Cervidés - sanglier Exemple d’études et de recherche La gestion des espèces introduites sur l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon Le suivi annuel de l’abondance de la population de cerfs à partir d’Indices ponctuels d’abondance (IPA) montre, d’une part, que les cerfs sont plus nombreux sur l’île de Langlade qu’à Miquelon (figure 1) et, d’autre part, que deux périodes historiques peuvent être définies. La période 1996-2005 se caractérise par une méthode de comptage limitée à une seule répétition et des mesures de prélèvements restreintes (0,5 cerf par chasseur). Celle comprise entre 2006 et 2010 par un protocole de comptage plus robuste (jusqu’à 4 répétitions) et des mesures de prélèvements plus importantes (0,75 cerf par chasseur de 2006 à 2007, puis 1 cerf par chasseur en 2008, 2009 et 2010). Les données recueillies par les chasseurs locaux portent essentiellement sur la masse corporelle des jeunes animaux. L’analyse des données ne montre aucune variation entre les 3 années pour les deux sexes confondus (p = 0,57). Nombre moyen de cerfs vus 70 60 Indice d’abroutissement 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 - 0,2 Figure 2. Indices d’abroutissement (IA) moyens relevés sur les semis des 3 îles réunies. Les relevés opérés entre 2009 et 2010 montrent que l’impact du cerf sur la régénération forestière et les essences ligneuses et semi-ligneuses est plus important que celui du lièvre (figure 3). Par ailleurs c’est sur l’île de Langlade que la pression des deux herbivores est la plus forte. Enfin, les résultats indiquent une réduction de la consommation par les deux espèces entre 2009 et 2010. Probabilité de consommation 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 mi qu ce elo rfs n 2 ca mi 0 p ce que lièv 09 rf l r liè s La on 2 e ca vre ng 00 p s L lad 9 an e 2 ce rfs glad 009 e2 Mi 00 liè vre quel 9 o sM n2 iqu 00 9 elo n2 Mi 00 qu ce 9 elo rfs n 2 ca Mi li 01 p qu èv 0 elo res n 2 ca Mi 0 p q ce ue cer 10 rfs lo fs n L a 2 ca liè vre ngla 010 p de sL ce angl 2010 rfs a Mi de 2 liè 01 q u vre 0 e s M lon iqu 201 0 elo n2 01 0 50 Un troisième indicateur concerne l’impact des animaux sur leur environnement et repose sur le recueil d’indices de consommation et d’abroutissement (figure 2). Les mesures sont réalisées sur environ 400 placettes réparties sur les îles de Miquelon, Langlade et le Cap Miquelon, selon un solide dispositif d’échantillonnage. IA sa 20 pin IA 09 sa pi IA 201 n bo 0 ule a IA 2009u bo ule a IA 201 u no épin 0 ire et 2 te IA 009 no épin ire et 20 te bla IA é 10 nc pin he et 20 te bla IA é 09 p nc in he et 20 te IA 10 so rb 2 ier IA 009 so rb 20 ier 10 Depuis plusieurs années, les milieux naturels de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon sont en état d’équilibre précaire en partie à cause de l’impact de deux espèces introduites : le cerf de Virginie (Odocoileus virgianus) et le lièvre d’Amérique (Lepus americanus). Devant cette situation le Conseil territorial et les administrations locales ont missionné en 2008 un groupe d’experts franco-québécois qui a proposé pour ces deux espèces de solides outils de gestion intégrée forêt-gibier. Une des principales propositions retenue porte sur la connaissance de l’évolution temporelle de la relation entre la population de cerfs et les peuplements forestiers de l’archipel, dans le cadre d’une gestion adaptative basée sur des indicateurs de changement écologique. En 2009, une batterie d’indicateurs a été mise en place par l’ONCFS en collaboration étroite avec les agents de la Fédération des chasseurs. 40 30 20 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10 10 Langlade Miquelon Figure 1. Nombre moyen de cerfs observés lors des comptages organisés entre 1996 et 2010 sur Langlade et Miquelon. © J. Michalet/ONCFS Figure 3. Comparaison entre la probabilité de consommation des cerfs et des lièvres sur les sapins baumier, sorbier et bouleau à papier des 3 îles. La connaissance du fonctionnement de l’ensemble de ces indicateurs permettra, dans la mesure où un suivi sur plusieurs années est réalisé, de déterminer l’évolution de la relation entre les herbivores et leur habitat. À partir de ces informations, des directives de gestion pourront être affichées selon les objectifs fixés, en particulier celui concernant la restauration des « boisés » de l’archipel. Toutefois, les données issues des « comptages » et des relevés d’abroutissement indiquent déjà que les prochains prélèvements de cerfs et de lièvres devraient être largement supérieurs à ceux pratiqués ces dernières années. En effet, si les trois familles d’indicateurs traduisent une certaine stabilité de l’impact de la population de cerfs sur la forêt, son niveau reste très élevé et la chasse demeure le seul levier disponible pour réduire ces dégâts. ONCFS IIII RAPPORT SCIENTIFIQUE 2010 31