L’exploration planétaire en Europe : un âge d’or, une météo incertaine Yves Langevin Institut d’Astrophysique Spatiale L’EXPLORATION PLANÉTAIRE : UNE SÉQUENCE LOGIQUE DE MISSIONS DE COMPLEXITÉ CROISSANTE 1. exploration par une mission de survol définit les grands enjeux, les méthodes d’investigation requises 2. caractérisation détaillée avec un orbiteur révèle l’ensemble du corps planétaire (avec parfois des surprises !), permet de repérer les sites les plus intéressants 3. les études in-situ: atterrisseurs, véhicules, ballons 4. retour d’échantillons (lié ou non à un vol habité) La Lune : contre-exemple pour des raisons stratégiques Étapes 1, 3 et 4 en 10 ans, de Luna 3 à Apollo 11, 35 ans avant la caractérisation détaillée (Kaguya : 2007 ; LRO : 2009) APOLLO 17 (1972) : LES DERNIÈRES EMPREINTES DE PAS SUR LA LUNE 42 ans déjà … (44 ans après Neil Armstrong, 19/07/69) L’ESSOR DE LA CONTRIBUTION EUROPÉENNE • mise en place d’agences spatiales - 1961 : CNES (France) - 1962 : ELDO (lanceurs, série d’échecs) et ESRO (recherche, peu d’impact) - 1975 : Agence Spatiale Européenne (ESA), forte contribution française • 1970 - 1980 : émergence d’une communauté planétologique européenne avec trois axes de développement : - analyse des échantillons lunaires à partir de 1970 - participations scientifiques au programme américain et soviétique - développement de compétences pour l’étude des environnements ionisés : missions nationales / ESRO dans la magnétosphère terrestre 1980 – 1990 : LA MONTÉE EN PUISSANCE (1) • 1980 : sélection de GIOTTO par l’Agence Spatiale Européenne mission d’exploration majeure (1er survol de la comète de Halley, 600 km) tout sauf une évidence à l’époque ! - mission imposée par l’exécutif après avoir été placée derrière un orbiteur lunaire par le comité « système solaire ». Principal argument (outre le retour scientifique) : renforcer la notoriété de l’ESA - collaboration avec une mission soviétique (VEGA, 8000 km) et deux petites missions japonaises (Sakigake et Suisei, 100,000 km) charge utile scientifique entièrement sous responsabilité européenne Succès scientifique, Impact médiatique considérable Lancement : 07/2005 Survol de Halley : 03/2006 Grigg-Skjellerup : 07/1992 (plus de caméra) 1980 – 1990 : LA MONTÉE EN PUISSANCE (2) • Opportunités de vol importantes sur les missions soviétiques - VEGA (1984 – 1986) : grand succès (IKS, TKS, PUMA…) - Phobos (orbiteur de Mars avec atterrissage sur Phobos, lancée en 1988) Phobos 1 : perdue en route Phobos 2 : 3 mois d’opérations en orbite début 1989 (ISM : 1er spectromètre imageur IR) perdue à l’approche de Phobos - Mars 92 (puis 94, puis 96) : mission majeure avec 400 kg d’expériences en orbite, un atterrisseur avec sismo, deux pénétrateurs… échec au lancement en novembre 1996 Outre le retour scientifique (particulièrement important pour VEGA), le développement de compétences instrumentales a été très important pour la suite (proverbe spatial : qui a volé revolera…) L’EXPLORATION DU SYSTÈME SOLAIRE AVANT 2000 contributions européennes à la charge utile 1960 1970 NASA 1980 URSS 1990 2000 Luna 1 à 23 Lune Ranger Surveyor APOLLO Mariner 10 Mercure Vénus Mars Venera 7 à VEGA Magellan Phobos Mariners, Viking planètes géantes MGS Pathfinder Voyager petits corps 1960 Clementine (Geiss) VEGA Galileo Giotto 1970 1980 1990 2000 1980 – 1990 : LA MONTÉE EN PUISSANCE (3) l’émergence d’un programme européen d’exploration planétaire Giotto pouvait très bien être sans lendemain : - argument d’opportunité spécifique à Halley (un passage tous les 76 ans) - budgets très modestes (équivalents à 170 M€ / an