Les réseaux du langage et des hallucinations

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L’Information psychiatrique 2012 ; 88 : 823–30
HALLUCINATIONS ET NEUROSCIENCES
Les réseaux du langage et des hallucinations
Vincent Marzloff 1 , Mathieu Alary 2 , Annick Razafimandimby 3 , Sonia Dollfus 1,3
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
RÉSUMÉ
Les études en imagerie cérébrale ont montré une superposition des réseaux du langage et des hallucinations acousticoverbales (HAV). Par conséquent, l’exploration en imagerie cérébrale des réseaux du langage permet de mieux comprendre la
physiopathologie des HAV. Dans cet article, trois types d’études sont discutés. Premièrement, nous détaillons les études
portant sur la spécialisation hémisphérique pour le langage et sa relation avec les HAV. Deuxièmement, nous examinons
trois hypothèses cognitives des HAV dans la schizophrénie : une compétition entre HAV et stimuli auditifs verbaux dans
l’activation des aires de langage, un défaut d’identification du langage intérieur et une mauvaise identification de la source
du langage intérieur. Enfin, nous présentons l’intérêt de l’imagerie cérébrale fonctionnelle pour déterminer la cible d’un
traitement par stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) chez les patients souffrant de schizophrénie et
d’HAV.
Mots clés : physiopathologie, hallucination auditive, langage, schizophrénie, imagerie cérébrale, stimulation magnetiqueintracranienne, traitements physiques et électriques
ABSTRACT
Networks of language and hallucinations. The brain imaging studies have shown an overlying network of language
and acoustic-verbal hallucinations (HAVs). Therefore, exploring brain imaging of language networks permits to better
understand the pathophysiology of HAVs. In this paper, three types of studies are discussed. First, we describe studies
of hemispheric specialization concerning language and its relationship with HAVs. Second, we examine three cognitive
hypotheses of HAVs in schizophrenia: a relationship between HAVs and verbal auditory stimuli in the activation of language
areas, a lack of identification of internal language and a misidentification of the source of the inner language. Finally, we
present the value of functional brain imaging to determine the target of treatment by repetitive transcranial magnetic
stimulation in patients with schizophrenia and HAVs.
doi:10.1684/ipe.2012.0996
Key words: pathophysiology, auditory hallucination, language, schizophrenia, brain imaging, magnetic intracranial stimulation, physical therapy and electrical
1 CHU de Caen, service de psychiatrie, centre Esquirol, 14000 Caen, France
<[email protected]>
2 CNRS, UMR 6301 CNRS, GIP Cyceron, boulevard Henri-Becquerel, BP 5229, 14074 Caen cedex, France
3 Université de Caen Basse-Normandie, UMR 6301CNRS, 14000 Caen, France
Tirés à part : V. Marzloff
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 10 - DÉCEMBRE 2012
823
Pour citer cet article : Marzloff V, Alary M, Razafimandimby A, Dollfus S. Les réseaux du langage et des hallucinations. L’Information psychiatrique 2012 ; 88 : 823-30
