Nutrition Aliments et médicaments Gérard B., âgé de 75 ans, d’origine alsacienne, a présenté il y a deux ans des signes pouvant faire craindre une angine de poitrine. Quelles en étaient les causes ? Le mode alimentaire avait-il une incidence ? Le diagnostic a été confirmé par une scintigraphie d’effort au thallium. L’ examen permet de visualiser et d’apprécier la souffrance du cœur lors d’un effort dans l’intensité de l’action musculaire, grâce à l’injection intraveineuse d’un produit radioactif : le thallium. En 1995, donc après cet examen, Gérard B. a d’abord subi une dilatation, par ballonnet, de son artère interventriculaire antérieure. La dilatation n’ayant pas suffi, on lui a posé un stent artériel (une sorte de ressort empêchant l’artère de se contracter et de se boucher). Depuis cette époque, Gérard va bien, grâce, entre autres, à un traitement anticoagulant : l’acénocoumarol (Sintrom®). Malgré une augmentation des doses, jusqu’à 1 comprimé par jour, son taux de prothrombine (TP) est normalement compris entre 25 et 35 %. Son International Normalized Ratio (INR), permettant de vérifier l’état du sang, compris entre 2,5 et 3,5, n’est pas bon. L’équilibre, impossible à trouver, laisse perplexes ses médecins. L’hypocoagulation est quasi impossible, aucune association médicamenteuse n’est en cause, aucune autre raison n’est retrouvée, alors... Chercher l’erreur Il faut chercher l’erreur dans... l’alimentation. D’origine alsacienne et italienne, Gérard B. consomme habituellement des choux, des oi- gnons et des brocolis. Et ces aliments sont très riches en vitamine K. Solution : Sintrom® ; comme tous les anticoagulants oraux de sa classe, il fluidifie le sang en agissant comme antagoniste de la vitamine K. C’est cette vitamine qui est le pilier de la coagulation. Dans l’alimentation, lors d’un régime normal, elle se trouve déjà absorbée en très grande quantité (une consommation moyenne de 300 à 400 µg/j pour des besoins journaliers réels de 70 µg). Cette “surconsommation normale” annihile ainsi les effets de médicaments anticoagulants tels Sintrom® ou encore Préviscan®. Et la consommation excessive de certains mets augmente alors encore ce phénomène. Parmi les aliments à éviter, on trouve principalement les épinards, les navets, les choux, les choux de Bruxelles, les avocats et brocolis, mais aussi les oignons, le soja, les salades, le foie de porc et de volailles, le persil et le thé vert. En cas de traitement anticoagulant oral à base d’antivitamines K, l’infirmière peut conseiller d’éviter tous les médicaments à base d’acétylsalicylate (aspirine) à cause du risque d’hémorragie, et leur préférer les paracétamols (Doliprane®, Febrectol® ou Efferalgan®). Il faut également conseiller d’éviter ou de limiter la consommation des aliments précités et leur préférer ceux d’origine animale, mais aussi les fruits et les céréales. A quoi sert l’INR ? L’INR sert à déterminer le taux d’IGe en cas d’allergie, à mesurer le taux de coagulation du sang ou à tester le pH gastrique à jeun. Appelé à remplacer le taux de prothrombine, l’INR est désormais couramment employé pour mesurer le taux de coagulation d’un patient sous traitement antivitamine K. Présentant une maladie cardiovasculaire, un malade doit souvent subir pendant plusieurs mois des médicaments de type antivitamines K. Un sang plus fluide améliore la circulation et peut stabiliser un état critique, la vitamine K étant un des piliers de la coagulation sanguine. Équilibrer le taux n’est pas toujours chose facile. ●●● 41 LIBÉRALE ●●● La coagulation est mesurée à partir d’un sang par rapport au sang d’une personne non traitée. Ainsi, la mesure est exprimée en pourcentage et représente le taux de prothrombine. Pour que le traitement soit jugé efficace, le taux doit être compris entre 25 et 35 %. Malheureusement, la valeur mesurée du taux de prothrombine dépend beaucoup du réactif employé. Afin de fiabiliser cet examen, des normes internationales ont été établies sous le nom d’INR. Comment est déterminé l’INR ? A chaque réactif utilisé, est attribué un indice de sensibilité. La valeur est calculée à partir du temps de coagulation, ou temps de Quick, du patient testé, divisé par le temps de Quick du témoin rapporté à l’indice de sensibilité internationale (ISI défini et normalisé). Le chiffre ainsi obtenu varie de 0 à 5 ; la valeur thérapeutique de l’indice doit être comprise dans une fourchette de 2 à 3. Technique Afin d’obtenir un résultat fiable, l’examen doit être pratiqué dans les quatre heures suivant le prélèvement et sur un plasma non coagulé. Il faut veiller aux interactions médicamenteuses. En même temps que les antivitamines K, il faut éviter de prendre des médicaments susceptibles de modifier le métabolisme de cette vitamine. De même que certains antibiotiques à large spectre qui, en modifiant la flore intestinale, diminuent l’absorption de la vitamine, l’aspirine comme l’allopurinol, les clofibrates ou la phénylbutazone potentialise l’hypocoagulation. D’autres médicaments sont des hypercoagulants, comme les antithyroïdiens, l’halopéridol, les contraceptifs, les œstrogènes ou barbituriques. A côté des interactions médicamenteuses, certains aliments peuvent modifier le TP et l’INR comme c’est le cas pour Gérard. Cet examen peut être pratiqué sur un patient qui n’est pas à jeun. L’acte, coté B 20, coûte 258 F et est remboursé par la Sécurité sociale. Obtenu en 10 minutes à peine à l’analyseur, le résultat permet d’adapter rapidement les doses d’antivitamines K. Dr J. Bidart Brèves… Brèves… Brèves… Brèves… Brèves… Infirmières dans la rue... Les infirmières sont descendues dans la rue avec les autres professionnels de santé pour dénoncer le manque de moyens et la dégradation des conditions de travail. La CNI dénonce particulièrement “le glissement des tâches, la déqualification des actes, l’insécurité pour les patients et le personnel, la rentabilité imposée à la santé, la discrimination selon les pathologies ou l’âge...” Pour les libéraux, la CNI propose un aménagement du seuil d’activité en demandant l’annulation des reversements, l’augmentation tarifaire pour la prise en charge des soins ainsi que pour les déplacements, en respectant l’évolution croissante des frais annexes pris en charge par les infirmiers libéraux. Elle demande également l’assurance du maintien de l’exercice libéral en maison de retraite et au sein des réseaux. Des exigences concernant l’infirmière hospitalière ont aussi été exprimées. Seule la Direction des hôpitaux a accordé une entrevue aux infirmiers. 42 Alliance maladies rares Trente-huit associations de malades et parents de malades se sont rassemblées pour créer l’Alliance maladies rares. C’est un collectif national d’associations représentant d’ores et déjà environ 700 maladies différentes et 900 000 malades. Longtemps ignorées des médecins, des chercheurs et des politiques, les maladies dites rares affectent chacune moins d’une personne sur 2 000. Au-delà de la diversité des maladies (myopathies, rétinites, mucoviscidose...), des situations et des difficultés communes existent qui permettent d’envisager des recherches biomédicales, le développement de médicaments, l’information et la formation, le diagnostic et la prise en charge du malade... L’Alliance se veut l’aiguillon et l’interlocuteur des pouvoirs publics afin de mieux peser ensemble sur les décisions de santé. Alliance maladies rares : 01 44 16 27 27.