Consultez les Comptes-rendus - Salon International du Patrimoine

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LES COMPTES-RENDUS DES CONFERENCES CI-APRES ONT ETE EFFECTUES PAR LES ETUDIANTS DE LA
LICENCE PROFESSIONNELLE PRESERVATION ET MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE BATI DE
L'UNIVERSITE DE CERGY-PONTOISE (présent sur le stand C62) :
Nathalie Ody
Grégoire Levisalles
Omar Berrim
Coraline Tilliole
Emmanuel Anduze
Héloïse Poumeyrol
Marion Tresguerres
Morgane Le Huec
Walérian Loyon
Lionel Butry
(Enseignants : Katalin Escher, suivi du salon en remplacement de Beatriz Menendez ; Axel Hohnsbein,
expression écrite ; Anne-Sophie Godot, histoire de l'art)
Nous les en remercions, ainsi que leurs enseignants
Jeudi 5 Novembre :
- L’isolation thermique des bâtiments anciens (Nathalie et Grégoire)
- Matériaux et modernité (Omar)
- Les associations du patrimoine et la modernité (Coraline)
- Le bâti ancien : un exemple pour la transition énergétique (Emmanuel)
- Formation, prévention et techniques au service de la restauration du patrimoine (Héloïse)
Vendredi 6 Novembre :
- Le ravalement des façades anciennes (Nathalie)
- Le patrimoine est-il réactionnaire ? (Héloïse)
- L’action des villes à l’international pour la préservation du patrimoine (Marion)
- Quel avenir pour les grandes résidences de Meudon : entre patrimoine et transition
énergétique (Morgane)
- La restauration des pierres au moyen des mortiers de ragréage : du choix des solutions
adoptées et compatibles à la pérennité des réparations (Grégoire)
- Bétons de chanvre et ciments naturels (Grégoire)
- Poitiers 3D Evolution : Le patrimoine à la portée de tous (Walérian)
- Les briques de verre Falconnier (Omar)
Samedi 7 Novembre :
- Dans un monde rural en mutation, quelle place pour les paysages hérités ? (Walérian)
- La décoration intérieure au naturel (Morgane)
- ‘‘Mission patrimoine’’, quand patrimoine rime avec jeunesse et modernité (Emmanuel)
- La deuxième vie du patrimoine (Lionel)
- La restauration de la coupole du Panthéon : nettoyage et assainissement (Coraline)
Dimanche 8 Novembre :
- La loi patrimoine, l’enfer est-il pavé de bonnes intentions ? (Marion et Lionel)
SIPC 2015 – Conférences – CR étudiants LP PMVPB de l'UCP
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L’ISOLATION THERMIQUE DES BATIMENTS ANCIENS (1ère partie)
Conférence proposée par la Guilde des Métiers de la Chaux
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Charles-Henri Lisbonis, société LCG, mortiers isolants minéral/végétal
Laurent Goudet, société Akat
Leny Soy, société Keim-France, systèmes isolant-végétal revêtement minéral silicates
Daniel Turquin, société Akterre
André Rosello, modérateur (Président de la Guilde des Métiers de la chaux)
André Rosello commence cette conférence en disant que la tradition et la modernité sont deux sujets
incompatibles et pourtant dans cette conférence nous allons parler de l’isolation extérieur du bâti
ancien. Il enchaîne par la présentation des intervenants.
Brice Granados commence sa présentation en précisant bien le fait qu’il faut distinguer deux aspects,
à savoir, la compréhension du bâti et comment intégrer l’isolation avec la réglementation thermique.
Il poursuit en indiquant ce qu’est la bâti ancien, le bâti ancien est construit avant 1948 et possède une
grande valeur patrimoniale ; de plus sa conception correspond à un besoin bien précis de l’époque. Il
rajoute à cela que le comportement hygrothermique du bâti est différent du bâti moderne ; il y a
beaucoup plus de pont thermique et une inertie très lourde. Le bâti est donc non étanche.
Brice Granados continue en disant que le comportement hygrométrique est semblable à de la
microporosité. Sa présentation se poursuit avec une réflexion sur la possibilité d’isoler le bâti, tout en
sachant que la réglementation thermique est non adaptable sur le bâti ancien mais que l’on peut s’en
rapprocher un maximum ; quant au Grenelle 1, il vise à réduire la consommation énergétique et à
diviser par quatre les gaz à effet de serre. Il présenta par la suite un schéma présentant les
déperditions thermiques. On peut voir qu’il y a jusqu’à 50% de pertes. Sa présentation se poursuit
avec les différents éléments qui permettent de savoir si l’isolation extérieure ou intérieure sera le
mieux. Ses aspects sont :
- La cohérence avec l’architecture
- La nature des matériaux
- L’état pathologique
- Le diagnostic, la préparation des travaux, la réparation et l’évaluation des modifications
- La réorganisation de l’espace
- Le coût
- L’aspect patrimonial extérieur et intérieur
Il poursuit en indiquant bien que l’essentiel est de focaliser sur les paramètres principaux, telles que la
validation des risques hygrométrique ainsi que la validation des matériaux.
Brice Granados continue sa présentation en répondant à la problématique de l’impact. Il indique que
définir une bonne stratégie de ventilation adaptée permet un bon renouvellement d’air. Il énumère
ensuite les différents anciens matériaux : le pisé, la pierre calcaire, le mortier chaux, la terre cuite, le
torchis et le bois. Pour clôturer sa présentation, il présente différents systèmes d’isolation.
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Charles Henri Lisbonis poursuit avec sa présentation sur les liants, mortiers chaux et enduits de chaux
aérienne. Il présente le produit LCG mortier isolant et l’enduit de chanvre. Il continue sur le fait que
ces deux produits sont prêts à l’emploi, projetables mécaniquement et améliorent sensiblement les
performances hygrothermiques. Il indique ensuite la composition du mortier (liants spéciaux : 50%,
granulats de chanvre : 35%, et les charges minérales : 15%) et de l’enduit de chanvre (chaux
formulée : 50%, granulats : 5% et les charges minérales : 45%). Charles Henri Lisbonis explique
ensuite que ces produits ont une mise en œuvre rapide par projections successives de couches, et
qu’ils permettent une finition en enduit chanvre et en enduit de parement ; en sachant que l’enduit
chanvre apporte un complément d’isolation thermique.
Daniel Turquin prend à son tour la parole en commençant sa présentation par la présentation de
l’isolation thermique avec de l’argile. Il explique que l’argile est un liant minéral naturel et détail
l’évolution des supports ; à savoir :
- Support isolant issu du couple chaux-chanvre
- Support en botte de paille
- Support en panneaux rigides de fibre de bois
- Support en panneau de roseaux
Il continue en indiquant que c’est une application directe sur les supports sans interface à gobetis. Il
poursuit ensuite en disant que l’argile est un liant minéral naturel et dispose d’un puissant réseau
capillaire, excellent régulateur hydrique et assainit les murs. C’est aussi un matériau réversible.
Daniel Turquin passe alors à la deuxième partie de sa présentation sur les murs climatiques. Ce sont
des tuyaux chauffants dans les murs. Il termine en indiquant qu’avec une technique de préfabrication
associée avec un peu d’isolation, on peut économiser 20%.
Laurent Goudet prend alors la parole afin de nous présenter le béton végétal projeté. C’est une mise
en œuvre avec un système de microcentrale pour la projection. Il poursuit en indiquant les avantages
de ce béton à savoir :
- C’est une technique efficace : 10 à 20 mètre cubes de béton par jour
- Il y a un faible dosage en liant qui permet une meilleure performance thermique
- Il faut 125 litres d’eau par mètre cube de béton
- Il y a un contrôle en continu du dosage
- C’est un béton qui permet d’avoir la RT 2012
Il continue en indiquant les intérêts de la projection :
- Il y a une continuité du comportement hygrothermique
- Il a une sauvegarde du volume des pièces
- Un confort acoustique conservé
- Une paroi rayonnante possible qui permet un bon confort
André Rosello clôture cette conférence.
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L’ISOLATION THERMIQUE DES BATIMENTS ANCIENS (2ème partie)
Conférence proposée par la Guilde des Métiers de la Chaux
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Charles-Henri Lisbonis, société LCG, mortier isolant minéral/végétal
Leny Soy, société Keim-France, système isolant-végétal revêtement minéral silicate
André Rosello, Président de la Guilde des Métiers de la Chaux
Charles-Henri Lisbonis présente des photos sur les enduits cimentiers de Marseille, enduit que l’on
retrouve sur de très nombreuses façades de la ville de Marseille.
Il présente les différentes gammes de produits de la société, avec la gamme Calistone pour la
réparation d’enduit ancien et la gamme Minéros pour la réparation de pierre naturelle.
Monsieur Lisbonis effectue un bref historique de l’utilisation des enduits cimentiers à Marseille.
Ils font leurs apparitions au XVIIIème siècle, c’est un mélange de chaux aérienne et de ciment prompt.
Il présente ensuite les principales pathologies de cet enduit à travers une grande série de photos;
fissuration, décollement et encrassement
Il justifie le choix de sa société de se spécialiser dans ce type de matériau car de nombreux
monuments revêtus de cet enduit doivent être restaurés dans Marseille mais le savoir-faire ainsi que
la main d’œuvre qualifiée pour la fabrication et la mise en œuvre a disparu.
Ainsi, il est nécessaire de faire des recherches afin de redécouvrir les procédés de fabrication et de
mise en œuvre. De plus, afin d’être compatible avec les techniques modernes, la société Lisbonis a
mis au point une formulation permettant à l’enduit d’être projeté grâce à des agrégats bien
sélectionnés.
Pour conclure son intervention, Monsieur Lisbonis évoque la restauration des pierres naturelles.
Le laboratoire de recherche et développement a mis au point la gamme Minéros, un enduit à base de
chaux grasse.
La gamme est déclinée selon les différentes duretés de la pierre.
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MATERIAUX ET MODERNITE
Conférence proposée par Icomos France
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Jean-François Lagneau
Christine Schmuckle-Mollard
Michel Goutal
Serge Pitiot
Pierre Roquette
Jean-François Lagneau introduit la conférence en rappelant le rôle de l’ICOMOS. Leur but étant
d’aider l’Unesco à inscrire les édifices prestigieux sur la liste du Patrimoine mondial, en essayant de
valoriser le patrimoine du 20ème siècle. Il finit son introduction en disant que leur action vise à
prouver que la notion de patrimoine et celle de modernité ne sont absolument pas opposées.
Lagneau présente ensuite les sujets de la conférence. Il s’agit d’une présentation de deux
restaurations, sur des bâtiments des années 30, qui montre bien les spécificités de l’action d’ICOMOS.
Il présente ensuite les deux édifices qui seront exposés et les différents intervenants. En premier
temps, le groupe scolaire d’André Dulsa à Villejuif, qui vient d’être restauré par Christine SchmuckleMollard, architecte en chef des monuments historiques. Le deuxième bâtiment présenté est la villa
Cavrois de Robert Mallet-Stevens et restauré par Michel Goutal, lui aussi architecte en chef des
monuments historiques. Ensuite nous avons Pierre Roquette, président de la société SAVERBAT, qui
montrera comment on peut être amené à créer des matériaux pour pouvoir faire ces restaurations. Et
enfin, Serge Pitiot, conservateur des monuments historique, nous expliquera comment
l’administration crée ses dossiers. Jean-François Lagneau, finit en introduisant la présentation du
collège.
Christine Schmuckle-Mollard prend la parole et commence par une présentation du collège. Ce qu’on
appelle le collège Carl Marx à Villejuif est un groupe scolaire construit en 1903 par André Lurçat. Il est
constitué d’une maternelle, d’un primaire, d’un collège et d’un ensemble sportif. Il figure parmi les
bâtiments iconiques du mouvement moderne que caractérisent les toitures terrasse et les pilotis. Cet
ensemble, dont la réhabilitation s'achevait en 2013, a retrouvé son aspect originel tout en s’adaptant
à la norme d’un bâtiment scolaire du 21ème siècle. Ensuite, Schmitt présente une diapositive qui met
en avant la partie ouest de la cour avec vue sur la façade intérieure du bâtiment. Cette diapositive
nous permet de voir le résultat après dix années d’étude et trois années de travaux, comment le
collège a retrouvé ses caractéristiques fondamentales. En particulier sa couleur par ces enduits et les
fenêtres à fleur de la surface des longues ailes des classes. La diapositive suivante est une photo de la
cour ouest avec une vue sur le corps principal du bâtiment et des deux extensions, qui sont au centre
de celle d’André Lurçat qui, en 1947 a créé cinq classes et l’aile des classes techniques que Christine
Schmuckle-Mollard, a apporté en 2013 pour répondre à la nécessité d’avoir des classes de 70 m².
L’espace de récréation est donc aujourd’hui refermé en cour de cloître, et on ne voit plus les pavillons
mitoyens qui étaient jusque-là conservés. Schmuckle-Mollard traite ensuite la question de l’état des
élévations telles qu’ils ont pu les trouver. Elles étaient extrêmement encrassées, très micro-fissurées
mais sans gravité structurelle et les fenêtres n’étaient plus étanches. Pour montrer cela, elle fait une
comparaison de deux photos, d’époque et actuelle, qui montre la restauration du préau. Cet espace
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avait été refermé dans les années 60 afin d’agrandir le restaurant. La diapositive suivante présente
l’autre préau tel qu’il a existé, avec ses couches de peinture et qui avait encrassé et épaissit les
colonnettes qui sont aujourd’hui restaurées. La présentation nous emmène sur l’ancien gymnase. Il se
situe de l’autre côté de l’avenue. Les bâtiments étaient reliés à l’origine par une galerie qui passait
sous rue et les enfants pouvaient aller au complexe sportif par cette voie souterraine qui est jugée
dangereuse pour les normes actuelles. La galerie existe toujours et le gymnase est aujourd’hui
occupé par la cantine des élèves. Le bâtiment du gymnase avait souffert énormément de fissuration
et d’encrassement comme tous les autres bâtiments, mais rien n’avait été modifié dans sa structure.
Dans ce gymnase, les fenêtres ont été conservées et la couleur d’origine a été retrouvée. Cela dit la
grande difficulté rencontrée fut celle de la question acoustique. En effet, ce restaurant sert cent repas
en même temps et le bruit y est absolument ingérable. Il a donc fallu équiper le plafond de caissons
en bois qui ont permis d’insérer un matériau acoustique très épais qui est masqué par une peau
tendu appelé le « New Mate ». Ensuite Christine Schmuckle-Mollard traite le cas des pièces annexes
au gymnase. Ils habitent par exemple, l’ancien vestiaire qui avait été recloisonné au fil du temps, et
surtout ouvert par de grand skydome dans les années 50 et 60. C’est à ce moment qu’ils se sont
confrontés à la première grande difficulté qui était la restauration des dalles d’une surface très
importante. Elle explique que Pierre Roquette, de la société SAVERBAT, nous expliquera plus en détail
la manière de procéder pour la restauration de ces dalles. Elle nous apprend maintenant que le
réfectoire des élèves a été entièrement restauré et aménagé en centre de documentation, qui est à
l’origine un mur très coloré. Ils ont pu retrouver la couleur d’origine en retirant les couches de
peinture et ont retrouvé un jaune d’origine, qui est un jaune de Naples très clair. Grâce à cela les
peintures de Lurçat ont pu être mises au jour. Dans la diapositive suivante, Schmuckle-Mollard nous
montre une photographie d’une des salles de classe type. La plupart des éléments des classes ont été
conservés. Les lumières sont d’origine et ont pu être reproduit chez un maître verrier. Les grès, les
cérames du sol et les faïences cimaises sont d’origine et dix pourcent des matériaux ont été très
détériorés et ont pu être refaits par une société berlinoise qui travaille dans la restauration. Christine
Schmuckle-Mollard nous fait passer ensuite par le grand couloir de circulation des classes. Ce couloir
a fait l’objet de négociation très importante vis-à-vis de la question de sécurité. En effet, les classes
sont de quatre mètres de hauteur et sont bordées de grandes vitres. Elle rappelle qu’il est, dans les
normes actuelles, totalement interdit d’avoir des couloirs de circulation d’un tel type. Les mesures
compensatoires sont nombreuses, et ont finalement réussi à conserver cette cloison. SchmuckleMollard précise tout de même que cela est grâce au classement du bâtiment. L’une des seules
concessions qui a été faite par Christine Schmuckle-Mollard sur ce projet, a été sur les poignées des
classes. Ces poignées sont des modèles de 1930 mais qui n’est pas le modèle d’origine. Le modèle
d’origine étant des poignées semi circulaires, dont est resté un seul exemplaire, n’avait pas été retenu
car jugé dangereux pour les élèves dans les circulations. Sur la diapositive suivante, on peut voir les
lampes qui ont été reproduites. En effet, Schmuckle-Mollard nous informe qu’au moment de l’étude,
il manquait vingt pour cent de ces lampes. Mais ce ne fut pas le seul élément de verre qui a été refait.
Les pavés de verre, dont il restait deux éléments, ont été reproduits eux aussi par un maître verrier.
Christine Schmuckle-Mollard conclu son exposée en remerciant l’assemblée pour son attention.
Jean-François Lagneau reprend la parole pour remercier à son tour Christine Schmuckle-Mollard de sa
présentation qu’il a trouvé à la fois succincte et complète. Et pour lui cet exposé montre bien que
l’argument des normes n’est pas toujours valable et que si on s’en donne les moyens, on arrive à
répondre au problème de sécurité tout en réalisant une restauration conforme. Il finit en présentant
le prochain exposant qui est Michel Goutal.
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Michel Goutal prend la parole afin de présenter la villa Cavrois. Il nous prévient que le bâtiment qu’il
s’apprête à présenter était dans un état beaucoup plus délabré que pour le bâtiment présenté par
Christine Schmuckle-Mollard. Il s’agit donc de la villa Cavrois construite en 1932 par Mallet-Stevens
près de Lille. Goutal nous fait ensuite un bref historique de la vie de ce bâtiment. Cette villa a donc
subi des transformations intérieures pour des changements familiaux et a été recloisonnée en
différents appartements par un architecte nommé Barbe. Malgré le style moderniste de cet
architecte, il reprit les travaux de la villa après la guerre dans un style tout à fait traditionnel. Cela dit,
Michel Goutal nous informe qu’à la suite d’une commission nationale, il a bien été dit que les travaux
devront être effectués à l’état de Mallet-Stevens, qui sera l’état de référence. Ensuite, l’exposant nous
montre l’édifice à l’état final en 2015, et nous informe que les premières études ont commencé en
2000. Il prend ensuite à titre d’exemple, le collège de Villejuif. En termes d’études et de travaux, les
durées sont presque similaires à la villa Carvois. Elles sont d’une dizaine d’années pour les études et
de quatre à cinq ans pour les travaux. Cela dit, Goutal répète que l’état de l’édifice est tout à fait
différent. Pour le démontrer, il affiche deux photographies de différentes époques. La première de
2009, où l’on peut voir l’état du vestibule d’entrée, et la deuxième qu’est une photographie de la
publication de 1932 avec la boîte à lumière. Il rebondit sur cela pour nous expliquer que MalletStevens avait reproduit les techniques d’éclairage du cinéma étant donné qu’il avait lui-même
travaillé dans les décors cinématographiques. Michel Goutal nous dit ensuite qu’il reviendra de
manière plus détaillée sur les problèmes de lumière et sur l’éclairage artificiel. En effet, 1932 est une
date qui n’est pas très loin de la généralisation de l’électricité et du courant alternative. De plus, 1932
est juste avant 1936, qui est la date de l’apparition des premiers néons. Et donc, à l’origine, ces boîtes
à lumière sont alimentées par des lampes incandescentes et non des néons. Ensuite, Goutal nous
parle de l’étude liée aux couleurs dans la villa. Durant leurs études, ils ont pu déceler tous les détails
que l’on peut voir sur la photographie de 1932. Les sondages ont révélé toutes les teintes et les
lampes d’éclairage ont été rachetées par le centre des monuments nationaux il y a maintenant
quelques années. Il y en avait donc quatre à l’origine dont une qui a été reproduite car altérée. Et
Michel Goutal assure à l’assemble qu’il n’y a aucune différence remarquable entre ces quatre lampes.
Il traite ensuite le problème des radiateurs. Goutal nous rappelle que la villa avait été pillée et que les
pilleurs prenaient beaucoup les radiateurs. Ce qui au passage a cassé tous les marbres des escaliers.
La problématique première est donc qu’il ne reste presque plus de radiateur. L’exposant nous rappelle
que l’application du maître d’ouvrage dans ce genre d’intervention est très importante. En effet, grâce
à l’action forte du maître d’ouvrage, le CMN a accepté qu’ils remettent ces radiateurs, bien qu’ils
nécessitent une très haute température. Le risque de brûlure est donc un risque assumé par le maître
d’ouvrage, afin de retrouver l’originalité des lieux. Des radiateurs de même type et de même
dimension ont donc été remis en place. Selon Goutal, ce point fut très important car cela leur a
épargné de faire différents systèmes complémentaires et de trouver toutes sortes d’artifice. Il passe
ensuite sur l’aspect de l’éclairage. Dans la villa, l’éclairage est réalisé par un architecte qui s’appelle
Salomon. C’est l’inventeur du principe de l’éclairage à trois étages. Ce principe consiste à installer des
réflecteurs pour l’éclairage général, des lampadaires pour éclairer sommairement ou des sousensembles tels que des salons. Et pour finir, il met en place des éclairages sur le mobilier directement.
Goutal rappel tout de même qu’il s’agit à l’origine de lampes incandescentes et qu'elles ont été
changées par des néons mais qui avaient la même température de couleur que les incandescents. Il
finit sur ce point en racontant une petite anecdote amusante. Il montre sur une diapositive le
réflecteur du salon et nous explique qu’à la suite des essais d’éclairage, son équipe et lui-même, ont
constaté que la lumière ne faisait pas une belle ligne droite mais au contraire une forme de
moustache. Évidemment, ils furent très déçus. Cela dit, une semaine après ils retrouvèrent dans une
publication des années 30, la même vue avec l’éclairage et la même moustache. Et pour montrer qu’il
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fut content de cette découverte, Michel Gouta, s’exclame devant l’assemblée, « vive la moustache ».
Après cela, il nous parle des différents marbres que l’on peut trouver dans la villa. Par exemple, le
marbre de la cheminée est un marbre de Suède. Bien que la carrière existe toujours, ils eurent
beaucoup de difficultés à trouver des échantillons de la même teinte étant donné qu’on ne se situe
pas au même front de taille. Une des autres difficultés rencontrées fut dans la salle des enfants. Sur
le plafond, rien n’avait été retrouvé, ne serait-ce qu’une mention dans un article de Mallet Stevens
parlant d’une toile cirée rouge. Goutal a donc dû l’interpréter et trouver une toile cirée rouge qui soit
M1 (résistance au feu). En ce qui concerne des parquets, Michel Goutal et son équipe ont eu plus de
chance. En effet, il y a une quinzaine d’années, le brevet du système de parquet, abandonné depuis,
avait été racheté par une société belge. Cette société a pu donc faire un travail de restauration qui
était, pour Goutal, inespéré. Grâce à cela, 90% des parquets ont pu être récupérés. L’un des derniers
problèmes techniques rencontrés fut celui des acrotères. Dans les années 30, les terrasses n’étant
pas isolées, thermiquement par l’extérieur, comme ce qui peut exister aujourd’hui, la terrasse se
dilate et l’acrotère se détache complètement. Pour résoudre cette problématique, il a fallu trouver
des espaces pour poser l’isolant thermique. Pour ce faire, ils ont dû racler jusqu’au limite de dalle afin
de garder le même niveau de dallage. Et aujourd’hui, il n'existe aucun phénomène de dilatation.
Michel Goutal finit son exposé en remerciant l’assemblée.
Jean-François Lagneau reprend la parole en remerciant Goutal pour sa présentation, qui montre une
autre approche comparé à l’école. D’un côté, nous avions une école qui a été dénaturées et pas très
bien entretenue, et d’un autre côté, nous avions un édifice complètement vandalisé et avec
énormément de restitutions qui ont dû être refaites sur différent matériaux. Il conclut en présentant
le prochaine intervenant, Pierre Roquette, qui parlera du pavé de verre pour le collège.
Pierre Roquette commence sa présentation en rappelant les deux problèmes rencontrés lors de la
fabrication et la mise en place des pavés de verre. Le premier problème fut le calepinage. Il était
indispensable de garder rigoureusement le même calepinage que l’existant. Sur ce point Roquette
souligne un bon travail d’équipe entre le bureau d’étude de SAVERBAT, l’entreprise LEFEVRE, et
Christiane Schmuckle-Mollard. Pour lui, ils ont réussi à retrouver ce qui était recherché. Le second
problème fut au niveau de l’épaisseur qui devait être de 5 centimètres. Cette épaisseur est selon lui
très faible et très dur à réaliser, surtout qu’il avait le souhait de pré-fabriquer la pièce en atelier. Il
rappelle tout de même qu’il fut aidé par la décision de Christine Schmuckle-Mollard, qui leur a
demandé d’y incorporer de l’isolation. A ce moment-là, ce fut 10 centimètres et non plus 5, ce qui est
beaucoup plus facile à réaliser. Il suffisait ensuite, d’installer les pavés. Pierre Roquette conclut sa
présentation en réaffirmant, que pour lui, ce fut une très belle réalisation, et dit sa fierté d’avoir pu
participer à cette opération.
