"Les apport de l`anthropologie de l`enfance".

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SEMINAIRE DE METHODOLOGIE
LES APPORTS DE L’ANTHROPOLOGIE DE L’ENFANCE (VII)
SEMINARIO DE METODOLOGIA
LOS APORTES DE LA ANTROPOLOGIA DE LA INFANCIA (VII)
Que partage-t-on sur le terrain avec les enfants ?
La consommation à l’épreuve de l’observation participante
¿Qué compartimos con los niños en el trabajo de campo?
El consumo a prueba de la observación participante
11 & 12 décembre 2015
Salle Henri Pousseur – 02 (Complexe Opéra)
Université de Liège
Place de la République Française, 41
B - 4000 Liège
&
14 & 15 de diciembre 2015
Sala 1 de videoconferencias
El Colegio de San Luis,
San Luis Potosí A.C.
México
(entrée libre)
COORDINATRICES : Marie CAMPIGOTTO, Elodie RAZY, Neyra P. ALVARADO SOLÍS, Rachel
DOBBELS, Alice Sophie SARCINELLI, Elsa MESCOLI
Pour des raisons logistiques, l’inscription des participants est souhaitée à l’une des
adresses suivantes : [email protected] ou [email protected]
Argumentaire
Ce séminaire se veut être un lieu d’échanges entre étudiants (M1 et M2),
doctorants, post-doctorants et chercheurs confirmés à partir de la restitution de
leurs terrains ethnographiques menés auprès d’enfants, aussi bien en Europe
qu’ailleurs dans le monde. Il s’agit de confronter les différentes approches mises en
œuvre par les intervenants à partir d’une thématique spécifique, la consommation,
et de discuter de l’intérêt de ces approches dans le champ de l’anthropologie de
l’enfance et des enfants comme de l’anthropologie générale.
De nos jours, la consommation apparaît avant tout dans le champ de
l’économie, décrivant l’usage de biens et de services pris dans la chaîne de la
production et des échanges (Mesure & Savidan, 2006). Pourtant, la consommation
est un fait vital précoce. Chez les bébés, quand le rapport de fusion avec le monde
extérieur laisse la place à l’utilisation des objets, se produisent les premiers actes
créatifs où la consommation — au-delà de sa valeur physiologique — assume un
caractère culturel au sens large du terme. Les pratiques de consommation
transmises et (re)produites (ou pas) viennent alors modeler l’individu dès les
moments initiaux de sa vie (Winnicott, 1975). L’histoire étymologique et sociale du
terme révèle quant à elle l'ampleur du champ sémantique de ce dernier.
Entre l’accomplissement et l’anéantissement de quelque chose, la
consommation comprend l’idée d’une action créatrice, qu’elle soit de destruction
(renvoyant à la néantisation telle que thématisée par Sartre — 2006 [1943]) ou de
réalisation. C’est dans la complexité de son étymologie que la notion de
consommation est ici envisagée.
Mais qu’en est-il plus particulièrement de la consommation enfantine ? Les
recherches en sciences sociales abondent sur ce thème depuis le boom économique
des années 1960 (Ezan 2004). L’intérêt principal de bon nombre de ces recherches
a longtemps été tourné vers les politiques de marketing, prenant les enfants comme
consommateurs privilégiés (Mc Neal 1964 & 1992 ; Diasio 2004 ; Pourchez 2006 ;
Gronow & Warde 2010 ; Sirota 2012).
Depuis une époque récente, la perspective sur les enfants consommateurs et
sur le marketing adressé aux enfants prend en compte la portée créatrice de la
consommation enfantine, dans la suite des recherches qui réfléchissent les enfants
comme acteurs. Des notions telles celles de « reproduction interprétative » (Corsaro
1992), « transposition » ou « négociation de signification » (Brougère 2010) sont
explorées. On se demande ce que les enfants contribuent à produire en
consommant, et de quelle manière (Mouritsen 2002 ; Bree 2007), tout en notant
aussi que les productions médiatiques de masse s’inspirent directement de
« cultures ludiques enfantines » (Brougère 2010).
