UNIVERSITE DE RENNES I FACULTE DE MEDECINE ECOLE D’AUDIOPROTHESE J.E. BERTIN MEMOIRE présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat d’Audioprothèse par Véronique HOULLIER ANNEE 2007 Introduction ..................................................................p. 1 I. Maladie de Ménière..............................p. 3 A. Description de la maladie de Ménière p. 4 1. Nosologie ......................................... p. 4 a- Triade de symptômes.......................p. 4 b- Classification ...................................p. 5 2. 3. 4. Physiopathologie.............................. p. 7 Etiopathogénie ................................. p. 8 Evolution.......................................... p. 9 B. Etablissement du diagnostic............. p. 11 C. Traitement........................................ p. 11 1. Traitement médical ......................... p. 12 a- De la crise .......................................p. 12 b- De fond ...........................................p. 13 2. Traitement chirurgical..................... p. 14 3. Autres traitements ........................... p. 15 II. Audition et la maladie de Ménière ....p. 18 A. B. C. Surdité.............................................. p. 18 Acouphènes...................................... p. 21 Plénitude d’oreille............................ p. 22 III. Etude clinique ....................................p. 23 A. B. C. D. IV. But de l’étude................................... p. 24 Conditions de l’étude et limites ....... p. 24 Résultats de l’étude.......................... p. 30 Synthèse........................................... p. 40 Intérêt pour l’audioprothèse...............p. 41 Conclusion...................................................................p. 43 Remerciements............................................................p. 45 Glossaire ......................................................................p. 46 Bibliographie ...............................................................p. 47 Annexe INTRODUCTION Les pathologies de la spécialité d’Oto-rhino-laryngologie (O.R.L.), et particulièrement celles de l’Otologie, sont nombreuses. Certaines d’entre elles engagent un diagnostic vital et d’autres sont bénignes. L’audioprothèse intervient dans le domaine de l’audition et en particulier pour les pathologies qui entraînent une perte auditive. Son rôle est d’améliorer l’audition et/ou d’apporter un confort auditif en supplément de la prise en charge médicale. Notre formation nous permet de passer du temps en service hospitalier pour observer ces pathologies afin de mieux appréhender l’appareillage des patients concernés. Lors de cette période de stage j’ai rencontré plusieurs personnes atteintes de la maladie de Ménière. Cette maladie, se caractérise par une triade symptomatique clinique et une évolution faite de crises itératives 1. Les trois symptômes majeurs sont les suivants : vertige itératif, acouphènes et surdité de perception. Ils entraînent une modification importante de la qualité de vie du patient. 1 : Voir Glossaire p. 40 Page 1 sur 48 La maladie de Ménière provoque des modifications de l’acuité auditive. Le patient atteint par cette maladie sera probablement amené à rencontrer un audioprothésiste. Il est donc intéressant, étant donné la complexité de la maladie, de s’interroger sur les difficultés de l’appareillage de ces patients. Le but de ce mémoire est de trouver des éléments de réponses à cette question : un patient touché par la maladie de Ménière peut-il être appareillé de la même façon qu’un patient présentant une presbyacousie ? Pour cela nous allons étudier la maladie de Ménière dans son ensemble tout d’abord, puis, plus particulièrement, au niveau de l’audition, afin de mettre l’accent sur les difficultés de l’appareillage de ces personnes. Nous verrons une étude de cas qui m’a permis de constater la difficulté de cette maladie et l’attention particulière qu’il est nécessaire d’apporter aux patients qui en souffrent. Page 2 sur 48 I. Maladie de Ménière En 1861, Docteur Prosper Ménière, médecin parisien, décrit pour la première fois les symptômes d’une maladie de l’oreille interne. Cette maladie qui prendra son nom, se caractérise par une triade symptomatique clinique et une évolution faite de crises itératives. Les trois symptômes majeurs sont les suivants : vertige itératif, acouphènes 2 et surdité de perception. Au-delà du tableau clinique établi, on constate que cette maladie ne se manifeste pas de façon identique pour toutes les personnes qui en sont atteintes. En effet, tous les patients ne sont pas égaux devant l’intensité de chacun des trois symptômes principaux, ni devant la fréquence et la durée des crises. Il en résulte néanmoins que la maladie de Ménière peut profondément modifier la vie du patient qui en souffre, allant jusqu’à provoquer un vrai handicap socio-professionnel, voire, sur le plan psychologique, une situation de dépression. Cette maladie ne montre aucune prépondérance sexuelle, raciale ou géographique. Le niveau social semble en revanche influencer la survenue de l’affection, car elle touche plus particulièrement les classes moyennes et supérieures [1]. Elle apparaît le plus souvent entre 40 et 60 ans, mais peut intervenir à tout âge ; elle est toutefois rare avant 20 ans et exceptionnelle chez l’enfant. 2 Voir Glossaire p. 40 Page 3 sur 48 A. Description de la maladie de Ménière 1. Nosologie La maladie de Ménière est une entité clinique de cause inconnue qui se caractérise par une triade symptomatique et une évolution faite de crises itératives. Les crises peuvent durer de 20 minutes à 24 heures, avec une moyenne de 2 à 4 heures. Elles sont généralement soudaines et surviennent avec ou sans signes avant-coureurs. a- Triade de symptômes a. Un vertige itératif Au cours d’une crise le patient a l’impression que tout tourne autour de lui comme s’il se trouvait dans un manège. Il lui est alors impossible de maintenir son équilibre, et préfère alors la position allongée. Lors de ces crises, le patient souffre de nausées ; des secousses involontaires des globes oculaires appelées nystagmus 3 interviennent, gênant considérablement la vue. b. Des acouphènes Les acouphènes sont des sensations auditives subjectives (ne résultant pas d’excitations extérieures de l’oreille). Ils simulent classiquement un bruit de conque marine, ils sont constants ou intermittents. Habituellement non pulsatiles, ils peuvent être présents ou non quotidiennement. En règle générale, ils apparaissent ou s’accentuent dans les instants qui précèdent la crise vertigineuse, constituant, ainsi, un signe annonciateur avertissant le patient de l’imminence d’une crise. 3 Voir Glossaire p. 40 Page 4 sur 48 c. Une surdité de perception Au début de l’évolution de la forme typique, elle prédomine sur les fréquences graves, fluctue de manière imprévisible et va peu à peu atteindre l’ensemble des fréquences. Elle se stabilise dans le temps aux alentours de 50 à 70 dB HL. La cophose reste exceptionnelle. Souvent la crise de vertige s’accompagne d’une aggravation de la perte auditive. Dans la variante particulière mais hautement typique du syndrome de Lermoyez, la crise de vertige entraîne une amélioration de l’audition. Nous verrons plus en détail la surdité de perception de la maladie de Ménière. b- Classification Voici le tableau clinique tel qu’il a été proposé en 1995 par le « special Committee on Hearing and Equilibrium of the American Academy of Ophthalmology and otolaryngology (AAOO)” [2, 3] qui est basé sur le degré de certitude diagnostique : a. Maladie de Ménière authentifiée : Le tableau de la maladie de Ménière certaine avec confirmation histopathologique. b. Maladie de Ménière certaine : La survenue d’au moins deux épisodes de crises de vertiges paroxystiques spontanées, d’une durée égale ou supérieure à 20 minutes. Une surdité de perception confirmée par au moins un audiogramme. La présence d’acouphènes ou de plénitude d’oreille. L’absence d’autres étiologies. Page 5 sur 48 c. Maladie de Ménière probable : La survenue d’un épisode de vertige. Une surdité de perception confirmée par au moins un audiogramme. La présence d’acouphènes ou de plénitude d’oreille. L’absence d’autres étiologies. d. Maladie de Ménière possible : La survenue d’épisodes de vertiges paroxystiques sans surdité de perception ; ou une surdité de perception (fluctuante ou fixe) avec état pseudoébrieux sans crise paroxystique. L’absence d’autres étiologies. Le tableau clinique présenté ci-dessus propose un degré de certitude de diagnostique « maladie de Ménière authentifiée ». Cette authentification demande une confirmation histopathologique qui n’existe pas chez le patient. En effet cette confirmation ne peut se faire que sur cadavre, la biopsie de l’oreille interne n’étant pas possible sans destruction de l’oreille. Pour la surdité de perception, l’un de ces critères diagnostiques proposés doit être présent [2] : La moyenne de perte auditive sur les fréquences 250, 500, 1000 Hz doit être supérieure de 15 dB, ou plus, à la moyenne de perte sur les fréquences 1000, 2000, 3000 Hz. Dans le cas d’une surdité unilatérale : la moyenne de perte sur les fréquences 500, 1000, 2000, 3000 Hz de l’oreille étudiée doit être supérieure d’au moins 25 dB à la moyenne des seuils, des mêmes fréquences, de l’oreille controlatérale. Dans le cas d’une surdité bilatérale : la moyenne de perte sur les fréquences 500, 1000, 2000, 3000 Hz de l’oreille étudiée doit être Page 6 sur 48 supérieure d’au moins 25 dB à la moyenne de perte, des mêmes fréquences, de l’oreille controlatérale. Cette surdité peut être définie en 4 stades [2]. Cette classification est basée sur la moyenne des seuils auditifs aux 500, 1000, 2000, et 3000 Hz : Stade Moyenne en dB 1 ≤ 25 2 26 - 40 3 41 – 70 4 > 70 Classification de la surdité dans la maladie de Ménière selon l’AAOO. Le tableau clinique pourrait être complété par le contexte psychologique. Le stress, la fatigue, les soucis familiaux ou professionnels ou des chocs affectifs peuvent jouer un rôle dans la survenue des crises. 