Jean-François Lagneau reprend la parole pour interroger Serge Pitiot, sur la façon dont
l’administration réagit sur ce genre de projet. Il détaille sa question en rappelant que l’on connaît
bien la réaction des DRAC face aux édifices traditionnels, mais pas forcément pour ce genre d’édifices
réalisés essentiellement de produits issus de l’industrie. Avec ces paramètres, il finit par demander à
Serge Pitiot, comment gère-t-il les projets qui lui sont soumis.
Serge Pitiot commence son intervention en rappelant qu’il n’engage que sa parole dans ce débat et
non l’ensemble du ministère de la culture. En tant que conservateur des monuments historiques, il
rappelle son double rôle au sein du ministère de la culture. Il est à la fois, de définir la politique de
protection, et d’autre part la politique de restauration à titre de contrôle et d’accompagnement. Mais
l’un ne va pas sans l’autre. Bien qu’il y ait beaucoup de demandes, il est aberrant aux yeux de M.
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Potiot et de son institution de protéger un édifice qui n’a pas de progrès ou d’avenir ou qui est voué à
la destruction par le vandalisme ou simplement par l’usure du temps. Par conséquent, dans ces
situations, la volonté du maître d’ouvrage est assez engagée. De ce point de vue-là, pour Serge Pitiot,
il n’y a pas de différence entre un menhir, un hôtel du 18ème ou encore une usine du 20ème. La
problématique reste absolument la même. En revanche, le 20ème siècle, les interpelle sur un certain
nombre de matériaux. Pour appuyer son discours, il utilise l’exemple de Jean Dubuffet. En effet, il est
l’un des premiers architectes à développer des matériaux particulièrement délicats et à la fois
expérimentaux. Il rappelle que Jean Dubuffet disait lui-même qu’il n’était pas intéressé par la
durabilité de ses ouvrages. Or, Serge Pitiot a été amené à protéger plusieurs de ses édifices. Il nous
explique que ce sujet a fait l’objet de violents débats en commission nationale. Les questions posées
durant ces commissions furent, est-ce que Dubuffet est un artiste incontournable, ou encore de
définir son œuvre en tant que sculpture ou architecture. Leur travail s’appuit donc, beaucoup avec
celui des laboratoires MH. Et au final, ils ont pu intervenir en corrigeant, ce qu’a fait Dubuffet, grâce
aux relevés d’étanchéité, ou encore celle des évacuations des eaux, sans toucher fondamentalement
à l’esprit de Dubuffet. Serge Pitiot revient, au-delà de cette expérience paradoxale, à des exemples
plus courants. Les deux villas qui forment la fondation Le Corbusier, ont été restaurées de manière
exemplaire avec toutes les recherches importantes avant de commencer les travaux. Au final, les
travaux ont été importants mais les recherches et études avant travaux l’ont été tout autant, voir plus
importantes. Malgré ces exemples de réussite, dont il est fier, Pitiot rappel qu’il existe encore
aujourd’hui un problème en ce qui concerne la prise en charge du patrimoine du 20ème siècle. Selon
lui, cela provient de deux problèmes essentiels qui tiennent d’une non-formation des élus et des
maîtres d'ouvrages et puis quelque part d’une non-formation des populations. Il déplore un manque
d’investissement des populations pour défendre son patrimoine vernaculaire tel qu’un lavoir. Pour
citer ces problèmes, il finit par donner deux exemples. Si l’on prend la restauration du béton, elle est
devenue très performante en l’espace d’une quinzaine d’année. Cela dit elle n’est pas réalisée de la
même façon, selon qu’on s’appelle Perret, Mallet Stevens ou que l’on ne soit pas un grand nom de
l’architecture. A ce sujet, il donne l’exemple de l’église de Montrouge, qui étant construite sur un
ancien garage menaçait de s’écrouler avec le temps. La mairie de Montrouge considérait qu’elle était
irrécupérable et que cela était trop compliqué pour eux de la restaurer. Serge Pitiot et le ministère
sont intervenus de façon un peu conflictuelle. Néanmoins, ils ont réussi à sauver l’ouvrage en isolant
les poteaux de soutènement et de restaurer le reste des bétons de manière traditionnelle. L’autre
exemple est le lycée Schœlcher à Fort-de-France. Il est à la fois un chef d’œuvre architecturale mais
aussi un lieu de mémoire puisqu’Aimé Césaire fut l’une des élites de cet établissement. Malgré cela, il
a été difficile de sauver cet édifice puisque le béton qui donnait sur la plage était évidemment plein
de sel. M. Pitiot a donc mis en place des Protocoles de désalinisation, qui ne furent pas suffisants.
Seul un quart de la surface du lycée a pu être sauvé. Pour conclure sa prise de parole, Serge Pitiot,
rappelle que des efforts doivent être faits sur deux points. Premièrement, de recréer des foliaires
industriels qui permettraient de diminuer les coûts. Le deuxième point est de faire de la pédagogie en
direction des élus et de la population.
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LES ASSOCIATIONS DU PATRIMOINE ET LA MODERNITE
Conférence proposée par les Associations du G8 Patrimoine
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Alain de la Bretesche, modérateur
Alexandre Gady, Président de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la
France (SPPEF)
Olivier de Rohan-Chabot, Président de l’association La Sauvegarde de l’Art Français
Olivier Ansart pour la Fédération Patrimoine-Environnement
Bernard Duhem, Président de l’association Maisons Paysannes de France
Philippe Toussaint pour Vieilles Maisons Françaises
Michel Audouy, enseignant à l’école du paysage de Versailles
Olivier Lenoir pour l’association Rempart
Jean de Lambertye, Président de la Demeure Historique
Guillain de Castelbajac, Guillaume Garbe et Mme Delecourt, jeunes repreneurs de château, invités
par la Demeure Historique
La conférence a réuni les associations du G8 Patrimoine, à savoir la Société pour la Protection des
Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF), la Sauvegarde de l’Art Français, la Fédération
Patrimoine-Environnement, Maisons Paysannes de France, Vieilles Maisons Françaises, Rempart, la
Demeure Historique.
Alain de la Bretesche ouvre la conférence en rappelant que le G8 Patrimoine réunit les associations
de défense du patrimoine reconnues d’utilité publique. Il précise également que le G8 agit auprès du
Parlement à propos de la législation. En effet, la loi sur le patrimoine ne convient pas aux associations
du patrimoine.
Alain de la Bretesche rappelle le thème du Salon cette année : « Patrimoine et modernité » et
demande d’où cela vient-il. Il explique que « modernité » est un terme inventé par Baudelaire qui
disait que « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre
moitié est l’éternel et l’immuable. » Il rappelle ensuite que le premier président de la Ligue Urbaine et
Rurale, aujourd’hui intégrée à la Fédération Patrimoine-Environnement, était Paul Claudel, homme de
lettres alors éminemment moderne.
Alain de la Bretesche conclut son introduction en affirmant que le milieu rural est un espace à ne pas
oublier. Il introduit ensuite Alexandre Gady, président de la Société pour la Protection des Paysages et
de l’Esthétique de la France (SPPEF).
Alexandre Gady commence son intervention par l’évocation du titre provocant sur la question du
terrorisme intellectuel et de la modernité. Ce thème est, selon lui, rencontré par tous ceux qui se
battent pour le patrimoine. Il affirme que l’injonction à la modernité est à mettre en parallèle avec le
caractère dévalorisant de ce qui n’est pas moderne et que dans la pensée courante, ne pas être
moderne c’est ne pas être du monde actuel.
Pour illustrer son propos, Alexandre Gady évoque la querelle des anciens, remontant à Louis XIV,
autour de la question du moderne et de l’ancien. L’ancien se rapportant alors à l’Antiquité. Les
modernes eux, voyaient au-delà de l’Antiquité et c’est là qu’était leur modernité.
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Alexandre Gady affirme que les défenseurs du patrimoine sont assimilés à des anciens, qui ne croient
qu’en l’ancien et ne peuvent recevoir un brevet de modernité.
Alexandre Gady se dit ensuite interpellé par le thème « patrimoine et modernité ». Dans ce titre, le
patrimoine et la modernité sont présentés comme deux objets séparés. Le patrimoine, dans l’opinion
commune, est quelque chose de bien, mais le patrimoine de demain est vu, notamment par les élites
françaises, comme quelque chose de « mieux ». Alexandre Gady rappelle le thème des Journées
Européennes du Patrimoine 2015 : « Patrimoine du XXIe siècle ». Il affirme que le XXIe siècle est
encore trop récent pour avoir réellement produit un patrimoine. Il considère que le patrimoine du
XXIe siècle est une posture intellectuelle.
Alexandre Gady fait remarquer que les lois disent toujours de faire attention au patrimoine de
demain, qui n’existe pas encore, ce qui selon lui reflète la société de plus en plus virtuelle, la société
de la dématérialisation. Il cite l’exemple de l’UNESCO qui prend de plus en plus en compte le
patrimoine immatériel, en particulier ce qui a trait à l’économie.
Alexandre Gady affirme ensuite que les défenseurs du patrimoine sont en permanence mis en
imputation, ce qu’il qualifie de terrorisme intellectuel. Il affirme qu’en France le débat est
extrêmement difficile.
Il énonce ensuite que pour le G8, l’expression « Patrimoine et modernité » est une formule mauvaise,
car le patrimoine est moderne. Il affirme que l’avantage de cette position est le fait que personne n’a
défini la modernité. Il cite ensuite Baudelaire pour qui « la modernité est le paganisme des imbéciles
». Le patrimoine est moderne parce qu’on lui applique la définition qu’on veut. Alexandre Gady
affirme qu’est moderne ce qui est au centre de la société. Or, la sauvegarde du patrimoine est une
idée moderne, au centre de la société.
Alexandre Gady affirme que conserver des monuments anciens en mauvais état et en particulier
pendant la Révolution française est un choix extrêmement moderne. C’est un choix de la civilisation
occidentale. Alexandre Gady rappelle le sentiment français d’avoir mis au point une législation unique
dès le XIXe siècle. Le patrimoine fait société et en cela il est moderne.
Alexandre Gady explique alors que le patrimoine est le seul domaine dans lequel l’imperium de la
propriété privée est diminué. La loi 1913 diminue l’importance du code Napoléon qui fixe la propriété
comme un absolu de la société. C’est un choix d’une très grande modernité.
Le matin même, la commission des Monuments Historiques a classé un platane âgé de 250 ans pour
éviter son demi-abattage, qui aurait été possible grâce au Code Civil. Alexandre Gady affirme qu’en
cela l’héritage législatif contient un trait de modernité extraordinaire.
Alexandre Gady affirme qu’on ne se rend peut-être pas compte de la modernité de la protection du
patrimoine, justement parce que c’est quelque chose de parfaitement moderne. Il montre que dans
la société ultramédiatisée et hyper-rapide d’aujourd’hui, le patrimoine est une chose qui arrête et
stabilise, qui permet de penser et porte un sens. Le patrimoine est en cela d’une extraordinaire
modernité parce qu’il est le seul aspect de notre vie qui permet de se dépayser.
Alexandre Gady rappelle qu’il existe de très beaux bâtiments des années 1960, et que la SPPEF en
défend en particulier depuis qu’il est président. Il précise qu’il faut garder la réserve du temps et qu’il
ne faut pas classer un bâtiment comme Monument Historique le soir de son inauguration. Il cite
l’exemple de la Fondation Louis Vuitton, encensée par les médias comme une oeuvre majeure de son
temps. Alexandre Gady affirme ensuite que le patrimoine est une formidable possibilité.
Alexandre Gady affirme ensuite qu’il est toujours compliqué d’attaquer les grands groupes financiers
et rappelle ensuite le combat perdu de la SPPEF pour sauver la Samaritaine. L’association a perdu le
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combat, avant la décision juridique, d’abord médiatiquement. Selon lui, les médias ont toujours
montré la SPPEF et l’association SOS Paris comme défendant un ancien sans intérêt.
Alexandre Gady rappelle ensuite la mémoire d’André Formigier, qui travaillait au Monde à l’époque où
c’était un journal patrimonial. André Formigier avait dit « M. le Président a son goût, heureux hasard,
c’est aussi le goût des promoteurs. » Alexandre Gady explique qu’il y a une confusion entre
l’architecture moderne et l’architecture de propagande qui sont deux choses différentes.
Alexandre Gady achève son intervention par une citation de Pierre Dax : « Tout homme aura son
avenir devant lui, mais quand il se retournera, il l’aura dans son dos. »
Question du président de Rempart : Est-ce qu’il y a une faute de frappe dans le thème du salon ? Il
aurait fallu écrire : le patrimoine EST modernité.
Question : Est-ce que vous pensez que des ruines pourront être sublimées par un concours
d’architecture qui réconcilierait architecture et patrimoine ?
Alexandre Gady : Question beaucoup débattue qui pourrait ouvrir sur une nouvelle après-midi de
travail. Lors de l’ouverture du Grand Louvre, François Mitterrand, au lieu de parler aux journalistes
des nouveaux aménagements, leur a parlé des fossés Charles V remis au jour lors des travaux.
Mitterrand était alors le lien entre le moderne et l’ancien. Les deux monuments font partie de la
société contemporaine et appartiennent à la modernité, tout en étant anciens.
La question permet de penser qu’il n’y a aucun obstacle entre l’ancien et le moderne mais que cela
nécessite amour et humilité dans l’expression de la création contemporaine. Le coût de l’architecture
n’est toutefois pas à prendre à la légère par les architectes et les promoteurs.
Alain de la Bretesche clôt l’exposé en remerciant Alexandre Gady et introduit Olivier de RohanChabot, président de l’association La Sauvegarde de l’Art Français.
Olivier de Rohan-Chabot présente le thème de son intervention et demande que faire des
patrimoines délaissés. De plus en plus de châteaux sont sans acquéreurs et les églises ont de moins
en moins de fidèles.
Olivier de Rohan-Chabot rappelle que l’histoire a connu de nombreuses périodes de destructions. La
Révolution française a désaffecté de nombreux bâtiments pour causer leur oubli. Elle a également
causé de nombreuses destructions d’églises, de couvents, d’objets, pour des raisons idéologiques.
Olivier de Rohan-Chabot affirme qu’aujourd’hui, ces bâtiments ont besoin de réaffections parce que
la référence est différence. Il dit que les immeubles se retrouvent dans une existence incompatible
avec le monde. La première hypothèse est d’en faire un musée ou un espace culturel, comme le
château d’Ecouen ou la Piscine de Roubaix. Olivier de Rohan-Chabot affirme que certains choix sont
plus fâcheux comme le musée des arts et métiers de Paris. Il évoque également les maisons des
illustres, perdues au milieu de nulle part, qui sont très coûteuses. Il précise que certaines
réaffectations se font pour des raisons économiques, comme l’abbaye-hôtel de Sorèze ou les châteauhôtels.
Olivier de Rohan-Chabot note également que la France est moins favorable que la Grande-Bretagne
ou les Pays-Bas à la transformation des édifices en particulier religieux. Cette pratique devient
néanmoins de plus en plus courante.
Olivier de Rohan-Chabot demande alors ce que pourraient être les réaffectations les plus
souhaitables. Il y répond en disant qu’il ne faut plus renier l’histoire et qu’aujourd’hui il faut concilier
la nouvelle conscience patrimoniale et la nécessité d’une vie moderne. Il évoque alors le problème de
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l’hôtel de la Marine, dont le bâtiment et le mobilier sont classés et est resté inchangé depuis le XVIIIe
siècle, mais dont on ne sait pas quoi faire.
Olivier de Rohan-Chabot affirme que la réaffectation redonne du sens au bâtiment. La réaffectation
doit s’occuper des murs en prenant toutefois garde au façadisme, provoqué par une perte de
l’intérieur, quand on ne conserve que les murs.
Olivier de Rohan-Chabot évoque également l’elginisme créé par le duc de Trévise, fondateur de la
Sauvegarde de l’Art français. L’elginisme définit l’appropriation des marbres du Parthénon et leur
transport.
En conclusion, Olivier de Rohan-Chabot affirme qu’en dehors des murs, l’histoire du lieu est à
respecter, parce qu’elle est porteuse de sens. Il précise que pour conserver le sens, il faut respecter
l’esprit des lieux et ne pas oublier le mobilier. Olivier de Rohan-Chabot rappelle qu’en France le
mobilier subsiste rarement dans les lieux pour lesquels il a été conçu. Les exceptions sont les
châteaux de Compiègne et Fontainebleau et l’hôtel de la Marine.
Olivier de Rohan-Chabot précise que la question centrale pour les réaffectations est la question du
sens. Il affirme que ce que nous faisons d’une oeuvre la dégrade et que dans tous les cas il est
important de garder du sens au lieu.
Question : Que pensez-vous du refus d’un député de dresser un état des lieux des églises de France ?
Olivier de Rohan-Chabot : Cette décision se justifie car elle peut éviter une polémique. Les maires
font leur maximum et l’objectif des associations telles que la Sauvegarde de l’art Français est d’aider
ceux qui veulent.
Alain de la Bretesche ajoute qu’un dialogue s’est instauré avec les parlementaires à propos des
églises. La question des intercommunalités pose problème et relègue certaines églises. La loi ne règle
pas la question ; il n’y a pas de bonne solution, ce qui inquiète les élus.
Question : En 1973, le gouvernement sauvegarde la gare d’Orsay pour la transformer en musée.
Qu’en est-il du sens de la gare ?
Olivier de Rohan-Chabot répond que la question n’est pas réglée ni traitée et rappelle le problème de
l’exposition d’art contemporain dans des lieux particuliers. La déformation du sens nous guette en
permanence, mais dans le cas d’Orsay, cela a évité la démolition. C’est donc mieux.
Alain de la Bretesche introduit ensuite Olivier Ansart pour la Fédération Patrimoine-Environnement.
Olivier Ansart rebondit sur la question précédente et affirme que face aux intercommunalités il faut
faire preuve de ténacité. Il présente ensuite son intervention sur le thème « Patrimoine industriel et
usage contemporain : l’exemple de la reconversion de la halle Pajol à Paris ».
Olivier Ansart débute son propos en rappelant que l’architecture industrielle avait un sort peu
glorieux jusqu’à une époque récente. Une exposition de la cité Chaillot intitulée « Un bâtiment,
combien de vies ? » a permis d’ouvrir les esprits à la question de la reconversion du patrimoine.
Olivier Ansart présente ensuite la reconversion de la halle Pajol dans le 18e arrondissement de Paris.
Le quartier de la Chapelle a été rattaché à Paris par Napoléon III ; c’est un espace très marqué par le
réseau ferroviaire. La halle Pajol, située dans ce quartier, est un ancien entrepôt de chemin de fer,
créé en 1926 et destiné au fret ferroviaire. Olivier Ansart précise que la halle Pajol a connu une
activité industrielle pendant environ 70 ans. Il explique que vu de l’extérieur, le bâtiment n’est pas
très esthétique, mais que l’intérieur impressionne par les capacités volumétriques. La halle Pajol se
décompose en deux volumes, avec une plus grande hauteur de bâtiment du côté des rails.
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Fermé au début des années 1990, le lieu a accueilli des locataires éphémères, des squats d’artistes et
d’acrobates. En 1994, la mairie de Paris s’y intéresse. Olivier Ansart précise que le foncier appartient
alors à la SNCF. Le premier projet urbain est de raser la halle. La réaction de la population locale,
mettant en avant le manque d’équipement de proximité, a entraîné le gel du projet. Olivier Ansart
précise que le projet est arrêté en 1999. En 2001, suite au changement de municipalité, le projet est
reparti avec intention de détruire la halle. Olivier Ansart explique qu’il est beaucoup plus simple
techniquement et financièrement de raser.
Un collectif s’est créé pour argumenter sur les capacités volumétriques de la halle, ainsi que sur le fait
que ce soit un témoignage du passé ferroviaire du quartier. Olivier Ansart ajoute que la halle Pajol est
un point structurant de cet espace urbain. En 2003, une concertation a permis d’associer les habitants
au projet qui a abouti à une préservation du bâti. Les habitants ont été associés au programme de
réhabilitation.
Olivier Ansart précise que le bâtiment possédait à l’origine 17 travées mais 5 ont été supprimées pour
permettre la construction d’un gymnase. Olivier Ansart affirme que le nombre de travées subsistantes
est suffisant pour sauvegarder le patrimoine ferroviaire. La halle et les équipements ont été livrés en
2013. Les habitants ont été associés à la programmation via les associations notamment, car la
mobilisation citoyenne s’est poursuivie tout le long du projet. Olivier Ansart rend ensuite un bref
hommage à l’architecte coordinateur du site, Mme Françoise-Hélène Jourda, décédée en 2015, et
qu’il évoque comme probable pionnière dans le domaine du développement durable. Olivier Ansart
précise que Mme Jourda a gagné un concours d’architecture pour la réhabilitation de la halle.
Olivier Ansart explique que la structure a été déshabillée, évidée puis remplie de bois. C’est une
structure bois-béton. Les cheds ont été transformés en centrale photovoltaïque. Avant la
réhabilitation de Baltard, la halle Pajol était la première centrale photovoltaïque de Paris. La halle
possède 3500m² de panneaux solaires.
La question de la reconversion du patrimoine industriel est de plus en plus importante, au cœur de
beaucoup de rénovation. Les entrepôts du rail, appelés parfois « cathédrales du rail », près de la
porte de la Chapelle, au niveau du Landy sont des bâtiments aujourd’hui sans usage au milieu d’une
zone de réhabilitation. Aujourd’hui la préoccupation est très grande pour que ces bâtiments
industriels aient une seconde vie et trouvent de nouveaux usages. Olivier Ansart précise que le
développement durable est pris en compte.
Olivier Ansart ajoute que l’action à la halle Pajol peut être réversible pour d’autres usages et que c’est
là l’intérêt de cette réhabilitation.
En conclusion, Olivier Ansart explique que la réussite du projet est due à la mobilisation des
habitants. L’usage contemporain permet d’éviter la destruction. Le lien entre le passé et le futur est
important pour le développement d’un quartier.
Alain de la Bretesche introduit ensuite Bernard Duhem, président de l’association Maisons Paysannes
de France, qui intervient sur le thème : l’architecture contemporaine en milieu rural.
Bernard Duhem rappelle que Maisons Paysannes de France fête son cinquantenaire en 2015.
L’association a été créée en 1965.
Bernard Duhem rappelle également que les fondateurs de l’association, en 1965, avaient défini
comme objectif de « promouvoir une architecture contemporaine de qualité en harmonie avec les
sites. » Maisons Paysannes de France a créé un groupe de travail pour réfléchir sur la question, le
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GRAC, Groupement de Réflexion sur l’Architecture. Bernard Duhem présente ensuite les axes de
réflexion du GRAC. Tout d’abord qualité et harmonie. La question est de savoir quelle qualité prime :
technique, esthétique, d’usage ou de vie ? L’usage est un vaste débat. Bernard Duhem évoque les
fermes à cour carrée dont on perd l’usage des bâtiments. Leur usage ancien ne correspond plus aux
besoins actuels, les machines modernes ne pouvant rentrer dans ces bâtiments.
Le deuxième point est l’authenticité. Bernard Duhem rappelle la Charte de Venise, signée en 1964,
qui interdit de faire du faux-ancien, du pastiche. Elle constitue une base de réflexion sur la
conservation du patrimoine et la place du bâti ancien.
Le troisième point est l’harmonie. Bernard Duhem rappelle que l’harmonie est la relation existante
entre les différentes parties d’un tout et qui fait que les parties concourent à un effet d’ensemble.
Bernard Duhem présente ensuite des exemples de constructions contemporaines intégrées
harmonieusement avec le bâti préexistant : le monolithe de Jacquou et l’intégration d’une habitation
neuve dans un village perché du Dauphiné. Ce type de construction nécessite l’intervention d’un
architecte, afin que l’intégration soit bien prise en compte.
Question : Est-ce qu’on peut imaginer qu’un bâtiment contemporain qui se voit s’intègre ?
Bernard Duhem répond que oui on peut.
Bernard Duhem reprend sa présentation avec l’exemple d’une habitation contemporaine dans le
Vaucluse, où les travaux intègrent une qualité de vie et une technicité architecturale.
Bernard Duhem précise ensuite que la question a été posée de savoir si une doctrine est possible ou
souhaitable pour Maisons Paysannes de France. Il présente ensuite quelques éléments de réflexion :
Notre-Dame du Haut à Ronchamp, œuvre de l’architecte Le Corbusier, exemple de table rase du
passé, qui est un bâtiment totalement contemporain. Dessous, le monastère Sainte-Claire à
Ronchamp, construit en 2011 par Renzo Piano avec la contrainte d’un bâtiment enfoui. Bernard
Duhem précise que le monastère est visible lors de la montée mais pas de la descente, ce qui
représente une forme d’intégration dans le paysage. Il présente ensuite la même stratégie
d’enfouissement pour l’extension d’une grange dans les Pyrénées, puis l’extension d’une maison
cévenole, primée en 2003 par Maisons Paysannes de France, pour sa modernité franche mais
discrète.