aujourd’hui) - communauté émergente face à des communautés plus nombreuses et mieux organisées (astrophysique des hautes énergies, plasmas…) structuration des priorités : colloques de prospective du CNES Un atout majeur : le programme « Horizon 2000 » (R-M. Bonnet) - 1984: perspective sur 20 ans prenant en compte toutes les communautés, sélection de 4 « pierres angulaires », dont une en collaboration NASA, « Comet Nucleus Sample Return » (CNSR) capitalisait sur le succès de Giotto (politique de niche) - doublement en terme réel du budget entre 1985 et 1995 (350 M€) opportunité de sélection dès 1988, succès de la communauté planétaire avec la mission Cassini/Huygens LA SÉLECTION DE CASSINI-HUYGENS un pari risqué… et réussi ! • sélection M1 (1988) : 5 candidats dont 2 missions planétaires : - VESTA : 1er survol d’astéroïdes (dans la continuité de GIOTTO) en collaboration avec le CNES et l’URSS (atterrisseurs) - Cassini – Huygens : sonde de descente sur Titan, ticket d’entrée pour l’orbiter NASA de caractérisation détaillée (accord réciproque 1/3 – 2/3) Cassini –Huygens présentait des difficultés techniques (1ère mission in-situ, à 1,5 milliards de km de la Terre…) et des risques programmatiques majeurs : annulations récentes de collaborations par la NASA (comètes, Ulysses), prémices du « faster, better, cheaper » (Goldin, 1989) - un an plus tard, VESTA se serait révélé un très mauvais choix (plus d’URSS !) les bonnes idées ne meurent jamais : mission DAWN de la NASA - la participation européenne a été déterminante pour sauver Cassini (annulation en 1991 de la mission jumelle CRAF) - la mission de la sonde Huygens a été un succès majeur en 2005 - l’exploitation scientifique des instruments de l’orbiteur par les scientifiques européens (dont 40 français) se poursuit aujourd’hui 1990 – 2000 : COUPS DURS ET CONSOLIDATION (1) • fin 1991 : la NASA annule sa mission CRAF (RV cométaire) et sa participation à « Comet Nucleus Sample Return » En moins de 2 ans, redéfinition de la pierre angulaire européenne : RV cométaire dédié à l’analyse in-situ de la matière cométaire pas évident : pas de générateur radio-isotopique en Europe, panneaux solaires très limites à 5 UA: 10 watts / m2 ! C’est encore vrai en 2013 (nuclear nein danke…) : JUICE vers Jupiter « ROSETTA » est sélectionnée en 1993 pour un lancement en 2003 ROSETTA Rendez-vous cométaire avec un Orbiteur et un atterrisseur - analyse in-situ du matériau cométaire - caractérisation du noyau - évolution de l’activité cométaire - interaction avec le vent solaire réduction de 30% du soutien CNES aux expériences en 1997 (victime collatérale du passage à l’euro via le soutien à la station spatiale) 2 expériences PI, co-responsabilité (avec l’Allemagne) de l’atterrisseur, participations françaises à 80% de la charge utile ROSETTA : L’IMPACT DES PB ARIANE 5 • lancement initialement prévu en janvier 2003 vers la comète Wirtanen (8 ans de trajet, survol de Mars) • annulation 1 mois avant suite à des inquiétudes sur Ariane 5 • solution de rechange : très peu d’options avec Mars (survol de Vénus exclu pour cause de température excessive) • nouvelle cible : comète Churyumov-Gerasimenko lancement en février 2004, 10,5 ans de trajet (rendez-vous retardé de plus de 3 ans) ROSETTA : UNE STRATEGIE COMPLEXE Lancement : 02/2004 Fin de la mission nominale (périhélie) : 08/2016 1er survol de la Terre : 03/2005 2ème et 3ème survol de la Terre : 10/2007, 10/2009 10,5 ans de croisière, dont 1 an apparemment « pour rien » Survol de Mars : 02/2007 Rendez-vous : 08/2014 PERFORMANCES ARIANE 5 Contrairement à Centaur (NASA) ou Fregat (Russie), Le 3ème étage