Manifeste 2012 → La Révolution Coopérative 6 NON À LA FINANCIARISATION, OUI À L’ÉCONOMIE RÉELLE agricoles sont devenues des objets de convoitise des spéculateurs et des opérateurs financiers avec les dangers que cela comporte. (France agricole, 27/09 - La Dépêche, 30/09/2011). COOP de France encourage fortement l’instauration de règles permettant plus de transparence sur et entre les acteurs. Avec la mise en place de limites d’emprise sur les marchés organisés, il sera possible de sauvegarder les équilibres entre opérateurs commerciaux et acteurs de la finance. Sur les marchés de gré à gré, il faut un meilleur encadrement des opérations, avec, par exemple, l’instauration d’une homologation des produits structurés, pour éviter la diffusion de « produits toxiques » et le passage par des chambres de compensation, comme cela a déjà été décidé aux États-Unis. Il devient urgent d’instaurer une gouvernance mondiale de la finance, incluant les transactions portant sur les marchés agricoles ne faisant pas l’objet d’un débouclage physique. Financer le développement local →→ Réguler l’économie →→ Financer le développement local Réguler l’économie La force du monde coopératif est d’avoir su créer au fil du temps une relation de confiance avec ses associés coopérateurs. Or, le défaut de confiance est au cœur de la crise que nous traversons. Les principes qu’il s’applique à lui-même le placent en position de force pour porter ses propres valeurs et ses propres règles, dans le débat sur l’excès de financiarisation de l’économie. D’autant que cette dérégulation frappe aujourd’hui non seulement les marchés agricoles, mais aussi la production elle-même, avec des conséquences dangereuses pour la planète : la course effrénée aux terres arables, la menace écologique qui en résulte, et l’hypothèque des ressources à moyen terme. La spéculation qui frappe les marchés des produits agricoles et alimentaires amplifie la volatilité des cours. Nos marchés sont sans cesse sous la menace d’une forte instabilité doublée d’une régulation insuffisante au regard d’autres législations de pays concurrents comme les États-Unis. La crise financière et la crise alimentaire ont réveillé chez nos concitoyens et le pouvoir politique le sentiment d’une urgence : celle de devoir réguler l’économie et la finance par un renforcement des contrôles, la mise en place d’une gouvernance économique mondiale, et donc européenne, l’absolue nécessité de bâtir des règles communes, édictées par le pouvoir politique qui prend aujourd’hui conscience de sa responsabilité en la matière. Cette prise de conscience doit se traduire dans des actes. C’est le sujet majeur des instances européennes et internationales. Et donc le dossier prioritaire du gouvernement français. Concernant la volatilité des prix agricoles qui perturbe les marchés mondiaux, Philippe MANGIN s’est insurgé contre la « financiarisation excessive du marché agricole ». Les matières premières 28 Apporter notre expertise de l’économie agricole, des solutions locales, des filières, pour amplifier le développement des entreprises, en renforçant les structures financières qui en ont la charge. Le consensus est aujourd’hui général autour de l’idée que le système bancaire, dont c’est la vocation première, doit jouer un rôle actif dans le développement économique et industriel, et plus particulièrement celui des petites et moyennes entreprises. Or, les nouvelles règles prudentielles et la contraction des crédits liés à la crise ont durci l’accès aux capitaux, notamment pour les PME. Il faut réhabiliter le rôle du crédit dans le financement de l’économie, aussi bien en faveur des exportations que du développement local. La solution passe par la mise en réseau des institutions financières ayant le souci du long terme et l’implication du réseau des banques mutualistes et coopératives. Il faut renforcer le rôle du groupe Caisse des dépôts (CDC). Il faut également créer des fonds d’investissement régionaux drainant l’épargne de proximité, pouvant favoriser le soutien à l’innovation et la mutation environnementale, comme c’est déjà le cas dans la région Auvergne. Cette expérience locale prouve que cette solution simple peut et doit être développée nationalement. Dans le même temps, il est nécessaire de renforcer OSEO. Sa mission est d’accompagner les PME et de faciliter leur financement en partenariat avec les banques et les organismes de capital-investissement, la CDC et, sur certains programmes, avec la COFACE. Cette mesure aiderait et motiverait les entrepreneurs à prendre des risques, et faciliterait le développement de leur entreprise. Une plus grande efficacité bancaire, en liquidité et à long terme, une plus forte implication des institutions, autant de facteurs de nature à mieux financer l’économie agricole et agroalimentaire. L’attitude des pouvoirs publics par rapport aux acteurs économiques est également un facteur déterminant de la compétitivité d’un pays. L’entreprise doit être regardée positivement par les pouvoirs publics comme un acteur de l’activité économique, un créateur d’emplois, et un facteur d’innovation. 29