Bernard Duhem explique ensuite que le concours René Fontaine, a été étendu avec le soutien du
ministère de la culture et délivre désormais des prix pour les bâtiments contemporains. L’objectif est
de promouvoir, faire découvrir, donner envie… En raison de problèmes techniques, Bernard Duhem
n’a pas pu présenter les quatre prix remis en 2015.
Question : La présentation ne montrait que des bâtiments d’habitation mais une des causes
principales de la destruction du paysage rural est le bâti agricole. Vous êtes-vous intéressé à
l’adéquation d’une architecture moins effrayante misérabiliste avec les besoins d’une agriculture
contemporaine.
Bernard Duhem explique que Maisons Paysannes de France n’a pas pu travailler sur des exemples
concrets dans le domaine agricole mais que l’association s’est intéressée à la transformation d’usage
de ces bâtiments. La question est aussi sur la taille des exploitations, est-ce qu’il ne serait pas plus
raisonnable de revenir à des petites exploitations ? Bernard Duhem précise que c’est une question
d’actualité à laquelle il n’a pas la réponse.
Question : Quelle est la position de Maisons Paysannes de France face aux éoliennes ?
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Bernard Duhem explique que le problème réside surtout dans le démontage de l’éolienne puisque le
socle de plusieurs tonnes de béton reste dans le sol. Personne n’a de réponse actuellement et c’est un
vrai problème.
Alain de la Bretesche invite à relire les textes fondateurs des associations du G8 Patrimoine. Les
fondateurs avaient conscience de l’évolution du patrimoine, qui était un de leurs problèmes. Alain de
la Bretesche observe la légitimité de la continuité de la question. Il introduit ensuite Philippe
Toussaint et Michel Audouy, enseignant à l’école du paysage de Versailles, pour Vieilles Maisons
Françaises, qui vont traiter des jardins dans les lieux de patrimoine.
Pour son intervention, l’association Vieilles Maisons Françaises a souhaité sortir du seul patrimoine
bâti. Elle est attentive à l’élargissement du concept du patrimoine. C’est un ensemble qui forme un
cadre de vie, objet de l’attention de toutes les associations présentes à cette conférence. Pour Vieilles
Maisons Françaises, la question de la modernité ne se réduit pas à l’opposition entre le patrimoine et
la création.
Philippe Toussaint affirme que depuis toujours, le jardin est un complément du bâti. Après avoir
connu des heures fastueuses, au cours des guerres et après, beaucoup de jardins ont été abandonnés
et leur renaissance est quelque chose de relativement récent. Philippe Toussaint précise que la
suppression de l’agrément « Jardin remarquable » risque d’entraîner la perte de jardins.
Philippe Toussaint explique que le bâti ancien de qualité a eu parfois vocation à accueillir un jardin.
Quand celui-ci a disparu, la question qui se pose est quoi faire : un aménagement, une restitution ou
une création ? Philippe Toussaint précise que la création d’une stratégie nécessite un dossier
historique, afin de réfléchir avant d’agir. Après le travail de recherches on est en mesure de choisir
entre un pastiche et un jardin contemporain. Le mécène Ernest-Tom Loumaye veut promouvoir la
création paysagère en lien avec l’esprit du lieu. Avec l’idée si possible de dénicher des trouvailles dans
des dossiers secrets.
Philippe Toussaint affirme que la notion d’innovation repose sur trois critères : le rapport avec la
nature environnante, la réinterprétation du passé et de l’histoire du site, la mobilisation d’un savoirfaire ancien. Il précise que la réussite d’un jardin aujourd’hui est de composer avec les qualités et les
potentialités du site tout en proposant une interprétation nouvelle.
Philippe Toussaint explique que, pour le décernement du prix Jardin VMF, chaque jardin a été visité
par au moins un membre du jury. Le jury est présidé par William Christie, passionné de jardins et
financé par Ernest-Tom Loumaye. Le cahier des charges est d’évaluer la manière avec laquelle a été
réalisé le jardin, dont le génie du lieu, des strates et parfois de l’archéologie. La prise en compte des
strates d’histoire, la mémoire du lieu, n’a jamais été aussi importante.
Philippe Toussaint présente ensuite le lauréat 2014 du concours : le jardin de la Chabaude dans le
Vaucluse, dans un milieu vallonné. Le jardin est conçu en spirale autour d’une bastide, comme un
parcours, en harmonie avec le bâti restauré et l’environnement. Les très vieux arbres ont été pris en
compte et sont mis en valeur dans le circuit. Les terrasses successives en enchaînement ouvrent sur
une vue du paysage. La taille contemporaine des buis est combinée à des formes traditionnelles.
Michel Audouy ajoute que les végétaux sont adaptés au sol très calcaire et sec du site.
Michel Audouy rend hommage au paysagiste Pascal Cribier, décédé quelques jours plus tôt. Ce
paysagiste a travaillé sur le jardin des Tuileries, d’après les plans de Le Nôtre. Michel Audouy explique
ce qu’est un jardin contemporain. Au XVIIe siècle, le Nôtre invente un jardin en s’inspirant de l’Italie,
le jardin classique. Aujourd’hui la question est celle de la prise en compte de l’écologie et des
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techniques contemporaines comme l’électricité. Michel Audouy précise que le jardin contemporain
doit respecter l’histoire mais en écrire une nouvelle page.
Michel Audouy présente ensuite le lauréat 2015 : le jardin de Picomtal. Ce jardin présentait des traces
de construction, à savoir un nymphée, une clôture et un plan en croix, comme dans un jardin
provençal du XVIIIe siècle. Le jardinier a réinterprété cette histoire en créant un jardin qui n’est pas du
XVIIIe siècle. Michel Audouy explique que c’est parfois très difficile de s’appuyer sur des traces pour
les réinterpréter et faire un jardin de notre temps. Le plan classique en croix est universel dans
l’histoire des jardins. Le concepteur du jardin de Picomtal réinterprète le jardin en s’adaptant au
climat. Michel Audouy précise que le bassin neuf est de forme classique.
Michel Audouy affirme que, s’il y a des excès dans l’art contemporain, la création contemporaine
n’est pas forcément synonyme de mauvais goût. Tout est question de goût et de mesure. La création
contemporaine, si elle a la modestie de se soumettre à un lieu, peut tout à fait y être bien accueillie.
Alain de la Bretesche introduit ensuite Olivier Lenoir pour l’association Rempart, dont l’intervention
présente une analyse des rapports entre les citoyens et le patrimoine.
Olivier Lenoir rappelle que Rempart est l’union de 170 associations locales de protection du
patrimoine. Ces associations sont des vecteurs d’engagement. Elles souhaitent permettre aux
citoyens de se réapproprier leur patrimoine. Le patrimoine est pensé comme un lien social.
Olivier Lenoir présente ensuite trois exemples du réseau Rempart, pour montrer que la proposition
du réseau est d’une grande modernité et répond à des enjeux de société aujourd’hui.
Olivier Lenoir présente les murs à pêches de Montreuil en Seine-Saint-Denis. Ce verger de plus de 10
hectares existe ainsi depuis le XVe siècle. Olivier Lenoir explique que les murs emmagasinent la
chaleur du soleil pour faire mûrir doucement les pêches et les empêchent de geler la nuit. Ces murs,
de 2,70m de haut environ, sont en plâtre ou talochés en plâtre. En 1860, il existait plus de 200km de
murs. Et en 1953, il y avait plus de 150 familles de cultivateurs à Montreuil
Olivier Lenoir précise que le site a été protégé comme espace vert en 1976. En 1994, il devient
urbanisable à 80%. Les habitants de Montreuil se constituent en association, afin de préserver ce
patrimoine. La ville, propriétaire, leur laisse l’accès pour des actions bénévoles de restauration, de
perpétuation de la culture des pêches ou des ateliers pédagogiques. Cette initiative débouche à la
protection du site, par un classement comme « Sites et Paysages » en 2003. Olivier Lenoir explique
que la mesure de protection a permis de sauvegarder quelques hectares de murs à pêches. Les
associations se créent afin de réutiliser les murs. La Fédération des murs à pêches regroupe les
associations locales et permet la coopération. Olivier Lenoir ajoute qu’il existe une véritable vie
sociale, une vie associative autour de cet élément de patrimoine.
Olivier Lenoir présente ensuite le village d’Oppoul-Périllos dans les Pyrénées-Orientales. En 1972, il
n’y avait plus qu’un habitant dans le village de Perillos. En 2006, des membres de Rempart créent
l’association Terre de pierre, pour sauvegarder ce village. Perillos est pour eux l’endroit idéal pour
développer un projet autour de la sauvegarde du patrimoine dans un site environnemental préservé,
avec la mise en œuvre de matériaux naturels et de techniques traditionnelles. Ce projet novateur a
pour but de développer sur les ruines un lieu d’accueil et un outil pédagogique. Olivier Lenoir précise
que le projet est fondé sur une relation respectueuse entre la construction, l’activité humaine et
l’environnement. Grâce au bénévolat et contrairement à une entreprise, il n’y a pas de contrainte
économique. Toutefois, l’absence d’eau courante et d’assainissement nécessite la conscience de la
limite de quantité d’eau.
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Ce projet a rassemblé des citoyens engagés pour la sauvegarde du patrimoine avec une idée de
développement durable. Le projet montre qu’une société écoresponsable est possible. C’est un projet
moderne, ancré dans les problèmes de société d’aujourd’hui.
Olivier Lenoir présente ensuite le village de Tusson en Charente. Ce site reflète la problématique du
monde rural dans les régions pauvres. Depuis octobre 2015, Rempart a mis en place l’opération «
volontaires du patrimoine », qui accueille les jeunes en service civique pour des missions concrètes
de sauvegarde du patrimoine. Olivier Lenoir explique que l’enjeu est de constituer une équipe de
jeunes volontaires au service de la restauration et notamment des jeunes issus de zones sensibles, en
partenariat avec les missions locales, qui fait écho au programme ministériel « servir la culture ».
Olivier Lenoir précise que l’objectif du projet est de permettre à des jeunes de participer à une
mission de restauration, qui encourage la mixité sociale et le brassage des publics, tout en étant un
support d’apprentissage. Olivier Lenoir ajoute que la modernité du projet est la remobilisation de ces
jeunes.
En conclusion, Olivier Lenoir affirme que quand les citoyens se réapproprient le patrimoine pour lui
donner une place dans la société, le patrimoine leur rend.
Question : Que pensez-vous de la construction du château-fort de Guédelon ?
Olivier Lenoir répond que la restauration du patrimoine est quelque chose de différent que Guédelon
qui est une construction du XXe-XXIe siècle. Toutefois, les techniques sont fraternelles. Cependant,
Guédelon n’accueille pas forcément des citoyens engagés bénévolement, alors que c’est vraiment un
objectif de Rempart. L’objectif de Rempart est de construire les citoyens au travers de la restauration
du patrimoine.
Alain de la Bretesche ajoute en conclusion que le lien social fait partie des enjeux que toutes les
associations présentes portent et que la modernité est une grande préoccupation du monde
d’aujourd’hui du patrimoine. Il introduit ensuite Jean de Lambertye, président de la Demeure
Historique. Alain de la Bretesche rappelle qu’il y a environ 800 châteaux à vendre.
Jean de Lambertye présente le sujet de son intervention : les jeunes repreneurs de monuments. Il
explique qu’autour de la table, trois des quatre intervenants sont arrivés à la tête d’un monument
suite à un accident de la vie. Jean de Lambertye explique que la Demeure Historique a pris en 2013
trois grandes mesures afin d’aider les jeunes repreneurs de monuments : elle leur a dédié un prix
pour une aide à projet afin de récompenser leur engagement ; elle a mis l’accent sur les séminaires
de formation et elle a créé une délégation des jeunes repreneurs, sous la direction de Lancelot Guyot.
Ces repreneurs deviennent parfois des professionnels, ce qui voit émerger un nouveau type de
métier. Jean de Lambertye évoque la nécessité de réinventer des modèles économiques sous la
pression de deux éléments : la masse touristique se dirige vers les grands sites et la capacité
d’accéder aux touristes par d’autres formes. Il existe une modernité dans les nouveaux modèles de
partage et d’économie participatifs.
Guillain de Castelbajac, jeune repreneur du château de Caumont à Cazaux-Saves (Gers) évoque son
impression qu’avoir un monument, c’est s’enfermer. Suite à la perte de ses parents, il a repris le
flambeau et se désengage progressivement de ses engagements professionnels, afin de s’occuper du
château et lui permettre une sorte de renaissance. Des mariages sont prévus au château pour 2016.
Guillain de Castelbajac explique que l’économie du patrimoine est formidable avec des gens
passionnés mais qu’elle est mal prise en charge par l’économie touristique. Toulouse est à 35km du
château mais pas dans le même département. Guillain de Castelbajac voudrait sortir Caumont des
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batailles de canton, afin de positionner le château et profiter de l’économie touristique déjà
existante. Il essaie d’organiser des évènements afin d’accroître la visibilité du site, par exemple en
organisant des dîners au château ou des concerts de musique classique.
Guillaume Garbe, présente ensuite le château de Carneville (Manche). A 24 ans, il a été le premier
lauréat du prix jeune repreneur. Guillaume Garbe explique que le château de Carneville est situé dans
un espace peu dynamique où tout est à faire, et que le château est un vecteur social, un lieu de
communion. C’est également un vecteur esthétique associé à de grands espaces végétaux.
Guillaume Garbe précise que le château est ouvert au public depuis deux ans et qu’une association
s’est créée autour du château avec beaucoup de lien social. En 2015, le site a accueilli plus de 10000
visiteurs et la salle de réception est très occupée.
Guillaume Garbe rappelle la phrase connue qu’ « un château qui commence à coûter à son
propriétaire, c’est la fin de la famille du propriétaire. » Il précise que le château est un lieu pour offrir
un divertissement culturel.
Le parc du château de Carneville accueille une boulangerie classée Monument Historique. Depuis sa
restauration, elle est louée à une boulangère. Cette initiative a un fort impact de communication et
d’accueil et représente également une rentrée d’argent nécessaire.
Le château a également accueilli un concours d’élégance d’attelage anciens. Guillaume Garbe
explique qu’il a choisi ce thème, car la région possède une grande culture du cheval mais pas de
l’attelage. Le concours répond à une demande existante.
Guillaume Garbe conclut en affirmant que seul il est impossible d’y arriver et qu’il serait dommage de
n’avoir personne avec qui le partager.
Madame Delecourt présente ensuite le château de Daubeuf, situé à 15km de Fécamp. Suite à un coup
de cœur, elle achète ce château, en vente depuis cinq ans avec son mari. Elle explique que le site est
soumis à de nombreuses dégradations dues au temps et à la mérule en particulier. Une écurie
magnifique était en cours d’écroulement. Mme Delecourt explique le projet de valorisation prévu
avec une salle de réception ou de mariage, un projet de potager (permaculture), des visites, des
programmes pédagogiques. L’idée des époux est de s’inscrire sur la route de touristes venus des pays
du nord de l’Europe (Pays-Bas, Allemagne…).
Mme Delecourt précise que certains bâtiments sont déjà occupés par des employés (gardiens et
jardiniers) et que l’objectif est d’en faire des gîtes, pensés comme des points de départ pour visiter la
région.
Ce projet de vie des époux Delecourt a reçu deux prix dès la première année.
Jean de Lambertye conclut ces interventions en précisant que la gestion des Monuments Historiques
sans domaine financier, ce qui est le cas pour les exemples présentés ici, nécessite de trouver de
nouveaux modèles financiers déconnectés du modèle d’origine du bâtiment. Cette situation appelle
une démarche entrepreneuriale. Ces cas montrent les monuments comme des laboratoires d’idées.
En 2008, grâce à l’acharnement des associations, le mécénat des Monuments Historiques privés a été
mis en place par les pouvoirs publics.
Question : Le mécénat peut être dangereux, car c’est un moyen de tenir les gens.
Jean de Lambertye répond que cette remarque est pertinente, mais qu’à l’époque où il avait reçu de
l’argent de mécènes, il n’y avait pas cette inquiétude.
Question : Le sauvetage d’un bâtiment passe-t-il toujours par la création d’une association ? Est-ce
l’unique moyen ?
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Guillaume Garbe répond qu’il a créé une association plutôt pour le folklore, mais que ça a apporté un
véritable lien, à la fois un lien social et une aide technique. Toutefois chaque propriétaire et chaque
propriété est un cas particulier. Le côté humain de l’association est très intéressant.
Guillain de Castelbajac ajoute qu’outre la possibilité de créer des postes, l’association permet
d’intéresser les gens.
Question : Face à ce type de projet, que disent les banques ?
Guillain de Castelbajac explique que ce type de projet plaît aux banques, car c’est un projet
entrepreneurial lié au patrimoine.
Guillaume Garbe précise que les normes de sécurité sont un fléau. Dans son cas, elles ont représenté
un surcoût imprévu que les banques ont su soutenir.
Jean de Lambertye ajoute qu’il ne faut pas avoir peur de parler de start-up dans les châteaux. Ce type
de langage et de code peut convaincre les banques.
Alain de la Bretesche reprend la parole afin de conclure la conférence. Après les remerciements
d’usage, il affirme que la vision de la modernité de Baudelaire est erronée et que la modernité est
incontestablement une partie de l’éternel et de l’immuable. Il rappelle que les associations du
patrimoine sont capables d’agir ensemble, avec leurs spécificités, et de produire des consensus. Elles
savent s’unir pour franchir des barrières.
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LE BATI ANCIEN : UN EXEMPLE POUR LA TRANSITION ENERGETIQUE
Conférence proposée par l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et Histoire et des Villes à
Secteurs Sauvegardés et Protégés
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS:
Michel Simon, 1er adjoint au maire de Cahors, représentant de la Caisse des Dépôts et Consignations
Jacky Cruchon, directeur urbanisme de Bayonne, expert pour l’ANVPAH & VSSP urbanisme et
patrimoine
Marion Juliot, Chargée de mission Urbanisme patrimonial et développement durable pour l’ANVPAH
Objet de la conférence: La position du bâti ancien avec la transition énergétique
L’Association Nationale des Villes et Pays d’art et d’histoire et des Villes à Secteurs
Sauvegardés et Protégés réunit près de 200 villes et territoires porteurs d’un label «Ville et Pays d’art
et d’histoire», d’un secteur sauvegardé, d’une ZPPAUP ou d’une AVAP, ou qui constituent un dossier
VPAH ou un dossier de secteur protégé, et qui souhaitent partager leurs interrogations et leurs
expériences sur les politiques de protection et de valorisation du patrimoine.
L’association nationale constitue, pour ces villes qui font le choix de l’excellence, une plate-forme
d’échanges et de travail.
Dans une première partie nous traiterons l'isolation et la simulation thermique, présenté par
Jacky Cruchon, dans la seconde nous parlerons du guide méthodologique de l'ANVPAH présenté par
Marion Juliot, dans la troisième nous détaillerons l'exemple de la ville de Cahors, exposé par Michel
Simon, puis nous reviendrons dans la quatrième partie sur les expérimentations énergétiques en
rapport avec le Patrimoine, et nous conclurons par une série de questions posées aux exposants.
Jacky Cruchon débute la conférence en introduisant le sujet de l'isolation, il explique que
l'eau doit migrer, s'évaporer et non rester stagnante dans les parois, c'est pour cela qu'il faut
s'interroger sur quelle qualité des matériaux il faut utiliser. En effet, en utilisant des matériaux
standards tel que la laine minérale où le polystyrène, la migration de l'eau va se retrouver bloquée. Il
faut également s'intéresser aux menuiseries et conduits de cheminées qui causent beaucoup de
déperditions de chaleurs, mais qui cependant, permet une aération du logement. De plus, si on isole
trop le logement, celui-ci aura des problèmes d'humidité à l'intérieur, c'est pour cela que plutôt que
de se focaliser sur l'isolation des bâtiments anciens, on a plutôt tendance aujourd'hui à regarder le
fonctionnement de ces bâtiments ; et de ne pas se focaliser sur la consommation d'énergie, car on est
autrement sûr d'avoir des soucis d'humidité par la suite. Il faut avoir une approche globale sur
différents thèmes : le confort intérieur, le confort d'hiver, le confort d'été. Il est nécessaire de traiter
individuellement chaque bâtiment, car chacun d'entre eux a des particularités qui ne sont pas les
mêmes. Jacky Cruchon aborde ensuite la raison de restaurer ces logements, il explique que ces
restaurations les rendent accessibles, abordables en terme de prix, mais aussi afin de concurrencer le
neuf, par des qualités qui lui sont propres (confort et isolation). Également, des désordres risquent
d'être provoqués si on a une altération des matériaux utilisés lors de la mise en œuvre, ce qui est
apparemment le cas de nombreuses restaurations aujourd'hui. La laine de bois, de mouton sont des
matériaux ressourcés, avec des performances intéressantes et qui ne contribuent pas à casser l'inertie
des murs. Ils présentent en effet une double performance, face à l'humidité et à face à la migration
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de l'eau. Dans le but d'avoir un confort thermique, il est aussi impératif de traiter les parois froides
(Dans un local chauffé, la paroi froide est une paroi dont la température est inférieure à la
température du local) ; et de surchauffer afin d'arriver à un équilibre. Dans l'exemple projeté en
diaporama, l'exposant indique que sa simulation lui permet d'obtenir pour le bâtiment une
consommation de 150kwh/m² ce qui est conforme à la réglementation. Les murs mitoyens ne sont
pas isolés, en effet pour ceux-ci, on utilise l'inertie thermique du mur afin de permettre à la chaleur
de passer d'un bâtiment à l'autre. Pour ce faire, des cloisons lourdes sont mises en œuvre, de type
brique. Jacky Cruchon indique avoir essayé différentes solutions, ce qui lui a permis de se rendre
compte par ses expérimentations que la chaudière double flux employée ne se révèle pas
intéressante, en terme de consommation d'énergie et de gain. Si les doubles fenêtres existantes sont
étanches, un simple vitrage suffit, sinon il est indiqué d'utiliser un double vitrage. C'est ce type de
détails que donne la simulation pour arriver à un bon confort thermique sans avoir recours à une
isolation massive induisant un investissement financier. Ensuite, un autre exemple est présenté, il
s'agit d'un immeuble avec un mur médiéval. Pour le rendre conforme avec peu de travaux, Jacky
Cruchon explique avoir choisi de mettre en œuvre une isolation en toiture, une chaudière, une
isolation sur les parois extérieurs, avoir employé un isolant mince sur les parois froides, et avoir mis
en place une ventilation. L'économie va très vite, c'est pour cela qu'avant de parvenir à un résultat, il
faut utiliser plusieurs variantes, et combiner les moyens d'économies énergétiques, et d'apport en
confort thermique. Avant de conclure son exposé, Jacky Cruchon revient sur le fait, que surenchérir
l'isolation n'est pas forcément une bonne solution par rapport au problème d'humidité qui en résulte,
en terme d'enjeu.
Marion Juliot prend ensuite la parole afin d'expliquer cette thématique dans un contexte plus
général. Le but de l'ANVPAH est aussi de lutter contre le réchauffement climatique, l'étalement
urbain, de se soucier de la qualité de vie des habitants, et limiter la consommation énergétique. Une
forte densité induit une faible consommation d'espace, et dans les quartiers anciens, il faut avoir une
mobilité adaptée et une accessibilité aux services. L'association a publié un premier guide
méthodologique pour adapter les quartiers anciens, aider les élus et techniciens en leurs donnant
une trame pour leur permettre d'avancer plus efficacement dans leurs travaux. Dans les villes et pays
d'arts et d'histoire, il faut décliner le caractère durable en plusieurs expériences, par exemple pour
Bayonne, l'attractivité des quartiers était mise en avant, tandis que pour La Rochelle, c'était la
question des déplacements ou des mobilités. Le dernier outil publié dans le guide introduit les
moyens financiers pouvant être mis en œuvre, pour cela, il faut répertorier l'ensemble des typologies
architecturales, répertorier les consommations énergétiques, analyser la valeur patrimoniale. Le
guide donne des premières pistes de réflexion pour comprendre comment fonctionnent les bâtiments
anciens, mais l'avantage est aussi qu'avec la simulation thermique, nous disposons de la possibilité
d'employer un outil qui peut s'adapter à toutes les spécificités locales.