doi:10.1684/ipe.2012.0996
V. Marzloff, et al.
RESUMEN
Las redes del lenguaje y de las alucinaciones. Los estudios de imagen cerebral han mostrado una superposición de las
redes del lenguaje y de las alucinaciones acustico-verbales (AAVs o HAVs por su sigla en francés). Por consiguiente, la
exploración por imagen cerebral de las redes del lenguaje permite comprender mejor la fisiopatología de las AAVs. En
este artículo, se discuten tres tipos de estudios. Primero, pormenorizamos los estudios centrados en la especialización
hemisférica para el lenguaje y su relación con las AAVS. Luego, examinamos tres hipótesis cognitivas de las AAVs en
la esquizofrenia: una competición entre AAVs y stimuli auditivos verbales en la activación de las áreas del lenguaje,
una carencia de identificación del lenguaje interior y una incorrecta identificación de la fuente del lenguaje interior. Por
fin, presentamos el interés de la imagen cerebral funcional para determinar la diana de un tratamiento por estimulación
magnética transcraneal repetitiva (rTMS) en los pacientes afectados de esquizofrenia y de AAVs.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Palabras claves : fisiopatología, alucinación auditiva, lenguaje, esquizofrenia, imagen cerebral, estimulación magnética
intracraneal, tratamientos físicos y eléctricos
Abréviations
HAV hallucinations acousticoverbales
BOLD blood-oxygen level dependent signal (signal dépendant du taux d’oxygénation du sang)
EEG électroencéphalographie
VGSE voix générées par une source extérieure
IRMf imagerie par résonance magnétique fonctionnelle
IRM imagerie par résonance magnétique
P3 région pariétale gauche
IMAV imagerie mentale auditive verbale
rTMS repetitive transcranial magnetic stimulation ; stimulation magnétique transcrânienne répétitive
SPM statistical parametric mapping
STS sillon temporal supérieur
T3 région temporale gauche
Introduction
L’étude des bases neurales du langage chez les patients
souffrant d’hallucinations auditives se révèle fascinante
et complexe. Il existe une certaine similitude entre la
perception d’un discours extérieur et les HAV. Les HAV présentent, en effet, une forte impression de réalité, un contenu
lexical plus ou moins riche allant de simples mots isolés à
des phrases ou un dialogue élaboré, ainsi que des caractéristiques sensorielles (intensité, sonorité, timbre, localisation
dans l’espace. . .). La principale différence entre les HAV
et la perception de voix réelles est l’absence de stimulus
réel lorsque la personne a une expérience d’HAV. Dans
ce contexte, un dysfonctionnement cognitif pourrait être à
l’origine des HAV. Plusieurs hypothèses peuvent être évoquées, telles qu’un défaut de reconnaissance du discours
intérieur ou une erreur d’identification de la provenance
du dialogue intérieur. Les études en imagerie cérébrale
ont aussi montré un recouvrement des réseaux du langage et des réseaux des HAV [28, 36, 38]. Les réseaux
des HAV recrutent de manière bilatérale les gyri temporaux supérieurs et médians mais avec une prédominance
824
gauche. De même, il est bien connu que, chez les sujets
droitiers, le langage est une fonction cognitive latéralisée dans l’hémisphère cérébral gauche. Or, il a été montré
que les patients schizophrènes présentent une réduction de
cette latéralisation hémisphérique gauche pour le langage.
L’étude des bases neurales du langage est donc particulièrement pertinente dans la schizophrénie. Elle permet entre
autre de localiser la cible du traitement par rTMS [15],
cible située le plus souvent dans la région temporopariétale gauche du langage. Or, cette localisation se superpose
à un « épicentre » du langage, région incontournable lors
de la production et de la compréhension du langage, qui est
localisé dans la partie postérieure du STS gauche [23, 27].
Dans cet article seront donc successivement abordés les
liens entre les HAV et la latéralisation hémisphérique pour
le langage, les modèles cognitifs des HAV, et l’intérêt de
l’imagerie dans le traitement par rTMS chez les patients
souffrant de schizophrénie et présentant des HAV.
Bases neurales du langage,
hallucinations acousticoverbales
et latéralisation hémisphérique
du langage
L’étude de la relation entre les HAV et la spécialisation hémisphérique du langage dans la schizophrénie se
justifie par trois types de données. Premièrement, les HAV
peuvent être considérées comme le reflet d’un dysfonctionnement du langage dans la schizophrénie, comme l’a
suggéré Seglas, psychiatre français du xixe siècle. Deuxièmement, le langage, tel que l’évoquait Broca au xixe siècle,
est une fonction hémisphérique latéralisée à gauche chez les
sujets sains droitiers ; et cette latéralisation serait mise en
place dès la vie fœtale. Troisièmement, des études en imagerie cérébrale portant sur la latéralisation manuelle ont
étayé l’hypothèse de Crow selon laquelle la schizophrénie
serait caractérisée par une diminution de la spécialisation
hémisphérique du langage [6].
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 10 - DÉCEMBRE 2012
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Les réseaux du langage et des hallucinations
Les études en imagerie cérébrale fonctionnelle réalisées
lors de tâches variées de langage ont mis en évidence une
diminution de la latéralisation hémisphérique du langage
chez les patients souffrant de schizophrénie [4, 35, 43], qui
s’est aussi révélée être stable au cours du temps [29].
Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec
prudence en raison de potentiels facteurs de confusion tels
que l’influence du genre, de la préférence manuelle, du type
de tâche, de la médication par antipsychotiques ou encore
de la sévérité des hallucinations. Une étude a néanmoins
montré que cette diminution de la latéralisation se retrouvait aussi chez les patientes [36]. Une autre étude, portant
à la fois chez des patients droitiers et gauchers, a montré l’importance de prendre en compte le type de tâche et
la préférence manuelle dans l’interprétation des résultats
[30].
