2-6 NOV. - Théâtre de Sète

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Photo : ©31-Maurizio Cattelan, Ave Maria 2007, photo Axel Schneider
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REVUE DE PRESSE
2 - 6 N O V.
LA RÉSISTIBLE ASCENSION D’ARTURO UI
BERTOLT BRECHT • DOMINIQUE PITOISET
CRÉATION THÉÂTRE
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Brecht contre le populisme au théâtre des
Gémeaux
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Philippe Chevilley / Chef de Service | Le 14/11 à 06:00, mis à jour à 12:59
Brecht contre le populisme au théâtre des Gémeaux ©Cosimo Micro Magliocca
Au lendemain de l'élection de Donald Trump, difficile de ne pas penser à
sa « résistible » ascension , en assistant à la première de « La Résistible
ascension d'Arturo Ui » à Sceaux, mise en scène par Dominique Pitoiset.
D'autant que la fable-farce de Brecht sur la montée d'un apprenti
dictateur se situe à Chicago. Très vite, il apparaît toutefois qu'il y a peu
en commun entre le démagogue-milliardaire-star de télé-réalité devenu
Président des Etats-Unis et le monstre Ui, mix d'Hitler et d'Al Capone,
imaginé en 1941 par le dramaturge allemand. Pour conquérir le pouvoir,
Trump n'a pas eu besoin de passer un accord avec un cartel (de
commerçants) ni de semer la terreur en trucidant ses ennemis gênants.
TORRETON EN DICTATEUR MODERNE
Pour autant, le metteur en scène a bien cherché à mettre la lamentable
histoire d'Arturo UI au présent. Pitoiset transpose la pièce dans un
monde globalisé, sur fonds d'images d'actualité européennes et
françaises (le « Nabucco » protestataire de Ricardo Muti en 2001; les
violences durant les récentes manifestations contre la loi Travail ; un
meeting du FN -ou des Républicains- noyé sous les drapeaux bleublanc-rouge). Le spectacle entend dénoncer avec force la montée des
populismes et de l'extrême droite, alimentée par la crise économique, la
corruption politique et la folie financière.
14 NOV.2016
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L'impressionnant décor mixant salle de réunion, salle des coffres et
morgue, la mise en scène millimétrée -ponctué de pantomimes
grotesques-, une direction d'acteurs acérée, servent ce parti pris de
satire radicale. En faisant appel de nouveau à Philippe Torreton
(remarquable interprète de son « Cyrano »)- Dominique Pitoiset a tiré le
gros lot. Brutal, madré et cynique à souhait, le comédien campe un
dictateur « universel », effroyablement actuel. Ses complices -neuf
comédiens aguerris- revêtent avec brio le costume trois pièces (ou le
tailleur) des malfrats modernes, tirant la pièce vers davantage d'ironie
mordante et de noirceur.
Les effets sont volontiers appuyés : l'acteur livré nu en pâture pour aider
Ui à parfaire son éloquence ; le tonitruant meeting final porté par une
nouvelle devise républicaine : « Autorité, Inégalité, Identité »... Pitoiset
ne fait pas dans la dentelle. Son spectacle rageur se heurte parfois aux
faiblesses du texte de Brecht, décousu et un brin daté. Mais il marque
les esprits, il dérange, il alarme. Si près de 2017, il n'est plus temps de
barguigner...
Théâtre : « La Résistible ascension d'Arturo Ui », de Bertolt Brecht MS
de Dominique Pitoiset. Les Gémeaux, Sceaux, 10 au 27 nov. (01 40 33
79 13)
@pchevilley
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14 NOV.2016
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Théâtre: la résistible ascension du populisme de
Brecht à Sceaux
Le metteur en scène Dominique Pitoiset, le 11 octobre 2006 au Théâtre national de Bordeaux (AFP/PIERRE ANDRIEU)
Dominique Pitoiset et Philippe Torreton, complices d'un "Cyrano de Bergerac" triomphal depuis 2013,
se retrouvent pour une pièce virulente contre la montée du populisme, "La résistible ascension d'Arturo
Ui" de Bertold Brecht.
La pièce glaçante de Brecht, créée en 1941 dans une allusion transparente au nazisme et à Hitler,
montre comment une clique mafieuse (Arturo Ui et ses seconds "Rom", "Goebbel" et "Göri") s'empare
d'un pouvoir affaibli et miné par la corruption.
Le metteur en scène Dominique Pitoiset a campé sa pièce dans un décor sinistre, entre morgue et
conseil d'administration d'une grande entreprise. Autour de l'immense table, les hommes en costumecravate du "Cartel" cèdent au chantage de Ui: s'ils ne consentent pas à ses demandes, il sèmera le
chaos dans le commerce.
Chaque meurtre se traduit par l'apparition d'un corps dans un des casiers de la morgue, un rituel qui
n'est pas sans rappeler celui des "Damnés" mis en scène par Ivo van Hove avec la Comédie-Française.
La pièce de Brecht, tout comme "Les Damnés" de Visconti, colle étroitement à l'actualité de son
époque, de la nuit de Cristal à l'incendie du Reichstag en passant par l'Anschluss. Mais comme Ivo van
Hove, Dominique Pitoiset entend nous parler d'aujourd'hui.
Il actualise ainsi la pièce, en projetant par exemple des images des manifestations contre la loi travail
avec ses affrontements entre policiers et manifestants du Black Bloc.
Tant le décor impressionnant que le jeu des dix comédiens, dont un Torreton parfait en dictateur aussi
cynique que rusé, donnent une grande efficacité à la pièce de Brecht. Mais le décalage entre le texte,
clairement daté historiquement, et le propos très engagé du metteur en scène finit par gêner.
Le message est extrêmement démonstratif, jusqu'à une scène finale où le dictateur s'avance à la tribune
sous un immense drapeau bleu-blanc-rouge, où la devise républicaine fait place à "Autorité, inégalité,
identité".
"La résistible ascension d'Arturo Ui", jusqu'au 27 novembre au Théâtre des Gémeaux à Sceaux (Hautsde-Seine), puis en tournée
AFP
14 NOV.2016
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Philippe!Torreton!dans!la!peau!d’Arturo!Ui!!
5 novembre 2016/dans A voir, Annecy, Brest, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dijon, Grenoble, La Rochelle, Les
critiques, Marseille, Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Etienne, Théâtre, Valenciennes /par Stéphane Capron
© Cosimo Mirco Magliocca
Philippe Torreton est de retour sur les planches. Après avoir triomphé dans Cyrano, le voici dans La
Résistible Ascension d’Arturo Ui de Brecht. La pièce créée à la Scène Nationale du Bonlieu à Annecy va
tourner en France pendant toute la campagne électorale. Et ce n’est pas un hasard…
Arturo Ui regarde une vidéo du chef d’orchestre Ricardo Mutti dirigeant le Nabucco de Verdi à Rome. C’était
le 12 mars 2011, un soir de première, d’où est tombée du poulailler une pluie de tracts dénonçant les coupes
dans le budget de la culture imposées par le gouvernement de l’époque dirigé par Berlusconi. Nabucco, œuvre
politique sur l’esclavage des juifs à Babylone dont le fameux Chœur « Va pensiero » évoque les opprimés.
Première scène choc d’un spectacle éminemment politique et revendiqué comme tel par son metteur en
scène qui fait usage de beaucoup de références à l’actualité. Dominique Pitoiset projette des images récentes des
violences contre les policiers en marge des manifestations anti loi du travail, des images qui s’achèvent par
l’incendie du Reichtag. « Les violences urbaines étaient déjà à l’ordre du jour du côté des SA, des fascistes et
des nazis » souligne le bouillonnant metteur en scène. « Il fallait mettre le feu à la rue pur déstabiliser le
pouvoir en place et accéder au pouvoir. »
5 NOV. 2016
Philippe Torreton dans Arturo UI © Cosimo Mirco Magliocca
D’un bout à l’autre de la pièce, les phrases de Brecht entrent en résonance avec 2016. Dominique Pitoiset a compacté le
texte et gommé les allusions historiques à la pègre américaine (Brecht écrit la pièce en 41 et s’inspire à la fois de Hitler et
de Al Capone pour bâtir son personnage.) Il immerge Ui dans notre époque sur fond de musique industrielle signée du
groupe allemand Ramstein. Arturo Ui se sert du désarroi du peuple pour arriver au pouvoir et dénonce la corruption
du système politique en place. C’est exactement le schéma utilisé par les partis nationaux qui fleurissent en Europe.
Quand la fiction rejoint la réalité.
Le texte est celui de Brecht et pourtant au détour des phrases on a l’impression que certaines phrases ont été prononcées
récemment par nos politiques. On croit discerner dans les personnages tel ou tel candidat de la future Présidentielle. Alors
forcément Philippe Torreton nage comme un poisson dans l’eau dans cette farce politique féroce. Un acte politique
pour le comédien qui laisse cependant aux spectateurs le soin de se faire sa propre idée. « Ce spectacle est une patate
chaude » lance-t-il avec un air perfide. « On dit au public de se démerder avec, nous on l’a joué, à vous de penser ! » La
pièce va faire débat, c’est certain pendant sa longue tournée.
Dans Cyrano, Dominique Pitoiset avait placé l’action dans un hôpital psychiatrique clinique, le décor d’Arturo Ui est tout
aussi glaçant. Il s’agit d’une morgue d’où sortent des cadavres. Les effets tombent parfois un peu dans la facilité, les bords
du plateau s’allument pour signifier une alarme, Arturo enlace l’un de ses partisans dans un slow langoureux, il dessine une
croix gammée avec les cendres de Dolfus. La mise en scène va certainement gagner en rythme au fil de la tournée.