Ariane 5 n’est pas réallumable Forte pénalité si on ne part pas dans le plan de l’équateur départ à 3,4 km/s : 0° : 5000 kg 20°S : 4600 kg 10°N : 3600 kg ROSETTA : UNE STRATEGIE COMPLEXE Lancement : 02/2004 Fin de la mission nominale (périhélie) : 08/2016 1er survol de la Terre : 03/2005 2ème et 3ème survol de la Terre : 10/2007, 10/2009 Steins : 09/2008 Lutetia (Ø 120 km) 07/2010 Survol de Mars : 02/2007 Rosetta aujourd’hui Phase d’hibernation de 3 ans, les panneaux solaires ne fournissent plus assez d’énergie Rendez-vous : 08/2014 15 janvier /2014 : réveil de la sonde on croise les doigts… 1990 – 2000 : COUPS DURS ET CONSOLIDATION (2) • mi 1992 : échec de la mission NASA « Mars Orbiter » 1ère remise en cause complète du programme vers Mars • mi 1994 : définition de la 2ème pierre angulaire « planétaire » : caractérisation détaillée de Mercure (BepiColombo) • septembre 96 : non-sélection de la mission « InterMarsnet » (réseau de stations à la surface de Mars, collaboration NASA) décision fort opportune : les 2 échecs NASA de 1998 vers Mars auraient sans aucun doute conduit à l’annulation d’InterMarsnet • 10/1996 : échec au lancement de la mission russe « Mars 96 », avec une très forte contribution instrumentale européenne (instruments de télédétection, sismomètre…) La mission « Mars Express » (modèles de rechange + atterrisseur) est sélectionnée par l’ESA fin 1998 pour un lancement en 2003 Mars Express Un processus ultra-rapide (moins de 2 ans) Un cocktail à 3 éléments : - Mars : une priorité européenne (1994) - un échec majeur russe (Mars 96, 10/1996), - un succès américain (“pathfinder”, 1997) instruments fournis par l’allemagne ! 5 instruments de Mars 96 caméra stéréo HRSC (D) spectro imageur Vis/NIR OMEGA (F) spectro IR moyen PFS (I) spectro UV par occultation SPICAM (F) ensemble d’étude des plasmas ASPERA (S) Radar de sondage (MARSIS, USA / Italie) Atterrisseur Beagle (UK) Sélection fin 1998, lancement en juin 2003, mise en orbite fin décembre 2003 Coût total < 300 M€ (charge utile comprise) Succès majeur pour l’Europe malgré l’échec de Beagle Mars vue de la terre dans les meilleures conditions (57 millions de km) calottes de glace, nuages, saisons, rivières fossiles… Diamètre : 6800 km surface à explorer : supérieure à celle des continents terrestres « Les planètes », 1966 « Mars est une planète bien connue, grâce à sa proximité et à la transparence de son atmosphère. Les variations saisonnières des calottes polaires sont remarquables. Des points blancs sont laissés en arrière quand elles rétrécissent au printemps : il s’agit sans doute du sommet des montagnes martiennes. Les régions vert sombre tournent au jaunâtre à l’automne martien. Il pourrait s’agir de plantes de type thallophytes ou muscinées, ou d’algues de glacier. » Malgré le florilège d’erreurs, on trouve déjà les deux raisons qui font de Mars une cible privilégiée par rapport à Vénus, plus proche - beaucoup de points communs avec la Terre - un site possible d’apparition de la vie Mawrth Vallis OMEGA : argiles 30 km © OMEGA/HRSC/ESA Résultat majeur de Mars Express (OMEGA) : de l’eau liquide en surface, mais il y a 4 milliards d’années (« Noachien ») Le succès du développement de Mars Express a conduit l’ESA à sélectionner en 2002 un revol du même satellite, Vénus Express, seule mission vers Vénus depuis 1989 BepiColombo : la pierre angulaire vers Mercure ou … des inconvénients et des avantages de prendre son temps • caractérisation détaillée par deux orbiteurs polaires : - orbite proche : ESA - orbite très elliptique : Japon • définie comme une priorité parmi 3 en 1994 • retenue comme 