Les performances cognitives altérées peuvent aussi
contribuer à expliquer cette réduction de la latéralisation
fonctionnelle. Une étude a montré que, lors d’une tâche de
production de mots, les patients présentaient une asymétrie gauche moins marquée que les témoins [4]. L’activité
hémisphérique droite était corrélée négativement avec le
nombre de mots produits lors de la tâche de génération
de mots. Selon les auteurs, l’augmentation de l’activité
frontale droite chez les patients représenterait une adaptation cérébrale fonctionnelle permettant de compenser un
déficit de performances. Néanmoins, d’autres études n’ont
pas retrouvé de lien significatif entre les performances et
le degré de latéralisation fonctionnelle [9, 35]. Aussi de
bas niveaux de performance chez les patients pourraient
contribuer à de moindres activations des régions du langage, sans pour autant entièrement expliquer la diminution
de l’asymétrie fonctionnelle cérébrale observée chez les
patients souffrant de schizophrénie.
La plupart des études ont rapporté une diminution de
la latéralisation hémisphérique du langage chez les patients
atteints de schizophrénie et traités par médicaments antipsychotiques. Deux études seulement ont inclus des patients
sans traitement antipsychotique et ont toutes deux rapporté
également une diminution de la latéralisation hémisphérique gauche. En effet, une réduction de la latéralisation
hémisphérique gauche du langage a été observée chez des
patients non traités lors d’un épisode psychotique aigu de
schizophrénie [39, 43]. Cela suggère que la médication
antipsychotique n’ait pas d’influence sur cette réduction de
la dominance hémisphérique du langage chez les patients
souffrant de schizophrénie.
Peu d’études se sont penchées sur le rôle potentiellement confondant des symptômes dans la réduction de la
latéralisation hémisphérique pour le langage. Une étude
longitudinale d’imagerie fonctionnelle a montré que la
présence d’hallucinations auditives était associée à une
réduction bilatérale de l’activation du cortex temporal
lors d’une tâche de traitement du langage [44], mais les
asymétries fonctionnelles n’ont pas été explorées. Une
autre équipe a rapporté une corrélation négative entre la
sévérité des hallucinations auditives et le degré de latéralisation fonctionnelle mais cela après avoir exclu les
sujets ayant une latéralisation fonctionnelle droite pour le
langage [35]. Ce résultat sous-entendrait que les patients
souffrant d’hallucinations sévères ont une moindre latéralisation hémisphérique gauche pour le langage. Cependant,
d’autres études n’ont pas mis en évidence de lien entre
la réduction de la latéralisation hémisphérique gauche et
la sévérité des troubles du langage (en particulier les hallucinations auditives ou la désorganisation conceptuelle)
évalués avec la Positive and Negative Syndrome Scale
[5, 9, 42] ou la Brief Psychiatric Rating Scale [19].
Plus récemment, Sommer et al. [34] ont investigué des
patients psychotiques alors qu’ils présentaient des HAV et
qu’ils effectuaient silencieusement une tâche de génération
de mots. Pendant les acquisitions IRM, les patients avaient
une latéralisation des activations cérébrales durant les HAV
du côté opposé à celles de la génération silencieuse de mots.
De plus, la latéralisation des activations cérébrales durant
les HAV n’était pas associée à la latéralisation des activations générées par la tâche de génération mais était corrélée
au contenu émotionnel négatif des hallucinations. Récemment, Vercammen et al. [40] ont recherché un lien entre
la variabilité des caractéristiques perceptives des HAV et
l’activation du réseau du langage intérieur (discours adressé
à soi-même). Ils ont trouvé une association entre la réduction de la latéralisation du langage et le degré de réalité
ressenti lors des HAV, mais pas avec l’intensité sonore.