2. Physiopathologie Rappel anatomique : L’oreille interne ou labyrinthe, est un organe situé dans l'os temporal. Elle est constituée d'un labyrinthe osseux, formé d'os compact, contenant le labyrinthe membraneux, au sein duquel se trouvent l’organe sensoriel cochléaire et les capteurs sensitifs vestibulaires. Le labyrinthe membraneux contient de l’endolymphe et il est séparé du labyrinthe osseux par un deuxième compartiment liquidien : la périlymphe. Page 7 sur 48 Les liquides de l’oreille interne, endolymphe et périlymphe, sont essentiels à l’audition et à l’équilibration. En plus de leur rôle dans la transmission des stimuli mécaniques aux organes cochléaires et vestibulaires, ils sont directement impliqués dans le processus de transduction mécano-électrique qui se déroule dans l’organe sensoriel. Les cellules ciliées sont au contact de l’endolymphe. Il est communément admis que l’hydrops 4 endolymphatique ou hyperpression endolymphatique constitue le stigmate histopathologique majeur de cette affection [4]. Toutefois, l’histoire naturelle de la maladie de Ménière demeure une énigme, avec ses périodes imprévisibles de paroxysme et de rémission. Cet hydrops peut résulter soit d’une hypersécrétion, soit d’une réabsorption insuffisante du liquide endolymphatique [5, 6] 3. Etiopathogénie L’étiopathogénie de la maladie de Ménière reste encore très largement méconnue. Le nombre élevé d’hypothèses formulées sur son origine nous fait comprendre qu’il y a beaucoup d’incertitude et la maladie de Ménière reste encore idiopathique. Les hypothèses étiopathogéniques évoquées sont : immunitaire, neurovégétative, psychosomatique, vasculaire, électrolytique, mécanique, endocrine, métabolique, virale et allergique [7]. Certaines de ces hypothèses attirent plus l’attention que d’autres. Il apparaît que les stress physiques et psychiques sont très probablement des facteurs déclencheurs des crises dans la 4 Voir Glossaire p. 40 Page 8 sur 48 maladie de Ménière. Les personnes atteintes ont tendance à avoir des crises plus fréquentes si elles subissent des stress physiques ou psychiques. Le premier pas vers la compréhension de la maladie de Ménière fut la constatation histologique d’un hydrops endolymphatique par Hallpike et Cairns en 1938. Ces auteurs décrivent, sur des rochers des patients décédés de suite de neurectomies vestibulaires, l’existence d’une distension du labyrinthe membraneux, que les anglais appelèrent « hydrops endolymphatique ». [8] Rauch, en 1989, constata, lors d’une étude en double aveugle portant sur l’histoire clinique et sur l’étude histopathologique de l’os temporal chez 119 patients, que les 13 patients ayant présenté une maladie de Ménière clinique étaient porteurs d’un hydrops endolymphatique ; en revanche 6 des 106 patients témoins, qui n’avait pas présenté de symptomatologie clinique, étaient eux aussi porteurs d’un hydrops endolymphatique. Ces constatations placent l’hydrops au cœur de la pathogénie. [8] L’importance de l’hydrops semble corrélée à celle de la surdité : audessus de 70 dB de perte, il reste modéré et prédomine à l’apex, ce qui rend probablement compte de l’atteinte initiale des fréquences graves ; au-dessus de 70 dB de perte, il apparaît important et prédomine à la base. [8] 4. Evolution L’évolution de la maladie de Ménière est chronique, capricieuse, imprévisible, mystérieuse et irrationnelle. Néanmoins de façon schématique on peut distinguer plusieurs phases évolutives [6]. Page 9 sur 48 a. Phase de début Phase de début ou phase d’installation de la maladie, au cours de laquelle l’affection se manifeste sur un mode le plus souvent monosymptomatique. L’un des 3 ou 4 symptômes majeurs peut inaugurer et précéder pour une période indéterminée l’apparition des 2 ou 3 autres. En règle générale, le tableau clinique se complète au bout d’un an. b. Phase active Phase qui se caractérise avant tout par une fluctuation des symptômes. Alternant avec une fréquence variable et totalement imprévisible des périodes de crises paroxystiques et des rémissions complètes, cette phase s’étale sur une durée de 5 à 20 ans. c. Phase pré-finale Phase où l’atteinte cochléo-vestibulaire devient irréversible. Les crises vertigineuses perdent de leur intensité et laissent derrière elles une fonction auditive toujours plus altérée. Les fluctuations disparaissent, les rémissions deviennent rares, et le patient se plaint souvent d’une sensation d’instabilité plus ou moins permanente. La surdité est plate et non fluctuante, et une hypoexcitabilité vestibulaire s’installe. d. Phase finale Phase qui réalise le classique « Ménière vieilli », où la guérison clinique est obtenue au prix de la non moins classique mort fonctionnelle du labyrinthe. Les vertiges ont disparu, mais le sujet, sourd sévère, perçoit un bourdonnement. La perte auditive est stable aux environs de 70 à 80 dB. La cophose et l’aréflexie vestibulaire sont très rares. La maladie peut atteindre les deux oreilles. Page 10 sur 48 B. Etablissement du diagnostic Le diagnostic de la maladie de Ménière est avant tout basé sur son tableau clinique qui se caractérise par la survenue étalée dans le temps ou simultanément de symptômes éminemment évocateurs : vertige rotatoire survenant par crises, surdité de perception fluctuante et acouphènes unilatéraux, auxquels il est possible d’associer une très particulière sensation de plénitude d’oreille. Cette association de symptômes est caractéristique de la maladie de Ménière. L’examen clinique est donc essentiel puisqu’il permet d’objectiver ces symptômes pendant une crise mais souvent c’est l’anamnèse qui permet la mise en évidence des signes évocateurs de la maladie. D’autre part le diagnostic de la maladie de Ménière étant un diagnostic d’élimination, il est indispensable de rechercher et d’éliminer d’autres affections pouvant expliquer la symptomatologie. L’examen clinique est très long et peut comporter de nombreux tests : audiométrie tonale et vocale, impédancemétrie, épreuve osmotique, épreuves vestibulaires, potentiels évoqués auditifs, étude des oto-émissions acoustiques, CT-scan, IRM du rocher, bilan biologique. C’est seulement au terme de ce bilan qu’il est possible de poser le diagnostic de la maladie de Ménière. C. Traitement Le meilleur traitement d’une maladie est bien évidemment l’élimination de ses causes. Malheureusement, en ce qui concerne la maladie de Ménière, il est rare de pouvoir établir avec certitude les causes, et encore plus rare de pouvoir les éliminer. Page 11 sur 48 Les symptômes peuvent être atténués, la maladie par contre persistera. A l’aube du XXIe siècle, aucun traitement spécifique n’a été trouvé pour la maladie de Ménière. Les traitements proposés, jusqu’à ce jour, médical ou chirurgical, ne sont que symptomatiques ou destructeurs. Les crises de vertige sont plus facilement maîtrisées par les traitements. Ces crises de vertige disparaissent souvent dans les stades finaux de la maladie et laissent la personne atteinte avec une importante surdité et des acouphènes. Les patients atteints de la maladie de Ménière souffrent d’un surcroît de pression de l’oreille interne. Le but du traitement médical est, de principe, de réduire l’hyperpression endolymphatique. 1. Traitement médical Les traitements médicaux se différencient en deux groupes selon leurs périodes de prescription : traitement de la crise et traitement de fond. a. Traitement de la crise de Ménière Le traitement de la crise est essentiellement dirigé contre le vertige et comporte en premier lieu des mesures générales que le patient doit connaître : arrêt de toute activité, notamment à risque (conduire), dès l’apparition des prémices, position assise ou allongée pour prévenir une chute, puis la mise au repos absolu, l’évitement des changements de position rapides de la tête pour ne pas aggraver le vertige. L’hospitalisation proposée permet l’administration de médicaments dirigés contre le symptôme vertige et contre les éventuels signes accompagnants ou engendrés par ce symptôme, et la réalisation de contrôles biologiques et audiométriques. Page 12 sur 48 Une médication à visée osmotique est proposée dans les centres spécialisés pour agir sur l’hydrops. Elle peut être efficace sur les crises de vertige et de surdité en phase aigue. b. Traitement de fond Le traitement de fond, prescrit entre les crises, vise à empêcher ou à retarder la survenue d’une nouvelle crise, à préserver l’audition et à empêcher la survenue d’un acouphène invalidant. Traitement médicamenteux Les innombrables protocoles proposés à ce jour illustrent la difficulté et l’incertitude thérapeutique dans cette maladie. Les produits osmotiques et/ou diurétiques sont utilisés en traitement de fond notamment au CHRU de Lille. Ils apportent théoriquement une diminution progressive de la pression endolymphatique de l’oreille malade, ce qui diminuerait l’intensité des symptômes et ralentirait l’évolution de la maladie. Labyrinthectomie chimique La labyrinthectomie chimique consiste en une administration locale de produits ototoxiques avec destruction sélective des cellules neurosensorielles de l’appareil vestibulaire. Le but est donc d’éliminer les vertiges tout en conservant l’audition. Elle est basée sur les effets ototoxiques de certains médicaments (antibiotiques de la famille des aminosides, en l’occurrence « Gentalline ») qui agissent principalement sur le vestibule. Deux facteurs déterminent l’étendu de l’action ototoxique de la Gentalline : 1) la dose administré ; 2) la sensibilité individuelle. Le procédé consiste, après la pose d’un aérateur transtympanique, à réaliser des bains d’oreille sur plusieurs jours. L’effet ototoxique est unilatérale [7]. Page 13 sur 48 Théoriquement il est possible d’améliorer la symptomatologie vertigineuse tout en préservant l’audition. En pratique, la labyrinthectomie chimique est indiquée dans les formes rebelles aux traitements médicaux et invalidants avec souvent contre indications aux moyens chirurgicaux. Elle présente moins de risque qu’une chirurgie, mais ses résultats peuvent être moins satisfaisants. 