On tue, on égorge. Et on se fige lorsque dans la dernière scène Ui s’adresse au public dans un discours à la Nation, muet,
mais dont les mots les plus forts sont projetés sur un écran. Autorité. Inégalité. Identité. « Alors c’est qui Ui ? » La mise en
scène de Dominique Pitoiset pose la question, sans donner la réponse. Mais chacun a sa petite idée derrière la tête.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
5 NOV. 2016
La résistible ascension d’Arturo Ui
mise en scène et scénographie Dominique Pitoiset avec Philippe Torreton dans le premier rôle et Daniel
Martin,Pierre-Alain Chapuis,Hervé Briaux,Nadia Fabrizio,Thierry Caens,Gilles Fisseau,Adrien Cauchetier, JeanFrançois Lapalus, Martine Vandevilleet
production déléguée Bonlieu Scène nationale Annecy
production Bonlieu Scène nationale Annecy, Compagnie Pitoiset – Dijon
coproduction Les Gémeaux – Scène Nationale-Sceaux, Centre national de création et de diffusion culturelles
Châteauvallon, MC2 – Grenoble, Espace Malraux scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Théâtre de
Cornouaille – Centre de création musicale Scène nationale de Quimper
avec le soutien exceptionnel de la Région Auvergne – Rhône-Alpes.
Durée: 2h
Bonlieu Scène nationale Annecy
MER.2 | JEU.3 | VEN.4 | SAM.5 | DIM.6 NOV.
À 20H30 | SAUF JEU. À 19H ET DIM. À 17H
Les Gémeaux
Du 10 au 27 novembre 2016
GRANDE SALLE |
Théâtre de Cornouaille Centre de création musicale Scène nationale de Quimper
1er – 3 déc. 16
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène nationale
7 – 10 déc. 16
Espace des Arts, Scène nationale
Chalon-sur-Saône
13 – 15 déc. 16
Maison de la Culture d’Amiens Centre européen de création et de production
5 – 6 jan. 17
Le Phenix Scène nationale Valenciennes Pôle européen de création
10 – 11 jan. 17
Châteauvallon-Scène Nationale
17 – 21 jan. 17
Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau
25 – 27 jan. 17
Théâtre Dijon Bourgogne Centre Dramatique National
31 jan. – 4 fév. 17
Théâtre du Gymnase Marseille
7 – 11 fév. 17
La Comédie de St Etienne Centre Dramatique National
15 – 17 fév. 17
Théâtre Sénart Scène nationale
24 – 26 fév. 17
Théâtre de L’Archipel Scène nationale de Perpignan
2 – 3 mars 17
MC2 : Grenoble
7 – 11 mars 17
Espace Malraux Scène nationale de Chambéry et de la Savoie
14 – 16 mars 17
La Coursive Scène nationale La Rochelle
21 – 24 mars 17
Le Quartz Scène nationale Brest
29 – 31 mars 17
La Passerelle Scène nationale de Saint Brieuc
26 – 27 avr. 17/em>
5 NOV. 2016
By Kristina D'Agostin Critiques, Critiques spectacle, Spectacle, Théâtre 4 novembre 2016
La résistible ascension d’Arturo Ui
Un#engagement#politique.#
Après Cyrano de Bergerac en 2013, le couple Pitoiset / Torreton se retrouve autour du texte de Bertold
Brecht, La Résistible Ascension d’Arturo Ui. Cette œuvre allemande des années quarante, reflétant une
société sclérosée par la montée en puissance des nationalismes et extrémismes, trouve une évidente
résonance contemporaine.
Une$atmosphère$glaciale.$
Le rideau se lève sur « Va pensiero / Le Chœur des esclaves » tiré de Nabucco de Giuseppe Verdi.
Quelques paroles qui en disent déjà beaucoup sur l’engagement de cette pièce : « O ma patrie si belle
et perdue ». Le ton est donné au travers de cet opéra politique, aussi bien lors de sa création en 1842
que les images choisies sous la direction de Riccardo Muti (qui avait en mars 2011, interrompu ce
chant pour interpeller Silvio Berlusconi et sa politique culturelle ; incroyable moment que celui de
toute une salle se levant comme un seul homme pour entonner ce chœur). Ne serait-ce que par ce choix
du metteur en scène, cela montre l’importance de la culture quand la société se morcèle.
Tournant le dos au public, Arturo Ui, interprété par Philippe Torreton, regarde attentivement ce chœur
avant de le couper et de prendre la parole en ayant en main Mein Kampf, tout un symbole qui se
passerait presque de mots si ce n’est que le propos ne se place pas sur Hitler. Sur le plateau, dans cette
pièce au sol de marbre qui peut tout aussi bien faire penser à une salle de coffres-forts qu’à une salle
mortuaire d’un institut médico-légal, une atmosphère glaciale s’installe progressivement.
4 NOV.2016
$
Un$engrenage$insidieux.$
Utilisant Ich will de Rammstein pour entrecouper la plupart des scènes, Dominique Pitoiset fait un
choix clair d’utilisation de la musique comme contre-point (« Je veux que vous ayez confiance en moi /
Je veux que vous me croyiez / Je veux capter vos regards / Contrôler chaque battement de cœur »). Ce
qui n’est pas s’en faire écho à la mise en scène d’Ivo Von Hove avec Les Damnés qui a également fait
le choix de ce groupe allemand.
L’engrenage est insidieux, la machine se déroule et rien ne semble pouvoir l’arrêter. La confrontation
des pouvoirs entre le politique et le milieu des finances – seul et unique réel pouvoir dominant si l’on
ose se l’avouer – est mis en avant. Être presque insignifiant ou tout du moins quelconque, Arturo Ui
s’impose comme la seule solution, celui qui va manipuler un cartel installé à son avantage, qui va faire
tomber un régime en place avec tous les horreurs qui peuvent être liées (assassinats, manipulations de
l’opinion publique, autodafés, etc.).
L’heure$de$l’engagement.$
Cette création de Dominique Pitoiset marque un engagement notable sur le contexte politique actuel. Il
se passe des choses en France et plus largement en Europe, dans le monde. Chaque époque connait ses
tourments mais il devient « normal » de voir le Front national annoncé au second tour des élections
présidentielles françaises, alors qu’il n’y a pas si longtemps que cela, les citoyens étaient dans la rue
quand le père de… était face à Jacques Chirac. Il devient aussi « normal » d’assister à des fermetures
de frontières tout à fait discutables, à des régressions sociales ou à des tensions communautaires
croissantes nourries par une méconnaissance de l’autre…
Tout cela se passe à côté de chez nous, devant notre porte et ce qui est mis en avant dans La Résistible
Ascension d’Arturo Ui relève de l’ordre de l’engagement citoyen, celui de chacun car il peu exister une
certaine curiosité à savoir ce que donneraient des parties extrémistes au pouvoir – « Ce qui serait le
mieux, en ce moment, ce serait un maître autoritaire qui serait très bon, gentil et juste. », comme cela
était dit dans Je suis Fassbinder mis en scène par Stanislas Nordey. La réponse est assurément non.
La fin de la pièce atteint son point culminant quand Arturo Ui, ou tout autre politique assimilable au
personnage s’exprime, ou plutôt gesticule de manière muette sur un fond de campagne électorale
française et sur O Fortuna de Carl Orff : « La vie détestable / Opprime d’abord / Et apaise ensuite /
Comme la fantaisie la prend / Pauvreté / Et pouvoir / Elle les fait fondre comme la glace ». À
nouveau, la musique est prise comme contre-point, l’heure de l’engagement a sonné.
4 NOV.2016
« La résistible ascension d’Arturo Ui » de Brecht a réussi à
enthousiasmer Bonlieu scène Nationale en dépit des « pisse
froids » réactionnaires « éclairés »
jeudi 3 novembre 2016
Par gfumex
"La résistible ascension d'Arturo Ui" est programmée ce jeudi 3 novembre à 19H00, vendredi 4 et
samedi 5 à 20H30, dimanche 6 à 17H00.
Bien sûr la mise en scène de Pitoiset est décoiffante, voire provocante et bouffonne avec un Torreton mimant
par moment l'excité sarkozien, même dérangeante devant les parties génitales exposées d'un comédien devant
tout le public, le pantalon baissé sur ses chaussures, illustrant la veulerie de la finance internationale prête à se
coucher devant n'importe quel dictateur, pourvu qu'elle conserve ses privilèges.
Bien sûr certains élus (de droite) présents au bar après le spectacle - peu de gauche mais ils auront le loisir de
venir voir la pièce jusqu'à dimanche - jugeaient le choix du metteur en scène "peu pertinent" en mettant en scène
l'actualité politicienne avec une caricature de Sarkozy
Peut-être n'ont-ils rien compris au message provocateur de Brecht, que Pitoiset à réussi à traduire. Mais faut-il
s'en étonner quand leurs homologues politiques de l'époque ont applaudi l'arrivée d'Hitler pour les sauver du
péril communiste bolchévique.
3 NOV.2016
"La pièce de Brecht date de 75 ans, le contexte géopolitique en 2016 est complètement différent" déclare un élu
de Cran-Gevrier, estimant que la finance soutient la politique socio-démocrate - dans laquelle il inclut aussi bien
Juppé qu'Hollande - alors qu'elle est devenue une ennemie viscérale des populismes d'extrême droite ou
d'extrême gauche, mettant sur le même plan Marine Le Pen et Mélenchon. Pour lui, la ficelle "Sarkozy" jouée
par UI est un peu grosse et complètement en décalage avec la réalité politique actuelle.