5ère « pierre angulaire » en 2001, lancement 2009, arrivée 2014 • 2002 : la NASA sélectionne une mission « Discovery » vers Mercure Messenger, lancement en 2005, arrivée à Mercure en 2011 : beau succès mais beaucoup reste à faire ! • effort nécessaire pour justifier une 2ème mission orbitale (Mars : 12 missions orbitales depuis 1966) • 1ère mission européenne utilisant la propulsion ionique : démonstrateur requis LA MISSION SMART 1 : TEST ESA DE LA PROPULSION IONIQUE Approuvée en 1999 Coût total : 100 M€ (30 M€ de retour géographique) ∆V total : 3 km/s Poussée ionique Lancement 09/2003 Mise en orbite lunaire 04/2005 Durée totale 3 ans Succès technique complet ! Retour scientifique modeste (15 kg de charge utile) 1ère orbite lunaire Assistances gravitationnelles de la Lune BepiColombo : la pierre angulaire vers Mercure ou … des inconvénients et des avantages de prendre son temps • caractérisation détaillée par deux orbiteurs polaires autour de Mercure : - orbite proche (planète) : ESA - orbite très elliptique (magnétosphère) : Japon • définie comme une priorité parmi trois en 1994 • retenue comme 5ère « pierre angulaire » en 2001, lancement 2009, arrivée 2014 • 2002 : la NASA sélectionne une mission « Discovery » gonflée, Messenger pour un lancement en 2005 et une arrivée à Mercure en 2011 : beau succès mais beaucoup reste à faire ! • effort récurrent pour justifier une 2ème mission orbitale (Mars : 12 depuis 1966) • 1ère mission européenne utilisant la propulsion ionique : démonstrateur requis • grosses difficultés de développement : - 1800 kg en 2001 (Soyuz), 4000 kg en 2008 (Ariane 5) - retard de 7 ans du lancement, surcoût de 50% (650 M€ -> 1000 M€) • malgré toutes ces difficultés, la mission semble sur les rails pour un lancement en 2016 et une arrivée fin 2023 BepiColombo : un impact direct sur la compétitivité industrielle de l’Europe Article dans L’ « Usine Nouvelle » du 3 octobre 2013 « dès 2015, 25% des satellites en orbite géostationnaire seront à propulsion ionique » « Boeing est leader, Astrium réagit » Le contrat de 80 M€ pour l’étage à propulsion ionique de BepiColombo a certainement aidé ! responsble satellites Thalès en 2007 : « toutes les avancées sur les satellites viennent des missions scientifiques » Un succès très récent : la sélection de JUICE comme « grande mission » ESA post-2020 • la caractérisation détaillée du système de Jupiter reste à faire (antenne de Galileo) • projet de mission commune ESA-NASA : EJSM ESA : Ganymède, Callisto NASA : Io, Europe (radiations) • 2010 : la NASA se retire (comme d’hab…) • redéfinition en 2011 : 2 survols d’Europe avant l’insertion en orbite autour de Ganymède • sélection en avril 2012 pour un lancement en 2022 très bonne surprise pour la communauté planétologique : 2 grandes missions européennes à la suite dans ce domaine, BepiColombo (2016) puis JUICE (2022) LA MISSION JUICE (OPTION NOMINALE) 7,6 ans de trajet, durée totale 10 ans 5 tonnes au lancement (3,2 km/s) avec Ariane 5 2ème et 3ème survol de la terre : 10/2024, 10/2026 Survol de Vénus : 11/2023 insertion en orbite lancement : 06/2022 1er survol de la terre : 06/2023 (déclinaison) Jupiter : 02/2030 ; phase orbitale ganymède : 2032 LE PROGRAMME D’EXPLORATION DE L’ESA ou… grandeur et misère des programmes optionnels • programme optionnel à objectifs technologiques décidé en 2005 • avantage (?) : ressources en dehors du programme scientifique, dont le budget évolue très lentement (règle de l’unanimité) • inconvénient 1 : depuis 2005, tout programme vers Mars ou la Lune est catalogué « exploration » même s’il est à forte tonalité scientifique • inconvénient 2 : les décisions sont prises en fonction du retour industriel vers les pays contributeurs, au détriment de la logique technique et de la maîtrise des coûts • le programme d’exploration doit réussir sa première mission (ExoMars) pour établir sa crédibilité et c’est loin d’être gagné ! LES DIFFICULTÉS DU PROGRAMME EXOMARS (1) • budget souscrit : 850 M€ • priorité technologique : atterrissage sur Mars • priorité scientifique : exobiologie • initialement : mission « ESA seule » en 2013, véhicule « Pasteur » Lancement Ariane 5 Véhicule de 300 kg foreuse jusqu’à 2 m de profondeur charge utile réduite de 20 (?!) à 7 instruments en 2007 foreuse LES DIFFICULTÉS DU PROGRAMME EXOMARS (2) • budget souscrit : 850 M€ • priorité technologique : atterrissage sur Mars • priorité scientifique : exobiologie • 2009 : les coûts et les budgets en masse dérapent → mise en place d’une collaboration avec la NASA (MAX-C) 2016 : orbiteur relais (charge utile principalement US), et test d’atterrissage (ESA) 2018 : mise en place par la NASA de Pasteur et MAX-C • début 2011 : la NASA se retire (comme d’hab…) l’ESA se tourne vers la Russie pour le lancement et le module de descente du véhicule Pasteur en 2018 • 10/2011 : échec au lancement de Phobos-Grunt (Russie) • 06/2012 : engagement de la mission 2016, un seul instrument sur l’orbiteur en attendant des instruments russes (à confirmer…), durée de vie de quelques jours pour l’atterrisseur (RTG russes non disponibles) le montage crédible pour Pasteur 2018 reste à construire Les opportunités d’implication scientifique dans les missions NASA (1) • les missions majeures NASA (« flagships », « new frontiers ») - très forte compétition US sur chaque expérience (jusqu’à 4 proposants) - succès le plus souvent en partenariat avec un PI US - exemples les plus récents : Chemcam, SAM (F) sur MSL (+ APXS : D) « Mars Surface Laboratory » : 2,4 milliards de $ Véhicule « Curiosity » 800 kg, > 100 km 3 RTG, 500 W au total Atterrissage : « sky crane » MSL : atterrissage réussi le 6 août 2012 Le mont « Sharp » vu par Curiosity 4 km de haut, au centre du cratère Gale Cible : les terrains en couches (sédimentaires ?) Les opportunités d’implication scientifique dans les missions NASA (2) • les missions « Discovery » de la NASA - très forte compétition au niveau des missions (40 pour 1 sélectionnée) - évalué en budget total charge utile comprise - forte tension sur le budget (< 500 M$) → certains proposants US essaient de réduire les coûts en faisant payer les instruments les plus chers par les européens DAWN : RV avec Vesta puis Céres, propulsion ionique, lancement en 2007 équivalent pour les astéroïdes de l’orbiteur ROSETTA (RV comète) - 3 expériences majeures, 2 US, 2 européennes, la caméra (D) et le spectromètre imageur (I) - le 4ème instrument (magnétomètre US) a été supprimé en raison des surcoûts, alors qu’on sait qu’il y a un noyau de fer… l’astéroide Vesta (Ø 540 km) vu par Hubble … et DAWN (07/2011 – 08/2012) NASA/ JPL-Caltech/ UCLA/ MPS/ DLR/ IDA Les opportunités d’implication scientifique dans les missions NASA (3) • les missions « Discovery » de la NASA - très forte compétition au niveau des missions (40 pour 1 sélectionnée) - évalué en budget total charge utile comprise - forte tension sur le budget (< 500 M$) → certains proposants US essaient de réduire les coûts en faisant payer les instruments les plus coûteux par les européens INSIGHT : atterrisseur martien dédié à la subsurface et la structure interne sélectionné le 20 août 2012 Les deux instruments majeurs (selon moi) sont européens : - sismomètre large bande (France, 15 