Par ailleurs, ils ont également noté que les HAV pouvaient
contribuer à une augmentation des activations dans les aires
du langage à droite. Ces résultats ne concordent, cependant,
pas avec ceux d’une étude récente comparant la latéralisation du langage chez des patients souffrant de psychose, des
sujets non psychotiques présentant des HAV, et des sujets
sains [8]. Les sujets non psychotiques présentant des HAV
n’avaient pas de réduction de la latéralisation du langage
comparativement aux sujets sains. À l’opposé, la latéralisation était significativement réduite chez les patients
psychotiques comparativement aux sujets non psychotiques
présentant des HAV et aux sujets sains. Ces résultats sont
en faveur d’une spécificité de la diminution de la latéralisation hémisphérique dans la schizophrénie. Une étude
récente dans notre équipe confirme cette hypothèse [1]. En
effet, une réduction de la latéralisation fonctionnelle est
retrouvée chez les patients schizophrènes mais non chez
les patients souffrant d’un trouble bipolaire.
Bases neurales du langage,
hallucinations auditives
et modèles cognitifs
L’utilisation de tâches de langage associées à l’imagerie
cérébrale fonctionnelle, telles la tomographie par émission
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V. Marzloff, et al.
de positons ou l’IRMf, permettent d’explorer les modèles
cognitifs des HAV. Par conséquent, cette approche permet
d’éclaircir la physiopathologie des HAV.
Les tâches de langage s’appuient, soit sur la perception
du langage, soit sur sa production. Les tâches de perception
consistent à écouter des phrases, des histoires, des discours
ou à identifier la source d’un discours. L’identification de
la source d’un discours est réalisée par l’écoute d’un discours pré-enregistré soit par le sujet soit par une autre
personne. Dans chaque cas, la tonalité de la voix enregistrée peut être modifiée ou gardée intacte. Puis, le sujet
doit décider si la voix enregistrée et rediffusée est la sienne
ou celle d’un autre. La tâche de production de langage a
recours soit au dialogue intérieur, soit à l’IMAV. La tâche
de langage intérieur implique que le sujet élabore silencieusement des phrases dans lesquelles il occupe une position
d’acteur ; par exemple il se dit « Je vais travailler ce soir ».
L’IMAV correspond à l’imagination ou la remémoration
par un sujet de phrases ou conversations prononcées par
une autre personne. Le réseau neural recruté lors de l’IMAV
se révèle particulièrement intéressant en raison des similarités avec celui des HAV (audition de mots ou phrases
avec la conviction qu’ils sont émis par une autre personne).
Dans les deux cas, le sujet a l’impression d’entendre le
discours d’une autre personne en l’absence de tout stimulus extérieur. Aussi l’identification de réseaux neuraux qui
sous-tendent le dialogue intérieur et l’IMAV pourrait faciliter l’exploration des régions cérébrales impliquées dans
les HAV.
De nombreux auteurs ont eu recours à des tâches de
langage pour investiguer trois hypothèses de dysfonctionnements cognitifs :
• une compétition entre les HAV et les stimuli acousticoverbaux dans l’activation des aires de langage ;
• un défaut d’identification du dialogue intérieur ;
• une erreur de discrimination de la source du dialogue
intérieur.
Compétition entre hallucinations
acousticoverbales et stimuli extérieurs
D’après David et al. [7], la présence d’HAV chez
les patients souffrant de schizophrénie atténue significativement la réponse corticale à une stimulation auditive
extérieure dans les régions du planum temporal gauche et
du gyrus temporal supérieur droit, mais ne modifie pas la
réponse cérébrale à une stimulation visuelle. Woodruff et al.
[44] ont testé le même groupe de patients à deux reprises :
une première fois lors d’une période d’hallucinations auditives de forte sévérité et une seconde fois dans une période
dépourvue de phénomènes hallucinatoires (périodes appelées respectivement des états hallucinatoires positif et
négatif). Ils ont constaté que les activations cérébrales du
826
gyrus temporal moyen droit et du gyrus temporal supérieur gauche lors d’une tâche d’écoute d’un discours étaient
plus importantes dans l’état hallucinatoire négatif que dans
l’état hallucinatoire positif. Ce résultat suggère que les
hallucinations puissent entrer en compétition avec la perception de stimuli auditifs externes au niveau du cortex
temporal. Dans une autre étude qui a inclus 15 patients
souffrant de schizophrénie, une corrélation négative a été
mise en évidence entre la sévérité des HAV et les activations
cérébrales détectées en IRMf dans le gyrus temporal supérieur gauche alors que les patients écoutaient des phrases
[28]. Ce résultat corrobore l’hypothèse d’une compétition
possible entre les HAV et les stimuli acousticoverbaux
externes.