Après ce second exposé, Michel Simon, 1er adjoint au maire de Cahors, prend la parole pour
aborder ce qu'il appelle l'Exemple de Cahors. Cahors est une ville de 21 000 habitants avec une
agglomération de 43 000 habitants dont le centre-ville se trouve être la troisième force commerciale
de Midi-Pyrénées, d'après le président de l'association des commerçants. Elle dispose d'un secteur
médiéval qui est sauvegardé sur une presqu'île. Par la présence de la cathédrale St-Étienne, et le fait
qu'elle figure sur le chemin du pèlerinage de St Jacques de Compostelle, la ville est classée
patrimoine de l'UNESCO. Des études de 500 000€ sont réalisées pour avoir un plan de sauvegarde et
de mise en valeur, afin de ramener le centre ancien à un bon niveau de prestations énergétiques et
environnementales. Le projet Urbain est nommé « Cœur d'agglo », car ce sont tous les habitants qui
se sont appropriés le projet, d'un petit quartier de la ville de Cahors de 30ha, qui est décliné sur la
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ville, et ensuite décliné sur le territoire. La démarche est mise en avant depuis 2008 et commence à
être reconnue, car elle bénéficie en effet depuis février 2009 de la labellisation « territoire et énergie
positive ». La démarche est un travail permanent, qui nécessite des allers-retours constants avec
l'ANVPAH pour anticiper tous les problèmes. Il faut aussi rendre la pérennité de la façade plus durable
par différentes stratégies décisionnelles et de financements, ces dernières associées à ce projet ont
été votés par le conseil régional Midi-Pyrénées le 5 juin 2015. Les travaux résultent d'une expertise
réalisée par une archéologue du bâti Anaïs Charrier, qui a pu permettre à différents investisseurs et
architectes des bâtiments de France de s'adosser sur cette étude. Aussi, à partir du 1er décembre
2015, tout le secteur sauvegardé entrera en zone partagée, c'est à dire que les piétons seront
prioritaires sur les vélos qui seront prioritaires sur les voitures, le but final étant d'avoir un centre
ancien totalement piétonnier. La restauration patrimoniale est le socle du projet Cœur d'agglo, qui
dispose de 50% de subventions par le conseil régional Midi-Pyrénées, du département du Lot, et de la
ville de Cahors, l'objectif n'est pas uniquement des restaurations lourdes, mais aussi énergétiques
comme l’a expliqué Jacky Cruchon.
Avant de conclure, Jacky Cruchon revient sur ces explications en expliquant que les études
énergétiques se font sur 8 types de bâtiments différents (mitoyens, lourds, légers, pourcentages de
vitrages différents) qui permettent d'arriver à des consommations de 150 à 160 kWh/m². Ces chiffres
montrent que le bâti ancien peut s'améliorer énergétiquement tout en respectant le patrimoine, sans
avoir besoin d'une isolation qui dénaturerait les façades.
Après cet exposé, plusieurs questions sont posées aux intervenants :
Un des auditeurs interroge Jacky Cruchon sur sa présentation des simulations thermiques. Il a
entendu dans une conférence antérieure que plus on augmente l'isolation, plus on fait des économies
par la suite, ce qui n'est pas en accord avec les propos de Jacky Cruchon.
Jacky Cruchon répond qu'en effet, plus on isole, plus le bâtiment sera isolant, mais que cependant, on
dépensera une quantité d'argent, de superficie, pour gagner quelques dixièmes de pourcentage. Le
système présenté lui ne joue pas que sur un seul facteur, chaque bâtiment est analysé de manière
individuelle pour savoir où intervenir. Il ajoute qu'il est par exemple inutile d'isoler les façades sud à
cause de l'apport solaire, mais que cependant un mur plein nord avec une faible épaisseur aura quant
à lui besoin d'être isolé. L'intervention doit se faire de manière mieux répartie et de façon plus
efficace. De cette méthode résultent une économie et un gain en superficie.
Michel Simon ajoute que la simulation permet justement de s'adapter et d'utiliser un panel de
solutions, le gain est plus relatif que les essais en laboratoire où l'apport est proportionnel à la
quantité d'isolation. Les coûts de ce type d'étude varient de 1500 à 2000€ pour un immeuble, ce qui
est un faible investissement par rapport au gain.
Un second auditeur prend ensuite la parole pour demander d'avantage d'explication sur la
simulation thermodynamique.
Jacky Cruchon lui répond que cette simulation est un système permettant d'analyser - pour toute
une année, à partir des données météorologiques de l'année précédente enregistrées par la station la
plus proche du bâtiment - et étudier comment celui-ci se comporte face à l'humidité, ou le vent. Le
logiciel analyse ensuite le bâtiment pièce par pièce en fonction de ces données, afin d'avoir un bilan
détaillé de son comportement, et d'en trouver tous les points faibles à traiter.
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FORMATION, PREVENTION ET TECHNIQUES
AU SERVICE DE LA RESTAURATION DU PATRIMOINE
Conférence proposée par le Groupement Français des Entreprises de Restauration de Monuments
Historiques
Jeudi 5 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Didier Durand, Président du G.M.H
Gilles de Laage, Vice-président du G.M.H
Dominique Tarrin, Directeur général de Qualibat
Frédéric Letoffe, Directeur d'Etablissement de Pradeau Morin MH Eiffage Construction
Jean Yves Bruchausen, membre du G.M.H
Guillaume Roze, Responsable Développement chez Lafarge
Valéry Laurent,
Gérard Weiss
Didier Durand, président du G.M.H. débute la conférence en remerciant dans un premier temps
les différents intervenants, les organisateurs et les auditeurs présents. Il entre ensuite dans le vif du
sujet en présentant le Groupement Français des Entreprises de Restauration de Monuments
Historiques qui compte aujourd'hui environ 200 entreprises adhérentes et 10 000 salariés hautement
qualifiés c'est à dire possédant un savoir-faire précis dans un domaine de la restauration des
monuments historiques, ce qui représente un nombre non négligeable d'entreprises et de postes
dédiés à la préservation du patrimoine. Enfin, il présente les principaux points abordés durant
l'exposé qui va suivre, à savoir ; dans un premier temps la formation de taille de pierre proposée par
le G.M.H et le fait que celle-ci représente un apport non négligeable dans le cadre du B.P.M.H (Brevet
Professionnel Monuments Historiques) ; dans un second temps, les bonnes pratiques concernant les
enduits et notamment les enduits de chaux ; dans un troisième temps, la conjugaison des normes
d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite aux monuments historiques et le respect des
infrastructures de ces monuments ; enfin, l'organisme QUALIBAT spécialisé dans la qualification des
entreprises. Il donne ensuite la parole à Frédéric Letoffe, chargé avec Jean Yves Brunchausen de la
formation au sein du G.M.H.
Frédéric Letoffe esquisse une brève présentation du B.P.M.H (Brevet Professionnel des
Monuments Historiques), formation d'excellence d'une durée de deux ans, spécialisée dans la taille
de pierre et existant depuis 1947. Il diffuse ensuite un film sur les apprentis en activité au lycée
Hector Guimard (19ème arrondissement) et les partenaires de cette formation. Parmi les apprentis
présentés, Sophie Bonnet qui s'est décidée à entreprendre cette formation suite à six années d'étude
en histoire de l'art dans le but de revenir à ce qu'elle évoque comme ''une idée première''. Suite à la
diffusion de ce film, Didier Durand reprend la parole et vante l'excellence et le savoir-faire de
l'enseignement dispensé. Il ajoute d'ailleurs qu'il y a peu d'élus et qu'il faut ''en vouloir''. Les élèves
doivent être motivés et déterminés. Ils sont généralement pris après un CAP Taille de Pierre, examen
de leur dossier et des essais ; la formation compte environ 14 nouveaux étudiants par an. Selon lui,
cette formation est une formation d'avenir ; aujourd'hui, une centaine d'entreprises spécialisées en
taille de pierre développent leurs partenariats et la transmission des savoir-faire nécessaires à la
préservation du patrimoine.
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Jean Yves Brunchausen enchaîne alors en exposant le souhait du G.M.H de reprendre le suivi du
B.P.M.H qui leur a échappé pendant quelques années. Le groupe désire notamment trouver de
nouveaux partenaires leur permettant d'offrir des formations à la fois traditionnelles mais sachant
évoluer. Chaque enseignant apporte son savoir-faire et son expérience dans divers domaines (dessin,
cartographie, Histoire de l'Art, taille de pierre), ils font évoluer les apprentis et les techniques.
Frédéric Letoffe ajoute qu'en plaçant les élèves dans les 4 coins du territoire, on leur permet
d'acquérir une bonne expérience du métier et des différentes techniques en vigueur dans les régions.
Il invite ensuite un ancien élève présent dans la salle à intervenir. Titouan Barazer est actuellement
employé à l'entreprise Lefevre après une première année chez Pradeau Morin. Il explique que les
méthodes sont très différentes ce qui est particulièrement formateur. Didier Durand reprend alors la
parole en expliquant que l'objectif de cette formation est loin d'être protectionniste, le seul but est
de rendre meilleurs des compagnons au service du patrimoine. Jean Yves Brunchausen estime que le
coût total d'un stagiaire est d'environ 20 000 euros non remboursés ce à quoi Didier Durand répond
qu'il s'agit d'un réel investissement mais que l'excellence a un prix. Frédéric Letoffe ajoute que
l'année nécessite un travail personnel et un investissement importants, l'année précédente, seuls 4
élèves sur 7 ont été reçus. Le président du G.M.H achève alors en soulignant que le diplôme obtenu
est un diplôme reconnu par l'Etat et que le groupe travaille actuellement à la création d'une
formation similaire en couverture.
La seconde partie de la conférence est consacrée aux bonnes pratiques des enduits sur le bâti
ancien et est introduite par Gilles de Laage, vice-président du G.M.H qui émet la constatation que
depuis une dizaine d'années, on pose de plus en plus la question des raisons des décollements
d'enduits. Guillaume Roze, responsable développement au sein du groupe Lafarge enchaîne alors sur
la présentation d'un ouvrage : Enduits à base de chaux Règles de l'art et Pathologies – Comment
éviter le pire? Un guide à destination des spécialistes du patrimoine travaillant aussi bien dans les
bureaux que sur les chantiers et permettant d'aborder diverses questions avant une opération de
restauration d'enduits d'un édifice. Cet ouvrage se décompose en cinq thèmes à savoir : un
préambule général, un chapitre sur les bonnes pratiques pour réussir les enduits avec des fiches
d'autocontrôle, un chapitre sur les désordres et les pathologies, une ''boîte à outils'' contenant huit
fiches techniques indiquant les outils et les mesures nécessaires à la bonne réalisation de l'enduit
souhaité puis un chapitre sur la technique du badigeon et enfin un glossaire détaillé. Le but de cet
ouvrage est d'offrir aux personnes travaillant dans le domaine du patrimoine des informations
détaillées sur les enduits de chaux et les bonnes pratiques à mettre en œuvre lorsqu'on les utilise
(composer un mortier d'enduit, choisir, régler et adapter les différents composants des enduits...).
Gilles de Laage expose alors que le moment de préparation d'un enduit est un moment sérieux ; il y a
vingt ans, l'enduit faisait la fierté du maçon alors qu'aujourd'hui seuls les délais comptent. Il regrette
la perte de pratiques et de savoir-faire ainsi que celle du bon sens qui font qu'aujourd'hui on observe
de plus en plus des problèmes de stockage, de mélange et de dosage. Didier Durand compare alors
un enduit de chaux avec une recette de cuisine, exprimant le souci constant nécessaire pour une telle
préparation. Guillaume Roze termine sur les enduits de chaux en présentant à nouveau très
brièvement les derniers chapitres.
La troisième partie de la conférence abordée par Dominique Tarrin porte sur le label délivré
par Qualibat, organisme français de qualification des entreprises dont il est le directeur général.
Créée en 1949, cette association à but non lucratif a pour mission de fournir aux prescripteurs et
donneurs d'ordres des informations pour leur permettre d'évaluer et de choisir au mieux leurs
partenaires de travaux. Gérard Weiss nous apprend que l'évaluation de l'entreprise est réalisée par
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une commission d'examen indépendante formée par trois collèges à savoir les mairies, les ministères
et les architectes ainsi qu'une participation de la Fédération Française du Bâtiment. Cette commission
peut ainsi choisir d'attribuer, de renouveler ou de retirer une qualification. Didier Durand précise
d'ailleurs que celle-ci est remise en cause tous les quatre ans. Dominique Tarrin reprend la parole
pour ajouter que la dite évaluation se fonde sur trois référentiels principaux : le sérieux de
l'entreprise et sa régularité, ses compétences techniques (en matière de matériel, de personnel...) et
son envergure financière. Gilles de Laage achève en encourageant les entreprises récemment créées
comme celles plus anciennes à monter un dossier dans le but d'obtenir cette qualification.
Enfin, la conférence se termine, faute de temps, sur une brève intervention de Valéry Laurent
sur l'accessibilité dans les monuments anciens. Il rappelle l'impact de la loi du 11 février 2005 (pour
l'égalité des droits et des chances pour les personnes en situation de handicap) sur l'accessibilité des
personnes à mobilité réduite aux monuments historiques et leurs abords. Depuis cette loi,
l'investissement des entreprises s'est trouvé renforcé et les équipes ont développé un véritable
savoir-faire pour permettre aux personnes à mobilité réduite d'accéder aux monuments du bâti
ancien tout en préservant ces sites généralement classés. Dans ce but, la maîtrise d'ouvrage a connu
une légère évolution, elle a notamment désormais l'obligation de déposer un Ad'AP (Agenda
d'accessibilité programmée) pour chaque intervention sur un monument historique. Valéry Laurent
conclut la conférence en distribuant un carnet d'accessibilité réalisé par la Fédération Française du
Bâtiment et le G.M.H et décrivant la réglementation et les bonnes pratiques à adopter sur différents
terrains et avec différentes infrastructures (chemins, pentes, portes, élévateurs…) pour permettre à
tous de se déplacer en répondant aux besoins fondamentaux de chacun.
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RAVALEMENT DES FAÇADES ANCIENNES
Conférence proposée par la Guilde des Métiers de la Chaux
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Charles-Henri Lisbonis, société LCG, mortier isolant minéral/végétal
Leny Soy, société Keim-France, système isolant-végétal revêtement minéral silicate
François Zenner, artiste créateur de décors peints muraux
André Rosello, modérateur (Président de la Guilde des Métiers de la Chaux)
André Rosello commence par l’ouverture de la conférence et présente Charles-Henri Lisbonis.
Ce dernier présente ces produits qui sont des enduits à base de chaux aérienne. C’est un produit
couramment utilisé à Marseille au XVIIIème siècle. Il présente ensuite les différentes pathologies qu’il
est possible de trouver dans le bâtiment :
- Décollement généralisé
- Décollement ponctuel, fissuration
- Fissuration, encrassement
Il expose les difficultés rencontrées avec ce type de produit à savoir le savoir-faire non transmis et les
matières premières disparues.
Il présente par la suite les différents produits de la gamme et énonce quelques gammes telles que :
- Pour une réfection totale CALISTON MH : sans ciment Portland, il est projetable ; il possède
un temps de prise régulé et a une faible résistance à la compression. De plus, sa coloration
peut être adaptée.
- Pour une conservation MINERAH S : dressement de parement prêt à l’emploi, chaux
aérienne. Il possède une résistance renforcée ainsi qu’un faible module d’élasticité
dynamique. Le plus de cette gamme est notamment le large choix de couleur.
Charles-Henri Lisbonis continue avec sa deuxième partie qui est la restauration de pierres naturelle. Il
explique qu’il faut commencer par analyser la pierre pour ensuite seulement savoir quel type de
restauration il faut procéder. Il clôture son intervention par l’énonciation de sa gamme MINEROS qui
permet de petite réparation ainsi que des calibrages.
Leny Soy prend donc à son tour la parole pour faire sa présentation. Il commence par un petit
historique de la peinture minérale. Elle a été inventée par Monsieur Keim en 1878. Il poursuit en nous
indiquant le plan de sa présentation et enchaîne sur sa première partie qui parlera de la peinture
minérale au silicate de potassium. Leny Soy explique donc que les liants organiques sont des
substances filmogènes qui ont un effet mécanique de collage alors que les liants organiques sont non
filmogènes et créent une combinaison chimique avec le support. Il poursuit par la présentation d’une
de ces peintures, la peinture minérale NF T30-808. Qui est une peinture à base de chaux ou de
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silicates composée au maximum de 5% de composé organique. Elle présente beaucoup d’intérêts
notamment :
- L’aspect : pas d’écaillement possible
- Une bonne résistance à l’encrassage
- Une bonne stabilité des couleurs
- Et une perméabilité à la vapeur d’eau
Il nous expose ensuite la durabilité de ses peintures minérales qui sont résistantes aux pluies acides
mais qui ont aussi une conservation illimitée aux U.V et sont peu sensibles à la pollution.
Leny Soy clôture son intervention avec l’impact sur la santé et l’environnement des peintures
minérales. Il explique qu’elles possèdent un impact limité car elles possèdent une composition
naturelle. Concernant la santé, l’application est saine et la qualité de l’air une fois la pose finie est très
bonne car les peintures ne rejettent pas de COV.
François Zenner commence à son tour sa présentation qui concernant ses réalisations de ravalement
de façades. Ils présentent en photos plusieurs de ses réalisations.
André Rosello clôture cette conférence en racontant brièvement l’histoire de la découverte de la
chaux.
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LE PATRIMOINE EST-IL REACTIONNAIRE?
Conférence proposée par l'Association des Journalistes du Patrimoine
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Alexandra Sobczak, Présidente-fondatrice d’Urgences Patrimoine
Philippe Jonathan, architecte
François Loyer, historien de l’art et de l’architecture
Geneviève de Gouverneuil, modératrice
Modérateur
Le débat est introduit par Geneviève de Gouverneuil et le caractère ''provocateur'' du titre de
la conférence ; mobilisant à la fois les termes patrimoine et réactionnaire et les débats maintenant
anciens que posent la restauration du patrimoine, entre conservation, transformation et destruction.
Le patrimoine est une notion constamment en évolution et pour autant, demeure pour beaucoup un
symbole des crispations et des mutations passées. Cette notion implique-t-elle donc réellement une
vision réactionnaire dans la sauvegarde? Ou au contraire, le patrimoine peut-il se concilier avec la
modernité?
Geneviève de Gouverneuil ouvre ensuite la discussion en interrogeant François Loyer et
Philippe Jonathan, respectivement historien de l’art et architecte, sur la vision fluctuante de la notion
de patrimoine et l'origine de cette notion, celle-ci évoque pour elle la période de la Révolution
française.
François Loyer prend la parole et explique que cette notion est en fait un peu antérieure, latente, et
déjà existante dans l'Angleterre du XVIIIème siècle. Toutefois, il reconnaît que la notion de patrimoine
demeure pour nous associée à la période de la Révolution française, une valeur ''bleue'', républicaine,
symbolisée par les actions de l'abbé Grégoire.
Cependant, il précise que les défenseurs du patrimoine de cette époque se sont rapidement scindés
en deux écoles : celle de la défense d'un art français officiel, un patrimoine ''d'Etat'' d'une part, et de
l'autre, celle prônée par des milieux sociaux variés et généralement provinciaux qui prennent peu à
peu la parole et s'ouvrent à d'autres domaines alors peu explorés et notamment à l'art médiéval. La
notion de patrimoine fluctuait alors en fonction de la politique en vigueur et de sa capacité à la servir.
On l'a vu, à la Révolution française, le patrimoine d'Etat perd peu à peu du terrain face aux
patrimoines locaux mais cette vision est évacuée sous la Restauration pour finalement réapparaître
dans les années 1830. En 1905, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat institue le patrimoine
comme valeur refuge de l'extrême droite de Maurice Barrès. Sous le maréchal Pétain, il devient un
symbole glorieux de la République. Après la Seconde Guerre Mondiale, la période de reconstruction
pose la question d'un dialogue, d'un compromis entre le passé et le présent. Doit-on (et peut-on) ou
non reconstruire à l'identique? Aujourd'hui encore, le patrimoine fait débat, selon Thomas Legrand,
un débat devenu désuet.
A la fin de cette brève présentation de l'évolution de la notion de patrimoine, Geneviève de
Gouverneuil demande à François Loyer une réaction quant à l'appréciation de Thomas Legrand. Il
répond aussitôt que cette notion représente des valeurs collectives ; que le patrimoine est un objet
du débat mais ne doit pas être un débat en lui-même. Ce à quoi elle réponde que certains lobbys
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laissent à penser que le patrimoine serait réactionnaire. François Loyer explique alors qu'en réalité
celui-ci est différent selon qu'il soit fixe, donc grand et coûteux ou déplaçable, ce qui l’entraîne donc
dans un cycle spéculatif. Il compare ensuite le monde prospère de spéculations qui est celui des
antiquaires, et celui, très différent, des architectes combattant d’autres difficultés, notamment lors de
la défense d'un patrimoine bâti important (église, hôtel de ville, palais de justice), lequel représente
aujourd'hui une gêne pour la pression foncière. En témoigne les nombreux châteaux dévalués en
vente en France aujourd'hui. Il est difficile de valoriser le patrimoine bâti sur un marché spéculatif.
Un modérateur présent parmi les intervenants demande alors si la vision d’un patrimoine
réactionnaire n’a pas évolué en fonction des différents ministres de la Culture et de leurs actions
depuis André Malraux. Ce à quoi François Loyer répond que le mécanisme de valorisation du
patrimoine a été rendu effectif notamment par le tourisme ; ce qui donnent lieu à des situations très
difficiles pour les villes qui doivent concilier intérêts divergents, pertes économiques et immense
patrimoine à gérer. A Bobigny, l’accès au patrimoine pour les classes sociales a provoqué une véritable
bataille politique ; à Calais, les élus tentent encore de gérer la méconnaissance des reconstructions
d’après-guerre à l’échelle nationale. Geneviève de Gouverneuil mentionne alors les inquiétudes des
associations face aux lois concernant la gestion du patrimoine en Europe et en France. François Loyer
prend à nouveau la parole et explique qu’actuellement la question du patrimoine en Europe est
assimilable à celle de l’école, des routes ou de la santé, c’est à dire l’apanage des structures locales. Or
jusqu’à très récemment en France, la situation était différente, avec une tendance marquée à faire
appel aux hautes instances de l’Etat. Depuis peu, l’Europe a rétabli la situation et l’a mise en
conformité avec les autres politiques nationales ce qui signifie donc que le patrimoine français va
désormais se trouver géré à l’échelle locale. La politique régionale va devoir s’investir dans le
patrimoine pour ne pas faire face aux indignations locales. Geneviève de Gouverneuil souligne donc
que le caractère réactionnaire des associations de défense du patrimoine a de beaux jours devant lui.
Philippe Jonathan prend alors la parole pour la première fois et souligne l’importance des
propos de François Loyer développant l’idée que le patrimoine peut exister de façon autonome pour
ses qualités intrinsèques. Selon lui, il est intéressant de voir comment cette notion a été utilisée par
une vision qui se définit comme révolutionnaire. Pour exemple, il cite les propagandistes de la Chine
des années 1980 qui prônaient l’abandon voire la destruction des temples de Confucius. Au même
moment, on exhumait à Xi’an l’armée enterrée de l’empereur Qin, laquelle relançait l’historiographie
du pays. On détruisait d’une part et de l’autre on travaillait avec soin à ces nouvelles découvertes. De
même, au XXème siècle, le gouvernement décidait de détruire l’ancienne capitale féodale pour
construire par-dessus la nouvelle ; la quasi-totalité des anciens quartiers sont alors détruits. Philippe
Jonathan a appris de toutes ces expériences que le patrimoine est toujours fluctuant et dépend
encore des idées, des intérêts qu’il sert. Le modérateur demande alors comment peut s’expliquer une
telle dualité, un tel écart entre la préservation et la destruction, ce à quoi François Loyer répond que
l’armée enterrée représentait une forme de concrétisation, l’image de la cruauté de l’inhumation
vivante. De plus, la découverte avait un impact international. Geneviève de Gouverneuil interpelle
alors les intervenants en demandant comment on peut considérer que le patrimoine est
réactionnaire si on a finalement réussi à sauver le quartier ancien de la capitale chinoise. Philippe
Jonathan explique qu’au départ aucun argument technique n’avait été présenté pour la sauvegarde
de ce quartier. On a invoqué plusieurs raisons et lorsque les idées massues sur la cruauté de la Chine
ancienne se sont finalement estompées, on a fait appel à des arguments techniques. On a repris des
exemples abondants de réutilisation du patrimoine. Le Fernand Braudel chinois a d’ailleurs proposé
que l’on gèle tout jusqu’à ce que les moyens financiers permettent la reprise des travaux ce qui n’a pu
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avoir lieu qu’au cours des années 1990. Il a fallu dans l’intervalle bloquer la construction d’une
autoroute qui passait dans ce quartier.
Geneviève de Gouverneuil questionne alors Philippe Jonathan : si l’on gèle les actions, n’est-ce pas
que le patrimoine est réactionnaire? C’est François Loyer qui lui répond, selon lui, il a existé deux
visions successives du patrimoine pour l’Etat. Au départ, il faisait partie de la construction de
l’histoire nationale ; on pouvait ainsi construire en style roman à côté d’un château du XVIIème siècle.