Ces considérations ne concernent que la facette la plus apparente de la
consommation enfantine et de sa dimension créative. Plus enfouis, et moins
visibles encore, sont les circuits sociaux et culturels des « enfants entre eux »
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(Delalande 2009), qui impliquent des réseaux économiques et politiques bien
affirmés, dont le (contre)don constitue l’un des rouages essentiels.
Au sein de ces circuits et réseaux, le fait de consommer (ensemble ou
individuellement) joue en effet un rôle essentiel dans les dynamiques socialisatrices
et identitaires où les manières de consommer comptent tout autant que les
contenus de la consommation (Monnot 2010). Dès le plus jeune âge, consommer
des objets matériels ou symboliques est à la fois un moyen de façonnages culturel et
social, et une manifestation du résultat de ces façonnages qui sont à la fois
mentaux (manières de penser, préférences, attachement à certaines valeurs) et
corporels (manières de se vêtir, de se mouvoir, habitudes quotidiennes).
Ces considérations nous invitent à réfléchir non seulement sur l’acte de
consommer, mais aussi sur ses résultats et ses éventuels résidus. Songeons aux
pratiques de destruction au cours d’une activité. Des objets préfabriqués (poupées,
voitures et autres jouets) peuvent se trouver démantelés ou dégradés ; et cela, suite
à une volonté explicite de faire des expériences avec la matière à disposition. La
dimension ré-inventive de l’activité est manifeste lorsque les enfants recréent l’objet
en lui conférant une forme nouvelle ainsi que de nouvelles fonctions.
Enfin, l’ensemble de ces pratiques de consommation enfantines mérite d’être
mis en perspective avec les normes, éventuellement contradictoires, transmises par
différents adultes de l’entourage des enfants, ou des institutions qui les prennent en
charge, par rapport à ce qu’ils peuvent/doivent ou non consommer et de quelle
manière.
Les questions ouvertes par ce séminaire, loin d’envisager les seules
expériences alimentaires, déjà complexes, s’étendent à des pratiques de
consommation auditives, olfactives, visuelles, virtuelles ou encore imaginaires. En
ce sens, l’on se demandera : qui consomme quoi, comment, et avec qui ? S’agit-il
d’expériences ordinaires ou rituelles ? Quel rôle jouent le genre et la génération
dans celles-ci ? Quid du religieux et du politique ?
De manière transversale, on se demandera si une approche ethnographique
de la consommation permet d’accéder à une meilleure compréhension des
phénomènes observés ou à des pratiques et des discours inaccessibles par un autre
biais.
Ces questions pourront également être abordées dans la perspective de la
pratique réflexive, pour interroger les places, les rôles et les ressentis du chercheur
(Favret-Saada, 1977). La dimension du partage d’expériences qu’exige la pratique du
terrain ethnographique basé sur l’observation participante, l’implication,
l’imprégnation voire l’incorporation de valeurs, normes, pratiques, techniques du
corps et codes culturels et sociaux justifient d’autant plus cette réflexion. En effet,
quel meilleur outil, pour un chercheur de terrain, que celui de partager une
expérience avec ses informateurs sinon en consommant avec eux, de la même
manière qu’eux ? Qu’est-ce qu’implique, pour le chercheur, cette adaptation ? La
co-consommation serait-elle l’un des fondements de l’empathie ? Et, au contraire,
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en quoi l’impossibilité de consommer certains éléments avec quelqu’un sur le
terrain — enfant ou adulte — aurait-il une valeur heuristique ?
L’ensemble de ces questions se focalisera sur les enfants, et sera envisagé au
regard de pratiques entre pairs ou avec des adultes. Cependant, le Séminaire ne
cesse d’œuvrer en faveur de la contextualisation — exigence scientifique s’il en est
— et la mise en perspective pour que les considérations et les apports de
l’anthropologie de l’enfance résonnent utilement dans le projet d’une anthropologie
générale, qui ne cesse d’envisager la diversité humaine dans son unité.
Bibliographie sélective :
BREE, J. (dir.). (2007). Kids Marketing, Colombelles : éditions EMS.