Par contre, cet élu a été conquis par la qualité de la mise en scène, son esthétisme, sa créativité artistique…
On retrouve là toute la rhétorique de la droite classique "éclairée".
Séparer la création artistique du contenu du message. On apprécie la liberté d'expression artistique, la qualité de
l'esthétisme, tout en vilipendant le message politique.
Dans le milieu de cette cette droite annécienne - démocrate chrétienne et bien pensante - on aime bien ressentir
ce "frisson" au contact de ces artistes de gauche "engagés", mais dans le cadre protégé et bien policée d'une
scène nationale. On est entre gens cultivés "bien élevés" qui savent se parler intelligemment des désaccords
idéologiques autour d'un buffet raffiné, en dehors de la populace qui ne se reconnaît que dans Marine Le Pen ou
Mélenchon.
Une "populace" qui est en réalité le peuple. Un peuple dont ces élus ne font pas partie, réfugiés dans la strate
privilégiées des élites.
C'est toute l'ambiguité de cette droite annécienne qui, derrière une image sainte, soutient la politique
économique conservatrice et réactionnaire de la droite et de la gauche socio-démocrates réunies.
Cela prouve que l'œuvre de Brecht est toujours autant d'actualité par sa capacité à démasquer les choix
politiques mortifères d'une classe politique actuelle qui n'a rien à envier à celle sévissant dans les années 30,
préférant la religion de l'argent et de l'économie capitaliste, créatrice de croissance.
Une économie qui porte dans son ADN les gênes de la guerre et de la violence.
Tags: Brecht, BSN Annecy, Dominique Pitoiset, La résistible ascension d'Arturo Ui
3 NOV.2016
La Résistible Ascension d’Arturo UI, Glaçant
D’après une nouvelle traduction par Dominique Pitoiset, Avec Philippe Torreton, à Bonlieu Scène Nationale Annecy
(du 2 au 6 novembre2016)
| Rédigé le Lundi 7 Novembre 2016 |
L
e tonnerre d’applaudissements qui salue la représentation est aussi un soulagement, une libération de cette tension qui va
crescendo jusqu’à la scène finale que l’on pressent et qui pourtant nous fige, nous paralyse et nous renvoie, au travers de
l’Histoire, aux enjeux de notre époque.
Les mises en scène de Dominique Pitoiset respirent l’intelligence (au sens étymologique), l’art de relier harmonieusement, dans la
cohérence et au service du sens.
Le décor, par exemple, ne décore, n’illustre rien. Il vit avec la représentation et permet à la représentation de vivre concrètement.
Nous sommes dans un théâtre du concret, de l’immédiateté qui aboutit par moments à une sorte de précipité, de saturation burlesque
et tragique à la fois. L’art de la mise en scène consiste aussi à proposer en permanence différents niveaux de lecture.
C’est un théâtre performatif, comme on parle de discours performatif : ce que dit Arturo Ui, il l’exécute dans le même temps,
exécutant ceux qui se mettent en travers de son chemin. La Compagnie des Transports Maritimes apparaît sous la forme d’un
container, d’un objet qui passe d’une main à l’autre, concrétisant corruption et trafic. L’acquisition d’une villa est le résultat de
corruption ? Une maquette encombrante la représente sur scène.
La banque/morgue où se déroule l’action est habitée de cadavres qui accompagnent la progression d’Arturo Ui. On tue sur scène,
enjambant presque joyeusement le corps. Tout transpire l’hypocrisie, la violence, la manipulation, la provocation, la bassesse , la
corruption dans ce cadre nickel chrome bureaucratique étincelant de métal, de marbre, affichant une symétrie rassurante d’ordre.
Arturo dessine le svastika avec les cendres de Dolfuss : glaçant.
La musique ?
Le Chœur des Hébreux tiré du Nabucco de Verdi, parfois dévoyé au cours de l’Histoire, peut être perçu comme un chant de résistance
et aussi une dénonciation puisque son exécution est dirigée par Karajan qui rejoignit les nazis dès 1933.
Quelques très brefs intermèdes musicaux tonitruants nous rappellent que tout ceci n’est que mise en scène. La démarche, la diction, la
gestuelle d’Arturo Ui sont étudiées pour séduire le plus grand nombre auprès d’un acteur qui est littéralement mis à nu, image de celui
que l’on dépouille pour s’en nourrir.
Si les membres du cartel, qui font commerce de tout, évoquent des personnages de Brazil ou de Matrix , Arturo Ui fait penser à une
araignée qui tisse sa toile, attend que sa proie y tombe, l’immobilise, la paralyse et s’en nourrit.
On a renoncé à la fameuse moustache de Hitler, « le tout petit-plus-de-jouir » pour Lacan, pour cette fameuse lanière de cuir qui barre
le torse et s’accorde à la perfection au costume gris et à la chemise blanche.
Le jeu des acteurs ? Au niveau de la mise en scène, bien sûr.
Philippe Torreton ? Parfait dans ce rôle difficile qui ne tolère pas les effets mais exige de la subtilité , de l’intelligence, une vraie
présence.
Cette création d’Arturo Ui est une mise en garde contre « le ventre fécond d’où est sorti la bête immonde », contre la « nazi-nostalgie »
que dénonce Louis Chédid, contre la commercialisation de tout, car tout fait épicerie comme le montre l’acquisition il y a quelque temps
aux enchères de « la dernière veste d’Hitler » pour 275 000 euros, de ses chaussettes pour 18000 euros et des sous-vêtements
« partiellement moisis » de Göring pour 3000 euros.
Glaçant.
La Résistible Ascension d’Arturo Ui est une production de Bonlieu Scène nationale Annecy, compagnie Pitoiset-Dijon
Une coproduction Les gémeaux Scène nationale-Sceaux, Châteauvallon-Scène nationale, MC2 Grenoble, Espace Malraux scène
nationale de Chambéry et de la Savoie, Théâtre de Cornouaille Centre de création musicale , Scène nationale de Quimper.
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Paul Rassat
Dit : "Pap" Rédacteur et Reporter chez Move-On Magazine En savoir plus sur cet auteur
Source :
http://www.moveonmag.com
Plus d'information sur l'imagePhilippe Torreton: «Je ne jouerai pas Hitler, même si cette figure peut m’inspirer. Ce que
nous voudrions montrer, c’est l’engrenage qui fait qu’une société se choisit des boucs émissaires»
© Yannick Perrin
Philippe Torreton: «Jouer Arturo Ui, c’est m’engager dans la campagne
présidentielle»
Stupéfiant en Cyrano malade d’amour, le grand acteur français se frotte à la
crapule Arturo Ui, double d’Hitler imaginé par Bertolt Brecht. En marge de la
première, le 2 novembre à Annecy, il salue ses maîtres, Michel Bouquet et
l’écrivaine Charlotte Delbo
Un bifteck avec Cyrano de Bergerac et Arturo Ui, deux ogres dans un seul corps, ça ne se refuse pas.
C’est le privilège du chroniqueur. Il bruine sur Annecy et vous attendez Philippe Torreton dans un
bistrot embué. Mais le voici qui se faufile entre les tables, assorti au ciel, chapeau bas sur visage pâle,
parka épaisse sur petite cylindrée trapue. Vous vous rappelez son Cyrano, malade d’amour ici même,
au Théâtre de Bonlieu en 2013, vous revoyez son crâne de carême, sa moustache en berne et vous vous
dites que la scène transfigure ses enfants.
A la lueur du troquet, Philippe Torreton, 51 ans, ressemble à votre voisin – étrange catégorie – celui
qui vous salue le matin, discret et amical. Mais qu’un projecteur embrasse sa figure, qu’une caméra
l’aspire et il change de nature, magnifiquement spectral dans le filmPrésumé coupable, cogneur à
l’improviste quand il incarne Hamlet.
21 OCT.2016
«Faux-filets, Messieurs?» Va, pour le boeuf. Dans une heure, il retrouvera Dominique Pitoiset, ce
metteur en scène toujours tranché qui le guidait dans Cyrano. Sur les planches, sous le feu de ses
partenaires, il deviendra Arturo Ui, ce caïd roublard qui gravit tous les échelons de la crapulerie et du
pouvoir dans La Résistible ascension d’Arturo Ui. Il se frottera surtout à ce Bertolt Brecht qui, réfugié
en Finlande en 1941, transforme en farce l’étau infernal d’Adolf Hitler et de ses sbires.
– Le Temps: Au vu de l’actualité, de la montée en force des démagogues, Arturo Ui est d’une
brûlante actualité…
– Philippe Torreton: Oui. Nous avions envie, Dominique Pitoiset et moi de nous confronter à un
propos politique. Dominique avait envie de monter Les Mains sales de Jean-Paul Sartre, qu’il aurait
mis en résonance avec d’autres textes. Ça m’attirait, mais ça ne me convainquait pas scéniquement. Je
lui ai proposé Arturo Ui, à condition, ai-je insisté, de délester la pièce de son habillage.
– Que voulez-vous dire?
– Bertolt Brecht écrit en exil, en Finlande d’abord, aux Etats-Unis ensuite, il a le souci de convaincre
les producteurs américains de financer sa création. Il brode alors une histoire de gangsters. Cette
couche me semble aujourd’hui sans grand intérêt. Il n’y a pas de vertu à monter un texte tel qu’il a été
écrit. Bien trahir est une forme de fidélité.
– Qu’allez-vous jouer alors?