2. Traitement chirurgical Les traitements chirurgicaux de la maladie de Ménière peuvent être classés en interventions « destructrices », qui suppriment la fonction labyrinthique, et en interventions « non destructrices », qui visent soit à lever l’hydrops soit à supprimer préférentiellement les vertiges. Le traitement chirurgical est indiqué dans les formes rebelles et invalidantes. L’intervention non destructrice qui apporte le meilleur résultat et qui est pratiquée le plus souvent, dans les centres spécialisés, est la neurectomie (ou la neurotomie) vestibulaire. Elle permet dans 95% des cas la disparition des crises de vertige tout en préservant l’audition [7]. Le traitement destructeur de la maladie de Ménière est représenté par la labyrinthectomie. Elle consiste à détruire chirurgicalement le labyrinthe, ce qui supprime les vertiges, mais au prix d’une surdité totale et définitive [7, 8]. Page 14 sur 48 3. Autres traitements Le traitement proposé par la médecine traditionnelle n’est pas toujours satisfaisant. On peut donc comprendre que de nombreux patients souffrant de la maladie de Ménière recherchent des méthodes parallèles de traitement. Même s’il est vrai que certains patients sont soulagés, au moins pour une courte durée, par des formes parallèles de traitement, on ne peut pas dire que ce soit la solution thérapeutique à la maladie de Ménière. Il en est de même pour tous les conseils prodigués concernant le mode de vie et les recommandations relatives à la santé émanant de tout bord. Il n’existe pas de traitement miracle contre la maladie de Ménière mais le but est d’enrayer le cercle infernal du stress / crise. Cela se fait peut-être en offrant le temps nécessaire pour écouter les plaintes du patient, pour examiner l’état de son audition et de sa fonction d’équilibration, puis lui expliquer ce qu’est la maladie de Ménière. Il faut accepter des deux côtés que l’établissement d’un diagnostic certain peut parfois prendre plusieurs mois. La maladie de Ménière est complexe dans sa présentation, son évolution et son traitement. Les recherches scientifiques dans ce domaine sont très actives mais peu fructueuses. Dans un premier temps, nous avons expliqué la triade symptomatique de la maladie de Ménière. Dans un deuxième temps nous nous concentrerons sur un domaine qui touche davantage l’audioprothèse : l’audition. Page 15 sur 48 Mais il est important de souligner l’état général du patient touché par cette maladie (Cf. le témoignage en annexe 6). Car s’il est vrai que la maladie de Ménière provoque des crises difficiles à vivre où le patient a l’impression d’avoir le mal de mer, avec des nausées et parfois même, pour certains, des vomissements, des maux de tête, une grande fatigue et un sentiment de dépression ; il existe des périodes entre les crises qui sont également pénibles à vivre. En effet, la fatigue et la dépression sont difficiles à éliminer après les crises. Un patient souffrant de la maladie de Ménière et qui est en période de crise est souvent fatigué et déprimé. Il ne s’agit pas d’une constitution psychopathologique de la maladie, mais d’une réaction aux symptômes de rotation subjective. Pour beaucoup ces symptômes sont aussi difficiles à supporter que les crises en elles mêmes. La plupart des malades se plaignent de mal supporter leur maladie. Ils se plaignent aussi d’une tendance à avoir des crises plus violentes et plus fréquentes s’ils sont stressés dans leur travail, ou s’ils ont des problèmes familiaux. Cela correspond parfaitement aux caractéristiques de la maladie. Il est très stressant de vivre avec une maladie qui peut entraîner, à n’importe quel moment, des crises de vertiges, particulièrement avant un évènement important, de ne plus pouvoir tenir sur ses jambes pendant plusieurs heures, d’avoir des nausées et de vomir, d’être malentendants et d’avoir des bruits persistants dans les oreilles. Dans une période de crise, il peut être difficile d’exercer ses activités professionnelles et de remplir ses tâches familiales. Un cercle infernal se déclenche. La maladie donne le stress, et le stress donne la maladie. Page 16 sur 48 Dans ce cas les patients peuvent être demandeurs de tranquillisants, ce qui permettrait de briser le cercle infernal du stress. Les effets secondaires et la dépendance créés par ce type de traitement sont loin d’être négligeables, et c’est pour cette raison qu’il ne faut pas le banaliser. Le soutien de l’entourage est également un facteur important pour la guérison d’une maladie. Or cette maladie n’étant pas très connue, il est alors difficile pour le patient d’être compris dans son milieu familial et professionnel. Page 17 sur 48 II. Audition et la maladie de Ménière La partie précédente, nous a montré que la maladie de Ménière est d’une part une maladie difficile à vivre et peu connue, et d’autre part que la médecine ne soigne pas l’ensemble des symptômes. Souvent, seuls les vertiges sont accessibles aux traitements. La surdité et les acouphènes ainsi que la plénitude d’oreille sont des symptômes également importants dans la maladie de Ménière, c’est pourquoi les médecins peuvent orienter les patients touchés par cette maladie vers les audioprothésistes. C’est pour cette raison que nous allons nous intéresser tout particulièrement à ces 3 points. A. Surdité La surdité fluctuante de l’oreille atteinte, qui apparaît ou s’aggrave lors des crises, est l’un des deux symptômes les plus fréquents de la maladie, avec le vertige. Le type de surdité engendrée par la maladie de Ménière est dite de perception. Pour la plupart des patients, au début de la maladie, la perte auditive n’apparaît que pendant les crises de vertige, elle prédomine sur les fréquences graves (jusqu’à 1000 Hz environ), l’audition revient donc à la normale en quelques heures ou quelques jours après la crise. Page 18 sur 48 Fréquence (Hz) Intensité (dB HL) Audiométrie tonale caractéristique de la maladie de Ménière pendant une crise au début de la maladie Avec la répétition des crises, l’audition se dégrade même entre les crises. La détérioration de l’audition peut, avec l’évolution de la maladie, devenir très importante et gênante dans la vie de tous les jours. La surdité devient plate, elle touche l’ensemble des fréquences, perd ses fluctuations et se stabilise entre 50 et 70 dB de perte, la cophose restant exceptionnelle. Fréquence (Hz) Intensité (dB HL) Audiométrie tonale caractéristique de la maladie de Ménière à un stade avancé de la maladie Page 19 sur 48 D’autre part, le patient devient parfois très sensible aux bruits de forte intensité parvenant à l’oreille malade. Ce n’est donc pas uniquement le son parvenant à l’oreille qui a baissé ; les sons plus intenses paraissent amplifiés. La raison pour laquelle l’oreille peut à la fois être presque sourde et hypersensible au bruit, est que l’oreille interne ne fonctionne pas uniquement comme un microphone. En effet, certaines cellules sensorielles de la cochlée, les rangées externes des cellules ciliées, ne perçoivent pas les sons, mais ont la fonction particulière d’amplifier les signaux sonores faibles et de diminuer les signaux sonores puissants. Lorsque l’oreille interne est atteinte par la maladie ce sont précisément les rangées de cellules ciliées externes qui sont détruites. Les modifications subies par la fonction de l’oreille interne entraînent des distorsions de son, ce qui rend la parole difficilement compréhensible. C’est alors le phénomène de recrutement. Les tests réalisés sur les patients atteints de la maladie de Ménière montrent une discordance souvent marquée entre les scores de l’audiométrie tonale et vocale. Exprimée en décibels d’intelligibilité, en pourcentage de discrimination ou par le simple aspect de la courbe, elle révèle en effet de plus mauvaises performances que l’audiométrie tonale. La courbe vocale fluctue, elle aussi, en fonction de la maladie, mais assez rapidement dans l’évolution, elle n’atteint plus les 100% d’intelligibilité, et présente souvent un aspect en dôme ou en cloche. Les conséquences et les répercussions de la surdité sur la vie d’un patient atteint de la maladie de Ménière sont nombreuses. Après chaque crise, l’audition diminue. Dans le cas où les deux oreilles sont atteintes, la difficulté est multipliée. Les conversations en groupe sont souvent insurmontables, il faut se contenter d’un seul interlocuteur, dans un Page 20 sur 48 environnement calme et non réverbérant. La fatigue intervient rapidement, même dans des situations idéales, et le patient éprouve le besoin de s’isoler. Le téléphone, où la lecture labiale est inexistante, devient très difficile. Cela est beaucoup plus compliqué si l’interlocuteur a une voix grave, étant donné la forme de la perte auditive. La musique est entendue de façon déformée à cause des distorsions, d’une part, mais également parce que la perte auditive n’est pas uniformément répartie sur l’ensemble des fréquences, les sons graves sont donc entendus plus faiblement que les aigus. Lors d’une crise d’hypersonie, l’oreille perd tout contrôle pour évaluer et régulariser l’intensité des sons. Après les crises, la personne est souvent fatiguée et déprimée. Son audition a baissé et elle a des difficultés à percevoir certains sons alors que les bruits sont amplifiés. Son oreille est à la fois presque sourde et hypersensible au bruit. B. Acouphènes En même temps que la fonction auditive se dégrade, le patient atteint de la maladie de Ménière souffre d’un autre phénomène désagréable : le phénomène des acouphènes. Les acouphènes sont tous les sons perçus qui ne proviennent pas d’une source sonore environnante. Ils sont entendus différemment d’une personne à une autre, et bien que dans la maladie de Ménière, ces acouphènes sont le plus souvent assimilés à un bruit de conque marine, ils peuvent aussi représenter des ronronnements, des sifflements ou tout autre bruit. Ces sons peuvent varier en intensité et sont parfois perçus très fort. L’intensité des acouphènes peut être cotée en trois degrés : Page 21 sur 48 Degré 1 : acouphènes uniquement perceptibles dans le silence ; Degré 2 : acouphènes perceptibles dans n’importe quel environnement mais diminuant avec l’activité mentale ; Degré 3 : acouphènes permanents et retentissant sur la vie du patient. Cette classification subjective permet d’apprécier le retentissement psychique de ces acouphènes. A long terme, c’est souvent ce symptôme qui devient le plus gênant. Apprendre à vivre avec ses acouphènes demande une grande force psychologique. C. Plénitude d’oreille De nombreux patients ont une sensation de pression, quelquefois douloureuse, dans l’oreille malade avant ou pendant la crise. Pendant les crises, certains patients ont des symptômes semblables à ceux éprouvés lors des migraines. Page 22 sur 48 III. Etude clinique Au regard de la description de la maladie de Ménière faite précédemment, on constate que l’audioprothèse a son rôle à jouer dans le traitement de cette maladie. En effet l’amélioration de l’audition pourrait être, pour ces patients, un élément important pour améliorer leur condition de vie. Les parties précédentes ont également permis de montrer que la maladie de Ménière occasionne des obstacles importants à la réhabilitation prothétique : L’oreille étant particulièrement