BROUGÈRE, G. (2010). Culture de masse et culture enfantine. In A. ARLEO & J.
DELALANDE (Eds.), Cultures enfantines. Universalité et diversité (pp. 31-43). Paris : Presses
Universitaires de Rennes.
CORSARO, W. A. (1992). Interpretive Reproduction in Children's Peer Cultures. Social
Psychology Quarterly, 55(2), 160.
DAUZAT A. (1989), Dictionnaire étymologique de la langue française, Paris : Larousse.
DELALANDE, J. (2009). Pratiques enfantines à l'écart des adultes. In J. Delalande (Ed.), Des
enfants entre eux (pp. 4-10): Autrement « Mutations ».
DIASO, N. (Ed.). (2004). Au Palais de Dame Tartine : regards européens sur la consommation
enfantine. Paris: L’Harmattan.
EZAN, P. (2009). De l’intérêt de la méthode ethnographique pour comprendre les pratiques de
consommation des enfants. Recherche et Applications en Marketing, 24(4), 77-95.
FAVRET-SAADA J. (1977). Les Mots, la mort, les sorts : la sorcellerie dans le bocage, Paris :
Gallimard.
GRONOW J. & WARDE A. eds. (2001). Ordinary consumption, Psychology Press.
McNEAL, J. U.
(1964). Children as consumers. Austin: Bureau of Business Research, The University of Texas.
(1992). Kids as consumers. New York: Lexington Books.
MESURE S. & SAVIDAN P. eds. (2006). Dictionnaire des Sciences Humaines ; article
« Consommation » de Nicolas Herpin, pp. 195-197.
MONNOT, C. (2010). Les préadolescentes et la chanson « pop ». Sociabilités, identités et
apprentissages. In A. ARLEO & J. DELALANDE (Eds.), Cultures enfantines. Universalité et
diversité (pp. 201-209). Paris: Presses Universitaires de Rennes.
MOURITSEN, F. (2002). Child Culture - Play Culture. In F. MOURITSEN & R. RAWLINS
(Eds.), Childhood and Children's Culture (pp. 14-42). Odense: University Press of Southern
Danemark.
POURCHEZ L. (2006). Comportements alimentaires, petite enfance et grande distribution.
Incorporation de nouvelles normes à l’île de La Réunion. Journal des anthropologues, 106-107
(« Des normes à boire et à manger ») : 145-167.
SARTRE J.-P. (2006 [1943]). L'Être et le Néant, Paris : Gallimard
SIROTA R. (2012). « Le gâteau d’anniversaire ». In J-P Poulain (Ed.), Dictionnaire des cultures et
des modèles alimentaires (pp.628-633). Paris : Presses Universaitires de France.
WARNIER J-P. (1994). Le paradoxe de la marchandise authentique. Imaginaire et consommation
de masse, L’Harmattan, Paris.
WINNICOTT D.W. (1975). Jeu et réalité. L'espace potentiel (C. Monod, Trans.). Paris:
Gallimard.
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Programme
Vendredi 11 & samedi 12 décembre 2015, Université de Liège
Vendredi 11 décembre (Salle Henri Pousseur – O2)
Après-midi : 13 h 30 - 16 h 20
13 h 30 : Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC/FaSS, ULg) – Ouverture
du séminaire
Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC/FaSS, ULg) & Rachel DOBBELS
(Doctorante Non-Fria, LASC/FaSS, ULg) – « Entre création et destruction : figures de la
consommation enfantine »
13 h 45 - 15 h 10 : Conférences inaugurales
Modératrice : Alice Sophie SARCINELLI (Chargée de recherche FRS-FNRS,
LASC/FaSS, ULg)
13 h 45 - 14 h 15 : Elsa MESCOLI (Attachée de recherches au CEDEM, FaSS,
ULg) – « Des choses et des corps. Consommation et enjeux de terrain »
14 h 20 - 14 h 50 : Saskia WALENTOWITZ (chercheure associée à l’Institut
d’anthropologie sociale de l’université de Berne, Suisse) – « Comment consommer ?