– Je ne jouerai pas Hitler, même si cette figure peut m’inspirer pour le rôle. Ce que nous voudrions
montrer, c’est l’engrenage qui fait qu’une société se choisit des boucs-émissaires, qu’elle s’en remet à
une figure autoritaire. Il ne vous a pas échappé qu’en France beaucoup de personnalités se réfèrent
avec fascination au général de Gaulle. Ce qui s’exprime, c’est la nostalgie de l’homme à poigne, du
despote éclairé. Nous en sommes là.
21 OCT.2016
– Jouer Arturo Ui, c’est vous engager dans la campagne présidentielle?
– Oui. Le théâtre n’est pas un art muet. Certains acteurs privilégient le divertissement. S’ils le font
bien, tant mieux. Je me sentirais mal pour ma part d’être en scène avec une pièce qui ne décline pas
nos préoccupations actuelles. L’élection de 2017 ne sera pas banale. Quinze ans après le choc de
l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, plus aucun commentateur ne
s’étonne de voir sa fille y prétendre naturellement. La pièce de Brecht correspond à mes craintes. Les
parallèles entre aujourd’hui et les années 1930 sont troublants. Pensez à notre attitude avec la Turquie
d’Erdogan, nous lui passons tout parce qu’elle fait barrage aux migrants. J’ai honte des débats qui sont
les nôtres. La paix et le confort nous rendent odieux et veules.
– D’où vient votre engagement?
– En famille, dans ma Normandie natale, nous commentions beaucoup l’actualité. Nous étions très
sensibles aux conditions de travail des plus modestes. Ma mère, institutrice, se battait pour pouvoir
apporter aux enfants un enseignement de qualité malgré le nombre d’élèves qu’on lui imposait. Mon
oncle, maçon, a dû être opéré parce qu’il avait les sinus remplis de ciment. J’ai vu autour de moi la
dépression s’installer. Ça marque.
– Pourquoi faire du théâtre?
– Ça m’a plu très jeune. A 14 ans, j’ai dit à un copain d’école: je serai acteur. Autour de moi, on me
disait que le chômage était de 90% dans ce métier. J’ai tenté le Conservatoire de Paris, dont la
sélection est dure (Près de 2000 candidats, une trentaine de lauréats ndlr). J’ai été reçu. Je n’aurais sans
doute pas poursuivi si je n’avais pas été retenu. Après, il y a eu cette autre école qu’est la ComédieFrançaise.
21 OCT.2016
– A quoi ressemble Philippe Torreton à 18 ans?
– A une petite boule de concentration. C’est ce que découvre le jury du Conservatoire. J’étais tendu
comme un arc. Le professeur qui m’avait préparé à l’examen me disait qu’il ne fallait pas jouer, mais
convaincre. Chaque scène est un débat qu’il faut gagner.
– C’est la leçon que vous transmettriez à un comédien-novice?
– J’ai une admiration sans bornes pour Michel Bouquet. Son idéal d’interprétation peut se résumer
ainsi: «Je le dis, donc je suis.» Parvenir à cette économie de moyens, à cette pureté d’intention relève
d’un travail sans fin. Quand ils prennent de l’âge, les grands comédiens parviennent à cette simplicité.
Regardez Jean-Louis Trintignant. Il est juste là, avec son texte sur les planches et il est génial.
– Et le personnage dans tout cela?
– C’est accessoire. Récemment, j’entends Michel Bouquet, encore lui, dire les tirades d’Agrippine
dans «Britannicus». C’est la plume de Jean Racine qu’on entend, son écriture dévoilée à sa source.
– Quel acteur êtes-vous pendant les répétitions?
– Les premières heures, nous lisons souvent la pièce autour d’une table pour en examiner les sens
possibles. Mais très vite, je dois me lever. Je pense avec mon corps. De la même façon, quand j’écris,
c’est
à
haute
voix
(Petit
lexique
amoureux
du
théâtre, Stock,
2009Thank
You,
Shakespeare!, Flammarion 2016). J’ai besoin d’adresser mon texte. Je fais lire tous mes écrits, à ma
femme d’abord.
21 OCT.2016
– Quel est le livre que vous offrez aux êtres que vous aimez?
Les trois volumes de Charlotte Delbo, cette disciple de Louis Jouvet, résistante, déportée à AuschwitzBirkenau. Elle retrace cette traversée dans Aucun de nous ne reviendra, Une connaissance inutile,
Mesure de nos jours, republiés aux éditions de Minuit. Je les ai offerts une quinzaine de fois au moins.
Je n’ai rien lu de plus terrible, de plus simplement dit que ces mots-là.
– Quelle est la phrase de Charlotte Delbo qui vous accompagne?
– Sa prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants. Elle écrit ceci, je vous le dis de mémoire:
«Je vous en supplie, faites quelque chose, appelez un pas, une danse/quelque chose qui nous
justifie/apprenez à rire, à chanter/parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous
viviez à la fin sans rien faire de votre vie.» Je pense tout le temps à cette prière. Dans la période que
nous vivons en France depuis l’attentat contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, aucune voix ne s’est
élevée pour dire l’importance vitale de la culture non comme remède mais comme lien quand la
société se disloque.
– Quel lecteur êtes-vous?
– Je suis de plus en plus lecteur d’abord. Plus j’écris, plus j’ai envie de lire les autres. J’ai des amis
écrivains qui sont comme des grands frères en écriture: Pierre Lemaitre qui a reçu le Prix Goncourt
pourAu revoir là-haut, Sorj Chalandon qui vient de publier Profession du père. Quand j’ai lu Mon
Traître de Chalandon, il y a eu comme une évidence. On a le droit d’écrire comme ça. Shakespeare
produit cet effet sur moi: c’est magnifique et grossier à la fois. Ce que j’aime, chez de tels auteurs,
c’est leur façon de mettre un coin dans la bûche et de la fendre. Bien fendre sa bûche, c’est un art,
croyez-moi, je suis bûcheron.
21 OCT.2016
– Jouer, c’est fendre la bûche?
– C’est trouver l’angle. Comme écrire. Jouer, c’est écrire à haute voix.
«La Résistible ascension d’Arturo Ui». Annecy, Bonlieu, Scène nationale. Du me 2 au di
6 novembre; rens. www.bonlieu-annecy.com; et 0033/4 50 33 44 11.
Profil
1965 Il naît à Rouen.
1990 Il entre à la Comédie-Française.
1996 Il incarne le Capitaine Conan dans le film éponyme de Bertrand Tavernier. Et il décroche le
César du meilleur acteur pour ce rôle.
2011 Il perd quinze kilos pour jouer dans «Présumé coupable» de Vincent Garenq, d’après l’affaire
d’Outreau.
2012 Il se glisse dans la camisole de Cyrano, fou d’amour, sous la direction de Dominique Pitoiset. Il
tourne pendant deux ans le spectacle.
21 OCT.2016
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La résistible ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht au
Théâtre Les Gémeaux - Scène Nationale de Sceaux du 10 au
27 nov
Par Valérie Guédot
Publié le mercredi 19 octobre 2016 à 11h29
Rire de tout ? Même du fascisme ? Exilé, Brecht continue son combat comme il peut,
avec ses armes de dramaturge engagé.
!
Dès 1934, Brecht a songé à une satire sur l’ascension de Hitler au pouvoir. L’ombre de Shakespeare et
de son Richard III ne sont pas loin. Mais comme le disait Marx, quand l’Histoire se répète, elle le fait
sur le mode comique ou satirique. Richard III s’empare du trône avec une brutalité qui n’exclut pas
l’intelligence ; Arturo, lui, est un assassin et un chef de bande à qui un comédien devra donner des
leçons de maintien pour qu’il puisse s’adresser au peuple…
Brecht s’amuse à suivre de très loin le canevas shakespearien, mais pour mieux « détruire » en nous «
le respect habituel devant les grands tueurs ». Des grands gestes, des grands mots somptueux de la
Renaissance, il ne reste plus que des haillons couvrant à peine la nudité des jeux de pouvoir. Le
nazisme, de ce point de vue, n’est qu’un avatar de plus, particulièrement sinistre, de la guerre à
outrance de l’homme contre l’homme, cette guerre que Brecht a dénoncée tout au long de sa carrière.
S’il y a rire, il est donc glaçant. Et mettre en scène La Résistible Ascension ici et maintenant – en
France en 2016 –, ce n’est surtout pas monter une production historique, surtout pas mettre l’intrigue à
distance de notre époque en réduisant le propos à une simple dénonciation de l’hitlérisme. C’est plutôt
mettre ses pas dans ceux de Brecht et s’attacher à distinguer non seulement Hitler derrière Ui, mais
surtout, derrière Hitler, les mécanismes qui rendent possible – y compris aujourd’hui – une telle prise
de pouvoir. Il est trop facile de se rassurer en jouant à situer le fascisme derrière nous, quand il menace
d’être devant, voire sous notre nez.
19 OCT.2016
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Si « le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête immonde », le miroir que nous tend la pièce nous
renvoie peut-être, de notre situation, une image plus inquiétante que jamais – et le théâtre a toujours
son rôle à jouer dans la dissection de ce ventre-là. C’est sur une telle conviction que Dominique
Pitoiset et Philippe Torreton attaqueront leur travail. Il marque leurs retrouvailles après une première
collaboration également engagée : un Cyrano de Bergerac d’une nouveauté radicale, et qui a
enthousiasmé les publics deux saisons de suite partout où il est passé.