Une étude récente en IRMf, incluant 22 patients avec
un diagnostic de schizophrénie et souffrant d’HAV, a eu
recours à une tâche d’évaluation d’accentuation syllabique
de mots en langue anglaise connue pour activer à la fois
la production de dialogue intérieur et la perception de
langage. Durant cette tâche les sujets devaient retrouver
l’accentuation syllabique des mots présentés visuellement.
Les sujets précisaient par une pression manuelle d’un bouton si l’accentuation se trouvait sur la première ou la
seconde syllabe [40]. Plus les HAV étaient fortes, plus la
réduction des activations liées à la tâche, dans le gyrus
angulaire bilatéral, le gyrus cingulaire antérieur, le gyrus
frontal inférieur gauche, l’insula gauche, et le cortex temporal gauche (T3), était importante. Ces résultats évoquent, là
encore, un phénomène de compétition des ressources neurales impliquées dans le dialogue intérieur, la perception du
langage et la production d’HAV.
Ces résultats sont particulièrement intéressants à la
lumière des observations cliniques qui montrent une réduction des hallucinations lorsque les patients reçoivent des
stimulations auditives verbales internes ou externes. En
effet, Slade [33] a montré chez deux patients souffrant
d’hallucinations auditives que l’intensité des hallucinations
décroissait proportionnellement au niveau de traitement
verbal requis durant une stimulation donnée, comme la
répétition de mots, la transcription de mots dictés, la récitation de mots de quatre lettres présentés par des écouteurs et
diffusés de plus en plus rapidement au fil du temps. Cet effet
a été particulièrement significatif pour des tâches nécessitant des interactions verbales. Margo et al. [20] ont mis
en évidence chez sept patients souffrant de schizophrénie et d’HAV que la réduction des HAV dépendaient de
l’importance de l’attention portée aux stimulations verbales
externes. Feder [10], à partir d’une étude de cas, recommande l’usage de stratégies anti-hallucinatoires par des
stimulations auditives à travers un casque diffusant la radio.
Plus tard le baladeur audio s’est révélé la stratégie la plus
efficace pour délivrer une stimulation auditive externe chez
16 patients parmi 20 invités à se prononcer sur différents
types de techniques anti-hallucinatoires [26].
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Hallucinations acousticoverbales :
un défaut d’identification
du dialogue intérieur ?
Certains auteurs ont évoqué une possible origine des
HAV dans une perception erronée du dialogue intérieur,
comme si celui-ci ici était non reconnu par le sujet et donc
émis par un étranger. Il y aurait en quelque sorte un défaut
de contrôle de son propre dialogue intérieur ou une mauvaise reconnaissance de son propre discours. Les études
en imagerie fonctionnelle qui ont exploré ces hypothèses
ont prouvé que les patients atteints de schizophrénie et
d’HAV présentaient des difficultés à identifier leur dialogue
intérieur comme leur appartenant.
McGuire et al. [21] ont cherché à caractériser les bases
neurales du discours intérieur ou endophasie (génération de
phrases prononcées silencieusement), et celles de l’IMAV
(imagination de phrases prononcées par une autre personne). Le discours intérieur était associé à une activation
du gyrus frontal inférieur gauche. L’IMAV déclenchait une
réponse dans la même région, mais associée à des activations plus importantes au sein du cortex prémoteur gauche,
de l’aire motrice supplémentaire, et des gyri temporaux
gauches. Ces résultats suggèrent que la prononciation silencieuse de phrases implique une région cérébrale elle-même
activée par la génération de langage, et que l’imagination
d’un discours prononcé par une autre personne est associée à une réponse supplémentaire des régions typiquement
recrutées dans la perception du langage. Des résultats similaires ont été retrouvés lors d’une tâche d’IMAV chez des
sujets sains et des patients atteints de schizophrénie n’ayant
jamais expérimenté d’hallucinations. Par ailleurs, un défaut
d’activation de la région temporale moyenne gauche a été
mis en évidence chez les patients schizophrènes avec des
hallucinations auditives actuelles ou passées. Ces résultats,
reproduits par la suite, suggèrent que la région temporale
moyenne gauche joue un rôle dans la prise de conscience
du discours intérieur et que cette région est fonctionnellement altérée chez les patients atteints de schizophrénie et
présentant des HAV. En effet, durant une tâche d’IMAV, les
patients avec des HAV comparés aux témoins, présentaient
une hypoactivation de plusieurs régions cérébrales, dont le
cortex temporal supérieur et moyen [31]. Toutefois, aucune
différence d’activation cérébrale n’a été décrite entre
patients et témoins durant la tâche de discours intérieur.
