, sur l’ensemble de la zone sèche de la réserve,
nous n’avons pas observé de reliques de forêts sèches s’étendant sur une aussi vaste étendue. La grande
majorité des reliques observée étaient de petites tailles et complètement fragmentées les unes des autres (v.
fig. 20). Seule une zone, qui semblait assez difficile d’accès, nous a semblé potentiellement intéressante
(pour localisation précise, v. annexe 3) : elle mérite d’être prospectée activement.
Fig. 20 : exemple de
petit îlot de forêt sèche
présent dans la réserve.
Tout autour, la
végétation originelle est
détruite et aujourd’hui
remplacée par des
graminées exotiques.
☛ par conséquent, la relique de forêt où se trouve la parcelle 3 doit dorénavant être la
priorité en matière de restauration écologique dans la réserve biologique. L’objectif est de
tout mettre en œuvre pour éviter que cette zone, pour l’instant très peu envahie, ne dérive
vers un niveau d’invasion qui deviendrait incontrôlable.
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3. Reboisement en espèces indigènes
Deux zones de plantations, d’une surface d’environ 0,5 ha chacune, se situent juste à proximité des parcelles
expérimentales de lutte contre la Liane Papillon. Elles ont été réalisées avec des espèces indigènes, dont les
graines ont été récoltées dans la réserve et dont les plants ont été produits à la pépinière d’Aurère.
Dans un compte-rendu interne daté d’août 2000, Pierre Sigala, botaniste à l’ONF, indique qu’environ 1/3
seulement des plants a survécu, en citant les espèces encore présentes : Olea europea, Pittosporum senacia,
Cassine orientalis, Cossigna pinnata et Dodonea viscosa. Il signale également qu’une grande partie de ces
deux plantation est envahie par le Raisin marron et la Liane Papillon. Il préconise donc un dégagement de
ces espèces invasives au plus vite.
Malgré ces recommandations, aucune action n’a été entreprise dans ces deux zones de plantations.
Bilan de ces plantations
Sans contrôle régulier des espèces exotiques, les deux plantations sont aujourd’hui logiquement
complètement envahies et en particulier par Rubus alceifolius (Raisin marron). Cette dernière, qui est un
arbuste lianescent épineux, nous a empêché de rentrer dans les parcelles afin de vérifier si des plants étaient
encore vivants.
Fig. 21 : Zone de
plantation
complètement
recouverte par
Rubus alceifolius.
Actions menées avec financement FEDD :
Avec le budget imparti, il n’était pas possible de réaliser à la fois l’entretien de ces zones de plantations
(dont l’invasion par Rubus nécessitait plusieurs jours de dur labeur) et les actions de lutte contre les espèces
invasives dans les parcelles expérimentales.
Nous avons donc décidé de ne pas entreprendre l’entretien de ces plantations avec le financement du FEDD.
Nous préconisons d’abandonner complètement ces plantations et de ne plus en entreprendre de nouvelles
dans la réserve biologique, afin de canaliser les moyens humains et financiers sur la lutte contre les plantes
invasives dans les reliques de forêt semi-sèche. Les plantations au sein de la réserve nécessitent en effet des
moyens considérables et une logistique très lourde (transport des plants en hélicoptère, …) alors qu’il
n’existe pas véritablement d’urgence à les réaliser contrairement à la lutte contre les invasives dans les
reliques de forêts semi-sèche, indispensable pour leur maintien à moyen terme.
Nous préconisons alors de ne réserver les plantations d’espèces indigènes récoltées dans la réserve qu’au
niveau du boisement de Filaos situé à Aurère. Sa proximité avec le village (moins de deux minutes de
marche) facilite énormément la mise en œuvre et le suivi des plantations. De plus, la présence d’un couvert
arboré déjà présent optimise le succès des plantations entreprises (v. chap. 4).
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4. Transformation progressive du boisement de Filaos en forêt de Bois de
couleurs
Un boisement de Casuarina cunninghamiana (Filao Nouvelle Hollande) de plusieurs hectares se trouve en
bordure du village d’Aurère et fait office de zone tampon entre la réserve et le village.
Le sous-bois de ce boisement étant complètement envahi par des espèces exotiques (en particulier par
Lantana camara et Rubus alceifolius), des dégagements ont commencé a être entrepris il y a un peu plus de
deux ans. Lors de ces dégagements, il a été constaté une régénération assez importante d’espèces indigènes,
qui avaient donc réussi à recoloniser cette zone depuis les zones de végétation indigène environnantes.