Source Théâtre Les Gémeaux
La résistible ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht au Théâtre Les Gémeaux - Scène Nationale de
Sceaux
►►►Distribution
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Mise en scène et scénographie : Dominique Pitoiset
Traduit de l’allemand par Daniel Loayza
Lumières : Christophe Pitoiset
Costumes : Axel Aust
Assistante costumes : Claire Marc
Son : Marie Charles
Vidéo : Benoît Rossel
Accessoires : Bertrand Nodet
Maquillage – Perruque : Cécile Kretschmar
Chorégraphie : Jean-Charles Di Zazzo
Assistante mise en scène : Marie Favre
Direction Technique : Philippe Richard
Régie Plateau : Laurent Lafont
Régie Lumières : Didier Peucelle
Régie Son : Marie Charles
Régie Vidéo : Guillaume Mercier
Habilleuse : Charlène Cadiou
Avec :
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Philippe Torreton (dans le rôle titre)
Daniel Martin
Pierre-Alain Chapuis
Hervé Briaux
Nadia Fabrizio
Patrice Bornand
Gilles Fisseau
Adrien Cauchetier
Jean-François Lapalus
Martine Vandeville
19 OCT.2016
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INTERVIEWDUMOIS
INTERVIEWDUMOIS
PHILIPPE
TORRETON
Kaële : Vous avez été l’élève de Daniel
Mesguich au conservatoire national
supérieur d’art dramatique. Que
reste-t-il en vous de cette époque ?
Philippe Torreton : Une envie d’abor-
dramatique était un art. Loin d’être
péjoratif, son questionnement
interroge l’interprète qui reçoit
un texte et le transmet ensuite.
Bien sûr cela suppose des connaissances, mais l’on peut s’interroger
de savoir où réside l’art ? Ce n’est
pas une question de quête artistique mais davantage une envie de
dire des choses, de faire entendre. Si
l’on m’avait proposé le Cyrano que
j’ai fait avec Dominique Pitoiset il y
a vingt ans, j’aurais eu l’immodestie d’accepter, mais j’aurais eu tort.
Il m’aurait manqué la confiance
dans le texte. Contrairement à ce
que l’on pourrait penser, le métier
de comédien, n’est pas du tout un
métier de m’as-tu-vu nombriliste.
Un acteur est une conscience. Il
doit prendre conscience du caractère magnifique ou incroyable d’un
texte, de sa beauté formelle et de la
beauté du sens pour qu’ensuite le
public en prenne conscience à son
tour. Plus le temps passe, plus c’est
cela qui m’anime. Il est instructif de
jouer pendant trois ans et plus de
s’instaure alors entre le metteur en
scène et son comédien.
K. : Comment vous définissez-vous en
tant que comédien ? Entre Gabin, qui
imprimait à son personnage une part
de sa personnalité et Mastroianni,
qui s’effaçait.
P. T. : Gabin était beaucoup plus
souple et Mastroianni n’était pas
aussi effacé que l’on croit. Gabin a
joué des personnages très différents
der le théâtre par tous les bouts,
jusqu’à la fin de sa vie auxquels
il apportait des variations aussi
comme il nous a incité à le faire moi
et les autres élèves de troisième
ténues et subtiles qu’importantes.
année. Alors que la première année
Un performeur de l’Actors studio,
avait été dédiée à la tragédie princitel un Daniel Day Lewis qui donne
palement, et la deuxième année, à
à voir une silhouette différente à
Molière, Daniel Mesguich nous a fait
chacun de ses rôles, ne représentecomprendre que nous pouvions jouer
t-il pas une constante qui nous plaît
tout ce que nous voulions, même
sur l’écran ? Quant à moi, j’ai plein
pourquoi pas des rôles de femme. Il
d’envie et j’essaye de rencontrer les
a stimulé mon appétit et ma curiosité
gens pour les réaliser. En tant que
et a insufflé un vent de liberté.
comédien, je ne me refuse rien. Si
pour les besoins d’un rôle, je dois
K. : Et dans le jeu précisément ?
faire quelque chose qui me paraît
P. T. : Ce que je viens de dire peut
évident, je n’hésite pas. Pour incarêtre décliné dans le jeu aussi : oser,
ner Alain Marécaux (huissier de jusêtre audacieux, poustice accusé à tort dans
ser le ressort comique
l’affaire d’Outreau par
à son maximum, faire
le juge Burgaud, ndr)
dans le film de Vincent
confiance à l’image théâSI L’ON M’AVAIT PROPOSÉ
trale. Je suis reconnaisGarenq, j’ai perdu vingtLE CYRANO QUE J’AI FAIT AVEC
sant aux femmes et aux
sept kilos en trois mois.
hommes qui m’ont transUn gage de sincérité par
DOMINIQUE PITOISET
mis leurs connaissances
rapport au calvaire vécu
en suscitant ma curiosité,
par Alain Marécaux. C’est
IL Y A VINGT ANS,
me piquant au vif parfois,
du moins comme cela
J’AURAIS EU L’IMMODESTIE D’ACCEPTER,
que j’ai vécu l’interpréqui m’ont conduit sur des
tation, d’une manière
sentiers que je n’osais
MAIS J’AURAIS EU TORT.
explorer. Mais « préciséinstinctive. Dans le cadre
ment », je ne sais pas et
d’une histoire fictive, j’auje n’ai pas envie de savoir
rais sans doute perdu un
qui m’a apporté quoi précisément. 250 fois je crois, Cyrano de Bergerac peu moins. Mais pour moi ce film
Parce que répondre à cette ques- en jogging et en marcel. Si les gens est devenue une mission.
tion ce serait être égocentré. Le flou ont aimé, au-delà du costume et
réside dans le regard que l’on porte du décalage de la mise en scène, K. : Le comédien n’a pas pour autant
à soi-même, et non, dans le jeu que c’est que l’œuvre était présente. Ce besoin d’une histoire vraie pour être
l’on pratique sur scène. Je veux qui compte sur scène c’est le texte. convaincant.
vivre dans un monde où je pourrais Quand vous fixez une étoile, toutes P. T. : Dans le théâtre tout est vrai.
tout jouer. Et laissez moi me trom- les autres disparaissent.
Richard III, Arturo Ui ont vraiment
per. Ce qui m’intéresse n’est pas
existé. C’est la condition sine qua
la connaissance constatée de moi, K. : Que vous apporte la mise en non pour faire vivre ces personmais la future connaissance de moi scène ?
nages. Le théâtre est un endroit de
P. T. : Le metteur en scène est là vérité. Dans la vie, les gens trichent,
interprétant un texte différent.
pour vous faire voir le texte avec un mentent, prêchent le faux pour
K. : Comment le temps a-t-il enrichi éclairage précis, dépoussiéré, révé- savoir le vrai. Au théâtre, tout est
votre expérience ?
lateur d’autre chose. Dans ce cadre- vrai.
P. T. : J’écoutais Michel Bouquet sur là, l’acteur doit trouver cette façon
France Musique. Arrivé à son âge, il d’être dans le texte et de lui faire K. : Comment apprenez-vous vos
se posait la question de savoir si l’art confiance. Un dialogue passionnant textes ?

© Yannick Perrin
NE PAS RESTER PASSIF ET AVACHI EN
 D’ABORD
ESPÉRANT QUE FINALEMENT TOUT IRA BIEN. »
Il est Arturo Ui en novembre à Annecy. Avant
ceux de Bertolt Brecht, le comédien a incarné
les mots de Sophocle, Shakespeare, Molière,
Beaumarchais, Goldoni, Musset, Balzac,
Rostand, Strindberg, Sartre et d’autres. Au
théâtre comme au cinéma, Philippe Torreton
donne vie à des personnages marqués par une
intériorité forte et intense. Ses interprétations
se caractérisent par une justesse de ton, au
plus près de l’esprit que les auteurs insufflent
dans leurs œuvres, de cette intention qui
révèle le monde dans ce qu’il a d’humain,
de sensible, de complexe et d’évident à la
fois. À trois jours de ses cinquante-et-un ans,
l’homme raconte son métier et le personnage
que Dominique Pitoiset, en création à Annecy
cet automne, lui a confié. Un rôle dépoussiéré,
troublant, ancré dans un présent amnésique.
Propos recueillis par Fabien Franco
6 KAËLE NOVEMBRE 2016

NOVEMBRE 2016 KAËLE
7
INTERVIEWDUMOIS
P. T. : J’essaye toujours de m’adresser
à quelqu’un. En général, c’est à ma
femme que je m’adresse. Le texte
prend son sens à ce moment-là. Plus
on connaît le texte, plus on l’aime.
L’apprendre c’est déjà le jouer. Le
théâtre est fait pour être dit.
K. : Comment ces textes continuent
à vous habiter ? Ce qu’ils vous ont
apporté perdure-t-il en vous ?
P. T. : Les mots s’ef facent mais
vous comme si je voulais que les
gens de la salle m’entendent également. On ne joue pas dans une salle
de 200 places comme l’on joue dans
une salle de 1 500 places. Jouer c’est
s’adapter.
K. : Que vous apprend votre métier ?
P. T. : Parce qu’il est un métier, j’ai pu
gagner ma vie, avoir une vie sociale,
faire des enfants, acheter une maison, avoir des amis. Il m’a apporté
socialement, économiquement,
philosophiquement, politiquement, poétiquement. Ce métier m’a
poussé à écrire*. J’ai commencé le
théâtre à douze ans. Dès la première
année, encadrés par le professeur
de français, nous devions écrire des
ce qu’ils m’appor tent perdure.
J’entretiens cependant avec certains ex traits des rappor ts de
fidélité. Cela peut être des petites
répliques. La mémoire est étrange
parfois et se rappelle à nous d’une
façon étonnante. En revanche, je
ressens au fond de moi
certaines émotions, certaines fatigues vécues
sur scène, cette sensation physique d’être
dans les cordes et d’y
QUE
retourner, dont je me
rappelle selon la pièce
LEUR
et son auteur.
arrive au pouvoir et la faillite sociétale qui l’a permis. Les mots de ce
personnage que j’interprète sont
prononcés avec le plus de normalité possible et avec la plus grande
conviction. Les mots sont dits et
c’est avec que les spectateurs vont
rentrer chez eux pour forger leur
propre opinion.