On avait une vision syncrétique de cet héritage. Puis depuis les années 1920, on observe un
éclatement de cette vision, un total mépris pour l’architecture du XIXème siècle qui naît en rejet de
l’esprit bourgeois qui la caractérise. On la compare avec celle de l’Ancien Régime. Peu après, on voit
apparaître le patrimoine industriel, le patrimoine rural et leurs vagues successives, le patrimoine
balnéaire sauvé par l’industriel, le patrimoine suburbain, puis dans les années 1990 le patrimoine
social qui vise à préserver l’habitat pour le plus grand nombre. On observe donc une concurrence des
patrimoines et des choix en fonction des décisions politiques. Philippe Jonathan ajoute alors que
l’architecture moderne redevient peu à peu un marqueur important au détriment du patrimoine
ancien. Les programmes d’aujourd’hui résultent selon lui de la bigness, théorie développée par Rem
Koolhaas sur la grande dimension voire le gigantisme des bâtiments. Celui-ci considérait que Paris
était figée dans le passé, incapable de se développer à la différence de Londres et a été entendu
puisque peu à peu la capitale s'est vue couverte de tours, sans doute également dues à la
concurrence internationale. Philippe Jonathan considère que Rem Koolhaas possède la qualité de
deviner ce que les dirigeants politiques souhaitent.
Geneviève de Gouverneuil donne ensuite la parole à Alexandra Sobczak, fondatrice et
présidente de l’association Urgences patrimoine. Cette dernière se présente comme une ménagère
de moins de cinquante ans amoureuse du patrimoine ayant décidé de monter son association après
un refus du département de l’Yonne de réaliser un inventaire du patrimoine faute de moyens. Elle
fonde Urgences patrimoine en 2014 à Auxerre et connaît très vite un réel succès. L’association,
présente sur les réseaux sociaux, compte une cinquantaine de bénévoles sur toute la France et
envisage d'étendre son action à l’Europe. A la question du modérateur qui lui demande pourquoi elle
ne s’est pas tournée vers une association déjà existante, Alexandra Sobczak explique qu’elle n’avait
pas la prétention de vouloir faire mieux que d’autres mais qu’elle souhaitait créer une association à
son image. Elle constate que l'on considère encore trop le patrimoine comme un domaine réservé à
une élite. Pour elle, il s’agit d’une union de divers profils qui combattent pour assurer un avenir à ce
qui est commun à tous. Elle estime qu’il faut quitter la virtualité pour réaliser des choses concrètes.
L’association qu’elle compare à un groupe d’urgentistes a permis de former une équipe compétente
capable d’établir des diagnostics et d’intervenir elle-même ou de faire appel à des professionnels
dans certains cas ; ses membres sont également amenés à intervenir en tant que médiateurs. Elle
prend l’exemple de l’Hôtel du Parc à Saint Honoré les Bains, condamné par les élus et la plupart des
habitants et pour lequel elle mobilise son association contre l’avis de beaucoup. Or elle estime que
l’hôtel est un édifice remarquable qui mérite que l’on se mobilise. Pour le moment, les bulldozers se
sont tus mais cet hôtel est la preuve de la nécessité que les mentalités évoluent et que tout le monde
travaille main dans la main.
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L'ACTION DES VILLES A L'INTERNATIONAL POUR LA PRESERVATION DU PATRIMOINE
Conférence proposée par l’Association Nationale des Villes et Pays d’Art et Histoire et des Villes à
Secteurs Sauvegardés et Protégés
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Marylise Ortiz, Directrice de l'ANVPAH & VSSP
Maurille Berou, chargée de mission auprès du délégué pour l'action extérieure des collectivités
territoriales, DAECT, ministère des affaires étrangères et du développement à l'international.
Albana Drenogglava, Directorat Régional la culture nationale Durres, secteur Elbasan, Ministère de la
Culture albanaise
Jadranska Stefkova, conseillère de la mairie de Vélès
Marylise Ortiz débute la conférence sur la présentation de L'Association Nationale Villes et
Pays d'Art et d'Histoire et son action à l'international, elle cite les pays partenaires qui sont en grande
partie en Europe, mais aussi en Inde, et au Mali. Elle montre différents projets de réhabilitation pour
ces derniers.
Elle explique, ensuite, le rôle de l'association qui passe à la fois par le diagnostic, la rencontre avec la
population et la création de réseaux de villes historiques pour qu'elles échangent sur comment
intervenir sur les chantiers. Le but de l'association est de montrer que le patrimoine historique est en
mouvement, qu'il n'est pas figé.
Marylise Ortiz passe la parole à Jadranska Stefkova, qui présente l'action menée en
Macédoine, plus particulièrement dans la ville de Vélès, en partenariat avec l'association ANVPAH qui
travaillent ensemble depuis 15 ans.
Leur action commune est avant tout de sensibiliser des citoyens sur la valeur et l'importance
de préserver le patrimoine urbain. Pour se faire, elle se divise en plusieurs étapes : affirmation,
animation, et réalisation de projet, analyse de la législation et établissement de collaboration.
Jadranska Stefkova illustre ses propos avec un exemple d'architecture typique.
La maison Kasapovi, une maison flottante sans fondation sur rocher, un édifice important
pour l'architecture et l'histoire du pays et du monde.
Elle explique que plusieurs problèmes se posent, au niveau de l'Unesco, d'abord, car peu de
spécialistes dans la conservation du patrimoine sont mis à disposition et, ensuite, au niveau local, où
il manque des institutions spécialisées et sensibilisées par ce sujet.
Cette carence de dispositions entraîne l'effondrement des maisons et par découlement la disparition
progressive des bazars.
Pour pallier à ce problème, elle met en avant l'importance de collaborer avec des
organisations non gouvernementales avec cinq villes et des aides de l'association.
Ensemble, ils mettent au point une stratégie pour traiter le manque au niveau local, et décentralisent
les activités spécifiques en faisant travailler les étudiants en architecture sur les projets de
restauration et les enfants sur la réalisation de maquette.
Elle illustre simultanément ces propos avec la photo de la maquette du château de Cherbourg (ville
jumelée).
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Pour finir elle explique, que le développement de la protection du patrimoine passe aussi
dans la formation et la sensibilisation des jeunes architectes.
Marylise Ortiz ajoute que dans ce genre de projet la durée est essentielle, qu'il faut diversifier
les projets, et viser sur du long terme, elle passe ensuite la parole à Albana Drenogglava.
Elle se présente brièvement et expose le cas de la plus grande citadelle d'Albanie, Elbason,
qui compte 145 000 habitants.
Sa collaboration avec l'association débute il y a 2 ans afin de préserver la citadelle.
Les acteurs principaux sont le ministère de la culture, les étudiants de faculté, la mairie et des
stagiaires.
Elle présente ensuite, à l'aide de photos et de plans, l'évolution de la ville qui est passée par l'Empire
romain, byzantin, oman jusqu'à son état actuel.
Elle expose les intérêts de préserver ce patrimoine qui sont d'ordre culturel, historique, urbain et
architectonique.
Les étudiants les plus spécialisés se sont vu attribués des fiches signalétiques à remplir et faire
l'analyse de la situation de la citadelle.
Différents ateliers ont été mis en place, le 1er étant destiné aux experts afin qu'ils donnent leur avis
et partagent leurs expériences. Le deuxième était organisé afin d'apprendre et de sensibiliser les
enfants en jouant avec les livrets de jeux, rendre attractif le sujet pour les intéresser.
Le 3ème, était composé de visites, de travail sur carte afin de relever toutes les pathologies, les
éléments gênants et repérer les développements qui se sont fait autour de la citadelle et qui la
dénature.
Elle explique que la méthodologie adoptée pour protéger cette citadelle passe par prise de photos,
interviews, analyse des ilots, classification et identification.
Marylise Ortiz insiste sur la notion de protection paysagère, avec la volonté de protéger les
abords, un problème rencontré avec la citadelle de Vélès.
Maurille Berou prend la parole en présentant son rôle au sein du ministère des affaires
étrangères. Son action se divise en trois axes : - coopération à l’étranger, promouvoir l'expertise de la
France à travers le monde – lutter contre le trafic de patrimoine – mettre en place des outils de
développement économique et sociales.
Crée il y a 30 ans, ce service sert à appuyer les collectivités dans leurs actions, apporter un soutien
juridique en mettant en place un atlas, une base de données pour qu'elles puissent s'y référer.
Elle explique enfin, que la mise en place d'appel à projet permet de débloquer des subventions pour
les collectivités territoriales.
Florian Ravé conclut rapidement, en présentant deux outils, « goût de France » qui permet
de valoriser la gastronomie à la française et un outil de gestion des modèles d'attractivité, un atout
pour le développement touristique.
Chaque participant nous remercie pour notre attention.
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QUEL AVENIR POUR LES GRANDES RESIDENCES DE MEUDON : ENTRE PATRIMOINE ET TRANSITION
ENERGETIQUE
Conférence proposée par les Conseils d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement d’Ile-deFrance
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS:
Elisabeth Rogat Lefebvre, directrice du CAUE des Yvelines
Julie Corteville, conservatrice en chef du patrimoine du Musée de la Photo du Conseil Général de
l'Essonne
Philippe Ayrault, photographe
Denis Eliet, architecte
Hélène Bouisson, architecte-conseiller au CAUE78
Lors de cette conférence, les différents intervenants ont montré comment il était possible de faire
évoluer favorablement des constructions anciennes à partir de l'exemple des résidences de Meudon
tout en respectant le patrimoine existant.
Elisabeth Rogat Lefebvre débute la conférence et nous explique qu'elle est la directrice du CAUE des
Yvelines qui existe depuis 35 ans. Elle nous présente les missions du CAUE (Conseil d'Architecture de
l'Urbanisme et de l'Environnement): conseiller les particuliers et les collectivités lors d'un projet
immobilier.
Il fournit aux particuliers qui désirent construire ou rénover, des conseils propres à assurer la qualité
architecturale de leur projet et une bonne insertion dans le paysage.
Il accompagne également les communes dans toutes leurs démarches touchant à l’aménagement du
territoire et au cadre de vie. Les architectes, urbanistes et paysagistes assistent, proposent,
conseillent, en s’efforçant de donner aux responsables, élus, techniciens et concepteurs, les moyens
d’effectuer des choix.
Elle cède ensuite la parole à Julie Corteville et Philippe Ayrault.
Julie Corteville et Philippe Ayrault commencent par se présenter. Mme Corteville est conservatrice en
chef du patrimoine du Musée de la Photo du Conseil Général de l'Essonne et M. Ayrault est
photographe.
Tous deux nous font découvrir le quartier de Meudon Lac. Ils le font sous la forme d'un diaporama
explicatif pendant lequel chacun à tour de rôle de manière très vivante nous fait avancer dans ce
quartier,
Virtuellement, on marche et on découvre avec eux ce quartier. Ils nous montrent que Meudon lac est
à contrario des idées reçues un lieu où il fait bon vivre avec une luminosité exceptionnelle entre ces
barres d'immeubles, situation voulue par l'architecte Fernand Pouillon. Celui-ci a construit ce quartier
différemment de ceux élaborés à la même époque dans les années 60.
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Pouillon dessine un programme de 6000 logements, inspiré des jardins de Versailles. Il voyait ce
projet comme «le seul grand ensemble où la vie soit encore gaie, où les humbles sont traités en
rois…»
Il est ainsi connu pour la qualité de son approche urbaine et de ses espaces extérieurs, de son
architecture et de ses techniques de construction performantes.
Julie Corteville conclut que la conception de cette architecture est idéale pour la marche et ainsi
découvrir facilement un quartier.
Elisabeth Rogat Lefebvre reprend la parole en nous expliquant qu'il est nécessaire d'avoir les
connaissances adaptées à chaque type de construction pour mener au mieux les différents projets
proposés. Elle nous fait aussi nous interroger sur le fait qu'aujourd'hui nous sommes confrontés à la
réhabilitation de manière importante des bâtiments issus des années 60 en matière énergétique et
écologique.
Denis Eliet nous propose ensuite justement d'aborder le domaine de la réhabilitation. Il est architecte
et a en charge le projet de transformation de la Faisanderie à Fontainebleau
Il nous fait un bref retour historique sur cet immeuble: Implantées en bordure de la forêt domaniale
de Fontainebleau, les barres de la Faisanderie ont été construites en 1951-52 par les architectes
Marcel Lods et Maurice Cammas pour loger les familles d'officiers et sous-officiers de l'OTAN. Elles
sont constituées de 4 immeubles, longs de 130 m et de 7 étages sur pilotis, et entourées de vastes
espaces boisés.
Les bâtiments ont été entièrement préfabriqués par le procédé Camus, témoin du patrimoine
architectural et technique de la France de l'après-guerre.
Les enjeux du projet de rénovation ont donc été de maintenir l'identité architecturale et paysagère du
lieu, et de l'inscrire durablement dans l'agglomération de Fontainebleau.
Le constat qu'il a fait avant le début des travaux était le suivant: épaisseur faible des murs, problèmes
de coupe-feu, acoustique à améliorer...
Tout d'abord, pour établir la faisabilité du projet, il nous détaille les tests qui ont dû être réalisés
comme des carottages pour connaître la qualité des matériaux, les mises en charge des planchers, le
comportement des dalles en situation de feu ou des tests pour mesurer le bruit au niveau du sol.
Après toutes ces études préalables Il fallait donc reconstruire à l'identique en améliorant les qualités
techniques et énergétiques du bâtiment.
Au rez-de-chaussée, au niveau des pilotis, le choix de mettre des baies par exemple a été choisi afin
de donner une nouvelle fonction à cet espace. De même d'autres espaces ont été divisés pour
proposer des possibilités différents d'habitation: les appartements de type F4 ont été partagés en
logements F1, idéals pour des étudiants.
M. Eliet finit sa présentation en précisant que la réhabilitation de ce bâtiment, d'un point de vue
extérieur lui donne un aspect de neuf pour mieux se fondre dans l'environnement existant
Mme Rogat Lefebvre demande alors à Mme Hélène Bouisson de commencer son intervention.
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Mme Hélène Bouisson est architecte au CAUE Yvelines. Elle nous explique que ces axes d'études sont
actuellement le diagnostic patrimoine et paysagère ainsi que les questions de la rénovation urbaine
au niveau de la cité du patrimoine et du quartier Meudon Bellevue.
Pour remettre à niveau cet environnement urbain, elle nous dit qu'il est nécessaire d'avoir des
connaissances en anthropologie.
En effet, pour elle, où qu’ils aillent et quoi qu’ils fassent, les hommes tracent des lignes: marcher,
écrire, dessiner ou tisser sont des activités où les lignes sont omniprésentes.
Elle nous explique que selon l’anthropologue anglais Tim Ingold, elles se divisent en deux genres: les
traces et les fils qui peuvent fusionner ou se transformer en surfaces et en motifs. Selon lui, l’Occident
a progressivement changé le cours de la ligne, celle-ci perdant peu à peu le lien qui l’unissait au geste
et à sa trace pour tendre finalement vers l’idéal de la modernité: la ligne droite.
Ainsi pour éviter cette ligne unique, Hélène Bouisson, comme architecte, se dit très sensible au
thème de la relation : entre structures, entre connaissance et projet, et entre patrimoine et contexte.
Sur le terrain, elle observe plus particulièrement les qualités urbaines existantes en portant son
attention sur les relations entre territoire, structure urbaine, espace public et privé et spécificité des
ensembles bâtis.
Ainsi dans le quartier de Meudon Bellevue, elle a tout d'abord cherché à connaître le passé
architectural du lieu, élément pour elle déterminant avant d'avoir pu proposer un projet de
rénovation adapté tout en prenant malgré tout en compte les choix énergétiques désormais
possibles.
Après cette dernière présentation, Mme Rogat Lefebvre conclut cette conférence sur le fait qu'il est
absolument nécessaire d'avoir des connaissances adaptées à l'architecture des années 60: patrimoine
important du 20ième siècle. Il faut intégrer aujourd'hui que les grands ensembles peuvent aussi faire
partie du patrimoine architectural. Il est nécessaire selon elle de changer les idées pré conçues sur ces
grands ensembles.
Julie Corteville ajoute que grâce aux études préalables bien menées, cela permet de présenter des
choix adaptés de réhabilitation de ces bâtiments. Elle rejoint Mme Rogat Lefebvre sur l'idée qu'il faut
faire accepter aux gens ces possibilités.
Elle cite en exemple l'architecture du Havre qui a longtemps été rejetée et qui aujourd'hui a été
intégrée au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Il faut pour elle, absolument introduire l'histoire dans l'architecture pour mieux faire intégrer auprès
de nos contemporains la nécessité de conserver et de rénover en respectant la volonté première des
concepteurs.
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LA RESTAURATION DES PIERRES AU MOYEN DES MORTIERS DE RAGREAGE : DU CHOIX DES
SOLUTIONS ADOPTEES ET COMPATIBLES A LA PERENNITE DES REPARATIONS
Conférence proposée par ECP
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
José Soares, Directeur d’ECP
Luc Ellerman, Directeur technique d’ECP
Denis Sommain, manager développement produit (entreprise Vicat)
Jean-Didier Mertz, ingénieur recherche au laboratoire des monuments historiques
José Soares présente dans un premier temps le ragréage à l’aide de mortier de restauration, il
demande de façon rhétorique au public combien de temps un ragréage va-t-il tenir ?
Il indique qu’il doit tenir un minimum de 10 ans. Etant donné que les travaux sont effectués sur le
gros œuvre, ils sont soumis à une garantie décennale.
Il dit que la bonne mise en œuvre est très importante car différentes perturbations peuvent se
produire en cas de mauvaise application, un vieillissement prématuré des façades, une altération du
monument ou une variation de teintes dû à la pollution entre les zones ragréées et les zones
d’origines.
Il explique alors pourquoi certains ragréages vieillissent mal, la cause principale est la
méconnaissance technique, que ce soit un manque de compétence de l’entrepreneur, de l’applicateur
ou de la maîtrise d’œuvre.
Il présente ensuite les différents problèmes de compatibilité qui peuvent être responsables d’un
mauvais vieillissement, ce sont des propriétés mesurables préalablement aux travaux, porosité
(pierre gélive ou non) et capillarité de la surface, dilatation thermique et hydrique des matériaux, la
résistance à la compression et à la traction du ragréage vis-à-vis des matériaux d’origine, la capacité
d’adhésion du produit mis en œuvre.
Il précise de la porosité découle la capacité d’une pierre à être gélive ou non, auquel cas il peut être
nécessaire d’appliquer un traitement adapté afin de prévenir de toutes altérations précoces du
support ou de la réparation.
Dans un second temps, José Soares présente les restaurations à l’aide de pierre de substitution, il
prend pour exemple la basilique de Saint-Denis, site sur lequel 9 natures de pierre ont été analysées
pour lesquels il fallait trouver un protocole de restauration individuel.
Il explique que sur le site ont été essayés différents mortiers et différentes pierres de substitution,
afin d’avoir les caractéristiques les plus similaires possibles, en porosité, en dilatation et en capillarité.
Il indique que l’ensemble de ses tests de caractéristique ont été réalisés par Jean-Didier Mertz,
directeur de recherche du chantier, qui est également ingénieur recherche au laboratoire des
monuments historiques.
Il dit que M. Mertz était présent sur le site afin de dispenser des formations à l’application des
produits de restauration, que ce soit pierre ou mortier.
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Il conclut la conférence en précisant les caractéristiques permettant de savoir si une restauration est
réussite, par rapport à sa longévité, à son esthétique et sa réversibilité.
Pour cela il faut :
- un produit compatible
- une mise en œuvre maîtrisée
- un respect de l’appareillage.
- Une purge propre et à l’équerre afin d’avoir suffisamment de charge pour que la réparation
soit pérenne
- Une humidification du support.
- Un ancrage, clou inox ou goujon en fibre de verre
- Une gobetis
- Faire les finitions de coupe lorsque le mortier est sec.
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BETONS DE CHANVRE ET CIMENTS NATURELS
Conférence proposée par Vicat
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
José Soares, Directeur d’ECP
Luc Ellerman, Directeur technique d’ECP
Denis Sommain, manager développement produit (entreprise VICAT)
Denis Sommain présente le ciment naturel inventé en 1850 par Louis Vicat.
Il indique qu’à ce jour la société Vicat cherche à apporter des réponses aux problèmes de bioisolation.
Denis Sommain décrit les difficultés de la restauration de monument dû à différentes
caractéristiques ; la présence de remontées capillaires, la nature très variable des matériaux, les
différents types de supports, qui peuvent être des maçonneries faibles, ou à faible modules
d’élasticité, la planéité imparfaite des matériaux, chaque chantier de restauration a ses spécificités.
Denis Sommain présente ainsi la réponse bio-sourcé de Vicat à cette problématique avec l’utilisation
d’enduit et de béton de chanvre.
Il cite alors les différentes caractéristiques de ces produits à base de chanvre ;
La perméabilité à la vapeur d’eau et le faible module d’élasticité correspondent aux exigences des
supports anciens. Puis il détaille tous les avantages des bétons et enduit de chanvre :
- La simplicité de mise en œuvre
- Une monocouche pour les murs, le sol et la toiture
- Des matériaux durables pour contribuer au développement soutenable
- Enveloppe du bien être pour les occupants du bâtiment
Il présente également les avantages du chanvre :
- Lutte contre le changement climatique, 1T de paille absorbe 1T700 de CO2 lors de la pousse.
- Il n’y a aucune concurrence avec les plantations alimentaires
- C’est un matériau renouvelable
Denis Sommain indique que le granulat de chanvre est un très bon isolant thermique avec un
coefficient thermique de 0,048W.m-1.k-1 et facile à mettre en place avec une densité de 100 à
110kg/m3
Il présente ensuite le label « C en C » (construire en chanvre) qui garantit la qualité et les
performances du chanvre à utiliser pour les ouvrages en béton de chanvre.
Après avoir présenté les enduits et béton de chanvre, Denis Sommain décrit l’utilisation du ciment
naturel prompt, c’est un liant hydraulique sans ajout minéral ou organique, il a la même composition
minéralogique que la chaux, et il s’utilise avec les mêmes outils de maçon que le ciment classique.
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Il précise que Vicat a effectué de gros travaux de recherche et développement afin que le béton de
chanvre puisse satisfaire les exigences de la RT 2012.
Il a un faible impact environnemental, la mise en place de 1m2 de béton de chanvre contribue à
l’absorption de 35kg de CO2 (fabrication comprise)
Il a de bonnes performances thermiques avec un lambda intéressant.
C’est un matériau stable :
- il a une bonne tenue au feu (classe B)
- une bonne perméabilité
- il est autoporteur (mais non porteur)
Il conclut en citant l’excellence des produits biosourcés :
- Bonne absorption acoustique
- Bonne qualité de l’air, les produits ne dégagent pas de COV (Composant Organique Volatil)
- Bonne capacité à réguler l’humidité
- Multiples possibilités de mise en œuvre, projeté, banché, bloc préfabriqué
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POITIERS 3D EVOLUTION : LE PATRIMOINE A LA PORTEE DE TOUS
Conférence proposée par la Ville de Poitiers
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Différents intervenants se sont relayés lors de la présentation de cette conférence : étaient présents :
Jean Marie Compte, adjoint au maire délégué au patrimoine historique et à l'archéologie de la ville
de Poitiers
Thierry Bonin, Conservateur du patrimoine responsable du SRA*, DRAC* Poitou-Charentes
Frédéric Gerber, archéologue à l’INRAP*
Christophe Belliard, archéologue de la ville de Poitiers
Gaël Hamon, directeur de la société AGP
Un coordinateur du Salon du Patrimoine animait les discutions et la conférence.
Michel Berthier (adjoint au maire de la ville de Poitiers, délégué à la culture) était absent lors de cette
conférence.
Objet de la conférence :
Cette conférence avait pour enjeu la présentation du projet POITIERS 3D ÉVOLUTION. Cette
animation informatique, sous forme d’application téléchargeable, est mise à disposition du grand
public par la ville de Poitiers pour découvrir le patrimoine archéologique et historique des lieux. Il a
donc été traité, lors de cette conférence, de la méthode scientifique appliquée pour la création de
cette application, du processus de conception, des moyens mis en œuvre, de la représentation des
chantiers de fouilles… par les différents acteurs présents dans la réalisation du projet.
I/ Données archéologiques et sources historiques : matières premières du projet
Le modérateur, après avoir présenté les différents intervenants, donne en premier lieu la
parole à Frédéric Gerber, archéologue à l’INRAP de Poitiers, afin d’exposer les découvertes
archéologiques réalisées qui sont à la base de ce projet. Celui-ci prend donc la parole et commence à
expliquer que les fouilles touchaient le quartier central de la ville de Poitiers et que ce chantier
dépendait d’un programme de fouilles de grande ampleur. L’archéologue a à sa disposition un
projecteur, grâce auquel il projette des photos et plans de fouilles afin d’illustrer ses explications. Ces
fouilles ont permis la mise au jour de deux importantes structures ; dans un premier temps, une
fontaine antique faisant partie d’une domus* gallo-romaine ; dans un second temps, le jardin de la
domus ainsi qu’une partie de la rue bordant cette demeure. La fouille de cette rue permit de suivre
l’évolution de la trame urbaine, du Ier siècle jusqu'à aujourd’hui, ce qui est un point important pour la
modélisation des quartiers. Frédéric Gerber continue son intervention et précise que pour la période
antique, entre le Ier et le IIIème siècle, la rue se présentait sous forme d’une voie bordée de
portiques ouverts. Pour ce qui est de la fin du IIIème siècle et du début du IVème siècle, période de
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l’antiquité tardive, la ville se dote d’une enceinte défensive réalisée avec des éléments de
récupération. Frédéric Gerber présente ensuite différents dessins hypothétiques nous permettant
d’avoir une vision plus claire et plus précise de l’apparence de cet édifice. La période médiévale, elle,
est marquée par la construction d’une nouvelle enceinte. Frédéric Gerber fait la remarque que les
données historiques et archéologies sur cette enceinte médiévale de la fin du XIIème siècle et du
XIIIème siècle étaient rares et lacunaires. La fouille a donc permis l’accumulation de nouvelles
informations sur ce sujet. Le modérateur synthétise l’intervention de Frédéric Gerber et donne
ensuite la parole à Christophe Belliard afin qu’il présente à son tour l’enregistrement des données
historiques.