Récemment, des auteurs ont suggéré que les patients
présentant des HAV pourraient avoir un défaut de modulation des régions impliquées dans le traitement du langage
intérieur, lié à un manque de contrôle du cortex cingulaire sur ces régions. Simons et al. [32] ont réalisé des
tâches d’écoute de phrases et d’imagination de phrases en
IRMf chez 15 patients atteints de schizophrénie et d’HAV,
et 12 sujets sains. Durant la tâche d’écoute, l’activation
du cortex temporal supérieur gauche était comparable chez
les témoins et chez les patients. Cela suggère une absence
de déficit fonctionnel lors de l’écoute de phrases chez les
patients atteints de schizophrénie. En revanche, durant la
tâche de discours intérieur, les sujets témoins ont présenté
une diminution de l’activation cérébrale comparativement
à la tâche d’écoute, et cette diminution était plus marquée
que celle observée chez les patients. Les auteurs suggèrent
donc qu’un défaut d’atténuation de l’activation du cortex
temporal pourrait mener les patients à identifier le langage
intérieur comme provenant d’une source extérieure et être
à l’origine d’expériences hallucinatoires acousticoverbales.
Alors que les auteurs ont observé une activation du cortex
cingulaire chez les témoins lors de la tâche d’imagination
de phrases et une décroissance de cette activation lors de
l’écoute d’un discours extérieur, les patients ne présentaient pas d’activation du cortex cingulaire durant la tâche
d’imagination de phrases. Le cortex cingulaire antérieur
pourrait agir comme un modulateur de l’activité du gyrus
temporal supérieur gauche. Aussi les auteurs ont-ils suggéré
qu’un défaut de modulation puisse être associé à la tendance
des patients à attribuer une origine extérieure au langage
intérieur. Des résultats similaires de défaut de modulation
cérébrale lors de tâches de langage en référence avec soimême ou avec une autre personne ont été mis en évidence
par Jardri et al. [16].
À partir de ces études, les patients souffrant de schizophrénie et présentant des hallucinations se distingueraient
des sujets témoins par un déficit fonctionnel des régions
cérébrales impliquées dans la génération, la perception, et
le contrôle d’un dialogue intérieur. Ces données suggèrent
que l’apparition d’hallucinations auditives verbales dans la
schizophrénie puisse être associée à des modifications fonctionnelles de régions du cerveau impliquées dans la prise
de conscience des pensées intérieures.
Hallucinations acousticoverbales :
un déficit dans la distinction
de la source du discours ?
Les patients souffrant d’hallucinations ont tendance à
confondre leur propre discours déformé avec celui d’une
source extérieure. Cela a été démontré pour la première
fois lors d’une expérience au cours de laquelle les participants énonçaient à voix haute des mots les uns après
les autres et les entendaient en temps réel [18]. Une autre
étude, ayant eu recours à l’écoute de mots, a retrouvé une
erreur d’attribution plus fréquente chez les patients avec
des HAV que chez les patients non hallucinés et les sujets
sains [3], plus particulièrement lorsque la voix des sujets
était déformée. Ce constat a amené l’hypothèse que l’erreur
d’attribution d’une action à un agent extérieur pourrait provenir d’une activation anormale du réseau neural mis en jeu
dans la discrimination entre des actions propres à l’individu
et des actions extérieures [12].
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V. Marzloff, et al.
Lors d’une tâche d’IRMf, Allen et al. [2] ont fait écouter
des mots pré-enregistrés à 20 sujets atteints de schizophrénie, dont dix présentaient des HAV. La source (soi ou non
soi) et la qualité acoustique (intacte ou déformée) étaient
modifiées au cours de l’expérience. Les participants précisaient s’ils pensaient percevoir leur propre voix ou celle
d’une autre personne. Le groupe souffrant d’hallucinations
auditives faisait davantage d’erreurs d’attribution que le
groupe de patients non hallucinés et le groupe témoin.
