Dr Benjamin Bajer Ancien Interne et Assistant des Hôpitaux de Paris Ancien Praticien Attaché en Premier des Hôpitaux 1 rue Saint Antoine 75004 Paris Tel 01 42 02 23 53 Mail : [email protected] CARCINOME BASOCELLULAIRE / TECHNIQUE EXTEMPORANEE L’évolution du basocellulaire Parmi les tumeurs cutanées, le basocellulaire est un type très fréquent de cancer de la peau (il touche quasiment tous les centenaires par exemple), et a la particularité de ne pouvoir tuer quasiment personne, puisqu’il ne se développe qu’en un seul bloc (jamais jamais de métastases, de ganglions, de généralisation). On doit malgré tout le retirer car, petit à petit, il s’agrandit, et creuse. Il finit par saigner, devenir douloureux, s’infecter, et détruire l’organe ou la zone sur laquelle il a poussé. Si on faisait une photo du basocellulaire toutes les semaines pendant 10 ans, et qu’on passait le film obtenu en accéléré, on aurait l’effet d’une petite bombe, avec un cratère à la place de la lésion. Sa croissance est linéaire et lente. On n’a pas d’abord une phase quiescente, pendant laquelle il se développerait doucement, puis une accélération avec une croissance rapide. Au contraire, la tumeur se développe très lentement, sans douleurs, parfois en « allant et venant », d’où le retard au diagnostic (les patients arrivent chez le chirurgien en moyenne 1 à 2 ans après avoir remarqué la lésion). Comment retirer un basocellulaire ? Il faut le retirer ainsi que ses « racines ». Or, la tumeur présente une zone centrale évidente (rouge, rose, squameuse, saignante, crouteuse, etc…), et une zone périphérique qui ressemble à de la peau normale à l’œil nu : c’est le front de progression. Ainsi, nous devons retirer la zone évidente et une collerette de peau d’apparence normale, que nous appelons les marges de sécurité. Pour déterminer ces marges de sécurité, la technique habituelle est de travailler de façon empirique, statistique. C’est à dire qu’en prenant 3 millimètres tout autour du basocellulaire visible à l’œil nu, le laboratoire d’analyse nous répond que nous avons tout retiré dans 95% des cas. Ce qui veut dire que e 5% des patients aura besoin d’une 2 opération pour finir d’enlever le basocellulaire. A l’inverse, un certain pourcentage de patients aurait pu avoir une opération plus limitée. La technique de base, prise en charge par la sécurité sociale, ne nous permet pas une analyse plus fine. On nous conseille alors, dans les zones difficiles (nez, paupières, visage de façon générale), de prévoir deux opérations : une première qui enlève la lésion et 3 mm tout autour, sans réparer (on laisse un pansement). Puis une deuxième opération de réparation une fois l’analyse obtenue (une semaine plus tard) si nous avons confirmation de l’absence de tumeur résiduelle. Aujourd’hui, nous pouvons faire mieux : en faisant venir dans le bloc opératoire le médecin du laboratoire d’analyse. Car le basocellulaire a cette particularité de pouvoir se colorier instantanément. Ainsi, nous allons examiner minutieusement conjointement avec le médecin anatomopathologiste la lésion que nous retirons. En commençant par retirer 1 millimètre autour de la lésion évidente, et en repérant précisément midi, 3h, 6h, 9h. Si la tumeur est entièrement contenue dans cette zone, alors nous n’avons pas besoin d’agrandir la cicatrice nécessaire. A l’inverse, tant que nous n’avons pas tout retiré, nous poursuivons. Si par exemple, la tumeur est presque retirée, mais qu’elle touche un peu le bord de la zone retirée, vers le repère de midi, alors nous recoupons un petit croissant de peau centré sur la région de midi, et nous l’analysons à nouveau jsuqu’à avoir tout retiré. C’est la garantie d’une opération en un temps, qui retire le minimum nécessaire, et dont l’efficacité, mesurée par l’absence de récidive à 5 ans, est de 99%. Le type d’anesthésie nécessaire A ce moment, nous avons besoin que le patient soit complètement immobile et non stressé. Donc l’anesthésiste, présent en salle d’opération (et qui a été vu en consultation au préalable), s’assure que tout se passe bien, et sans réaliser une vraie anesthésie générale, perfuse le patient avec un produit sédatif intraveineux, qui induit une relaxation médicamenteuse, nécessaire pour cette opération. Ceci est évidemment complété par une anesthésie locale de la zone à opérer, que nous pratiquons une fois que le patient a reçu les traitements sédatifs. La procédure est très généralement ambulatoire. Combien coûte cette intervention ? La technique extemporanée, avec l’analyse pendant l’opération, n’est pas reconnue par la sécurité sociale. Or, elle apporte un réel bénéfice aux patients qui en bénéficient. Le tarif normal de cette intervention devrait se situer autour de 300 à 400 euros. Or, de nombreux patients n’ont pas les moyens de payer ce montant. Nous avons donc mis en place un système permettant de fournir cette technique innovante à chacun. Plutôt que de faire payer le même prix à tout le monde, nous regroupons les patients candidats à une technique extemporanée dans le cadre de sessions sur une demi journée complète mensuelle, et nous mettons en commun les moyens de chacun. C’est à dire que les patients qui ont le plus de moyens, et/ou qui sont les mieux assurés payent plus cher (avec un plafond de l’ordre de 900 à 1200 euros selon l’importance de l’opération), et ceux qui n’ont pas les moyens payent très peu, voire rien. Ainsi, dans la quasi totalité des cas, nos patients n’ont aucune somme à leur charge, au delà de leur remboursement (sécurité sociale plus mutuelle). Les suites de l’opération En général, l’opération est très peu douloureuse (un peu de paracétamol les premiers jours suffit). Le principal souci est un bleuissement voire un léger œdème des zones opérées (pour une semaine en général). Les douches et le shampooing sont autorisés dès le lendemain de l’opération, on peut mouiller les cicatrices sans augmenter le risque d’infection. Les complications sont exceptionnelles : à chaque fois qu’on ouvre la peau, on peut soit mal cicatriser, soit s’infecter. Au visage, beaucoup moins que sur le reste du corps. Nous nous revoyons à mon cabinet au bout de 8 à 15 jours pour retirer les fils, à moins que vous ne préfériez les faire retirer chez une infirmière. Le suivi au long cours se fait ensuite par votre dermatologue. Dr Benjamin Bajer