K. : Arturo Ui accède au pouvoir par la
violence et le meurtre. Bertolt Brecht
s’est inspiré d’Adolf Hitler et de son
entourage en inscrivant ses personnages dans le milieu de la pègre à
Chicago. Qu’en est-il dans la mise en
scène de Dominique Pitoiset ?
P. T. : Nous partons de l’adapta-
tion d’Heiner Müller qui a fluidifié
le texte écrit en 1941
par Bertolt Brecht sans
avoir été mis en scène
à l ’é p o q u e ( B e r t o l t
Brecht meurt le 14 août
QU’ESTCE QUI FAIT
1956 à Berlin. La pièce
NOUS NE BLOQUIONS PAS
sera créée deux ans
plus tard, ndr). Nous
ASCENSION, QUE NOUS NE
nous éloignons du côté
gangster pour nous
RÉAGISSIONS PAS À TEMPS, QUE NOUS
K. : Des textes que vous
situer dans un absoCOMMETTIONS LES MÊMES ERREURS ?
avez « incorporés » ?
lu du pouvoir et de la
P. T. : Oui. Ça devient
finance. Le travail est
corporel. De la même
en cours***. Nous parfaçon qu’un clou planté
lons, nous échangeons
dans un arbre demeure
des documents. Le but
dans le tronc quarante ans après. Je petites scènes. Shakespeare, l’un est de se rendre compte en même
continue à grandir avec ces textes des plus grands auteurs, m’a invi- temps des choses qui fonctionnent.
que j’ai portés. J’ai envie de croire té à écrire. Alors qu’il aurait pu être Nous suivons des pistes. Le texte est
que si l’on faisait une coupe trans- intimidant, il représente pour moi dérangeant quand on comprend ce
versale de mon corps, on y ver- un frère d’arme : « Je pourrais m’en- qui est dit. Ce n’est pas une affaire
rait des lignes comme celles des fermer dans une coquille de noix et de monstres. Qu’est-ce qui fait que
souches de bois, pour chaque pièce me tenir maître d’un espace infini »** nous ne bloquions pas leur ascenjouée.
C’est formidable…
sion, que nous ne réagissions pas à
temps, que nous commettions les
K. : Vous travaillez aussi bien pour K. : Politiquement ?
mêmes erreurs ? Nous sommes pasle cinéma que pour le théâtre. La P. T. : Quand vous vous frottez à sés en 2002 au choc de voir le Front
caméra est-elle aussi exigeante que des poètes comme Shakespeare, national atteindre le deuxième tour
le plateau ?
Molière, Brecht, vous vous confron- des élections présidentielles, avec
P. T. : Bien jouer est difficile. Mal tez à des textes qui interrogent des manifestations gigantesques
jouer est facile. Chaque discipline l’histoire, le monde, l’avenir. On ne dans les rues, à, quinze plus tard,
a ses contraintes. Au cinéma, ce peut pas ne pas avoir d’avis. Moi, c’est acté, le FN sera au deuxième
qui se passe durant une prise ne se je fais partie des comédiens qui ne tour en mai prochain.
reproduit pas deux fois. Malgré la gardent pas ça pour eux. On me
multiplicité des prises, il n’y a pas de le reproche suffisamment. Vivre K. : L’émission animée par Karine Le
« recommencement ». Un plan peut ensemble est un débat perma- Marchand sur M6 participe de cette
coûter très cher et exiger une prise nent. J’aime convaincre et me faire normalisation du parti d’extrême
droite à travers sa présidente interou deux. Au cinéma, on ne répète convaincre. J’en ai besoin.
rogée non pas sur son programme
pratiquement pas contrairement au
théâtre où l’on ne cesse de répéter. K. : Arturo Ui aborde une question mais sur sa vie privée.
P. T. : C’est cela que nous essayons
On joue en s’adaptant à notre envi- éminemment politique.
ronnement. Je ne m’adresse pas à P. T. : Il raconte comment un homme de raconter. Non pas, sur le Front


8 KAËLE NOVEMBRE 2016
national, mais comment on en
arrive là sans même qu’il y ait
débat. Au lendemain de ce funeste
jour de 2002, j’ai manifesté avec
mon père. Si on nous avait dit :
vous verrez dans quinze ans, le FN
sera au deuxième tour des élections présidentielles et il n’y aura
pas de manifestations, l’aurait-on
cru ? Comment aujourd’hui les
idées extrémistes se sont diffusées
dans la société ? Dans Arturo Ui, la
violence sert à atteindre le pouvoir.
Aujourd’hui, on se sert de la violence pour stigmatiser. Récemment,
dans la presse, qui a dit : « des coups
de feu tirés en pleine rue, des travailleurs vacants à leurs occupations, des
citoyens paisibles assassinés en plein
jour et que fait le gouvernement, je
vous le demande ? Rien. Sans doute
ces honorables messieurs ont-ils des
plans, des manœuvres ténébreuses
plutôt que d’intervenir. Bref, c’est
le règne du chaos. » ? En fait, c’est
Arturo Ui. Vous voyez ce sont des
mots qui peuvent être dits en ce
moment.
K. : Que faut-il éviter pour ne pas
tomber dans la caricature ?
P. T. : Justement, ce côté années 30,
mafieux, cageots de choux fleurs et
sulfateuses avec chargeur camembert de gangster. Je suis convaincu,
comme il l’écrit lui-même dans son
journal, que Bertolt Brecht vivant
aujourd’hui, écrirait à nouveau un
Arturo Ui. Il disait « arrêtons d’être
sidérés par ces clowns qui prônent
la violence » parce qu’il fallait à
l’époque désacraliser ce mal en
train de naître parmi les victimes.
Ce travail est d’une certaine façon
toujours à faire. Il faut que nous
parvenions à montrer ce qui laisse
dire et laisse faire en nous d’inadmissible.
K. : Le contexte est donc actualisé.
P. T. : Pour le rendre plus concret.
Nous nous intéressons davantage
au processus qu’à la fable. C’est
cette normalité que nous interrogeons. Si l’on prend les habits de la
normalité, on peut faire entendre
les mots : « Je suis comme vous, moi
je n’aime pas la violence et je pense
qu’il faut savoir se protéger de la violence. Si je ne tire pas, c’est l’autre qui
tire, c’est logique. Qu’est-ce qu’on
peut y faire ? D’abord ne pas rester
passif et avachi en espérant que
finalement tout ira bien. Ne pas rester divisé, dispersé, sans se garantir
d’une protection forte. » J’aimerais
que les gens s’interrogent : estce lui qui dit ça ou le te x te ?
J’aimerais que le malaise naisse de
ces paroles entendues par ailleurs.
On ne cible personne, on cible tout
le monde. Pour que nous puissions
nous interroger tous ensemble, il
faut comprendre par où ça passe.
Il faut donc comprendre qui corrompt qui, qui a besoin d’argent,
pourquoi le président est emmêlé
dans une affaire de financement
de sa villa avec des prêts accordés par un cartel. De façon à ce
que l’on comprenne les collusions
entre l’économie et le politique, et
la mafia, et l’ascension démesurée
d’Arturo Ui.
K. : L’époque actuelle semble nous
enseigner que le passé est vite
oublié.
P. T. : La faculté de tirer les leçons du
cataclysme humain que peut représenter un conflit mondial n’est, je
crois, que de quelques dizaines
d’années. Arturo Ui se dit pour la
realpolitik. Nous sommes encombrés de cela : oui, c’est vrai, c’est un
tyran mais nous avons besoin de
lui. Regardons ce qui se passe avec
Erdogan et les Kurdes massacrés.
Finalement, les gouvernements
européens se sont liés les mains en
versant 6 milliards pour maintenir
les migrants de l’autre côté de la
frontière européenne. Un jour, nous
irons chercher les signataires et ils
seront jugés car nous assistons à
une catastrophe humanitaire. Au
nom de cet électorat nationaliste,
les politiques misent sur les peurs,
l’absence de solidarité. Souvenonsnous de l’exode pendant la Seconde
Guerre mondiale. Oui, ça dérange,
oui il a fallu pousser les meubles.
Pourquoi faut-il attendre d’être
dans la guerre pour faire preuve
de solidarité ? La paix devrait nous
donner l’envie de nous organiser,
d’accepter de vivre différemment,
d’aider. Il est quand même sidérant
que la France ne puisse pas accueillir 200 000 migrants quand le Liban
et la Jordanie en accueillent plusieurs millions.
* Mémé
de Philippe Torreton,
paru aux éditions
L’Iconoclaste, janvier 2014.
`
** « Ô Dieu ! je pourrais être enfermé dans une coquille de noix, et me
regarder comme le roi d’un espace
infini, si je n’avais pas de mauvais
rêves. » Hamlet, acte I, scène II.
Traduction Victor Hugo.
*** Interview réalisée le lundi
10 octobre 2016 à Annecy.
**** Une ambition intime,
diffusée le dimanche 9 octobre 2016.
LA RÉSISTIBLE
ASCENSION D’ARTURO UI
de Bertolt Brecht
Mise en scène
Dominique Pitoiset
Du mercredi 2 au dimanche
6 novembre 2016
dans la grande salle de Bonlieu
scène nationale à Annecy.
Avec Philippe Torreton, Daniel
Martin, Pierre-Alain Chapuis,
Hervé Briaux, Nadia Fabrizio,
Thierry Caens, Gilles
Fisseau, Adrien Cauchetier,
Jean-François Lapalus,
Martine Vandeville.