Les deux groupes non hallucinés présentaient une activation plus importante du gyrus temporal supérieur gauche
lors de l’écoute d’une autre personne comparativement à
l’écoute de leur propre voix. Concernant le groupe présentant des HAV, l’activation du gyrus temporal ne variait
pas avec l’origine de la source. Avec le même paradigme
expérimental, la même équipe [22] a évalué l’interaction
des régions cérébrales entre elles (étude de connectivité)
par un modèle causal dynamique. Ils ont également estimé
la modulation de ces interactions en fonction de la source
et de la déformation des stimuli. Les sujets non hallucinés présentaient une connectivité plus forte entre la région
temporale supérieure gauche et le cortex cingulaire antérieur lors de l’écoute d’une personne extérieure que lors de
l’écoute de leur propre voix. L’effet contraire était retrouvé
pour les patients souffrant de schizophrénie et d’HAV.
Fu et al. [13] ont inclus 20 patients atteints de schizophrénie, dont dix souffrant d’une psychose active avec des
hallucinations et dix en rémission, et 13 sujets témoins.
Les patients atteints d’hallucinations et de délire présentaient une activation des gyri temporaux supérieurs plus
importante lors d’erreurs d’attribution d’une source extérieure que lors d’autoattributions correctes. L’effet inverse
était retrouvé chez les patients en rémission et les sujets
témoins. Ces résultats confirment que l’erreur d’attribution
d’un langage autogénéré et les symptômes hallucinatoires
de la schizophrénie sont liés à une perturbation fonctionnelle du cortex temporal supérieur.
L’ensemble de ces données conduit à la notion que les
patients atteints de schizophrénie et d’hallucinations présentent un défaut d’identification de la source d’un discours.
Cela pourrait découler de déficits fonctionnels des régions
directement impliquées (le gyrus temporal supérieur) dans
la perception du langage, des régions modulant (cortex
cingulaire antérieur) la perception du langage, ou de la
connexion entre ces régions.
Traitement du langage, hallucinations
acousticoverbales et stimulation
magnétique transcrânienne répétitive
La rTMS est un traitement préconisé dans le traitement
des HAV chez les patients souffrant de schizophrénie [24].
Une des raisons pouvant expliquer l’efficacité inconstante
de ce traitement pourrait être l’absence d’identification
d’une localisation pertinente et reproductible de stimu-
828
lation. Des études récentes ont montré que l’IRMf peut
être utilisée pour localiser une cible fonctionnelle afin
d’améliorer la précision et donc l’efficacité du traitement
par rTMS. Habituellement, les repères classiques en EEG
sont utilisés pour identifier la localisation du traitement
par rTMS. La cible est généralement localisée à midistance entre les électrodes temporales et pariétales, avec,
cependant, une imprécision liée à une grande variabilité
anatomique interindividuelle. Certains auteurs ont utilisé
l’IRMf lors d’HAV afin de cibler la stimulation sur les clusters d’activation générés par les HAV [17, 37]. Toutefois, les
HAV ne sont prévisibles que chez 5 % des patients affectés
et les réseaux sous-tendant les HAV sont étendus [15]. Or,
beaucoup de travaux ont étayé l’idée d’un recouvrement
entre les réseaux activés par les HAV et ceux impliqués
dans les tâches de langage [36, 38, 41]. Hoffman et al. [15]
ont par ailleurs testé plusieurs régions du réseau du langage pour identifier de potentielles cibles pour la rTMS, et
ont conclu que la région temporopariétale gauche du langage était la plus appropriée. La notion d’« épicentres » du
langage, ou régions incontournables dans la production ou
la compréhension du langage, est apparue grâce aux travaux de neuro-imagerie [23, 27]. Un de ces « épicentres »
est situé dans la partie postérieure du STS gauche. Or, une
étude récente a rapporté une corrélation entre la sévérité
des HAV et l’activation du STS gauche lors d’une tâche
d’écoute d’histoire [28]. À partir de l’ensemble de ces données, notre équipe a proposé de cibler la partie postérieure
du STS gauche et plus spécifiquement le cluster fonctionnel
le plus activé lors d’une tâche d’écoute de langage [25].