M€) priorité scientifique dès le colloque de prospective CNES de 1993, cinq tentatives : non sélection, annulation ou échec - « taupe » capable de descendre 5 m sous la surface (Allemagne) tout le monde s’y retrouve : la visibilité est américaine, le retour scientifique européen est important Problème pour le CNES : il faut s’engager AVANT la sélection ! Les opportunités d’implication scientifique dans les missions NASA (4) • Mars 2020 : une configuration totalement nouvelle - la mission européenne ExoMars est en difficulté • orbiteur / test d’atterrissage (2016) en cours de report en 2018 • budget insuffisant pour la mission in-situ (véhicule « Pasteur) • fortes inquiétudes sur la crédibilité russe pour l’atterrissage - la NASA est renforcée par l’exploit technique et le succès scientifique de Mars Surface Laboratory, d’où l’annonce d’une mission similaire, « MSL 2020 » (niveau « flagship »), mais les blocages budgétaires à répétition (« sequester », « shutdown ») conduisent à des appels du pied très appuyés vers l’Europe pour la charge utile (schéma « discovery ») - le CNES ne pourra pas financer plein pot ExoMars et MSL 2020, les labos spatiaux ont le même problème pour les RH - concept « Mars 2020 » : on avance en supposant qu’il y aura une mission majeure in-situ vers Mars en 2020-2025 Les opportunités d’implication scientifique dans les missions d’autres agences • la Russie, le Japon, la Chine, l’Inde (le Brésil ?) - des opportunités, mais un processus programmatique opaque et un taux d’échec important pour les missions planétaires Russie : échec de Phobos-Grunt au lancement (10/2011) Japon : échec de Nozomi (Mars), et d’Akasuki (Vénus), récupération très difficile d’Hayabusa (retour d’échantillon d’astéroïdes) atterrisseur germano-français « Mascot » sur la mission Hayabusa 2 (revol quasi à l’identique) lancée fin 2015 vers un astéroïde proche de la Terre principale expérience (MicroMega) fournie par la France Un âge d’or pour l’Europe en planétologie (1) L’EXPLORATION DU SYSTÈME SOLAIRE AVANT 2000 contributions européennes à la charge utile 1960 1970 NASA 1980 URSS 1990 2000 Luna 1 à 23 Lune Ranger Surveyor APOLLO Mariner 10 Mercure Vénus Mars Venera 7 à VEGA Magellan Phobos Mariners, Viking planètes géantes MGS Pathfinder Voyager petits corps 1960 Clementine (Geiss) VEGA Galileo Giotto 1970 1980 1990 2000 Un âge d’or pour l’Europe en planétologie (1) 2005 Lune 2010 2015 2025 2035 Exploration ? NASA ? Japon, Chine, Inde ? Smart-1 BepiColombo Mercure Vénus Express Vénus ExoMars 2018 Mars Express Mars « Mars 2020 » ? Spirit, Opportunity planètes géantes MSL Insight CASSINI JUICE HUYGENS Juno ROSETTA petits corps DAWN Hayabusa 2 Stardust 2005 2010 Missions européennes 2015 2025 NASA Autres agences 2035 Un âge d’or pour l’Europe en planétologie (2) • 1990 – 2003 : qq contributions à Galileo (1996-2003, pb d’antenne : 40 bits/s) • 09/2012 : charges utiles scientifiques en opération Mars Express (depuis janvier 2004) Cassini (depuis juin 2004) Vénus Express (depuis avril 2006) Rosetta (Lutetia : 07/2010, rendez-vous : 08/2014) expériences européennes : DAWN (depuis juillet 2011) et MSL (depuis août 2012) Juno (1 instrument italien, coI’s F, D) en transit → 07/2016 • 09/2012 : 42 expériences en cours de réalisation ou de sélection Bepi Colombo (lancement 08/2015, 15 instruments) Hayabusa (lancement fin 2015, 3 instruments européens) Insight (lancement 03/2016, 2 instruments européens) ExoMars 2018 (2 instruments) et « Mars 2020 » (7 instruments, mission à consolider) JUICE (lancement 2022, 11 instruments) Situation très favorable en Europe (et en particulier