Au moins deux hectares de sous-bois de ce boisement ont donc fait l’objet d’une lutte contre les espèces
exotiques envahissantes et les espèces indigènes ainsi dégagées ont été soigneusement préservées.
Des plantations d’espèces indigènes ont également été effectuées au niveau de chablis occasionnés par le
cyclone Dina.
Lors de la visite de terrain, nous avons pu constater que la régénération en espèces indigènes était assez
abondante. Raisonnablement, une transformation très progressive de ce boisement de Filao en Bois de
couleur semble techniquement réalisable. En matière de conservation de la biodiversité, ce boisement
pourrait également permettre de multiplier les espèces rares de la réserve biologique, dont de nombreuses
apparaissent aujourd’hui condamnées dans leur milieu naturel, ne se régénérant plus naturellement.
D’un point de vue touristique et pédagogique, cela constituerait un « atout » de plus dans le village
d’Aurère : un sentier botanique pourrait y être aménagé dans le but de faire découvrir les espèces indigènes
du cirque, pour que les visiteurs et les jeunes mafatais puissent reconnaître ensuite ces espèces lors de leurs
marches dans le cirque.
Pour le moment, plus d’une dizaine d’espèces indigènes ligneuses issues de régénération naturelle ont été
inventoriées dans les zones où le sous-bois a été dégagé des pestes végétales. Il s’agit en majorité d’espèces
pionnières ou post pionnières. Elles se disséminent soit par le vent (Agauria, Nuxia, ..), soit par les oiseaux
(Aphloia, Doratoxylon, …).
-
Aphloia theiformis (Change écorce)
Olea lancea (Bois d’olive blanc)
Pittosporum senacia (Bois de Joli cœur)
Pleurostylia pachypholia (Bois d’olive gros
peau)
Doratoxylon apetalum (Bois de gaulette)
Agauria salicifolia (Bois de rempart)
Nuxia verticilata (Bois maigre)
Ocotea obtusata (Bois de cannelle)
Turrea thursiana (Bois de quivi)
-
Dodonea viscosa (Bois d’arnette)
Allophyllus cobbe (Bois de merle)
Antihrea borbonica (Bois d’osto)
Scutia myrtina (Bois de sinte)
Coffea mauritiana (Café marron)
Toddalia asistica (Patte poule piquant)
Chassalia gaertnoides (Bois de corail)
Euodia borbonica (Catafay)
Smilax anceps (Liane croc de chien)
Quelques espèces exotiques envahissantes ont tendance à envahir à nouveau le sous-bois (Rubus alceifolius,
Lantana camara Ageratina riparia, Solanum mauritianum, Rubus fructicosus, …) mais leur invasion reste
très maîtrisable, car les feuilles de filaos et le couvert arboré limitent beaucoup le retour des pestes végétales
une fois qu’elles ont été éliminées. Des lianes exotiques ont également tendance à s’installer sur les ligneux
indigènes ayant réussi à s’installer en sous-bois, pouvant conduire à leur mort : il s’agit en particulier de
deux espèces de Passiflore : Passiflora suberosa et Passiflora edulis. Des dégagements réguliers de ces
lianes sont donc nécessaires afin de conserver tous les plants d’espèces indigènes revenus dans la zone. Le
développement de certains arbres exotiques sont également assez inquiétants : c’est le cas en particulier de
deux espèces : Michelia champaca (Champac) et Morus alba (Murier).
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
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Fig. 22 : Zone avec une forte
régénération d’espèces indigènes
Fig. 23 : Zone avec une plus faible régénération indigène.
Cependant, les feuilles de filaos freinent également
considérablement le développement des espèces exotiques invasives
Fig. 24 : Souvent, dans le sous bois, la régénération
naturelle d’espèces indigènes dépasse 1 plant / m².