Christophe Belliard explique donc au public que malgré la relative bonne connaissance de
l’historique du quartier, il ne restait que très peu de sources textuelles présentant les élévations et
l’aspect du bâti. Ce qui pose problème pour la réalisation d’un projet ayant l’intention de présenter
virtuellement l’aspect physique du bâti au cours de l’histoire. Les fouilles furent donc l’occasion
d’offrir une vision planimétrique des structures. Christophe Belliard qualifie de ressource essentielle,
l’archéologie pour ce genre de projet. Les données archéologiques furent croisées avec les sources
historiques : archives de plans, de dessins anciens de traces textuelles… Christophe Belliard présente
le travail de recherche effectué sur un édifice précis dans le but d’illustrer la méthodologie qui a été
appliquée pour réaliser Poitiers 3D Evolution. Il présente l’exemple de l’ancien collège jésuite du
quartier du Puygarreau sur lequel, explique Christophe Bellirad, les recherches historiques croisées
avec les données archéologiques ont permis de faire une reconstitution poussée de ce bâtiment. En
effet, en croisant les informations obtenues grâce à la fouille de la chapelle du Puygarreau, qui était la
chapelle familiale des fondateurs du collège médiéval, et tout un ensemble de données historiques
les chercheurs ont pu offrir une vision graphique du bâtiment au fil des siècles. En 1887 ce collège fut
racheté par les jésuites. Ce vaste ensemble, ayant disparu après la construction de l’hôtel de ville, a
été reconstitué après le travail de recherche. Les concepteurs, indique Christophe Belliard, ont besoin
de plans pour reconstituer les bâtiments tels qu’ils étaient. Les archives de la ville et ou
départementales sont une source extraordinaire dans une telle recherche. Plusieurs propositions de
reconstitutions iconographiques de la chapelle en élévation furent proposées. Tout en argumentant,
l’archéologue continue à faire défiler des images anciennes tirées de parchemins, des plans du
cadastre napoléonien d’avant et après la disparition du bâtiment. Ces recherches sont indispensables
relance Christophe Belliard et explique qu’avec un plan très détaillé, il est possible de voir parfois les
différents états de construction ainsi que la disposition des pièces, données utiles pour la réalisation
de reconstitution graphique. Il expose plusieurs essais de reconstitutions différentes qui ont été
réalisées par l’entreprise AGP afin de coller le plus à la réalité. Christophe Belliard présente quelques
un exemples de reconstitution 3D modelés à partir de plans et photographies anciennes. Il termine
par conclure son exposé en réaffirmant que tout travail de reconstitution, tel que celui-ci, doit
s’appuyer sur une recherche scientifique crédible bâtie sur un ensemble de données multiples
provenant tout aussi bien de l’archéologie (découverte de bâtiments, relevés topographiques…) que
de l’histoire (cadastre, description textuelle, photographies…). Pour en finir il explique qu’après ce
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travail de recherche long et fastidieux, c’est au tour de l’entreprise AGP de reprendre l’ensemble de
ces informations afin de mettre en image ces édifices.
Le modérateur remercie Christophe Belliard pour son intervention et sans transition offre à
Gaël Hamon, directeur d’AGP, de pouvoir s’exprimer sur cette problématique du processus de
fabrication et de création de cette application au service du grand public.
II/ Le travail de reconstitution par AGP
Gaël Hamon remercie une fois encore Christophe Belliard et Frédéric Gerber pour leur
présentation qu’il a trouvé très complète. Il débute alors par qualifier de fondamentale la recherche
de données effectuée en amont du travail de reconstitution. Souvent explique-t-il, il m’est demandé
de créer une animation à partir d’infimes informations utiles. Ici, précise Gaël Hamon, au début du
« chantier » la matière première était présente en quantité, le travail d’équipe fut excellent entre les
différents acteurs du projet. Parfois un trop grand nombre d’éléments à traiter peut être
problématique sans une bonne une coordination des équipes de recherche et du développeur. Ce
travail en commun permet de garder ou bien d’écarter plus facilement des hypothèses de
reconstitution puisque les compétences sont mises en commun. Plusieurs étapes sont nécessaires à
la réalisation d’un tel projet, précise Gaël Hamon avant de débuter à les citer les unes après les
autres. Tout d’abord la première étape consiste à travailler sur la topographie et donc le terrain sur
lequel s’établissent les édifices. En effet, la topographie évolue au cours des siècles et elle revêt une
réelle importance dans la place qu’occupaient les édifices et leur forme. C’est sur ce terrain
reconstitué que vont alors travailler par la suite les personnes en charge de modeler les
constructions. Gaël Hamon présente une image graphique du terrain du centre-ville de Poitiers à nu
et une seconde image du même terrain cette fois ci occupé par différents édifices du quartier. La
seconde étape consiste à faire une maquette sommaire avec des plans et des élévations grossières
des bâtiments. La difficulté dans cette phase et de pouvoir donner une représentation hypothétique
des bâtiments en élévation qui soit le plus crédible possible. Le chef d’entreprise explique que pour
un bon nombre d’édifices seul les plans étaient à disposition, la représentation en volume n’était pas
forcement connue. L’élévation de peu d’édifices était connue grâce aux descriptions textuelles ou
représentations graphiques (peinture, dessins…). Ici l’existence de photographies anciennes permit de
réaliser des reconstitutions exemplaires. La troisième étape est donc l’intégration des données
archéologiques et historiques dans la modélisation des bâtiments. Gaël Hamon présente alors la
méthodologie appliquée afin de répondre à cette demande. Tout d’abord, il faut redescendre au
niveau d’origine des constructions et de la topographie du terrain vierge. Il est primordial de visualiser
les implantations anciennes par rapport aux bâtiments actuels. Tout en expliquant, cela il expose des
plans superposant le tracé des édifices anciens et de ceux présents aujourd’hui en place. C’est alors
que vient la phase de modélisation fine du bâti où la représentation en élévation se doit d’être encore
une fois la plus cohérente possible. La forme mais aussi et surtout la texture des bâtiments sont des
éléments très importants. Il faut en effet habiller le décor par de la végétation et d’autres animations
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pour leur donner un aspect vivant. Les développeurs du projet (AGP, ville de Poitiers, DRAC, INRAP)
en accord avec toutes les équipes ont décidé de ne pas faire apparaitre de personnages humains sur
l’application. Ce choix, de ne pas représenter de personnages humains, s’explique par le coût élevé et
le temps que demande ce projet. Toutes les questions qui se posent pour la réalisation du bâti
s’appliqueraient également sur les personnages. Le responsable d’AGP explique, qu’en accord avec les
commanditaires du projet, il était préféré la qualité à la quantité d’éléments modélisés. Parfois des
erreurs sont faites lors de cette conception graphique, telles que deux cheminées trop rapprochées…
c’est alors que les conseils des archéologues ou d’historiens sont précieux. La finalisation est très
longue car les détails à respecter sont nombreux. Mais pour Gaël Hamon, ce sont ces détails qui
donnent vraiment de l’importance dans la sensibilité et la sensation de lecture de l’image. L’image a
une symbolique très forte, il faut donc offrir une vision la plus justifiée possible. Gaël Hamon conclut
en expliquant que l’image en elle-même ne suffit pas, il faut des éléments d’explication comme des
commentaires qui viennent la compléter pour la rendre encore plus lisible et compréhensible. Gaël
Hamon remercie le public pour son écoute et redonne la parole au modérateur. Le modérateur se
tourne vers Thierry Bonnin, conservateur du patrimoine responsable du SRA et DRAC PoitouCharentes, afin de lui permettre de s’exprimer sur ce que ce projet et de préciser le rôle de l’état dans
son développement.
III/ Le rôle de l’état dans ce grand projet
Thierry Bonnin, commence par dire que l’archéologie préventive est souvent ressentie
comme quelque chose de contraignant parfois comme un obstacle à la construction dans les centres
villes. Ici, affirme-t-il, c’est tout l’inverse cette mission archéologique a été choisie et consentie. La
Mairie a fait le pari que ces fouilles archéologiques étaient une chance pour la ville et qu’elles
faisaient partie du projet d’aménagement urbain. Cette démarche rare, demande en contrepartie un
travail à fournir pour la mairie et envers les Poitevins. Il fallait donc travailler à la restitution et à la
mise en valeur des résultats dans un but de vulgarisation des découvertes. Le mot vulgarisation étant
donné dans son sens noble du terme. Thierry Bonnin conclut en s’adressant au public, il espère que
celui-ci a pris du plaisir à suivre cette conférence autant que les intervenants en ont pris.
Le modérateur reprend la parole et présente alors Jean-Marie Compte, adjoint au maire et délégué à
l’archéologie et du patrimoine historique de la ville de Poitiers. Jean-Marie Compte remercie avant
tout les intervenants de leur présence et la qualité de leur intervention. Il s’adresse alors au public et
explique le projet de la ville de Poitiers qui se nomme Cœur d’Agglo, projet de rénovation urbaine
lancé en 2009. Au départ de ce projet, la question de l’archéologie n’avait pas autant d’importance.
Ce fut après les premières grandes découvertes d’envergures, au niveau du jardin du Puygarreau, qu’il
y eu une réelle prise de conscience des richesses que représentait ce patrimoine enfoui. La ville de
Poitiers a alors mesuré combien il y avait d’intérêt à valoriser ces découvertes. Jean-Marie Compte
relate que les chantiers de fouille étaient réalisés à la vue de tous les passants grâce à la collaboration
de l’INRAP qui a accepté de faire visiter les fouilles pour offrir au public une meilleure compréhension
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de ces travaux. Il y a eu une demande des Poitevins d’avoir accès à la découverte de leur patrimoine.
Ces travaux n’avaient pas fonction à d’empêcher de modifier ou de bousculer le projet de
réhabilitation urbain du centre-ville. Ce fut, explique Jean-Marie Compte, un projet de médiation et
de mise en valeur du patrimoine lors des journées de l’archéologie ou du patrimoine. Jean-Marie
Compte s’exprime et explique qu’en tant qu’élu, il a la responsabilité d’améliorer et de faire maintenir
la connaissance du patrimoine et de l’histoire de la ville de Poitiers et de ses monuments. Il conclut
en réaffirmant que le numérique est un formidable moyen de garder une trace, une image de ce
qu’était la réalité historique d’une époque donnée et que bien qu’elle soit virtuelle, on garde une
émotion et une sensibilité forte en l’admirant. Il salue le public et les intervenants et laisse alors la
parole au modérateur.
Le modérateur à son tour remercie le public pour son attention et les différents intervenants. Il
conclut alors, en s’adressant à l’assemblée, qu’avec cette intervention, on comprend mieux ce que la
technologie peut apporter à la connaissance du patrimoine ancien.
*INRAP : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives
*AGP : Art Graphique et Patrimoine
*SRA : Service Régional d’Archéologie
*DRAC : Direction Régionale des Affaires Culturelles
* domus : habitation urbaine de l’antiquité romaine et gallo-romaine
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LES BRIQUES DE VERRE FALCONNIER
Conférence proposée par Saverbat
Vendredi 6 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Jean-François Cabestan, architecte historien
Aline Jeandrevin, étudiante à l’université de Lausanne
Pierre Roquette, Saverbat, pour la partie fabrication verrière et mise en oeuvre
Anne Brugirard
La conférence commence par une présentation de Jean-François Canbestan des différents invités.
Aline Jeandrevin prend la parole et commence son intervention par une présentation historique de
Gustave Falconnier. Falconnier est donc l’inventeur de la brique de verre. Ce Suisse diplômé de l’Ecole
des beaux-arts à Paris, a commencé sa carrière en tant qu’architecte. Néanmoins, il construit peu
étant très investi dans la vie politique et publique de sa ville. Il devient par la suite, l’inventeur que
l’on connaît de nos jours. Toutes ses inventions sont liées au verre. Il commença par la fabrication de
biberon en verre. Mais ce qui caractérise le travail de Falconnier fut ses briques de verre. Il déposa un
1er brevet pour sa première brique de verre en 1886. S’ensuivirent 10 brevets, de 1886 à 1912, tous
autour de la brique de verre. Mais Gustave Falconnier ne se contente pas d’un seul modèle de brique.
Ils leur donne différentes tailles, teintes et formes, dans un souci décoratif, structurel et d’interaction
avec la lumière. Elles suivent la sensibilité à la nouveauté de leur inventeur. La première application
de ces briques de verre fut utilisée dans un hôpital. Elles furent fabriquées à l’aide de moule en fonte
avec un tampon pour incruster les différents motifs du verre. Aline Jeandrevin nous rappelle tout de
même que Gustave Falconnier est sans doute l’inventeur le plus emblématique de la brique de verre
mais qu’il n’est pas le seul. En effet, elle nous donne l’exemple d’un autre architecte parisien, Louis
Bonnier, utilisateur de la brique de verre, ou encore Henry Sauvage qui lui travaille surtout en dehors
de Paris. Mme Jeandrevin finit son intervention par une présentation des modèles N5, N3 et N9, avec
le passage d’échantillons dans l’assemblée.
C’est au tour d’Anne Brugirard de prendre la parole. Elle nous présente le chantier de restauration du
bâtiment d’August Perret situé au 25 bis rue Benjamin Franklin, dans le 16ème arrondissement de
Paris. Ce bâtiment fut classé Monument Historique en 1963. La problématique principale rencontrée
sur ce bâtiment a été l’étanchéité de la façade et la détérioration de certaines briques de verre. Les
travaux ont donc débuté par une étude des archives afin de connaître le calepinage des briques de
verre sur la façade. C’est sur ce point qu’Anne Brugirard, a eu quelques problèmes, étant donné que
le calepinage retrouvé sur la façade ne correspond pas au plan établi. En effet, sur le dessin de Perret
les briques sont armées et placées horizontalement, alors qu’aucune trace d’armature n’a été
retrouvée sur place. Mme Brugirard nous explique par la suite la suite qu’elle cherchait une solution
d’étanchéité sans devoir refaire les briques. Cela dit, le choix de les refaire à l’identique a bien été
préféré. Le bâtiment étant classé, il ne permettait de faire autrement. Anne Brugirard finit son
intervention par féliciter l’association du patrimoine présente sur ce projet.
Jean-François Cabestan prend à son tour la parole, pour nous présenter différents exemples de
bâtiments parisiens où l’on retrouve l’application des briques de verre. Le premier de ses exemples
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est la synagogue de style byzantine de Boulogne-Billancourt. Sur cet édifice, les briques Falconnier se
trouvent sur les baies en partie haute et en partie basse. Cette application des briques est très rare, et
l’on se questionne encore aujourd’hui sur la bonne conservation de ces briques. Cela dit, certaines
briques ont été détériorées par du vandalisme sur le nu du bâtiment. Pour la restauration, il a fallu se
remettre dans le contexte d’origine, où la lumière électrique n’épaulait pas la lumière du soleil. Le
second exemple que donne Cabestan, est celui de la Samaritaine. La brique de verre y est
prédominante. En effet, on peut les retrouver sur les sols de verre, les façades de verre et des puits de
lumière. Mais le point particulier de cet édifice est les poivrières. Aujourd’hui cette poivrière n’existe
plus, mais des archives ont été retrouvées avec la vue de ces poivrières depuis la Seine ou encore de
la rue de Rivoli. Elles avaient deux fonctions principales. Premièrement, elles permettaient de faire
entrer la lumière naturelle dans les magasins, à une époque où la lumière électrique n’est pas encore
généralisée. Pour ce faire les constructeurs de la Samaritaine ont choisi l’emblématique brique
Falconnier N9. La seconde fonctionnalité de ces poivrières est d’accroître la visibilité de l’édifice. Pour
ce faire, ils furent équipés de lanternes de type oriental, qui agissaient comme des phares, et qui
mettaient en valeur les magasins dans un souci publicitaire.
Le dernier intervenant est Pierre Roquette, président de SAVERBAT. Il nous fait une présentation des
techniques de reproduction des briques, des dalles et pavés de verre par son entreprise. SAVERBAT
les refait comme dans le temps mais avec des techniques simplifiées (air comprimé, fusion simple).
Cela débute par l’élaboration d’un moule en fonte ou en acier et composé d’une matrice et d’un
poinçon. Il existe plusieurs techniques de création de verre. Pour le verre moulé, le verre liquide est
donc versé dans le moule, puis est pressé sur le fond du moule avant que le verre fige. Il reprend le
principe de la gaufre. Le verre pressé reprend le même principe sauf que le verre est alimenté par la
matrice et pressé par le poinçon. Pierre Roquette prend l’exemple de réalisations, où est intervenue
son entreprise, et où ces techniques ont été utilisées. Il cite le groupe scolaire à Maison Alfort, les
pavés ronds de Bouingrin et la fondation suisse Le Corbusier. La dernière technique utilisée par
SAVERBAT, est le verre soufflé. Elle consiste à souffler dans la goutte de verre et la placer dans le
moule pour lui donner sa forme finale. Roquette finit son intervention par une présentation de vidéo
qui présente ces différentes techniques.
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DANS UN MONDE RURAL EN MUTATION, QUELLE PLACE POUR LES PAYSAGES HERITES ?
Conférence proposée par Maisons Paysannes de France
Samedi 7 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Philippe Madeleine, géographe, spécialiste des campagnes françaises, laboratoire ESO UMR 6590
CNRS, responsable du pôle rural de la maison de la recherche en sciences humaines, université de
Caen-Basse-Normandie.
Bernard Duhem, architecte, directeur retraité du service d’assistance technique et juridique auprès
des clients d’un promoteur immobilier national, délégué MPF des Yvelines.
Bernard Duhem lance cette conférence et commence par présenter Philippe Madeleine au
public et énumérer les différents ouvrages qu’il a publié, notamment son dernier : Bâtir dans les
campagnes, les enjeux de la construction de la protohistoire au XXIème siècle. Après avoir remercié
Philippe Madeleine de sa présence, il entame un très rapide rappel des actions et objectifs de
l’association Maison Paysannes de France. Cette association nationale, qui existe depuis maintenant
cinquante ans, milite pour la connaissance et la sauvegarde du patrimoine bâti et paysager du monde
rural. Sur le terrain la MPF s’engage à aider les particuliers et les collectivités locales dans leurs projets
de sauvegarde du patrimoine bâti rural. Encourager le développement d’une architecture
contemporaine de qualité qui soit plus en harmonie avec le paysage et les édifices environnants fait
partie de leurs actions au quotidien. Bernard Duhem laisse alors la parole à Philippe Madeleine pour
qu’il puisse débuter sa présentation.
Philippe Madeleine remercie Bernard Duhem de son invitation et explique au public son
travail et plus largement le travail des géographes sur cette problématique de la sauvegarde du
paysage rural et du patrimoine bâti des campagnes. Aujourd’hui le rôle des géographes est plus
restreint qu’auparavant, il y a un engouement moindre des jeunes diplômés pour ce genre de
recherche. Bien que ce thème soit indissociable des études de géographie régionale. Cependant,
l’apport des géographes concernant les structures du bâti n’est pas nul, les études se concentrent
principalement sur le paysage, pour deux raisons essentielles ; la disparition des bâtiments ruraux
traditionnels qui modifie l’aspect du paysage et la multiplication des bâtiments nouveaux aux formes
banales et sans respect des spécificités locales. Le géographe Philippe Madeleine, lui, trouve un
intérêt dans toutes les dimensions de la construction rurale aussi bien de par la dimension sociale,
patrimoniale, architecturale et culturelle.
Après cette petite présentation, Philippe Madeleine dévoile le plan pour aborder sa conférence : une
première partie qui a pour but de recontextualiser à la fois la création de MDF au regard des
transformations agricoles et rurales. Une deuxième partie qui vise à traduire le rôle révélateur des
bâtiments agricoles dans les mutations socio-économiques des campagnes. Et enfin la troisième et
dernière partie qui s’attache à démontrer la dimension collective attribuée aux campagnes de par
leurs nouvelles fonctions récréatives et résidentielles.
Philippe Madeleine entame donc sa première partie intitulée, Des constructions rurales en
péril. Il explique alors que dans les années 1960 au moment où MDF voit le jour, la France connaît
deux faits marquants qui touchent les campagnes, à la fois le déclin démographique et les
transformations de la production agricole. L’essor de l’industrie dans et autour des villes vide les
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campagnes et entraîne le déclin des activités traditionnelles (artisanales et agricoles). En même
temps un autre fait majeur se produit, le début de la Politique Agricole Commune, qui se base sur
une idéologie simple, produire pour nourrir. Pour rester compétitif cela implique une modernisation
des bâtiments agricoles et un agrandissement des structures. On voit alors une augmentation des
exploitations agricoles modernes qui sont encouragées par les pouvoirs publics. La fonction
productive prime sur toutes les autres considérations environnementales ou paysagères. Dès lors, les
bâtiments agricoles anciens aux tailles réduites ne correspondent plus aux normes de production et
deviennent inadaptés pour cette agriculture moderne. Une enquête sur les bâtiments agricoles qui
avait été réalisée en 1965-1966, montre l’ancienneté des constructions agricoles. Les subventions
pour développer la construction de nouveaux bâtiments agricoles plus adaptés à cette politique, vont
augmenter. Déjà à cette époque tous les géographes ont montré qu’une telle agriculture n’était pas
adaptée aux formes de constructions anciennes. Il montre alors des exemples de modifications sur
fermes à cours fermées. Les transformations agricoles ont donc des effets majeurs sur le bâti ancien.
Philippe Madeleine ajoute que les évolutions démographiques au niveau des campagnes affectent
également fortement le bâti ancien. La cohabitation entre bâtiments agricoles anciens et modernes
est difficile, ce qui explique qu’un grand nombre de bâtiments a disparu très tôt et continue à
disparaître. Le géographe explique que le nombre d’édifices disparus reste flou et que l’on manque de
données à ce sujet. Il montre alors une carte de l’Aveyron montrant le nombre de bâtiments disparus
entre 1852 et 1952. Ce processus est lent et inévitable dans une économie comme celle-ci explique
Philippe Madeleine. Les bâtiments obsolètes, difficiles à modifier ou peu d’accessibles sont
abandonnés et des hameaux entiers disparaissent. On a une dissociation entre l’espace de vie et
l’espace de travail, ils ne cohabitent plus ensemble. Ces changements, explique-t-il, sont perceptibles
à l’échelle d’une commune. Il présente l’exemple de la commune de Camembert de 200 habitants
avec un habitat très dispersé en 20 hameaux où il explique que les vieux bâtiments sont souvent
démontés ou complètement modifiés structurellement. Sur cette commune, d’après une de ses
recherches, entre 1930 et 2000, 70 bâtiments disparurent 78 bâtiments en ruine. Il réaffirme la
difficulté de quantifier et localiser ces disparitions. Philippe Madeleine explique alors que grâce à
l’exemple de cette étude on peut facilement observer l’impact de ces changements au sein des
campagnes françaises qui s’opèrent depuis un siècle. Autre problème, un grand nombre d’édifices
agricoles sont laissés à l’abandon du fait des rassemblements des exploitations en une seule unité de
production. Ces bâtiments non utilisés sont voués à la ruine et à leur disparition. Philippe Madeleine
conclut alors cette première partie en expliquant que cette phase s’inscrit dans une vision
monoculturale des campagnes, et que par conséquent les bâtiments obsolètes et non adaptés sont
laissés à l’abandon.
Le géographe Philippe Madeleine débute alors sa deuxième partie, le bâti ancien au cœur du
renouveau des campagnes, en expliquant que dans les années 1960, l’aide aux exploitations de
grande taille étaient très fortes. Il y avait un besoin de constructions dans toutes les fermes et un
besoin de bâtir des bâtiments répondant aux exigences de production nouvelles. Il donne des
exemples d’évolution de fermes anciennes qui deviennent de plus en plus équipées et modernisées
avec l’ajout de bâtiments nouveaux au cours des années. Aujourd’hui, ajoute-t-il, on construit de
moins en moins pour durer et donc pousse à l’extension spatiale des exploitations. Parfois, cependant
les bâtiments sont conservés par les propriétaires mais construisent de nouveaux bâtiments. On
retrouve une standardisation des formes. Les formes et l’aspect des bâtiments modernes présentent
tous des similitudes et pousse à l’effacement des modèles régionaux de construction au profit de
modèles par type de production. Conserver le bâtiment ancien tient à deux choses, les possibilités
financières liées au coût de maintien en bon état du bâti et la sensibilité au discours patrimonial.