Ontologies du devenir en pays touareg et en science de l'alimentation infantile »
14 h 50 - 15 h 10 : Discussion
15 h 10 - 15 h 25 : Pause-café
15 h 25 - 16 h 30 : Session 1 – Consommation et façonnages de soi
Modératrice : Rachel DOBBELS (Doctorante Non-Fria, LASC, ULg)
15 h 25 - 15 h 40 : Anouk RAMAEKERS (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) –
« Apprendre à être en bibliothèque. Des sujets, des corps et des normes »
15 h 45 - 16 h 00 : Catherine SCHUURWEGEN (Étudiante en Anthropologie, M2,
ULg) – « ‘Je suis ce que je me raconte’. Le choix de l’équipement sportif au basket »
16 h 00 - 16 h 20 : Discussion
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Samedi 12 décembre (Salle Henri Pousseur – O2)
Matinée : 9 h - 12 h 15
9 h 00 - 9 h 45 : Conférence inaugurale
Modératrice : Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC/FaSS, ULg)
9 h - 9 h 30 : Marie-Pierre JULIEN (Mcf Université de Lorraine, membre du 2L2S,
affiliée à l’UMR 7367 DynamE) – « Ce que la consommation fait aux enfants / ce que les
enfants font à la consommation »
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9 h 30 - 9 h 45 : Discussion
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9 h 50 - 11 h 10 : Session 1 – Pratiques de consommation et glissements du
terrain
Modératrice : Fanny DUYSENS (Doctorante Non-Fria, Centre Spiral/Département
de Sciences politiques & LASC/FaSS, ULg)
9 h 50 - 10 h 20 : Alice Sophie SARCINELLI (Chargée de recherche FRS-FNRS,
LASC/FaSS, ULg) – « Les limites de l’observation participante avec les enfants au prisme de
la consommation. Regards croisés sur des terrains ethnographiques en Italie et au Brésil »
10 h 25 - 10 h 55 : Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC, FaSS, ULg) –
« Echanges de nourriture et contours du licite. Catégories adultes à l’épreuve de catégories
enfantines »
10 h 55 - 11 h 10 : Discussion
11 h 10 - 11 h 25 : Pause-café
11 h 25 - 12 h 15 : Session 2 - (Ré)créations enfantines — 1# Les marges
du consommer
Modératrice : Louise DEBOUNY (Diplômée en anthropologie, LASC/FaSS, ULg)
11 h 25 - 11 h 40 : Juliette SALME (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) –
« Découverte, plaisir et imaginaire. Parcours d’enfants à l’Aquarium-muséum de Liège »
11 h 45 - 12 h 00 : Malorie DE FAVERI (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) –
« La frontière comme espace de consommation dans une classe de primaire »!
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12 h 00 - 12 h 15 : Discussion
12 h 15 - 13 h 15 : Pause-déjeuner
Après-midi : 13 h 15 - 14 h 55
13 h 15 – 14 h 05 : Session 1 - (Ré)créations enfantines — 2# La
consommation en marge
Modératrice : Elsa MESCOLI (Attachée de recherches au CEDEM, FaSS, ULg)
13 h 15 - 13 h 30 : Lorena ULLOA LIZANA (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg)
– « Ces objets qui nous parlent : de la démarchandisation des objets scolaires à la naissance d’un
objet intime »
13 h 35 - 13 h 50 : Eloïse MARÉCHAL (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) –
« Négociations autour de la consommation chez les scouts : ethnographie d’une section baladin »
13 h 50 - 14 h 05 : Discussion
14 h 10 - 14 h 55 : Session conclusive
14 h 10 - 14 h 30 : Florence PIRARD (Chargée de cours, Faculté de Psychologie,
Logopédie et Sciences de l’Education, ULg) – Conclusion
14 h 30 - 14 h 45 : Discussion
14 h 45 - 14 h 55 : Alice Sophie SARCINELLI (Chargée de recherche FRS-FNRS,
LASC/FaSS, ULg) & Elsa MESCOLI (Attachée de recherches au CEDEM, FaSS,
ULg) – Mot de clôture
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