sensible aux bruits forts, il est difficile d’entendre des sons très intenses. De plus, cette maladie engendre une importante distorsion du son que l’aide auditive ne peut palier. Si l’autre oreille entend normalement, une amplification du son déformé dans l’oreille malade va gêner la capacité auditive de l’oreille saine. Alors des questions se posent : existe t-il trop d’obstacles à l’appareillage ? les distorsions sonores ne sont-elles pas trop importantes pour envisager la réussite d’un appareillage ? les vertiges permettent-ils l’appareillage ? les fluctuations de l’audition sont-elles incontournables ? En d’autres termes est-il différent d’appareiller un patient touché par la maladie de Ménière d’un patient ayant une presbyacousie ? C’est pour tenter de répondre à ces questions que j’ai souhaité rencontrer des patients touchés par cette maladie. Page 23 sur 48 Au début de mes recherches, je voulais réaliser une étude clinique sur un échantillon important qui permettrait d’élaborer des statistiques fiables, mais étant donné l’importance de l’homogénéité d’un panel d’étude, il s’est avéré difficile de faire un réel travail engendrant des statistiques exploitables. Dans cette partie nous verrons néanmoins des éléments de réponse qui permettraient d’aborder l’appareillage des patients avec la maladie de Ménière avec plus de sérénité, grâce notamment aux entretiens et aux tests réalisés. A. But de l’étude Nous savons que l’audition n’est pas l’unique préoccupation du patient atteint par cette maladie. Les parties précédentes, nous font remarquer que la démarche de combat contre la maladie ne commence pas par sa visite chez un audioprothésiste. Le but de cette étude est de savoir si, en se concentrant sur l’audition, il y a des différences entre un patient ayant la maladie de Ménière et un patient ayant une presbyacousie classique. B. Conditions et limites de l’étude L’étude que je souhaitais réaliser devait comporter un nombre important de patients présentant une maladie de Ménière et étant appareillés. Ceci permettait de pouvoir constater les caractéristiques propres de la maladie de Ménière afin de les consigner et d’établir un protocole d’appareillage. Or, étant donné la rareté de la maladie de Ménière, il apparaît difficile de trouver un audioprothésiste qui rencontre un panel important de patients répondant aux critères de recherche. Page 24 sur 48 L’étude doit donc être réalisée dans un laboratoire d’audioprothèse ayant un fichier patient important en nombre. J’ai alors choisi de réaliser cette étude au Laboratoire « Entendre » à Roubaix avec des patients de Mr Sébastien GENY. Cet audioprothésiste travaillant à proximité du lieu d’exercice du Dr MORADKHANI, ORL spécialisé dans la maladie de Ménière. Le protocole doit permettre de mettre en évidence qu’un patient atteint de la maladie de Ménière a une perception sonore différente de celle d’un autre patient. Pour cela, nous devons comparer deux types de population : Une population atteinte par la maladie de Ménière Une population que l’on rencontre fréquemment en audioprothèse : des personnes présentant une presbyacousie. Sélection des patients entrant dans l’étude Patients de la population « maladie de Ménière » (annexe 1) Les personnes qui ont la maladie de Ménière connaissent leur diagnostic et en parle de manière assez spontanée, mais il existe aussi des personnes qui banalisent ce diagnostic à la suite d’un seul vertige. Nous nous appuierons alors uniquement sur un avis médical. Seules les personnes présentant une ordonnance d’appareillage précisant le diagnostic de la maladie de Ménière participeront à l’étude. Les patients sélectionnables ont été recherchés dans le fichier du laboratoire depuis l’obtention du diplôme de Mr GENY, il y a 10 ans, jusqu’à ce jour. Page 25 sur 48 12 personnes présentaient une ordonnance stipulant la maladie de Ménière par un ORL. Seulement 7 ont répondu à notre appel. Dans un souci de confidentialité, des numéros ont été attribués à chaque patient. Les patients identifiés par les numéros « 6 » et « 7 » ne portent plus d’appareil, ce qui pose problème pour notre étude. Néanmoins certains tests se déroulent sans appareil, et étant donné le peu de cas présentés, nous avons fait le choix de les garder. Les tests « avec appareil » ne peuvent donc pas être pratiqués, et les réponses au questionnaire ont été données avec le souvenir des impressions qu’ils avaient avec l’appareil. Patients de la population « presbyacousie » (annexe 2) Les patients presbyacousiques ont été sélectionnés parmi les personnes venues en rendez-vous de contrôle de leur appareillage. Ils ont été choisi selon leurs courbes, leur âge et sur le fait qu’ils avaient l’habitude de porter un appareil. Ce protocole doit également permettre de mieux cerner les attentes des patients afin d’apporter des réponses à ces personnes qui, manifestement, se sentent incomprises. En effet certains patients rencontrés avant de débuter cette étude, trouvent que l’audioprothèse ne répond pas réellement aux demandes formulées par cette maladie. L’appareil auditif amplifie le son alors que, pour eux, lorsque le son est amplifié, il devient très désagréable, rendant la parole incompréhensible. Les tests audiométriques montrent certaines différences notamment grâce aux audiométries tonales liminaires mais ne permettent pas, à eux seuls, de Page 26 sur 48 révéler certaines distinctions, de cibler le problème et de comprendre la demande spécifique du patient. Il est nécessaire de prendre en compte également le facteur de fatigabilité du sujet et ne pas faire subir trop de tests afin de ne pas altérer la qualité des réponses. L’établissement d’un questionnaire devrait permettre au patient de donner son avis et de noter sa gêne. Le protocole est alors le suivant : Audiométrie tonale liminaire en champ libre Seuil Subjectif d’Inconfort (SSI) au casque Audiométrie vocale (liste de J.C. Lafon) oreille nue en champ libre Audiométrie vocale (liste de J.C. Lafon) oreille appareillée en champ libre Test d’acouphènométrie Questionnaire. L’audiométrie tonale liminaire quantifie l’importance de la perte auditive ainsi que le caractère typique de la maladie de Ménière, avec notamment une perte plus prononcée sur les fréquences graves au début de l’évolution de la maladie. La recherche du seuil subjectif d’inconfort est là, en lien avec le questionnaire, pour déterminer la sensibilité particulière, des patients touchés par cette maladie, aux sons forts. Pour l’audiométrie vocale, les listes de J.C. Lafon ont été préférées. L’unité de mesure de ce test est le phonème, le résultat comptabilise les erreurs Page 27 sur 48 phonétiques. La lecture labiale ne peut intervenir dans l’examen puisqu’il est réalisé à l’aide d’un CD. Ce test permet de mesurer les distorsions phonétiques de l’oreille en explorant le champ auditif suivant le niveau d’intensité d’émission. La comparaison entre les audiométries vocales avec et sans appareil(s) permet de déceler des éventuelles distorsions provoquées par l’amplification de l’aide auditive. L’acouphènométrie est un test court, qui donne une idée du type de bruit, de la fréquence et de l’intensité de l’acouphène. Il s’agit de faire écouter au patient plusieurs types de bruits à différentes fréquences afin que l’examinateur puisse noter la ressemblance avec l’acouphène du sujet. Le questionnaire est difficile à établir, il doit répondre à plusieurs objectifs : Etre sûr de s’adresser aux bonnes personnes Interroger les patients sur l’ensemble des symptômes de la maladie Quantifier l’apport d’une aide auditive avec cette maladie Etre clair et précis Etre analysé. Le questionnaire présenté en annexe est alors composé de 14 questions (annexe 5). Les deux premières questions permettent de clarifier la situation afin d’être sûr de s’adresser à un sujet répondant aux critères de l’étude et de ne pas engendrer de confusion quant au côté concerné. Page 28 sur 48 Les questions 3, 4 et 5 ont deux objectifs : Evaluer la qualité du signal sonore Evaluer la dégradation éventuelle de la qualité du signal sonore lorsque l’intensité du bruit environnant augmente. Les questions 6, 7, 8 et 9 concernent les acouphènes, elles permettent : D’évaluer la gêne provoquée par ces acouphènes D’évaluer la possibilité de les atténuer avec un appareil auditif. La question 10 évalue la sensibilité du patient aux bruits forts. Cette sensation est complétée par une audiométrie tonale supraliminaire. La question 11 interroge sur la gêne engendrée par des fluctuations de l’audition. La question 12 veut évaluer la qualité sonore dans son ensemble, dans toutes les situations, ici on demande au sujet interrogé de donner une note à la dégradation éventuelle engendrée par la maladie de Ménière. Les deux dernières questions concernent l’évaluation de l’aide auditive : Au point de vue du confort (connotation agréable, qui n’apporte pas de désagrément physique), du mieux être. Au point de vue de l’intelligibilité de la parole. Page 29 sur 48 C. Résultats de l’étude Nous verrons les résultats points par points aux différents tests pratiqués. Certaines données seront exploitées à l’aide de statistiques. Pour cela nous utiliserons une loi normale. Audiométrie tonale liminaire La courbe moyenne des tests d’audiométrie tonale liminaire réalisés sur les 7 patients ne coïncide pas avec la courbe caractéristique décrite lors du début de la maladie de Ménière. En effet, nous avons vu dans les points précédents que cette maladie provoque des modifications de l’audition différentes selon l’évolution de cette dernière. Or, bien que l’ensemble des personnes étudiées souffre d’une maladie de Ménière certaine, le stade de l’évolution de la maladie, l’âge et les conditions de vie de chaque patient sont différents. Ceci explique les écarts importants entre les audiométries des différents patients présentés sur le graphique suivant : Audiométrie tonale (maladie de Ménière) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 8000 Fréquence (Hz) 0 1 Intensité (dB) 20 2 40 3 60 4 80 5 6 100 7 Moyenne Graphique des audiométries tonales liminaires des patients touchés par la maladie de Ménière Page 30 sur 48 On retrouve alors, une courbe moyenne qui correspondrait à celle décrite lors du stade avancé de la maladie. Le graphique suivant présente les audiométries tonales des patients presbyacousiques. Audiométrie Tonale (Presbyacousie) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 Fréquences (Hz) 0 10 20 1 2 Intensité (dB) 30 3 4 40 5 50 6 7 60 Moyenne 70 80 90 Graphique des audiométries tonales liminaires des patients presbyacousiques Le seuil subjectif d’inconfort (SSI) Le seuil subjectif d’inconfort des patients atteints par la maladie de Ménière n’apparaît pas comme anormal. A titre indicatif, nous pouvons le comparer au seuil subjectif d’inconfort de personnes ayant une presbyacousie (annexe 3). Page 31 sur 48 Seuil Subjectif d'Inconfort de patients Seuil Subjectif d'Inconfort chez des atteints de la maladie de Ménière patients presbyacousiques 0 Intensité (dB) 0 Intensité (dB) 20 40 60 80 100 120 20 40 60 80 100 120 140 Fréquences (Hz) Moyenne 125 250 500 1000 2000 4000 8000 105 109 108,6 106,4 107,1 104,2 105 Fréquences (Hz) Moyenne pr esbyacousie 125 250 500 76 90 94 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 91 96 98 98 99 101 109 Le seuil subjectif d’inconfort présenté seul n’est pas significatif. Sur les graphiques suivants, on peut observer la moyenne des audiométries tonales liminaires et la moyenne des SSI pour les deux populations : Audiométrie (population maladie de Audiométrie (population presbyacousie) Ménière) 250 500 Fréquences (Hz) 1000 2000 4000 8000 Fréquences (Hz) 125 0 0 20 20 Intensité (dB) Intensité (dB) 125 40 60 80 1000 2000 4000 6000 60 80 100 120 120 SSI 500 40 100 CA 250 CA SSI On peut alors remarquer que le champ auditif résiduel est plus réduit pour la population atteinte de la maladie de Ménière. Cette constatation est valable surtout pour les fréquences graves. Page 32 sur 48 Audiométrie vocale Les réponses au test cochléaire de J.C. Lafon sont indiquées sur un graphique (annexe 4). Nous allons exploiter les données du test phonétique de Lafon pour quantifier l’apport de l’aide auditive au point de vue de l’intelligibilité. En particulier nous tenterons de savoir si une différence significative apparaît entre les patients atteints de la maladie de Ménière et les patients presbyacousiques. Nous allons donc comparer, pour chaque patient, de chaque population et pour chaque intensité testée, le pourcentage de discrimination phonétique lorsque le patient porte un appareil et lorsqu’il n’en porte pas. On ne pourra donc pas prendre en considération toutes les données des tests effectués. Nous retiendrons les intensités pour lesquelles le patient a donné une réponse « avec » et « sans » appareil. Pour chaque intensité retenue, nous allons chiffrer la différence entre les pourcentages de discrimination « avec » et « sans » appareil, pour obtenir l’apport amené par l’aide auditive au niveau de l’intelligibilité. On obtiendra alors une moyenne de l’apport pour les deux populations. Moyenne de l’apport de l’appareil : Pour la population « maladie de Ménière » : 6% Pour la population « presbyacousie » : 20% On obtient un apport de l’appareil moyen supérieur pour la population « presbyacousie » comparé à celui de la population « maladie de Ménière ». Page 33 sur 48 Ce qui indiquerait que l’intelligibilité ne serait pas significativement améliorée par une aide auditive dans le cas d’une maladie de Ménière. Afin de discuter de la fiabilité de cette observation, il convient d’analyser les écarts types du paramètre étudié. On détermine l’écart type de l’apport pour les deux populations : Pour la population « maladie de Ménière » : 11% Pour la population « presbyacousie » : 10% On peut alors tracer les courbes de Gauss : Courbes de Gauss 0,05 fréquence de probabilité 0,04 population "maladie de Ménière" 0,03 0,02 population "presbyacousie" 0,01 0 -40 -20 0 20 40 Apport de l'appareil (en %) 60 80 L’illustration des courbes de Gauss permet de constater que malgré une nette différence dans les moyennes, les 2 populations « s’interpénètrent » assez largement. Il apparaît évident qu’étant donné la taille de l’échantillon de l’étude, l’intervalle de confiance est assez faible. Page 34 sur 48 Acouphènométrie Les résultats de ce test sont inscrits dans le tableau suivant : 1 2 3 4 5 6 7 Description de l’acouphène par le patient C'est un souffle, comme un Haut Parleur qui crache Sifflements très aigus en continu Sifflements très aigus en continu Mesure ≈ Narrow Band 750 Warble Tone 5OO Hz Son pur 125 Hz 6 kHz en Son pur. 8 kHz en Son pur. ≈ Narrow Band 500 L’acouphènométrie fait remarquer la diversité des bruits qui peuvent être perçus par les patients. Questionnaire Le tableau récapitulatif des réponses est présent en annexe 5 Question 1 : Depuis combien de temps le diagnostic de la maladie de Ménière a-t-il été posé ? Les réponses varient de 23 ans à 6 ans. Ceci témoigne que c’est une maladie qui perdure dans le temps. Question 2 : Quelle oreille est concernée par cette maladie ? Gauche : 3 Droite : 1 Les deux : 3 La maladie de Ménière touche les deux oreilles. Page 35 sur 48 Question 3, 4 et 5 : Sur un barème allant de 1 à 5, pourriez vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous dialoguez avec une seule personne dans une ambiance calme ? Pourriez-vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous êtes avec 2 à 5 interlocuteurs ? Pourriez-vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous êtes avec plus de 5 interlocuteurs ? Globalement, dans une ambiance calme, la qualité de la parole est assez bonne, sauf pour le patient 2, pour qui elle est amoindrie même dans cette situation. La moyenne des réponses obtenues pour la question 3 est de 3,79 / 5. Pour une situation un peu plus compliquée, de 2 à 5 interlocuteurs, la qualité de la parole apparaît moins bonne ou identique. La moyenne des réponses obtenues pour la question 4 est de 2,86 / 5. Lorsque le nombre d’interlocuteurs passe au dessus de 5, la qualité de la parole se dégrade ou reste identique. Pour certains, la situation est catastrophique. La moyenne des réponses obtenues pour la question 5 est de 1,57 / 5. Nous pouvons tout de même observer que la moyenne chute à chaque fois que la situation sonore se complique. Il est donc possible de remarquer que plus le nombre d’interlocuteurs augmente et plus la qualité de la parole perçue se dégrade. Question 6, 7, 8 et 9 : Pourriez-vous évaluer la gêne de vos acouphènes ? Sont-ils présents de chaque coté ? Sont-ils toujours identiques aux différents moments de la journée ? Sont-ils atténués en présence de bruit ? Page 36 sur 48 Les réponses à la question 6 passent d’un extrême à l’autre. En effet certains patients n’entendent plus les acouphènes ou bien ont réussi à s’y habituer alors que pour d’autres, les acouphènes sont un sérieux handicap et forment une véritable source de dépression. Les acouphènes sont présents du côté concerné par la maladie. Pour ceux qui ont les deux côtés atteints, ils les perçoivent à gauche et à droite. La question 8 peut avoir deux sens. Au départ, l’interrogation portait sur la variation en fréquence afin de savoir s’il s’agissait tout au long d’une même journée du même type de bruit ou pas. Mais finalement les réponses ont été plutôt orientées vers une variation en intensité. Les résultats ne sont donc pas réellement exploitables. Les acouphènes ne sont pas toujours atténués en présence de bruit. Les réponses sont partagés : 3 « Oui », 3 « Non » et 1 « probablement ». Question 10 : Pourriez-vous évaluer votre sensibilité aux bruits forts ? Là encore on constate des réponses très différentes allant du minimum au maximum, certains différencient leur sensibilité aux bruits forts selon la fréquence d’émission. Question 11 : Pourriez-vous évaluer la gêne occasionnée par les fluctuations de l’audition ? Les réponses sont majoritairement négatives. Pour quatre patients il n’existe plus de gêne concernant les fluctuations de leur audition. Deux personnes ressentent néanmoins parfois une petite gêne causée par l’aspect fluctuant de leur audition. Page 37 sur 48 Cela peut s’expliquer par le fait que, lorsque l’audioprothésiste rencontre le patient atteint de la maladie de Ménière pour la première fois, il est possible qu’il ne ressente plus de fluctuation importante de l’audition. On constate néanmoins sur l’historique des audiométries (non présenté dans cette étude), que, pour certains patients, des variations du seuil de l’audition sont réellement présentes dans le temps. Ces fluctuations ne représentent pas systématiquement une gêne. Question 12 : Si vous n’avez qu’une seule oreille touchée par cette maladie de Ménière, percevez-vous une différence au niveau de la qualité sonore entre les deux oreilles ? Vous est-il possible de l’évaluer ? Dans le cas où la maladie atteint les deux oreilles, percevez-vous une différence au niveau de la qualité sonore entre vos perceptions actuelles et celles avant le début de la maladie ? Vous est-il possible de l’évaluer ? L’analyse des réponses à cette question est très intéressante puisque les réponses sont très proches. En effet, les 7 personnes interrogées ressentent toutes une dégradation de la qualité sonore engendrée par la maladie de Ménière. Cinq d’entre elles trouvent que la dégradation est très importante et deux trouvent qu’il y a une dégradation de la qualité sonore. Page 38 sur 48 Question 13 et 14 : De manière générale, pourriez-vous évaluer le confort* que vous apporte l’aide auditive ? De manière générale, pourriez-vous évaluer l’intelligibilité de la parole que vous apporte l’aide auditive ? La moyenne de la notation de la question 12 est de 2,75 sur 5 et de 3,29 pour la question 13. Mais le panel de l’étude répond de manière variée. En effet certains sont vraiment satisfaits du point de vue du confort et/ou du point de vue de l’intelligibilité, alors que pour d’autres, l’appareil n’est pas du tout agréable et/ou n’apporte aucune aide à la compréhension de la parole, il sert alors uniquement à entendre les signaux d’alerte. Page 39 sur 48 D. Synthèse Le point précédent ainsi que les limites exposées préalablement montrent que l’analyse statistique est difficile sur l’ensemble des résultats obtenus avec cette étude. Mais il est toutefois possible de remarquer des similitudes parmi les 7 sujets et, en les comparant à des sujets presbyacousiques, de constater ainsi des conséquences éventuelles spécifiques à la maladie de Ménière. L’audiométrie tonale liminaire est spécifique, avec une perte prépondérante sur les fréquences graves, mais en fonction de l’évolution de la maladie, on trouve une courbe qui s’aplatit. Le seuil subjectif d’inconfort ne serait pas très différent pour des patients atteints de la maladie de Ménière de celui des patients