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D’après Philipe Madeleine, aujourd’hui, les bâtiments agricoles récents sont devenus les nouveaux
bâtiments des communes rurales. En France, partout il y a encore un besoin de constructions en
particulier dans l’élevage et il y a une accélération de ce phénomène durant ces dernières décennies.
Mais dans un même temps, on assiste à un événement, la réutilisation de bâtiments agricoles et
ruraux anciens. Depuis quelques années, il y un retour des populations dans les campagnes, c’est la
périurbanisation. Un autre élément est à prendre en compte, c’est l’essor des résidences secondaires
qui a permis de maintenir le bâti ancien. Il y a une sélection des bâtis anciens, tous les bâtiments
appartenant à une ferme restaurée ne vont pas être gardés. Le tourisme est aussi un moyen de
sauvegarder des anciens édifices avec le développement des gîtes ruraux, les campings…Autour des
villes les anciens bâtiments, comme des corps de fermes, peuvent servir de logements ou pour des
services (crèches, bibliothèques…). Ces restaurations sont aujourd’hui encouragées par les pouvoirs
publics et les collectivités territoriales. Le bâti agricole ancien peut donc être bénéfique et servir à la
repopulation des campagnes. Le retour des populations dans les campagnes, a un effet sur le coût du
bâti. Ce qui pose des problèmes d’installation des agriculteurs, dans les zones touristiques, qui ne
peuvent plus acheter de bâtiments car étant devenus trop chers. Cela pose également un problème
dans l’aspect des bâtiments qui sont parfois mal restaurés et dénaturés. Il y a une dimension
paysagère de ces transformations. Philippe Madeleine termine sa deuxième partie en expliquant que
beaucoup de bâtiments ont disparu et que beaucoup d’autres ont été transformés mais il reste
quelque chose à faire pour conserver ceux qui peuvent être sauvés.
Le géographe Philippe Madeleine débute sa troisième partie, la nouvelle dimension collective
des campagnes. Tout d’abord, il précise qu’on est passé d’une période d’un rural productif, récréatif et
résidentiel à une nouvelle forme d’un monde rural à la dimension collective. Là on est dans un
contexte où il y a une dimension collective qui est attribuée aux campagnes où les constructions
nouvelles sont devenues massives durant ces dernières années. La campagne est un élément de plus
en plus touristique et de plus en plus sauvegardé grâce notamment à la protection des ressources
naturelle. Ceci a une influence sur le bâti ancien. Ce bâti ancien est devenu une ressource et de nos
jours il devient une ressource territoriale. En effet, la mondialisation redonne du sens au local et à
l’espace rural car le savoir-faire, les traditions régionales sont devenus des valeurs rares et se
distinguent des ressources de plus en plus standardisées. Le patrimoine local est un objet
économique commun, c’est une ressource singulière et s’inscrit dans un développement
territorialiste. Il faut pour cela une mobilisation, une coordination des acteurs autour de ce
patrimoine bâti. Philipe Madeleine, affirme que l’idée d’une ressource territoriale réponse sur des
moyens matériels telles que le patrimoine bâti ou immatérielle comme l’authenticité et le savoir-faire.
Il y a un engouement pour les pôles d’excellence rurale en ce moment, cela prouve qu’il y a un intérêt
à sauvegarder les traditions locales. Le développement de ces initiatives est une reconnaissance
importante, c’est reconnaître que le patrimoine bâti est une ressource singulière. Mais il y a toujours
une grande disparition du patrimoine qui s’effectue en ce moment, malgré le processus de
conservation. Philippe Madeleine, réaffirme qu’il y a une sélection des bâtiments qui sont
sauvegardés. Mais, il explique qu’il ne faut pas être pessimiste et énumère les différents acteurs qui
permettent de garder en mémoire et de conserver les bâtiments anciens ruraux grâce à leurs actions.
Il cite alors les associations telles que MPF qui sensibilisent le public à l’importance du patrimoine
bâti. Les inventaires réalisés sur le patrimoine bâti sont un outil très important pour garder la
mémoire sur ces bâtiments anciens. Il y a aujourd’hui une vraie réflexion sur l’avenir du patrimoine
paysagé, le ministère de l’agriculture se penche de plus en plus sur la question et travaille sur la
qualité architecturale des bâtiments modernes. Et même l’agriculture elle-même travaille à donner
un sens à la qualité du paysage rural. Les constructeurs et architectes sont de plus en plus sensibilisés
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à ce problème de dégradation du paysage, donc on observe une prise de conscience des acteurs du
milieu architectural et patrimonial rural. D’un point de vue agricole, il y a aussi des changements.
D’après une enquête, les anciens agriculteurs ont moins de sensibilité auprès du bâti agricole ancien,
alors que les jeunes agriculteurs y sont plus attachés et y voient un élément qui peut être valorisé.
Tous ces éléments sont, pour Philipe Madeleine, porteurs d’espoirs. Pour conclure, il explique que les
transformations agricoles et rurales ont conduit à une sélection importante du patrimoine bâti. Si les
bâtiments n’ont plus d’utilité, il y a alors disparition. Le recyclage des bâtiments est inégal au niveau
des régions. Pour l’avenir et la bonne protection des bâtiments ruraux anciens, le géographe pense
qu’il faut développer la sensibilisation au patrimoine bâti. Autres efforts à fournir, il faut développer,
d’après lui, les études sur le sujet du bâti ordinaire rural et l’étendue de ses transformations. Nous
avons très peu de données sur ce point. Sans ces études, la prise de conscience sur la disparition de
ce patrimoine bâti aurait été certainement plus tardive et donc moins efficace. Les initiatives à
prendre pour la conservation de ces bâtiments ruraux agricoles sont à chercher et développer par les
communes, les associations mais aussi les régions.
Pour conclure sa conférence, Philippe Madeleine, insiste sur le fait que, si l’on veut maintenir
cette richesse et en faire une ressource pour les territoire, il est impératif de bien connaître ce qui
existe (après cette période de destruction) et de savoir identifier les urgences et le bâti à sauvegarder
en priorité. Philippe Madeleine remercie alors le public de son écoute et Bernard Duhem pour son
invitation. Bernard Duhem remercie à son tour le géographe, Philippe Madeleine pour son
intervention et clôt la conférence.
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LA DECORATION INTERIEURE AU NATUREL
Conférence proposée par la Guilde des Métiers de la Chaux
Samedi 7 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Daniel Turquin, représentant de la société Akterre
Catharina Giskes, représentante de la société Tierrafino
François Zenner, artiste peintre
Charles-Henri Lisbonis, représentant de la société Lisbonis
Michel Rizza, représentant de la Guilde des Métiers de la Chaux
Cédric Gresset, représentant de la société Keim
M. Michel Rizza, en tant que représentant de La Guilde, prend en premier la parole. Il nous présente
cette association de professionnels de la construction “Experts et Passionnés de la Chaux Aérienne”
regroupant tout ce qui concerne les revêtements en chaux, les enduits naturels, le béton végétal ainsi
que les enduits silicate.
Il cède ensuite la parole à Cédric Gresset représentant la société Keim. Son entreprise est spécialisée
dans la fabrication de produits pour la décoration intérieure. Elle a en particulier une gamme réputée
de peinture minérale à base de silicate. Une gamme de peinture nommée PolyChro a pu aussi être
élaborée en partenariat avec la Fondation Le Corbusier.
Celui-ci nous explique le concept de ce type de peinture: un liant composé de silicate alcalin
réagissant par prise chimique avec le support (la silicification) créant ainsi, avec ce dernier, une liaison
inaltérable.
Le silicate alcalin, parfaitement transparent, permet une réflexion cristalline de la lumière sur les
pigments minéraux qui, par leur intensité, colorent la matière.
Cela permet d'obtenir une profondeur de couleur inégalée et d'un aspect très mat.
Cette liaison est déterminante pour la longévité des peintures silicates.
François Zenner, créateur de façade en intérieur dans l'est de la France nous présente ensuite ce qu'il
fait.
Il dit beaucoup s'inspirer de son terroir, de la nature et des hommes. Il est aussi très attentif à la
nature des supports qui lui sont proposés permettant une création authentique et visuelle alliant
couleur et trait.
Afin de garantir la pérennité de ses œuvres, il a choisi d'utiliser des peintures et des produits issus de
la nature et de haute qualité.
Pour compléter ces élaborations de façades, Catharina Giskes de la société Tierrafino prend la parole
et nous fait découvrir des enduits à base de terre.
Elle cède ensuite la parole à Daniel Turquin de la société Akterre avec laquelle elle travaille.
Il nous présente leur matériau à base d'argile qui est utilisé pour la décoration d'intérieur.
Cédric Gresset reprend de nouveau la parole en apportant des précisions quant à cette obtention des
droits sur les couleurs utilisées par Le Corbusier.
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Il nous fait un bref retour historique sur Le Corbusier: il était un designer et un architecte, un des plus
prestigieux de son époque qui apportait un grand soin à la polychromie, aux nuances et teintes.
Il développe ensuite la Polychromie Architecturale de Le Corbusier: œuvre d'art pour lui.
Celle-ci propose 63 nuances créées par Le Corbusier, en deux collections, la première en 1931 et la
seconde en 1959.
Pour Le Corbusier, toutes ces nuances sont éminemment architecturales, naturellement
harmonieuses et se combinent à volonté. Chaque nuance a son importance et produit des effets
spécifiques sur l'espace et sur l'observateur.
1. La couleur modifie l’espace
2. La couleur classe les objets
3. La couleur agit physiologiquement sur l'homme et agit fortement sur ses sensibilités
Pour lui, il y avait deux types de couleurs collectées :
 celle agissant sur le relief: la monochromie
 celle agissant sur l'homme et ses humeurs : la polychromie
Ainsi, sa société en collaboration avec la fondation a déjà créé 63 teintes différentes. Il ajoute
également que Keim est la société créatrice de peinture minérale aux silicates unique en Europe.
Leurs peintures sont non polluantes, respectueuses de l'environnement et à caractère durable (la
couleur est garantie 80 ans) et à prix très raisonnable. Elles ont aussi une très bonne luminosité et
peuvent être appliquées sur l'ensemble des supports minéraux.
La demande de ces peintures est grandissante. Elles réussissent plus que jamais à allier tradition et
innovation et sont aussi intemporelles que la «Polychromie architecturale» de Le Corbusier.
Pour finir sa présentation, Mr Gresset nous montre alors des exemples d'application de ces peintures
sur des lieux comme la Maison Blanche et le Kremlin.
Puis Michel Rizza donne à nouveau la parole à Catharina Giskes et Daniel Turquin.
Daniel Turquin nous présente les sociétés Tierrafino et Akterre, travaillant dans l'argile et le matériau
terre.
Akterre produit actuellement en Rhône-Alpes plus de 80% des matériaux qu'elle commercialise. Elle
met à disposition une gamme de produits pour la décoration et une gamme de matériaux pour la
construction écologique en terre crue.
Il nous explique ensuite plus précisément ce que fait la société Tierrafino: développeur de produits à
base d'argile. Il insiste également sur le fait que l'argile est un matériau naturellement teint.
Catharina Giskes complète son discours en ajoutant en effet que l'argile est un très beau matériau
écologique.
Avec un ensemble de photos, il illustre la grande diversité des couleurs que possèdent l'argile et la
terre.
Daniel Turquin, pour illustrer ces propos, nous donne un nouvel exemple en présentant le projet d'un
constructeur coréen qui va appliquer de l'argile en revêtement à l'intérieur d'un palais coréen.
Michel Rizza donne à nouveau la parole à François Zenner, décorateur d'intérieur.
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François Zenner nous précise que tous ces matériaux, la terre et l'argile notamment sont des
matériaux mats, qui possèdent un bon effet sonore et participent à l'assainissement de l'intérieur. Ils
donnent ainsi un aspect très moderne au lieu où ils sont appliqués.
Il conclut en disant qu'il utilise aussi les peintures Keim, très résistantes à la chaleur.
La parole est donnée pour terminer la conférence par Michel Rizza à Charles Henri Lisbonis.
Il nous présente l'entreprise familiale, Lisbonis Chaux Grasse, fondée en 1785 dans le sud de la
France, qui est spécialisée en matière d’enduits et de décoration de façades à la chaux aérienne.
Elle offre aujourd’hui un des plus larges choix de parements en intérieur comme en extérieur. Ces
mortiers et enduits fabriqués à base de chaux aérienne et de liants spéciaux sont parfaitement
adaptés aux supports anciens et disponibles dans une large palette de couleurs: stuc, badigeon,
patine.
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« MISSION PATRIMOINE », QUAND PATRIMOINE RIME AVEC JEUNESSE ET MODERNITE
Conférence proposée par Rempart
Samedi 7 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 1
INTERVENANTS :
Olivier Lenoir, Délégué national de Rempart
Emile Moinière, de l'association ASPAM sur le site du château de Berzy-le-Sec en Picardie
Martine Piechaczyk et Morgane Laurent de l'association «Les amis du vieux château»
Pierre Canélie de l'association «Les nouveaux troubadours»
Thierry Plume, propriétaire et conservateur
Charlotte Chalard, association château de Callendalle
Objet de la conférence: Faire connaître et présenter les travaux réalisés par l'association REMPART.
L’Union Rempart regroupe 170 associations de sauvegarde du patrimoine en France et
entretient des liens étroits avec plus de 50 partenaires dans une trentaine de pays. Sous le slogan «
Mission Patrimoine », des milliers de bénévoles internationaux participent avec Rempart à des
chantiers de restauration et de mise en valeur du patrimoine. Des actions pédagogiques et de
médiation se développent également au sein du réseau. En s’appuyant sur l’expérience de plusieurs de
ses associations membres ou partenaires internationaux, l’Union Rempart montre comment on peut
conjuguer patrimoine, jeunesse et modernité.
I.
Berzy-le-Sec, archéologie moderne au service du patrimoine, Emile Moinière
Emile Moinière explique que le château de Berzy-le-Sec est un ancien château fort du XIVe ou
XVe siècle, dont les ruines se dressent sur la commune de Berzy-le-Sec dans le département de l'Aisne
en région Picardie.
Vers 1445, la seigneurie est acquise par Pierre de Louvain qui fait reconstruire ou remanier le
château. Celui-ci sera habité jusqu'en 1917, année où il sera bombardé, il n'en restera que des ruines.
Les restes du château seront classés Monument Historique en 1924. Actuellement, les fouilles
archéologiques au château de Berzy-le-Sec portent sur l'étude des couches susceptibles de renfermer
les traces d'une historique tour romane dont l'histoire du site désigne l'existence pour ce faire d'une
équipe de fouilleur, venant d’horizons différents. Ce sont en effet un étudiant en architecture, un
archéologue, et un troisième bénévole qui prennent part aux travaux. Les bénévoles aiguisent leurs
regards, font des croquis, photos, et relevés archéologiques du site, dans le but d'avoir une vision
globale, une approche sensible, une bonne communication avec le public, un apport scientifique et
une bonne connaissance du château de Berzy-le-Sec.
Sur les murs, le quadrillage au cordeau permet aux bénévoles de prendre des mesures, et de
représenter les pièces en dessins. Une analyse de parement permet en fonction des traces d'usure
d'effectuer une datation des pierres. Tout le personnel œuvre en même temps pour la restauration et
la mise en valeur du site.
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Château de Berzy-le-Sec
II.
Patrimoine et pédagogie, réalisation d'un calendrier agricole XIIIe à la manière du XXIe
siècle, Martine Piechaczyk et Morgane Laurent
Les deux représentantes de l'association "Les Amis du Vieux Château de Brie-Comte-Robert",
nous présente celle-ci lors de la conférence. C'est donc une association de la loi 1901.
Elle a pour objet de promouvoir une action culturelle et pédagogique fondée sur la connaissance
archéologique et historique pour la sauvegarde, la réhabilitation et la mise en valeur du patrimoine
de Brie-Comte-Robert et de sa région.
Par des fouilles archéologiques, la recherche en archives et une restauration progressive du château,
les bénévoles participent activement à la mise en valeur du monument depuis 1982.
Martine Piechaczyk et Morgane Laurent participent à la restauration du château, de l'église et
de l’hôtel Dieu. Elles font partie de l'association «Les amis du vieux château».
En 1982, Martine Piechaczyk crée son association. En 1983, elle rejoint Rempart et participe à la
première journée européenne du patrimoine. En 1985, elle prend part à des chantiers bénévoles et
pédagogiques.
Martine Piechaczyk promeut l'interdisciplinarité, le savoir-faire et le savoir être.
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Elle participe à un atelier Vitrail à l'église Saint-Etienne, avec 12 quadrilobes (Motif ornemental de
l'art gothique composé de quatre lobes ou arcs de cercles tangents décorant balustrades, balcons et
fenêtres et propre à l'art gothique) et une rosace du XIIIe siècle.
Elle participe également à la rénovation des vitraux de Gilles Rousvoal, un artiste français, né en 1948
à Vitry-sur-Seine, formé à l'école des Beaux-Arts de Paris; des Ateliers Duchanin en 2004.
Les deux intervenantes expliquent aussi que sur le site de Brie-Comte-Robert, en Seine-etMarne, la création d'un premier groupe de bénévole voit le jour en 1982, qui permettra de débuter la
première campagne de restauration des tours et des courtines en 1984. En 1986, des ateliers
pédagogiques apparaissent afin de transmettre les savoir-faire. En 1991, l'association obtient le
premier prix régional des chantiers de bénévoles internationaux, et le premier prix national en 1992.
En 1999, le contrat régional pour la construction du CIP (Centre d'Interprétation du Patrimoine) est
signé pour débuter ensuite en 2003. En 2005, le site est inauguré, et le premier salarié est recruté en
2007.
III. Chantier de bénévoles, construction insolite et musée d'arts buissonniers à Saint-Sever du
Moustier, Pierre Canélie
Le troisième intervenant, Pierre Canélie, fait partie de l'association «Les nouveaux
troubadours» qu'il nous présente. Celle-ci propose plusieurs séjours de vacances, chantiers, et stages,
dans un petit village du Sud-Aveyron Ceci autour de différents thèmes développant la créativité tel
que la construction, la sculpture, l'art, la mosaïque, la forge, la céramique... Il a aussi adhéré à
Rempart et fait part de son point de vue selon lequel tout le monde possède une possibilité créatrice.
Il fait en effet travailler les adolescents et enfants afin de les pousser à développer leur sens créateur.
IV.
Iconographie et modélisation 3D, une vidéo pour révéler l'histoire d'un château Perché,
Charlotte Chalard et Thierry Plume
Charlotte Chalard, responsable des chantiers et de la modélisation 3D de l'association
«Association de sauvegarde du château de Calmont d'Olt» présente son association, et la restauration
d'un château en ruine qui domine la ville d’Espalion.
Elle explique qu'en 1986 le château de Calmont d’Olt, était une ruine féodale qui dominait la ville
d’Espalion, et qui fut acheté par un passionné de vieilles pierres, à sa demande. Pour le protéger des
promoteurs, le château obtint le titre de Monument Historique Classé et durant les 12 années qui
suivirent un projet pédagogique d’interprétation du patrimoine, avec animations médiévales, vit le
jour, ainsi que de nombreux chantiers de débroussaillage, de dégagement et de stabilisation auxquels
participèrent une bande de copains et de très nombreux scouts, le tout grâce à l’aide de l’Architecte
des Bâtiments de France.
En 1997, André Châtelain, Président d’honneur de REMPART, qui était venu visiter Calmont d’Olt,
propose à l'association la possibilité d’adhérer à l’association REMPART. Ce fut pour celle-ci le
tournant qui permit de rentrer dans la dynamique des chantiers de bénévoles internationaux.
L’association fut créée en 1998, avec comme objet : « L‘étude, la mise en valeur, la restauration et
l’animation du Château de Calmont d’Olt en vue d’en assurer la sauvegarde et la conservation ».
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L'intervenante a diffusé une vidéo (pour laquelle elle a prêté sa voix) montrant les chantiers de
restauration qui se succèdent chaque été sous l’égide de REMPART, dégageant le château de la
gangue de remblais archéologiques qui l’encombre, taillant la pierre, maçonnant et stabilisant les
murailles dégagées, identifiant l’architecture qui apparaît, permettant de mieux comprendre l’histoire
et le fonctionnement de cette forteresse médiévale, Calmont d’Olt, édifiée entre le X et XV siècle. Elle
a la singulière particularité d’avoir été comblée non par les dieux mais par les hommes, avec une
masse de remblais qui ajoutée aux effondrements peut former des couches allant jusqu’à sept
mètres.
Leur dégagement minutieux, dans des conditions archéologiques, fait apparaître des informations
inconnues, une architecture oubliée qui nécessite des stabilisations immédiates.
Ce sont ces travaux qui sont confiés aux chantiers REMPART encadrés par des tailleurs de pierre,
maçons et archéologues.
En 2009, un constat alarmant voit le jour, la Tour Grosse va s’ouvrir en deux dans les années qui
viennent. C'est alors qu'un plan de sauvetage est établi sur trois ans, pour restituer une partie de son
élévation, ceinturer le donjon et l’étanchéifier.
En fin de vidéo, on assiste à des démonstrations de tirs réels aux trébuchets.
Charlotte Chalard explique que la vidéo présentée a été tournée dans le but d'intégrer le château
dans l'Histoire de France. Après la diffusion de la vidéo, plusieurs éléments chronologiques sont
présentés, comme l'adaptation défensive en vue de la guerre de 100 ans aux alentours de 1400 et
l'adaptation pour l'artillerie vers 1600.
En conclusion, les différents intervenants expliquent bien les différentes facettes qui font
partie constitutive de la restauration d'un élément du patrimoine, et des valeurs de l'association
Rempart qui sont, la sensibilité face à des éléments chargés d'histoire, la pédagogie envers les jeunes,
et la restauration du patrimoine.
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LA DEUXIEME VIE DU PATRIMOINE
Conférence proposée par la Fondation du Patrimoine
Samedi 7 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Christine Fremaux, Directrice du conservatoire à rayonnement départemental, chapelle des
réparatrices à Pau (Pyrénées-Atlantiques)
Didier Fournet, propriétaire de l’église de Boule (Drôme)
Didier Vrac, Président de l’entreprise Bohin France et de la manufacture Bohin à Saint-Sulpice-surRisle (Orne)
Hervé Ozil, Maire de Lagorce (Ardèche)
La table ronde est animée par Guy Sallavuard, directeur des relations institutionnelles de la
Fondation du Patrimoine
Guy Sallavuard commence la conférence en introduisant le Carrousel du Louvre, lieu dans
lequel se tient le Salon International du Patrimoine Culturel. Il crée un parallèle entre la restauration
du mur de défense présent dans le Carrousel du Louvre et les lois du patrimoine misent en place pour
sauvegarder ces éléments du passé. M. Sallavuard montre ainsi de quelle manière le mur a été
rénové et quelles lois ont été mises en place pour sauver de telles marques du passé. Il parle de
« Devoir de mémoire du patrimoine ». L’animateur de la conférence présente alors la Fondation du
Patrimoine créée en 1996 dans le but de restaurer les monuments anciens. Elle est fondée suite à un
rapport du sénateur Hugo. Malgré le fait qu’elle est été décrétée par une loi, cette fondation est
privée et représente désormais 600 bénévoles dont 15 à Paris.
Cette fondation ne voit pas comme une fatalité le fait qu’un édifice ancien n’ayant plus comme utilité
sa vocation première, soit voué à disparaître. Les membres de l’association pensent plutôt que le
meilleur moyen de préserver un édifice est de lui redonner un emploi. De ce fait, la Fondation a
accompagné plus de 25.000 projets du patrimoine vernaculaire principalement depuis sa création.
Avant de passer la parole au premier intervenant, M. Sallavuard conclut par une citation de Viollet-leDuc disant que « un bâtiment est comme un organisme vivant, il doit savoir évoluer pour
substituer ».
La parole est passée à Christine Fremaux. Elle nous présente la Chapelle des Réparatrices à
Pau, ville dans laquelle elle s’est installée en 2009. Elle nous raconte l’histoire de cette chapelle néogothique qui a été bâtie dans la seconde moitié du XIXe siècle par la richissime fille de la baronne de
Brienen. Elle voulait en faire un couvent pour les religieuses de Pau dont elle faisait partie. Mme
Fremaux nous rappelle que les travaux ont été faits sous la troisième république qui était
anticléricale. De ce fait ces travaux ont été ralentis et la première messe n’a pu être célébrée qu’en
1890, accompagnée d’un orgue à 12 jeux installé dans l’église en 1889. L’orgue fut ensuite agrandit en
1891.
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M. Sallavuard ajoute que la température clémente de la ville à cette époque fait apparaître de
nombreuses constructions nouvelles. Il qualifie alors Pau comme une villégiature attirant de
nombreux fidèles dans cette église.
La directrice du conservatoire reprend la parole pour parler des différentes propriétaires de la
chapelle. En effet, Marie Caroline de Brienen, fille de la baronne, décède en 1882 pendant les travaux
et se fait enterrer dans la crypte. Sa mère la rejoindra quelques années plus tard après avoir léguée le
couvent à sa dame de confiance. Mme Fremaux nous apprend alors que la descendante de cette
dame de confiance lègue la chapelle à une association belge en 1905, la famille de Brienen venant de
Belgique. Mais 55 ans plus tard, une association française rachète l’édifice puis le revend en 1995 à la
ville de Pau.