Ici, régénération naturelle d’Olea lancea (2 individus)
et Allophyllus cobe (1 individu)
Fig. 26 :
Dans les trouées, le
développement des
espèces exotiques
héliophiles est très
important. C’est le
cas en particulier de
deux espèces : Raisin
marron (ici sur la
photo) et le
Galabert. Quelques
trouées ont déjà été
travaillées, les
rémanents mis en
andains. Par contre,
les plantations
effectuées ne sont
pas assez denses et
des espèces
pionnières auraient
dues être privilégiées
dans le choix
Fig. 25 : Des dégagements réguliers des lianes exotiques
sont nécessaires pour éviter la mort des espèces
indigènes revenues naturellement dans le sous – bois
Fig. 27 : Eugenia mespiloides, récolté dans la réserve et
planté dans une trouée. Il aurait été préférable de planter
cette espèce dans le sous-bois : les plants installés dans la
trouée ont presque tous grillés à cause du soleil.
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Instruction données aux ouvriers
Lors de l’expertise de ce boisement, il a été donné comme consignes aux ouvriers qui m’accompagnaient :
-
1. De dégager les espèces indigènes présentes dans le sous-bois où les fourrés d’exotiques avaient été
éliminés (enlever les lianes exotiques, éliminer les espèces exotiques autour des espèces indigènes)
2. D’éliminer les ligneux exotiques qui commencent à envahir : le Champac et le Murier en priorité
Fig. 28 : Une partie du sous bois dégagée grâce au
financement du FEDD. Dans les zones de fortes
luminosité, le Bringellier marron (Solanum
mauritianum) aurait pu être conservé de façon
transitoire afin de garder un léger couvert dans le but de
protéger du soleil les jeunes plants d’espèces indigènes
Fig. 29 : D’importantes surfaces du sous-bois sont encore
envahies par le Galabert et le Raisin marron. Quand on
cherche bien , on trouve dans le fourré d’exotiques de
nombreuses espèces indigènes. L‘élimination des espèces
exotiques au sein de ce boisement pourrait constituer un
excellent chantier à réaliser avec le personnel en insertion.
Actions à poursuivre :
-
Dans les zones où les fourrés d’exotiques ont déjà été éliminées dans le sous-bois :
➥ venir éliminer régulièrement les espèces exotiques qui gènent la croissance des espèces indigènes
ayant réussi à coloniser la zone. Cette action peut être menée deux fois par an par les équipes
d’insertion.
-
Dans les trouées en cours de cicatrisation :
➥ densifier les plantations actuelles et venir contrôler 2 fois par an le développement des espèces
exotiques héliophiles (rem : le Bringellier marron peut être conservé de façon transitoire afin d’assurer
une protection des plants contre le soleil, cette espèce s’éliminant très facilement par la suite). Nous
préconisons pour la plantation l’utilisation d’espèces indigènes pionnières telles que Dodonea viscosa,
Nuxia verticillata, Antirhea borbonica, Aphloia theiformis,…. Des espèces rares, au comportement
pionnier, telles que Poupartia borbonica, pourraient également être utilisées (il faudra alors demander
les autorisations nécessaires pour effectuer la récolte des graines et la plantation des espèces protégées).
-
Pour les trouées actuellement envahies par des espèces exotiques :
➥ éliminer les espèces exotiques et réaliser une plantation d’espèces indigènes pionnières à très forte
densité (au moins deux plants par m²). La surface qu’il est possible de réaliser chaque année par an va
dépendre étroitement du nombre de plants disponibles en pépinière.
-
Dans les zones de sous-bois encore envahies par les espèces exotiques :
➥ éliminer les espèces exotiques en prenant soin de conserver les espèces indigènes présentes dans le
fourré d’exotiques. Un nouvel hectare par an peut être programmé annuellement : il s’agit d’un excellent
chantier pour les équipes en insertion.
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5. Pépinière d’Aurère
Une petite pépinière se trouve à Aurère, juste à côté de la maison forestière. Elle permet actuellement la
production d’espèces indigènes récoltées dans la réserve de Bras des Merles, qui servent au travaux de
reboisement et de restauration écologique dans le secteur d’Aurère.
Pour l’instant environ 6 000 plants sont produits par an, mais selon l’agent et l’ouvrier pépiniériste, il serait
possible de produire au moins 10 000 plants par an.
Une visite rapide de cette pépinière avec l’agent et l’ouvrier pépiniériste nous a permis de constater la
précarité de cette pépinière et le manque de matériel nécessaire pour produire correctement des plants.