en France) - retour scientifique - formation des jeunes chercheurs - développement des compétences des équipes techniques ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES sur la base des missions en opération ou programmées • phase d’exploration : complétée par le premier survol de 2 objets de Kuiper (Pluton / Charon) par la mission NASA « New Horizons » en janvier 2015 • caractérisation détaillée : - tous les systèmes planétaires jusqu’à Jupiter (JUICE) et Saturne (CASSINI) - Uranus, Neptune : 15 ans de trajet (sauf propulsion électrique nucléaire) - comètes (ROSETTA), astéroïdes (DAWN) • priorité à l’in-situ (MSL, atterrisseur ROSETTA, Mars 2020) la non disponibilité de sources d’énergie nucléaire spatialisées en Europe est un handicap majeur (Stirling NASA : 20 kg pour 200 W ?) - durée de vie des atterrisseurs, autonomie des véhicules • retours d’échantillons : Lune et astéroïdes les perspectives s’éloignent pour Mars et les noyaux cométaires LES ENJEUX PRIORITAIRES • conditions d’apparition de la vie : - eau liquide, molécules organiques complexes - terrains anciens sur Mars : MSL, ExoMars, retour d’échantillons - plus spéculatif : océans sous-glaciaires (Europe, Ganymède: JUICE) • formation du système solaire : « cas standard » ou système atypique ? - missions vers les petits corps du système solaire, BepiColombo - systèmes planétaires multiples autour d’autres étoiles système solaire ↔ systèmes extrasolaires Le système de 55 Cancri 3 planètes plus près de leur étoile que Mercure, MAIS…. 1: 10 masses terrestres 2: 250 Mt (~ Jupiter) 3: 50 Mt (Neptune) Mercure: 0.055 Mt ! 2 4 1 3 Mercure Vénus La Terre LES ENJEUX PRIORITAIRES • conditions d’apparition de la vie : - eau liquide, molécules organiques complexes - terrains anciens sur Mars : MSL, ExoMars, retour d’échantillons - plus spéculatif : océans sous-glaciaires (Europe, Ganymède: JUICE) • formation du système solaire : « cas standard » ou système atypique ? - missions vers les petits corps du système solaire, BepiColombo - systèmes planétaires multiples autour d’autres étoiles • planétologie comparée du système solaire : vers une planétologie comparée des systèmes planétaires Après la phase de découverte (vitesses radiales, COROT, KEPLER), 1ères missions de caractérisation des planètes extrasolaires ECHo: chances réelles de sélection par l’ESA en février 2014 pour un lancement en 2024 UNE MÉTÉO INCERTAINE • grosses difficultés économiques en Europe : - poursuite des investissements majeurs en Italie ? - en France : fortes tensions sur le budget CNES, les ressources humaines dans les laboratoires spatiaux (IAS, LATMOS, LESIA, IRAP…) • les applications et l’observation de la Terre pour les enjeux climatiques sont une priorité ; avenir de l’ESA et de son programme scientifique ? • le concept de « laboratoire spatial » (France, MPG, RAL) est menacé : coopération directe entre équipes scientifiques et équipes techniques - expériences scientifiques réalisées par l’industrie (obs. terre, Italie) - montée en puissance des financements sur projet à court terme au détriment des opérateurs de recherche budget CNRS pour l’IAS : 540 k€ en 2006, 152 k€ en 2012, 285 k€ en 2013 ANR : 3 ans ; ROSETTA : 30 ans les succès scientifiques et programmatiques déjà acquis garantissent un avenir à la communauté planétologique européenne à l’horizon 2030 LA PHASE DE CROISIERE : 7,4 ANS (07/2016 – 12/2023) - 4 tonnes au départ de la Terre - « tour d’honneur » d’1 à 2 ans (déclinaison de lancement) - 2 survols de Vénus - 3 survols de Mercure Vue d’artiste de l’orbiteur Européen (MPO) observant Mercure (pointage Nadir)