ayant une presbyacousie. Néanmoins, le champ auditif résiduel apparaît réduit. L’apport de l’aide auditive au niveau de l’intelligibilité est moins important pour la population « maladie de Ménière » que pour la population « presbyacousie ». Les acouphènes sont forcément présents, mais l’importance de la gêne est différente selon chaque patient. L’aide auditive peut atténuer les acouphènes. Lorsque le nombre d’interlocuteurs augmente, la qualité de la parole se dégrade, des distorsions apparaissent. La dégradation de la qualité sonore est supérieure pour les patients ayant une maladie de Ménière comparée à celle des patients ayant une presbyacousie. Les fluctuations de l’audition dues à la maladie de Ménière ne paraissent plus être au premier plan des aspects très gênants de la maladie. L’aide auditive peut apporter un « mieux être » au patient. Page 40 sur 48 IV. Intérêt pour l’audioprothèse La maladie de Ménière étant une maladie particulièrement invalidante, l’audioprothésiste, qui peut apporter une certaine amélioration des conditions de vie des ces personnes, doit prendre en considération les particularités de cette maladie afin de bien orienter la prise en charge. Cette étude permet de faire ressortir quelques grandes lignes concernant l’appareillage de patients touchés par la maladie de Ménière. Tout d’abord la connaissance et la prise en compte du diagnostic sont très importantes pour la prise en charge du patient, le choix de l’appareil ainsi que les réglages. L’appareillage ne doit pas avoir lieu en période de crise de vertiges. Comme il a été spécifié précédemment, des fluctuations de l’audition sont possibles. Il est alors préférable de choisir un appareil avec un potentiomètre. Cette option permet au patient, s’il est gêné par des modifications assez fréquentes de son seuil d’audibilité, d’ajuster lui-même le volume de son appareil. L’audition étant susceptible d’évoluer, il est important d’avoir une certaine réserve de gain pour ne pas être limité en cas de baisse importante, même si elle n’est que momentanée. Page 41 sur 48 L’apparition de distorsions pouvant se manifester assez rapidement, il est préférable, de ne pas régler l’aide auditive avec un gain excessif. Il est également important de rappeler encore une fois que la perte auditive n’est pas forcément le principal problème rencontré par ces personnes. La discussion ne sera alors pas uniquement centrée sur l’audition. Pourtant, certains de ces patients attendent beaucoup de l’aide auditive. Cette attente peut parfois être démesurée. Une grande écoute sera alors nécessaire pour bien répondre à la demande de la personne. Page 42 sur 48 CONCLUSION La maladie de Ménière n’est pas une maladie fréquente. Elle ne constitue pas la majorité de la symptomatologie des patients rencontrés par les audioprothésistes. Pourtant il a été très intéressant de l’étudier. En effet cette maladie complexe, caractérisée par la triade symptomatique, est particulièrement invalidante et difficile à vivre quotidiennement. Son évolution est imprévisible dans le temps. Son diagnostic est long à poser et ne doit pas être banalisé. L’apparition de la maladie de Ménière change profondément les conditions de vie des personnes atteintes. C’est pourquoi la prise en charge de ces patients peut être pluridisciplinaire, alliant ORL, psychiatre, audioprothésiste, orthophoniste, … Cette étude veut, en premier lieu, faire prendre conscience de l’importance de la maladie de Ménière. Le témoignage présenté en annexe 6 est là justement, à titre d’exemple, pour montrer la difficulté de vivre au rythme des crises, de poursuivre une activité professionnelle : de continuer à vivre comme avant. Page 43 sur 48 Les crises peuvent être espacées de plusieurs jours, plusieurs mois ou plusieurs années, laissant ainsi du répit au malade. La connaissance de cette maladie ne doit cependant pas nous amener à dramatiser la situation mais elle permet d’aborder les patients méniériques avec calme et professionnalisme. Le but de ce mémoire est de répondre à la problématique suivante : un patient touché par la maladie de Ménière peut-il être appareillé de la même façon qu’un patient présentant une presbyacousie ? Les limites de cette étude ne nous permettent pas de montrer des statistiques avec un intervalle de confiance suffisamment élevée pour en tirer des conclusions fiables. On peut néanmoins constater une tendance. Il apparaîtrait que l’amplification apportée par une aide auditive ne soit pas aussi bénéfique pour les personnes atteintes de la maladie de Ménière que pour des patients presbyacousiques. Cette étude mériterait d’être plus largement étoffée par un nombre beaucoup plus important de cas. On obtiendrait alors peut-être des conclusions similaires mais avec un intervalle de confiance bien supérieur. Page 44 sur 48 Je tiens à remercier Mr Sébastien GENY et le Dr MORADKHANI pour leur aide dans la conception et dans la réalisation de ce mémoire et pour le temps qu’ils m’ont accordé. Je remercie toute l’équipe des Laboratoires « Entendre » de Roubaix, de Tourcoing et de Roncq qui m’ont apporté leur soutien d’une façon ou d’une autre. Je remercie tous les patients atteints de la maladie de Ménière que j’ai eu l’occasion de rencontrés pour leur sincérité, leur patience et leur motivation. Je remercie aussi les personnes qui ont participé de près ou de loin à ce mémoire. Page 45 sur 48 Glossaire (1) Itératif : qui est répété à plusieurs reprises (2) Acouphènes : sensations auditives ne résultant pas d’excitations extérieures de l’oreille (3) Nystagmus : apparition de secousses rythmiques involontaires des globes oculaires, dues à un réflexe d’équilibration de l’oreille interne. (4) Hydrops : hyperpression Page 46 sur 48 Bibliographie [1] Tran BaHuy P, Brette MD, Chic M. Maladie de Ménière. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris), Oto-rhinolaryngologie, 20-205-A-10, 1989 : 1-18 [2] Committee on Hearing and Equilibrium guidelines for the diagnosis and evaluation of therapy in Ménière’s disease. Oto-laryngol Head Neck Surg. 1995 ; 113 : 181-5. [3] Monsell EM. New and revised reporting guidelines form the committee on hearing and equilibrium. Oto-laryngol Head Neck Surg 1995 ; 113 : 176-8. [4] Morgon A., Aran J. M., Collet L., Dauman R., Freyss B., Freyss G., Pujol R., Sens A., Sterkers O., Tran Ba Huy P., Uziel A. Données actuelles sur la physiologie et la pathologie de l’oreille interne. Edition Arnette, 1990. [5] Horner KC. Experimental model of endolymphatic hydrops. Revue de Laryngologie. 1991 ; 112 : 145-148. [6] Tran Ba Huy P., Brette, Chic M. Maladie de Ménière. Encycl. Méd. Chir. Oto-Rhino-Laryngologie, 20205 A10, 4-1989, 18p. (49) Page 47 sur 48 [7] M. MORADKHANI, Maladie de Ménière et Neurectomie vestibulaire par voie sus-pétreuse, Thèse pour le Diplôme d’Etat de Docteur en médecine. Lille. 2000. 15, 27, 32 [8] P. HERMAN, S. HERVE, F. PORTIER, S. TRONCHE, C. DE WAELE, P. TRAN BA HUY, Maladie de Ménière. Encyclopédie Médico-Chirurgicale. Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Oto-rhino-laryngologie, 20-205A-10, Paris, 2003. Page 48 sur 48 Patient 1 : Mr J.B. C, âgé de 64 ans, présente une maladie de Ménière depuis 6 ans sur l’oreille droite. CA Droite SSI Droite Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% 80% Oreille nue 60% 40% Oreille appareillée 20% 0% 85 65 55 45 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- 35 Patient 2 : Mr P. F., âgé de 59 ans, présente une maladie de Ménière depuis 20 ans à gauche qui s’est bilatéralisée il y a 2 ans. Se dit très gêné par les crises de vertiges qui durent en moyenne 12 heures, elles sont déclenchée par des mouvements répétitifs. CA Droite Gauche SSI Droite Gauche Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% 80% Oreille nue 60% 40% Oreille appareillée 20% 0% 85 75 65 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Patient 3 : Mme A.M. L., âgée de 66 ans, présente une maladie de Ménière depuis 23 ans sur l’oreille gauche. Cette patiente a eu de grosses crises de vertiges très invalidantes il y a 23 ans pendant environ 5 ans avec une baisse de l’audition et des acouphènes. Les 15 années suivantes ont été marquées par une accalmie ; les crises sont réapparues il y a 5 ans par une importante baisse de l’audition puis par les acouphènes et par les vertiges. CA Gauche SSI Gauche Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% Oreille nue 80% 60% 40% Oreille appareillée 20% 0% 90 80 70 60 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Patient 4 : Mme B. L., âgée de 69 ans, présente une maladie de Ménière depuis environ 20 ans sur les deux oreilles. La maladie a débutée par des vertiges très invalidants, durant de 15 minutes à ½ journée. Actuellement les vertiges sont plus brefs mais il demeure fréquemment un état d’instabilité. L’audition de l’oreille gauche est restée stable puis s’est dégradée rapidement pour arriver actuellement à des seuils environnent les 110 dB. CA Droite Gauche SSI Droite Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% 80% Oreille nue 60% 40% 20% Oreille appareillée 0% 70 65 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Patient 5 : Mme C. S., âgée de 50 ans, présente une maladie de Ménière depuis 9 ans sur l’oreille droite. CA Droite SSI Droite Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% Oreille nue 80% 60% 40% Oreille appareillée 20% 0% 60 50 40 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Patient 6 : Mr J.P. V., âgé de 53 ans, présente une maladie de Ménière depuis 9 ans sur l’oreille gauche. Ce patient est appareillé du côté droit pour une presbyacousie. L’essai d’un appareillage pour le côté gauche s’est soldé par un échec expliqué par le patient par « une trop grande différence de qualité sonore entre les deux oreilles ». CA Gauche SSI Gauche Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% 80% 60% Oreille nue 40% 20% 0% 95 85 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Patient 7 : Mr R. P., âgé de 67 ans, présente une maladie de Ménière depuis 13 ans sur les deux oreilles. Ce patient est particulièrement gêné par la présence quasi-permanente des acouphènes et par une sensibilité aux bruits forts ; les crises de vertiges interviennent assez rarement. CA Binaural SSI Binaural Audiométrie tonale % de discrimination Test de Lafon 100% 80% 60% Oreilles nues 40% 20% 0% 60 50 40 Intensité (dB) Audiométrie vocale Annexe -1- Audiométrie tonale liminaire des patients presbyacousiques Fréquences (Hz) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 1 15 15 35 55 20 15 35 35 30 25 30 40 15 10 40 40 29 40 30 40 25 15 45 45 34 45 30 45 35 20 45 50 39 50 30 55 55 55 70 65 54 55 45 60 50 40 70 70 56 60 55 60 60 60 70 65 61 70 70 65 80 65 75 70 71 75 80 75 80 45 80 75 73 2 3 4 5 6 7 Moyenne 15 15 35 35 23 Tableau indiquant les valeurs (en dB) de l’audiométrie tonale liminaire pour les 7 patients presbyacousiques. Audiométrie Tonale (Presbyacousie) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 Fréquences (Hz) 0 Intensité (dB) 10 20 1 30 2 40 3 4 50 5 60 6 70 7 80 Moyenne 90 Annexe -2- Tableau récapitulatif des résultats au test de Lafon pour les patients ayant la maladie de Ménière Patient Sans appareil Avec appareil % % Intensité Erreur Intensité Erreur discrimination discrimination (dB) phonétique (dB) phonétique phonétique phonétique 85 65 55 45 3 6 5 19 94% 88% 90% 62% 2 85 75 65 6 10 21 3 80 70 60 80 1 65 55 45 35 4 2 5 14 92% 96% 90% 72% 4% 6% 28% 88% 80% 58% 85 75 11 11 78% 78% -10% -2% 3 10 11 94% 80% 78% 80 70 60 1 12 10 98% 76% 98% 4% -4% 20% 50 0% 70 65 28 29 44% 42% 60 50 40 0 8 21 100% 84% 58% 4 5 6 7 60 50 40 Apport de l’appareil 2 15 50 96% 70% 0% 90 36 28% 85 44 12% 60 1 98% 50 6 88% 40 19 62% Moyenne de l’apport Annexe -4- 4% 14% 6% Tableau récapitulatif des résultats au test de Lafon pour les patients presbyacousiques Patient Sans appareil 1 2 3 4 5 6 7 Avec appareil % % Intensité Erreur Intensité Erreur discrimination discrimination (dB) phonétique (dB) phonétique phonétique phonétique 85 80 75 70 19 9 8 19 62% 82% 84% 62% 85 75 65 55 5 11 27 36 80 70 60 50 Apport de l’appareil 80 75 70 60 4 4 1 5 92% 92% 98% 90% 10% 8% 36% 90% 78% 46% 28% 75 65 55 0 15 23 100% 70% 54% 22% 24% 26% 0 5 20 45 100% 90% 60% 10% 70 60 50 0 4 25 100% 92% 50% 10% 32% 40% 85 75 65 55 0 9 18 27 100% 82% 64% 46% 75 65 55 0 7 15 100% 86% 70% 18% 22% 24% 75 65 55 45 4 12 22 35 92% 76% 56% 30% 65 55 45 4 10 20 92% 80% 60% 16% 24% 30% 90 80 70 0 9 18 100% 82% 64% 80 70 60 0 8 20 100% 84% 60% 18% 20% 90 80 70 60 9 3 15 20 82% 94% 70% 60% 80 70 60 2 9 13 96% 82% 74% 2% 12% 14% Moyenne de l’apport Annexe -4- 20% Représentation graphique des résultats au test de Lafon pour les patients atteints de presbyacousie Test de Lafon Patient 2 100% 100% Oreille nue 80% 60% Oreille appareillée 40% 20% % de discrimination % de discrimination Test de Lafon Patient 1 Oreille nue 80% 60% 40% Oreille appareillée 20% 0% 0% 85 80 75 70 85 60 100% Oreille nue 80% 60% Oreille appareillée 40% 20% 0% 60 100% Oreille nue 80% 60% Oreille appareillée 40% 20% 0% 50 85 60% Oreille appareillée 40% 20% 0% % de discrimination Oreille nue 80% 55 65 55 Test de Lafon Patient 6 100% 100% Oreille nue 80% 60% Oreille appareillée 40% 20% 0% 45 90 Intensité (dB) 80 70 Intensité (dB) Test de Lafon Patient 7 % de discrimination % de discrimination Test de Lafon Patient 5 65 75 Intensité (dB) Intensité (dB) 75 55 Test de Lafon Patient 4 % de discrimination % de discrimination Test de Lafon Patient 3 70 65 Intensité (dB) Intensité (dB) 80 75 100% 80% 60% 40% 20% 0% Oreille nue Oreille appareillée 90 80 70 60 Intensité (dB) Annexe -4- 60 Seuil Subjectif d’Inconfort en fonction de la fréquence chez 7 patients atteints de la maladie de Ménière Fréquences (Hz) 125 250 500 1000 2000 4000 1 115 115 105 100 95 2 105 120 120 120 110 110 110 110 110 4 110 115 120 120 5 90 90 95 95 105 3 105 6 115 115 110 105 110 7 100 100 95 100 95 109 108,6 106,4 107,1 104,2 Moyenne 105 Seuil Subjectif d'Inconfort (maladie de Ménière) 125 250 500 1000 2000 4000 8000 Fréquences (Hz) 0 20 Intensité (dB) 1 40 2 60 3 4 80 5 100 6 120 7 140 Moyenne Annexe -3- 8000 105 Seuil Subjectif d'Inconfort en fonction de la fréquence chez 7 patients ayant une presbyacousie Fréquences (Hz) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 70 1 85 90 95 100 100 90 90 95 105 90 95 95 95 100 105 105 110 115 100 100 100 100 100 100 95 90 115 95 95 95 100 100 105 120 100 100 100 100 100 105 105 105 105 115 2 3 85 100 100 4 5 6 80 80 80 80 80 85 85 95 95 100 7 85 90 80 85 85 90 95 100 100 105 Moyenne 84 92 92 93 94 96 97 99 100 111 Seuil Subjectif d'Inconfort (presbyacousie) 125 250 500 750 1000 1500 2000 3000 4000 6000 Fréquences (Hz) 0 Intensité (dB) 20 1 40 2 60 3 4 80 5 100 6 120 7 Moyenne 140 Annexe -3- Ce questionnaire concerne votre audition avec appareil. Pour la majorité des questions, je vous demande de donner une note, sur un barème allant de 1 à 5 : " 1 " étant la note la plus faible et " 5 " la note la plus élevée. 1. Depuis combien de temps le diagnostic de la maladie de Ménière a-t-il été posé ? 2. Quelle oreille est concernée par cette maladie ? 3. Sur un barème allant de 1 à 5, pourriez vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous dialoguez avec une seule personne dans une ambiance calme ? Note : 1 2 3 4 5 4. Pourriez-vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous êtes avec 2 à 5 interlocuteurs ? Note : 1 2 3 4 5 5. Pourriez-vous évaluer la qualité de la parole perçue lorsque vous êtes avec plus de 5 interlocuteurs ? Note : 1 2 3 4 5 6. Pourriez-vous évaluer la gêne de vos acouphènes ? Note : 1 2 3 4 5 7. Sont-ils présents de chaque côté ? 8. Sont-ils toujours identiques aux différents moments de la journée ? 9. Sont-ils atténués en présence de bruit ? 10. Pourriez-vous évaluer votre sensibilité aux bruits forts ? Note : 1 2 3 4 5 Annexe -5- 11. Pourriez-vous évaluer la gêne occasionnée par les fluctuations de l’audition ? Note : 1 2 3 4 5 12. Si vous n’avez qu’une seule oreille touchée par cette maladie de Ménière, percevez-vous une différence au niveau de la qualité sonore entre les deux oreilles ? Vous est-il possible de l’évaluer ? Dans le cas où la maladie atteint les deux oreilles, percevez-vous une différence au niveau de la qualité sonore entre vos perceptions actuelles et celles d’avant le début de la maladie ? Vous est-il possible de l’évaluer ? Pour cette question 11, le barème est le suivant : 0 →pas de différence 1 →peu de différence 2 →dégradation de la qualité sonore 3 →dégradation importante de la qualité sonore 4 →dégradation très importante de la qualité sonore Note : 0 1 2 3 4 13. De manière générale, pourriez-vous évaluer le confort* que vous apporte l’aide auditive ? Note : 1 2 3 4 5 14. De manière générale, pourriez-vous évaluer l’intelligibilité de la parole que vous apporte l’aide auditive ? Note : 1 2 3 4 5 confort * : connotation agréable, qui n’apporte pas de désagrément physique Annexe -5- Réponses au questionnaire 1 2 20 ans à gauche 3 4 5 6 7 23 ans 20 ans 9 ans 9 ans 13 ans Annexe 5 Question 1 6 ans Question 2 Droite Les 2 Gauche Les 2 Gauche Gauche Les 2 Question 3 5 2,5 4 4 3 3 5 Question 4 3,5 2 3,5 1 3 3 4 Question 5 3,5 0 3,5 0 1 1 2 Question 6 0 5 1 en journée 5 le soir 1 0 0 5 Question 7 Non Oui Non Oui Non Non Oui Question 8 Oui Oui Non Non Oui Oui Oui Question 9 Non Oui Probablement Oui Non Non Oui 5 si bruits aigus Question 10 1 si bruits graves 1 1 4 5 5 3 Question 11 0 0 0 2 2 0 Question 12 4 4 2 4 4 4 2 Question 13 4 2 3,5 5 1 1 0 4 mais seulement 2 pour la TV. 5 4 4 Question 14 4 2 ans à droite L’annexe suivante est le témoignage d’un patient souffrant de la maladie de Ménière. Ce récit est présent dans ce mémoire pour rendre compte de la difficulté que peut éprouver un patient à vivre cette maladie au quotidien. Ce témoignage a été écrit par Mr G. S. patient du CHRU de Lille. Ce patient a enduré des crises de vertiges particulièrement invalidantes pendant 2 ans avant de subir une neurectomie vestibulaire. Cette intervention fut suivie par des troubles post opératoire pendant 4 ans. Ce patient va très bien depuis au moins deux ans. La maladie de Ménière se manifeste et évolue différemment chez chaque patient. Les crises de vertiges ne sont pas toujours aussi violentes que celles décrites par Mr G. S., elles peuvent être davantage espacées au cours de l’évolution de la maladie. Certaines personnes subissent plusieurs crises par jour ou par semaine, ce qui est extrêmement fatiguant, mais d’autres ne subissent qu’une crise par mois ou par an. L’apparition des crises est donc très variable et imprévisible. Le degré d’invalidité engendré par la maladie sera donc différent chez chaque patient. Annexe -6- Ma maladie de Ménière Ma première crise de Ménière s’est manifestée il y a près de quatre ans. J’étais au travail lorsque j’ai été pris d’un violent vertige. Lorsque j’ai voulu me lever, j’ai failli chuter. Mon oreille droite bourdonnait intensément. Mon teint était livide. Je suais. Il m’était impossible de me tenir debout sans m’appuyer contre les murs. La pièce tournait autour de moi alors que je demeurais immobile. Je me suis retrouvé au service des urgences du centre hospitalier de la ville, où l’interne qui m’a examiné m’a dirigé immédiatement vers le service de cardiologie de l’établissement, persuadé qu’il s’agissait d’un infarctus : ma tension artérielle était montée à 21/12 ! Les examens réalisés dans ce service se sont révélés tout à fait normaux et la T.A. est redescendue rapidement à 12/7. Je me souviens être rentré chez moi à pied, je ne marchais déjà plus très droit. J’étais comme ivre. Quelques jours plus tard, une autre crise s’est déclenchée. Il était tard et j’étais seul dans les locaux de mon entreprise. J’ai pris peur. Grosse panique et suées froides. J’ai appelé un médecin - un fidèle ami : il a mis au monde mes trois enfants - qui m’a ausculté puis posé quelques questions sur la nature des vertiges. Il m’a demandé s’ils étaient accompagnés d’un bourdonnement de tonalité grave. C’est ainsi que, pour la première fois, j’ai entendu parler du syndrome de Ménière. Il m’a expliqué brièvement qu’il s’agit d’une atteinte de l’oreille interne ; il a ensuite évoqué des problèmes de pression des liquides labyrinthiques, puis du nerf vestibulaire. J’avoue n’avoir pas compris grand-chose à son discours ce soir-là. Quand je lui ai demandé si c’était grave, il m’a répondu : “On ne meurt pas de la maladie de Ménière, mais on meurt avec elle”. Il avait tout dit. Je compris alors que j’étais atteint d’une maladie tenace. Mais j’ignorais à l’époque à quel point elle pouvait être invalidante. J’ai ensuite consulté le service d’oto-neurologie du C.H.R. de Lille où j’ai bénéficié de tous les examens d’usage : potentiels évoqués auditifs (P.E.A.), épreuves électrophysiologiques (EcoG), vidéo-nystagmographie (V.N.G.), test au Mannitol et épreuves caloriques. Le diagnostic d’une maladie de