De l`intérêt de poursuivre la recherche spatiale appliquée aux

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Mission pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France aux Etats-Unis
De l’intérêt de poursuivre la recherche spatiale appliquée aux sciences
de la Terre
Publié le lundi 1er juin 2015
Voir en ligne : https://www.france-science.org/De-l-interet-de-poursuivre-la.html
Une étude publiée le 22 mai 2015 dans la revue Science révèle que la Péninsule Sud de l’Antarctique fond
actuellement bien plus rapidement que les estimations ne le laissaient penser [1]. Les recherches menées par
l’équipe de Bret Wouters, de la Bristol University, montrent que les glaciers de la région, qui s’étendent sur
750 km de côte, déversent aujourd’hui 60 km3 de glace par an dans l’océan, alors qu’ils étaient encore stables
il y a quelques années. Les scientifiques estiment que la dynamique engagée va désormais être difficile à
enrayer, et redoutent que la quantité de glace reversée dans l’océan augmente rapidement dans cette zone.
La Péninsule Sud de l’Antarctique est déjà devenue le deuxième plus grand contributeur de la montée des
eaux dans la région, derrière la zone de la mer Amundsen.
D’après les résultats de Bert Wouters, ce phénomène n’est pas tant dû à l’élévation des températures, mais
plutôt à l’amincissement des plaques de glace qui retenaient ou ralentissaient jusqu’à présent le glissement
des glaciers dans l’océan. Cette diminution de l’épaisseur de ces plateformes de glace s’explique par une
modification des vents dans l’Océan Antarctique, conséquence du changement climatique. L’orientation du
vent dans la région amène désormais de l’eau plus chaude au contact des plateformes, ce qui accélère leur
fonte et entraîne donc un glissement plus rapide des glaciers.
Ces résultats ont été obtenus grâce aux données récoltées par le satellite CrySat-2, lancé par l’Agence
Spatiale Européenne en avril 2010 pour étudier l’évolution de l’épaisseur des glaces flottant dans les océans
et celle des étendues de glace qui recouvrent le Groenland et l’Antarctique.
Les satellites, une contribution précieuse aux études de la Terre
L’apport des satellites pour l’étude de la Terre n’est pas nouveau. Et les coopérations franco-américaines ne
manquent pas. Le satellite Jason-3, qui doit être lancé dans la nuit du 22 juillet, est par exemple la 4ème
mission d’altimétrie américano-européenne, après TOPEX/Poséidon (NASA/CNES), Jason 1 (NASA/CNES) et
Jason 2 (NASA/CNES [2]/EUMETSAT [3]/NOAA [4]). Jason-3, résultat d’une coopération internationale entre
EUMETSAT, la NOAA, le CNES et le Jet Propulsion Laboratory (JPL), doit reprendre les caractéristiques
majeures de la mission Jason-2 (orbite, instruments, précisions des mesures, etc.). Les mesures qu’il
effectuera fourniront des modèles de la circulation océanique et des informations sur les changements
régionaux et globaux du niveau de la mer et des informations sur l’implication du changement climatique sur
les évolutions constatées. Les données collectées seront utilisées à des fins scientifiques, commerciales et
opérationnelles, comme par exemple :
- Prévision des cyclones ;
- Prévision des vagues de surface pour les opérateurs offshore ;
- Prévision des marées et des courants pour la navigation commerciale et plaisancière des navires ;
- La prévision côtière pour répondre à des problématiques environnementales comme les déversements de
pétrole et les efflorescences algales nuisibles ;
- La modélisation côtière pour les mammifères marins et la recherche sur les récifs coralliens ;
- La prévision des phénomènes météorologiques comme El Nino et La Nina.
Les Républicains américains contre le "gaspillage de l’argent de la NASA"
Aux Etats-Unis, la NASA développe depuis plusieurs années le projet Earth Sciences, dédié à l’étude
satellitaire de la Terre. Il s’inscrit dans les ambitions initiales de l’Agence, qui prévoyait lors de son lancement
en 1958 que les activités spatiales contribuent "à l’extension des connaissances humaines sur la Terre et sur
les phénomènes atmosphériques et spatiaux".
Le projet Earth Sciences est cependant contesté par le parti Républicain, qui y voit un gaspillage de l’argent
qui devrait servir à l’exploration spatiale. Le sénateur Ted Cruz estimait par exemple au début du mois que la
NASA avait perdu de vue sa mission première : l’étude de l’espace. L’argument largement repris par les
Républicains est le suivant : il existe de nombreuses agences dédiées aux recherches sur le climat (réunies
au sein de l’U.S. Global Change Research Program [5]), tandis que la NASA est la seule agence dédiée à
l’espace. Ils contestent alors les augmentations budgétaires demandées chaque année par le Président
Obama, qui a fait de la lutte contre le changement climatique une de ses priorités.
Les données récoltées par les satellites américains ont prouvé leur grande utilité. Le 14 mai dernier, une étude
commandée par le Jet Propulsion Laboratory, un laboratoire de la NASA, montrait la fonte rapide de l’étendue
de glace Larsen B, toujours dans l’Antarctique. [6] La dynamique dégagée de cette étude indique que ces
étendues de glace, présentes sur Terre depuis plus de 10.000 ans, sont amenées à disparaître d’ici 10 ans,
soit plus rapidement que ce que laissaient penser les dernières recherches.
Charles Bolden, administrateur de la NASA, s’inquiétait la semaine dernière que l’opposition des Républicains
"ralentisse notre meilleure compréhension du changement climatique et notre capacité à se préparer et à
répondre aux tremblements de terres, aux sécheresses et aux tempêtes". Il insistait ainsi sur la nécessité de
poursuivre ce programme de recherche.
Cette meilleure compréhension des phénomènes naturels servira notamment à l’avenir à la prise de décisions,
que ce soit en termes d’investissements ou de recherche. Par exemple, dans la région Arctique, la fonte des
glaces laisse envisager une augmentation des activités humaines dans la région (transport, exploitation des
ressources naturelles, etc.) qui demandera de nouvelles législations.
A noter que l’ambassade organise le 28 septembre une conférence FACTS qui portera sur la montée des
eaux. Cet événement aura lieu à Miami en présence de l’explorateur français Jean-Louis Etienne et d’Anny
Cazenave, ingénieur émérite du CNES et Directrice pour les sciences de la Terre à l’International Space
Science Institute (Berne, Suisse). Retrouvez toute l’actualité des French Ameri-Can Climate Talks (FACTS) ici.
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[2] Centre National d’Etudes Spatiales
[3] European Organization for the Exploitation of Meteorological Satellites. Organisation intergouvernementale
fondée en 1986 dont le but est de fournir des produits, des images et des données satellitaires liés au climat
et à la météorologie, 24h/24, 365j/365, aux services météorologiques nationaux de ses Etats membres et
coopérants en Europe et à une multitude d’autres utilisateurs dans le monde.
[4] National Oceanic and Atmospheric Administration
Sources :
- [1] http://www.sciencemag.org/content/348/6237/899
- [5] http://www.globalchange.gov/agencies
- [6] http://www.nasa.gov/press-release/nasa-study-shows-antarctica-s-larsen-b-ice-shelf-nearing-its-final-act
- http://www.nationaljournal.com/tech/republicans-nasa-wastes-money-on-climate-change-research-2015050
- [7] http://www.esa.int/Our_Activities/Observing_the_Earth/The_Living_Planet_Programme/Earth_Explorers
- http://www.scientificamerican.com/article/stable-antarctic-ice-is-suddenly-melting-fast/
Rédacteurs :
- Mathieu Salaberry, stagiaire pour la science et la technologie - [email protected]
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