M. Sallavuard insiste sur le fait que la chapelle est vendue 9 millions de francs à la ville et qu’il ne
s’agissait pas d’un legs.
Mme Fremaux reprend en disant que la ville a démarré des travaux de réhabilitation de cette
chapelle en 1997. En effet, des travaux d’isolation acoustique réversibles ont été apportés à
l’intérieur de l’église. L’intervenante souligne que ces travaux sont réversibles car il s’agit de toiles
tendues sous les plafonds et de sièges semblables à ceux de théâtre pour pouvoir étouffer les
résonances du son. Mais ces matériels posés peuvent tout à fait être retirés pour retrouver l’état
d’origine de la chapelle. Mme Fremaux précise également que pour l’amélioration sonore de l’orgue
ainsi que sa restauration globale, 5000 heures de travail en atelier ont été nécessaires. L’orgue avait
en effet été abîmé entre les années 1930 et 1950.
M. Sallavuard signale alors que la Fondation du Patrimoine a participé financièrement à ces travaux. Il
apporte également quelques précisions sur les dons et les montants des travaux. Mme Fremaux
précise qu’actuellement l’église sert principalement comme lieu de conférences, de représentation de
danse ou de concerts, dispense des cours d’orgue et sert à l’éveil musical pour les jeunes.
M. Sallavuard reprend la parole et effectue une transition pour un temps d’échange avec le public afin
de répondre aux questions.
Une première dame du public demande si l’isolation thermique du bâtiment a été traitée durant ces
travaux, ce à quoi Mme Fremaux acquiesce. Elle précise qu’un plancher chauffant et que des radians
muraux ont été installés.
Une seconde dame de l’assemblée souhaite connaître l’utilisation des bâtiments encadrant la
chapelle et visible sur les photos présentée lors du diaporama. La directrice du conservatoire nous
précise que ces derniers abritent des studios de musique dans les anciennes chambres.
M. Sallavuard reprend la parole pour présenter Didier Fournet ainsi que l’édifice dont il
s’occupe. Il s’agit d’une église dans le Vercors, située précisément dans le village de Boulc à 800
mètres d’altitude.
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Puis M. Fournet présente plus en détail le lieu où se trouve la bâtisse datant du XVe siècle. Il s’agit
d’une église érigée à équidistance des différents hameaux l’entourant, de manière à ce que les
agriculteurs de l’époque puissent tous s’y rendre aisément. Cette église a été détruite lors de la
guerre des religions mais a ensuite été reconstruite. Une première restauration sommaire a été faite il
y a quarante ans. En effet, M. Fournet et des amis ont racheté l’édifice en 1974. Ils ont alors entrepris
un entretien de l’église avec du ciment, de l’eau de la rivière proche de l’église et du sable d’un carré
naturel voisin. Leur but était de conserver l’aspect extérieur de la chapelle mais de modifier l’intérieur
afin de la rendre habitable en été. Un unique poêle à bois est alors installé pour chauffer l’ensemble
du bâtiment.
M. Sallavuard indique que la Fondation du Patrimoine a décerné un label à cette église pour
permettre la défiscalisation de biens aux propriétaires privés. Le but est d’encourager les démarches
de rénovations, la Fondation octroie environ 1200 labels chaque année. Puis le maître de conférence
invite l’assemblée à un temps d’échange avec M. Fournet.
Il est alors demandé si le propriétaire de l’église a été accompagné par un architecte pour effectuer
les travaux. M. Fournet répond négativement, il affirme que seules ses connaissances ou recherches
personnelles lui ont servi.
Puis une deuxième personne demande quelques renseignements sur la création et l’historique de la
Fondation. M. Sallavuard reprend la parole et rappelle que la Fondation a été créée par une loi
stipulant de soigner le patrimoine non inscrit et rural français.
Enfin, un homme du public souhaite connaître la réaction des 80 habitants du hameau lorsque M.
Fournet et ses amis ont racheté l’église en 1974 pour la rénover. Le propriétaire explique que les
réactions furent partagées et certaines personnes ne comprenaient pas l’intérêt de ces étudiants
pour cette église. De surcroît, un cimetière se trouve à l’intérieur du mur d’enceinte de l’église.
M. Sallavuard intervient à nouveau pour présenter le troisième intervenant, M. Vrac. Ce
dernier nous présente alors l’entreprise qu’il a rachetée en 1996 à Saint-Sulpice-Sur-Risle. Il s’agit de
l’entreprise de M. Bohin qui souhaite la vendre suite à un redressement judiciaire. La principale
activité de cette société créée en 1838 est la fabrication d’épingles à tête de verre, de plumes
métalliques, de boîtes à épingles et d’aiguilles. M. Vrac étant architecte, il rachète les locaux pour une
modeste somme et se fait expliquer l’utilisation des machines datant de 1910 ainsi que le
fonctionnement général de l’entreprise. Il s’agit d’un ensemble de locaux représentant 10.000m² de
terrain et de nombreux employés, malgré une activité assez faible à ce moment. M. Vrac insiste
l’événement déclencheur qui a relancé son activité. Le 30 avril 2000, TF1 diffuse une émission connue
présentée par Jean-Pierre Pernaud. Un reportage est fait sur l’entreprise de M. Vrac car elle perpétue
son activité devenue rare de nos jours dans un ensemble de locaux devenu Monument Historique.
Dès le premier mai de cette même année, M. Vrac assiste à une très forte affluence du public et un
fort intérêt pour visiter les bâtiments en fonctionnement. De plus, de nombreuses aides publiques de
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la part de la région, de l’état et même de l’Europe arrivent. Différents partenariats privés s’effectuent
également, y compris avec la Fondation du Patrimoine qui contribue au maintien de l’entreprise.
M. Sallavuard demande à M. Vrac de parler de la possibilité aux visiteurs de voir les quarante
employés travailler en temps réel. Ce à quoi le chef d’entreprise explique que les employés se sont
pris au jeu car les choses ont été faites progressivement. C’est-à-dire que les visiteurs peuvent voir les
salariés effectuer leurs tâches mais sans empiéter sur leur espace de travail. Les employés expliquent
même leur travail et M. Varc nous explique avoir assisté à une surproduction à partir de ce moment.
Ses salariés travaillent plus longtemps pour satisfaire tous les visiteurs de l’usine.
Le maître de la conférence passe maintenant à la présentation de M. Ozil. Ce dernier nous
présente la ville dont il a la responsabilité, Lagorce. Il nous explique que sa commune est la plus
grande d’Ardèche. Elle regroupe vingt hameaux étendus sur sept hectares d’éperons rocheux,
principalement calcaire. Cela représente 1200 habitants au total. Le maire de Lagorce nous explique
qu’une église très haute se trouve dans la ville, sa hauteur s’explique par le fait que trois églises
d’époques différentes se superposent. Une première restauration a été entreprise sur la chapelle
sacralisée d’Ajude en 2010. 5000 euros ont été récoltés grâce à la Fondation pour restaurer la toiture
et les façades. La deuxième restauration a été faite entre 2011 et 2012 sur l’église du XVIIe siècle
toujours aidée par la Fondation. Le but était d’en faire une salle de spectacle. Et enfin la dernière
restauration se portait sur la Magnanerie qui servait dans un premier temps à la sériciculture. Ce
bâtiment a été racheté en 1999, mais suite à la maladie des vers à soie, il a servi à accueillir des
colonies de vacances. Mais M. Ozil précise que des étais de soutènement maintenait le plancher du
premier étage en place. Il a ensuite été cassé et une dalle en béton armé a été reposée à la place. De
cette façon, un musée de la sériciculture a été ouvert au premier étage en 2001, il est resté ouvert
jusqu’en 2012. Mais en 2013, des travaux de restauration globale ont été entrepris pour être achevé
deux ans plus tard.
M. Sallavuard précise que le bâtiment très en longueur est tout à fait adapté à l’élevage des vers à
soie. Ce à quoi Mme Fremaux complète en disant que les bâtiments très long mais aussi en hauteur
permettent de gagner de la place et d’étendre l’élevage.
M. Ozil reprend la parole pour préciser que les travaux devront être finis en 2017 et qu’un musée
reconstitutif de la sériciculture sera ouvert à ce moment-là.
Le maître de la conférence nous rappelle que des dons peuvent être effectués pour tous les
bâtiments supportés par la Fondation, ou d’autres, près de chez nous. Il rappelle que les collectes de
dons augmentent chaque année. Puis il propose à chaque intervenant de reprendre la parole pour
clore la conférence. Mme Fremaux propose une brochure sur l’orgue de sa chapelle. M. Fournet
précise qu’au moment de la première restauration de l’église, quand il avait 19 ans, il lui était
beaucoup plus simple d’opérer même avec très peu de moyens par rapport à maintenant avec des
fonds plus conséquents. Une dame du public lui demande s’il est possible de revendre cette bâtisse. Il
répond négativement car il est impossible pendant quinze ans de revendre un édifice qui a été
soutenu par la Fondation. Et pour compléter sa réponse, il précise ne pas souhaiter la revendre car il
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y est attaché et rajoute ironiquement qu’il ne pense pas pouvoir trouver acheteur vu la situation de
l’édifice.
Puis M. Vrac parle de ses projets futurs comme la création de l’université du patchwork par exemple.
Enfin, M. Ozil rappelle les différentes législations entre les restaurations publiques et privées.
M. Sallavuard conclut alors la conférence en remerciant de l’attention portée par l’auditoire, il
rappelle que les intervenants restent disposition pour d’éventuelles questions et que les bâtiments
peuvent être trouvés sur internet pour avoir d’autres informations.
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LA RESTAURATION DE LA COUPOLE DU PANTHEON : NETTOYAGE ET ASSAINISSEMENT
Conférence proposé par ECP
Samedi 7 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
José Soares, Directeur d’ECP
Luc Ellerman, Directeur technique d’ECP
Vincent Gary, Directeur de travaux, entreprise Lefevre
Jean Rochard, chef de chantier au Panthéon, entreprise Lefevre
José Soares introduit la conférence sur le nettoyage et le désencrassement de la coupole du
Panthéon, réalisé en 2014.
José Soares précise le contexte historique du chantier. Daniel Lefevre était l’architecte en chef des
Monuments Historiques maître d’oeuvre du chantier. La demande était de nettoyer les parements de
pierre du Panthéon. L’entreprise Lefevre a proposé une solution de nettoyage des croûtes noires
contaminées au plomb. José Soares explique que la couverture de plomb du dôme, en se dégradant,
a perdu des particules plombées, lesquelles se sont déposées sur les parements de pierre.
Luc Ellerman explique que la réglementation doit se faire en accord avec les contraintes. Il affirme
qu’il ne faut pas engendrer de risques supplémentaires en mettant en place une sécurité excessive. Il
précise que deux textes constituent la réglementation. En premier lieu, le code du travail oblige
chaque entreprise à mettre ses salariés en sécurité. L’entreprise doit tout mettre en oeuvre pour que
les conditions de travail soient optimum au niveau sécuritaire. Ensuite, le code de santé publique
n’indique que la mesure de 6μg/m3. Luc Ellerman précise qu’il existe un fascicule plomb édité par la
CRAMIF, qui indique des mesures à mettre en place pour sécuriser les salariés.
Vincent Gary, directeur de travaux dans l’entreprise Lefevre, précise que sur chantier, les entreprises
sont en mesure de protéger les salariés. Il ajoute que la problématique de la diffusion du plomb dans
l’air est de l’ordre de la santé publique parce qu’il est difficile de protéger l’environnement, en
particulier autour du chantier. Il précise que même si le chantier est propre, il y a une pollution de
l’environnement par les particules de plomb. Il ajoute que la réglementation a ses limites.
Luc Ellerman explique que le Code du travail indique quatre éléments : le taux maximum, les
conditions de travail, la logistique et le contrôle du site.
Vincent Gary précise que la problématique des chantiers intervient à partir du moment où le
diagnostic plomb arrive après la distribution des lots. Le prix du traitement et des frais fixes entraîne
un coût deux à trois fois supérieur à quelque chose qui aurait pu être anticipé. Vincent Gary ajoute
que les diagnostics plombs sont fréquents sur les menuiseries et la ferronnerie mais pas forcément
sur l’encrassement de la pierre. Aujourd’hui les institutions demandent un rapport préalable.
José Soares précise que les encrassements de pierre sont la conséquence de la solubilisation du
plomb de la coupole par oxydation. Les éléments plombés qui se sont ensuite reposés sur les façades.
José Soares explique que l’entreprise Lefevre a réalisé des tests afin d’évaluer les différentes
techniques de nettoyage et de réaliser un classement par efficacité. Il présente ensuite les différentes
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techniques et les résultats des tests. Pour les encrassements légers, de type poussières, une
aspiration peut suffire. Si l’encrassement est bien accroché au parement, l’aspiration ne suffit plus.
José Soares rappelle qu’il est nécessaire d’adapter la technique à l’intensité de l’encrassement au
plomb. Une autre technique est l’injection d’eau à haute pression mais elle est controversée dans la
profession. Lefevre a travaillé sur des polymères hydrosolides, qui sont une sorte d’argile, très
efficaces pour nettoyer la pierre.
José Soares explique ensuite les contraintes des différents produits. En cas de projection de granulats,
le problème est la dispersion des particules dans l’eau et l’air. Cette technique nécessite un
confinement du chantier.
Vincent Gary ajoute que le gros défaut de la projection dans l’air est que les particules se diffusent et
retombent dans l’environnement, ainsi que sur l’échafaudage. Il précise que le coût de nettoyage d’un
échafaudage est très lourd. Les institutions ont demandé de confiner les échafaudages. José Soares
explique que c’est irréalisable surtout dans le cadre du chantier du Panthéon.
José Soares revient sur la technique de projection d’eau. Vincent Gary explique que le chantier du
Panthéon a été lancé pour défaut d’étanchéité du dôme, construit en pierre armé. Le dôme souffrait
de 2 pathologies : un défaut d’étanchéité et la rouilles des armatures. En raison de ces deux
pathologies, il était impossible d’utiliser la projection d’eau au Panthéon.
José Soares explique que Lefevre a adapté cette technique avec un procédé d’injection-extraction :
l’eau injectée est aussitôt extraite par aspiration. Il précise qu’une aspiration classique aurait été très
longue et donc pas réalisable, en plus de ne pas être efficace.
José Soares explique que le contrôle in-situ est également un problème. Le test à la lingette est le
moyen de contrôle de la contamination.
Vincent Gary explique que les diagnostiqueurs en Ile-de-France ont fait les tests par pistolet, ce qui
rend des résultats négatifs sur les parements de pierre alors que les mêmes tests effectués à la
lingette rendent des résultats extrêmement positifs. Le test à la lingette est normalisé mais il n’est pas
présent dans la législation.
Vincent Gary ajoute que les diagnostics plomb tardifs entraînent des surcoûts importants et que plus
ils seront réalisés en amont, mieux le chantier se portera.
Jean Rochard, chef de chantier au Panthéon, explique qu’il est nécessaire d’apporter un bon confort
de travail, tout en respectant le mode opératoire. Il faut en particulier respecter la séparation du
propre et du contaminé afin de ne pas créer de sur-contamination.
José Soares précise que les contraintes sont faciles à mettre en oeuvre sur le chantier. Le travail doit
s’effectuer en combinaisons spécifiques avec un casque de respiration autonome.
Vincent Gary explique que le nettoyage par cataplasme entraîne une position retenue, car c’est une
méthode longue et assez lourde. Au fur et à mesure, les protections des salariés se sont allégées. La
douche après le travail n’est plus obligatoire, parce que le taux de diffusion dans l’air est
extrêmement faible. Il n’y a pas de confinement de la zone de travail et donc pas de protection de
l’environnement, uniquement la récupération des chutes de cataplasme afin de limiter la
contamination de l’environnement direct du chantier. Vincent Gary précise que l’allègement des
Equipements de Protection Collectifs et des Equipements de Protection Individuels s’est fait en accord
avec les institutions.
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Vincent Gary précise que la collecte des déchets se fait en sacs ou en bidons fermés
hermétiquement. Il est important de déterminer la classe des déchets. Ce type de déchets induit un
coût important de 1800€/m3, car il faut assurer le suivi des déchets et le circuit de traitement.
Vincent Gary précise que la réglementation est claire à ce sujet et qu’elle est toujours appliquée.
Luc Ellerman explique que l’entreprise a mis en place un dispositif pour alléger la filtration et les
rejets proches du chantier. Les ouvriers ont utilisé des chaussettes filtrantes qui retiennent les
particules de très faible diamètre. Luc Ellerman précise que ce dispositif est le même que celui utilisé
dans les ports pour le rechargement des hydrocarbures. Luc Ellerman ajoute qu’il est également
possible d’avoir une station d’épuration mobile sur le chantier, ce qui permet de produire des rejets
propres et sains qui peuvent être amenés directement à l’égout.
Vincent Gary apporte des explications sur le retrait du cataplasme et précise qu’il faut adapter le
système de filtration au taux de pollution ou de contamination.
José Soares précise que certains pays comme l’Allemagne ont des systèmes de lavage beaucoup plus
draconiens.
José Soares précise que le cahier des charges établi demande de confiner le plomb, et de descendre
sous le seuil légal. Il explique que les cataplasmes, appliqués sous forme de compresses, sont faciles à
poser et déposer.
José Soares ajoute que l’entreprise a réalisé des tests afin d’adapter le traitement, d’où le choix des
compresses d’argile et les polymères hydrosolubles pour les encrassements les plus importants, et le
latex naturel pour les encrassements moyens.
Question : Vous parlez uniquement du plomb, n’y a-t-il pas d’autres déchets dangereux ?
Vincent Gary répond que la pollution aux métaux lourds ne concerne pas que le plomb, d’autres
pourraient poser problème, mais on en parle moins.
José Soares explique que des essais ont été menés dans l’intrados de la coupole, car le projet de
nettoyage concernait l’intérieur de la coupole. Le cahier des charges nécessitait l’utilisation de
compresses sans principe actif pour éliminer les polluants sans obliger à un nettoyage. Le projet est
abandonné pour le moment.
Jean Rochard ajoute que le chantier a été réalisé avec deux équipes de 5 personnes.
José Soares explique que les compresses ont été appliquées à la machine, ce qui permet de poser
plusieurs centaines de m² par jours. Les compresses, se réduisent à des sortes de chips qui se
désolidarisent et tombent, ce qui nécessite un rinçage.
José Soares précise que la maîtrise d’ouvrage était contente de la propreté du chantier, et surprise de
la qualité du nettoyage.
Vincent Gary précise que la prise en compte de l’occupation du lieu est primordiale, qu’il y a toujours
une phase de découverte, depuis le développement des moyens. Vincent Gary rappelle la nécessité
de traiter le problème en amont.
Question : Au niveau de l’étanchéité, qu’est-ce qui a été fait ?
Vincent Gary répond que Daniel Lefevre, Architecte en Chef des Monuments Historiques a refusé
l’apport d’eau complémentaire pour le nettoyage du cataplasme. En conséquence, l’entreprise a
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utilisé un système d’injection-extraction qui fonctionne sur le même principe que les nettoyeurs de
moquette et n’entraîne aucun apport d’eau.
Luc Ellerman précise que la coordination SPS réalisée par l’entreprise Lefevre, entreprise générale, a
pu faire le lien. Si les entreprises sont différentes pour les lots, la sécurité est différente car les
contraintes ne sont pas les mêmes.
La conférence s’arrête ici. Les intervenants remercient le public de son attention.
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LA LOI PATRIMOINE, L'ENFER EST-IL PAVE DE BONNES INTENTIONS ?
Conférence proposée par la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France
Dimanche 8 novembre 2015 – Salle de Conférence Delorme 2
INTERVENANTS :
Alexandre Gady, Président de la SPPEF
Julien Lacaze, docteur en droit, vice-président de la SPPEF
Bernard Wagon, architecte du patrimoine, urbaniste et membre du conseil d'administration de la
SPPEF
Didier Rykner, Directeur de la rédaction de la Tribune de l'Art
Alexandre Gady débute la conférence par une brève présentation des autres intervenants, et
introduit sur le sujet de la conférence : le projet de loi « liberté de création, architecture et
patrimoine », crée en 2012. Il explique que la dernière loi concernant le patrimoine a été réalisée en
1983 « loi Jacques Lang ». Il regrette que ce nouveau texte n’émane pas des associations ou de civils
mais soit de l'initiative d'une seule personne, la Ministre de la Culture, qui lui paraît peu compétente
dans le domaine.
En second temps, il conteste le fait que pour un problème de calendrier parlementaire, deux lois
soient fusionnées pour avoir une seule session à l'Assemblée.
Ensuite, il justifie son mécontentement, par le fait que malgré que la SPPEF ait été convoqué pour
aider à rédiger la loi, peu de remarques ont été prise en compte.
Il exprime son étonnement sur le fait qu'une loi sorte sur le patrimoine, alors que le gouvernement
ne s'y intéresse pas et il considère qu'il n'y a pas de personnage marquant, de grande force politique
dans le gouvernement actuel pour porter le projet, et oser se lancer dans ce domaine impopulaire,
seul contre tous.
Il fait part de ses inquiétudes sur un potage politique et un texte fait à la hâte. Il explique que le texte
a été transmis au Conseil des ministres en juin 2015, le 6 octobre la loi est votée avec une nouvelle
série de débat au Sénat, au printemps il y aura une nouvelle lecture et enfin le décret d'application.
Une grosse lacune est présente pour appliquer cette loi, selon lui, le manque de 30 ABF pour couvrir
l'ensemble du territoire.
Il conclut en disant que cette loi est un bavardage de hauts fonctionnaires mal écrit, une régression
sur des domaines dans lesquels on avançait avant, avec l'espoir de se faire entendre, aujourd'hui la
situation lui paraît difficile, et on se réveille trop tard selon lui.
Didier Rykner intervient et ajoute que ce n'est pas l'enfer qui nous attend mais que ce texte
de loi n'est pas pavé de bonnes intentions, et que le ministère de la culture et l'état sont devenus
l'ennemi du patrimoine, et n'ont vocation qu'à détruire le patrimoine.
Alexandre Gady dit que pour le moment ils restent gentils dans leur propos puis il passe la parole à
Julien Lacaze.
Il commence son intervention par expliquer que le but de cette loi est une remise en chantier
du droit du patrimoine. Depuis 1930, il n'y a eu que des petites touches, aujourd'hui on remet tout à
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plat, ce qui lui paraît dangereux surtout en période de crise comme celle que nous vivions
actuellement.
Le texte lui semble confus, il note l'importance de bien lire « l'étude d'impact » pour comprendre car
il y a des choses qui ne sont pas précisées dans le corps même du texte.
Il donne pour exemple l'impact ADM des abords délimités, cette partie n'est pas exposée clairement
dans les motifs alors que c'est un élément essentiel pour le texte de loi, elle vise à réduire les abords
des monuments historiques, ce qui permettra de reconstruire plus près de ces derniers.
En second temps, il montre son mécontentement sur le principe de simplification de la loi, qui
implique d’intégrer la législation patrimoniale à celle de l'urbanisme.
Selon lui, il est nécessaire qu'elle reste séparée car le patrimoine évoque du long terme alors que
l'urbanisme du court terme ce qui pourrait entraîner un conflit futur.
Pour finir, il revient sur le périmètre de protection de 500m autour des monuments historiques
établit depuis 1943, cela représente 3,4 millions d’hectare en France soit 6% du territoire. Depuis
2005, ce principe est revisité sur des monuments historiques qui n'ont pas besoin de 500 mètres
comme les façades par exemple.
Il explique que dans le nouveau texte de loi, c'est l'inverse, faire du sur mesure et les 500 mètres
seront appliqués à titre exceptionnel.
Il illustre avec une métaphore, mettre le patrimoine et l'urbanisme dans un sac et mélanger, après
c'est l'histoire du pot de terre contre le pot de fer.
Alexandre Gady raconte une anecdote, si le PLU patrimonial est fait par le maire, de Paris par
exemple, où il n'y a pas les beaux quartiers du centre qui sont pris en compte, que se passe-t-il ? Le
préfet casse le PLU pour défaut d'analyse historique, ce qu'il trouve ridicule.
Julien Lacaze trouve cela illusoire et rebondit pour parler des nouveaux secteurs sauvegardés. Il y a
deux distinctions à faire, entre le secteur lui- même, c'est à dire la zone, et le règlement du secteur
PSMV : plan de sauvegarde et de mise en valeur. Dans ce projet de loi, l'état peut continuer à imposer
la création de la zone qui s’appellera « cité historique » mais ne pourra plus imposer par décret le
règlement de cette zone qui est totalement libre, il pense qu'il y a un risque qu'il y est un effet de
labélisation ; Le maire se voit imposer le nom de cité historique mais il peut faire ce qu'il veut à
l'intérieur. Ce qu'il trouve incohérent.
Alexandre Gady conclut sur le fait qu'il trouve que la société se défait, il parle d'individualité qui
remplace la collectivité, et selon lui, la loi patrimoine n'est que l'illustration de la vie publique et
politique actuelle.
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