Ménière droite fut alors confirmé. On me proposa un traitement à base de médicaments osmotiques, antivertigineux (en comprimés puis en injection) et des diurétiques. Rien n’y faisait. Les crises vertigineuses devenaient de plus en plus violentes et rapprochées. D’abord une à deux crises par semaine (chacune pouvant durer trois heures), puis une à deux par jour. J’ai connu une période d’alitement d’une quinzaine de jours pratiquement sans aucun moment de répit. J’allais aux toilettes à quatre pattes. Je vivais comme un animal ! Je n’osais plus sortir de chez moi. J’avais perdu le goût de vivre et ne voyais aucune issue favorable à mon état. Mon audition commençait à baisser, les acouphènes devenaient de plus en plus envahissants, l’équilibre de plus en plus précaire. C’est alors que j’ai pris la décision de rencontrer le chirurgien. Page 1 sur 4 Annexe -6- J’avais lu quelques exposés sur la neurectomie vestibulaire. Tous disaient pratiquement la même chose : cette intervention est la plus efficace en ce qui concerne le contrôle des vertiges ( 95% de bons résultats). Le chirurgien qui a pratiqué mon opération a confirmé également ce chiffre et m’a surtout renseigné sur les risques d’une telle intervention, notamment pour le nerf facial et le nerf cochléaire. Il m’a aussi parlé de la nécessité d’entreprendre, après l’intervention, une rééducation vestibulaire. J’ai donc opté pour le geste chirurgical. J’ai bénéficié en avril 2000 d’une neurectomie vestibulaire droite, par voie sus -pétreuse suite à un syndrome de Ménière, pharmaco-résistant et particulièrement actif. Si depuis l’intervention- réalisée par le professeur V. et son équipe au C.H.R. de Lille- je n’ai plus enduré de grandes crises vertigineuses (vertiges rotatoires aux effets nauséeux ) je garde encore de sérieux troubles de l’équilibre accompagnés d’autres symptômes qui rendent ma pathologie très invalidante. Sur le plan de l’équilibre. Depuis l’intervention je n’ai pratiquement pas connu une journée “normale”. J’évolue dans un état pseudo-ébrieux permanent qui a tendance à s’aggraver au fil des heures. Le soir, mon équilibre devient précaire, et marcher dans la pénombre ou dans l’obscurité même partielle m’est très difficile. A ce moment là je dois trouver des parades posturales afin d’éviter la chute. Je n’ai rien d’un danseur mondain... encore moins d’une étoile, mais par la force des choses je suis devenu spécialiste dans l’art et la technique du pas de côté. Mais de grâce, ne me demandez pas un split lancé! La gêne la plus importante est cette instabilité crânienne que je ressens pendant la marche, mais également et surtout lorsque je suis passager d’un véhicule. Les sensations sont alors plus fortes et plus désagréables. J’ai l’impression que la tête produit des mouvements que le cerveau n’a pas commandés. Ces désagréments sont amplifiés par une lourdeur et un sentiment de plénitude qui m’étourdissent et provoquent des perceptions vertigineuses. Je suis obligé de fixer constamment des lignes verticales afin de garder une trajectoire correcte. Je me sens vite mis en difficulté, et j’ai constamment besoin de mes repères. Tout cela malgré la réalisation d’une soixantaine de séances de rééducation vestibulaire et orthoptique. Au niveau de l’audition. Je suis atteint d’hypoacousie bilatérale importante - 55% à droite. Je n’ai pourtant pas l’impression d’être sourd puisque j’entends, mais j’ai des difficultés à comprendre. Je suis incapable de discuter comme avant avec mon entourage. Les longues conversations sont devenues insupportables. Lorsque plusieurs personnes parlent en même temps, je deviens comme étourdi et la pression s’accentue dans la tête... Je suis largué. Les sons paraissent “distorsionnés”, et plus le volume augmente moins je comprends. Paradoxalement, j’entends mieux lorsque je me bouche l’oreille droite. Il m’est pénible de regarder la télévision plus d’une heure, quand je quitte mon siége j’éprouve comme une illusion d’ivresse. Cette surdité est à ce jour encore évolutive et fluctuante . Page 2 sur 4 Annexe -6- Les acouphènes. Je souffre également d’acouphènes. Ils sont bilatéraux et invalidants. Suite à l’opération les “bruits” perçus dans l’oreille droite ont très sensiblement augmenté en volume. Parfois ils s’apparentent plus à un souffle puissant m’envahissant le crâne qu’à un bourdonnement ou sifflement d’un acouphène classique. Ils sont maintenant plus assidus dans l’oreille gauche et ont pratiquement la même intensité qu’à droite, sous leurs agressions j’enregistre comme des vibrations dans la tête. Je perçois également un acouphène, que je situe dans la moitié arrière du crâne. Il est omniprésent et ressemble au bruit d’un moteur diesel mal réglé. Bizarrement je ne l’entends plus lorsque je me bouche les oreilles. Ces “intrus” m’empêchent bien souvent de m’endormir, et parfois, lorsque j’ai trouvé rapidement le sommeil, il m’arrive d’être réveillé par eux, un peu comme avant l’opération je pouvais l’être par un vertige. Cela devient insoutenable lorsqu’ils s’accompagnent d’un phénomène de compression qui agit simultanément sur les deux oreilles. J’ai essayé (sans aucun résultat ) tous les traitements proposés; médicamenteux, acupuncture, hypnose et dernièrement des séances d’ionisation à la xylocaine. Inexorablement ces acouphènes continuent leur travail de sape. Sur le vécu Ma vie a totalement basculé. Je ne sors plus. J’évite les foules. Faire les courses dans un hypermarché est devenu un calvaire; voir les gens avancer vers moi, tourner et virevolter dans les allées me donne le tournis. Je ne fréquente plus les cinémas, les salles de concerts et de spectacles, le bruit m’agace et me fait mal. Dans les lieux surchauffés, j’ai des malaises. Je suis souvent fatigué. Je manque d’énergie et je n’ai plus de force physique. Il y a des mouvements que je n’arrive plus à accomplir. Il m’est impossible de me concentrer sur un travail qui se veut précis. Je dois absolument éviter les situations de stress, recherchant constamment le calme et la tranquillité. Je suis contraint de m’allonger régulièrement non seulement sous l’effet de la fatigue mais surtout dans le but de “m’aérer” le crâne lorsque les acouphènes sont devenus trop intenses. J’essaie alors d’appliquer une séance de relaxation basée sur le principe du Training Autogène de Schultz, que je pratique depuis quelques mois dans le cadre d’une psychothérapie Cela me soulage parfois, mais il n’y a pas de miracle. Cette thérapie m’aide à vivre avec cette terrible atteinte, tout au moins à l’accepter. J’ai gardé de mon passé (pas si lointain ) de grand vertigineux, la phobie du vertige. Lorsque les symptômes sont plus forts je deviens anxieux, et l’idée d’une possible bi latéralisation de la maladie occupe alors mon esprit. Il est vrai que cette affection m’a psychologiquement fragilisé. Au cours du combat que je mène contre Ménière, j’ai perdu mon amie. Nous ne vivions pas ensemble, mais partagions les bons moments d’une vie. Maintenant que je n’ai plus de bons moments à offrir, elle m’a quitté. Je ne lui en veux même pas. Je la comprends. Depuis quelques mois la maladie ne me laisse que peu de répit et semble agir maintenant plus par poussées. Elles peuvent durer deux ou trois heures voire plus. Au sortir de celles ci j’éprouve une grande fatigue accompagnée d’un sentiment de “mal être”. Au plus Page 3 sur 4 Annexe -6- fort de la crise, mon instabilité est plus importante. Je dois, alors redoubler de prudence car en ces moments là mes réflexes sont moins prompts. En période de crise aiguë je note également des troubles de la concentration et de la mémoire pour ce qui concerne les événements proches. Je souffre également de céphalées migraineuses, de cervicalgies devenues insupportables car elles irradient à la base du crâne et jusqu’au bas des épaules. Je consulte régulièrement un rhumatologue et un ostéopathe, en vain. J’endure aussi des douleurs crâniennes dues à un problème de tension membraneuse suite à un ennui cicatriciel sur la dure-mère. J’ajoute à tout cela, que je me suis imposé une hygiène de vie très stricte. Je ne fume pas, ne consomme jamais d’alcool, je prends des repas équilibrés et à heures régulières, car tous les excès me sont préjudiciables. Conclusion. J’ai enfin compris, avec le temps, et surtout admis, que tous les traitements, y compris l’intervention chirurgicale ne sont en fait que des palliatifs. Si l’opération a supprimé les grands vertiges, elle n’a pas pour autant éradiqué la maladie. Que je cumule les séquelles d’une déafférentation vestibulaire et les symptômes d’une mal évolutif. Un ORL m’a même démontré qu’en fait j’avais toujours des étourdissements, et que ceux ci pouvaient être plus forts et plus nombreux qu’avant, sans vraiment les percevoir, pour la simple raison que le nerf vestibulaire a été sectionné, d’où, les sensations désagréables que je ressens. Par contre, il a été incapable de me dire comment la maladie pouvait évoluer chez moi. Dernièrement, j’ai pris contact avec M. Yves Cazals, directeur de recherches à l’université de la Méditerranée à Marseille .J’avais lu un article très argumenté sur l’avancée de ses recherches dans le domaine du syndrome de Ménière. Je me suis donc permis de lui envoyer mon dossier. Celui ci m’a répondu rapidement en ces termes “...Nous connaissons malheureusement la situation dans laquelle vous vous trouvez et c’est pourquoi nous réalisons des recherches sur la maladie de Ménière. Les connaissances progressent bien mais de nouvelles thérapeutiques efficaces ne sont encore que des perspectives...” etc. G. S. Janvier 2002. Remarque : Depuis 2004, l'état clinique de Mr S. est remarquablement amélioré. Il ne présente presque plus de trouble de l'équilibre. Cette remarque a était ajoutée au récit avec l'accord de Mr S. le 10 Octobre2005. Page 4 sur 4 Annexe -6- Résumé : La maladie de Ménière fait partie des pathologies de l’oreille rencontrées par les audioprothésistes. C’est une maladie caractérisée par une triade symptomatique et une évolution faite de crise itératives. Les trois symptômes majeurs (vertige, acouphènes et surdité de perception) entraînent une modification importante de la qualité de vie du patient. Les 7 cas présentés dans ce mémoire veulent montrer que la perte auditive n’est pas la seule difficulté rencontrée par les patients. Lors de l’appareillage, l’audioprothésiste devra prendre en compte les caractéristiques de cette maladie et être à l’écoute de ces patients.