Production BSN – Cie Pitoiset.
NOVEMBRE 2016 KAËLE
9
THÉÂTRE
LOISIRS
•
à l’affiche
LIVRE
•
EXPOSITIONS
•
IL
Y
A
20
ANS
•
LA
TABLE
•
ÉTAT-CIVIL
•
CULTES
•
DÉTENTE
Après le succès rencontré avec « Cyrano », Philippe Torreton est de retour aux côtés du metteur en scène Dominique Pitoiset
avec « La résistible ascension d’Arturo Ui ». Une pièce, qui, comme le rappelle Philippe Torreton, « suscite beaucoup d’interrogations de par sa forme et ce qu’elle raconte ». Nous l’avons rencontré à Bonlieu, à Annecy, où se joueront les premières
représentations, avant de partir en tournée. Une tournée qui passera également par l’Espace Malraux de Chambéry.
14 octobre 2016
54
L.V.N. : Avant de vous engager sur
cette création, que connaissiezvous de cette pièce-là ?
P.T. : Je connaissais cette pièce
dans le sens où je l’avais vue jouée
et que j’avais lu des choses dessus. Je pensais donc la connaître.
Mais en la lisant, je me suis aperçu
que je ne l’avais pas lue. Il faut
bien prendre conscience que les
grands classiques, qu’ils soient
modernes ou anciens, on ne les a
La Vie nouvelle/Les AFFICHES de Chambéry et de Savoie
en fait jamais vraiment lus ! Avec
Dominique, nous cherchions à
retravailler ensemble ensuite à
Cyrano. Après quelques tentatives
du côté de SARTRE, nous avons
très vite compris que nous recherchions quelque chose d’assez
politique, à l’heure même où la
France se trouve dans une période
pré-électorale. Cette pièce s’est
malheureusement imposée assez
naturellement, vis-à-vis de ce qui
nous attend, de ce qui est en train
de se passer en Europe avec des
montées droitières extrêmes, que
ce soit en Pologne, en Hongrie,
l’Autriche qui s’apprête à voter, les
percées électorales de l’extrême
droite en Allemagne, en Croatie, en
France avec notamment la montée
du Front national… Il y a donc
vraiment un climat favorable à ces
idées-là, à ce repli sur soi ; mais aussi
l’attente d’une crise économique,
des tensions sociales, communautaires… Le climat actuel rend cette
pièce très pertinente.
L.V.N. : Comment la jouer à l’heure
d’aujourd’hui ?
P.T. : Nous devons réinterroger
la distanciation brechtienne : son
propos reste complètement pertinent, il faut donc retrouver l’esprit
de BRECHT, mais pas forcément le
reprendre à la lettre. Arturo Ui est
d’ailleurs une pièce qu’il n’a jamais
éprouvée sur le plateau, puisqu’il
est mort avant même qu’elle ne
soit jouée par sa troupe. Et cela
change les choses, car BRECHT était
un homme de théâtre dans son
ensemble : écrivain, metteur en
scène, il dirigeait une troupe…
il brassait donc tout le théâtre
de A à Z, de la feuille blanche au
spectacle. On sait par les gens
qui l’ont connu, ses journaux, ses
notes, qu’entre l’écriture et après
le spectacle, de nombreux changements étaient opérés : il arrachait
des pages, réécrivait, ajoutait un
personnage, en retirait un autre…
Le travail avec les comédiens était
donc une seconde phase d’écriture,
ce qu’Arturo Ui n’a donc pas eu.
Alors, rien ne nous dit que cette
pièce serait sous cette forme-là
si BRECHT avait eu le temps de la
mettre en scène. C’est pour cela
que nous avons préféré nous
appuyer sur la version de MÜLLER
qui en a fait une adaptation très
fidèle, mais beaucoup plus fluide et
tonique que la pièce originelle.
C’est donc celle-ci que nous
interrogeons et que nous allons
essayer de faire résonner dans
notre monde.
L.V.N. : L’Arturo Ui de
Dominique PITOISET a-t-il
plus un penchant HITLER,
AL CAPONE ou RICHARD III ?
P.T. : Nous voulons essayer
de nous dégager du côté
gangster qui a beaucoup
vieilli. La pensée vis-à-vis
de ce mal-là - le nazisme
incarné par HITLER n’est pas la même
aujourd’hui
que dans
L.V.N. : Quel est le dispositif
scénographique choisi ?
P.T. : C’est une salle d’un lieu un peu
ambigu qui peut faire penser à une
salle des coffres-forts d’une grosse
banque ou à une salle mortuaire
d’un institut médico-légal suivant
ce que l’on découvre à l’ouverture
des coffres. L’atmosphère qui se
dégage, c’est celle d’un monde un
peu glacé, avec un sol de marbre et
une immense table où se négocient
pas mal de choses.
Propos recueillis
par Célia Di Girolamo
LA RÉSISTIBLE ASCENSION
D’ARTURO UI
- Mercredi 2 novembre (20h30),
jeudi 3 novembre (19h),
vendredi 4 novembre (20h30),
samedi 5 novembre (20h30)
et dimanche 6 novembre (17h),
à Bonlieu, à Annecy.
De 8 à 24 euros. 04 50 33 44 11.
www.bonlieu-annecy.com
- Mardi 14, mercredi 15
et jeudi 16 mars, à 19h30,
à l’Espace Malraux,
à Chambéry. De 10 à 24 euros.
04 79 85 55 43. www.espacemalraux-chambery.com
MERCREDI
19 octobre
Théâtre
Le dernier testament
Voir le 18 octobre.
Musique classique
Sarbacanes
Avec Loris Barrucand, clavecin ;
Gabriel Pidoux, hautbois ;
Alejandro Pérez Marin, basson ;
et Coline Ormond, violon. Œuvres
d’Haendel, Fasch et Telemann. 20h.
Église Saint-Laurent
Ugine
Rap, hip-hop, slam
Dirty Zoo
& Djamanawak
Avant-première de Tartine
Festival. 21h. 5€.
La Soute
Cité des Arts - Jardin du Verney
Chambéry - 04 79 71 76 40
Animation diverse
Fête foraine
d’Albertville
Voir le 15 octobre.
JEUDI
20 octobre
Pop, rock
Dandies
Indie rock. 21h. 2€.
Brin de zinc
3, ZA de la Peysse
Barberaz - 04 79 68 91 15
Visite guidée
Jazz, blues
Daddy MT
& The Matches
21h30.
Jazz Club de Savoie
183, rue François-de-Guise
Chambéry - 04 79 33 43 85
Guillaume Perret
Avec en 1re partie Thierry Girault
et Liv Flat Béatrice Graff.
21h. De 13 à 19€.
Le Brise glace
54 bis, rue des Marquisats
Annecy - 04 50 33 65 10
Rap, hip-hop, slam
Lacraps & Laclassic /
Artivistes /
Hors fréquence
21h. 9€.
Brin de zinc
3, ZA de la Peysse
Barberaz - 04 79 68 91 15
Visite guidée
Musée d’arts
et traditions populaires
14h/15h30.
Musée d’Arts et Traditions
populaires du Val d’Arly
240, allée Crest-Chérel
Ugine - 04 79 89 00 40
Trésors de Chambéry :
le château
et son quartier
Voir le 15 octobre.
Animation diverse
Fête foraine
d’Albertville
Voir le 15 octobre.
SAMEDI
22 octobre
Théâtre
Trésors de Chambéry :
le château
La tectonique
et son quartier
des sentiments
Voir le 15 octobre.
Animation diverse
Fête foraine
d’Albertville
Voir le 15 octobre.
VENDREDI
21 octobre
D’Éric-Emmanuel Schmitt. Par la
Cie Les souffleurs de vers.
20h30. De 5 à 10€.
Salle de l’Ebène
La Biolle - 04 79 63 05 77
Musique classique
Le Galibier
Concert baroque. Avec Gabriel
Jehan, Pierre-Marie Charvoz et
Laurent Doubroff. Œuvres de
Vivaldi, Albinoni, Purcell et Bach.
20h30. 8€.
Église
Saint-Alban-des-Hurtières
04 79 36 18 06
Théâtre
Opéra, chant lyrique
Le mensonge
Don Giovanni
De Florian Zeller. Mise en scène
Bernard Murat. Avec Pierre Arditi,
Évelyne Bouix, Josiane Stoléru et
Jean-Michel Dupuis.
20h30. De 45 à 75€.
Théâtre du Casino
Grand Cercle
Aix-les-Bains - 04 79 88 09 99
En direct du Metropolitan
Opera de New York. De Mozart.
Direction Fabio Luisi. Mise en
scène Michael Grandage
18h55.
Victoria
36, avenue Victoria
Aix-les-Bains - 04 79 35 10 00
14 octobre 2016
La Vie nouvelle/Les AFFICHES de Chambéry et de Savoie
La Vie nouvelle : Qu’est-ce qui
vous a donné envie de repartir aux
côtés de Dominique PITOISET ?
Philippe TORRETON : J’aime beaucoup la façon dont Dominique
interroge les œuvres. S’il était
garagiste, il serait capable de
démonter l’intégralité d’une
voiture… pour la comprendre !
C’est quelqu’un qui cherche à
tout precevoir, jusqu’à la moindre
réplique… Il est très méticuleux
dans sa façon de désosser l’œuvre
pour comprendre sa fabrication,
pourquoi elle est ainsi, voir ce
qu’elle dit, avant de la reconstruire !