Dans cette étude, 11 patients souffrant de schizophrénie (DSM-IV) et d’HAV ont été traités par rTMS à haute
fréquence (20 Hz) guidée par IRM anatomique et fonctionnelle Philips 3-T. Le paradigme expérimental, d’une durée
de 5 minutes, consistait en une tâche d’écoute d’une histoire
en français, alternée avec la même histoire en tamoul. Cette
tâche est connue pour recruter particulièrement le réseau
sémantique gauche, plus particulièrement le STS gauche
[9]. Les patients recevaient un traitement rTMS à haute
fréquence (20 Hz) par un stimulateur magnétique Magstim
à raison de deux sessions de 13 minutes chacune par jour
durant deux jours pour un total de 10 400 stimulations.
Le positionnement de la bobine de stimulation était guidé
par un système de neuronavigation stéréotaxique sans cadre
qui juxtaposait le champ d’action de la rTMS à la cartographie anatomique du sujet, elle-même superposée à la carte
d’activation fonctionnelle en IRM. La cible de traitement
était donc localisée précisément au niveau du « cluster » de
plus forte activation le long de la partir postérieure du STS
gauche sur la carte de contraste BOLD, et ce pour chacun
des sujets (figure 1).
Afin de comparer la localisation de la cible conventionnelle obtenue avec le système de repérage EEG 10-20
(T3P3) et celle de notre cible identifiée par imagerie
anatomique et fonctionnelle, les coordonnées du site T3P3
étaient enregistrées avant la première session de rTMS.
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Les réseaux du langage et des hallucinations
miné, et la cible anatomique correspondante correspondait
à l’intersection du STS gauche avec la prolongation de la
partie ascendante de la fissure sylvienne.
Conclusion
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Pour conclure, le réseau du langage partage avec les
HAV les mêmes bases neurales. Par conséquent, les études
en imagerie utilisant des tâches de langage permettent de
mieux comprendre la physiopathologie sous-tendant les
HAV. De plus, les études en imagerie peuvent être utiles
pour explorer des modèles cognitifs et aussi pour déterminer une localisation pertinente dans le traitement par rTMS
des HAV chez les patients souffrant de schizophrénie.
Conflits d’intérêts : aucun.
Figure 1. Projections sur l’espace anatomique natif d’un patient des activations cérébrales fonctionnelles utilisées pour guider le traitement rTMS
par un système de navigation stéréotaxique sans cadre. Les activations
principales sont situées le long du sillon temporal supérieur (STS) gauche,
avec un maximum sur la partie postérieure du STS gauche, choisi pour
cible de la rTMS (carré vert). La cible habituelle par repérage anatomique
(T3P3) est marqué d’un disque vert, et la fissure sylvienne est rehaussée
de bleu.
Suite au traitement par rTMS, la fréquence des hallucinations auditives s’est réduite significativement entre les
jours 1 à 12 (p < 0,01), avec un effet de taille 1,18. Au
12e jour après traitement, huit patients sur 11 (72,7 %)
présentaient une réduction de plus de 75 % du score de
fréquence des HAV. Plus précisément, deux patients rapportaient n’avoir aucune HAV, et six patients évoquaient la
persistance de un à cinq épisodes d’HAV par jour contre
trois à 20 épisodes par heure avant traitement. Un suivi
rapproché durant six mois a montré une durée d’efficacité
moyenne de 8,5 ± 2,3 semaines. Deux patients ont témoigné d’une rémission avec absence totale d’hallucination
auditive au terme des six mois de suivi.
Dans cette étude, le site de stimulation identifié sur
la base d’une tâche de langage en IRMf était à une distance moyenne de 2,8 cm (±1,2) du site traditionnel T3-P3.
Aussi, les résultats négatifs d’études antérieures en rTMS
pourraient être expliqués par le choix systématique d’une
cible de stimulation à mi-distance entre T3 et P3 [11, 14].
Ce résultat suggère que l’efficacité du traitement par rTMS
puisse être améliorée par le repérage individualisé, fonctionnel et anatomique de la partie temporale du réseau
du langage et l’utilisation d’un guidage de la rTMS par
un système de neuronavigation. Ce résultat positif renforce l’hypothèse du choix de la partie postérieure du STS
gauche comme cible pertinente du traitement des HAV
par rTMS. De plus, le repérage de cette cible est facilité par l’usage d’une tâche d’écoute d’histoire en IRMf.
Cette méthode présente l’avantage d’une mise en œuvre
simple avec des résultats significatifs. En effet, pour dix des
11 patients, le « cluster » le plus activé a été facilement déter-
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