Fig. 30 : vue de l’extérieur de la pépinière
Fig. 31 : vue de l’intérieur de la pépinière. On peut voir entre
autre, l’ombrière qui a été arrachée par un hélicoptère passé trop
près. On peut également voir les godets en polystirène qui avaient
été essayés dans cette pépinière et qui sont à abandonner car ils ne
sont vraiment pas pratiques
Nous avons donc profité du financement du FEDD pour améliorer la pépinière d’Aurère en effectuant
plusieurs achats effectués selon les demandes de l’agent :
-
ombrière pépinière : 4* 10 m
10 000 sachets horticoles
Dursban 5 g (insecticide du sol) : 9 bidons d’1 kg.
Engrais retard : 3 * 25 kg
2 arroseuses oscillantes
12 sachets de 20 kg de fumiers de cheval
Fig. 32 : M. Baroin,
Ministre de l’Outre Mer
qui visite la pépinière
d’Aurère en compagnie
du Maire de La
Possession, du DR de
l’ONF Réunion et du
responsable territorial
de Mafate en novembre
2005. Avec les achats
effectués avec le FEDD
2005, la prochaine fois
qu’un ministre de
l’Outre Mer visitera la
pépinière, il sera encore
plus enthousiaste
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
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6. Récolte de graines
Pour produire des plants en pépinière, il faut commencer par récolter des graines. Facile a dire, plus difficile
a faire ! En effet, la principale difficulté est d’organiser la récolte de graines pendant que les fruits sont à
maturité, sachant que toutes les espèces ne fructifient pas en même temps.
Nous avons donc donné comme consigne aux ouvriers pendant le mois où ils travaillaient dans la réserve de
récolter les graines de toutes les espèces indigènes possibles. Malheureusement, très peu étaient en fruit à ce
moment-là : seules deux espèces ont par conséquent été récoltées : Indigofera ammoxylon et Cassine
orientalis.
Fig. 33 : Récolte périelleuse de
graines de Bois de sable (Indigofera
ammoxylon) par Firmin Timon,
l’ouvrier pépiniériste. La majorité de
graines avait déjà été mangée par un
oiseau exotique envahissant :
Pycnonotus jocosus (Bulbul orphée)
Pour un grand nombre d’espèces rares de la réserve, leur survie dépend en partie de leur multiplication exsitu, car elles connaissent pour la plupart des problèmes de régénération dans leur milieu naturel. Des
récoltes de graines sont donc à organiser, d’autant plus que l’ouvrier pépiniériste connaît l’emplacement
exact de la plupart des stations d’espèces rares de la réserve. Sur ce volet, une collaboration peut être
développée avec le CBNM. Pour le moment, en dehors des espèces rares qui se trouvent dans les parcelles
de restauration, il est urgent d’effectuer une récolte de graines de la seule station de Latanier rouge (Latania
lontaroides) connus dans la réserve.
Fig. 34 : vue depuis
hélicoptère de la station à
Latania lontaroides. Une
des seules stations connues
de Latanier rouges à l’état
sauvage dans l’île !
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
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Annexe 1 : Récapitulatif des dépenses
FEDD 2005 - OPERATION INTERVENTION DANS LA RESERVE BIOLOGIQUE DU BRAS DES MERLES - LUTTE CONTRE LES INVASIVES
FICHE BILAN DES DEPENSES DE L'OPERATION N° 05-60-37-9015 (Poste analytique: PTSX)
Type de dépenses constatée
Ouvriers forestiers nov 2005
Ouvriers forestiers déc 2005
Temps personnels fonctionnaires et assimilés nov 2005 Jacques Primet
Temps personnels fonctionnaires et assimilés déc 2005 Jacques Primet
Temps personnels fonctionnaires et assimilés déc 2005 Bernard Devaux
Temps personnels fonctionnaires et assimilés déc 2005 JeanLuc Fontanel
Temps contractuel Cat A Julien Triolo
Déplacements Julien Triolo
Temps personnels fonctionnaires et assimilés déc 2005 Alain Brondeau
Quantité
Unité
Prix unitaire
applicable
60
720
0,5
2
2
0,5
8,5
heure
heure
jour
jour
jour
jour
jour
19,07
19,07
455,00
455,00
378,00
591,00
459,00
1
jour
902,00
Fournitures CAT OI Le Chaudron
Travail aérien (transfert par hélico) Hélilagon
Fournitures HORTIBEL