Lorsque l’on débute les répétitions,
c’est très travaillé, mais il laisse
ouvert tous les possibles. Les
comédiens qui travaillent avec lui
ont vraiment la sensation de créer
quelque chose tous ensemble, en
même temps : nous participons
tous à la réflexion, nous cherchons
à rendre les choses compréhensibles scéniquement parlant, à
trouver comment traduire une
interrogation par une mise en jeu,
etc. J’aime ce dialogue que l’on
a avec lui, même si l’on a parfois
l’impression de tout remettre en
cause !
L.V.N. : C’est donc une version très
contemporaine…
P.T. : Nous essayons de faire en sorte
que cette pièce parle du monde
d’aujourd’hui. Voilà pourquoi nous
nous éloignons un peu du gangstérisme, et que nous resserrons du
côté de la finance, du commerce.
Dans cette pièce, plein de choses
pourraient être dites par des personnalités politiques actuelles :
sur l’autorité, la crainte de la violence, la protection…
agenda des loisirs
théâtre
Philippe Torreton : « Le climat actuel
rend cette pièce très pertinente »
les années cinquante. BRECHT
voulait absolument montrer que
cette ascension-là était résistible,
que si l’on avait eu un peu de courage et de détermination, HITLER
aurait très bien pu être écarté ; et
que c’était encore possible même
lorsqu’il est devenu Chancelier !
Mais on a laissé faire. C’est un peu
ce que nous essayons d’interroger :
nous ne sommes pas là pour imiter
HITLER ou raconter son parcours ;
mais bel et bien pour comprendre
ce qui fait que cela a pu se passer.
Il y aura toujours des gens, dans
le monde, prêts à profiter d’une
situation délétère, violente, pour
tirer leur épingle du jeu, pour
convaincre qu’il faut intervenir.
C’est ce qui se passe en France en
ce moment avec, d’un côté, une
faiblesse gouvernementale, et, de
l’autre, une Droite qui se durcit.
Alors, à nous de nous interroger
pour savoir si nous avons bien tiré
les leçons de ce qui s’est passé… !
C’est effrayant de constater que
la période entre-deux-guerres
ressemble à ce que nous vivons.
k Swirc
•
© Patric
CINÉMA
55
Philippe Torreton!: «!Le climat actuel rend cette pièce très pertinente!»
Après le succès rencontré avec «!Cyrano!», Philippe Torreton est de retour aux côtés du metteur en scène
Dominique Pitoiset avec «!La résistible ascension d’Arturo Ui!». Une pièce, qui, comme le rappelle Philippe
Torreton, «!suscite beaucoup d’interrogations de par sa forme et ce qu’elle raconte!». Nous l’avons rencontré à
Bonlieu, à Annecy, où se joueront les premières représentations, avant de partir en tournée. Une tournée qui
passera également par l’Espace Malraux de Chambéry.
La Vie nouvelle!: Qu’est-ce qui vous a donné envie de repartir aux côtés de Dominique PITOISET!?
Philippe TORRETON : J’aime beaucoup la façon dont Dominique interroge les œuvres. S’il était garagiste, il
serait capable de démonter l’intégralité d’une voiture… pour la comprendre!!
C’est quelqu’un qui cherche à tout precevoir, jusqu’à la moindre réplique… Il est très méticuleux dans sa façon
de désosser l’œuvre pour comprendre sa fabrication, pourquoi elle est ainsi, voir ce qu’elle dit, avant de la
reconstruire!! Lorsque l’on débute les répétitions, c’est très travaillé, mais il laisse ouvert tous les possibles. Les
comédiens qui travaillent avec lui ont vraiment la sensation de créer quelque chose tous ensemble, en même
temps!: nous participons tous à la réflexion, nous cherchons à rendre les choses compréhensibles scéniquement
parlant, à trouver comment traduire une interrogation par une mise en jeu, etc. J’aime ce dialogue que l’on a
avec lui, même si l’on a parfois l’impression de tout remettre en cause!!
L.V.N.!: Avant de vous engager sur cette création, que connaissiez-vous de cette pièce-là!?
P.T.!: Je connaissais cette pièce dans le sens où je l’avais vue jouée et que j’avais lu des choses dessus. Je
pensais donc la connaître. Mais en la lisant, je me suis aperçu que je ne l’avais pas lue. Il faut bien prendre
conscience que les grands classiques, qu’ils soient modernes ou anciens, on ne les a en fait jamais vraiment lus!!
Avec Dominique, nous cherchions à retravailler ensemble ensuite à Cyrano. Après quelques tentatives du côté
de SARTRE, nous avons très vite compris que nous recherchions quelque chose d’assez politique, à l’heure
même où la France se trouve dans une période pré-électorale. Cette pièce s’est malheureusement imposée assez
naturellement, vis-à-vis de ce qui nous attend, de ce qui est en train de se passer en Europe avec des montées
droitières extrêmes, que ce soit en Pologne, en Hongrie, l’Autriche qui s’apprête à voter, les percées électorales
de l’extrême droite en Allemagne, en Croatie, en France avec notamment la montée du Front national…
15 OCT.2016
Il y a donc vraiment un climat favorable à ces idées-là, à ce repli sur soi!; mais aussi l’attente d’une crise
économique, des tensions sociales, communautaires… Le climat actuel rend cette pièce très pertinente.
L.V.N.!: Comment la jouer à l’heure d’aujourd’hui!?
P.T.!: Nous devons réinterroger la distanciation brechtienne!: son propos reste complètement pertinent, il faut
donc retrouver l’esprit de BRECHT, mais pas forcément le reprendre à la lettre. Arturo Ui est d’ailleurs une
pièce qu’il n’a jamais éprouvée sur le plateau, puisqu’il est mort avant même qu’elle ne soit jouée par sa troupe.
Et cela change les choses, car BRECHT était un homme de théâtre dans son ensemble!: écrivain, metteur en
scène, il dirigeait une troupe… il brassait donc tout le théâtre de A à Z, de la feuille blanche au spectacle. On
sait par les gens qui l’ont connu, ses journaux, ses notes, qu’entre l’écriture et après le spectacle, de nombreux
changements étaient opérés!: il arrachait des pages, réécrivait, ajoutait un personnage, en retirait un autre… Le
travail avec les comédiens était donc une seconde phase d’écriture, ce qu’Arturo Ui n’a donc pas eu. Alors, rien
ne nous dit que cette pièce serait sous cette forme-là si BRECHT avait eu le temps de la mettre en scène. C’est
pour cela que nous avons préféré nous appuyer sur la version de MÜLLER qui en a fait une adaptation très
fidèle, mais beaucoup plus fluide et tonique que la pièce originelle. C’est donc celle-ci que nous interrogeons et
que nous allons essayer de faire résonner dans notre monde.
L.V.N.!: L’Arturo Ui de Dominique PITOISET a-t-il plus un penchant HITLER, AL CAPONE ou
RICHARD III!?
P.T.!: Nous voulons essayer de nous dégager du côté gangster qui a beaucoup vieilli. La pensée vis-à-vis de ce
mal-là – le nazisme incarné par HITLER – n’est pas la même aujourd’hui que dans les années cinquante.
BRECHT voulait absolument montrer que cette ascension-là était résistible, que si l’on avait eu un peu de
courage et de détermination, HITLER aurait très bien pu être écarté!; et que c’était encore possible même
lorsqu’il est devenu Chancelier!! Mais on a laissé faire. C’est un peu ce que nous essayons d’interroger!: nous ne
sommes pas là pour imiter HITLER ou raconter son parcours!;
mais bel et bien pour comprendre ce qui fait que cela a pu se passer. Il y aura toujours des gens, dans le monde,
prêts à profiter d’une situation délétère, violente, pour tirer leur épingle du jeu, pour convaincre qu’il faut
intervenir. C’est ce qui se passe en France en ce moment avec, d’un côté, une faiblesse gouvernementale, et, de
l’autre, une Droite qui se durcit.
Alors, à nous de nous interroger pour savoir si nous avons bien tiré les leçons de ce qui s’est passé…!! C’est
effrayant de constater que la période entre-deux-guerres ressemble à ce que nous vivons.
L.V.N.!: C’est donc une version très contemporaine…
P.T.!: Nous essayons de faire en sorte que cette pièce parle du monde d’aujourd’hui. Voilà pourquoi nous nous
éloignons un peu du gangstérisme, et que nous resserrons du côté de la finance, du commerce. Dans cette pièce,
plein de choses pourraient être dites par des personnalités politiques actuelles!:
sur l’autorité, la crainte de la violence, la protection…
L.V.N.!: Quel est le dispositif scénographique choisi!?
P.T.!: C’est une salle d’un lieu un peu ambigu qui peut faire penser à une salle des coffres-forts d’une grosse
banque ou à une salle mortuaire d’un institut médico-légal suivant ce que l’on découvre à l’ouverture des
coffres. L’atmosphère qui se dégage, c’est celle d’un monde un peu glacé, avec un sol de marbre et une
immense table où se négocient pas mal de choses.
Propos recueillis par Célia Di Girolamo
LA RÉSISTIBLE ASCENSION D’ARTURO UI
- Mercredi 2 novembre (20h30), jeudi 3 novembre (19h), vendredi 4 novembre (20h30), samedi 5 novembre (20h30) et
dimanche 6 novembre (17h), à Bonlieu, à Annecy.
De 8 à 24 euros. 04 50 33 44 11. www.bonlieu-annecy.com
- Mardi 14, mercredi 15 et jeudi 16 mars, à 19h30, à l’Espace Malraux, à Chambéry. De 10 à 24 euros.
04 79 85 55 43. www.espacemalraux-chambery.com
15 OCT.2016
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