Fournitures COROI/SREPC
Fournitures CAT OI
Fournitures SOUD SERVICE
Fournitures COROI/SREPC
Fournitures documentation CBN Mascarin
Fournitures documentation L'Entrepôt
Fournitures GAMM VERT
Survol de la réserve en hélicoptère (45 min) Hélilagon
TOTAL
DEPENSES
RELIQUAT
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
Total alloué:
Allocation:
27 000,00
20 000,00
Sous total HT Ventilation hors
PF
Allocation:
7 000,00
Ventilation PF
1 144,20
13 730,40
227,50
910,00
756,00
295,50
3 901,50
66,45
902,00
1 144,20
13 730,40
581,00
375,00
619,08
198,00
622,65
169,69
198,00
137,60
432,44
537,14
1 225,00
581,00
375,00
619,08
198,00
622,65
169,69
198,00
137,60
432,44
537,14
1 225,00
27 029,15
19 970,20
7 058,95
- 29,15
29,80
-58,95
227,50
910,00
756,00
295,50
3 901,50
66,45
902,00
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Annexe 2 : Proposition d’actions à inscrire dans
la programmation annuelle travaux sylvicoles
Intitulé actions
Niveau
Type ouvriers
de
pouvant intervenir
priorité
Fréquence des interventions
Actions dans la RB
Contrôle régulier des espèces
invasives dans la nouvelle zone
de restauration (parcelle 3)
1
Ouvriers permanents
qualifiés uniquement
Récolte de graines dans la RB
1
Ouvrier pépiniériste
Récolte de graines de Latanier
rouge
1
Badigeonnage goudron de
norvège sur arbres écorcés le
long du sentier
Contrôle régulier des espèces
invasives dans les parcelles
expérimentales 1 et 2
Elimination des arbres exotiques
naturalisés (Acacia mearnsii et
Casuarina equisitifolia) présents
le long du sentier
1
Ouvrier pépiniériste
(qui est déjà allé sur la
station)
Ouvriers en insertion
(dans le cadre entretien
de sentier)
Deux fois par an.
1 ha supplémentaire à programmer tous
les ans (en ciblant en priorité la petite
zone envahie par Liane Papillon)
1 journée par mois à allouer
spécifiquement pour la récolte de
graines. Créer un ligne de chantier
spécifique pour cette opération
Action à mener au plus vite
Action à réaliser dans le cadre de
l’entretien du sentier de Bras des
Merles
2
Ouvriers permanents et
Deux fois par an.
ouvriers en insertion
2
Ouvriers en insertion
Action ponctuelle à programmer en
(dans le cadre entretien
2006
de sentier)
Transformation progressive du boisement de Filaos
Dégagement des espèces
invasives dans les zones de
sous-bois déjà traitées
Densification et entretien des
plantations présentes
actuellement au niveau des
zones de chablis
Elimination des espèces
exotiques présents en sous bois,
en préservant les espèces
indigènes présentes
Cicatrisation de nouvelles zones
de chablis envahies, en réalisant
des plantations très denses avec
des espèces indigènes
pionnières.
2
2
3
3
Ouvriers en insertion
A effectuer au minimum une fois par an
Au préalable, un relevé au GPS des
zones déjà plantées serait nécessaire
Ouvriers permanents et
pour préciser le coût de actions.
ouvriers en insertion
A programmer un entretien des
plantations au minimum une fois par an
Possible de programmer un hectare
supplémentaire tous les ans (prévoir la
Ouvriers en insertion
même année un dégagement de ce
nouvel hectare)
Au préalable, un relevé au GPS des
Ouvriers permanents et
zones déjà plantées serait nécessaire
ouvriers en insertion
pour préciser le coût de actions.
FEDD 2005 – Restauration écologique dans la réserve biologique de Bras des Merles - Bras Bémale – J. TRIOLO, janvier 2006.
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Annexe 3 : Carte de localisation des actions
Station de
Latanier rouge
Parcelle 2
Parcelle 1
Zones de
plantation
Parcelle 3
(nouvelle parcelle 2005)
Zone d’extension
potentielle de la
parcelle 3
Zone de
restauration
potentielle
Boisement de Filaos
en cours de
transformation
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Boisement de Filao
Zone
extension
parcelle 3
Zone de
restauration
potentielle
Parcelle 3
Plantation
Parcelle 1
Plantation
Station de
Latanier
Parcelle 2
Limite de
la réserve
biologique
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